- il y a 3 mois
Deux heures pour vivre l’info. Loïc Besson donne les clés aux téléspectateurs pour mieux comprendre les grands enjeux de la journée.
Catégorie
📺
TVTranscription
00:00... sans gagner davantage, c'est ce que suggère le Premier ministre avec la suppression de deux jours fériés, le lundi de Pâques et le 8 mai, au bénéfice des entreprises.
00:08Mais le gouvernement voudrait ensuite qu'elle s'acquitte d'une contribution pour renflouer le budget de l'État.
00:14François Bayrou l'avait déjà évoqué à la mi-juillet, sa grande conférence de presse justement pour sensibiliser sur l'état de nos finances publiques.
00:23Mais depuis ce week-end, c'est officiel. Alexis Cuvillier, bonjour, merci de nous avoir rejoints.
00:26Ça s'est passé ce week-end, Matignon a officiellement sollicité les syndicats, les patronats, pour leur demander de trouver un accord.
00:37Pas de grande surprise, vous l'avez rappelé, c'était la proposition phare, symbolique de cette conférence de presse qui avait eu lieu le 15 juillet,
00:44dans laquelle le Premier ministre dressait un certain nombre d'orientations budgétaires, de pistes pour faire des économies.
00:51Et parmi ces pistes, il y avait en effet cette proposition choc de sacrifier, si je puis dire, deux jours fériés pour faire des économies,
01:00avec un rendement estimé dans un document d'orientation qui a été transmis aux partenaires sociaux en fin de semaine dernière,
01:07un rendement estimé à 4,2 milliards d'euros dès 2026.
01:11On voit donc que le Premier ministre n'a pas changé de ligne sur ce sujet, alors qu'il y a eu un certain nombre de réactions,
01:19beaucoup de commentaires, que la mesure a été diversement appréciée dans la classe politique,
01:24et notamment chez un certain nombre de partenaires de François Bayrou dans son équipe gouvernementale.
01:28Vous savez que chez les Républicains, la mesure n'a pas fait l'unanimité, loin sans faux.
01:34Mais pour l'instant, Matignon ne change pas de ligne et continue de mentionner cette piste comme étant un élément central
01:41d'un certain nombre de discussions qui vont avoir lieu au mois de septembre avec les partenaires sociaux.
01:46Certains dans la classe politique imaginaient que sur ce sujet, il puisse y avoir un changement, un recul.
01:53Ce n'est pas franchement ce vers quoi on se dirige quand on lit ce document d'orientation,
01:57même si Matignon dit que les choses peuvent bouger.
02:02Et par exemple, ce ne seront pas forcément le lundi de Pâques et le 8 mai,
02:06comme proposé par le Premier ministre, qui seront retenus comme les deux jours fériés en moins.
02:11Ça peut être d'autres jours, voire même peut-être un seul jour.
02:15En tout cas, ce qui est certain, c'est que les économies qui sont mentionnées,
02:19c'est-à-dire 4,2 milliards d'euros, s'il y a des solutions alternatives qui sont trouvées,
02:23ces économies-là, elles doivent être respectées.
02:25Il peut y avoir des discussions sur les jours fériés en question, dit François Bayrou.
02:29Bonjour Emmanuel Lechiffre.
02:30Bonjour.
02:31Bon, il y avait quand même un doute sur l'idée que ces jours fériés apportent une rémunération supplémentaire ou pas.
02:38Finalement, il n'en sera rien.
02:40Et ça, ce n'est pas négociable.
02:42Non, effectivement, le concept, il est un peu le même que celui de la journée de solidarité du lundi de Pentecôte.
02:49C'est-à-dire que les salariés se voient supprimés deux jours fériés.
02:53Donc, ils vont travailler, allez, si on part sur la base d'une semaine de 35 heures, ils vont travailler deux fois sept heures en plus.
02:59Donc, ils vont travailler 14 heures en plus sans aucune rémunération supplémentaire.
03:04Donc, c'est le travailler plus pour gagner autant, à peu près.
03:08Sachant que là, on voit bien que ce sont quand même les entreprises qui sont gagnantes, puisqu'elles bénéficient de deux jours de travail supplémentaires.
03:15– Enfin, elles vont devoir reverser ça à l'État.
03:16– Alors, c'est ça la mécanique.
03:18La mécanique, c'est qu'en fait, on dit, bah oui, mais du coup, les entreprises, elles ont deux jours de travail supplémentaires, elles ne payent pas plus.
03:23Donc, en contrepartie, elles payent une contribution qui est, pour le lundi de Pentecôte, l'équivalent de 0,3 point de la masse salariale,
03:32ce qui ferait à peu près deux fois ça.
03:34Et c'est là où, par exemple, les syndicats s'insurgent en disant, bah écoutez, c'est quand même fort de café,
03:39puisqu'on va ponctionner 8 milliards d'euros aux salariés.
03:43Sur ces 8 milliards d'euros qui vont, dans un premier temps, être encaissés par les entreprises,
03:47elles ne vont en rendre que 4 à l'État.
03:49Donc, en gros, 8 milliards payés par les salariés, 4 milliards dans la poche de l'État, 4 milliards dans la poche des entreprises.
03:55C'est en partie pour cette raison-là que les syndicats sont contre.
03:58Mais c'est cette logique-là derrière qui consiste à dire, en gros, si on veut sauver notre modèle social,
04:04il va falloir travailler plus, donc plus de recettes fiscales, plus de travail,
04:09sachant que ça va être beaucoup plus compliqué que la simple arithmétique ne l'indique pour entrer en vigueur.
04:14Bonjour, Denis Gravouille.
04:15Merci d'être avec nous, secrétaire confédérale CGT, en charge des questions d'emploi, de retraite et de chômage.
04:22Il n'est pas question de trouver un accord là-dessus pour vous ?
04:26Votre exposé est extrêmement clair.
04:28Il n'y a que des perdants parmi les salariés.
04:32L'État va peut-être récupérer un peu d'argent si ça rentre en vigueur.
04:37Et puis le patronat, lui, il fait plus de profit sur le dos d'avoir perdu deux journées de repos.
04:42Donc, évidemment qu'il y a une très grande majorité de perdants.
04:45Ce sont tous les salariés, d'ailleurs les agents de la fonction publique aussi,
04:47puisque la lettre dit que c'est valable dans le privé comme dans le public.
04:51Et il est interdit de prévoir des majorations d'heures supplémentaires, par exemple, ce jour-là.
04:56Donc, c'est non. Et que ce soit ces deux jours-là ou un autre,
05:00c'est le principe même de la suppression de deux jours de repos qui est scandaleux,
05:03parce qu'évidemment, c'est impossible à accepter pour la très grande majorité
05:09qui se retrouve à perdre et uniquement perdre.
05:12On nous demande des efforts partagés. En fait, ils ne sont pas du tout partagés.
05:15Vous l'avez bien compris.
05:17Vous dites que les salariés sont 100% perdants.
05:21Il s'agit aussi de sauver notre modèle social qui bénéficie à tout le monde.
05:25Et donc, au salarié...
05:27Le modèle social, il a été mis en péril par la politique d'André Macron,
05:32qui a supprimé des recettes à la sécurité sociale, par exemple.
05:36On a supprimé, on a fait des exonérations massives d'aides publiques.
05:40C'est soi-disant créer des emplois.
05:42Or, le chômage est en train de remonter.
05:44Le Sénat, dans un rapport transpartisan, a dit il y a un mois et demi
05:48qu'il y avait 211 milliards d'aides publiques,
05:51que Bercy n'est même pas capable d'expliquer correctement aux sénateurs.
05:55Donc là, il y a de l'argent à retrouver pour permettre à la sécurité sociale de fonctionner.
06:00Il faut arrêter de supprimer des recettes.
06:03Tous les experts, d'ailleurs, les plus sérieux le disent.
06:06Le problème, c'est un problème de recettes.
06:08D'ailleurs, c'est pareil pour les finances publiques.
06:09On supprime des impôts aux plus riches.
06:11Et après, on nous dit qu'il faut baisser les prestations sociales,
06:13il faut baisser les services publics.
06:15Non, c'est le contraire de ce qu'il faut faire.
06:16Il faut retrouver des recettes à un niveau normal pour répondre aux besoins.
06:20Et en matière de modèle social, il y a une dramatisation qui est opérée
06:24pour poursuivre une politique qui a déjà prouvé son échec.
06:27Emmanuel Lechypre, il y a deux enjeux.
06:30Il y a bien sûr de récolter de l'argent, un peu renflouer les caisses de l'État.
06:33Et puis, il y a le fait de produire plus, de travailler davantage.
06:36Est-ce qu'on ne pourrait pas trouver un juste milieu ?
06:37On peut travailler davantage, mais à la condition de que ça soit rémunéré.
06:40Parce que tous les discours politiques, c'est de dire qu'il faut que le travail paie plus.
06:43En l'occurrence, il paiera moins.
06:44C'est là où on peut s'interroger sur la pertinence, finalement, de cette proposition.
06:50D'abord, sur un plan économique.
06:52Vous voyez bien que si vous prenez 8 milliards,
06:55enfin, si vous empêchez les salariés de gagner 8 milliards,
06:58et si vous supprimez un jour férié,
06:59ça va avoir un impact qui va quand même être au mieux neutre,
07:03voire légèrement négatif, sur la consommation, par exemple.
07:06Est-ce que ça va avoir un impact positif pour compenser
07:10sur l'investissement des entreprises ?
07:12Ce n'est pas sûr.
07:12Donc, impact négatif sur la croissance.
07:14Et puis, le principal problème de cette mesure,
07:16c'est qu'effectivement, la France est le pays,
07:19quand on regarde, finalement, la quantité de travail totale
07:23produite dans le pays par rapport au nombre d'habitants,
07:26la France est le grand pays qui travaille le moins.
07:28Donc, il y a bien un problème de volume de travail en France.
07:32Mais le sujet, ça n'est pas de faire travailler davantage
07:34ceux qui ont déjà un boulot.
07:36Le sujet, c'est de mettre davantage de gens au travail.
07:39Et là, le problème avec cette mesure, c'est que ces 14 heures
07:42qui vont être effectuées par les salariés, les fonctionnaires, etc.,
07:46ça correspond finalement en emplois à 150 000, à 180 000 équivalents temps plein.
07:52Donc, ça veut dire que c'est des emplois que vous ne créerez pas.
07:55C'est des recettes sociales que vous ne rentrerez pas.
07:59Donc, est-ce que c'est bien ça la solution ?
08:02C'est-à-dire, oui, il faut travailler plus.
08:04Mais en faisant travailler ceux qui ont déjà un boulot,
08:07les économistes vous disent que ça n'est pas la solution.
08:09La solution, c'est de faire travailler davantage de gens.
08:12Et puis, on voit bien qu'effectivement, il y a tout un tas de mesures pratiques
08:16qui, encore une fois, se posent.
08:19Et des questions auxquelles on n'a pas de réponse.
08:21On voit bien, par exemple, que le lundi de Pentecôte pose un problème
08:24aux parents qui ont des enfants à faire garder,
08:27puisque souvent, le lundi de Pentecôte, il n'y a pas école.
08:30Donc, comment on va gérer tout ça ?
08:31Est-ce que le surcoût qui va être provoqué
08:33par cette suppression des deux jours fériés
08:36n'est pas aujourd'hui sous-estimé ?
08:38Si c'est la suppression des jours fériés pour tout le monde,
08:40y compris les fonctionnaires, il y aura école.
08:42Oui, sauf que le lundi de Pentecôte,
08:43quand vous regardez, finalement, dans la pratique,
08:45comment ça s'est passé,
08:46c'est qu'on a trouvé assez rapidement
08:48que, compte tenu des contraintes
08:51qui étaient celles de différentes entreprises,
08:53différentes professions,
08:53c'était impossible d'imposer ça à tout le monde.
08:55Et donc, on a décidé, finalement,
08:57que cette journée de solidarité,
08:59les entreprises pourraient soit l'accorder
09:00sur un jour de RTT, soit sur un jour de congé.
09:03La SNCF a même choisi de travailler
09:05moins 1 minute 52 par jour.
09:07Voilà.
09:08Et on s'aperçoit qu'aujourd'hui,
09:09la réalité du lundi de Pentecôte,
09:11c'est que ça ressemble plus à un jour férié,
09:13c'est-à-dire plutôt pas très travaillé
09:14dans la construction et l'industrie,
09:16mais plutôt travaillé dans les services,
09:18qu'à un jour normal.
09:19Donc, si on tire les leçons
09:22des expériences passées,
09:25il n'est pas sûr que l'objectif
09:27de plus de productivité,
09:30plus de recettes fiscales, etc.,
09:32soit vraiment atteint.
09:33Merci beaucoup.
09:33Merci à tous les trois
09:35d'avoir été mes invités dans le live BFM
09:37sur cette question de supprimer
09:39les jours fériés, évidemment,
09:40très concernant.
09:41Merci à tous.
Recommandations
9:55
|
À suivre
9:04
5:57
10:40
13:22
4:51
2:50
7:01
5:39
14:27
7:24
11:36
4:07
5:14
9:47
7:16
7:50
5:43
8:53
5:34
13:33
11:26
11:12
14:36
1:57
Écris le tout premier commentaire