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  • il y a 3 jours
Chaque week-end, l’émission pilotée par Pauline Revenaz avec à ses côtés Dominique Rizet, consultant police/justice BFMTV, traite d’un événement majeur de la semaine, ainsi que d’autres affaires qui sont revenues sur le devant de la scène.

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Transcription
00:00Et dossier 137 qui nous replonge dans l'actualité des Gilets jaunes que nous avons largement traité à l'époque sur BFM TV.
00:06Cette fois-ci, avec quelques années de recul, un réalisateur et un scénariste se sont emparés de cette actualité pour construire un film.
00:12Dossier 137, on va les accueillir dans un instant, mais tout de suite la bande-annonce.
00:21Comment vous justifiez votre geste ?
00:24Nous sommes enquêteurs à l'IGPN, la police des polices.
00:27Nous enquêtons sur les fautes que peuvent commettre certains policiers.
00:29C'est une infirmière de l'hôpital qui m'a dit de venir ici pour porter plainte pour mon fils Guillaume.
00:33C'est à la manifestation de samedi. Un policier qui lui a tiré dessus avec un flashball.
00:38Les flics là, qu'on fait ça, vous les avez retrouvés ?
00:39Putain, mais il a rien fait. Ses fils de pute, ils l'ont défoncé alors qu'il a rien fait.
00:43Mais tu baisses d'un ton là.
00:44Mais si c'est ma parole contre la leur, ça sert à rien.
00:48On nous a dit que la République était en danger.
00:51Il nous a demandé d'empêcher les pillages et d'impacter les individus violents.
00:54Cibler les casseurs et les individus qui s'en prenaient aux collègues en tenue.
00:57Le gouvernement était en panique.
00:59Pouvez-vous me décrire ce que vous voyez ?
01:01Même sur les images, on voit pas bien.
01:02Ah bon ? Il me semble au contraire qu'on voit très bien.
01:06Qu'est-ce que vous avez vu dans la rue ?
01:08Qui a dit que j'étais à la fenêtre ?
01:10J'espère qu'ils vont pas étouffer le feu.
01:12Tu vas pas t'y mettre, toi aussi ?
01:14Franchement, c'est la honte.
01:15C'est des héros, les mecs.
01:16T'as vu tout ce qu'on leur demande ?
01:17Tu peux pas te mettre un peu à leur place.
01:18Mais à force de trouver des excuses à ceux qui déconnent,
01:20les flics sérieux qui essaient de bien faire leur boulot,
01:21ils vont tous se barrer de la police.
01:24Ils sont jamais sanctionnés.
01:25Ce n'est pas le moment de provoquer la grogne des syndicats.
01:28Qu'est-ce qui vous arrive, Madame Bertrand ?
01:31Si tout le monde pense qu'un autre point de vue,
01:32que le sien est hostile, comment on tient ensemble ?
01:35Je sais plus, moi.
01:35Bonjour à tous les deux.
01:43Ravi de vous accueillir, Dominique Molle et Gilles Marchand.
01:45Vous avez tous les deux plongé dans notre actualité
01:48parce que nous, on a couvert pendant des semaines durant
01:51et des samedis précisément,
01:52notamment avec cet individu qui est avec nous.
01:54C'est ce samedi des Gilets jaunes qui nous a aussi laissé des cicatrices.
01:58D'abord, ma première question, elle est simple.
02:00Est-ce que c'est une histoire vraie, inspirée,
02:02ou est-ce que c'est un patchwork de plusieurs histoires ?
02:04Comment est-ce qu'on arrive à cette histoire que vous présentez dans Dossier 137 ?
02:08L'affaire qui est traitée dans le film,
02:14sur laquelle enquête le personnage interprété par Léa Drucker,
02:18n'existe pas telle qu'elle,
02:20mais est effectivement inspirée de plusieurs affaires réelles
02:25qu'on a pu étudier pendant la phase de documentation et de recherche.
02:29Donc on les tricote ensemble, comment on fait ?
02:32L'idée, c'est effectivement avec la documentation qu'on a réunie,
02:36en particulier Dominique et les observations qu'il a pu faire
02:39quand lui, il a été quelques jours immergé à l'IGPN,
02:44c'est avec différentes affaires, différentes choses qu'on nous a racontées,
02:50d'en inventer une, mais dont tous les éléments sont finalement réels.
02:56Moi j'ai un peu de mal, je vous le dis, je mets les pieds dedans tout de suite,
02:59j'ai un peu de mal avec la construction de l'histoire au départ,
03:01parce que cinq flics de la BRI qui se baladent avec leur casque,
03:06leur casque technique et qui vont tirer au LBD sur deux garçons de 20 ans
03:12qui sont dans la rue tout seuls, puisque le scénar c'est ça,
03:14comme ils ont quitté l'équipe, ils sont venus avec la maman d'un des garçons,
03:17la petite copine, ils sont tous les deux dans une rue,
03:19ils se font tirer sur, on a vu, il y a eu des utilisations de LBD dans tous les sens,
03:25mais il n'y a pas eu d'histoire comme ça, dans nos souvenirs,
03:29j'en ai pas vu, et j'ai fait, alors attendez,
03:32j'ai fait 28 samedis de gilets jaunes en direct ici,
03:34mais des histoires comme ça après, j'ai pas le souvenir que ça existait,
03:37alors est-ce qu'il y en a eu une comme ça, deux gars seuls dans une rue ?
03:40Non, le côté isolé, vous venez de le dire, oui.
03:44Alors, on commence pas très bien là.
03:46C'est le côté isolé dont parle Dominique, c'est la configuration des lieux.
03:52Alors déjà, vous commencez à spoiler le film, ce qui n'est pas très sympathique.
03:56C'est pas vrai.
03:57C'est pas vrai parce que l'histoire, non, c'est pas vrai parce que l'histoire de suite est très intéressante.
04:01Alors, je vais vous raconter quelque chose.
04:03Ce qui est vrai, c'est qu'à un moment donné, le gouvernement qui était en panique
04:06a envoyé des unités des forces de l'ordre qui ne sont pas entraînées au maintien de l'ordre
04:11dans la rue, la BAC, etc.
04:13Et on le voit très bien dans le film.
04:1413 000 tirs de LBD qui ont été tirés pendant le mouvement des gilets jaunes, 80%, plus
04:20de 80% l'ont été par des unités non formées au maintien de l'ordre.
04:24Moi, j'ai vu des affaires où des policiers de la BAC ont tiré sur des manifestants avec
04:36des LBD de manière qui paraissait ni nécessaire ni proportionnée, n'ayant pas entraîné des
04:42blessures aussi graves que dans le film.
04:45Mais après, nous, c'est une fiction.
04:46Donc, on prend des éléments de différentes affaires.
04:50Voilà.
04:51Et ça, c'est notre liberté de scénariste.
04:55Mais de dire qu'il n'y a pas eu de tir de la part...
04:57Non, je pose la question.
04:58On ne dit pas qu'il n'y a pas eu de tir.
04:59Je ne dis pas qu'il n'y a pas eu, je pose la question.
05:00Je disais ce que c'est que c'était l'affaire.
05:02On ne s'est pas compris.
05:02Ce qu'on disait, c'est que l'affaire telle qu'elle est traitée est une affaire fictionnelle.
05:06Mais tous les éléments qui la constituent sont des éléments réels.
05:10Alors, évidemment, si vous séparez...
05:13Non, c'est pour ça que je posais une question.
05:15Non, toute l'histoire n'a pas existé.
05:17Mais en revanche, les blessures très graves ont existé.
05:21Des gens isolés qui se sont tirés dessus...
05:25Il y en a, il y en a.
05:27Ce que j'aime bien moi, en revanche, c'est que derrière, on sent ce que nous, on a
05:32ressenti ici en plateau quand on racontait et qu'on restituait, c'est la panique.
05:36La violence, le chaos.
05:37La panique des gouvernants, la panique de nos ministres et le n'importe quoi qui a suivi.
05:43Parce qu'effectivement, quand les gars sont entendus, il y a un gars de la BAC, il y a un gars de la BRI,
05:48qui disent, moi, ce n'est pas mon boulot.
05:50Moi, la BAC, c'est d'aller faire du crâne, d'aller chercher des gars.
05:55Le commissaire de la BRI dit à la commandante, à l'éadroquer, il dit, vous savez bien ce qu'on fait à la BRI ?
06:01Je ne vais pas vous apprendre ce que c'est que le bout de la BRI, ce n'est pas d'être ici.
06:04Donc à un moment, on a pris les mauvaises personnes qu'on a mis à cet endroit-là.
06:07Sans les briefer, en fait.
06:08Et qui ont effectivement provoqué des dégâts.
06:12On va regarder un extrait sur l'interrogatoire, regardez.
06:17Bonjour, M. Cordier, je suis le commandant Bertrand de l'IGPN, l'inspection générale de la police nationale,
06:22mon collègue, le major Guérini.
06:24Nous enquêtons sur les circonstances qui ont mené à la blessure de Guillaume Girard samedi dernier.
06:27Sa mère nous a dit que vous étiez avec lui au moment des faits.
06:31Est-ce exact ?
06:33Ouais.
06:34Nous souhaitons vous entendre en qualité de témoin.
06:36Mais je ne sais même pas comment il va, je n'ai aucune nouvelle.
06:39Son pronostic vital n'est plus engagé, mais les médecins ne le jugent pas en état d'être auditionné.
06:43Pas en état, ça veut dire quoi ?
06:45Il va y avoir des séquelles ?
06:47Je ne sais pas.
06:48Putain, mais il n'a rien fait.
06:50Ses fils de pute, ils l'ont défoncé alors qu'il n'a rien fait.
06:52Tu baisses d'un ton, là.
06:54Et tu parles correctement, s'il te plaît.
06:55Et vous les avez retrouvés ?
06:58Les flics, là, qu'on fait ça, vous les avez retrouvés ?
06:59Monsieur Cordier, c'est nous qui posons les questions.
07:01Parce que vous allez me croire.
07:04Au tribunal, ils ne m'ont même pas écouté.
07:06Ça a duré cinq minutes, mon train en main, tout ce qui comptait.
07:08C'était une fiche d'interpellation rédigée par les flics
07:10qui disait que je leur avais tapé dessus.
07:13C'est complètement faux.
07:14Monsieur Cordier, nous ne sommes pas là pour enquêter sur votre interpellation,
07:17mais sur ce qui est arrivé à monsieur Girard.
07:19Votre témoignage peut nous aider à comprendre ce qui s'est passé.
07:21Mais si c'est ma parole contre la leur, ça ne sert à rien.
07:26Alors, ce qui est très bien fait, moi, je trouve,
07:28et c'est l'amoureuse de la matière PJ,
07:30c'est que c'est très jargonnant, c'est très réaliste.
07:32Et justement, on s'y croit vraiment,
07:34ce qui n'est pas toujours le cas dans les polars
07:36et dans les films de cette acabie.
07:38Dominique, comment est-ce que vous ressentez
07:40cet usage du jargon police-justice ?
07:42Moi, j'aime bien.
07:43Ça ancre.
07:44Et c'est ça qu'on a aimé aussi dans ce film.
07:46Moi, j'aime bien parce qu'on sent aussi
07:48cette femme, on la sent vraiment isolée dans son dossier.
07:52Alors, je le disais tout à l'heure,
07:53pardon, je vais que la moitié du film
07:54parce qu'ensuite, je n'ai pas eu le lien.
07:56Le lien ne fonctionnait plus.
07:57Non, mais c'est bien parce que,
07:58donc, vous me l'avez raconté,
08:00derrière, elle est débarquée du dossier.
08:02On donne le dossier à quelqu'un.
08:03Racontez tout le film aussi.
08:05Non, mais ce n'est pas possible.
08:07Non, mais franchement, arrêtez.
08:08Bon, alors, qu'est-ce que je fais ?
08:09Je m'en vais ?
08:10Non, mais on pose des questions sur ce dont...
08:13Mais racontez-le.
08:14Alors, racontez-le, vous,
08:15puisque vous savez le raconter.
08:16Moi, je ne raconte pas le film,
08:17moi, j'ai fait le film.
08:18Non, moi, je voudrais souligner
08:19les similitudes que vous avez éclairées
08:22entre les manifestants et les...
08:24Oui, c'est parce que c'est un film à charge.
08:26Écoutez-moi.
08:27Non, ce n'est pas un film à charge.
08:28C'est un film qui questionne...
08:30C'est un film qui questionne...
08:31Je vais laisser Pauline vous parler.
08:32Allez-y.
08:33Alors, moi, je note des similitudes
08:35entre les manifestants et les forces de l'ordre
08:37parce que vous soulignez
08:38les mêmes origines sociales,
08:40la mise à disposition de tous ces policiers.
08:42On en a parlé, même ceux qui n'étaient pas formés.
08:44D'où ce type d'épisodes et de blessures
08:46et cette réaction de panique.
08:48Et ce que j'aime dans ce film aussi,
08:50c'est le visage de cette France fracturée,
08:52le visage de ce pays éclaté.
08:55Est-ce que vous diriez
08:56que vous avez voulu montrer ça aussi ?
08:58Et il y a une expression que j'aime beaucoup
08:59de Léa Drucker à un moment qui dit
09:01« Comment peut-on tous tenir ensemble ? »
09:03Est-ce que c'était ça, l'une des interrogations
09:05qui courait le film ?
09:08Absolument.
09:09Enfin, l'idée que...
09:11Justement, dans un pays, une société,
09:16parce qu'il ne s'agit pas que de la France
09:17très polarisée,
09:19où on sent que les gens se positionnent immédiatement,
09:23j'aurais dit « Donc, le film est à charge. »
09:25Le film cherche, au contraire,
09:26un équilibre, des nuances.
09:27C'est une exploration.
09:28Il pose des questions,
09:30n'est pas dans la neutralité,
09:33mais n'est pas non plus dans un engagement.
09:36Donc, effectivement, il pose des questions
09:38sur les rôles de chacun
09:40et sur la façon de comment,
09:42dans cette société très tendue et polarisée,
09:45on fait pour essayer d'être ensemble.
09:48Et ce montage très clippé avec des...
09:51Parce que vous avez plusieurs sources d'images,
09:52et pour nous, c'est très intéressant.
09:53Les caméras de surveillance de la préfecture,
09:56les caméras de vidéosurveillance,
09:57des images tournées par les équipes de télévision,
09:59les nôtres, d'autres, je ne sais pas.
10:01Ça donne, effectivement, avec le recul,
10:03nous, on le savait quand on le couvrait,
10:05mais il y a cette espèce de violence inouïe
10:07et, effectivement, de panique généralisée,
10:11de l'usage...
10:12C'est toute l'histoire de l'usage proportionné
10:13de la force dans ce type de situation.
10:17Oui, en effet, enfin, après,
10:21il y a eu, au moment des manifestations,
10:27des moments de violence
10:29de la part de certains manifestants,
10:32de la part de certains groupuscules
10:34qui se sont greffés dessus aussi,
10:37et pas que d'extrême-gauche,
10:38aussi d'extrême-droite.
10:39Bien sûr.
10:39Mais, à un moment donné,
10:42ça a servi aussi de justification
10:45pour toute la violence
10:51qui a été déployée par les forces de l'ordre.
10:54Et ça, c'est problématique aussi,
10:57parce que, du coup, à un moment donné,
11:00c'est alimenté aussi par un discours,
11:02on le sent dans le film,
11:03enfin, du politique,
11:04qui va dire, voilà,
11:06là, c'est une situation de guerre,
11:08il faut sauver la République, etc.
11:10Et donc, quand on envoie des unités,
11:13d'autant plus des unités non formées,
11:15qui sont suréquipées en armes,
11:17et qu'on leur tient ce genre de discours,
11:18et qu'on met tous les manifestants
11:20dans le même sac,
11:21et qu'on insinue que tous les manifestants
11:24sont des ennemis de la République,
11:26ça ne peut mener que...
11:28Au cas où.
11:28... et à des blessures.
11:30Et donc, il faut aussi questionner
11:34non seulement les responsabilités individuelles
11:38de policiers qui ont commis des actes
11:40hors du principe de nécessité et de proportionnalité,
11:43mais aussi, il faudrait pouvoir questionner
11:46les responsabilités de la hiérarchie policière
11:49et du politique.
11:50Vous, Gilles l'a évoqué,
11:51vous avez fait une immersion à l'IGPN
11:53pendant quelques jours.
11:54Oui.
11:55Qu'est-ce que vous avez découvert ?
11:56Parce que nous, c'est une structure qu'on connaît,
11:57mais évidemment, on n'a pas la chance,
11:59comme vous, de voir passer plusieurs jours avec eux.
12:02Ben, ce qui...
12:04Enfin, déjà, c'était indispensable
12:06pour pouvoir mener à bien ce projet,
12:08de pouvoir observer les enquêtristes
12:11et les enquêteurs dans leur travail,
12:13de pouvoir assister à des auditions
12:16et surtout de pouvoir échanger avec elles
12:20et avec eux sur les...
12:22de parler des spécificités,
12:23des difficultés du métier.
12:26Et c'est un métier qui est compliqué
12:27parce que c'est des flics,
12:28c'est des anciens flics.
12:29Enfin, ils sont toujours policiers.
12:31C'est pas des anciens...
12:31Ils étaient dans d'autres services avant.
12:33Exactement, dans d'autres services
12:34qui sont montés à l'IGPN
12:35et qui sont relativement mal considérés,
12:37on le voit d'ailleurs dans le film,
12:38par leurs congénères,
12:40parce qu'ils sont là pour enquêter
12:43sur des comptes
12:44que les collègues doivent rendre,
12:46si je puis me permettre.
12:48Oui, c'est ça.
12:48Enfin, c'est ce qui m'intéressait aussi
12:50dans l'idée de choisir
12:52une enquêtriste de l'IGPN
12:53comme personnage central
12:56parce que...
12:58Alors, non seulement,
13:00ils sont mal aimés
13:00par le reste de la profession
13:03parce qu'ils enquêtent sur eux,
13:05ou ils peuvent potentiellement
13:06enquêter sur eux,
13:07mais aussi par certains médias
13:09et une partie des citoyens
13:11qui leur reprochent
13:12d'être jugés partis
13:14parce qu'on leur dit
13:15« Mais vous êtes policiers,
13:16comment vous pouvez faire
13:17votre travail de façon impartiale
13:19puisque vous êtes des policiers
13:20qui enquêtent sur des policiers ? »
13:22Et voilà, donc c'est une situation
13:24assez inconfortable
13:25et c'est justement
13:27ce qui m'intéresse.
13:28Comment est-ce qu'on arrive
13:29à bien ou à mal
13:30faire son travail ?
13:31Comment on arrive à enquêter
13:33de façon sérieuse
13:36dans cette situation
13:37qui n'est pas simple à tenir ?
13:38Il y a une scène
13:39où on comprend
13:40que ces gens-là
13:41ne sont pas les bienvenus
13:43dans les enquêtes,
13:44c'est au bowling.
13:45Léa Drucker retrouve quelqu'un
13:48qui lui dit
13:49« Mais tu es une ancienne des stups,
13:50qu'est-ce que tu fais là ? »
13:53C'est une forme de trahison peut-être
13:54dans le corps de la police.
13:56Je pense que c'est une forme de trahison.
13:58Ça ne se passe pas bien
13:58avec les autres
13:59qui l'envoient premier.
14:00Pourtant, elle est tenace.
14:01Elle est prise.
14:02Oui, en fait,
14:03la question
14:04et le débat qui se pose
14:07qui est montré dans le film,
14:10c'est est-ce que le fait
14:12de nommer des dysfonctionnements,
14:15d'enquêter sur des policiers
14:18qui étaient hors cadre,
14:19est-ce que c'est une façon
14:20de redonner du crédit
14:22à l'institution policière
14:24ou est-ce que ça la discrédite
14:26parce qu'on dit
14:26qu'il y a des policiers
14:28qui se comportent mal ?
14:30Et évidemment,
14:31les enquêtrices
14:32et les enquêteurs du IGPN
14:33disent que c'est important
14:35de faire ce travail.
14:40Il y a beaucoup de ténacité, d'ailleurs.
14:41La réponse est oui
14:41parce que s'il y a des policiers
14:43vers eux,
14:43il faut le dire,
14:44il faut les virer.
14:45C'est super clair.
14:46Alors, tous les deux
14:47tandems d'écriture
14:48et de réalisation déjà à l'oeuvre
14:49la nuit du 12.
14:50Moi, je me souviens très bien
14:51de ce film
14:51qui m'avait beaucoup plu aussi
14:53qui était,
14:54alors on ne va pas le raconter exactement,
14:55mais l'histoire d'une jeune femme
14:57qui, à la suite d'une sortie nocturne,
14:59il va lui arriver le pire
15:00et il y a une enquête judiciaire
15:02qui est rondement menée.
15:04J'ai compris le message,
15:05on n'en dira pas plus.
15:06Qu'est-ce qui vous plaît
15:07tous les deux
15:07dans la matière PJ ?
15:08Donc, police-justice
15:09qui nous,
15:10nous anime quotidiennement,
15:11Dominique et moi.
15:13En fait,
15:14alors,
15:14c'est vrai qu'on a fait
15:16d'autres films avant
15:17où il y avait des crimes
15:18mais il n'y avait jamais de police.
15:19Oui, c'est vrai.
15:20En fait,
15:20c'est venu surtout
15:21pour la nuit du 12
15:23de la lecture
15:23du livre de Pauline Guéna
15:25qui est une autrice
15:27qui a passé un an
15:28en immersion
15:30à la PJ de Versailles.
15:31Donc, c'est un livre
15:31extrêmement documenté
15:33et qui parle
15:34de tous les côtés,
15:35y compris
15:36les côtés
15:37les plus ingrats
15:37du travail
15:38de la police,
15:41enfin de la PJ
15:41dans ce cas-là.
15:42Et c'est ça
15:43qui m'intéressait,
15:44c'était que
15:44c'est des aspects
15:46qui souvent dans les fictions
15:47sont mis de côté
15:48parce que ça paraît
15:49pas très intéressant
15:50de voir des enquêteurs
15:51taper des PV
15:52ou...
15:52Nous, on adore.
15:53On est subjectif
15:55de faire leur course
15:56dans les services marchés.
15:57Et moi, j'aime beaucoup
15:58comprendre le fonctionnement
16:00des institutions
16:01dans tous leurs détails
16:03et on avait envie
16:05d'intégrer
16:05ces choses-là
16:08dans...
16:08Enfin, que ça soit
16:09dans la nuit du 12
16:10et encore plus
16:10dans Dossier 137.
16:12parce que ça nous semblait
16:15possible
16:16de raconter ça
16:17de manière intéressante.
16:19Enfin, même si
16:20les choses en soi
16:21peuvent paraître
16:21un peu rébarbatives
16:24et donc, y compris
16:24en incluant
16:25tout le jargon
16:27qui est très particulier.
16:29Nous, c'est une poésie
16:30pour nous, mais...
16:30Oui, oui,
16:31c'est vrai.
16:32À force,
16:32ça devient presque politique.
16:34Enfin, tout le langage
16:35des PV,
16:36des réquisitions,
16:37etc.
16:37C'est très jargonnant.
16:38Oui, oui, oui.
16:38Mais d'une manière générale,
16:39les histoires
16:41de police-justice,
16:42les faits divers,
16:44quand même,
16:45interrogent souvent
16:46la société
16:48et, là, en l'occurrence,
16:51presque les principes
16:52démocratiques.
16:52Donc, c'est souvent
16:54des choses
16:55qui sont considérées
16:56comme marginales,
16:58mais qui sont
16:59des histoires
17:00très fortes
17:01et qui ont
17:02des ramifications
17:03dans toute la société.
17:05Ce n'est pas un hasard
17:06si certaines histoires
17:08judiciaires
17:08planent sur la société
17:10pendant des décennies
17:11et passionnent.
17:13Considérées par marginales,
17:14pas par tout le monde.
17:16Non, non.
17:17Alors, je ne sais pas
17:18si je peux en parler.
17:18Je ne vais pas me faire engueuler.
17:19Donc, je vais un peu...
17:20Non, attends.
17:21Dis-moi d'abord
17:21de quoi tu veux parler
17:22et je te dis si tu veux.
17:23Est-ce que je peux dire
17:24que j'ai bien aimé
17:24la scène dans le supermarché
17:26où elle croise des gens ?
17:27Oui, moi aussi.
17:27Tu peux dire ça ou pas ?
17:27Oui, tu peux.
17:28Dominique ?
17:28Oui, oui.
17:29En fait, on peut raconter
17:32que ce qui est bien réussi,
17:33c'est la...
17:33Non, je pars là aussi.
17:34Non, non, non.
17:35Ce qu'on peut raconter,
17:36c'est que...
17:37Elle est bien cette scène.
17:37Ce qui est très réussi,
17:38les flics...
17:39Non, mais ce qui est très réussi,
17:41c'est la collision
17:41entre ce monde professionnel
17:44et le quotidien.
17:45Vas-y, Dominique.
17:45Non, voilà.
17:47À un moment,
17:47elle fait ses courses
17:47et elle tombe sur quelqu'un.
17:49Et là, elle se retrouve
17:49confrontée à un truc
17:50où elle en prend plein la figure,
17:53elle ne peut pas répondre.
17:54Moi, j'ai bien aimé cette scène
17:55parce que ça,
17:56c'est la vraie vie des flics.
17:57qu'on ne voit pas ailleurs,
17:59qu'il n'y a pas raconté ailleurs.
18:00Donc, pour ça, bravo.
18:01C'est vrai qu'on voit
18:05le personnage
18:06qu'incarne Léa Drucker
18:07pas que dans sa vie professionnelle,
18:09mais dans sa vie privée aussi.
18:12Mais on sent que,
18:14même dans sa vie privée,
18:15elle porte le sac à dos
18:17de son travail.
18:18Et elle s'est fait allumer.
18:19Avec son fils aussi,
18:21qui va la questionner,
18:23qui dit...
18:23C'est pas nous qui allons parler du fils.
18:24Pourquoi tout le monde déteste la police ?
18:28Et voilà, ça la prend de court.
18:30Enfin, visiblement,
18:31il n'ose pas dire
18:31que ses parents sont policiers.
18:33Enfin, toutes ces choses-là
18:34nourrissent évidemment
18:35aussi le personnage et le film.
18:38Alors, nous, au service,
18:39on a la coutume de rappeler
18:40que la PJ,
18:41c'est une matière inflammable
18:42qui exige du sang-froid,
18:43de la rigueur,
18:44l'amour de la matière et des gens.
18:46Est-ce que ça,
18:46c'est un diagnostic
18:47que vous cultivez,
18:49que vous validez ?
18:50Dans l'idéal, absolument.
18:51Et le personnage
18:52que Julia Adricer
18:53est quelqu'un,
18:55enfin, une personne rigoureuse
18:56qui a sûrement
18:58une forme d'idéal,
18:59c'est-à-dire
18:59de désir de justice
19:02et qui se retrouve
19:03dans un dilemme,
19:05voilà, intime
19:06qui est fort,
19:08qu'on ne va pas dévoiler,
19:09mais qui est...
19:10Exactement.
19:10Je vous propose
19:11un deuxième extrait.
19:13Là, il ne faut pas les mots.
19:14C'est que Victor
19:16a peur de dire
19:17qu'on est policiers ?
19:18C'est la vérité.
19:20Le père d'un de ses copains
19:21m'a demandé
19:21dans quel établissement
19:22j'enseignais.
19:23J'ai pas compris tout de suite.
19:25Votre fils Victor m'a dit
19:25que vous êtes prof de sport,
19:26moi j'enseigne le français,
19:27blablabla.
19:28J'ai même pas osé rectifier.
19:29Tu te rends compte ?
19:30Il raconte que je suis prof,
19:33il a honte de dire
19:34que je suis flic.
19:34Dans quel monde en vit ?
19:36Et toi,
19:37t'alimente la détestation
19:37de la police ?
19:38N'importe quoi,
19:39je fais juste mon travail
19:40d'enquêtrise
19:40comme je l'ai toujours fait.
19:41Quand t'étais au stup,
19:43t'étais pas pareil.
19:44Tu sais quoi ?
19:44T'avais qu'à postuler
19:45à l'IGPN à ma place
19:46et moi je serais restée au stup.
19:48T'étais bien content
19:48que j'y aille
19:49pour qu'un de nos deux
19:50ait des horaires réguliers
19:50et puis s'occuper de Victor.
19:51Moi aussi,
19:52ça me plaisait les stups.
19:53Alors oui,
19:54à l'IGPN,
19:54j'enquête sur des collègues,
19:55ça m'enchante pas tous les jours
19:56mais quand il y en a
19:56qui font de la merde,
19:57il faut qu'ils assument.
19:58T'as vu tout ce qu'on leur demande ?
19:59Tu peux pas te mettre
20:00un peu à leur place ?
20:01Je fais que ça.
20:02Et à la de l'aplomb,
20:04Léa Drucker,
20:05il faut souligner sa performance.
20:06Pourquoi vous avez choisi
20:07la BRI ?
20:09Alors parce que
20:11ça me semblait intéressant
20:12parce que ça illustrait
20:14justement ce dont
20:15on évoquait tout à l'heure
20:16la panique du gouvernement
20:18qui envoie des policiers
20:21qui sont entraînés
20:22pour neutraliser
20:24des terroristes
20:24ou des preneurs d'otages,
20:25pas pour faire du maintien
20:27de l'ordre
20:28et qui n'ont même pas
20:29l'équipement pour,
20:30enfin ils ont un équipement lourd
20:31et là ils sont obligés
20:33presque de s'équiper
20:35eux-mêmes en partie.
20:37Donc c'est pas pour jeter
20:38l'opprobre sur la BRI
20:41mais pour montrer justement
20:43qu'il y a des contradictions
20:45partout et qu'effectivement
20:47au moment du Bataclan
20:49ils étaient à juste titre
20:51considérés comme des héros
20:53et on les a applaudis
20:54mais ça n'empêche pas
20:55qu'à d'autres moments
20:57certains d'entre eux
20:59peuvent commettre
21:01des choses
21:03répréhensibles
21:05et problématiques.
21:07Non, non, mais c'est vrai
21:08que nous-mêmes
21:08on l'a vécu ça
21:09parce qu'on a quand même
21:10un paquet de copains flics
21:11dans toutes les unités
21:12pas seulement Béry
21:13et il y en a beaucoup
21:14qui nous ont dit
21:14on se demandait
21:15ce qu'on faisait là quoi.
21:16On a envoyé le raid
21:18à Marseille
21:18il faut s'en souvenir
21:19sur des histoires
21:20des histoires de manifs
21:21quand même.
21:21C'est très bien ressenti
21:26l'arc de triomphe
21:28toutes les images
21:29d'actualité
21:30qu'on a vécu ici
21:31et qu'on se reprend
21:32en pleine figure
21:32c'est d'une violence inouïe
21:34on le savait
21:35quand on le commentait
21:36mais là je trouve
21:36que c'est un double effet
21:37en se disant
21:38oui en fait
21:39il y avait la panique
21:41généralisée partout
21:42et il fallait tenir
21:43les digues en fait
21:43donc on fait
21:44on envoie
21:45et puis on voit
21:46ce que ça donne.
21:46Et nous on a aussi
21:47été en première ligne
21:48parce qu'il y a quand même
21:48des jeunes reporters
21:49et des jeunes cadreurs
21:51qui étaient dans les manifs
21:52alors il fallait faire attention
21:53pour les présentateurs
21:54de ne pas donner leur nom
21:55parce que sinon
21:56on les ciblait
21:56et on a
21:57Et puis il y avait
21:58des cellules médicales aussi
21:59vous vous souvenez
21:59les French Medics
22:01qui étaient là
22:02et qui sillonnaient
22:03les Streets Medics
22:04les Streets Medics
22:04et donc c'est vrai
22:06que c'est une période
22:07très particulière
22:07qui est quand même
22:08très bien restituée
22:09dans ce film
22:09il faut le dire
22:09Oui oui bien sûr
22:11vraiment sincèrement
22:12c'est bien
22:12en plus on voit
22:13beaucoup d'images de BFM
22:15nous on est contents aussi
22:15parce qu'on a
22:16enfin il n'y en a pas
22:17Non il y en a une
22:18si vous l'avez reconstituée
22:20Oh là là
22:22c'est méchant
22:23C'est méchant
22:24C'était tellement
22:25notre univers
22:26pendant si longtemps
22:26mais merci aussi
22:28parce que nous
22:29on l'a vécu
22:29on l'a vécu
22:30On l'a pas très bien vécu
22:31non plus
22:31On l'a vécu terriblement
22:33je me souviens
22:33d'une gosse
22:34une caméraman
22:35une cadreuse
22:36qui était revenue
22:36d'une manif
22:37qui était couverte de crachats
22:38qui avait posé sa caméra
22:39dans la rédaction
22:40et qui pleurait
22:40qui disait
22:41mais je ne leur ai rien fait
22:42maintenant tu ne leur as rien fait
22:43en plus tu as allé raconter
22:44leur lutte
22:46parce qu'au début
22:46il n'y a aucun problème
22:48avec la colère des Gilets jaunes
22:49tout le monde est en colère
22:50et puis ensuite
22:51ça commence à tourner mal
22:52et finalement
22:53ce qui vient dans le film
22:54c'est qu'il y a cet engrenage
22:56où même la société
22:57et même nos politiques
22:58ont pété les plombs
22:59et ont fait n'importe quoi
23:00et on le voyait nous
23:02quand on commentait ça
23:03et que
23:03je me souviens du jour
23:04où le Fouquets
23:05la tendue du Fouquets
23:06brûlait
23:07et un peu plus bas
23:08il y avait M. Castaner
23:09avec tout un tas
23:11de personnalités
23:11qui félicitaient
23:13qui serraient des mains
23:14à des policiers
23:15pendant que c'était
23:16le chaos partout
23:17nous on regardait ça
23:18mais ça va
23:19ça va se finir
23:20ça va se finir
23:21ce qui est intéressant aussi
23:22c'est ces origines sociales
23:23assez communes en fait
23:24on se rend compte
23:25que c'est des gens
23:25qui ne sont pas si éloignés
23:26les uns des autres
23:27simplement ils ne sont pas
23:28dans le même camp
23:28et ils vont être obligés
23:29par la force des choses
23:30de s'affronter
23:30rajouter là-dessus
23:31le point de vue de Léa Drucker
23:32je ne le raconterai pas
23:34mais qui du coup
23:34c'est à travers ses yeux
23:36on est dans son histoire
23:37et à travers elle
23:38pardon
23:39je t'en prie
23:40elle a bien une gueule de flic
23:41elle a bien une gueule de flic
23:42elle a bien une allure de flic
23:44oui mais c'est
23:45enfin moi
23:45en fait il y a quelques
23:47enfin c'était après
23:48la sortie de la nuit du 12
23:49il y avait une émission de radio
23:50où il y avait des policiers
23:51qui étaient invités
23:52une policière
23:53et qui m'avait dit
23:54que ce qui l'agaçait
23:56dans les fictions
23:57représentant des femmes flics
23:59c'est qu'on avait l'impression
24:00qu'on les poussait toujours
24:01à avoir l'air durs
24:03et froids
24:03et rouler des mécaniques
24:04etc
24:05alors qu'elle disait
24:05c'est pas ça
24:07enfin c'est
24:07on est aussi féminine
24:10on va aussi au supermarché
24:11on s'occupe des gosses
24:12voilà
24:13on est en son âge
24:14et donc ce qui nous intéressait
24:17c'était le côté humain
24:18du personnage aussi
24:20c'est très bien
24:20alors racontez-nous
24:21le prochain projet
24:23à deux
24:24tous les deux
24:24on a le droit de le dire ?
24:26si vous le savez
24:28je veux bien
24:29il n'est pas encore né ?
24:31vous ne voulez pas faire un truc
24:31sur une chaîne d'infos
24:32on continue
24:33non non non
24:33c'est pas une bonne idée
24:34mais continuez à explorer
24:36l'univers de l'APJ
24:37en tout cas c'est très réussi
24:38merci à tous les deux
24:39sorti 19 novembre
24:42donc mercredi prochain au cinéma
24:43dossier 137
24:45film réalisé par Dominique Molle
24:46écrit par Gilles Marchand
24:47j'espère qu'on vous a donné envie
24:49d'aller le voir
24:49en tout cas nous
24:50on a adoré
24:51merci à tous
24:53de nous avoir suivis
24:54merci à tous les deux
24:55j'espère qu'on vous a donné
24:56merci à tous les deux
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