- il y a 3 mois
Ce mercredi 27 août, la rentrée sociale, le sacrifice de jours fériés proposé par François Bayrou et le chantier de l'assurance-chômage ont été abordés par Laurent Vronski, directeur général d'Ervor, Éric Heyer, directeur du département analyse et prévision à l'OFCE, et Béatrice Mathieu, rédactrice en chef à L'Express, dans l'émission Les Experts, présentée par Raphaël Legendre sur BFM Business. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.
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00:00Allez, on se retrouve pour la seconde moitié de l'émission.
00:04Nouveau rendez-vous des experts, attention, notez-le bien, c'est tous les jours désormais de 10h à 11h sur l'antenne de BFM Business.
00:11Et on va parler rentrée sociale, évidemment.
00:13Hier, François Bayrou était à la CFDT où il a reçu un accueil poli, mais assez tiède, on peut le dire comme ça.
00:22Avant la réunion vendredi de l'intersyndicale qui doit décider des actions à mener en cette rentrée.
00:29Il y a beaucoup de sujets sur la table, la suppression des deux jours fériés.
00:32Alors en même temps, maintenant, est-ce que c'est encore sur la table des négo ou pas ? Pas sûr.
00:37La réforme de l'assurance chômage dont on va parler aussi beaucoup et plus largement les mesures sur le droit du travail.
00:42Et la représentation des salariés.
00:45Elle est comment cette rentrée sociale, Béatrice Mathieu ?
00:49Alors ça dépend où vous vous posez, mais pour les syndicats, elle est très compliquée.
00:53Côté syndicat, elle est extrêmement compliquée parce que pour eux, ce profil, en fait, ce qui s'est passé au moment des Gilets jaunes,
00:59c'est-à-dire d'être dépassés par un mouvement qu'ils n'ont pas initié.
01:03Le mouvement du 10 septembre, tout bloqué.
01:05Deux jours après, probablement, que le gouvernement soit renversé.
01:09Voilà, c'est ça.
01:10On aurait une France complètement bloquée.
01:11Et donc on voit bien qu'il y a beaucoup d'incertitudes et d'inquiétudes, en fait,
01:15sur les origines et les fondements, en fait, de ce mouvement.
01:21Qu'est-ce que vous avez vu, vous, en tant que journaliste ?
01:23C'est très protéiforme.
01:24Né à l'extrême droite, avec des soupçons, en fait, d'ingérence étrangère
01:31qui pousserait, qui ferait un petit peu monter la mayonnaise.
01:33Est-ce qu'on sait si ça va être sérieux, ce mouvement ?
01:36Ça commence à s'organiser, a priori, de façon un peu concrète dans certaines villes.
01:41Mais est-ce que ça va être sérieux ?
01:42Franchement, je ne sais pas.
01:45Mais en tout cas, les syndicats, et notamment la CGT et FO,
01:50sont très embêtés par rapport à ça,
01:52parce que ce sont des syndicats dans lesquels ils ont certaines branches
01:55qui sont assez inclines, en fait, à suivre le mouvement.
02:01Donc avec un risque de fracturation encore un peu plus important
02:06que ce qu'il y a déjà, par exemple, à la CGT.
02:09C'est moins le cas à la CFDT.
02:11Donc ils marchent un petit peu sur des oeufs,
02:15et ils essayent, d'une certaine façon, c'est le cas à la CFDT,
02:19de reprendre une posture combative, en disant, par exemple,
02:25on n'ira pas à la négociation sur les deux jours fériés.
02:31Sachant que cette négociation, effectivement,
02:32elle est quand même...
02:34Il y a de très gros pointillés sur cette négociation.
02:38La CFDT qui avait été échaudée par le conclave sur les retraites,
02:41qui s'est très mal terminée.
02:42C'était beaucoup avancé sur un succès,
02:44et finalement, il a fini en autre bout d'un.
02:47Sur ces deux jours fériés,
02:48est-ce qu'on a besoin de travailler plus en France, Eric Ayer ?
02:51Ça, c'est vraiment une question un peu compliquée,
02:54parce que justement, les statistiques,
02:56c'est celles de l'OCDE.
02:57Chaque semaine, chaque année, ou tout au long de la vie.
02:59Mais l'OCDE nous dit très clairement,
03:02mais il faut lire les astérix,
03:03il nous dit, on ne peut pas faire de comparaison internationale
03:05sur les données de durée du travail.
03:07Et pourquoi ?
03:08Parce que ce n'est pas la même façon de calculer dans tous les pays,
03:12ce n'est pas les mêmes enquêtes, etc.
03:14Donc, ils nous disent, regardez en évolution,
03:17mais ne regardez pas en comparaison pays par pays.
03:20Donc, vous voyez, c'est compliqué.
03:21Mais on le fait tout de même,
03:21parce que l'OCDE, qui nous dit dans un petit astérix,
03:24ne le faites pas,
03:25il nous met un graphique où ils le font.
03:27Donc, du coup, bien sûr, on le fait.
03:29Alors, si on prend ces statistiques,
03:30ils sont donc, du coup, très fragiles.
03:32Donc, on est d'accord.
03:33Ils le disent eux-mêmes, en comparaison.
03:35Qu'est-ce que ça nous dit ?
03:36Allez, en résumé,
03:37quand je travaille à temps complet, d'accord,
03:39en France, je travaille moins qu'ailleurs, en gros.
03:42Quand je travaille à temps partiel,
03:44je travaille plus qu'ailleurs,
03:45et on a moins recours au temps partiel.
03:47Donc, quand je fais une moyenne pondérée, d'accord,
03:50ce qui n'existe pas,
03:51c'est un travailleur, ok, une moyenne pondérée,
03:53on travaille légèrement plus que la moyenne.
03:56Mais ça, c'est ceux qui travaillent.
03:57Ok.
03:57Si maintenant, on le divise...
03:58De manière hebdomadaire, de manière annuelle ?
04:00Oui, hebdomadaire ou annuelle.
04:01De la même manière.
04:02Quand je prends en compte les congés,
04:03c'est à cause de quoi ?
04:05À cause du temps partiel.
04:06C'est-à-dire que, vous voyez,
04:07vraiment, il faut avoir une statistique.
04:09Au Pays-Bas, il y a 48% des salariés à temps partiel.
04:12Car un salarié sur deux, il est à temps partiel
04:14et travaille 18 heures par semaine.
04:17Oui, ça vous fait baisser la moyenne.
04:19Alors que nous, en France, c'est 17%,
04:21pas 48, 17%.
04:22Et on travaille plutôt à temps partiel 22-23 heures,
04:25si on prend les données de l'OCDE.
04:26D'accord.
04:27Donc oui, dès qu'on incorpore le temps partiel,
04:29on revient dans la moyenne.
04:30Dit autrement, qu'est-ce qu'on a fait ?
04:31On a réduit le temps de travail,
04:33ça nous dit l'OCDE,
04:34par le temps complet.
04:35Ailleurs, ils l'ont fait en incitant au temps partiel.
04:37Mais c'est une réduction du temps de travail.
04:39Mais quelle est la plus juste ?
04:41Vous voyez, ça c'est un débat.
04:42Il y a de deux côtés.
04:43Ce qui est injuste du côté du temps partiel,
04:45c'est que c'est les femmes
04:46qui réduisent le temps de travail.
04:47D'accord ?
04:47Et les hommes qui travaillent.
04:49Bon, un point.
04:50Le point qui est souvent mis en avant,
04:51c'est quand je divise la durée du travail
04:53par le nombre d'habitants.
04:55Là, on est en dessous de tout le monde.
04:56Oui, mais moi, je n'aime pas trop ça.
04:58Mais le sujet, c'est le chômage en France.
05:00Oui, non, mais pas trop.
05:01Des jeunes, des seniors.
05:01Pourquoi je n'aime pas trop ça ?
05:02C'est que oui, on a plus d'enfants.
05:04Même si ça commence à baisser,
05:05on a plus d'enfants qu'ailleurs.
05:06Donc, on divise par une population jeune
05:08qui est plus importante.
05:09Rien que ça, ça vous biaise votre nature.
05:11Ce qui est important, c'est...
05:13C'est de moins en moins vrai quand même.
05:14Oui, c'est de moins en moins vrai.
05:15Mais non, ce n'est pas vrai.
05:16Nous, ça baisse, mais ailleurs,
05:17ça baisse encore plus.
05:17Allez voir en Italie, allez voir en Allemagne,
05:19allez voir dans tous ces pays-là.
05:20Donc, oui, forcément, ça biaise.
05:22Ce qui me paraît être mieux maintenant,
05:24c'est regarder les taux d'emploi.
05:25Et effectivement, les taux d'emploi,
05:26ça, maintenant, on le sait par cœur.
05:28D'accord ?
05:29Le taux d'emploi, quand j'ai entre 25 et 55,
05:33il est comme tout le monde.
05:34D'accord ?
05:34Donc, il n'y a rien à dire.
05:35Il est plus bas chez les jeunes.
05:37Il est plus bas chez les seniors.
05:39D'accord ?
05:39Donc, c'est les taux d'emploi.
05:40Donc, si je réponds à votre question
05:41sur le jour férié,
05:43ce n'est pas ça, le problème.
05:44Ce n'est pas à refaire travailler
05:45ceux qui sont déjà au travail
05:46et qui travaillent à peu près
05:47comme tout le monde.
05:48Donc, ce n'est pas ça.
05:49C'est mettre au travail
05:49ce qu'ils ne sont pas.
05:50Mais c'est, voilà,
05:50c'est faire dans les deux extrémités,
05:53les faire travailler.
05:53Donc, je ne vois pas en quoi
05:54le jour férié va les faire travailler.
05:56Donc, je pense que ça ne répond pas
05:57au vrai problème
05:58s'il y en a du temps de travail en France.
06:00Très concrètement,
06:01le chef d'entreprise aujourd'hui,
06:02patron de PME,
06:04rappelez-nous le nombre d'employés.
06:05On est pas loin de 50.
06:07Pas loin de 50.
06:08Pas loin du seuil fatidique des 50.
06:10Oui.
06:10Est-ce que vous avez toujours
06:11des problèmes pour employer,
06:15pour trouver des actifs ou pas ?
06:18Alors, merci pour cette séquence concrétude.
06:21Donc, moi, je n'ai pas d'écartir.
06:23Vous êtes là pour ça, cher Laurent ?
06:24Je n'ai pas de statistiques
06:25qu'à vous fournir.
06:26Bon, je ne signe que des contrats de travail.
06:29Alors, je pense que, effectivement,
06:31quand on veut examiner l'économie
06:34de manière académique,
06:36et d'ailleurs, c'est un petit peu
06:37la nourriture des politiques,
06:38parce qu'évidemment,
06:39ils ne sont pas sur le terrain
06:40comme votre serviteur.
06:42Oui, on fait ce genre de comparatif.
06:44Je pense que chaque manager
06:46qui dirige une équipe,
06:47vous dirait que ce qui compte,
06:47c'est l'efficacité.
06:49Je veux dire, c'est pas parce que
06:49vous avez un type derrière un bureau
06:51que forcément, c'est efficace.
06:54D'ailleurs, il y a quelques administrations
06:55où on voit clairement
06:56qu'ils ne sont pas proches
06:58du nervous breakdown,
06:59comme on dit bien.
07:01Là où il y a un sujet,
07:02par contre, c'est au niveau
07:02de la flexibilité.
07:03Je vais vous donner un exemple.
07:04Prenez un restaurant.
07:06Je veux dire, un restaurant,
07:07de 10 heures à midi,
07:08il ne se passe pas grand-chose.
07:11Donc, si la personne doit être là
07:12et faire de la présence,
07:13ça sert à quoi ?
07:14À rien.
07:15Par contre, entre midi et 14 heures,
07:17alors là, il faut du monde.
07:18C'est exactement la même chose
07:19dans l'économie.
07:20Et c'est pour ça que,
07:21comme on a, si vous voulez,
07:21des systèmes qui sont assez rigides
07:23et qui ne nous permettent pas
07:24d'épouser les impératifs
07:26du business, du client, etc.,
07:29c'est ça qui rend les choses
07:30extrêmement compliquées.
07:32Donc là, il y a quelque chose
07:33auquel il faut repenser.
07:35Bon, ça, c'est la première chose.
07:36Là, c'est sur l'organisation
07:37du temps de travail.
07:40Et sur les lois.
07:42On a un système qui est ultra rigide.
07:44Je veux dire que quand vous regardez
07:45le code du travail...
07:46Non, mais il faut qu'on dise des choses.
07:47J'essaie de bien vous comprendre là.
07:48Donc, quand vous regardez
07:49le code du travail,
07:49ça donne mal à la tête
07:50à une aspirine.
07:51Je veux dire,
07:51tout cerveau normalement constitué,
07:54contrairement à ce qu'on vous explique,
07:55nul n'est censé ignorer la loi,
07:56personne n'y comprend grand-chose.
07:58C'est pour ça qu'il y a
07:58toute une flopée d'avocats
07:59qui vous décollent les choses.
08:00Donc là, il y a quelque chose
08:01à repenser.
08:02Parce que, je fais une petite aparté,
08:04mais qui a son importance.
08:05Éric a parlé d'enfants.
08:06Je pense que le plus grand challenge
08:08dans les cinq ans à venir,
08:10c'est la pyramide des âges en France.
08:12Quand vous regardez,
08:13et tout le monde peut le voir à son niveau,
08:15vous allez chez le boucher,
08:16vous avez souvent des gens
08:17qui ont les cheveux blancs.
08:18Il y a une grande partie du pays aujourd'hui
08:20qui fonctionne avec des gens
08:22qui ont 60 ans et plus.
08:24Donc, on est sur une pyramide
08:25des âges inversés.
08:26Donc, quand on parle de productivité,
08:28ça veut dire que mathématiquement,
08:30sauf si on fait venir des gens
08:31de l'extérieur,
08:32ceux qui sont en place
08:33et en âge de travailler
08:34auront plus de boulot que les autres.
08:36Bon, ça, c'est une autre discussion.
08:37Maintenant, concernant,
08:39je dirais, la mesure
08:40de ce qui se passe actuellement
08:41sur le marché du travail.
08:42Vous avez posé la question
08:43sur la rentrée sociale.
08:44Je peux vous dire qu'aujourd'hui,
08:46contrairement à il y a un an,
08:47vous mettez une annonce
08:48pour recruter quelqu'un,
08:49vous avez 150 CV.
08:53Ervore, qui est en recrutement
08:54quasi permanent.
08:55La bascule revient,
08:56retourne du côté de l'employeur.
08:58Écoutez, nous, aujourd'hui,
08:59je ne vais pas dire
09:00que c'est un long fleuve tranquille,
09:01mais globalement,
09:03globalement,
09:04il n'y a encore pas si longtemps,
09:05vous passiez une annonce,
09:06il n'y avait rien du tout.
09:07Là, maintenant,
09:08il y a tout ce qu'il faut,
09:09du cadre jusqu'au manœuvre.
09:12Et ça, c'est un signe des temps.
09:13Et ça, je pense qu'Éric,
09:14ça va arriver sur votre téléscripteur.
09:16Non, non, mais on l'avait vu.
09:18Le retournement du marché du travail,
09:19on l'annonce depuis un moment.
09:21Alors, nous, on le voit
09:23depuis quasiment un an.
09:24Ça fait un an que ça a changé.
09:26Et je pense que les gens
09:27sont assez inquiets.
09:28Parce qu'aujourd'hui,
09:29tout le monde a un conjoint,
09:31une relation,
09:32qui cherche du boulot
09:33et qui n'en trouve pas.
09:35Moi, je n'ai jamais eu autant de CV
09:36en période estivale.
09:37D'habitude,
09:38la trêve des confiseurs,
09:39il n'y a rien du tout.
09:40Dans ce cas-là,
09:41Béatrice Mathieu,
09:41est-ce que c'est le bon timing
09:42pour lancer une réforme
09:43de l'assurance chômage
09:45qui durcit les conditions ?
09:48C'était une mauvaise idée
09:51pour plusieurs raisons.
09:52Effectivement,
09:53pour le timing conjoncturel
09:54que vous avez bien dit.
09:55Je rappelle que Matignon
09:55a envoyé des lettres de cadrage
09:56aux partenaires sociaux
09:57début août
09:59sur cette négociation.
10:00Et deuxièmement,
10:01parce que sur le fond,
10:03quand on regarde,
10:03je vais revenir sur le modèle social
10:06et les différents régimes,
10:10le régime de l'assurance chômage
10:12était jusqu'à présent équilibré.
10:15Et que s'il est redevenu en déficit,
10:18c'est parce que l'État
10:18a ponctionné
10:19dans les excédents
10:21de l'assurance chômage
10:22pour financer France Travail.
10:26Ce que les syndicats
10:27ont très mal pris.
10:28Tous les syndicats, d'ailleurs,
10:29l'ont très mal pris.
10:30Donc, pour cette double raison,
10:33c'est une très mauvaise idée
10:34de relancer
10:35le chantier d'assurance chômage
10:37maintenant,
10:38alors même que
10:39la précédente réforme
10:40entrait à peine
10:42en réforme.
10:43Mais ce qu'on raconte
10:45Medzovoce
10:45dans les couloirs
10:46du gouvernement,
10:48c'est qu'aujourd'hui,
10:49il y a quand même
10:49de sacrés abus.
10:50Il y a toujours cette logique
10:51de je recharge mes droits
10:52et j'ai le droit
10:53à mes 20 mois
10:54d'indemnité derrière.
10:55Il y a la montée
10:56en puissance
10:57des ruptures collectives
10:59qui représentent aujourd'hui,
11:01vous allez me donner le chiffre,
11:02mais à peu près
11:02la moitié
11:02des ruptures.
11:05Et là aussi,
11:05ce qu'on raconte,
11:06c'est que c'est le cadre
11:07HEC qui profite
11:08d'une césure d'un an
11:09tout ferait payé
11:10par la collectivité
11:11pour aller faire
11:11son tour du monde.
11:12Je caricature
11:13un tout petit peu le propos,
11:14mais est-ce que ces réalités
11:15existent,
11:16Eric Heller ?
11:17Oui,
11:17on n'est pas sûr.
11:18C'est toujours très compliqué.
11:20Est-ce que la rupture
11:21conventionnelle,
11:22il y a des effets
11:24d'aubaine là-dedans ?
11:25Sans doute,
11:25dans toute mesure,
11:26il y a des effets d'aubaine.
11:27Mais mesurer
11:27les effets d'aubaine,
11:28ça devient un peu compliqué.
11:29D'accord ?
11:30Et donc,
11:31on est beaucoup
11:32dans des fantasmes.
11:33Dans la rupture conventionnelle,
11:34il faut qu'il y ait
11:34les deux parties.
11:35Donc,
11:36ce n'est pas forcément
11:36le cadre
11:37qui essaie
11:38de biaiser.
11:40Il y a aussi
11:40peut-être l'employeur.
11:41Si l'employeur
11:42n'a pas envie
11:42de signer,
11:43il ne faut pas
11:45mettre tout
11:46sur le côté du salarié.
11:47Il y a peut-être
11:47aussi l'employeur
11:48qui a signé
11:49et ça a l'intéresse
11:49de signer des ruptures
11:50conventionnelles
11:50plutôt que de faire
11:51un plan de licenciement.
11:53Donc, attention.
11:54Et c'était une mesure
11:55qui était là
11:55pour flexibiliser.
11:56Encore une fois,
11:57effectivement,
11:58j'entends le côté rigide,
11:59mais pour flexibiliser,
12:00pour faciliter
12:01les licenciements,
12:02on a mis en place
12:03cette mesure.
12:04Il y a des effets d'aubaine.
12:05D'accord.
12:05Il faut essayer
12:06de lutter
12:06contre les effets d'aubaine.
12:07Très bien.
12:08OK.
12:08Une fois qu'on a dit ça,
12:09qu'est-ce qu'il fait ?
12:09On fait un retour en arrière,
12:11on les supprime,
12:12ces ruptures conventionnelles.
12:12Non, il faut contrôler.
12:14Mais vous voyez,
12:15quand on essaye
12:15de mesurer
12:16ces effets d'aubaine,
12:17admettons sur le chômage,
12:18vous voyez,
12:19l'unédit
12:19qui essaye de le faire.
12:21Systématiquement,
12:21c'est marginal.
12:23C'est-à-dire
12:24que ce qui ressort
12:24de ces études
12:26qui essaient de montrer
12:27est-ce qu'il y a
12:28de la fraude,
12:29etc.,
12:30c'est tout petit.
12:31C'est-à-dire que
12:31ce qui est mis en avant,
12:32c'est que ça serait
12:336% des chômeurs
12:34qui ne joueraient pas le jeu.
12:37Et dans ces 6%
12:37des chômeurs jouaient le jeu,
12:39c'est-à-dire rechercher
12:39un emploi,
12:40être actifs,
12:41etc.
12:41Et dans les 6%,
12:42si on regarde,
12:43il y a des chômeurs
12:44qui sont non indemnisés.
12:46Parce que c'est la moitié
12:47des chômeurs
12:47qui sont non indemnisés.
12:48Donc c'est faible.
12:49Là, le rapport
12:49du Haut Conseil
12:54sur le chômage,
12:54c'est 0,2%.
12:56Donc, oui,
12:57moi, je veux bien
12:57qu'on essaye de lutter
12:58sur ces 0,2%.
12:59Peut-être qu'on met
13:01trop d'importance là-dessus
13:02et se dire
13:03les effets d'aubaine.
13:04Malheureusement,
13:05qu'est-ce que vous voulez ?
13:05Dans toute mesure,
13:08il y aura des effets d'aubaine.
13:09Est-ce que ce sont
13:09des effets de bord ?
13:10Et tant pis.
13:11Ou est-ce que c'est
13:12extrêmement important ?
13:14Moi, je pense qu'on est
13:14sur les effets de bord
13:15et tant pis,
13:16il faut les assumer.
13:17Ça, c'est la vision macro.
13:18Au niveau micro,
13:19le chef d'entreprise,
13:19est-ce qu'il a déjà été
13:20confronté à ses salariés
13:22qui disent
13:22j'ai travaillé 6 mois,
13:248 mois,
13:24je m'en vais ?
13:25Alors, moi,
13:26je ne partage pas
13:26le constat d'Éric.
13:28On va faire un petit flashback
13:29quand même
13:29et je pense que c'est important
13:30de le faire.
13:31Jusqu'à il y a encore
13:31pas si longtemps,
13:33le mot fraude sociale
13:34était un gros bon.
13:36Dire qu'il n'y avait
13:37pas de faux chômeurs,
13:38il n'y avait pas
13:39d'arrêt maladie de complaisance,
13:41tout ça n'existait pas.
13:42C'était,
13:42je vais reprendre votre terme,
13:44dans le fantasme des patrons.
13:46Sauf que quand,
13:47et c'est une expérience
13:48extrêmement simple
13:49que vous pouvez tous faire,
13:50que vous alliez du nord au sud,
13:52à l'est à l'ouest,
13:53vous parlez au boulanger,
13:54vous parlez au patron de PME,
13:55tout le monde vous raconte
13:56la même histoire.
13:57Il ne l'a pas lu dans le journal,
13:58il l'a vécu avec ses équipes.
14:02Et, tout d'un coup,
14:03depuis 2-3 ans,
14:04alors maintenant,
14:05c'est un sujet
14:05dont on peut débattre.
14:06C'est déjà un grand pas
14:08pour l'humanité.
14:09Et là,
14:10on vous parle
14:10des arrêts maladie
14:11de complaisance,
14:13ça fait 30 ans
14:14que ça dure.
14:15Oui,
14:16les virus sont devenus
14:17plus intelligents,
14:18maintenant,
14:18ils frappent le vendredi
14:19et le lundi,
14:19il y a dû y avoir
14:19une mutation génétique.
14:20Mais tout le monde
14:21vous en parle.
14:22Vous êtes en train de nous dire
14:23qu'on devient plus lucide
14:24sur l'état réel ?
14:25Non,
14:25c'est qu'on devient
14:26plus politiquement incorrect.
14:28C'est-à-dire qu'on vous a tissé
14:29une trame de sujets
14:30acceptables
14:31dont on pouvait débattre,
14:32et comme,
14:32si vous voulez,
14:33il y a des effets de bord
14:34qui sont quand même
14:34assez violents,
14:35tout d'un coup,
14:35ça rentre dans le débat.
14:37Et quand on parlait
14:38justement de productivité,
14:40quand vous êtes une PME
14:41et souvent vous avez des postes
14:42qui sont des postes
14:43mononucléiques,
14:44c'est-à-dire qu'il y a
14:44une personne qui a eu le poste,
14:46quand elle est malade
14:47une semaine,
14:48c'est le bazar complet.
14:50Et là,
14:50on a une grosse perte
14:51de productivité
14:52qui ne rentre pas forcément
14:52dans les chiffres.
14:53Mais là,
14:54je pense qu'il y a
14:55un vrai sujet,
14:55Eric.
14:56Je veux dire que l'histoire,
14:57vous avez parfaitement raison,
14:58pour signer les ruptures
14:59conventionnelles,
15:00il faut être deux,
15:00évidemment.
15:01Mais vous avez beaucoup de gens
15:02qui baissent les bras,
15:03qui ne veulent pas s'enquiquiner.
15:04Parce que qu'est-ce qui se passe
15:05dans la vraie vie ?
15:06Vous avez le type qui dit
15:06« si vous ne signez pas,
15:08je vais tomber malade.
15:09Et puis je vais tomber malade
15:10un mois,
15:11et puis deux mois,
15:12et puis trois mois. »
15:12Et donc,
15:13ça s'appelle du chantage.
15:15Donc,
15:16pourquoi la rupture conventionnelle
15:17est arrivée ?
15:19C'est une très bonne chose,
15:20parce qu'avant,
15:20elle se faisait sous le manteau.
15:22Alors,
15:23c'était une opération
15:23extrêmement compliquée.
15:25On se mettait d'accord
15:26avec les avocats,
15:28les documents étaient antidatés.
15:29C'est pour ça
15:30que la rupture conventionnelle
15:31est arrivée.
15:32Mais là,
15:32aujourd'hui,
15:32c'est devenu un fait
15:33accepté que,
15:34et effectivement,
15:35je trouve ça assez
15:36dramatique,
15:37c'est des gens
15:37qui ont un certain niveau,
15:40qui devraient avoir
15:40une certaine conscience
15:41professionnelle,
15:43un certain patriotisme,
15:44parce que c'est de l'argent,
15:44c'est notre argent à tous,
15:46qui considèrent
15:46que c'est normal,
15:47aux frais de la princesse,
15:48de faire le tour du monde,
15:50payer tout frais
15:50pendant six mois.
15:52Donc là,
15:52il y a un vrai sujet.
15:54Et d'ailleurs,
15:54quand vous regardez
15:54les gens
15:55qui considèrent
15:58que c'est normal,
15:59au niveau des classes sociales,
16:02c'est pas l'ouvrier de base
16:02qui peut se permettre
16:03de faire ça.
16:04Parce que lui,
16:04il ne peut pas faire
16:05le tour du monde,
16:05il a une famille,
16:06il faut qu'il bosse.
16:06Non mais c'est pas un effet
16:07macroéconomique,
16:08qu'il y ait des effets...
16:10Non mais j'entends bien.
16:11On trouvera toujours...
16:12Est-ce que ça a un effet
16:13macroéconomique ?
16:14Je termine mon propos.
16:15On ne peut pas dire
16:16que c'est un effet négligeable.
16:19C'est pas grave.
16:20Il y a un type
16:20qui va rouler à 200
16:21sur l'autoroute.
16:22Non,
16:23je pense que ça crée
16:24énormément
16:25de perturbations
16:26dans les entreprises.
16:27Ça crée,
16:28en plus,
16:28des sentiments d'inéquité
16:30qui sont extrêmement préjudiciables.
16:31Parce que vous avez
16:32des gens qui bossent,
16:32qui disent,
16:32merci, lui, il le fait.
16:33Pourquoi pas moi ?
16:34Donc non,
16:35il ne faut pas penser
16:35un instant
16:36que c'est un élément marginal.
16:39Un sujet de contrôle.
16:40Il faut qu'on avance.
16:41Il faut contrôler.
16:42Il faut contrôler.
16:43Il faut qu'on avance.
16:44la balance commerciale européenne
16:47se dégrade à vive allure.
16:50Elle a chuté de 30%.
16:51C'est les derniers chiffres
16:52d'Eurostat publiés hier.
16:55On avait un excédent
16:56de 37,1 milliards d'euros
16:58au deuxième trimestre 2024.
17:01Donald Trump est arrivé.
17:03Cette balance,
17:03cet excédent commercial
17:04est tombé à 26,1 milliards
17:07au deuxième trimestre.
17:08C'est les États-Unis,
17:09vraiment,
17:09qui ont eu cette chute ?
17:11C'est toujours multifactoriel.
17:132024, ça a été une année
17:14un peu exceptionnelle.
17:16Dans les balances courantes,
17:19il y a aussi les services,
17:20les Jeux olympiques,
17:21ça a été bon.
17:23Pour la première fois
17:24depuis à peu près 10 ans,
17:26la balance commerciale
17:27était excédentaire en France.
17:29D'ailleurs,
17:30c'est juste une petite parenthèse.
17:33Or énergie.
17:34Non, non, avec énergie.
17:36Dans la balance courante,
17:38la balance courante,
17:39des biens,
17:40des services,
17:42etc.
17:42et avec énergie,
17:43était excédentaire,
17:45légèrement excédentaire.
17:46D'accord ?
17:46Juste petite parenthèse,
17:47vous voyez,
17:48quand vous avez une balance commerciale
17:50qui est à l'équilibre,
17:51le FMI n'intervient jamais.
17:52Le FMI intervient toujours
17:53quand il y a 10, 12 points
17:55de balance courante.
17:56Le ministre de l'Économie
17:57et des Finances,
17:57Eric Lombard,
17:57est revenu sur ses propos hier
17:59en disant que le FMI...
18:00C'est quand même assez fou
18:01de dire qu'il faut que ça soit
18:02à Bourin-Chasse.
18:04Le chef économiste du FMI
18:05doit dire,
18:05mais non,
18:06on a pas de problème
18:08de financement.
18:09C'est la BCE
18:09qui pourrait peut-être venir,
18:12mais arrêtons de parler de FMI.
18:15Donc, du coup,
18:16c'était un peu exceptionnel.
18:17Il ne fallait pas penser
18:18qu'on avait réglé
18:18tous nos problèmes.
18:19D'accord ?
18:20Et en 2024,
18:21ça y est,
18:21on avait une balance commerciale
18:22qui était excédentaire.
18:23Non,
18:24elle était un peu boostée
18:25par des effets JO,
18:26des effets un peu exceptionnels.
18:28Là,
18:28il y a le contre-coup.
18:29D'accord ?
18:30Donc, d'un coup,
18:31ces effets exceptionnels
18:33de 2024 disparaissent.
18:35C'est ça qui explique
18:35au niveau européen ?
18:36Non, mais en partie.
18:37En partie,
18:38pour la France.
18:39Et alors après,
18:39il y a des effets macro-européens
18:41qui sont,
18:42l'euro prend 12-13 %,
18:45d'accord ?
18:45Ah bah oui,
18:45quand votre monnaie s'apprécie,
18:48vous êtes moins,
18:49votre balance commerciale...
18:50Ok.
18:51Et ensuite,
18:52les droits de douane.
18:53Donc, vous voyez,
18:53c'est un peu multifactorial.
18:54Il y a des effets transitoires,
18:56ok ?
18:57Et il y a des effets
18:58qui sont liés
18:59à ce que fait Trump
19:00et à ce que fait la monnaie.
19:02Est-ce qu'on n'a pas,
19:02Béatrice Mathieu,
19:03aussi,
19:03le contre-coup
19:04du boom
19:06des exportations
19:07au premier trimestre ?
19:08Il y a aussi ça.
19:08Les importateurs américains
19:09ont beaucoup commandé
19:11en Europe
19:11avant le final
19:12Libération Day
19:13du 2 avril,
19:14avant la hausse des tarétoniens.
19:15Mais il n'y a pas que Trump
19:16dans l'histoire.
19:16Il n'y a pas que Trump
19:17et l'effet des droits de douane.
19:19Certes,
19:19effectivement,
19:19il y a un effet euro
19:20qui a joué,
19:21mais quand on regarde
19:22la réduction
19:24de l'excédent,
19:25il y a
19:26une partie chinoise
19:28avec un creusement
19:29considérable
19:31du déficit
19:32avec la Chine
19:33qui,
19:34en un an,
19:34s'est creusé
19:35de près de 27%.
19:36Donc,
19:36il y a quand même aussi
19:37un déficit
19:39qui approche
19:40des 91...
19:41Ça,
19:42on peut dire
19:42que c'est un peu l'euro,
19:43Béatrice.
19:43C'est un peu un effet euro.
19:44C'est surtout aussi,
19:45à mon avis,
19:46un effet
19:46d'une certaine façon
19:48d'exportation
19:50par la Chine
19:51de sa croissance faible.
19:53C'est-à-dire...
19:53C'est d'une crise du luxe,
19:54la crise chinoise
19:55qui a fait que le luxe
19:56s'est effondré aussi.
19:56Mais qui est lié,
19:58en fait,
19:58qui est lié
19:59au changement de modèle
20:00de la croissance chinoise
20:01qui fait qu'ils ont
20:03une demande interne
20:04plus faible,
20:05une consommation
20:06qui va être aussi plus
20:07sur des produits chinois,
20:09donc ils importent moins.
20:10Et mécaniquement,
20:11pour continuer
20:12à faire tourner
20:13leurs usines
20:14et leurs surcapacités
20:15de production
20:15qui sont gigantesques,
20:17eh bien,
20:17ils exportent
20:18de plus en plus...
20:22En bradant,
20:22en partie.
20:23En bradant énormément.
20:25Et donc,
20:26ces mauvais chiffres
20:27de la croissance,
20:27c'est ça tout bluffé.
20:28Trump
20:29et beaucoup Chine.
20:31L'exportateur
20:32que vous êtes,
20:33le Ronski,
20:34à la tête d'Airvor,
20:35il voit quelle évolution
20:36depuis un an.
20:37Alors,
20:37je rappelle,
20:38nous,
20:38on exporte dans 38 pays,
20:39principalement en dehors
20:40de la zone euro.
20:42L'économie mondiale
20:43n'est pas dans une forme
20:45olympique.
20:45Nous,
20:46on le voit très bien.
20:48Et puis,
20:48on a commencé l'émission
20:50en parlant d'incertitude.
20:51Nous,
20:52on vendait bien d'équipements.
20:53Quand vous faites le choix
20:53d'acheter un de nos magnifiques
20:55compresseurs
20:55que le monde entier nous envie,
20:56vous en prenez pour 20 ans.
20:57Oui.
20:58Bon.
20:58Donc,
20:58quand vous entendez
20:59que vous risquez
21:00d'avoir sans doute
21:01des coûts qui vont augmenter,
21:04peut-être des difficultés,
21:05peut-être qu'on va vous imposer
21:06d'avoir un matériel
21:07qui est comme ci,
21:07qui est comme ça,
21:08vous hésitez.
21:09Donc,
21:10nous,
21:10on voit très bien
21:10que depuis maintenant,
21:12globalement,
21:12depuis M. Trump,
21:13mais ce n'est pas que M. Trump.
21:15Je veux dire,
21:15la Chine a aussi
21:15une politique
21:16extrêmement offensive.
21:18Là,
21:18on parlait de l'exportation
21:19et du déversement
21:20des denrées
21:21à faible prix,
21:22mais également
21:23de protection
21:24de ses propres marchés.
21:24Donc,
21:25on voit bien
21:25que depuis 2-3 ans,
21:26l'économie mondiale
21:27est assez fébrile
21:28et que ça devient
21:29de plus en plus compliqué
21:30d'exporter.
21:32Ce n'est pas forcément
21:32parce qu'il n'y a pas
21:33la demande,
21:34c'est parce qu'on a
21:35un espèce de labyrinthe
21:36juridico-fiscalo,
21:38etc.
21:39Donc,
21:39oui,
21:39c'est difficile.
21:40Bon.
21:41La France,
21:41malheureusement,
21:42n'a jamais été
21:43le champion du monde
21:44européen de l'exportation,
21:45mais quand je prends
21:46l'Allemagne,
21:46qui est aussi un gros
21:47fournisseur d'ervoir,
21:49parce qu'on a beaucoup
21:49de composants
21:49qu'on ne trouve plus,
21:51si vous voulez,
21:52la Chine,
21:52c'est un marché
21:53qui s'est réduit
21:54comme une peau de chagrin.
21:56Les usines chinoises
21:57ont été principalement
21:58équipées avec des machines
21:59outils allemandes.
22:00Sauf que maintenant,
22:01les Chinois ont copié
22:02les machines allemandes.
22:03Mais ça,
22:03c'est une autre histoire.
22:05Et puis,
22:05ils ont aussi eu
22:06d'énergie pas chère.
22:07Et puis,
22:07ils vendaient aussi
22:08beaucoup aux Etats-Unis,
22:09donc beaucoup de biens
22:10de consommation,
22:10comme les voitures.
22:11Donc,
22:11eux aussi,
22:12qui étaient une des locomotives
22:14exportatrices européennes,
22:15ils ont eu des marchés
22:15qui se sont rétrécis.
22:17Oui.
22:17C'est un signe
22:20de croissance mondiale
22:21entre les deux géants.
22:22Si on veut être
22:23un peu positif,
22:23quand même,
22:24la zone euro
22:25est la zone
22:26la plus excédentaire.
22:27D'accord ?
22:28Donc,
22:28c'est moins excédentaire,
22:29mais c'est quand même
22:30la plus excédentaire.
22:31Donc,
22:31de ce point de vue-là,
22:32on peut se dire,
22:33mais peut-être que c'est ça
22:34le déséquilibre.
22:35C'est un jeu à somme nulle.
22:36Si la zone euro
22:37est largement excédentaire,
22:38c'est qu'il y a un pays,
22:39d'accord,
22:39qui a en déficit
22:41l'excédent.
22:42En l'occurrence,
22:42les Etats-Unis.
22:42Eh bien,
22:42et ils nous disent,
22:44on ne veut plus.
22:44Alors,
22:44même si ce n'est pas
22:45vraiment avec la zone euro
22:46que ce déséquilibre...
22:48Mais bon,
22:49ils ne regardent que les biens,
22:50ils ne regardent pas
22:50les biens et services
22:51parce qu'ils sont excédentaires
22:53sur les services.
22:53Nous,
22:54on est excédentaires
22:55sur les biens.
22:56Donc,
22:56ok.
22:57Mais,
22:57entre nous,
22:58se dire que notre croissance économique,
23:00et ça,
23:00je pense que c'est important,
23:01est basé sur
23:03un excédent
23:04de la balance courante,
23:06d'accord,
23:07eh bien,
23:07c'est quelque chose
23:08de très compliqué à faire.
23:09C'est-à-dire qu'il va falloir
23:10que quelqu'un accepte
23:11d'être notre déficit.
23:12Jusqu'à présent,
23:13c'était le Royaume-Uni,
23:14les Etats-Unis,
23:15qui voulaient bien être
23:16le déficit,
23:17d'accord,
23:18du Japon,
23:19de l'Europe
23:20et de la Chine.
23:21Bon,
23:21cette période est terminée ?
23:23Cette période est complètement terminée,
23:24mais pas avec Trump.
23:26Biden,
23:26avec l'IRA,
23:27il a commencé à dire
23:28l'OMC s'est terminé.
23:30Ça avait même commencé
23:30sous Obama.
23:31Et ça avait même commencé
23:32sous Obama,
23:33d'accord ?
23:33Donc,
23:33quand même,
23:34cette prise de conscience
23:34de,
23:35on est toujours les déficits,
23:37etc.,
23:37et donc,
23:38on perd en industrie,
23:39et ça,
23:40c'est au bout d'un moment,
23:41la Rust Belt,
23:41etc.,
23:42enfin,
23:42vous connaissez l'histoire,
23:43c'est terminé,
23:44il va falloir rééquilibrer tout cela.
23:46Si ce n'est pas le taux de change,
23:47eh bien,
23:47on va faire soit des subventions
23:48avec l'IRA,
23:49soit des tarifs douaniers
23:50à la Trump.
23:51Ce n'est pas quelque chose de nouveau.
23:52Ce qui est nouveau,
23:53d'accord,
23:53c'est que l'ordre économique mondial
23:54est en train de changer.
23:55Ce n'est plus du multilatéralisme,
23:57c'est du tripartisme,
23:59etc.
23:59Il y a le bloc américain,
24:01le bloc chinois,
24:02c'est les BRICS++,
24:04d'accord ?
24:04Et,
24:04donc,
24:05le sud global,
24:06et il faudrait qu'il y ait l'Europe.
24:08Parce que,
24:08hélas,
24:09c'est là le problème,
24:09c'est que le bloc européen
24:10n'arrive pas.
24:10C'est la question que j'allais vous poser,
24:11effectivement,
24:12les échanges intra-européens
24:13ne représentent que la moitié
24:14des échanges à l'intérieur
24:15des États-Unis,
24:16entre les États des États-Unis,
24:18d'Amérique,
24:18par exemple.
24:19Mais vous vouliez réagir ?
24:20Oui,
24:20parce que,
24:21effectivement,
24:22l'analyse est intéressante,
24:24elle est très macroéconomique.
24:25On vous parle des prix,
24:26on vous parle de la monnaie,
24:27qui sont des éléments importants,
24:28mais il y a un élément,
24:34de produits pour lesquels
24:36les Américains ne vendent pas,
24:38ce n'est pas parce qu'ils ont
24:38un dollar qui est cher,
24:40c'est parce que leurs produits
24:41ne sont juste pas bons.
24:43Et nous,
24:43c'est la même histoire.
24:44Il y a des produits qu'on vend
24:45parce qu'ils sont bons.
24:46Donc là,
24:46vous pouvez décréter
24:47toutes les barrières douanières
24:50du monde,
24:51tous les trucs et les machins,
24:52dire,
24:52si vous n'avez pas le produit,
24:53vous n'avez pas le produit.
24:55Et M. Trump,
24:56va rapidement,
24:57et c'est déjà le cas,
24:58être confronté
24:58à une dure réalité
24:59sur énormément de produits.
25:02Je ne dis pas ça
25:03pour me gausser,
25:04pourquoi est-ce qu'on vend
25:05aux Etats-Unis ?
25:06C'est parce que nous,
25:06on a un savoir-faire
25:07très particulier.
25:09Donc,
25:10nos clients vont devoir
25:11faire un choix
25:11d'allocations financières,
25:13certes,
25:14mais si vous n'avez pas
25:14le produit,
25:15vous faites comment ?
25:16Oui, oui.
25:17Non, mais c'est ce que dit Laurent,
25:19c'est la micro,
25:20mais on le prend
25:21dans la macro aussi.
25:22C'est-à-dire que,
25:23globalement,
25:23oui,
25:23il y aura des déséquilibres
25:25parce qu'il n'y a pas
25:26de marché,
25:27il n'y a pas de produit
25:27et donc,
25:28OK.
25:29Normalement,
25:30la macroéconomie dit
25:31quand tu fais beaucoup
25:32d'exportation,
25:33d'accord,
25:33tu as enrichi,
25:34ton citoyen
25:35ou ton salarié
25:36doit en bénéficier.
25:37Donc,
25:37de deux manières,
25:38soit ton salarié,
25:39tu augmentes tes salaires,
25:40d'accord,
25:40parce qu'ils ont été bons,
25:41tu augmentes tes salaires
25:42et donc,
25:43en augmentant les salaires,
25:44ils augmentent leur consommation
25:45et donc,
25:45ils vont acheter à un moment
25:46d'autres produits
25:47et ça va rééquilibrer.
25:50D'accord ?
25:51Soit,
25:51tu dis non,
25:52je n'augmente pas les salaires,
25:52je veux garder ma compétitivité
25:53et là,
25:54c'est la macro
25:55et donc,
25:55c'est la monnaie
25:56qui s'apprécie
25:56et donc,
25:57c'est tous les citoyens
25:57de votre pays
25:58qui bénéficient du fait
25:59que vous êtes productif
26:00avec un pouvoir d'achat
26:01mais pareil,
26:02quand la monnaie s'apprécie,
26:05au bout d'un moment,
26:05vous perdez votre excédent
26:06parce que,
26:07ok,
26:08vous êtes un peu moins compétitif,
26:09etc.
26:10Ou alors,
26:10vous avez gagné en pouvoir d'achat
26:11et donc,
26:11vous achetez des produits étrangers
26:12donc normalement,
26:13ça doit se rééquilibrer
26:14donc garder
26:15et se dire
26:16comme le dit l'Europe
26:16et on va dire l'Allemagne
26:17et les Pays-Bas
26:18qu'on va garder 6,
26:208 points d'excédent
26:21d'accord
26:22pendant des décennies
26:23ce n'est pas possible
26:25ce n'est pas possible
26:25c'est qu'à un moment
26:26on peut temporairement
26:28dire bah oui,
26:28il faut là
26:29des excédents
26:30la France,
26:30on a été longtemps en déficit
26:31on peut être un peu en excédent
26:32mais se dire
26:33allez,
26:34c'est maintenant comme ça
26:34c'est 6 points
26:35surtout quand je suis l'Allemagne
26:368 points de PIB allemand
26:37c'est gros
26:38et se dire
26:39ça va être ça
26:39pour financer mes retraites
26:40c'est un des principaux défis
26:42de MERS aujourd'hui
26:43à la tête de l'Allemagne
26:44effectivement
26:44et probablement
26:46de toute l'Union Européenne
26:47qui va devoir lever ses barrières
26:48pour avoir un marché
26:49un peu plus dynamique
26:50allez,
26:50il nous reste un sujet à traiter
26:52il nous reste seulement 3 minutes
26:53donc un mot chacun
26:54après Intel
26:55Donald Trump
26:56veut prendre des parts
26:57dans Lockheed Martin
26:58alors la nouvelle logique
26:59du président américain
27:00c'est
27:01j'ai donné des subventions
27:02massivement
27:04aux entreprises
27:05je vais transformer
27:06ces subventions
27:08en parts de capital
27:09vendredi
27:10Washington
27:11la Maison Blanche
27:12enfin
27:12l'administration américaine
27:14a pris 10%
27:16du capital
27:17d'Intel
27:17dans les micropuces
27:18mais une deal qui ne va pas bien
27:19mais il achète à la casse
27:22en plus
27:22il est malin
27:23Intel qui ne va pas bien
27:24et là maintenant
27:24c'est vers l'armement
27:25c'est le secrétaire d'Etat
27:26au commerce
27:27Howard Lutny
27:28qui a fait cette annonce
27:29dans la nuit
27:29regarde vers Lockheed Martin
27:32et puis probablement d'autres
27:33le chèque ne sera pas forcément
27:33le même
27:33parce que ces entreprises
27:34vont mieux qu'Intel
27:36mais effectivement
27:36ça veut dire quoi ?
27:37non mais moi je suis très
27:38il est pragmatique
27:39ou c'est une forme
27:41de soviétisation
27:42des Etats-Unis ?
27:42quel est le logiciel économique
27:44en fait de Trump
27:44moi je suis assez fascinée
27:46par ça
27:46c'est quoi le logiciel économique ?
27:48c'est pas du libéralisme
27:50enfin ce qu'il fait
27:51c'est pas du libéralisme
27:52la guerre commerciale
27:53qu'il a fait
27:53c'est pas du libéralisme
27:54c'est pas du keynésianisme
27:56du néo-keynésienisme
27:58c'est pas ça
27:58c'est pas du Reagan
28:00en fait
28:01c'est un pragmatisme
28:02un dealmaker
28:02c'est effectivement
28:06un objet
28:07un nouveau
28:08économique
28:09inventé
28:10et là
28:11effectivement
28:11sur l'intervention
28:12de l'Etat
28:13il l'a fait
28:13quand on voit
28:14la golden share
28:15qu'il a mis dans
28:15US Steel
28:16effectivement Intel
28:18quelques jours auparavant
28:19il a aussi pris
28:20des parts
28:21dans une entreprise
28:22de terre rare
28:23en fait
28:24donc on voit
28:24qu'il est en train
28:25de screener
28:25tout ce qu'il juge
28:26stratégique
28:27et de prendre
28:28des parts
28:29je pense que ça sera
28:30un peu plus compliqué
28:31dans les entreprises
28:32d'armement
28:33qui sont très liés
28:34qui sont de toute façon
28:36très liés
28:36où il y a une imbrication
28:38très forte
28:38il y a peut-être
28:39une entreprise
28:40où il y aurait un sens
28:41en fait
28:41à ce que l'Etat
28:42américain y aille
28:43c'est Boeing
28:44qui là aussi
28:45comme Intel
28:45Boeing va
28:46très mal
28:47Laurent Bronski
28:47d'un mot
28:48il nous reste une minute
28:48oui alors
28:49ce qui est intéressant
28:50si vous voulez
28:51c'est que
28:51c'est le cas d'ailleurs
28:52pour beaucoup de mesures
28:54appelons ça du trumpisme
28:55c'est que lui
28:56il le fait
28:56c'est pas dans la finesse
28:57c'est le moins qu'on puisse dire
28:58alors c'est
28:59c'est assez visible
29:00mais le financement
29:02de l'économie américaine
29:03par le gouvernement américain
29:05n'est absolument pas
29:06un phénomène nouveau
29:06je veux dire
29:07que la Silicon Valley
29:08n'est pas uniquement
29:09avec des projets entrepreneuriaux
29:11il y a eu énormément
29:12d'argent public
29:12c'est juste que lui
29:13il vous le dit clairement
29:14SpaceX
29:15c'est un projet public
29:17financé par un entrepreneur
29:18géré par un entrepreneur
29:19merci
29:20merci beaucoup
29:21à mes trois experts du jour
29:22merci beaucoup
29:2310h
29:2411h
29:24notez bien ce nouvel horaire
29:2610h
29:2611h
29:26en direct
29:27sur l'antenne de BFM Business
29:28et depuis la REF
29:29demain
29:29pour une émission spéciale
29:31d'une heure et demie
29:31à demain
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