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  • il y a 3 mois
Deux heures pour vivre l’info. Loïc Besson donne les clés aux téléspectateurs pour mieux comprendre les grands enjeux de la journée.

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Transcription
00:00Les syndicats prévoient une rentrée sociale électrique avec divers appels à la mobilisation.
00:05Le projet de supprimer deux jours fériés ne passe clairement pas.
00:08Il est mis sur la table par le Premier ministre.
00:10François Bayrou qui en est persuadé, c'est pour lui un effort largement acceptable.
00:14Il l'a redit hier.
00:16Produire plus, ça veut dire que le pays travaille plus, qu'il a plus d'activités.
00:21Et c'est à partir de cette idée que j'ai proposée, l'idée controversée,
00:25qui a fait beaucoup de commentaires, de restreindre le nombre des jours fériés.
00:30Je suis tout à fait ouvert sur de quels jours il s'agit.
00:34Si on travaille un jour de plus ou deux jours de plus,
00:38alors ça veut dire que le pays tout entier produit plus.
00:41Je sais bien que ça a suscité beaucoup de commentaires et beaucoup d'opposition.
00:46Mais en vérité, si c'est un effort de cet ordre qui permet de sortir des difficultés qu'on rencontre
00:53ou qui nous aide à sortir des difficultés qu'on rencontre,
00:56je trouve que c'est un effort acceptable.
01:00Alors on rappelle que les salariés, je cite, ne seront pas rémunérés davantage
01:04pour ces nouvelles heures de travail.
01:05En contrepartie, les employeurs du secteur privé s'acquitteront d'une contribution
01:08qui sera affectée au budget de l'État, censé rapporter autour de 4 milliards par an.
01:13Voilà ce qu'indique en tout cas ce document envoyé par Matignon aux partenaires sociaux.
01:17Les syndicats sont en colère.
01:18Les trois quarts des Français opposés, selon un sondage IFOP.
01:21Les oppositions ont remonté pour Marine Le Pen.
01:23Regardez, elle a réagi.
01:25C'est hors de question.
01:26Tout travail mérite salaire.
01:30Emmanuel Le Chiffre, bonjour.
01:31Bonjour.
01:32Éditorialiste BFM Business.
01:33Tandis qu'on voit la réaction de Marine Le Pen,
01:36on se pose la question comment ça peut se passer,
01:38comment ça peut passer une telle mesure ?
01:41Ça va être très compliqué, surtout à cause de cette mesure en elle-même
01:45et puis à cause de l'accumulation aussi des autres propositions
01:49parce que ce n'est pas la seule couleuvre qu'on demande aux syndicats d'avaler
01:54puisqu'il y a aussi celle qui concerne l'assurance chômage
01:57où là on demande un nouveau durcissement des conditions d'indemnisation du chômage.
02:02Donc ça commence à faire beaucoup,
02:04surtout qu'il n'y a pas que les postures politiques qui peuvent intervenir dans l'argumentaire.
02:11Il y a quand même une vraie difficulté parce que c'est bien beau ces calculs arithmétiques en apparence simple
02:18et on sait qu'à Bercy, tout le monde adore les tableurs Excel où on vous dit
02:20« bah voilà, hop, si on bosse 7 heures de plus, 2 jours, paf, ça fait à peu près 4 milliards. »
02:27La réalité c'est qu'à mettre en place, c'est compliqué.
02:29On l'a bien vu avec le lundi de Pentecôte finalement,
02:34puisque en 2008, il faut le rappeler,
02:37on a complètement assoupli les règles qui font qu'aujourd'hui,
02:40votre journée de solidarité du lundi de Pentecôte,
02:42vous pouvez la prendre n'importe quel jour de RTT.
02:44Il faut rappeler que la SNCF, ils ont même décidé de faire 1 minute 52 par jour, par exemple.
02:48Donc il y a ça, il y a le côté « qu'est-ce qui va se passer ailleurs, par exemple à l'école ? »
02:54Et donc si vous demandez aux parents d'aller travailler,
02:56qu'est-ce qui va se passer s'il faut garder les enfants, etc.
02:59Après, là où c'est encore plus embêtant que le côté pratique, c'est le côté économique.
03:05Puisqu'il faut rappeler que la difficulté de la France,
03:08qui est effectivement le pays dans lequel il y a le moins d'heures travaillées par habitant…
03:12Donc oui, on peut dire globalement la France ne travaille pas assez.
03:14Mais l'enjeu, ce n'est pas de demander aux gens qui ont déjà un boulot de travailler plus,
03:18c'est qu'il y ait plus de gens qui travaillent.
03:21C'est ça le véritable défi de la France.
03:24Or là, qu'est-ce qu'on va faire ?
03:25On va demander quasiment à des gens qui ont déjà un boulot de faire l'équivalent finalement d'heures sup non rémunérées.
03:33Et donc ça va empêcher aussi…
03:35C'est à peu près 150 à 180 000 emplois.
03:38C'est deux jours travaillés sans rien.
03:39C'est l'équivalent de 150 à 180 000 emplois qui ne seront pas créés du coup.
03:44Donc il y a un problème technique, il y a un problème économique quand même.
03:48Donc ça fait beaucoup d'arguments pour des Français qui sont contre, pour des syndicats qui sont contre
03:54et pour beaucoup de partis politiques, notamment l'ERN et la gauche, qui sont contre.
04:00On va voir ça justement avec François Calfon.
04:02Bonjour, député européen PS, place publique, membre du Bureau national du Parti socialiste.
04:07Sylvain Berriot, c'est également avec nous, député origin du Val-de-Marne.
04:12Pas question pour vous de négocier, de discuter une telle mesure ?
04:17Parce que c'est totalement contre-productif.
04:19On peut parler aussi de l'impact économique récessif que ça a sur le secteur de la restauration et du tourisme.
04:26Ce qu'on, soi-disant, gagne d'une main, on le perd de l'autre.
04:29Le problème, il n'est pas celui-là.
04:30Le problème, je vais vous dire, il est fondamental.
04:32C'est-à-dire qu'est-ce qu'il faut faire des économies, finalement, des 1 000 milliards de dettes supplémentaires Macron ?
04:38Malheureusement, il faut en faire.
04:39Mais il faut que les efforts soient équitablement répartis.
04:42Et je ne vous donne qu'un seul chiffre.
04:44Il y a 205, 210 milliards d'euros d'aides aux entreprises.
04:49Ça ne veut pas dire qu'il faut supprimer les aides aux entreprises.
04:50Je ne suis pas dogmatique.
04:51Mais par exemple, il faudrait les conditionner à un minimum.
04:54Vous prenez les aides qu'a reçues ArcelorMittal pour maintenir l'activité en France.
04:59Plus de 2 milliards d'euros.
05:00Eh bien, à l'arrivée, ils ferment l'usine et ils partent ailleurs.
05:04Bien sûr, il y a un problème de l'acier européen.
05:062 milliards d'euros, c'est la moitié du prix de cette mesure.
05:09Donc, à un moment donné, pour que les efforts soient acceptés, il faut qu'ils soient équitablement répartis.
05:14Ça n'est pas le cas.
05:15Et je reprends ce qu'Emmanuel Lechypre a dit et qui est fondamental.
05:18Le problème, c'est qu'il faut augmenter le volume de travail.
05:21C'est comme ça qu'on aura des recettes supplémentaires.
05:23Et je donne une piste au gouvernement qui est de continuer, parce que pour l'instant, c'est bien trop lent,
05:28l'inclusion des seniors en emploi.
05:30Il y a plein de solutions qui existent.
05:31Quelques-unes sont mises en oeuvre.
05:33Beaucoup peuvent être développées.
05:34Et puis, faire des économies saines.
05:36Deuxième exemple, quand vous investissez 1 milliard d'euros dans la prévention santé,
05:41parce que la dette, elle est beaucoup sociale, vous gagnez tous les modèles économétriques.
05:46Je parle sous le contrôle d'Emmanuel Lechypre le dise.
05:48À 5 ou 10 ans, vous gagnez 5 milliards d'économies de la dépense de santé.
05:53Sylvain Berrios, franchement, pas simple de défendre une telle mesure voulue par le Premier ministre.
05:58Le Premier ministre fait oeuvre, il veut faire oeuvre de vérité.
06:03Alors, il est exact qu'en France, il y a un problème de temps de travail.
06:08On aurait pu aborder le problème de temps de travail en disant, par exemple,
06:11que toutes les heures supplémentaires au-delà de la 39e heure travaillée
06:16seraient entièrement défiscalisées.
06:17Et ça aurait permis aux entreprises de trouver une solution à la faute de temps de travail,
06:22à l'État de récupérer les contributions et aux salariés de gagner plus.
06:26Là, le fait est qu'avec ces deux jours fériés travaillés non rémunérés,
06:32on a l'impression que François Bayrou, en réalité, cherche un désaccord.
06:37Et c'est là tout le problème de ce budget proposé.
06:40C'est qu'on ne peut pas aller de désaccord en désaccord annoncé.
06:43Et donc, il faut être dans la plus grande mesure.
06:46Et surtout, cette mesure a un autre problème, une autre perversité.
06:50C'est qu'elle continue à nourrir la gloutonnerie de l'État.
06:54Puisque la contribution des entreprises viendra être versée au budget de l'État.
06:58C'est-à-dire qu'on ne change rien à la structure de l'État
07:01et à sa capacité gloutonne de manger des contributions à chaque fois qu'on lui en donne.
07:06Et plus on donnera à l'État, plus on mangera.
07:09L'État glouton doit être rassagé.
07:11Je vous écoute et en fait, je comprends que même vous,
07:14qui composez cette courte majorité du socle commun dont bénéficie le Premier ministre,
07:19vous ne le soutenez pas.
07:20Donc, cette mesure n'a aucun avenir.
07:22Nous, nous soutenons l'hypothèse d'une réflexion sur le temps de travail
07:27et de mesures qui veillent à ne pas nourrir la gloutonnerie permanente de l'État.
07:33Et cette mesure-là ne fait pas partie de celle-là.
07:36En plus, encore une fois, quand vous avez une mesure fragile sur le plan économique,
07:45vous ne pouvez la faire accepter que si vous avez un socle politique solide et puissant.
07:49Or là, sur cette mesure-là, François Béroud, il peut être pris à revers sur deux points.
07:54Le premier point, c'était que la promesse fondamentale d'Emmanuel Macron,
07:59c'était de privilégier le travail et les salariés.
08:02Or là, on voit bien que c'est quand même eux qui sont mis à contribution.
08:06Et puis, ça commence à faire beaucoup de mesures
08:09qui vont avant tout défavoriser les Français les plus modestes.
08:14Parce que la réalité, c'est que ce n'est pas les plus hauts salaires
08:16qui vont être pénalisés par cette mesure, c'est les plus bas salaires.
08:19Et quand vous mettez bout à bout, finalement, ce qui se prépare
08:21sur la réforme de l'assurance chômage,
08:24où finalement, on voit bien que c'est les moins qualifiés
08:26qui, au final, risquent de payer les pots cassés.
08:29Quand vous regardez ce qui est annoncé sur les franchises de médicaments,
08:32par exemple, ce n'est pas les plus aisés qui sont gênés
08:35par le fait que la franchise passe de 50 à 100 euros, etc.
08:38Et donc, ça fait quand même beaucoup de mesures
08:41qui frappent les Français les plus modestes.
08:44Et ça, c'est un deuxième point faible politique.
08:46– Je comprends que ça n'a aucune chance de passer.
08:48– Non, ça n'a aucune chance, mais j'ai l'impression
08:49que M. Bayrou veut finalement mourir sur l'autel sacrificiel
08:53de l'économie et de la rigueur.
08:56Ça n'a aucun sens.
08:57Je donne quand même deux arguments supplémentaires
08:59à ceux qui ont été évoqués et que je partage.
09:01D'abord, est-ce que la France et les Français
09:03travailleraient moins ?
09:04Les Français en travaillent, travailleraient moins.
09:06Quand on fait la comparaison européenne,
09:07on est strictement dans la moyenne européenne.
09:09– Non, ce n'est pas vrai.
09:10– On est strictement dans la moyenne européenne
09:11entre 10 et 12 jours.
09:13– Sur la durée hebdo, sur l'économie…
09:14– Non, mais François…
09:15– C'est quand même difficile de terminer une phrase.
09:17Je vous ai laissé, M. Le Chaud.
09:17– Allez, un dernier mot, parce qu'en plus,
09:18on arrive à la météo.
09:19– Et je termine sur un point,
09:22qui est un point finalement d'identité
09:24de la droite et du centre, mais aussi de la gauche.
09:26C'est, est-ce qu'il faut taper sur les travailleurs ?
09:28Il y a beaucoup de gens qui ne travaillent pas,
09:30le capital ne paye pas assez.
09:31Peut-être qu'il faut remettre des gens
09:33qui sont dans un chemin d'emploi, dans l'insertion.
09:35Mais enfin, les gens qui travaillent,
09:37il ne faut pas les dégoûter de travailler.
09:39Et c'est précisément ce qu'on est en train de faire,
09:41alors que d'autres sources d'économie
09:42beaucoup plus évidentes,
09:43beaucoup plus partagées,
09:44beaucoup plus consensuelles existent.
09:46– Ce qui est sûr, c'est que ça va à rebours
09:47de tous les discours politiques qu'on entend
09:49disant qu'il faut que le travail paie plus.
09:51Merci beaucoup à tous les trois
09:52d'avoir été mes invités dans le live BFM.
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