- il y a 4 mois
Deux heures pour vivre l’info. Loîc Besson donne les clés aux téléspectateurs pour mieux comprendre les grands enjeux de la journée.
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00:00Aurore Malval, rédactrice en chef du site du magazine Marianne.
00:05Le gouvernement espère vraiment pouvoir faire passer sa copie, son budget tel qu'il l'a présenté ?
00:12Alors tel qu'il l'a présenté, non.
00:14Ça, je pense que c'est assez clair dans la tête de François Bayrou.
00:16C'est d'ailleurs pour ça qu'il a pris soin de le présenter
00:19alors que les travaux de l'Assemblée nationale étaient en pause
00:22pour pouvoir, à la rentrée, disons, être sous la menace,
00:28enfin, ne pouvoir qu'être à la rentrée sous la menace d'une motion de censure
00:30et non pas pendant les négociations qui vont se dérouler quand même
00:33pendant une partie de l'été et du mois de septembre.
00:36Alors, est-ce que tout est négociable ?
00:39Certainement pas.
00:39Il va y avoir quelques points, je dirais, plutôt mineurs.
00:43On va voir un petit peu, ça va sûrement se passer,
00:46un petit peu comme dans le cas d'ailleurs de Michel Barnier l'an dernier,
00:49une sorte de liste de courses où les différents partis
00:52qui vont essayer de pousser leurs intérêts en disant
00:55ne votera pas la motion de censure si vous nous donnez ce gage-là sur tel point.
01:00On voit que François Bayrou en tout cas a pris soin d'annoncer des grosses mesures,
01:05un petit peu, je crois que le Rassemblement national a appelé ça du gros rouge qui tâche,
01:09en tout cas cette proposition par exemple de s'upprimer deux jours fériés,
01:13pour aussi pouvoir négocier et revenir à des choses qui en tout cas
01:18contenteront davantage et les syndicats et les partis.
01:21Donc à voir, en tout cas une chose est sûre, ce sur quoi il ne veut pas céder,
01:25François Bayrou, c'est sur les 44 millions d'économies.
01:28– Milliards, milliards.
01:29– Milliards, pardon, oui.
01:31– Il y a juste 3 euros en plus, mais bon.
01:32– Tout à fait, c'est les 44 milliards, effectivement c'est l'objectif
01:37et il va essayer de tenir bon sur cette somme.
01:40– Bonjour Henri Guénaud.
01:41– Bonjour.
01:41– Merci d'être notre invité sur le plateau du Live BFM,
01:43ancien conseiller spécial de Nicolas Sarkozy,
01:45auteur de « À la 7ème fois, les murailles tombèrent »,
01:49c'est aux éditions du Rocher, on voit la couverture.
01:53On va y arriver, on va y arriver à faire ces 44 milliards d'économies cette année ?
01:59– Je n'en sais rien parce que je ne sais pas ce que signifient ces 44 milliards.
02:02Quand vous faites des économies, vous faites des économies par rapport à quelque chose.
02:07Par rapport à quoi ?
02:08Ce n'est pas par rapport au budget de l'année dernière,
02:11ce n'est pas par rapport à ce que sera la loi de règlement à la fin de l'année,
02:14ce n'est pas rapport à une tendance dont on ne sait pas comment elle est calculée.
02:18Le Haut conseil des finances publiques l'avait fait remarquer l'année dernière.
02:23On ne sait pas quelles sont les hypothèses,
02:24on ne sait pas comment on calcule cette tendance.
02:26– Mais qui a été publiée ?
02:27On sait que c'est 60 milliards d'augmentation des défenses publiques naturelles,
02:30si on ne fait rien pour les endroits.
02:31– Non, mais naturelle, ça ne veut rien dire.
02:33Comment ? Sur quel fondement ?
02:35Quelles sont les hypothèses ?
02:36La critique du Haut conseil des finances publiques était assez pertinente.
02:40D'ailleurs, on ne sait pas.
02:42Et d'ailleurs, quand la question a été posée au Premier ministre
02:43par une journaliste, je crois, de l'AFP,
02:46on a obtenu une réponse de laquelle il est assez difficile de tirer quelque chose.
02:51Donc, on ne sait pas très bien de quoi on parle.
02:5340 milliards par rapport à quoi ? Je ne sais pas.
02:5540 milliards pourquoi ? Je ne sais pas non plus.
02:59– Parce qu'à loin, il faut commencer par quoi ?
03:01– Non, mais non, il ne va pas y arriver.
03:03Il ne va pas y arriver parce qu'il y a quand même beaucoup de réticences politiques,
03:08parce qu'il risque une censure.
03:12Et puis parce que ce plan est une impasse.
03:15C'est une impasse totale.
03:17On refait ce qu'on fait depuis 40 ans.
03:18– Et ce n'est pas un problème qu'on n'arrive pas à faire des économies
03:21avec le danger qu'il y a à la fin ?
03:23– Attendez, c'est quoi les économies ?
03:25– À réduire la dette qui augmente ?
03:27– Non, mais la dette, vous ne la réduirez pas.
03:29Vous la ferez fondre peut-être dans le PIB, mais vous ne la réduirez pas.
03:33Imaginez, pour réduire la dette, il faudrait dégager des excédents budgétaires chaque année.
03:38Dégager des excédents budgétaires chaque année, il va falloir combien ?
03:41– Est-ce que fait l'Italie ? Est-ce que font quelques pays ?
03:45– Ils réduirent la dette, énormément de pays européens l'ont fait.
03:47Le Portugal, l'Espagne et l'Italie…
03:49– Non, aucun ne l'a fait, ils n'ont pas réduit la dette, ils ont réduit la part de la dette dans le PIB.
03:53– Ils ont presque tous moins cher que la France aujourd'hui.
03:56– Ils ont réduit, d'abord c'est très peu, et d'autre part, ils ont réduit la part de la dette dans le PIB.
04:00Ils n'ont pas réduit le montant de la dette, ce n'est pas du tout la même chose.
04:04Donc réduire le montant de la dette, si vous le faisiez, il faudrait qu'en 15 à 20 ans d'excédent budgétaire
04:09que vous consacreriez uniquement au remboursement de la dette,
04:12c'est-à-dire qu'à la fin, il n'y aurait plus d'économie du tout,
04:14donc on serait ruiné et sans doute en faillite.
04:17Donc tout ça, les mots n'ont plus de sens.
04:21– Mais donc, quand on vous déclenche, on ne cherche pas à faire des efforts ?
04:24– Moi, je reviens à quelque chose que j'ai déjà dit, qui n'est pas de moi,
04:27qui est de Maurice Allais, quand il enseignait le calcul économique à l'école des mines,
04:32et ça a été un des plus grands spécialistes du calcul économique,
04:35il disait à ses élèves, dans le calcul économique, seul l'avenir compte.
04:40Voilà, donc le problème n'est pas d'essayer de rattraper les erreurs du passé,
04:44et Dieu sait s'il y en a eu, parce que dans cette dette-là,
04:47ce n'est pas simplement le laxisme de l'État qui a créé cette dette,
04:52ce sont les erreurs de politique économique qui ont créé cette dette.
04:55Ce qui est le gouffre dans lequel notre déficit se nourrit,
05:01c'est le retard considérable d'investissement,
05:04toutes sortes d'investissements, investissement matériel, immatériel, privé, public, etc.
05:09Donc voilà, c'est à ça qu'il nous faut réfléchir,
05:13quelle est la stratégie économique, quelle est la politique économique.
05:16Quand Raymond Barr, il fait un plan de rigueur, il a une politique économique,
05:22ça part d'un constat, qui est un constat macroéconomique.
05:25À l'époque, les salaires ont cru beaucoup trop vite par rapport au PIB,
05:31donc il n'y a plus assez de profit, il n'y a plus assez de rentabilité,
05:34et donc il n'y a plus assez d'autofinancement,
05:36et donc il n'y a plus assez d'investissement.
05:38Et il dit voilà, on peut discuter des mesures qu'il a prises,
05:40mais il y a une vraie stratégie.
05:42Là, elle est où la stratégie économique, à part de dire,
05:44ah, les malades, il faut les faire payer.
05:46Mais là, est-ce que le système français ne vit pas au-dessus de ses moyens ?
05:49N'est pas ?
05:50Ne vit pas au-dessus de ses moyens ?
05:52Est-ce qu'on peut se terminer ?
05:53Qu'est-ce qui vit au-dessus de ses moyens ?
05:54Est-ce que la France, c'est un pays qui vit au-dessus de ses moyens ?
05:55Il y a des rentrées d'argent, il y a des dépenses,
05:57et la balance est bien de les libres.
05:59Mais il y a qui la faute ?
06:01Les politiques qui votent, qui font ces politiques publiques
06:05et qui les votent chaque année dans un budget,
06:07qui se compte l'avenir, le passé pèse aujourd'hui.
06:09Je ne sais pas ce que veut dire l'État vit au-dessus de ses moyens.
06:12Je sais ce que veut dire un pays vit au-dessus de ses moyens.
06:15La France ne vit pas au-dessus de ses moyens,
06:17parce qu'un pays qui vit au-dessus de ses moyens,
06:18c'est un pays qui a un taux d'épargne négatif.
06:20C'est-à-dire qu'ils consomment plus,
06:22non pas qu'ils dépensent plus,
06:23qu'ils consomment plus qu'ils ne produisent.
06:26La France n'a pas un taux d'épargne négatif,
06:27la France c'est un pays qui épargne.
06:29Parce qu'à la fin, les gens qui consomment...
06:30La France est quand même victime d'un double déficit jumeau,
06:33déficit écommercial.
06:35Ça ne change rien au problème.
06:36Et public qui pèse lourd sur les comptes de la nation.
06:39Et donc sur les impôts des Français.
06:40C'est un argent qu'on vient d'envoyer dans la poche des Français.
06:42Il y a trois comptabilités.
06:43Il y a la comptabilité générale,
06:45qu'on applique, qui est celle des entreprises.
06:47On en a fait une pour l'État, mais qui est très artificielle.
06:49Il y a la comptabilité budgétaire.
06:51La comptabilité budgétaire, contrairement à celle d'une entreprise,
06:53si vous empruntez 100 millions,
06:55vous avez un déficit de 100 millions.
06:58Et puis il y a la comptabilité nationale.
07:00Ce sont trois comptabilités différentes.
07:02Et on est en train de tout mélanger.
07:04C'est-à-dire que la situation de l'État,
07:05telle que définit son périmètre aujourd'hui,
07:07tel qu'est le système fiscal de prélèvement, etc.,
07:10ça n'est pas la France.
07:12Ça n'est pas l'économie France.
07:13– Tenir les comptes, c'est une illusion.
07:15– Mais ce n'est pas un but.
07:17Ce n'est pas un but en soi.
07:18Si votre pays se porte bien, alors vous avez…
07:21– Parce que c'est un mal nécessaire.
07:22– Ce n'est pas le cas, en tout cas, actuellement.
07:24– Mais non, vous savez, ça me rappelle…
07:26– Je n'aime pas trop cette analogie avec l'entreprise,
07:28parce que l'État n'est pas une entreprise.
07:30Mais il y a quand même des fondamentaux.
07:31C'est-à-dire que si vous prenez une entreprise
07:33qui est en difficulté,
07:34et vous dites, vous pouvez convoquer…
07:35Vous pouvez dire, je vais rétablir les comptes de l'entreprise.
07:39Ça, c'est une bêtise.
07:40Vous ne rétablissez pas les comptes de l'entreprise.
07:43Vous rétablissez la situation de l'entreprise,
07:45sa stratégie, son organisation, etc.
07:47Et ça, si ça marche, ça rétablit les comptes.
07:49Sinon, qu'est-ce que vous faites ?
07:50Vous appelez un cost-killer,
07:52et le cost-killer, il vient, il coupe partout.
07:54En général, il tue l'entreprise.
07:55Voilà.
07:56C'est exactement la philosophie qu'on emploie
07:59depuis des décennies.
07:59– Oui, il la redresse, ça dépend.
08:01– Non, c'est très rare.
08:02– Ça arrive.
08:02– C'est très rare.
08:03C'est très, très rare.
08:04Il démotive les gens, les meilleurs sont bons.
08:06Moi, j'en ai vu, mais alors,
08:07on a failli détruire des plus belles entreprises du monde.
08:12Mais si vous voulez, c'est ça qui fait que nous en sommes là.
08:16À cause de cette vision des choses,
08:18nous n'avons plus investi la vision comptable
08:20contre la vision économique.
08:22Et la vision économique, ça suppose qu'on fasse
08:24une analyse économique de la dépense,
08:25et non une analyse comptable.
08:27Je finis avec un exemple que tout le monde comprendra.
08:29On dit, dans l'analyse comptable,
08:31vous avez les dépenses de fonctionnement
08:34et puis les dépenses d'équipement.
08:36Ça, c'est du comptable.
08:37L'économie, c'est l'investissement,
08:39la consommation, l'épargne.
08:41Ça n'est pas pareil.
08:42Donc, regardez chaque dépense pour ce qu'elle peut.
08:44Si elle rapporte plus qu'elle ne coûte
08:46ou si elle coûte plus qu'elle rapporte.
08:48Voilà.
08:48Ça, ce n'est pas de la comptabilité,
08:49c'est de l'économie.
08:50Il nous faut faire de l'économie,
08:52pas des économies.
08:52– Et l'État, mais il faut plus qu'il ne gagne.
08:54– Merci beaucoup.
08:55– Merci Henri Guéno d'être venu sur le plateau de BFM.
08:57Vous avez apporté votre regard
08:58qui diffère sur cette question du budget
09:01et des débats qui ne font que commencer.
09:03– Merci beaucoup.
09:04– Merci beaucoup.
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