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  • il y a 3 mois
Deux heures pour vivre l’info. Loïc Besson donne les clés aux téléspectateurs pour mieux comprendre les grands enjeux de la journée.

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00:00Wait and see, Yves Gégaud, bonjour, ancien ministre, directeur de la publication de la lettre du Made in France.
00:07Pour rebondir, merci d'être avec nous, pour rebondir sur ce que disait à l'instant cette propriétaire d'un vignoble,
00:15la France s'est très mal défendue, la France aurait dû directement aller dans le bureau ovale pour négocier avec Donald Trump ?
00:23Je crois que c'est l'Europe qui s'est très mal défendue, qui fait de ces 15% une espèce de triomphe.
00:30J'entendais le commissaire européen au commerce en disant « Ah, mais ça aurait pu être pire, les autres ont eu plus que nous ».
00:37En fait, c'est une catastrophe. Vous parlez aujourd'hui des vignerons, mais il y a 28 000 entreprises aujourd'hui en France de toute nature
00:44qui exportent vers les États-Unis et qui vont voir leurs prix augmenter, voir leurs distributeurs supprimer des commandes
00:51parce que le distributeur du Château Roubine, il n'a pas passé sa commande, vient de nous dire la propriétaire.
00:58Ça veut dire que c'est de l'argent perdu, que c'est des marchés perdus et l'Europe ne s'est pas défendue,
01:03l'Europe ne fait pas peur commercialement, l'Europe n'est pas capable de mettre en place des mesures de rétorsion.
01:09Et dans cette affaire, c'est l'économie, ce sont nos entreprises qui vont payer les pots cassés.
01:14Et ça peut être tout à fait dramatique dans le secteur du vin qui espérait beaucoup avoir une exonération,
01:23mais dans tous les autres secteurs qui, aujourd'hui, sont pris par ce piège des 15 % imposés par Donald Trump.
01:30Oui, parce qu'on a donné aux Américains ce qu'ils souhaitaient. On a obtenu quoi, nous, en échange, en contrepartie ?
01:36Le commissaire au commerce le dit, alors ça aurait pu être pire, ça aurait pu être 30 %,
01:43il y a certains secteurs, je pense, de technologies qui ont été exonérés.
01:47On peut toujours trouver un côté positif, mais enfin, quand vous prenez une grande claque
01:52de vous imposer des taxes qui n'existaient pas et que vous n'avez pas été capable,
01:59dans la négociation, de mettre sur la table des mesures de rétorsion,
02:03c'est vrai que ça aurait pu être pire, mais c'est vrai que ça aurait pu être mieux.
02:07Et que l'Europe, l'Union européenne en tout cas, qui est le premier marché du monde
02:11en nombre de consommateurs, en pouvoir d'achat, en produits intérieurs bruts,
02:16a son mot à dire, et de s'être laissé ainsi malmené comme des petits garçons par le président américain,
02:24montre que l'Europe n'est pas souveraine sur son avenir économique
02:28et qu'au fond, on ne protège pas nos entreprises comme on devrait les protéger.
02:33C'est un grand marché ouvert à tous les vents.
02:36On peut prendre toutes les taxes et il n'y a pas de réaction,
02:38ni pour protéger les entreprises, ni pour avoir une stratégie de réindustrialisation.
02:43On va bientôt être au mois de septembre.
02:44Ça fait un an que Mario Draghi a déposé sur le bureau de la Commission européenne
02:49un rapport pour réindustrialiser, réarmer l'Europe de la production.
02:54Et ce rapport, il va prendre la poussière, mais pour l'instant, il n'est pas mis en œuvre.
02:57Tout ça est très inquiétant dans un monde où la concurrence commerciale,
03:01où les guerres commerciales sont évidemment à l'ordre du jour, aujourd'hui comme demain.
03:06Oui, parce qu'il n'y a pas de nouvelles négociations qui sont prévues.
03:10Il n'y a pas de raison que les États-Unis décident à un moment de faire machine arrière là-dessus.
03:16Alors avec le président des États-Unis et son imprévisibilité, tout est possible,
03:20dans à la fois le bon sens, mais aussi dans le mauvais sens.
03:23En tout cas, le ministre du Commerce extérieur dit qu'on va essayer d'obtenir pour le vin,
03:29les spiritueux, une exonération.
03:33Force est de constater qu'elle n'est pas obtenue.
03:36Et qu'aujourd'hui, ce sont nos viticulteurs en première ligne,
03:40mais aussi tous nos entrepreneurs qui ont le sentiment d'être laissés tout seuls en race campagne
03:45et de ne pas avoir ni de mesures de protection, ni de mesures de compensation
03:49pour essayer d'éviter ce qui peut arriver.
03:53C'est-à-dire des faillites massives.
03:55Parce que vous savez, quand une entreprise dépend sur les 28 000 entreprises,
03:58il y en a 12 000 dont la moitié du chiffre d'affaires dépend de leurs exportations aux États-Unis.
04:04Eh bien, si vous perdez ce marché-là ou s'il est plus difficile d'accès,
04:10ça peut être des faillites en cascade qui arrivent et des secteurs économiques qui s'affaissent.
04:14– La question, c'est toujours de savoir est-ce que les Américains,
04:18les consommateurs américains vont accepter de payer plus cher pour les produits qui seraient importés de France,
04:25en l'occurrence, ou est-ce qu'ils feront l'impasse sur nos produits ?
04:30– Moi, je crains que ce soit l'impasse.
04:32C'est d'ailleurs toute la stratégie de Trump, c'est de dire buvez américain, buvez du vin américain.
04:37Et vous voyez, la responsable de Château-Rubin que vous venez d'interviewer,
04:42elle dit qu'on attendait une grosse commande de notre importateur, on ne l'a pas.
04:46Moi, je pense que ce sont des marchés perdus.
04:48Ce ne sont pas des marchés sur lesquels on va payer plus de taxes,
04:50ce sont des marchés qui risquent de disparaître au profit des produits américains.
04:57C'est toute la stratégie du président Trump.
05:00Et c'est donc des entreprises françaises qui, si vous êtes viticulteur
05:04et que vous avez 100 000 ou 150 000 bouteilles qui doivent partir aux États-Unis
05:08et que votre distributeur vous dit « je ne les prends pas parce qu'il y a une augmentation des taxes »,
05:12vous en faites quoi de ces bouteilles ?
05:14C'est d'abord un manque à gagner, c'est des stocks à rediriger.
05:17Et ce n'est pas si évident que ça, pour les grandes maisons, c'est peut-être possible,
05:22mais pour les petits et les moyens producteurs, ça va être très compliqué.
05:26Et ce qui est vrai pour le vin, moi, je tiens vraiment à insister,
05:29ce qu'on parle du vin, c'est vrai aussi pour 28 000 entreprises dans tous les domaines en France.
05:34Et donc, c'est un très mauvais coup, c'est une très mauvaise négociation
05:39et l'Europe, elle est à genoux, voire à plavente, face à ce coup de poing du président américain.
05:45Une difficulté supplémentaire qui s'ajoute sur cette longue liste de la rentrée
05:49pour nos responsables politiques.
05:51On va d'ailleurs en parler dans un instant.
05:52Merci beaucoup, Yves Gégaud, d'avoir pris le temps de répondre à nos questions en direct sur BFM TV.
05:56– Sous-titrage par Jérémy Camus.
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