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  • il y a 4 mois
Deux heures pour vivre l’info. Loïc Besson donne les clés aux téléspectateurs pour mieux comprendre les grands enjeux de la journée.

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00:00On en vient à un épilogue, l'épilogue d'un feuilleton qui aura suscité toutes les inquiétudes.
00:05Les Européens sont désormais fixés sur leur sort.
00:07Ça sera 15% de droits de douane pour exporter aux États-Unis.
00:11Donald Trump et la présidente de la Commission européenne ont topé en Écosse.
00:16Écoutez la réaction du président américain qui se réjouit de ce deal.
00:21J'ai parlé d'une chance sur deux, de 50% de chance de trouver un accord.
00:25Mais vous savez, les travaux ont commencé, les négociations ont commencé il y a plusieurs mois.
00:29Nous savions donc dans l'ensemble à quoi nous attendre.
00:34Et nous avons à présent un accord qui est satisfaisant pour les deux parties.
00:38C'est quelque chose de formidable.
00:40C'est un accord très puissant, très grand.
00:42C'est le plus grand de tous les accords.
00:44Ce sera le plus grand de tous les accords.
00:46C'est un honneur d'avoir réussi à conclure cet accord.
00:50Vos équipes ont été formidables.
00:52Nos équipes ont très bien travaillé ensemble.
00:55Bonjour Patricia Lémonière.
00:56Merci d'être avec nous, grand reporter spécialiste des questions internationales.
01:00Alors franchement, quand on voit qu'on entend Donald Trump et qu'on voit les réactions européennes, françaises notamment,
01:07on se dit qu'il y a des grands gagnants et il y a des perdants dans cette histoire.
01:10Ah bah oui, effectivement.
01:11Quand on voit en tout cas les réactions françaises, on est complètement dans cette lignée.
01:15L'accord est injuste.
01:16Mais c'était incroyable cette réunion.
01:18Il faut dire que la présidente de la Commission européenne, le plus gros marché commercial au monde, même pour les Etats-Unis,
01:25se déplace dans un lieu privé qui est celui possédé par le président des Etats-Unis.
01:31Et là, va finaliser un accord dans son golfe.
01:34Et dans les conversations qu'ils ont eues, ils lui vantaient la Maison-Blanche, comme il avait aménagé la Maison-Blanche.
01:40Il y avait un côté absolument surréaliste.
01:42Et on voit en fait cette poignée de main qui est illustrée dans votre dos, effectivement,
01:48où la présidente de la Commission européenne signe ce deal.
01:52Alors, est-ce que cette poignée de main signifie, symbolise une vassalité de l'Europe,
01:58avec un Donald Trump qui exulte ?
01:59Ou est-ce que, finalement, nous sommes dans un processus qui n'est pas aussi stabilisé
02:04que veut nous le dire la présidente de la Commission européenne ?
02:07Parce que Donald Trump reste quelqu'un, comme tout le monde le sait, d'imprévisible.
02:10Donc là, c'est un accord.
02:12C'est un accord à minima.
02:13Et c'est un accord, simplement, qui met un peu de stabilité temporaire, j'ai envie de dire,
02:18dans un environnement qui était quand même très chaotique.
02:21Les discussions n'aboutissaient pas et traînaient en longueur.
02:24Stabilité temporaire, c'est justement le regret de Paris, ce matin, au lendemain de la signature de cet accord.
02:29Bonjour, Yves Gégaud.
02:30Merci d'être en direct avec nous sur BFM TV, ancien ministre,
02:33directeur de la publication de la lettre du Made in France.
02:37C'est un accord déséquilibré, reconnaît la France.
02:42Alors, pourquoi le signer ?
02:44C'est ce qu'on se demande, d'ailleurs, pourquoi Mme von der Leyen a signé.
02:50C'est le signe, d'ailleurs, que l'unité européenne et que la capacité de négociation d'une seule voie de l'Union européenne
02:58semblent mises à mal.
03:00C'est un accord très négatif pour les entreprises européennes et pour les entreprises françaises.
03:05Je rappelle qu'il y a 28 000 entreprises françaises qui exportent aux États-Unis,
03:10dont 12 000 qui font plus de 40 % de leur chiffre d'affaires avec les États-Unis.
03:14Ce sont ces 12 000 entreprises qui sont directement menacées par cette hausse, sans aucune raison, des droits de douane,
03:2215 %, hier on nous a dit 20, peut-être que demain, Donald Trump se réveillera de mauvaise humeur
03:28et dira « on va revenir à 25 ».
03:30Personne ne le sait sur ce sujet.
03:33Et le fait qu'on essaye de qualifier de bon accord,
03:37simplement parce qu'au fond, après avoir pris des coups de massue sur la tête,
03:41on ne prend plus que des coups de marteau et on se dit « ça fait moins mal »,
03:44me semble être une folie et signer l'absence d'une stratégie globale européenne,
03:51à la fois pour négocier, mais aussi pour reparer la suite,
03:55c'est-à-dire réindustrialiser l'Europe, parce que c'est bien ça le sujet qui est devant nous,
03:59au-delà de cet accord, c'est que nous sommes seuls au monde aujourd'hui,
04:01que nous ne pouvons compter que sur nos propres forces,
04:03et que réindustrialiser l'Europe, produire en Europe, c'est le levier gagnant de l'avenir,
04:14et que personne n'en parle.
04:15Il y a notamment le rapport de M. Draghi, qui est sur le bureau de Mme van der Leyen depuis un an,
04:19dont personne ne semble prendre en compte cette idée de « maintenant on fait quoi ».
04:24L'Union européenne, pour être tout à fait complète,
04:27s'engage à 750 milliards de dollars d'achats d'énergie,
04:31à 600 milliards d'investissements supplémentaires aux États-Unis.
04:35Patricia Lémonière, Donald Trump a gagné, c'est exactement ce qu'il voulait.
04:40Et comme le disait à l'instant Yves Gégo,
04:42on n'est même pas sûr que dans quelques semaines, quelques mois,
04:44finalement, il ne change pas d'avis et qu'il ne demande pas plus.
04:47Non, mais on sait que Donald Trump est un homme d'affaires,
04:50et on sait qu'il veut gagner de l'argent, gagner de l'argent pour son pays,
04:52l'a dit, « America first », etc.
04:54Alors effectivement, comme l'a dit Yves Gégo,
04:56ce qui est important, c'est de voir si l'Europe va être capable
04:58de repenser sa politique commerciale.
05:01Étant la première puissance commerciale au monde,
05:03elle peut très bien, en tout cas, vis-à-vis des États-Unis,
05:06elle peut très bien, en tout cas, réorienter,
05:09réorienter vers l'Amérique latine,
05:10réorienter plus massivement vers le Canada,
05:12enfin, trouver d'autres voies possibles d'échange.
05:15Mais pour l'instant, effectivement, qu'est-ce qui manque à l'Europe ?
05:18Un, c'est l'unité.
05:19On a très bien vu que les Allemands et les Italiens
05:21n'étaient pas sur la position française.
05:23Et puis aussi, il y a des unions entre les propres entreprises en Europe.
05:28Aujourd'hui, on voit qu'après cet accord,
05:30qui est-ce qui s'inquiète ?
05:31Eh bien, finalement, c'est les industries de la sidérurgie,
05:34parce qu'elles ne sont pas concernées,
05:36on ne sait pas où ça va aller.
05:36Et c'est les industries de la chimie,
05:38les grandes perdantes,
05:39parce qu'il n'y a pas seulement, quand même,
05:41les États-Unis qui rentrent en concurrence directe avec nous
05:43et qui nous imposent ces droits de douane,
05:45mais il y a aussi la Chine.
05:46La Chine qu'il ne faut pas oublier,
05:47parce que comment va-t-on gérer, maintenant,
05:50notre relation avec la Chine ?
05:51La Chine qui va d'ailleurs négocier aujourd'hui
05:53avec les États-Unis concernant ses droits de douane également,
05:57en espérant éviter une escalade commerciale.
05:59Bonjour François Calfon,
06:00merci d'être également avec nous,
06:02député européen PS, passe public,
06:05membre du bureau national du PS.
06:09Est-ce que la messe est dite ?
06:11Parce que l'accord doit maintenant être validé
06:13par tous les États membres.
06:15Oui, la messe est quand même plutôt dite,
06:18et finalement, pour caractériser ce que tous vos autres interlocuteurs ont dit,
06:22on s'attendait à une humiliation,
06:24on a une punition.
06:25C'est un peu ça le tarif, si j'ose dire,
06:28d'une Mme van der Leyen,
06:29et les images parlent,
06:30la télévision nous aide pour ça,
06:32qui a été humiliée,
06:33qui est venue sur le terrain de M. Trump,
06:35sur son propre golf.
06:36En réalité, qu'est-ce que cela a traduit ?
06:38Cela a traduit le désaccord des Européens
06:40avec une Allemagne qui avait des voitures taxées à 25 % avant l'accord
06:45et qui se retrouve avec une exemption partielle,
06:49avec, pardon de le dire,
06:50on ne le dit pas du point de vue de la France,
06:52l'absence de tarifs en ce qui concerne l'aéronautique,
06:56tout ça parce que Boeing et Airbus sont interdépendants,
06:58mais enfin pour la France,
06:59c'est quand même quelque chose de très important,
07:01mais finalement une Europe qui ne se défend pas,
07:04parce que le tarif moyen pour l'Union Européenne
07:08à 27 de 450 millions d'habitants,
07:10c'est 15 points,
07:11le tarif moyen pour la Grande-Bretagne,
07:14c'est 10 points,
07:15et cet écart de 5 points
07:17pour un tout petit pays qui est sorti de l'Union Européenne
07:19traduit bien finalement la perte d'influence européenne.
07:23Alors on parle beaucoup de...
07:24Oui, à l'instant,
07:26ce qu'on parle beaucoup de points,
07:275 points, 10 points,
07:28tout ça peut paraître quand même très abstrait
07:30pour chacun qui nous regarde et nous écoute,
07:34Yves Gégaud,
07:35les conséquences très concrètement,
07:36demain, après la signature de cet accord,
07:40c'est 15% de droits de douane
07:41pour exporter vers les États-Unis.
07:44Ça signifie quoi ?
07:45Ça a quoi comme conséquence très concrète ?
07:48C'est une conséquence très concrète,
07:50c'est que celui qui exporte,
07:51il va être soit obligé de renier ses marges,
07:53et il y a un moment,
07:55à force de renier vos marges,
07:56vous perdez de l'argent,
07:57donc vous faites faillite,
07:58soit de vendre plus cher ses produits,
08:00et pour le coup,
08:01est-ce que le consommateur américain suivra
08:04face à une concurrence qui se joue aussi
08:07sur le territoire des États-Unis,
08:09entre des produits chinois,
08:10entre des produits venant de tous les pays du monde ?
08:13Il y a donc des réalités économiques de terrain
08:17qui vont être très sensibles.
08:19Moi, encore une fois,
08:19je pense aujourd'hui à ces 28 000 entreprises,
08:22et en particulier aux 12 000 entreprises
08:24qui exportent beaucoup aux États-Unis,
08:25va falloir se mettre à leur chevet,
08:27parce que certaines vont sans doute
08:28y laisser leur peau,
08:30et vont subir des conséquences directes
08:33dans leur carnet de commandes,
08:34parce que si leurs produits sont trop chers,
08:36il n'y aura plus de commandes aux États-Unis,
08:38ou de leur incapacité à être rentable
08:41et compétitive en raison des tarifs.
08:45Sans doute que des secteurs comme le luxe
08:47peuvent absorber une partie de ces augmentations,
08:50mais beaucoup d'autres secteurs
08:52qui sont très concurrentiels
08:53n'y arriveront pas.
08:55Et puis c'est un principe,
08:56au fond, les États-Unis,
08:58l'Europe s'est battue depuis très longtemps
09:01sur l'idée de libre-échange,
09:03sur l'idée d'un monde ouvert,
09:05et le monde est en train de se refermer,
09:06et nous en sommes les premières victimes.
09:09Non seulement nous sommes taxés,
09:11mais en plus nous devons acheter
09:12de l'énergie américaine,
09:14et le président américain pense
09:15que nous allons aussi investir
09:17sur le territoire des États-Unis.
09:18Donc c'est un accord perdant, perdant, perdant.
09:22Patrice Alémonière,
09:23on entend certains parler
09:24de capitulation de l'Europe aujourd'hui.
09:27On entend certains parler aussi
09:30de vassalisation.
09:31Le terme est peut-être plus juste
09:32que capitulé,
09:34parce que tout n'est pas encore joué.
09:36Mais ce dont on aurait,
09:37on se trompe si l'on croit
09:39que Trump ne va durer que quelques années.
09:42Trump ne va pas durer.
09:43On est dans une logique
09:44de transformation sur un plan international.
09:47On est dans une logique
09:48de retour effectivement
09:49des droits de douane
09:50qui va s'installer sur le long terme.
09:52c'est America First.
09:53On l'a très bien compris.
09:54Et cela avait déjà été mis en place
09:56par Joe Biden.
09:57Ne l'oubliez pas,
09:58il y avait eu tout cet accord
09:59pour favoriser effectivement
10:00l'industrie émergente américaine
10:02au dépens des échanges
10:03avec les Européens.
10:05Donc on est dans un courant
10:06qui s'installe sur le long terme.
10:08Et ne pas repenser notre modèle,
10:11même économique et de développement,
10:12serait une erreur.
10:13Et de croire que tout va changer
10:14d'ici deux ans,
10:15les midtermes américaines
10:17serait vraiment là,
10:18excusez l'expression,
10:19mais se mettre un peu
10:20le doigt dans l'œil.
10:21Merci beaucoup Patricia Lémonière
10:22pour votre éclairage en direct
10:23sur le plateau de BFM TV.
10:24Merci également à vous Yves Gégaud
10:25d'avoir été notre invité en direct.
10:28Merci à vous Yves Gégaud.
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