- il y a 2 semaines
Ce mercredi 17 septembre, Jean-Pierre Petit, président des Cahiers Verts de l'économie, et Pierre Sabatier, économiste et fondateur de PrimeView, ont échangé leurs points de vue sur la décision que pourrait prendre la Fed, notamment une possible baisse des taux, dans l'émission Good Morning Market sur BFM Business. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.
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00:00Face à face, deux visions croisées chaque matin sur BFM Business à 9h40 avec ce matin Pierre Sabatier, économiste et fondateur de PrimeView.
00:06Bonjour Pierre Sabatier. Bonjour. Merci de nous accompagner ce matin avec Jean-Pierre Petit, économiste également et président des Cahiers Verts de l'économie.
00:14Bonjour Jean-Pierre Petit, merci également d'être avec nous.
00:16Bon, commençons dans le vif du sujet avec la Fed, la Banque Centrale Américaine.
00:21Le marché qui hésite beaucoup ces dernières heures, ces dernières semaines, Jean-Pierre Petit sur le rythme de baisse de taux aux Etats-Unis.
00:2925 points de base, même un scénario qui est vraiment pour l'instant pas du tout majoritaire, mais de 50 points pour ce soir.
00:35Et puis surtout l'ampleur des baisses de taux pour cette année et l'année prochaine.
00:38Oui, et puis surtout les changements aussi d'atmosphère et puis les changements aussi de membres de la Fed et des pressions de l'administration fédérale.
00:47Tout ça amène, et puis aussi réduction quand même des créations d'emplois assez massives au cours des derniers mois,
00:52puisque sur les trois derniers mois, si je prends la payroll survey, on est à 30 000.
00:55Je rappelle qu'en début d'année, on n'était pas loin des 200 000 par mois.
00:59Et la Fed, tout à fait, c'est dans son mandat d'assurer le plein emploi, la stabilité des prix.
01:06Et il a raison, Miran, de dire ça, la modération des taux d'intérêt à long terme.
01:11Donc on est dans une phase de baisse de taux après une pause.
01:14On a eu une pause de neuf mois.
01:15On avait eu un mouvement assez violent d'ailleurs entre septembre et décembre dernier, puis là on a une pause et puis on reprend.
01:21Et là, c'est arrivé six fois depuis 45 ans, depuis la Fed comparable à aujourd'hui, on va dire depuis le début des années 80.
01:29Ce type de configuration est arrivé six fois.
01:34Et dans l'ensemble, en moyenne, sauf quand la Fed est en retard, c'est-à-dire qu'il y a un hard ending ou une récession qui se profite,
01:41c'est plutôt bon, toute chose égale par ailleurs, pour le marché actions.
01:43C'est pour ça qu'il a continué, un peu plus faiblement, mais continué de progresser.
01:47Et c'est pas mal aussi pour le marché obligataire.
01:49Et là, lui, il a déjà commencé à réagir positivement.
01:52Avec un président américain qui est à 4,05, on est sur des plus bas de 5 mois aux Etats-Unis.
01:57Pierre Sabati, impressionnant de voir que le marché ne regarde quasiment plus l'inflation américaine,
02:02alors que cette inflation, elle est toujours présente.
02:04Je ne sais pas si ça vous surprend, je ne sais pas si ça surprend Jean-Pierre,
02:07mais ça fait longtemps qu'on sait que les pressions inflationnistes ont été surjouées.
02:10Après, c'est un peu la thématique des marchés.
02:12J'ai presque envie de dire, il faut qu'on ait un os à ranger.
02:15C'est comme ça.
02:15Avant, ça a été les craintes inflationnistes associées à Donald Trump, les droits de douane,
02:19l'effondrement des Etats-Unis, en réalité, qui était souvent en fait une confusion
02:24entre la réalité économique des Etats-Unis et les choix qui sont faits,
02:28et une forme de détestation de Donald Trump.
02:30C'est-à-dire qu'il y a beaucoup d'observateurs qui, en réalité, ont jugé les Etats-Unis au premier semestre
02:34à l'aune de leur jugement du président américain.
02:36Certes, il est particulier, mais après, derrière, il ne faut pas non plus en prendre ses rêves pour des réalités.
02:41Donc, ce qu'on constate aujourd'hui, c'est que l'économie américaine, globalement, est en train de ralentir,
02:44mais plus, selon nous, en raison de politiques monétaires qui ont été restrictives pendant longtemps,
02:49avec des taux d'intérêt qui sont élevés, qui restent élevés,
02:52en dépit de la baisse initiale des taux de directeur relativement conséquente,
02:56qui est la restée élevée.
02:57Et là, on a une économie qui réagit normalement.
02:59Un petit détail quand même, on passe notre temps à commenter des chiffres.
03:02Juste, petit clin d'œil, et Jean-Pierre faisait référence jusqu'à l'instant.
03:05Les révisions, en fait, des chiffres de l'emploi au premier semestre ont été très conséquentes,
03:09ce qui, finalement, va plutôt corroborer avec l'idée d'une économie américaine qui avance.
03:13On n'est pas du tout sur un landing, mais qui ralentit.
03:16Et donc, finalement, on est face à une rentrée relativement à l'aise.
03:19Puisqu'on a une Fed qui, aujourd'hui, va pouvoir rentrer dans le rang.
03:23Alors, les gens vont vous dire, oui, la Fed n'est plus indépendante,
03:27Donald Trump, finalement, donne le temps.
03:28Mais la réalité, c'est non.
03:29C'est qu'au regard du mandat de la Fed, pression inflationniste derrière nous.
03:33Pas besoin d'y revenir, je pense qu'il y a assez de monde.
03:35Malgré les droits de douane ?
03:36Mais malgré les droits de douane, je crois qu'il y a un effet fantasme là-dessus.
03:39Ça, je le redis.
03:40C'est-à-dire que ce qui s'est passé en 2022,
03:42avec une forme de répercussion de l'augmentation des prix des matières premières
03:45par les entreprises pour protéger leurs marges,
03:47en gros, elles ont pu transmettre dans leurs prix de vente finaux
03:50l'augmentation de leurs coûts de production.
03:52Donc, c'est finalement le ménage qui, à travers les taux d'inflation qu'on a constaté,
03:56qui l'ont vécu.
03:57Mais deuxième salle, est-ce qu'aujourd'hui les ménages américains,
03:59est-ce qu'aujourd'hui les ménages européens ont la capacité à supporter
04:02une augmentation des prix de vente finaux ?
04:03La réponse est non.
04:04Leur solidité n'est pas suffisante.
04:06Ça veut dire que qui c'est qui va éventuellement le supporter ?
04:08S'il supporte, il y a, ça sera plutôt les marges des entreprises.
04:12Aujourd'hui, le pricing power des entreprises n'est pas le même qu'en 2023.
04:14Quand vous avez déjà passé une première salle de hausse des prix,
04:17très bien, mais attention.
04:18Et je sais que le modèle de prévision plus partagé au monde,
04:21et ça, je pense qu'on sera d'accord là-dessus,
04:23c'est la prolongation de ce qui s'est passé.
04:25Eh bien non, ce n'est pas parce que la première partie de l'augmentation des prix des coûts de production
04:28a été encaissée par les ménages qu'ils le seront faites la seconde fois,
04:32parce que tout simplement, si vous augmentez les prix, les ménages consommeront moins.
04:35Lorsque vous pensez gagner en plus à travers l'augmentation des prix,
04:37vous le perdrez un volume de vente.
04:38Et un chiffre d'affaires, c'est volume fois prix.
04:41Jean-Pierre Petit, comment vous voyez-vous ?
04:41Sur la question, il y a une exagération très claire.
04:44D'ailleurs, il y a une étude de la FED de New York là-dessus,
04:46sur la répercussion de la hausse des droits de douane.
04:48Et on est sur une répercussion, alors.
04:50C'est différent sur les biens de consommation, les biens intermédiaires, les biens d'équipement,
04:52parce que les biens de consommation, c'est direct.
04:54Ils sont consommés, BMW exporte ses voitures aux Etats-Unis,
04:58ils sont directement consommés.
05:00Les biens intermédiaires, ça rentre dans la chaîne de production.
05:01Les biens d'équipement, ça dépend.
05:03Mais voilà.
05:03Au total, la répercussion est de l'ordre de 50%.
05:06Donc, les 15% par exemple qui viennent d'Europe,
05:09ils ne vont pas être répercutés à 15% sur les prix finis aux Etats-Unis.
05:13C'est faux.
05:13Et puis ensuite, l'inflation, ça ne dépend pas que des droits de douane.
05:15Les coûts salariés unitaires sont encore très bas.
05:18Les loyers des SLR, le prix des médicaments diminue.
05:21La demande n'est pas très élevée.
05:23Donc non, on exagère un peu.
05:25Et consommateur américain, on l'a vu hier,
05:27les ventes au détail étaient au-delà des attentes.
05:29Oui, mais bon, ça monte un peu.
05:31Mais j'ai envie de dire, sans provocation, tant mieux.
05:35Parce que c'est le taux réel qui commence à baisser.
05:37Et les interventions de Trump, de Miran ou de Waller,
05:40parce que c'est peut-être Waller le futur patron,
05:43alors Trump, bon c'est Trump, mais ils ont raison.
05:46Parce qu'il faut faire baisser les taux réels aujourd'hui.
05:48Voilà la réalité.
05:49On ne s'en sortira pas à moyen terme si les taux réels ne baissent pas.
05:55Et ça, c'est plutôt valable pour l'Europe,
05:56parce que là, on est très très mal actuellement avec la politique de la BCE.
05:59Peut-être qu'on aura l'occasion d'en reparler.
06:02En tout cas, la baisse des taux réels est nécessaire.
06:05Et je trouve que l'interventionnisme Trumpien,
06:09en dépit des cris d'orfraie qu'on voit d'un certain nombre d'économistes,
06:12est justifié comme il l'était en 2018, je le rappelle.
06:16Il avait fait pression sur Powell déjà,
06:18qui resserrait trop ses taux.
06:19Qu'est-ce qu'a fait la Fed en 2019 ?
06:20Toute indépendante qu'elle est,
06:22elle a baissé ses taux, donc il avait raison.
06:24Là, il y a un ralentissement de l'emploi, c'est normal de faire pression.
06:26Il y a un dialogue un peu brutal, mais écoutez,
06:29les banques centrales ne sont pas des tours d'ivoire.
06:31Elles doivent dialoguer avec les autorités élues légitimes.
06:35Il y a deux autorités légitimes aux États-Unis au niveau fédéral,
06:39c'est le président et le Congrès, que je sache.
06:41Et quand on me dit,
06:42oui, mais si on les laisse faire, ça va déboucher sur de l'inflation,
06:45il y a une régulation démocratique.
06:46L'inflation est honnée par l'opinion publique américaine ou européenne.
06:50Et si l'exécutif américain est jugé responsable de la renaissance de l'inflation,
06:57il sera jugé électoralement, politiquement, démocratiquement.
06:59Mais ce que lui reprocher, ce n'est pas plutôt la méthode ?
07:01On l'a encore vu cet été,
07:02quand Donald Trump débarque au siège de la Banque Centrale Américaine,
07:06ou un peu de Jérôme Paul.
07:08C'est du spectacle.
07:09Parce qu'il veut absolument que ses soutiens s'identifient à lui.
07:13C'est comme ça que ça marche, Trump.
07:15C'est même pas savoir si c'est juste ou pas juste.
07:18Il s'identifie à son électorat.
07:19Sur la forme et le fond, il dit ce que son électorat dit.
07:22Voilà, c'est tout.
07:23Donc, il bouscule un peu les habitudes.
07:26Mais franchement, et puis en plus, dans l'histoire américaine, on a déjà vu.
07:30Je rappelle que Truman a carrément demandé au président de la Réserve fédérale
07:34de démissionner en 1951.
07:36Et que dire de Lyndon Johnson, en pleine guerre du Vietnam,
07:39qui était intervenu publiquement en 1966,
07:41à partir des troupes au sol au Vietnam en 1965-1970,
07:46qui est intervenu publiquement.
07:47Nixon, Gerald Ford.
07:48Pierre Sabatier, quand vous voyez un S&P 500 à 6600 points,
07:52toutes ces perspectives de baisse de taux qui ont été anticipées par les États-Unis,
07:55ça ne vous semble pas, aujourd'hui, totalement décorrélé ?
07:59Alors, en gros, vous posez la question de la cherté.
08:02J'ai l'impression que les gens commencent à avoir le vertige.
08:04– À 27 points, ça peut se comprendre.
08:06– Oui, mais non, le 27 points, déjà, ne veut pas dire grand-chose,
08:09parce qu'il faut regarder dans le détail du marché américain.
08:11Et puis après, derrière, la notion de valorisation, c'est par rapport à quoi ?
08:14Par rapport aux bénéfices anticipés l'année prochaine ?
08:15Par rapport aux trois prochaines années ?
08:17Déjà, ce n'est pas tout à fait la même chose.
08:18Donc, ça sous-tend deux points.
08:191. Le niveau de croissance potentielle aux États-Unis est-il plus élevé ou moins élevé qu'ailleurs dans le monde ?
08:24Donc, si on se compare à l'Europe ou au Japon, par exemple, je crois qu'il n'y a pas de débat.
08:27C'est-à-dire que le taux de croissance potentielle là-bas est plus élevé.
08:30Déjà, ça pose les jalons, une taille du gâteau à se partager pour les entreprises américaines,
08:33plus élevé qu'ailleurs, premier élément.
08:35Donc, ça, ça pousse évidemment la croissance macro,
08:37quand même se traduit par une croissance micro,
08:39un potentiel de croissance microéconomique qui est plus élevé, premier élément.
08:42Deuxième élément, en termes de démographie entrepreneuriale.
08:44La démographie entrepreneuriale américaine n'est pas la démographie entrepreneuriale européenne.
08:49Aujourd'hui, vous avez...
08:50Alors, nous, on adore cette thématique qu'on joue et qu'on surjoue d'ailleurs depuis presque dix ans,
08:53qui s'appelle les trusts technophiles.
08:55Les gens disent que c'est la tech américaine.
08:56Nous, ce n'est pas le sujet parce que je crois que la réalité des locomotives,
09:00des boîtes américaines qui reposent sur leur capacité à continuer,
09:04à assumer des croissances bénéficiaires, impressionnantes.
09:07Quand les gens disent que c'est déconnecté, non.
09:08C'est-à-dire que les boîtes ou ces cinq grosses boîtes
09:10continuent d'afficher des performances en termes de perspectives bénéficiaires qui sont remarquables.
09:14Pour une raison simple, et pour nous, ce n'est pas prêt de s'arrêter.
09:17Grâce à Donald Trump, pour une raison toute simple.
09:19Donald Trump, sur la forme est radicale, sur le fond, pas tellement.
09:22Il est plutôt pro-business et pro-cyclique.
09:24Il veut prolonger le cycle.
09:25Donc concrètement, qu'est-ce qu'il fait ?
09:27Pas de risque, d'une certaine manière, changement des règles de jeu pour ses grands leaders,
09:30qui sont les cinq grands trusts technophiles.
09:32La définition qu'on a, c'est quoi ?
09:33C'est un appétit ou une capacité à appréhender les progrès technologiques,
09:37mais adossé à une montagne de cash.
09:40Les gens sous-estiment l'importance de cela.
09:41La montagne de cash, c'est quoi pour une entreprise américaine ?
09:44Quelles que soient les conditions de marché,
09:46pouvoir continuer à alimenter le pipe de sa croissance bénéficiaire,
09:49en rangetant ceux qui trouvent, s'ils n'ont pas trouvé eux-mêmes.
09:51C'est un avantage comparatif qui n'est incomparable ailleurs.
09:55C'est la raison pour laquelle la réalité du succès des entreprises américaines
09:58et du S&P 500, c'est la réalité du succès des cinq plus grosses boîtes
10:01qui sont des trusts technophiles.
10:02Et si vous me posez la question, est-ce que ça va durer ?
10:04Je ne pense que sur la ligne de départ, quand vous avez une telle avance,
10:07sauf à changer les règles du jeu, ça ne peut que continuer.
10:09Donc après, il peut y avoir...
10:10On l'a vu avec Google Chrome, ça n'a pas fonctionné.
10:12Il peut y avoir éventuellement, évidemment,
10:15les mouvements sont par l'île droite, des respirations,
10:17mais d'une certaine manière, pour acheter quoi ?
10:19Vous allez acheter des cycliques, vous allez acheter des petites boîtes ?
10:21Il y a des petits trucs à acheter quand même.
10:22Je caricature un peu.
10:25Oui, il y a des petits trucs, là je pense que tu vas dire
10:27qu'en période de baisse des taux d'intérêt réel,
10:29théoriquement, l'allocation sectorielle à l'intérieur du marché évolue.
10:33La question, c'est est-ce qu'il faut vendre ces grands trusts technophiles
10:36et imaginer que le reste de la côte...
10:37Il ne faut pas les vendre, il faut de temps en temps alléger quand même.
10:39Ils sont sensibles au momentum, au phénomène d'exubérance.
10:43Par exemple, entre décembre et mars,
10:45et le 9 avril, ils n'ont pas fait du grand-chose.
10:48Donc il faut de temps en temps, on a quand même une valorisation extrême.
10:50Enfin, extrême.
10:52On retrouve des valorisations qu'on n'a pas vues depuis 2000 quand même,
10:54dans la tech.
10:55Alors la tech, ce n'est pas la même que...
10:56Non, non, mais je sais qu'il y a du chiffre d'affaires,
10:58il y a des résultats, il y a tout ça,
10:59ce n'est pas comparable, tout ça.
11:01Enfin bon, bref, nous, dans une de nos revues,
11:05on mesure l'état d'avancement de la bulle.
11:07Et surtout, on essaye de détecter le sommet de la bulle,
11:09parce que ce n'est pas le tout de dire qu'il y a une bulle.
11:10Oui, oui, oui.
11:10Et vous en êtes où, là, au cahier vert ?
11:12Eh bien, on est actuellement, dans notre dernière revue,
11:14à 76% d'un sommet théorique de bulle.
11:16Donc ça veut dire qu'on a encore un barge.
11:17Il y a de la barge.
11:19Pour ceux qui ont joué le rebond en avril,
11:20parce que nous, on l'a joué,
11:22il faut commencer un petit peu alléger.
11:23C'est comme sur l'or, tu vois, on l'a joué.
11:25L'IBEX espagnol, ça a super bien marché.
11:27Il faut commencer à alléger.
11:28Et vous jouez quoi, alors, maintenant ?
11:29On le joue encore un peu, quand même,
11:31mais moins qu'avant, quoi.
11:32Tu vois, l'or...
11:32Non, mais les profits que vous prenez sur l'or,
11:34sur la tech américaine, parce qu'au final...
11:36On est revenus, on a remis un peu,
11:37alors, pour compenser ça,
11:38mais on reste surpondéré,
11:40mais au moins sur la tech, on a réduit.
11:41Voilà, c'est tout.
11:42Et sur l'IBEX, pareil, sur l'or, pareil.
11:45On est revenus un peu plus sur les minières euro-faire
11:47au sein des actions,
11:49parce qu'il ne faut pas prendre des cyclés,
11:50qu'aujourd'hui, surtout en Europe,
11:52il faut plutôt prendre des valeurs à bêta faibles,
11:55donc plutôt les minières euro-faire, c'est pas mal.
11:57Non, mais on aime bien aussi oil and gas,
11:59parce que c'est pas cher,
12:00et puis moi, je crois que le pétrole
12:01ne va pas tomber à 50,
12:03ou comme on me le dit des fois,
12:05donc il va rester relativement résilient,
12:07et Avalo est plutôt sympa.
12:09On aime bien les staples,
12:10on aime bien les valeurs non cycliques,
12:13en fait, fondamentalement.
12:15On aime bien plutôt value versus growth en Europe.
12:18Donc le luxe, c'est trop tôt ?
12:20Le luxe, oui.
12:21Les BPA sont encore 30% en dessous du pic de 2023,
12:24et puis 25%, c'est la Chine quand même.
12:2625% du chiffre d'affaires, c'est la Chine.
12:28Donc de toute façon, il se passe un truc quand même.
12:31Et là, la conjoncture de la consommation chinoise
12:34n'est pas terrible quand même avant pas mal de temps.
12:37Voilà, donc la santé, pas mal aussi,
12:40on revient un peu sur la santé,
12:41donc voilà, il faut être agile quand même.
12:44Et quels sont les signaux faibles
12:45que vous regardez, Pierre Sabatier ?
12:46Parce qu'il y en a plein là actuellement,
12:47des petits signaux qui pour l'instant
12:49ne font pas effet sur le marché.
12:51On l'a encore vu avec Fitch,
12:52avec la situation française.
12:53J'ai l'impression que vous n'êtes pas à l'aise
12:55avec les 10 voitures.
12:56Non, non, mais on peut quand même constater
12:59une très belle résilience du marché obligataire.
13:01Le 10 ans français, on est à 3,5,
13:03le spread est à 80 points de base,
13:05Wall Street n'arrête pas de progresser
13:07alors qu'il y a pas mal de questions
13:08qu'on vient de se poser.
13:09Il y a plein de sujets en fait dans votre question,
13:11et donc la question de la soutenabilité
13:12de la dette publique française.
13:13Alors c'est ex poste, on peut en parler,
13:15mais je pense qu'en fait on a le même point de vue
13:16sur ce...
13:17On s'est parlé un peu avant,
13:18c'est pour ça qu'on le sait,
13:19mais on a le même point de vue.
13:21Les gens, là aussi c'est une thématique
13:22du début d'année.
13:23La France va faire défaut.
13:25La France fait n'importe quoi.
13:26Je ne dis pas que la France ne fait pas n'importe quoi.
13:28Je pense qu'on peut y souscrire.
13:30Mais il faut faire attention, là aussi,
13:31à un biais d'extrapolation de son propre jugement.
13:34Ce n'est pas parce qu'on fait n'importe quoi
13:35que les taux d'intérêt français vont s'envoler.
13:37Pour une raison simple,
13:38ayant un peu de mémoire,
13:39depuis juillet 2012,
13:40il y a une forme de pacte 200 en Europe
13:42qui dit concrètement,
13:44nous nous laisserons tomber
13:45et nous laisserons s'écarter les spread de taux
13:47ou augmenter les spread de taux
13:49entre les pays européens
13:50de manière extrêmement maîtrisée
13:52parce que la conséquence
13:54d'une augmentation des spread de taux
13:55comme on a pu le connaître en 2011-2012,
13:57c'est le point de départ
13:58de l'explosion de l'euro.
14:00Tant que politiquement,
14:01les pays européens souhaitent conserver l'euro,
14:03finalement, ça crée un allié moral,
14:05c'est évident,
14:05puisque finalement,
14:06la déficience de nos pilotes économiques,
14:08notamment en France,
14:09est légitimée par un pacte 200
14:11entre pays européens
14:12pour défendre l'euro.
14:13On ne laissera pas s'écarter les spread de taux.
14:15C'est pour ça que les cris d'orfraie
14:16qui ont, jusqu'à maintenant,
14:18été associés au fait que c'est anormal,
14:21la France fait n'importe quoi,
14:22elle est dégradée,
14:22or les taux ne montent pas.
14:23Mais je vais vous dire un truc,
14:25c'est qu'à ce prix-là,
14:26on pourrait presque en acheter.
14:27Parce que,
14:27c'est un petit peu fort de café,
14:30mais on pourrait en acheter
14:30parce que la mécanique n'est pas celle-ci.
14:32Il y a encore de l'épargne à disposition.
14:34Malheureusement, en fait,
14:34il n'y a pas beaucoup de papiers à disposition.
14:37Et tant que les gens savent,
14:38concrètement,
14:39que les pays européens sont engagés
14:41dans cette coopération politique,
14:44concrètement,
14:44ça vous donne en fait des gros signaux.
14:46Alors, ça ne veut pas dire
14:47que les spread de taux
14:48n'augmentent pas un peu.
14:49On peut passer à 80,
14:5090 points de base
14:50ou 100 points de base.
14:51Mais concrètement,
14:52arrêtons de nous faire peur,
14:53c'est l'épaisseur du trait.
14:54Ces 0,2 ou 0,3%
14:55de taux d'intérêt en plus,
14:56ça va nous faire mal
14:57en termes économiques.
14:58Puisqu'effectivement,
14:58ça sera autant moins de soutien.
15:00Donc, ce n'est pas très bon
15:00pour la croissance.
15:01Ce n'est pas trop bon
15:02pour les actifs français.
15:03Mais pour autant,
15:04il ne faut pas extrapoler
15:05et se dire que les taux français
15:06vont passer de 3 à 6.
15:09D'autant plus que
15:09les investisseurs japonais
15:10reviennent,
15:11Jean-Pierre Petit,
15:11sur la dette française
15:12à 3,5.
15:13Plus le taux est élevé,
15:14ça devient intéressant.
15:15Donc, par définition,
15:17il y a des mécanismes régulateurs.
15:19Simplement,
15:19juste un petit point de fond,
15:21c'est que dans le débat public,
15:23à part l'augmentation,
15:25la taxation des riches
15:26et puis les dépenses de retraite,
15:27je ne vois pas de débat
15:30sur deux variables clés
15:31sur lesquelles
15:32on pourrait s'interroger.
15:33La croissance potentielle,
15:34qui à mon avis
15:34est à peine positive aujourd'hui.
15:36La croissance potentielle réelle
15:38et que dire
15:39de la croissance potentielle
15:40nominale, mes amis ?
15:41C'est elle qui détermine
15:42C'est la plus importante.
15:43C'est elle qui détermine
15:44la soutenabilité.
15:45Et regardez
15:46la demande intérieure privée
15:47nominale hors stock
15:48en France aujourd'hui
15:49et l'état zéro.
15:50On regarde les taux d'intérêt
15:51des emprunts d'État.
15:52On dit bien gentil,
15:53c'est bien gentil, 3,50.
15:54Mais les entreprises,
15:55elles sont beaucoup plus hautes.
15:56Elles sont beaucoup plus hautes
15:57en moyenne,
15:57que ce soit le crédit bancaire
15:58ou les obligations d'entreprise.
16:00Et donc,
16:00le différentiel
16:01entre le taux d'intérêt nominal
16:03des entreprises
16:04et la croissance nominale
16:05de leur chiffre d'affaires,
16:06surtout dans le manufacturier
16:07et dans l'industriel,
16:08c'est monstrueux.
16:09On va se payer
16:10encore une phase
16:11de désindustrialisation
16:12avec la BCE.
16:14La BCE qui ne dit rien
16:15sur la hausse
16:17de l'euro effectif
16:18de près de 20%
16:19depuis 3 ans,
16:20qui ne dit rien
16:21alors que le taux réel
16:21est au-dessus
16:22de la croissance potentielle,
16:24qu'on a un flux massif
16:26d'importations chinoises,
16:276% des importations françaises
16:29et plus pour l'Europe encore,
16:3012% pour l'Europe
16:31depuis un an.
16:33d'importations
16:34évidemment subventionnées
16:36à bas prix.
16:37On a une demande
16:37à tonnes,
16:39décélération de l'emploi,
16:40décélération des salaires,
16:42mais que dit
16:42Mme Lagarde ?
16:43Oh ben Mme Lagarde,
16:44elle n'est pas contente
16:45que Trump intervienne.
16:46C'est son sujet
16:47à Mme Lagarde.
16:48Son sujet,
16:49c'est de s'occuper
16:49de l'Europe.
16:51Un peu mieux
16:51que ce qu'elle fait aujourd'hui.
16:54Et il faut que les taux
16:54baissent en Europe rapidement.
16:56Prochaine réunion
16:57au mois d'octobre.
16:57Merci beaucoup messieurs
16:58de nous avoir accompagnés
16:59ce matin.
16:59Pierre Sabatier,
17:00économiste et fondateur
17:01de PrimeView.
17:02Et Jean-Pierre Petit,
17:03économiste également
17:03et président des
17:04Cahiers Verts de l'économie.
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