Ça vous regarde - Dissolution : la France ingouvernable ?

  • il y a 4 mois
Grand témoin : David Djaïz, essayiste, enseignant à Sciences Po, co-auteur de « La révolution obligée » (Allary éditions)

GRAND DÉBAT / Dissolution : la France ingouvernable ?

« Le récap » par Valérie Brochard

En déplacement le 18 juin 2024 sur l'île de Sein (Finistère) à l'occasion du 84e anniversaire de l'Appel du général de Gaulle, Emmanuel Macron a justifié une nouvelle fois sa décision de dissoudre l'Assemblée nationale, expliquant qu'elle avait permis d'écarter « la chienlit ». La campagne pour les législatives bat son plein, notamment autour du sujet de l'immigration. Un thème central au sein du « Rassemblement National » qui veut « faciliter les expulsions » et « supprimer le droit du sol ». L'alliance du « Nouveau Front Populaire » a cependant formulé des objectifs totalement opposés aux mesures prévues par le parti d'extrême droite. Le mouvement de la gauche veut abroger les lois d'asiles et d'immigration de 2018 et 2023 et s'engager pour un droit du sol intégral pour les enfants nés en France. Comment la majorité présidentielle se positionne-t-elle sur le sujet ?

Invités :
- Aleksandar Nikolic, eurodéputé Rassemblement National,
- Geoffroy Didier, candidat LR dans les Hauts-de-Seine,
- Martin Garagnon, porte-parole « Ensemble » pour la campagne des législatives,
- Léa Balage El Mariky, candidate « Nouveau Front Populaire » à Paris,
- « Campagne express » : Stéphanie Dépierre, journaliste LCP.

GRAND ENTRETIEN / David Djaïz : France rurale, élites déconnectées ?

La fermeture des services publics, des gares et des points de liaison des villages peut-elle expliquer la montée du vote RN dans les campagnes ? David Djaïz, co-auteur de « La révolution obligée », un essai remarqué sur la transition écologique, analyse les dynamiques en cours dans le monde rural et livre son point de vue sur la crise politique.

Grand témoin : David Djaïz, essayiste, enseignant à Sciences Po, co-auteur de « La révolution obligée » (Allary éditions)

LES AFFRANCHIS

- Bertrand Périer, avocat,
- Vincent Hugeux, enseignant à Sciences Po et ancien grand reporter.

Ça vous regarde, votre rendez-vous quotidien qui prend le pouls de la société : un débat, animé par Myriam Encaoua, en prise directe avec l'actualité politique, parlementaire, sociale ou économique.
Un carrefour d'opinions où ministres, députés, élus locaux, experts et personnalités de la société civile font entendre leur voix.

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Transcription
00:00:00Bonsoir et bienvenue, très heureuse de vous retrouver dans ça vous regarde ce soir, de quoi le vote RN est-il le nom ?
00:00:13Bonsoir David Jaïs, bonsoir Myriam Akhavar, et merci d'être notre grand témoin ce soir et ceilliste, ancien conseiller d'Emmanuel Macron,
00:00:20vous avez beaucoup travaillé sur ce qu'on appelle la cohésion des territoires, on va parler avec vous de la fermeture des services publics,
00:00:27carburant du vote RN dans les petites villes et les villages, mais aussi de la crise institutionnelle et même la crise de régime
00:00:34dans laquelle le pays pourrait être plongé, faute de majorité qui se dégagerait à l'Assemblée Nationale, on verra ça tous les deux dans la deuxième partie.
00:00:42Dans notre grand débat pour commencer ce soir, cape à droite et même très à droite pour Emmanuel Macron, le chef de l'État défend sa dissolution
00:00:50par un clin d'œil appuyé au général de Gaulle et charge violemment la gauche et son programme immigrationniste, dit-il, reprenant ainsi les mots du parti de Marine Le Pen.
00:01:01Quand le nouveau Front Populaire devient la cible du camp présidentiel, 4 politiques pour en parler dans un instant sur ce plateau.
00:01:07Enfin, nos affranchis ce soir, l'économie de guerre version Bardella, ce sera le parti pris de Vincent Hugeux, le virilisme débarque dans la campagne,
00:01:16on verra ça avec l'avocat Bertrand Perrier et puis votre nouveau rendez-vous, Campagne Express, Stéphanie Despierre.
00:01:21Voilà, J-10 avant le premier tour, ça vous regarde ? On y va ? Top générique !
00:01:37Et bienvenue à tous si vous nous rejoignez sur LCP.
00:01:40Avant d'en venir au dernier rebondissement de ces législatives, on va commencer ce soir par ce qui s'est passé à Courbevoie.
00:01:47Un crime épouvantable, effroyable, effroyable, un crime antisémite.
00:01:52Ça s'est passé samedi dernier. La victime est une fillette de 12 ans.
00:01:58Ses agresseurs présumés ont respectivement 12 et 13 ans.
00:02:02Il s'agit de jeunes garçons mis en examen aujourd'hui pour viol à caractère antisémite.
00:02:09Bonsoir, Martin Garagnon.
00:02:11Et merci d'être parmi nous ce soir. Vous êtes porte-parole Ensemble.
00:02:15C'est la majorité présidentielle sortante dans cette campagne des législatives.
00:02:19Bonsoir, Léa Ballage-El Mariki.
00:02:21Bonsoir.
00:02:22Bienvenue à vous. Vous êtes candidate Nouveau Front Populaire dans la troisième circonscription de Paris.
00:02:27Vous êtes candidate écologiste.
00:02:29Bonsoir, Alexandre Darnicolic.
00:02:31Bonsoir.
00:02:32Bienvenue à vous. Vous êtes eurodéputé Rassemblement National, fraîchement élu pour la première fois à Bruxelles le 9 juin dernier.
00:02:38Bonsoir, Geoffroy Didier.
00:02:39Bonsoir, Myriam Akkawa.
00:02:40Ravi de vous accueillir sur ce plateau, candidat Les Républicains, on va dire version indépendante d'Éric Ciotti, bien évidemment,
00:02:46dans la sixième circonscription des Hauts-de-Seine.
00:02:49Avant de vous entendre tous les quatre, on va revenir sur les faits et sur les principales réactions sur ce qui s'est passé,
00:02:56ce viol antisémite à Courbevoie, avec Elsa Mondingava, qu'on accueille tout de suite.
00:03:01...
00:03:07Bonsoir, Elsa.
00:03:08Bonsoir.
00:03:09Alors, quels sont les faits précis ?
00:03:10Eh bien, écoutez, on parle d'un calvaire, le calvaire d'une jeune fille de 12 ans.
00:03:14À 12 ans, jeune fille, on pourrait dire une enfant, ça s'est passé à Courbevoie dans les Hauts-de-Seine.
00:03:18Samedi, la jeune victime a déclaré aux enquêteurs avoir été traité de sale juive avant de subir des viols et des violences.
00:03:25Deux adolescents ont été interpellés, mis en examen pour viol en réunion, menace de mort, injures et violences antisémites.
00:03:32Ils ont 13 ans. Un troisième adolescent de 12 ans est placé sous le statut de témoin assisté.
00:03:37Alors, évidemment, cette affaire terrible a suscité de très nombreuses réactions politiques.
00:03:41En voici quelques-unes recueillies sur X anciennement Twitter.
00:03:45Le Premier ministre, Gabriel Attal, violé à 12 ans parce que juive.
00:03:50Le Premier ministre qui dit sa peine, sa solidarité, mais aussi son horreur, sa révolte et sa colère face à ceux qui nous divisent, nous opposent, fonciamment exploser les haines.
00:04:00Évidemment, très vive émotion dans la communauté juive.
00:04:03Le grand rabbin de France, Haïm Korsiad, se dit horrifié.
00:04:07La justice devra sanctionner avec fermeté les auteurs de cet acte.
00:04:11Nul ne saurait être dédouané face à ce déferlement antisémite sans précédent.
00:04:16Nul ne peut ignorer que les pourfendeurs de haine ont aussi leur part de responsabilité.
00:04:21Ce qu'on lit entre les lignes, c'est que certains accusent des déclarations de certains insoumis.
00:04:27Alors, voilà la réaction de Jean-Luc Mélenchon, horrifié par ce viol à courbe voix.
00:04:31Et tout ce qu'il met en lumière concernant le conditionnement des comportements masculins criminels dès le jeune âge et du racisme antisémite,
00:04:39il appelle à ce qu'on ne transforme pas ce crime ni la souffrance qu'il engendre en spectacle médiatique.
00:04:45Marine Le Pen, elle, franchit le pas. Elle accuse directement l'extrême gauche.
00:04:50L'agression antisémite et le viol d'une enfant de 12 ans dans les Hauts-de-Seine nous révulsent.
00:04:54Pour elle, la cause, c'est la stigmatisation des Juifs depuis des mois par l'extrême gauche
00:04:59à travers l'instrumentalisation du conflit israélo-palestinien.
00:05:03C'est une menace pour la paix civile. Chacun devra en avoir pleinement conscience.
00:05:07Les 30 juin et 7 juillet prochains, date des élections législatives,
00:05:11le président de la République, lui, Emmanuel Macron, a demandé à la ministre de l'Éducation nationale
00:05:15d'organiser dans chaque école un temps d'échange sur le racisme et l'antisémitisme.
00:05:20Un rassemblement est en cours en ce moment à Paris, sur le parvis de l'hôtel de ville.
00:05:24Merci beaucoup, Elsa Mondin-Gava.
00:05:26Pratiquement toute la communauté française juive, les Français juifs, redoutaient un tel passage à l'acte.
00:05:33Geoffroy Didier, cet acte abject sur une enfant, parce qu'il s'agit d'une enfant,
00:05:38à Courbevoie, c'est dans votre circonscription.
00:05:42Je crois que vous avez évidemment été sur place parler au maire de la ville.
00:05:46Quelle est votre réaction ?
00:05:47Je reviens du square Henri Regnault, à Courbevoie, qui est effectivement dans ma circonscription.
00:05:51Il y a beaucoup d'émotions. Beaucoup d'émotions pour cette fillette,
00:05:56parce qu'à 12 ans, on est une fillette, pour ses proches, pour sa famille.
00:06:01Beaucoup de colère. Mais je ne veux pas me contenter de colère et d'émotions.
00:06:06Je crois qu'il faut aussi que nous affichions tous une détermination.
00:06:10Et je crois, par exemple, que dans la mesure où les auteurs présumaient,
00:06:14pour certains d'entre eux, ont 12 ans, nous devons absolument mettre fin à l'irresponsabilité pénale,
00:06:21qui est aujourd'hui quasi absolue, pour les mineurs de moins de 13 ans.
00:06:25L'excuse de minorité, c'est ça dont on parle ?
00:06:27Pourquoi ? Parce que lorsqu'on viole ou qu'on contribue à un viol et qu'on a 12 ans,
00:06:33au fond, on est déjà un adulte et on doit être considéré comme tel.
00:06:37Donc je crois qu'au-delà de l'émotion, au-delà du message et de la faillite éducative que tout cela démontre,
00:06:45au-delà de la nécessité de s'unir contre l'antisémitisme,
00:06:48il faut que nous agissions et que nous affichions une détermination absolue
00:06:54à ce que, désormais, la loi s'adapte aux pires évolutions de la société.
00:07:00Donc vous arrivez dès ce soir avec une proposition très concrète,
00:07:03on est dans une campagne législative, c'est vrai, mais comment on en est arrivé là ?
00:07:06Ce n'est pas une question de campagne, c'est une question d'action publique,
00:07:10de volonté d'agir pour, effectivement, qu'on ne se contente pas de dire comment on en est arrivé là.
00:07:15Le diagnostic, comment, les causes, qu'est-ce qui se passe dans le pays ?
00:07:1892% des Français juifs pensent que les insoumis ont fait monter l'antisémitisme.
00:07:23Non, je le crois, mais je crois que l'antisémitisme s'est banalisé,
00:07:28il s'est diffusé, lorsque je vois qu'effectivement des élus,
00:07:32mais au fond, je n'ai même pas envie de faire de la politique partisane là-dessus,
00:07:35mais je vous dis intimement ce que je ressens.
00:07:38Je ressens effectivement qu'il y a une responsabilité forte de certains élus d'extrême gauche
00:07:43qui ont voulu maquiller leur antisémitisme par l'antisionisme,
00:07:48qui ont voulu importer en France le conflit au Proche-Orient,
00:07:51qui se sont libérés après les événements du 7 octobre pour, au fond, assumer leur antisémitisme.
00:07:59Et moi, j'aimerais, par exemple, je vous le dis, qu'une femme comme Rima Hassan,
00:08:03qui, pour moi, ne peut pas incarner la France, soit déchue de son mandat de parlementaire européenne.
00:08:09– Vous demandez la déchéance de son élection d'il y a quelques semaines.
00:08:13– Il y a une enquête aujourd'hui, à son endroit, pour apologie du terrorisme,
00:08:17parce que cette femme a refusé de considérer le Hamas comme une organisation terroriste.
00:08:21De quel droit se permet-elle d'incarner la France aujourd'hui ?
00:08:26J'estime que tous les élus qui ont été condamnés pour antisémitisme
00:08:31doivent être déchus de leur mandat.
00:08:33– Alors, elle n'a pas été condamnée, il y a eu une enquête,
00:08:35et la première enquête a abouti à un non-lieu.
00:08:37– Si elle est condamnée, elle doit être déchue de son mandat de députée européenne.
00:08:40– Léa Ballage-El-Marie qui, Marine Tondelier, la patronne des écologistes,
00:08:44parle de plaie béante que, pour qualifier l'antisémitisme,
00:08:47elle dénonce évidemment cet acte horrible.
00:08:49Il y a cette phrase de Jean-Luc Mélenchon,
00:08:51qui est reprise par les messages notamment de plusieurs ministres
00:08:55et notamment d'Éric Dupond-Moretti,
00:08:57l'antisémitisme est résiduel en France.
00:09:00N'a-t-il pas autorisé, tout de même, indirectement,
00:09:04avec la brutalisation du débat, ce passage à l'acte ?
00:09:08Certaines phrases, comme celle-là,
00:09:10plus 1000% d'actes antisémites,
00:09:12avant même ce passage à l'acte, ne sont pas compréhensibles.
00:09:16– Je voudrais d'abord revenir sur ce qui s'est passé.
00:09:19C'est une enfant qui est victime, une enfant de 12 ans,
00:09:22dont la vie a basculé samedi.
00:09:25Je ne sais pas comment elle va pouvoir se réparer,
00:09:28je ne sais pas comment sa famille va pouvoir aussi se réparer
00:09:31d'un acte qui ajoute l'indicible à l'horreur.
00:09:34Voilà, je pense sincèrement à cet enfant,
00:09:38à toutes les victimes de violences sexistes, sexuelles.
00:09:41– C'est le plus important ce soir et vous avez raison de le rappeler.
00:09:44Mais vous savez que ça va relancer les critiques
00:09:46sur votre alliance électorale avec Jean-Luc Mélenchon,
00:09:48il n'y a qu'à voir les réactions dès ce soir.
00:09:50– Je voudrais d'abord reparler de ça,
00:09:52parce que je crois qu'on oublie que le corps des femmes
00:09:55n'est pas un objet, que le corps d'une jeune fille,
00:09:58d'une enfant n'est pas un objet,
00:10:00que ce soit pour d'autres garçons, pour d'autres hommes.
00:10:03En réalité, les politiques publiques, à cet égard, ont été défaillantes
00:10:06et qu'il y ait un temps d'éducation auprès des enfants
00:10:10sur la question de l'antisémitisme.
00:10:12– Les condamnations sont unanimes ce soir,
00:10:14sur tous les bancs de l'hémicycle, sur tous les chiquiers,
00:10:17on a vu la réaction de Jean-Luc Mélenchon.
00:10:19Cette petite phrase, antisémitisme, est-il résiduel ?
00:10:22– Je ne vais pas me dérober à cette question.
00:10:27Et je crois que nous devons aussi éduquer l'ensemble des garçons de France
00:10:33au respect du corps des femmes,
00:10:35au respect du corps de toutes les femmes, de manière générale.
00:10:40Sur l'antisémitisme, il n'est pas résiduel en France,
00:10:43il augmente, il augmente.
00:10:45Moi, je suis la maman d'un petit garçon
00:10:47qui porte le nom juif de son père.
00:10:49Et j'ai peur, parfois j'ai peur.
00:10:51J'ai eu peur au moment où nous avons installé
00:10:53la Mézousa dans notre appartement,
00:10:55parce que je me suis dit qu'effectivement,
00:10:57les actes antisémites augmentaient
00:10:59et que je ne voulais pas faire porter
00:11:02une crainte supplémentaire pour mon fils, pour mon mari.
00:11:05Et donc, bien sûr, je comprends ce sentiment d'insécurité.
00:11:08– Est-ce que vous comprenez les attaques contre Jean-Luc Mélenchon,
00:11:11qualifiées par, très clairement, le Président de la République,
00:11:13sans le nommer, il dit l'extrême gauche est antisémite en France.
00:11:16Est-ce que vous cautionnez ça, vous qui avez peur ?
00:11:18Je vous pose la question, tout simplement.
00:11:20– Je comprends cette crainte.
00:11:22Mais je sais aussi que le nouveau front populaire
00:11:25que nous constituons n'a jamais voté de loi antisémite,
00:11:29n'a jamais porté de proposition antisémite.
00:11:32Par contre, ce que je sais, c'est que le Rassemblement national
00:11:35l'a fait, le porte et continue à le porter
00:11:37dans ses rangs les plus obscurs et ceux qui sont cachés.
00:11:40Ce n'est pas ceux qui viennent sur les plateaux télé,
00:11:42mais c'est ceux qui continuent à porter l'idéologie
00:11:45qui fait finalement le terreau du Rassemblement national.
00:11:48C'est une idéologie antisémite.
00:11:50C'est une idéologie qui charrie l'ensemble des stigmates
00:11:55qui sont portés à l'égard de la communauté juive en France,
00:11:58qu'on parle de complots, etc.
00:12:00– Alexandre Nicolic, les Français juifs
00:12:03ne sont plus en sécurité dans notre pays.
00:12:06Comment vous réagissez ? Qu'est-ce que vous proposez ?
00:12:08– Déjà, évidemment, moi aussi, je suis très ému.
00:12:11Je trouve que ce qui est peut-être le plus grave,
00:12:15c'est que cette jeune fille, c'est pour ça qu'elle s'est fait agresser,
00:12:18elle devait cacher qu'elle était juive.
00:12:20Il y a de plus en plus de Français et de jeunes Français
00:12:22qui doivent cacher qu'ils sont juifs.
00:12:24Vous savez, j'étais dans un lycée populaire,
00:12:27la professeure avait voulu nous montrer le film La vie est belle,
00:12:30ça a duré cinq minutes.
00:12:32Une majorité de la classe a tout de suite dit,
00:12:35c'est un sale film, je vais répéter les termes,
00:12:37c'est un sale film de feuge, vous êtes du côté israélien,
00:12:40et le film avait été arrêté.
00:12:42Il y a un antisémitisme latent depuis des années qui a été importé.
00:12:46Parce que quand on fait venir des gens, des millions de personnes,
00:12:49je vais le dire, il y a une immigration en France
00:12:52qui a importé, je ne vous ai pas interrompu malgré votre diffamation,
00:12:55qui a importé aussi cette idéologie.
00:12:57Vous savez, il y a des gens qui viennent de pays
00:13:00où il est normalisé de lapider les femmes adultères,
00:13:03de tuer les homosexuels.
00:13:05Il est normalisé de ne pas respecter les autres religions,
00:13:08de condamner à mort l'apostasie.
00:13:10Là, vous parlez de l'islamisme ?
00:13:12Bien sûr, je parle de l'islamisme.
00:13:14C'est vrai que quand vous avez beaucoup de gens qui viennent sur notre sol
00:13:17et qui portent ces idéologies-là pour certains,
00:13:19certains s'en détachent, c'est très bien,
00:13:21mais quand vous importez massivement des gens...
00:13:24Pour vous, il y a un nouvel antisémitisme,
00:13:26mais il y a un ancien antisémitisme,
00:13:28mais vous le savez bien, monsieur Nicolik,
00:13:30la vestiture de deux de vos candidats à RN
00:13:32a été retirée dans le Morbihan et en Merthe-et-Moselle.
00:13:35Pour ces questions-là, il y a un député ici
00:13:37qui a une librairie, monsieur Boccality,
00:13:39qui est négationniste.
00:13:41Cet antisémitisme classique,
00:13:43même s'il est peut-être moins puissant,
00:13:45il existe, et parfois même dangereux.
00:13:47La différence...
00:13:49Si vous parlez d'un candidat,
00:13:51qui s'appelle Joseph Martin, que je ne connaissais pas,
00:13:53qui se défend d'ailleurs en disant
00:13:55qu'il avait dit, le jour de la mort de monsieur Faurisson,
00:13:57enfin, je ne sais pas monsieur,
00:13:59parce que c'est terrible ce qu'il osait remettre en cause
00:14:01ce qui s'était passé pendant la Seconde Guerre mondiale,
00:14:03il avait dit...
00:14:05Les Juifs ont... Il a été gazé,
00:14:07je ne sais pas quoi, il a fait...
00:14:09Même cette ambiguïté est inadmissible pour nous,
00:14:11et donc, tant qu'il y a une ambiguïté
00:14:13avec l'antisémitisme,
00:14:15nous, on les exclut systématiquement.
00:14:17Dès qu'il y a la moindre...
00:14:21chose qui pourrait être interprétée comme telle.
00:14:23Je vois dans les rangs de la gauche aujourd'hui,
00:14:25réellement,
00:14:27un clientélisme électoral qui surfe
00:14:29justement sur cet antisémitisme
00:14:31qui est véhiculé...
00:14:33Toute la gauche ou les Insoumis et particulièrement Jean-Luc Mélenchon,
00:14:35parce qu'on ne peut pas tout mettre dans le même panier non plus.
00:14:37Quand il y a une alliance, il faut porter...
00:14:39Je ne sais pas, madame,
00:14:41quand vous osez vous associer avec des gens
00:14:43comme Philippe Poutou qui relativisent
00:14:45ce qui s'est passé
00:14:47le 7 octobre... Le 7 octobre, c'est un pogrom
00:14:49où des civils ont été assassinés,
00:14:51où des femmes ont été violées, et quand c'est présenté
00:14:53comme un acte de résistance par certains,
00:14:55aujourd'hui candidats de la gauche,
00:14:57évidemment que ça peut...
00:14:59Déjà qu'il y a un antisémitisme latent,
00:15:01je le dis, aujourd'hui, dans des quartiers...
00:15:03Vraiment, il ne faut pas être hors-sol.
00:15:05Toutes les personnes qui ont connu
00:15:07les quartiers populaires savent très bien
00:15:09qu'il y a cet antisémitisme latent.
00:15:11Quand l'antisionisme, l'antisémitisme
00:15:13est presque validé par des responsables politiques
00:15:15en relativisant des actes criminels
00:15:17comme il y a pu y avoir le 7 octobre,
00:15:19eh bien ça valide
00:15:21des actes ensuite
00:15:23qui sont en augmentation
00:15:25considérables depuis le 7 octobre.
00:15:27Les actes antisémites ont explosé littéralement
00:15:29depuis le 7 octobre. Massacres terroristes,
00:15:31c'est écrit noir sur blanc.
00:15:33Dans le programme, un peu pinaillé
00:15:35pour dire que le Hamas
00:15:37est une organisation terroriste.
00:15:39Pas pour vous, mais manifestement
00:15:41encore pour certains, puisqu'on en est arrivé
00:15:43à une sorte de compromis, une sorte de concession.
00:15:45Massacres terroristes du 7 octobre,
00:15:47massacres terroristes du Hamas.
00:15:49C'est ce qu'il y a écrit dans
00:15:51le Nouveau Front populaire.
00:15:53Martin Garagnon, quand vous entendez
00:15:55quelqu'un comme Serge Klarsfeld...
00:15:57On est avant ce qui s'est passé
00:15:59à Courbevoie. Expliquez, lui qui a chassé
00:16:01toute sa vie que le RN a changé,
00:16:03qu'aujourd'hui, l'antisémitisme est du côté
00:16:05de Jean-Luc Mélenchon et qu'entre un parti
00:16:07antisémite et un parti pro-juif,
00:16:09sous-entendu le RN, il votera
00:16:11le RN. Qu'est-ce que ça dit,
00:16:13au fond, de ce qui se passe
00:16:15dans notre pays, un soir comme aujourd'hui
00:16:17où nous découvrons ce viol antisémite ?
00:16:19C'est une analyse que je ne partage pas,
00:16:21mais que je peux comprendre dans la mesure
00:16:23où il fait le constat que l'antisémitisme
00:16:25a longtemps été un marqueur de l'extrême droite
00:16:27et qu'il est désormais, depuis quelques temps,
00:16:29un marqueur assumé de l'extrême gauche.
00:16:31On a vu qui était là
00:16:33à la manifestation contre l'antisémitisme.
00:16:35La FI n'y était pas.
00:16:37Les forces de gauche étaient sous-représentées
00:16:39et, en l'occurrence, moi j'y étais,
00:16:41elle n'était pas très bien accueillie. Pourquoi ?
00:16:43Pour les raisons que vous venez d'évoquer.
00:16:45C'est-à-dire qu'il faudra aussi demander à M. Mélenchon
00:16:47si ce viol est un viol résiduel.
00:16:49Moi, je fais un lien direct entre l'attitude
00:16:51de M. Mélenchon depuis des mois et des mois
00:16:53et des mois, qui joue sur la ligne rouge
00:16:55depuis des mois, parce que c'est quelqu'un
00:16:57de très cultivé,
00:16:59de très intelligent, donc il sait manier les mots.
00:17:01Et il instaure le climat
00:17:03que l'on vit en France. On voit bien, statistiquement,
00:17:05les augmentations massives d'actes antisémites,
00:17:07la dangerosité de vivre
00:17:09dans certains quartiers, dans certaines villes.
00:17:11Il porte une responsabilité très grave
00:17:13dans le climat que l'on traverse à l'heure actuelle.
00:17:15On l'a vu à l'Assemblée, on le voit désormais
00:17:17partout dans nos villes. Les Juifs français
00:17:19ne se sentent pas en sécurité.
00:17:21La responsabilité en incombe fortement à des attitudes
00:17:23qui sont absolument inacceptables, inqualifiables,
00:17:25que vous dénonciez, d'ailleurs, il y a encore quelques jours
00:17:27lors des campagnes européennes, et qui finalement,
00:17:29visiblement, ne sont pas assez...
00:17:31ont pu être balayées d'un coup
00:17:33pour trouver un accord électoral en 48 heures.
00:17:35Moi, je ne comprends pas
00:17:37l'attitude d'une certaine gauche qui se
00:17:39rabiboche avec Mélenchon sur des sujets sur lesquels
00:17:41il n'y a pas de compromis possible.
00:17:43On voulait absolument en parler ce soir. La condamnation, elle,
00:17:45est unanime dans la classe politique. Elle est aussi
00:17:47sur ce plateau. Peut-être
00:17:49une petite réaction, David Jaïz.
00:17:51C'est l'antisémitisme qui s'invite aussi
00:17:53dans cette campagne législative, qu'on le veuille ou non.
00:17:55Vous pensez qu'au-delà
00:17:57de l'émotion, de l'effroi,
00:17:59il y aura des effets sur les résultats ?
00:18:01Moi, ça me remplit de tristesse.
00:18:03Je pense aussi à cet enfant,
00:18:05au calvaire qu'elle a vécu,
00:18:07à sa famille, cette descente aux enfers.
00:18:09Je suis vraiment triste.
00:18:11Je suis triste parce que je sais
00:18:13que l'antisémitisme explose,
00:18:15qu'il n'est pas résiduel.
00:18:17Je suis triste parce que j'ai des amis juifs
00:18:19qui vivent en Seine-Saint-Denis,
00:18:21qui, comme vous, n'osent pas afficher
00:18:23leur mezzouza parce que leur porte
00:18:25a été taguée, parce qu'il y a eu
00:18:27un début d'incendie, parce que les pneus sont crevés,
00:18:29parce qu'il y a des injures dans la rue.
00:18:31Et je trouve que quiconque
00:18:33joue
00:18:35avec la ligne rouge
00:18:37réveille des mauvaises passions
00:18:39en important des conflits.
00:18:41Évidemment que ce qui se passe en Israël
00:18:43et en Palestine est tragique.
00:18:45Évidemment qu'il faut être sensible à ce qui s'est passé
00:18:47le 7 octobre et à ce qui se passe
00:18:49à Gaza et à ce que l'armée israélienne fait à Gaza.
00:18:51Mais pourquoi
00:18:53importer à ce point-là,
00:18:55pourquoi faire une campagne des Européennes
00:18:57entièrement sur ce sujet ?
00:18:59Ça introduit tellement de confusion.
00:19:01Entièrement sur Gaza.
00:19:03Et ce qu'on voit avec cet horrible crime
00:19:05qui a été commis,
00:19:07c'est cette décérébration aussi,
00:19:09où on a des gamins qui sont éduqués...
00:19:11Le milieu scolaire et la jeunesse.
00:19:13Ils sont dans un antisémitisme
00:19:15diffus, qui sont dans un virilisme,
00:19:17qui sont dans une violence,
00:19:19qui sont dans une prédation.
00:19:21Moi, je suis extrêmement inquiet et je pense que là,
00:19:23il faut que tous les Républicains se ressaisissent
00:19:25et tracent des lignes rouges qu'il est vraiment
00:19:27impossible de franchir.
00:19:29Alors on va s'arrêter là, parce qu'on voudrait aussi
00:19:31parler du reste de la campagne.
00:19:33On a entendu vos réactions, vos condamnations,
00:19:35vos propositions, également.
00:19:37On va évidemment attendre d'avoir
00:19:39tous les éléments de l'enquête.
00:19:41On passe à la campagne et ce président qui n'en finit pas
00:19:43d'expliquer sa dissolution face à la colère,
00:19:45qui est en son camp. Emmanuel Macron est revenu
00:19:47hier sur les coulisses de sa décision
00:19:49depuis l'Île-de-Sein.
00:19:51Je n'ai pas fait ça à la légère,
00:19:53a-t-il dit à huis clos devant un petit groupe de journalistes.
00:19:55C'était même la décision la plus difficile
00:19:57que j'ai eue à prendre.
00:19:59Le président qui a aussi lâché ses coups
00:20:01contre la gauche en reprenant la sémantique
00:20:03du RN. On voit cela dans le récap
00:20:05de Valérie Brochard, qu'on accueille tout de suite.
00:20:15Allez, sans transition, comme on dit
00:20:17sur les plateaux de télévision.
00:20:19Bonsoir Valérie.
00:20:21Bonsoir Myriam.
00:20:23C'est un coup de tonnerre, c'est un coup de barre plutôt,
00:20:25à droite, dans cette campagne pour le chef de l'Etat.
00:20:27Et oui, Myriam, et pour s'engager dans le virage,
00:20:29le chef de l'Etat a d'abord utilisé
00:20:31la référence absolue de la droite
00:20:33hier sur l'Île-de-Sein.
00:20:35Quelle a été la conviction du général De Gaulle
00:20:37en 1940 ?
00:20:39Vous faites référence à cette mémoire.
00:20:41Une confiance dans les Françaises et les Français.
00:20:43Et les Français ne veulent pas la chianer, moi non plus.
00:20:45Et au Parlement, ce qui n'allait pas,
00:20:47ça aurait été la chianer. Je vous le dis,
00:20:49on a mes consciences, c'est pour ça que j'ai fait ça.
00:20:51Vous le savez, Myriam, le général De Gaulle,
00:20:53c'est le totem de la droite.
00:20:55Et quand une personnalité politique
00:20:57qui ne vient pas de la droite traditionnelle
00:20:59s'en sert, ça énerve vraiment
00:21:01Xavier Bertrand, le président
00:21:03Les Républicains des Hauts-de-France. Écoutez.
00:21:05Et on est toujours avec
00:21:07une colère, allez, une rage
00:21:09de beaucoup de Français à l'égard du
00:21:11président de la République et à l'égard
00:21:13clairement de sa politique.
00:21:15Il y a les deux. Celui qui a
00:21:17donné la fièvre, c'est pas celui
00:21:19qui va la faire tomber en trois semaines.
00:21:21Et s'il est aussi
00:21:23excédé, Xavier Bertrand, c'est parce qu'il voit
00:21:25se dessiner la stratégie d'Emmanuel
00:21:27Macron pour se frayer un
00:21:29chemin entre le
00:21:31Rassemblement National et le nouveau
00:21:33Front Populaire. Eh bien, le président
00:21:35de la République s'engage sur
00:21:37la route de l'extrême droite tout en essayant de
00:21:39taper sur la gauche.
00:21:41Et pour mettre en œuvre sa tactique,
00:21:43eh bien, rien de mieux que le thème de l'immigration.
00:21:45Regardez. Concernant
00:21:47le projet du nouveau Front Populaire,
00:21:49Emmanuel Macron dénonce un programme, je cite,
00:21:51totalement immigrationniste.
00:21:53Et pour le service après-vente, eh bien,
00:21:55c'est Christophe Béchut qui s'en charge. Écoutez.
00:21:57La seule mesure proposée
00:21:59par les amis
00:22:01de M. Mélenchon, c'est en substance
00:22:03de dire qu'on va revenir sur la loi Asie,
00:22:05l'immigration, et qu'on va créer un statut
00:22:07de réfugié climatique. C'est le meilleur
00:22:09moyen de préparer les futures
00:22:11victoires électorales du RN en continuant
00:22:13à donner le sentiment qu'il n'y a qu'un
00:22:15parti qui accepterait ou
00:22:17qui déciderait de faire en sorte de regarder
00:22:19ce problème en face.
00:22:20Voilà. La démonstration est faite. Vous venez de l'entendre.
00:22:22C'est une manœuvre qui est double, taper sur la gauche
00:22:24et se rapprocher de l'extrême droite.
00:22:26Une méthode que fustige le député sortant
00:22:28de la France Insoumise, Rodrigo Arenas.
00:22:30Je pense qu'Emmanuel Macron
00:22:32a cédé à l'éuthanisation des esprits.
00:22:34C'est un langage que je n'aurais jamais attendu.
00:22:36Moi, j'ai 50 ans, j'ai connu le père Le Pen,
00:22:38maintenant la fille, et c'est hallucinant
00:22:40de tenir des propos pareils.
00:22:41J'ai un autre exemple, Myriam,
00:22:43pour illustrer le calcul du président
00:22:45qui tâcle une autre proposition
00:22:47du nouveau Front Populaire.
00:22:49Il y a des choses complètement ubuesques,
00:22:51comme par exemple l'échange de sexe en mairie.
00:22:55Cette fois, c'est Fabien Roussel qui lui répond
00:22:57et qui résume toute sa stratégie.
00:22:59Le président de la République
00:23:01perd ses nerfs
00:23:03en attaquant le programme du Front Populaire
00:23:05là-dessus. S'il a trouvé que ça,
00:23:07ça montre que je le sens
00:23:09un peu fébrile.
00:23:11C'est d'ailleurs un argument utilisé
00:23:13par l'extrême droite, celui-là.
00:23:15Le président de la République et le garant des institutions
00:23:17feraient mieux aujourd'hui de jouer
00:23:19l'apaisement et de permettre un débat serein,
00:23:21projet contre projet, parce que c'est ce qu'attendent
00:23:23les Français.
00:23:24Alors, est-ce que s'approprier les thèmes
00:23:26et le vocabulaire de l'extrême droite
00:23:28peut faire grossir les rangs du Bloc central
00:23:30et le placer en deuxième place
00:23:32sur les marches du podium ?
00:23:34Je vous laisse en débattre avec vos invités, Myriam.
00:23:36Merci beaucoup, Valérie.
00:23:38Alors, qu'est-ce qui se passe
00:23:40pour le président de la République ?
00:23:42D'abord, on pensait qu'il serait en retrait.
00:23:44En tout cas, même sa garde
00:23:46rapprochée lui demandait, il n'est même plus sur les affiches,
00:23:48il est effacé. Qu'est-ce qui lui
00:23:50prend de parler comme le RN ?
00:23:52Immigrationniste, le projet de la gauche ?
00:23:54C'est un néologisme.
00:23:56Ça n'existe même pas dans le dictionnaire.
00:23:58Il n'y a que Marine Le Pen et son parti qui utilisent le terme.
00:24:00Alors, tout d'abord, c'est une campagne
00:24:02législative, ce n'est pas une présidentielle.
00:24:04Donc, il est normal que le président
00:24:06assume ses fonctions qui sont définies
00:24:08et ne soit pas...
00:24:10Il fait campagne !
00:24:12Vous vous plaisantez !
00:24:14Hier, on était sur les commémorations d'appel du 18 juin à l'Île-de-Sein.
00:24:16Avec des Français quand il parle du programme !
00:24:18Il est en contact avec les Français,
00:24:20donc on l'interroge, il répond.
00:24:22Sur l'usage du terme immigrationniste,
00:24:24moi, demain, ce n'est pas parce que Marine Le Pen
00:24:26va m'expliquer qu'il faut qu'on s'arrête aux feux rouges,
00:24:28que je vais dire le contraire, parce que c'est Marine Le Pen qui le dit.
00:24:30Clément Beaune lui-même,
00:24:32c'était en plein débat ici à l'Assemblée nationale sur l'immigration,
00:24:34on se souvient, c'était très compliqué,
00:24:36un peu chaotique même, disait
00:24:38je n'emploie jamais ce mot, parce qu'il est
00:24:40connoté complotiste,
00:24:42la vague, la submersion
00:24:44migratoire, vous pourriez en parler de ça, la submersion ?
00:24:46Je veux bien qu'on reste
00:24:48dans une certaine forme de confort intellectuel
00:24:50sur certains sujets.
00:24:52Les mots renvoient à des imaginaires, quand même.
00:24:54Je vais aller au bout de mon propos.
00:24:56Mais en politique, il n'y a pas de gros mots.
00:24:58L'immigration, l'insécurité, le travail, ce ne sont pas des gros mots.
00:25:00C'est parce qu'on a trop longtemps considéré
00:25:02que c'était des gros mots qu'on a laissé
00:25:04ces sujets-là à d'autres qui
00:25:06soulèvent des problèmes sans apporter de solutions.
00:25:08Ça veut dire quoi ?
00:25:10Que vous l'avez inventé ?
00:25:12ORN, immigrationniste, qu'est-ce que ça veut dire précisément ?
00:25:14Parce qu'on sent que ça active
00:25:16certaines peurs.
00:25:18Mais il y a une définition ?
00:25:20Ça veut dire des politiques qui entraînent
00:25:22plus d'immigration,
00:25:24qui attirent
00:25:26des immigrés, une politique
00:25:28qui fait que
00:25:30ce qui est proposé aux immigrés
00:25:32donne envie de venir plus en France
00:25:34que dans d'autres pays et que dans le même temps,
00:25:36on n'expulse pas ceux qui sont sur
00:25:38notre sol et qui n'ont pas à y être,
00:25:40qui sont clandestins.
00:25:42Vous êtes d'accord avec le président sur le programme
00:25:44de la gauche, immigrationniste ?
00:25:46Vous savez qu'il y a aujourd'hui
00:25:48beaucoup plus d'immigrés en France que pendant la période
00:25:50où on était dirigé par le Parti Socialiste et François Hollande,
00:25:52entre 2012 et 2017.
00:25:54500 000 personnes sont arrivées
00:25:56sur notre territoire l'année dernière en prenant en compte
00:25:58les personnes qui sont arrivées
00:26:00en situation régulière et irrégulière.
00:26:02C'est un record. Dans notre pays, 2 millions de personnes
00:26:04depuis 2017,
00:26:06depuis qu'Emmanuel Macron a été élu.
00:26:08C'est beaucoup plus que ce que faisait François Hollande.
00:26:10Emmanuel Macron a une posture
00:26:12en dénonçant cette immigration
00:26:14et que la gauche...
00:26:16Pour vous, c'est une forme de quoi ?
00:26:18De victoire idéologique ?
00:26:20Non, parce que nous, on préférerait...
00:26:22Vous savez, juste 30 secondes,
00:26:24ce n'est pas un sujet qui est anodin.
00:26:26On ne s'est pas levé un matin, de manière électorale,
00:26:28en disant qu'on est contre l'immigration.
00:26:30L'immigration, ça a des conséquences.
00:26:32En termes de sécurité publique,
00:26:34ça pèse sur la police et la justice.
00:26:36Quand vous avez à Paris, Marseillaisistes
00:26:38et les chiffres officiels, 50 % de la délinquance
00:26:40qui sont le fait d'étrangers, ça rajoute
00:26:42une délinquance qui pèse sur les Français.
00:26:44C'est un débat. Allez-y,
00:26:46mais terminez, parce que c'est un débat aussi ce soir.
00:26:48Je poursuis.
00:26:50L'immigration, ça a des conséquences
00:26:52en matière sociale.
00:26:54Notre modèle social ne peut pas servir au monde entier.
00:26:56Il est soutenu par les personnes qui sont étrangères.
00:26:58Non, madame, l'immigration,
00:27:00aujourd'hui, coûte 54 milliards.
00:27:02C'est sans doute le thème sur lequel vous êtes
00:27:04le plus au libre au RN.
00:27:06Je pense que nos téléspectateurs connaissent bien vos arguments.
00:27:08On entendait
00:27:10le ministre
00:27:12de la Transition écologique,
00:27:14Christophe Béchut, qui disait
00:27:16des voies légales d'immigration,
00:27:18sur le sujet climatique.
00:27:20Est-ce que vous êtes en décalage par rapport aux attentes
00:27:22des Français sur ce thème précis ?
00:27:24Je voudrais revenir sur quelques éléments.
00:27:26Tout d'abord, on ne peut pas être pour ou contre l'immigration.
00:27:28C'est un mouvement de population
00:27:30qui bouge. C'est aussi débile,
00:27:32pardon, que d'être pour ou contre la pluie.
00:27:34L'immigration existe.
00:27:36Il n'y a pas d'immigration au Japon ?
00:27:38Je vais terminer mon propos.
00:27:40Elle augmente partout.
00:27:42C'est le fait d'augmentation
00:27:44des conflits, des risques climatiques
00:27:46qui sont accrus, et nous allons avoir
00:27:48des millions de personnes déplacées.
00:27:50La plupart du temps, la grande partie,
00:27:52la grande majorité des personnes se déplacent
00:27:54dans des pays à côté,
00:27:56et non pas en Europe.
00:27:58Ensuite, vous parlez du fait qu'il y aurait
00:28:00des politiques qui soient
00:28:02plus attrayantes ou pas. En réalité, c'est faux.
00:28:04Toutes les études scientifiques
00:28:06nous montrent qu'il n'y a pas de facteurs
00:28:08plus attractifs ou moins attractifs
00:28:10pour l'immigration.
00:28:12Je vais vous donner un exemple.
00:28:14Par rapport à notre capacité d'accueil,
00:28:16la France a accueilli
00:28:18quatre fois moins de personnes
00:28:20qui venaient d'Ukraine que ce que nous pouvions
00:28:22accueillir. Pourquoi ? Parce que
00:28:24la France n'était pas un pays
00:28:26dans lequel les Ukrainiens...
00:28:28Il y a beaucoup d'Ukrainiens en Pologne.
00:28:30Ou en Espagne, par exemple.
00:28:32Je vais revenir sur les propositions
00:28:34du nouveau Front populaire.
00:28:36Nous avons besoin
00:28:38des personnes qui viennent
00:28:40en France travailler.
00:28:42Nous avons besoin d'étudiantes et d'étudiants.
00:28:44Nous avons besoin d'eux pour faire tenir nos services publics.
00:28:46Mais aussi pour innover.
00:28:48Donc, intégration par le travail.
00:28:50C'était l'ambition du texte initial
00:28:52sur l'immigration de ce gouvernement.
00:28:54On parle d'immigration climatique,
00:28:56d'immigration économique. Vous êtes en train de tout mélanger
00:28:58pour essayer de continuer
00:29:00un programme qui est sans que ni tête.
00:29:02Pour entreprendre, pour vivre leur vie de famille.
00:29:04Il s'agit de femmes et d'hommes
00:29:06qui innovent parce qu'ils se déplacent
00:29:08et qu'ils viennent en France.
00:29:10On termine.
00:29:1215% des créateurs d'entreprises
00:29:14sont des personnes étrangères.
00:29:16Nous avons des médecins
00:29:18qui, en France, nous permettent
00:29:20de faire tenir les services publics.
00:29:22Je sors de l'hôpital Bichat
00:29:24dans le 18e arrondissement.
00:29:26Pourquoi les Français ne sont pas dignes
00:29:28de faire tenir les services publics ?
00:29:30Nous avons toutes et tous la place
00:29:32de faire tenir les services publics.
00:29:34Les Français, comme les personnes étrangères,
00:29:36ont le droit de faire tenir les services publics.
00:29:38Les personnes étrangères ont le droit d'innover.
00:29:40Les personnes françaises, comme les personnes étrangères,
00:29:42ont le droit d'aller à l'école, d'éduquer leurs enfants.
00:29:44C'est une richesse, que vous le vouliez ou non.
00:29:46Personne n'a dit que les personnes d'origine étrangère
00:29:48ou étrangère n'ont pas le droit d'aller à l'école.
00:29:50Mais qu'est-ce que vous...
00:29:52C'est un sujet sérieux.
00:29:54Je n'ai pas encore parlé.
00:29:56Geoffroy Didier va vous répondre.
00:29:58Comme on avait un débat avec deux thèmes,
00:30:00le temps nous est compté.
00:30:02Nous avons un Français sur quatre,
00:30:04à au moins un grand-parent né étranger.
00:30:06Nous sommes tous issus de cette richesse.
00:30:08Nous sommes tous issus de cette diversité.
00:30:10D'ailleurs, autour de cette table,
00:30:12je suis sûr, monsieur Nicolique,
00:30:14monsieur Diaïz, moi-même...
00:30:16Il y a une certitude,
00:30:18il y a de plus en plus d'étrangers dans le monde.
00:30:20Geoffroy Didier vous répond.
00:30:22Je ne serai pas devant vous.
00:30:24C'est peut-être dommage pour vous.
00:30:26C'est l'histoire de millions de Français.
00:30:28Je respecte votre histoire personnelle.
00:30:30C'est aussi la mienne, celle de millions de Français.
00:30:32Mais si je vous comprends bien,
00:30:34vous êtes pour plus d'immigration
00:30:36et vous êtes pour régulariser tous les clandestins.
00:30:38Je suis pour la régularisation de toutes les personnes
00:30:40qui sont sur notre sol français.
00:30:42Je suis pour la régularisation de toutes les personnes
00:30:44et je suis pour plus d'inclusion.
00:30:46Je ne suis pas pour plus ou moins d'inclusion.
00:30:48Ce sont des mots valides.
00:30:50Vous êtes favorable...
00:30:52C'est important pour ceux qui nous regardent
00:30:54de clarifier le débat.
00:30:56Favorable à la régularisation des clandestins,
00:30:58j'y suis fermement opposé.
00:31:00Mais j'entendais Emmanuel Macron,
00:31:02je l'entendais parler de Chiantli.
00:31:04C'est des esclaves.
00:31:06Attendez, c'est intéressant.
00:31:08Pompidou, ça m'intéresse.
00:31:10Je vous fais cette dure deux secondes.
00:31:12Pompidou, 1968, juste pour l'archive.
00:31:14Et vous, revenez juste après.
00:31:16Si je puis vous résumer l'opinion
00:31:18du président de la République,
00:31:20c'est la réforme oui, la Chiantli non.
00:31:22Voilà, Georges Pompidou qui résume
00:31:24à la sortie du Conseil des ministres
00:31:26l'état d'esprit du général de Gaulle.
00:31:28Il vous parle à vos électeurs, là, très clairement.
00:31:30Charles de Gaulle et Georges Pompidou,
00:31:32c'était autre chose qu'Emmanuel Macron.
00:31:34Parce que, vraiment,
00:31:36Emmanuel Macron, aujourd'hui,
00:31:38est le premier responsable
00:31:40de ce qu'il dénonce, c'est-à-dire cette Chiantli.
00:31:42Il est le premier responsable
00:31:44parce qu'il nous mène dans le mur.
00:31:46Parce que, par sa dissolution tactique,
00:31:48décidée en catimini,
00:31:50tout seul, précipité,
00:31:52pour qu'aucune formation politique
00:31:54n'ait le soin de s'organiser,
00:31:56c'est malsain.
00:31:58Il nous mène dans le mur...
00:32:00Après, terminé.
00:32:02Il nous mène dans le mur, depuis 7 ans,
00:32:04le mur de la dette, certes,
00:32:06avec 1 000 milliards d'euros,
00:32:08somme vertigineuse de plus,
00:32:10de dette en 7 ans.
00:32:12Mur de la sécurité,
00:32:141 000 agressions par jour sur notre territoire.
00:32:16Et puis le mur de l'immigration, effectivement,
00:32:18où 90 % des immigrés clandestins,
00:32:20c'est-à-dire ceux qui viennent en France
00:32:22sans respecter nos lois,
00:32:24ne sont jamais reconduits dans leur pays d'origine.
00:32:26Ca veut dire quoi ?
00:32:28Ca veut dire qu'avec Emmanuel Macron,
00:32:30qu'on respecte les règles ou qu'on ne les respecte pas,
00:32:32ça revient au même.
00:32:34Mais vous savez l'utilité, surtout,
00:32:36d'élire le plus grand nombre de députés,
00:32:38les Républicains, à l'Assemblée nationale ?
00:32:40C'est que, nous, justement,
00:32:42les Républicains,
00:32:44Eric Ciotti a quitté les Républicains
00:32:46pour rejoindre et se soumettre
00:32:48au Rassemblement national.
00:32:50L'intérêt d'élire le plus grand nombre
00:32:52des Républicains,
00:32:54c'est que nous serons le centre
00:32:56de gravité de la droite
00:32:58et nous serons les arbitres du jeu politique.
00:33:00Lorsqu'il a fallu, justement,
00:33:02créer un rapport de force
00:33:04avec Emmanuel Macron pour imposer
00:33:06un projet de loi immigration et faire reprendre
00:33:08par le gouvernement un certain nombre de nos propositions,
00:33:10c'était grâce à lui.
00:33:12Vous parlez du débat immigration.
00:33:14Cette commission mixte paritaire arrachée.
00:33:16Mais c'est important qu'on termine là-dessus
00:33:18parce qu'on est à l'Assemblée nationale.
00:33:20Il y a eu un compromis entre vos deux familles politiques,
00:33:22certes,
00:33:24mais à l'arrivée, il a été retoqué
00:33:26par le Conseil constitutionnel et on voit bien
00:33:28à quel point ce débat a laissé des traces, des fractures
00:33:30dans votre famille politique.
00:33:32Est-ce qu'il n'est pas là l'échec initial qui fait
00:33:34qu'aujourd'hui, une majorité de Français
00:33:36ne passent d'avoir été capables
00:33:38de faire un vrai texte sur l'immigration
00:33:40dans cet hémicycle de manière apaisée ?
00:33:42Ce que le Conseil constitutionnel a retoqué,
00:33:44ce sont d'ailleurs les mesures RN et LR.
00:33:46Ce sont celles-ci qui ont été
00:33:48retoquées.
00:33:50Vous avez voté comme un seul homme à l'Assemblée nationale.
00:33:52On ne refait pas tout le débat,
00:33:54il s'achève, vous l'avez senti.
00:33:56Une priorité en termes de droits sociaux
00:33:58pour les Français ou les étrangers qui ont travaillé pendant ça.
00:34:00Sur le principe, le Conseil constitutionnel n'est pas
00:34:02la cour d'appel du législateur.
00:34:04Donc je suis contre que l'on soumette des textes
00:34:06au Conseil constitutionnel que l'on sait
00:34:08a priori anti-con...
00:34:10Ça peut passer évidemment par un référendum.
00:34:12Et je rappelle, et on termine
00:34:14à ce stade,
00:34:16on y reviendra, projet contre projet,
00:34:18il nous reste dix jours dans cette campagne
00:34:20sur ce que vous proposez, mais à ce stade,
00:34:22et je tiens à le dire parce que c'est aussi une information
00:34:24pour aller voter, même avec une majorité absolue,
00:34:26il faut trois cinquièmes du Parlement
00:34:28pour changer la constitution
00:34:30ou un référendum, et c'est Emmanuel Macron
00:34:32qui n'en veut pas, donc effectivement,
00:34:34quoi qu'il arrive, quel que soit le scénario,
00:34:36vous n'aurez pas le grand soir immigrationniste
00:34:38pour reprendre votre terme attendu
00:34:40puisque pour l'instant, une majorité
00:34:42s'y opposera, enfin,
00:34:44à priori.
00:34:46Il y a des sujets qui sont tout à fait...
00:34:48Certaines de nos mesures
00:34:50qui passeront tout à fait...
00:34:52Qui sont tout à fait constitutionnelles.
00:34:54Sans les fourches codines du constitutionnel.
00:34:56Lesquelles précisément, pour qu'on ait une idée,
00:34:58vraiment, avant de se quitter, en quelques secondes,
00:35:00quelles sont les mesures en matière d'immigration
00:35:02que vous voulez faire passer qui seraient constitutionnelles
00:35:04si vous, demain, vous avez la majorité absolue ?
00:35:06Vous me parlez là en matière d'immigration ?
00:35:08Non, mais en matière d'immigration, c'est notre sujet.
00:35:10Nous, on veut mettre fin à l'aide médicale à l'État.
00:35:12Parce que beaucoup a été retoqué.
00:35:14C'est la question de la possibilité
00:35:16de vos programmes
00:35:18par rapport à ceux qui vous aident.
00:35:20Alors, on n'aura pas la réponse.
00:35:22Précisément.
00:35:24Regroupement familial. Et vous ?
00:35:26Ça, c'est constitutionnel ?
00:35:28Oui.
00:35:30C'est retoqué pour des questions de procédures.
00:35:32Pour des questions de procédures.
00:35:34D'accord. Donc, on peut faire quelque chose
00:35:36tout en restant dans l'État de droit.
00:35:38Oui ou non. C'est dit. Allez.
00:35:40Bonne campagne à vous. On s'arrête là.
00:35:42Merci.
00:35:44On va parler, à présent,
00:35:46de ce vote RN.
00:35:48Comment expliquer une vague aussi haute ?
00:35:50Vous, vous avez beaucoup travaillé
00:35:52sur la question de la cohésion des territoires,
00:35:54sur l'enclavement des campagnes.
00:35:56Dans votre dernier livre,
00:35:58vous avez alerté sur ces mesures écologiques,
00:36:00souvent vécues comme punitives,
00:36:02et décidées d'en haut,
00:36:04sans concertation.
00:36:06Est-il trop tard pour changer de méthode ?
00:36:08L'invitation de Marion Becker.
00:36:10Juste après.
00:36:14Si on vous invite,
00:36:16David Jaïz, c'est pour
00:36:18comprendre comment le Rassemblement
00:36:20national a réussi à s'implanter dans
00:36:22les territoires ruraux.
00:36:24Comment des terres, parfois historiquement
00:36:26ancrées à gauche, ont basculé,
00:36:28à l'image de Nevers, le fier socialiste
00:36:30de François Mitterrand,
00:36:32qui a basculé à l'extrême droite lors des Européennes.
00:36:34Nous sommes dans la désertification.
00:36:36Alors, il n'y a plus d'emplois,
00:36:38il n'y a plus de médecins.
00:36:40Il y a tout un tas de trucs comme ça.
00:36:42Les usines ferment.
00:36:44C'est le désert médical.
00:36:46Nous sommes en ruralité.
00:36:50La vie des gens est très dure.
00:36:52La vie des gens est dure à la campagne.
00:36:54Ici, comme dans de nombreuses petites villes de province,
00:36:56le RN a prospéré
00:36:58sur le sentiment d'abandon,
00:37:00la détérioration des services publics
00:37:02et la vie chère.
00:37:04Tout en manque.
00:37:06Les gens sont pauvres.
00:37:08Dans une ville comme ça,
00:37:10qu'est-ce qu'ils veulent faire ?
00:37:12Ils ne peuvent même pas venir au café.
00:37:14Avant, c'était plein ici.
00:37:16Là-bas, c'était plein.
00:37:18Aujourd'hui, il n'y a personne.
00:37:20Ces préoccupations, David Jaïz,
00:37:22vous les avez entendues et théorisées
00:37:24depuis plusieurs années déjà.
00:37:26En 2022, alors en charge du Conseil national
00:37:28de la Refondation,
00:37:30vous espériez conduire une révolution
00:37:32copernicienne du service public
00:37:34à partir du premier kilomètre
00:37:36et de l'usager.
00:37:38Refaire vivre la démocratie
00:37:40et les services publics à hauteur d'homme,
00:37:42ce sont vos mots.
00:37:44Mais déçus par le manque d'ambition
00:37:46du gouvernement, vous avez quitté
00:37:48le poste.
00:37:50A 34 ans, David Jaïz,
00:37:52vous avez déjà un CV, 5 étoiles.
00:37:54Major de Normale sup,
00:37:56énarque, inspecteur des finances,
00:37:58enseignant à Sciences Po,
00:38:00ancien conseiller du président de la République,
00:38:02homme d'influence,
00:38:04vous conseillez désormais les élus locaux.
00:38:06Alors on a une question pour vous,
00:38:08David Jaïz.
00:38:10Depuis plus de 30 ans,
00:38:12la France des invisibles, qui se sent abandonnée,
00:38:14alerte dans les urnes.
00:38:16Alors, les hommes politiques
00:38:18sont-ils à ce point
00:38:20déconnectés ?
00:38:22Réponse ?
00:38:24Déconnectés, je ne le crois pas.
00:38:26Les hommes politiques ou les femmes politiques
00:38:28qui sont des maires, des élus locaux,
00:38:30sont-ils vraiment à portée d'engueulades ?
00:38:32Ils se promènent dans leur ville,
00:38:34ils vont sur les marchés, à la rencontre des travailleurs.
00:38:36Mais quand même, ces problèmes-là,
00:38:38ça fait combien d'années ?
00:38:40Mais c'est un problème d'action.
00:38:42C'est un problème d'action.
00:38:44L'enclavement, les petites lignes de train,
00:38:46ça commence tout simplement par l'hôpital,
00:38:48puis c'est le commissariat, puis le bureau de poste,
00:38:50du coup, il n'y a plus de commerce,
00:38:52il y a moins de café, les coeurs de vide disparaissent,
00:38:54l'effet domino, on le connaît,
00:38:56et on a l'impression qu'au fond,
00:38:58c'est toujours un peu trop tard pour réparer.
00:39:00C'est exactement comme le réchauffement climatique.
00:39:02Vous allez voir pourquoi je dis ça.
00:39:04On a mis 50 ans depuis les premières alertes
00:39:06avant de se rendre compte qu'il y avait vraiment
00:39:08un grave problème de réchauffement climatique,
00:39:10et 50 ans après, on ne sait pas encore
00:39:12exactement comment régler le problème,
00:39:14par quoi agir, avec qui, quelle priorité.
00:39:16Pour les services publics
00:39:18et pour ces politiques de proximité,
00:39:20c'est exactement la même chose.
00:39:22Pendant 30 ou 40 ans, on a favorisé la mondialisation,
00:39:24les grandes métropoles,
00:39:26l'ouverture économique à tout prix,
00:39:28sans se rendre compte que ça pouvait avoir
00:39:30des conséquences absolument dévastatrices
00:39:32sur ces communautés,
00:39:34en particulier dans la ruralité,
00:39:36dans les petites villes.
00:39:38On a pris conscience, je dirais, il y a une dizaine d'années,
00:39:40de la gravité du problème.
00:39:42Mais entre le moment où on prend conscience
00:39:44et le moment où ça produit des résultats,
00:39:46il peut se passer beaucoup de temps,
00:39:48surtout que les politiques qui sont mises en place
00:39:50ne sont pas aléatoires.
00:39:52Je crois qu'il y a trois problèmes majeurs.
00:39:54Le premier problème, c'est le sentiment du mépris
00:39:56qui se diffuse partout dans la société.
00:39:58On a l'impression d'être méprisé par des élites
00:40:00qui ne nous ressemblent pas,
00:40:02qui ne nous représentent pas.
00:40:04On a l'impression que les politiques,
00:40:06vous le disiez, sont complètement déconnectés
00:40:08de nos problèmes.
00:40:10On se méfie aussi des grands patrons,
00:40:12on se méfie des médias,
00:40:14parce que ce qu'ils présentent,
00:40:16ce dont ils parlent, ça n'a rien à voir
00:40:18avec notre quotidien.
00:40:20Et ce sentiment du mépris, il se diffuse
00:40:22dans le centre méprisé par la France parisienne,
00:40:24d'en haut, il y a une volonté
00:40:26de mépriser aussi ceux qu'ils appellent
00:40:28les cassos, ça a été bien documenté
00:40:30dans la sociologie. Dans une république
00:40:32fraternelle et égalitaire comme la France,
00:40:34ce mépris-là est insupportable, donc il faut qu'on en sorte.
00:40:36La deuxième dimension,
00:40:38c'est l'action publique.
00:40:40C'est-à-dire, je paye de plus en plus
00:40:42d'impôts, je paye de plus en plus de charges
00:40:44et ça, tous les artisans, les petits patrons,
00:40:46les commerçants, les salariés, les fonctionnaires,
00:40:48ils s'en rendent compte ?
00:40:50Les TVA, les taxes sur l'essence,
00:40:52les impôts sur le revenu, ça coûte de plus en plus cher.
00:40:54Et les services publics se dégradent.
00:40:56J'ai de moins en moins de spécialistes
00:40:58en médecine.
00:41:00Aller trouver un ophtalmo, par exemple,
00:41:02ou un ORL
00:41:04dans une ville comme celle dont je viens,
00:41:06à Jeun, c'est au moins
00:41:088, 10, 12 mois d'attente pour avoir
00:41:10un rendez-vous. Les urgences,
00:41:12embolisés, les écoles,
00:41:14ghettoisés, les lignes du train du quotidien,
00:41:16difficilement accessibles.
00:41:18Prendre un billet de TGV, ça peut coûter
00:41:20100, 150, 200 euros.
00:41:22Il y a ce sentiment, je paye,
00:41:24ça part dans un trou noir et je ne sais pas
00:41:26quel service j'ai en face.
00:41:28Il faut être honnête avec ce gouvernement.
00:41:30Il y a eu des tentatives,
00:41:32les maisons France Service,
00:41:34le programme Petite ville de demain,
00:41:36auquel j'ai été heureux de contribuer à une époque,
00:41:38mais on est tellement loin de l'ambition
00:41:40qu'il faudrait mettre, de ce plan Marshall
00:41:42pour les services publics, pour les petites villes,
00:41:44pour les villes moyennes.
00:41:46Ce qui est fondamental, elle aussi,
00:41:48c'est le pouvoir d'achat, c'est-à-dire
00:41:50que c'est la première préoccupation des Français.
00:41:52Jordan Bardella...
00:41:54Il l'a compris, ça. Quand il parle voiture,
00:41:56quand il parle caddie, il crée des objets
00:41:58politiques à hauteur
00:42:00de quotidien. Bien sûr.
00:42:02Et ça, ça parle aux électeurs qui se sentent
00:42:04peut-être moins méprisés. Absolument.
00:42:06Ça n'a rien à voir avec la xénophobie
00:42:08ou la peur de l'autre. Il a compris ce sentiment de l'eau
00:42:10qui monte et qui arrive au cou et qui bientôt
00:42:12va nous noyer, c'est-à-dire
00:42:14que 65 % des dépenses
00:42:16sont contraintes.
00:42:18C'est les factures d'électricité, c'est le logement.
00:42:20Le logement, je discutais récemment
00:42:22avec un dirigeant néerlandais qui me disait
00:42:24c'est un sujet dont on a entendu parler partout en Europe.
00:42:26Le prix du foncier, le prix du logement
00:42:28qui est devenu presque insoutenable
00:42:30dans les grandes métropoles.
00:42:32L'électricité, le transport...
00:42:34Très bien, mais le Conseil national de la refondation,
00:42:36ça a été des dizaines
00:42:38de réunions délocalisées
00:42:40avec tout le maillage territorial, les syndicats,
00:42:42les corps intermédiaires,
00:42:44les élus, les associations,
00:42:46avec tous les thèmes.
00:42:48Et c'était une nouvelle méthode.
00:42:50Mais qu'est-ce que c'est devenu ? On a l'impression...
00:42:52Rien.
00:42:54Vous êtes plus libre de parole.
00:42:56Je suis totalement libre.
00:42:58C'est pas moi qui vais répondre à ce que c'est devenu.
00:43:00C'était vraiment ces sujets-là
00:43:02que vous décrivez, votre diagnostic était au coeur
00:43:04de ce grand rassemblement.
00:43:06L'ambition, c'était de dire
00:43:08on va donner aux écoles, aux hôpitaux,
00:43:10aux territoires de santé, aux crèches,
00:43:12à tous les services publics de proximité
00:43:14les moyens d'essayer de comprendre
00:43:16ce qui ne va pas. Pourquoi est-ce que
00:43:18dans tel collège en Seine-Saint-Denis,
00:43:20on a un taux de réussite au brevet qui est très largement
00:43:22inférieur à celui d'un collège situé
00:43:24à un jet de pierre ? Pourquoi est-ce que
00:43:26dans cet hôpital, on n'arrive plus
00:43:28à trouver des lits, les urgences sont embolisées ?
00:43:30Il faut amener les soignants,
00:43:32les enseignants...
00:43:34C'est plus que des propositions,
00:43:36c'est qu'il faut...
00:43:38Complètement, ça doit partir du bas.
00:43:40Ce qui nous attend maintenant, si on veut
00:43:42un jour sérieusement s'attaquer à ce problème
00:43:44du RN, si on veut le faire sérieusement,
00:43:46c'est renverser la pyramide, c'est-à-dire que
00:43:48les services publics, c'est les habitants,
00:43:50c'est les citoyens, c'est les gens sur le terrain
00:43:52qui vont les construire en identifiant
00:43:54les problèmes. Pourquoi est-ce qu'on réussit
00:43:56aussi mal au brevet dans ce collège ?
00:43:58Pourquoi est-ce qu'on n'arrive pas à avoir de spécialistes
00:44:00dans cette ville ? C'est les gens qui doivent déterminer
00:44:02les priorités et les besoins.
00:44:04C'est la même question de méthode sur les questions environnementales.
00:44:06Vous êtes l'auteur avec le géographe
00:44:08Xavier Desjardins de la Révolution Obligée
00:44:10chez Alari Editions,
00:44:12qui montrait aussi qu'à force
00:44:14de décider par le haut,
00:44:16on ne pouvait plus accepter
00:44:18de payer plus cher pour se loger,
00:44:20pour se chauffer, pour rouler,
00:44:22même si ça pollue. Et donc,
00:44:24le pacte vert, vous l'aviez dit, même avant
00:44:26la colère des agriculteurs
00:44:28qui avaient un problème de méthode.
00:44:30Qu'est-ce qu'on attend pour changer ?
00:44:32Vous avez des classes moyennes
00:44:34en Europe qui ont eu l'impression
00:44:36de s'être fait avoir avec la mondialisation,
00:44:38d'avoir perdu du pouvoir d'achat,
00:44:40des usines qui ont fermé, des perspectives de vie.
00:44:42Et là, la transition écologique,
00:44:44qui pourrait être un grand projet enthousiasmant,
00:44:46où on va être en meilleure santé,
00:44:48où on va retrouver du commerce de proximité,
00:44:50où on va retrouver une vie saine,
00:44:52c'est un formidable projet, mais on le présente comme
00:44:54du moins, vous aurez
00:44:56des logements plus petits, vous ne pourrez pas faire
00:44:58des barbecues, vous ne pourrez pas avoir une piscine,
00:45:00les agriculteurs, vous allez devoir réduire
00:45:02vos surfaces cultivables. C'est pas désirable.
00:45:04Des interdictions,
00:45:06ça fait des soustractions,
00:45:08ça ne fait pas des projets de société.
00:45:10Il faut des récits, et il faut surtout
00:45:12renverser la pyramide. C'est sur le terrain
00:45:14que les choses doivent se faire,
00:45:16c'est les professeurs qui savent mieux
00:45:18ce dont ils ont besoin, les élèves,
00:45:20les parents, dans les écoles, c'est les soignants,
00:45:22les patients, dans les hôpitaux,
00:45:24et pour l'écologie, ça se fait à l'échelle du territoire,
00:45:26de là où on vit, comment je me déplace,
00:45:28est-ce que mon logement
00:45:30est bien chauffé, bien isolé,
00:45:32est-ce que je peux manger une nourriture saine
00:45:34en circuit court ? Si on veut reconstruire
00:45:36de l'ambition, il faut faire ça.
00:45:38Mais ce n'est même pas décentraliser.
00:45:40Il faut faire quelque part de la micro-décision à l'échelle locale.
00:45:42Vous voyez le problème du rapport
00:45:44Verts, par exemple,
00:45:46c'était uniquement des réflexions sur
00:45:48les niveaux, à quel niveau il faut donner
00:45:50telles compétences. C'est juridique, c'est ennuyeux,
00:45:52il faut mettre de l'humain
00:45:54et du local, de la proximité,
00:45:56c'était ça que nous disaient déjà les gilets jaunes,
00:45:58c'est ça qu'on a entendu au moment des retraites,
00:46:00c'est ça qu'on entend au moment des agriculteurs,
00:46:02c'est ça qu'on a entendu aussi avec les émeutes de banlieue.
00:46:04Il est temps de prendre ce problème à bras-le-corps,
00:46:06sinon on va contempler en spectateur
00:46:08impuissant la montée du RN jusqu'à son arrivée
00:46:10au pouvoir, peut-être dans un mois.
00:46:12Donc on a encore quelques petites raisons d'espérer.
00:46:14Merci. Merci d'avoir été là.
00:46:16Vous restez avec moi parce qu'on va regarder maintenant
00:46:18un nouveau rendez-vous, vous le connaissez.
00:46:20Chaque jour, une circonscription,
00:46:22gros plan sur cette campagne des législatives
00:46:24à Montreuil ce soir,
00:46:26Alexis Corbière purgé par Jean-Luc Mélenchon,
00:46:28il va quand même clairement et fièrement
00:46:30dans cette campagne.
00:46:32Reportage Marco Pommier, Yvan Hannavian.
00:46:42Je suis candidat moi du Front Populaire
00:46:44et il y aura une autre candidate aussi.
00:46:46L'insoumis devenu dissident,
00:46:48député de Seine-Saint-Denis
00:46:50depuis 2017,
00:46:52Alexis Corbière n'a pas été investi
00:46:54par le nouveau Front Populaire.
00:46:56Bon voilà, il y a une situation
00:46:58un peu paradoxale.
00:47:00Je ne peux pas accepter
00:47:02ce genre de méthode.
00:47:04Victime selon lui d'un règlement de compte
00:47:06en interne après avoir critiqué
00:47:08à plusieurs reprises Jean-Luc Mélenchon,
00:47:10Alexis Corbière revendique
00:47:12le soutien d'une partie de la gauche
00:47:14et son ancrage local.
00:47:16Les gens ont compris ce qui s'est passé localement,
00:47:18ils me connaissent depuis longtemps,
00:47:20ont été très surpris, même choqués
00:47:22dans des mauvaises manières.
00:47:24Moi, ça fait un moment que je suis là,
00:47:26que je milite avec les gens,
00:47:28qu'on a fait des luttes.
00:47:30La bagarre sur le plan d'urgence
00:47:32pour l'école en Seine-Saint-Denis,
00:47:34on a été très présents,
00:47:36sur d'autres batailles pour les sans-papiers,
00:47:38sur d'autres batailles pour des questions locales, etc.
00:47:40Sa concurrente, la voici,
00:47:42et elle est plutôt déterminée.
00:47:44Première campagne en tant que candidate,
00:47:46l'insoumise porte officiellement
00:47:48les couleurs de la gauche
00:47:50pour elle, le sujet Alexis Corbière
00:47:52n'existe pas.
00:47:54J'ai été investie,
00:47:56et c'est la seule chose qui compte.
00:47:58La confusion ne dure pas,
00:48:00parce que tous les gens qu'on croise,
00:48:02on a vidé 2000 tracts en une heure,
00:48:04et on a eu une personne qui n'y était plus.
00:48:06Et à la fin, elle m'a dit,
00:48:08c'est vrai, il y a une investiture, et c'est vous.
00:48:10Franchement, j'en suis sûre, Alexis,
00:48:12il est raisonnable, il va se battre pour nos idées
00:48:14avant de se battre pour son siège.
00:48:16Médecin urgentiste Sabrina Ali Benali
00:48:18se bat pour aider les plus vulnérables.
00:48:20Moi, j'ai étudié pour donner
00:48:22tous les moyens
00:48:24pour sauver une vie si un truc lui arrive.
00:48:26Et donc, quand il ne s'agit même pas
00:48:28d'un problème de santé, qu'il s'agit
00:48:30juste d'avoir un toit, c'est pas acceptable.
00:48:32Quand c'est les injustices de la vie
00:48:34qui vous donnent une maladie et qu'on ne peut rien faire,
00:48:36on peut l'accepter. Quand on a les moyens
00:48:38de faire la dignité, on ne peut pas accepter
00:48:40qu'on ne la fasse pas.
00:48:42Dans ce duel entre insoumis, la candidate
00:48:44horizon veut tirer son épingle du jeu.
00:48:46Les guerres d'égo, ça ne m'intéresse pas vraiment.
00:48:48Je les laisse effectivement se battre
00:48:50entre M. Corbière et Mme Ali Benali.
00:48:52Mais la campagne s'annonce difficile
00:48:54pour Pauline Breteau.
00:48:56Ici, la gauche a capté plus de 50%
00:48:58des suffrages aux européennes.
00:49:00Pour nous, notre objectif, c'est vraiment
00:49:02d'aller convaincre sur nos idées.
00:49:04Je crois en la puissance de l'école pour corriger les inégalités.
00:49:06Je crois que le travail doit permettre
00:49:08de vivre dignement. Et enfin, je crois profondément
00:49:10que c'est l'Europe qui va être la voie
00:49:12qui va nous permettre de répondre aux défis climatiques.
00:49:14C'est cet autre candidat dans cette
00:49:167e circonscription de Seine-Saint-Denis.
00:49:18Allez, je vous voyais très attentif.
00:49:20David Jaïz, comment vous regardez
00:49:22cette guerre des gauches ? Quel gâchis ou pas ?
00:49:24Je ne sais pas si c'est une guerre des gauches.
00:49:26En tout cas, ce qui est certain, c'est que
00:49:28Jean-Luc Mélenchon, en bon Lambertiste,
00:49:30n'a jamais rompu avec ses pratiques sectaires
00:49:32qui consistent à éreinter
00:49:34des lieutenants fidèles pendant 20 ou 30 ans
00:49:36et puis tout d'un coup,
00:49:38au milieu de l'agitation du Nouveau Front Populaire,
00:49:40à les purger.
00:49:42C'est une pratique qu'on connaît bien.
00:49:44Oui, ancienne. Le parti se renforce en s'épurant,
00:49:46disait Lénine. Allez, on va retrouver
00:49:48nos affranchis pour leur parti prime
00:49:50et d'abord, c'est le carnet de campagne
00:49:52de Stéphanie Despierre. Campagne Express, tout de suite.
00:49:54Musique
00:49:56Musique
00:49:58Musique
00:50:00Musique
00:50:02Stéphanie Despierre,
00:50:04dans votre campagne express ce soir,
00:50:06un chiffre très important ce soir.
00:50:084 011 candidats
00:50:10dans cette législative. En moyenne,
00:50:12ça en fait 7 par circonscription.
00:50:14C'est beaucoup moins qu'il y a deux ans
00:50:16où il y avait plus de 6000 partants.
00:50:18Évidemment, c'est une campagne express.
00:50:20Les grands partis ont été pris de court par la dissolution.
00:50:22Alors, c'est pas facile de trouver des candidats
00:50:24dans 577 circonscriptions.
00:50:26Côté parité, on a regardé,
00:50:28on n'y est pas tout à fait encore un petit effort,
00:50:3041% de femmes seulement.
00:50:32Et on a aussi regardé l'âge des prétendants,
00:50:34le bâgin à main de cette
00:50:36législative à 18 ans.
00:50:38Il s'appelle Nolan Laurent.
00:50:40Vous le voyez à droite. Il est candidat dans le Doubs.
00:50:42Il a lancé un mouvement de jeunesse contre les extrêmes.
00:50:44Cette semaine, il a fait campagne
00:50:46et il a passé le bac.
00:50:48La doyenne, elle, a 94 ans.
00:50:50Elle s'appelle Henriette Palmer et elle se présente
00:50:52dans les Alpes-Maritimes, sous les couleurs
00:50:54de l'écologie au centre.
00:50:5694 ans, ça fait plaisir de voir
00:50:58qu'on peut encore s'engager à cet âge-là.
00:51:00Il y a des figures peu connues
00:51:02mais aussi des ministres,
00:51:04beaucoup plus connus dans cette campagne.
00:51:06C'est l'occasion cotée à Gouvernement.
00:51:0824 ministres sur 35 sont candidats,
00:51:10dont le premier d'entre eux, Gabriel Attal,
00:51:12dans les Hauts-de-Seine. Il débattra d'ailleurs
00:51:14avec Jordan Barnella et Emmanuel Bompard
00:51:16le 25 juin prochain.
00:51:18Autre candidat, Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur
00:51:20dans son FIEF du Nord, mais aussi le ministre
00:51:22de l'Agriculture et la figure du modem
00:51:24Marc Fenault. Des poids lourds, en revanche,
00:51:26ont refusé d'y aller.
00:51:28Eric Dupond-Moretti, le ministre de la Justice,
00:51:30Rachida Dati, qui préfère Paris en 2026
00:51:32et Bruno Le Maire, qui a dit
00:51:34qu'il ne ferait pas plus de trois mandats de député.
00:51:36Alors la dissolution est évidemment encore
00:51:38dans toutes les têtes, mais c'est une dissolution
00:51:40d'un tout autre genre dont il a été question
00:51:42aujourd'hui. Oui, celle du GUD,
00:51:44un groupuscule étudiant d'ultra-droite
00:51:46connu pour ses actions violentes.
00:51:48Le ministre de l'Intérieur a déclaré
00:51:50qu'il voulait le dissoudre, qu'il y travaillait
00:51:52depuis neuf mois, et au passage, il vise
00:51:54le Rassemblement National.
00:51:56Ce qui est sûr, c'est que tous les amis de Mme Le Pen
00:51:58ne sont pas des grands démocrates, ça c'est certain.
00:52:00Et quand j'ai proposé la dissolution
00:52:02d'un certain nombre d'associations
00:52:04d'ultra-droite, on s'est parfois beaucoup
00:52:06fait railler. Et vous savez quoi, je vais proposer
00:52:08au président de la République la dissolution du GUD
00:52:10très bientôt. Le groupe Union Défense.
00:52:12Voilà, qui est un groupe d'ultra-droite
00:52:14qui est très ami, avec beaucoup de gens
00:52:16du Rassemblement National. Ils ne sont pas tous,
00:52:18je ne parle pas des électeurs. Les électeurs, ils expriment une colère,
00:52:20moi je les respecte. Je parle des dirigeants.
00:52:22Alors le ministre fait notamment référence
00:52:24à Frédéric Lousteau, ancien président
00:52:26du GUD et ami de longue date de Marine Le Pen.
00:52:28Alors interrogé sur ses
00:52:30déclarations de Gérald Darmanin,
00:52:32Jordan Bardella, le président du RN, a pris
00:52:34soin de ne pas prêter le flanc aux
00:52:36accusations de collusion. Il se dit, lui aussi,
00:52:38favorable à la dissolution du GUD.
00:52:40Vous êtes pour les
00:52:42ministres, vous allez dissoudre le GUD ?
00:52:44Oui, toutes les organisations d'ultra-droite,
00:52:46toutes les organisations d'ultra-gauche, parce que je ne tolère pas
00:52:48la violence dans notre société. Et à la différence
00:52:50du gouvernement, nous n'avons jamais eu de mensuetudes
00:52:52à l'égard de milices qui perturbent
00:52:54les mobilisations sociales, qui s'en prennent aux
00:52:56forces de l'ordre, qui cassent et qui menacent.
00:52:58Alors Jordan Bardella a répliqué
00:53:00lors de sa visite au salon Eurosatory.
00:53:02Il y était pour parler du programme
00:53:04de défense du RN.
00:53:06Stéphanie Despierre, carnet de campagne,
00:53:08merci et à très vite. Vous les attendez,
00:53:10nos affranchis pour leur parti,
00:53:12pris impossible de terminer sans eux.
00:53:14C'est à eux. Tout de suite, jingle.
00:53:16Musique
00:53:18Musique
00:53:20Musique
00:53:22Musique
00:53:24L'International
00:53:26Avec Vincent Huges, bonsoir Vincent.
00:53:28Et le billet société de l'avocat Bertrand Perrier
00:53:30sur cette campagne, on y vient dans un instant.
00:53:32Bonsoir à vous.
00:53:34Vincent, vous commencez. Jordan Bardella
00:53:36était au salon de l'armement Eurosatory.
00:53:38L'économie de guerre,
00:53:40ça donne quoi, version RN ?
00:53:42Si la guerre est un art d'exécution, la politique
00:53:44reste un métier tout d'ambiguïté.
00:53:46Qu'a donc dit Jordan Bardella ce mercredi,
00:53:48jour des gosses, lors de son
00:53:50escapade au salon mondial
00:53:52Eurosatory ? Ceci, je n'entends pas
00:53:54remettre en cause les engagements pris par la France
00:53:56sur la scène internationale. Il y va de notre
00:53:58crédibilité. Eh bien, la crédibilité,
00:54:00parlons-en. Plus question à l'en croire
00:54:02de quitter le commandement intégré de l'Alliance
00:54:04Atlantique. Du moins, tant que dure
00:54:06le conflit russo-ukrainien. Après,
00:54:08mystère et boule de com', j'ai bien
00:54:10une boule de com'. Pour un peu, on en oublierait
00:54:12qu'en 2022, la candidate Marine Le Pen
00:54:14avait promis, au son du clairon, de
00:54:16plaquer le dit commandement en vertu
00:54:18du sacro-saint principe d'indépendance.
00:54:20Le serment figurait
00:54:22dans toute lettre, dans son livret thématique
00:54:24intitulé « Réarmer la France-puissance »,
00:54:26un livret d'ailleurs cousu de coquilles
00:54:28et qui, bizarrement, vient de disparaître du site
00:54:30du parti. Les vrais cohérents ont
00:54:32s'échinent volontiers à effacer l'historique.
00:54:34Dommage, d'autant que le credo maison
00:54:36préconisait aussi la relance du dialogue
00:54:38avec la Russie et l'arrêt de toute coopération
00:54:40militaire ou industrielle avec l'Allemagne.
00:54:42Il fut un temps où les futurs fondateurs
00:54:44du Front National étaient moins regardants
00:54:46en la matière envers le Reich.
00:54:48Alors, ça s'est effacé, on l'a bien compris,
00:54:50du programme pour ces législatives.
00:54:52Vous jugez que, malgré ça,
00:54:54le RN reste équivoque en matière
00:54:56de défense et de stratégie ?
00:54:58Passons sur le lapsus d'un bardelat hostile
00:55:00à tout scénario d'escalade, le motif
00:55:02très en vogue à Moscou, au prétexte
00:55:04que les tambours de la guerre rouleraient
00:55:06aux portes de l'Europe. Si l'ex-étudiant en géographie
00:55:08ignore que l'Ukraine est
00:55:10bel et bien une nation européenne,
00:55:12on comprend mieux qu'il ait quitté la Sorbonne sans diplôme.
00:55:14Il y a plus grave. Le très hypothétique
00:55:16futur Premier ministre garantit à Kiev
00:55:18les moyens de tenir le front,
00:55:20pas ceux de reconquérir les territoires perdus.
00:55:22Dire qu'en février 1923,
00:55:24le même flétrissé, cette naïveté
00:55:26collective à l'égard des ambitions
00:55:28de Vladimir Poutine, dire qu'il admettait alors
00:55:30qu'il ne peut y avoir d'issue, je le cite,
00:55:32sans le retrait des troupes russes
00:55:34et le retour à une souveraineté pleine et entière
00:55:36de l'Ukraine. Un constat rectifié
00:55:38Medzavod chez son entourage, qui ne concerne
00:55:40ni la péninsule de Crimée, ni les secteurs
00:55:42du Donbass tenus par les séparatistes
00:55:44inféodés au Kremlin.
00:55:46Comment computer ce flou
00:55:48à la duplicité
00:55:50ou à l'indécision ?
00:55:52Les deux, mon général. Qu'il s'agisse de l'OTAN,
00:55:54de l'Ukraine ou de l'âge de la retraite,
00:55:56pas celle de Russie, pour le coup,
00:55:58Bardella élude, il louvoie, il gaudit.
00:56:00Avec un bonheur inégal, tant les faits sont têtus.
00:56:02Le RN a investi à minima
00:56:04une vingtaine de candidats ayant affiché
00:56:06leur dévotion poutinolâtre. Et la fille,
00:56:08le peine, sait pouvoir compter sur le zèle
00:56:10d'officiers d'actifs ou de réserves,
00:56:12issus pour l'essentiel de la marine, c'est logique,
00:56:14les uns mûs par le culte de l'ordre,
00:56:16les autres par la nostalgie coloniale,
00:56:18genre Djebel, Tirailleurs et Sablechaud.
00:56:20N'a-t-elle pas, au printemps 2021,
00:56:22avalisé la tribune d'une cohorte de Badernes
00:56:24saisie par le virus factieux
00:56:26comme le Troïdec le fut par la débauche ?
00:56:28Tribune parutienne donc dans Valeurs Actuelles
00:56:30et saluant ces termes, je souscris à vos analyses
00:56:32et partage votre affliction.
00:56:34Il est vrai qu'avec l'extrême droite bleu-blanc-rouge,
00:56:36la réalité dépasse souvent l'affliction.
00:56:38Et voilà, un nouveau parti pris,
00:56:40bien troussé, comme on les aime,
00:56:42et Vincent Hugeux, le temps nous est compté,
00:56:44vous l'avez bien senti, mon cher Bertrand,
00:56:46mais vous allez quand même nous faire ça comme on dit,
00:56:48synthétiquement.
00:56:50Vous nous parlez ce soir d'un nouveau sujet
00:56:52qui a fait son apparition hier dans la campagne,
00:56:54c'est la question des droits des personnes LGBT.
00:56:56Oui, à l'île de Sein,
00:56:58dans son déplacement d'hier, Emmanuel Macron
00:57:00a accusé le Front Populaire, je cite,
00:57:02de proposer des choses complètement
00:57:04ubuesques comme aller changer de sexe
00:57:06en mairie, tollée à gauche
00:57:08et dans la communauté LGBT.
00:57:10De quoi s'agit-il précisément ?
00:57:12En réalité, aujourd'hui, une personne transsexuelle
00:57:14qui veut changer de sexe à l'état civil
00:57:16doit faire une démarche auprès d'un tribunal.
00:57:18C'est un juge qui décide, ça n'est pas automatique,
00:57:20il peut convoquer la personne, demander des pièces
00:57:22et l'idée est qu'on contrôle
00:57:24que la personne a, dans son apparence sociale,
00:57:26un sexe différent
00:57:28de celui qui est marqué sur son état civil
00:57:30et dans ce cas-là, en effet,
00:57:32on lui accorde le changement de sexe.
00:57:34Et en effet, dans le programme du nouveau Front Populaire,
00:57:36il y a une proposition qui tend, je cite,
00:57:38à autoriser le changement d'état civil
00:57:40libre et gratuit
00:57:42devant un officier d'état civil.
00:57:44Donc on ne passerait plus devant le juge.
00:57:46Voilà, ce qui est aujourd'hui judiciaire
00:57:48deviendrait administratif
00:57:50et ce qui n'est pas automatique deviendrait
00:57:52automatique et donc l'officier d'état civil
00:57:54se contenterait d'enregistrer la déclaration
00:57:56de la personne concernée.
00:57:58C'est une revendication LGBT très ancienne
00:58:00et les associations estiment que
00:58:02passer devant le juge, c'est traumatisant
00:58:04et c'est stigmatisant. Pour ma part, je crois
00:58:06que c'est quand même important le contrôle
00:58:08du juge et qu'il ne peut pas y avoir de liberté
00:58:10totale en matière d'état civil.
00:58:12L'état civil, ce n'est pas purement déclaratif.
00:58:14Ce n'est pas à la liberté et à la disposition
00:58:16de tout un chacun et même
00:58:18aujourd'hui pour un changement de prénom,
00:58:20il faut justifier d'un motif
00:58:22ou d'un intérêt légitime. Et dès lors que
00:58:24le sexe qui est mentionné sur votre état civil
00:58:26gouverne un certain nombre de droits, notamment
00:58:28la parité dans les assemblées politiques,
00:58:30je crois que le contrôle du juge reste un garde-fou
00:58:32important. La question de l'homophobie
00:58:34a également surgi à propos de la polémique
00:58:36concernant Amal Ben-Tounsi.
00:58:38Elle est candidate à l'EFI en Seine-et-Marne.
00:58:40Oui, Amal Ben-Tounsi, vous le savez, c'est cette militante
00:58:42anti-violence policière dont le frère a été
00:58:44tué par un policier en 2012 et qui,
00:58:46en 2015, avait fondé
00:58:48un collectif qui s'appelle Urgence Notre
00:58:50Police Assassine et on a exhumé
00:58:52du compte Facebook de
00:58:54cette association une conversation
00:58:56très ancienne, 2015,
00:58:58il y a 8 ans, 9 ans, et
00:59:00dans cette conversation, il y avait un message
00:59:02qui disait « on ne peut pas reprocher
00:59:04à un croyant d'être homophobe
00:59:06si sa religion l'est ». Scandale
00:59:08évidemment, Amal Ben-Tounsi dit qu'elle
00:59:10n'était pas la seule administratrice de ce compte
00:59:12et qu'elle n'est pas à l'origine
00:59:14de ce message, mais le propos raisonne
00:59:16quand même avec un article qui est paru
00:59:18dans Le Parisien ce matin, où un militant
00:59:20LFI, Julien Pontès,
00:59:22qui est par ailleurs le porte-parole du collectif
00:59:24Rouge Direct, qui lutte
00:59:26contre l'homophobie dans le sport, dénonce,
00:59:28je cite, « un problème avec les questions
00:59:30LGBT au sein de la France
00:59:32insoumise ». On verra ce qui
00:59:34résultera de la suite de la campagne
00:59:36sur cette question. Hier, les candidats
00:59:38au bac ont eu 4 heures pour réfléchir
00:59:40au sujet suivant. L'État
00:59:42nous doit-il quelque chose ? Eh bien,
00:59:44en tout cas, il nous doit le respect
00:59:46et l'égalité des droits. – Magnifique.
00:59:48Il faut être avocat
00:59:50avec votre talent de la
00:59:52concision. Vous avez été plus que
00:59:54percutant, malgré un peu moins de temps à parti.
00:59:56Parti pris, Vincent Hugeux,
00:59:58Bertrand Perrier, David Jaïz,
01:00:00merci de nous avoir accompagnés
01:00:02pendant cette heure en direct.
01:00:04À demain, même lieu,
01:00:06même heure, n'oubliez pas, la campagne
01:00:08est en cours et c'est dans sa bourgarde
01:00:10sur LCP qu'elle se déroule.
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