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Il y a 50 000 milliards d’euros d’épargne financière en Europe. Cet argent peut être mobilisé pour Afin d'atteindre les objectifs du green deal. Mirela Agache-Durant, vice-présidente de l’Association Française de gestion d’Actifs nous explique comment il peut être mieux fléché. Elle revient sur la nécessité d’allier réallocation du capital à la transition climatique et réponse aux besoins de rentabilité.
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00:00Prête pour l'impact, c'est la question que je pose chaque jour à une personnalité qui compte dans notre économie.
00:10Je reçois aujourd'hui Mirella Gage-Durand, bonjour.
00:12Bonjour.
00:12Bienvenue, vous êtes la vice-présidente de l'Association française de gestion financière et la directrice générale de Groupama Asset Management.
00:19On va commencer par présenter l'AFG, Association française de gestion financière,
00:24et puis ce que sont les G, on passe de gestion d'actifs, leur rôle dans l'économie.
00:28C'est surtout de ça dont on va parler ensemble.
00:31Très bien. L'AFG, comme le nom le dit, c'est l'association professionnelle des sociétés de gestion d'actifs.
00:38Et notre rôle dans l'économie, c'est d'agir avec les professionnels que nous sommes,
00:43être le maillon de liaison entre les épargnants, privés ou investisseurs institutionnels,
00:50et les marchés financiers, parce que nous investissons leur épargne
00:54dans le but de leur donner un rendement sur le long terme,
00:57pour leurs projets, qu'ils soient des projets personnels ou pour les projets de l'entreprise.
01:03L'épargne privée institutionnelle, on a trouvé ce chiffre en préparant l'émission,
01:07c'est 50 000 milliards d'euros d'épargne financière en Europe.
01:11On voit un levier qui est quand même vertigineux.
01:14Est-ce qu'il faut le flécher autrement, mieux le flécher d'une certaine façon, cet argent ?
01:19Oui. Si on rentre un peu dans les chiffres, on peut dire qu'aujourd'hui, l'Europe,
01:23c'est la zone qui a le plus d'épargne et c'est un vrai trésor.
01:26Je ne vais pas dire trésor de guerre, mais c'est un vrai trésor.
01:30Ce 18% de taux d'épargne, il faut le comparer, par exemple, au 8% aux États-Unis.
01:36Vous voyez bien l'attitude d'épargnants, de citoyens européens.
01:42Par contre, effectivement, cette épargne aujourd'hui, elle est fléchée peut-être pas de la façon la plus optimale
01:49à la fois pour l'investisseur et pour l'écosystème économique que nous sommes en Europe.
01:55Parce que beaucoup de cette épargne, elle est placée sur des produits à très court terme,
02:00on va dire très sécuritaires, type les livrets, mais qui, si vous avez besoin de l'argent dans trois mois,
02:07c'est tout à fait logique, mais quand vous épargnez pour votre retraite,
02:12ce n'est pas optimum, ni pour vous, ni pour l'économie,
02:15de garder l'argent placé sur un produit très court terme.
02:18Et donc, c'est là où nous avons notre rôle à jouer,
02:21de créer les dispositifs et de mener la culture financière,
02:26parce que ça, c'est un accompagnement hyper important pour flécher cette épargne.
02:30Donc, donner cette culture financière aux citoyens européens pour investir,
02:35de sorte à ce qu'on flèche l'épargne plus vers l'écosystème productif de l'Europe.
02:41Oui, effectivement, et on peut dire que le pacte vert, le Green Deal,
02:44même si ses objectifs sont un peu revus à la baisse,
02:46si on veut atteindre ses objectifs, il y a besoin de flécher autrement cette épargne, c'est ça ?
02:52Absolument, absolument, et c'est une des clés du succès,
02:55et il faut s'estimer heureux, nous avons cette épargne chez nous.
02:59Oui, comme vous dites, c'est un trésor.
03:00C'est un trésor, il faut faire tout ce qu'on peut pour l'amener à être investi,
03:06plutôt dans les fonds propres des entreprises,
03:09même si c'est des actifs, on va dire, avec plus de volatilité dans le temps,
03:13mais si vous avez le temps, c'est important,
03:15et plus vers l'économie européenne que vers les économies des autres zones.
03:20Et donc là, il y a énormément de choses à faire,
03:23on fait déjà des choses, mais il y a la place pour faire mieux.
03:27Alors, je vais donner quelques chiffres sur Groupama Asset Management,
03:31268 millions d'euros de chiffre d'affaires au premier semestre 2025,
03:35109 milliards d'euros d'encours engagés dans ce premier semestre,
03:39272 collaborateurs, c'est à date,
03:42et d'une manière générale, puisque vous êtes là aussi pour représenter
03:46l'Association française de gestion d'actifs,
03:48il y a cette notion d'une vision de l'investisseur
03:52qui se met au service de l'intérêt général.
03:53Quand on est dans un contexte qui est celui de l'urgence climatique
04:00et d'un certain nombre de freins internationaux
04:04qui sont liés soit au contexte géopolitique,
04:06soit au résultat des élections aux Etats-Unis et en Europe,
04:10comment vous portez cette responsabilité de l'investisseur
04:14dans un monde confronté à cette urgence ?
04:17C'est très important, effectivement, de mentionner le fait
04:20que l'argent ne nous appartient pas, nous sommes l'expert qui est
04:23dont l'investisseur privé ou institutionnel pour investir cet argent
04:28de la meilleure façon.
04:30Et très sincèrement, aujourd'hui, ce n'est pas très difficile
04:33quand on discute à la fois avec des clients privés
04:35ou des clients plus avertis institutionnels,
04:38d'expliquer que si vous investissez à long terme,
04:42une entreprise qui ne se préoccupe pas de son existence
04:45dans 10 ans compte tenu du changement climatique,
04:47c'est une entreprise qui ne performera pas bien,
04:50ni à court terme et qui sera peut-être même plus là à long terme.
04:53On a connu ça sur d'autres dimensions,
04:55par exemple les dimensions technologiques,
04:57on va parler des appareils photos,
04:59on a tous eu dans notre vie l'appareil photo avec la pellicule
05:02et aujourd'hui, plus personne n'a cet appareil-là,
05:05c'est une disruption technologique qui a fait disparaître une entreprise.
05:08Donc, aujourd'hui, l'environnement climatique,
05:11il faut le regarder comme ça,
05:13c'est un grand changement qui est là,
05:15on ne peut pas l'enlever et donc les entreprises doivent se préparer à ça.
05:19Et notre rôle, c'est d'aiguiller l'épargne
05:21vers les entreprises qui se préparent le mieux.
05:23On était dans cette émission avec la dirigeante du label ISR,
05:29il y a quelques minutes, Michel Papalardo,
05:31qui nous disait que dans le nouveau référentiel,
05:33il y a de l'exclusion,
05:35notamment autour des énergies fossiles.
05:38Est-ce qu'il faut exclure,
05:40alors si on dit ça, ça veut dire des très grandes entreprises,
05:42ou est-ce qu'il faut au contraire les accompagner ?
05:44Comment vous vous situez par rapport à ça ?
05:46Alors, nous, du côté des professionnels de l'investissement,
05:49et je parle non pas de moi-même,
05:50mais de la profession globale,
05:52on est plutôt pour l'accompagnement.
05:54Notre société a été bâtie depuis des décennies
05:56sur une société carbonisée.
06:00Voilà, on est dépendant des énergies fossiles
06:04et il faut en sortir.
06:05Donc, il faut accompagner.
06:06C'est pour ça que pour nous,
06:08le plus important,
06:09c'est de travailler avec les entreprises
06:12qui sont très volontaires
06:13et il faut cela, les soutenir.
06:16C'est pour ça qu'il faut leur amener
06:17les capitaux nécessaires à cette transition.
06:19Et puis, celles qui sont plus réticentes,
06:22faire cette éducation pédagogique.
06:25Et effectivement, l'exclusion, c'est un moyen,
06:28mais ce n'est pas forcément le moyen le plus efficace
06:30parce que malgré tout,
06:31il faut que tout le monde s'inscrive dans cette transition.
06:33Donc, l'important, c'est la trajectoire,
06:35en quelque sorte, c'est ça ?
06:36Mais est-ce que parfois, c'est trop tard ?
06:38Vous voyez ce que je veux dire ?
06:39Parce que vous disiez,
06:40une entreprise qui n'intègre pas cette dimension,
06:42elle va peut-être disparaître.
06:43Donc, quand on est investisseur,
06:45c'est peut-être trop tard d'y aller
06:46si une entreprise ne prend pas du tout le virage.
06:49Vous voyez ce que je veux dire ?
06:50Alors, c'est trop tard.
06:51Moi, je dirais,
06:53c'est jamais trop tard.
06:55Et puis, les entreprises,
06:56il faut les regarder dans leur contexte.
06:58Il y a les entreprises,
06:59par exemple, vous prenez le secteur financier,
07:01ils ne sont pas des émetteurs de CO2
07:04parce que leur métier ne sont pas des...
07:06Donc, on va dire, voilà,
07:07si je fais une exclusion,
07:09je n'investis plus que dans les banques
07:10et je n'investis plus dans l'industrie.
07:12C'est un peu simpliste
07:13et le résultat n'est pas celui qu'on veut.
07:15Donc, il faut les replacer
07:17dans leur environnement de compétition.
07:20Et donc, si vous dites,
07:21j'accompagne les entreprises
07:23qui produisent de l'acier
07:24à se décarboniser,
07:26c'est jamais trop tard.
07:28Il faut voir quel est le progrès technologique nécessaire.
07:30Et puis, effectivement,
07:32dans le même secteur,
07:33l'entreprise qui dit
07:34non, je ne m'intéresse pas,
07:36elle risque d'être comme le fabricant
07:38d'appareils photopélicules
07:40qui disparaît.
07:41Mais il faut accompagner des secteurs
07:43dans leur univers comparatif.
07:45Et d'ailleurs,
07:46dans les programmes de décarbonation étatique,
07:50notamment de la France,
07:51il y a eu l'identification
07:52des plus gros pollueurs
07:53en essayant de mettre le paquet
07:54vers ces plus gros pollueurs
07:56parce que c'est là
07:56qu'il y a des leviers aussi
07:57de progrès importants.
08:00On va lier finalement ces enjeux
08:02aux questions de rentabilité
08:04et on va le faire grâce à Thomas Labergère
08:05qui était à votre place
08:06la semaine dernière.
08:07Le principe dans l'émission,
08:08c'est que l'invité du Grand Entretien
08:10pose une question à l'invité
08:11de la semaine suivante.
08:12C'est le président d'ING France.
08:14On écoute sa question.
08:15Mirella, bonjour.
08:17Je serais très intéressé
08:19de savoir un peu
08:20comment vous voyez
08:22l'évolution dans l'industrie
08:24de la gestion d'actifs,
08:26de la réconciliation
08:28entre ce qui peut paraître
08:30être des injonctions contradictoires
08:34entre le besoin de rentabilité
08:36et de profitabilité à court terme
08:38et la nécessaire réallocation du capital
08:43vers une économie bas carbone.
08:47Est-ce que c'est compatible ?
08:49Rentabilité à court terme
08:50et cette réallocation
08:51dont on parle depuis plusieurs minutes.
08:52Alors, si vous voulez,
08:55cette question-là,
08:56on la pose même,
08:57non pas seulement dans le cadre
08:58de la décarbonation,
09:00mais même face à une rupture technologique.
09:03Donc, le fait qu'il y ait des risques
09:05à cette transition,
09:07oui, c'est vrai, c'est inhérent.
09:09Donc, la transition,
09:11elle a quand même lieu.
09:12Le passage d'une technologie
09:14en une autre se fait toujours.
09:16Et là, les entreprises
09:17qui doivent s'adapter
09:18à l'environnement climatique,
09:20le changement climatique,
09:21c'est obligatoire.
09:23Donc, l'intérêt, pour nous,
09:24ce n'est absolument pas
09:25des choses à opposer.
09:27Et le rendement,
09:29il sera là sur les entreprises
09:31qui réussissent à faire mieux
09:32cette transition.
09:33Donc, nous, notre rôle,
09:35ce n'est pas de leur dire,
09:36voilà, il ne faut pas investir dans ça
09:39parce que vous allez surpayer
09:42cette transition.
09:43Notre rôle, c'est de dire,
09:45dans le monde de demain,
09:46dans ce secteur,
09:47voilà ceux qui ont pris
09:48la bonne trajectoire
09:51et c'est ceux qui vont être
09:52les gagnants de demain.
09:54Et donc,
09:54s'ils importent cette transition
09:56pour leur secteur,
09:58normalement,
09:59du point de vue économique
10:00et du rendement pour le client,
10:02c'est les gagnants
10:03et donc,
10:03on a réconcilié les deux mondes.
10:05Alors, on va parler
10:06des plans de transition.
10:07Vous avez mené
10:08des travaux avec l'Institut
10:10de la finance durable
10:11sur cette notion
10:12de plan de transition.
10:14Déjà, c'est quoi
10:15un plan de transition ?
10:16On parle de quoi,
10:16Mireille, à la gage du rang.
10:18Alors, il faut revenir
10:20à des choses simples.
10:21Je ne vais pas vous faire ici
10:22une définition très technique.
10:24Non, ce serait trop long d'ailleurs.
10:26C'est assez,
10:27finalement,
10:28c'est assez simple.
10:29Il y a quelques piliers fondateurs
10:32à cette analyse.
10:32D'abord, la première chose,
10:34c'est qu'est-ce qu'on mesure ?
10:35Donc, on se propose
10:36que les entreprises
10:37nous indiquent,
10:38voilà, je mesure
10:39mes émissions de CO2
10:40liées à chaque entreprise
10:42suivant son domaine d'activité
10:44aura ces mesures.
10:44Donc, déjà,
10:46on les pose sur la table.
10:47Donc, on dit ce qu'on mesure.
10:48La deuxième chose,
10:49c'est de dire,
10:50ben voilà,
10:51sur ces mesures-là,
10:52je me donne une trajectoire
10:53de baisser de 10% à 5 ans
10:55ou de 30% à 5 ans.
10:56Et pareil,
10:57suivant les secteurs d'activité
10:59et la nature
11:00de l'entreprise,
11:01ça ne sera pas
11:02la même trajectoire.
11:03Mais on la pose
11:05sur la table.
11:05Et après,
11:07pour cette trajectoire-là,
11:08pour y arriver,
11:08il faut faire des investissements.
11:10Qu'est-ce que je mets
11:10comme moyen ?
11:12Ça aussi,
11:13chacun va définir.
11:14Ce n'est pas les mêmes moyens
11:15d'une grande entreprise
11:16multinationale
11:18avec la PME
11:19et l'ETI
11:20que nous connaissons.
11:22Mais,
11:23on les pose sur la table.
11:24Donc,
11:24on les affiche.
11:25Et puis,
11:26après,
11:27c'est assez simple.
11:28Ben,
11:28on va mesurer
11:29une fois qu'on a fait ça,
11:30est-ce que ça marche ?
11:31Donc,
11:31la performance
11:32de cet investissement,
11:34est-ce que ça a marché ?
11:36Qu'est-ce qui a marché ?
11:36Qu'est-ce qui n'a pas marché ?
11:37Et encore une fois,
11:38c'est toujours avec cette logique,
11:39ben,
11:39si ça n'a pas marché,
11:40qu'est-ce que je fais
11:41pour que ça marche ?
11:42Parce que malgré tout,
11:43il faut que je réussisse.
11:45Et puis,
11:45après,
11:46le cinquième point
11:46qui est assez simple aussi
11:48à comprendre
11:48mais qui est essentiel,
11:49c'est la gouvernance.
11:51Est-ce que
11:51j'ai établi
11:53dans mon entreprise
11:54des personnes
11:56qui sont,
11:57au niveau de la gouvernance
11:58de l'entreprise,
11:59responsables de cette tâche ?
12:01Il faut que ce soit stratégique.
12:02Il faut que ce soit
12:02dans la stratégie
12:03de l'entreprise.
12:04Ce n'est pas dans un coin.
12:06C'est le département
12:06de la communication
12:07qui fait la plaquette.
12:08Ce qui était le cas
12:09il y a quelques années.
12:11Oui.
12:11mais on a bien progressé
12:12par rapport à ça.
12:13Et vous allez pouvoir
12:14suivre ça
12:15dans la façon
12:16dont les membres
12:17du comité d'exécutifs
12:18sont rémunérés
12:20ou ils ont des objectifs
12:21par rapport à ça.
12:22Et ça,
12:23c'est aussi quelque chose
12:24qui vous donne une clé.
12:25Donc finalement,
12:26c'est quand même
12:27cinq piliers
12:28assez simples
12:29à comprendre
12:29sur lesquels
12:30vous pouvez décliner
12:31le business model
12:33de chaque entreprise.
12:34On va parler
12:35des données
12:36et je vais m'appuyer
12:36sur une de vos citations.
12:38la qualité des données
12:39ESG
12:40reste plus que jamais
12:40un enjeu crucial
12:41pour garantir
12:42le choix de nos investissements.
12:43Nous avons dû remplacer
12:43presque tous nos fournisseurs
12:44de données
12:45ces deux dernières années
12:46sans pour autant disposer
12:47de données standardisées,
12:48fiables et régulières.
12:49Les données robustes,
12:51à quel point c'est un enjeu
12:52pour un secteur
12:53comme le vôtre ?
12:54C'est très important
12:55parce que,
12:56comme vous voyez,
12:57aujourd'hui,
12:58les investisseurs,
12:59vous prenez n'importe quel
13:00appel d'offre institutionnel,
13:02donc les investisseurs
13:03qui cherchent quelqu'un
13:04qui place les fonds,
13:07il n'y a pas un
13:08qui ne vous exige pas
13:10des critères extra-financiels,
13:12donc ESG.
13:13Donc,
13:13pour que vous soyez
13:14à mesure d'emporter
13:15cet appel d'offre
13:16et de faire ce travail
13:17en étudiant ces paramètres,
13:19il faut que vous ayez
13:20la donnée de l'entreprise.
13:21Et c'est là où
13:22il y a une difficulté,
13:24c'est-à-dire que
13:24les entreprises,
13:25pour faire
13:26toutes ces publications,
13:27ces mesures,
13:28expliquer, analyser,
13:30c'est beaucoup d'investissement,
13:31mettre tout ça
13:32à la disposition
13:33de l'écosystème
13:35dont nous faisons partie
13:36pour pouvoir analyser,
13:38c'est des moyens importants.
13:39Donc,
13:40la donnée aujourd'hui,
13:41pour que ça soit comparable
13:42et qu'on puisse dire
13:44réellement,
13:45vous émettez moins de CO2,
13:47vous,
13:47dans le même métier
13:49que l'autre entreprise
13:49qui fait le même métier que vous,
13:50on a besoin de ces données,
13:53donc de les collecter,
13:54qu'elles soient formatées
13:55de la même façon,
13:56qu'elles soient robustes
13:56et comparables.
13:57C'est un sujet
13:58qui n'est pas simple.
13:59Il faut savoir
14:00que la France a été
14:01parmi les premiers
14:02à avoir créé
14:03des agences de notation
14:04dites extra-financières.
14:06Je n'aime pas trop
14:07ce mot-là
14:07parce que ça fait partie
14:08de passer un peu
14:09en dehors de la finance,
14:10non, demain,
14:11aujourd'hui, déjà,
14:12et demain,
14:12ça sera la même chose.
14:14Et il faut savoir
14:15qu'aujourd'hui,
14:16nous sommes en train
14:17de perdre
14:18la souveraineté
14:20des données.
14:21Et il faut très vite
14:22se saisir de ces sujets.
14:24C'est à l'Europe
14:24de s'en saisir,
14:25très clairement.
14:26Et à l'Europe de s'en saisir
14:26et faire les pas nécessaires
14:28pour que ces données
14:30soient formatées
14:32de façon
14:33qu'elles soient comparables,
14:34stockées
14:35et mises à disposition
14:36de l'écosystème.
14:37Pardon de vous interrompre,
14:38mais qu'est-ce qui manque ?
14:39C'est-à-dire,
14:39pourquoi on est en train
14:40de perdre la souveraineté
14:41de ces données ?
14:41Parce que, par exemple,
14:42je vais vous donner
14:43un exemple qui parle.
14:44On avait des entreprises
14:46type Vigeo
14:47qui étaient des entreprises
14:48depuis 20 ans
14:49présentes sur le marché
14:50à faire des données
14:51extra-financières.
14:52Elles ont été achetées
14:53par des acteurs
14:55anglo-saxons
14:56et par que Vigeo.
14:58Je donne juste un exemple.
14:58Il y en a plusieurs,
14:59pratiquement toutes.
15:00Et après,
15:01pour certaines,
15:02ont été intégrées
15:04dans quelque chose
15:05qui n'est plus en Europe
15:06et on ne sait plus
15:06comment les mesures
15:07sont faites,
15:08etc.
15:09Pour d'autres,
15:10et c'est le cas de Vigeo,
15:11ils ont carrément
15:11été mis en faillite.
15:12Elle a disparu,
15:14cette entreprise.
15:14Mais il n'y a plus aujourd'hui
15:16cette souveraineté
15:18de données
15:18extra-financières
15:19en Europe.
15:20Or,
15:20on a des leviers.
15:21Il y a cette initiative
15:22ESAP,
15:23European Single Access Data Point,
15:27dans laquelle on doit
15:28tous mettre
15:28nos données financières
15:30et extra-financières.
15:31Ça serait une base
15:31de données
15:32qui pourrait être
15:33un accès public
15:34pour tout le monde.
15:35Et c'est une organisation
15:36qui pourrait répondre
15:37à retrouver notre souveraineté
15:39sur cette donnée
15:40qui est très importante.
15:41Peut-être que c'est un cliché,
15:45mais je l'assume.
15:46Les fonds ESG,
15:48ils sont supposés
15:50moins performés
15:51que les autres.
15:52Déjà,
15:52est-ce que c'est vrai ?
15:53Alors,
15:55je vais vous dire
15:56que c'est vrai
15:56et c'est faux
15:57comme pour tout autre fond.
15:59Il y a eu une période
16:002020-2021,
16:032022 peut-être encore,
16:05où ces fonds
16:06ont largement
16:07surperformé
16:08les autres fonds.
16:09Parce que dedans,
16:10vous avez des biais.
16:12Vous avez des entreprises
16:13qui ont innové,
16:14qui ont proposé
16:15des projets.
16:16Après,
16:16vous avez eu
16:17une autre période
16:19où ces fonds
16:19ont sous-performé
16:20parce qu'il y a eu
16:21d'autres secteurs,
16:22notamment des secteurs
16:23liés à l'énergie
16:25qui ont beaucoup
16:26plus performé,
16:28mais qui n'étaient pas présents
16:29dans les fonds ESG.
16:31Donc,
16:31on revient à la même chose
16:32que la rupture technologique.
16:34C'est des cycles de marché.
16:36Oui,
16:36et ce n'est pas un principe,
16:37enfin,
16:37ce n'est pas un principe,
16:38ce n'est pas parce que
16:38c'est un fonds ESG
16:39qui va sous-performer.
16:40Il y a des moments
16:41où les secteurs
16:43qui vont être leaders
16:44dans cette transformation ESG
16:45vont être très porteurs,
16:48puis moins,
16:49et d'autres secteurs
16:50vont l'être.
16:51Et en fait,
16:51aujourd'hui,
16:52tout ce que nous pouvons dire,
16:54c'est qu'il faut l'assimiler
16:56aux rotations sectorielles
16:57qu'on connaît
16:58depuis toujours
16:58dans l'investissement.
17:00Parce que cette idée,
17:01qui est donc une idée reçue,
17:02elle freine peut-être aussi
17:04ce dont on parlait
17:05en début d'entretien,
17:06c'est-à-dire le fléchage
17:07de cette épargne des ménages
17:10qui est gigantesque
17:11vers la transition environnementale
17:14et sociétale, d'ailleurs.
17:15Et on arrive au point
17:16que je disais,
17:17c'est l'éducation financière.
17:19Et c'est ça
17:19qui est très important.
17:20Il faut qu'on investisse
17:21à faire cette éducation.
17:23Parce que nous,
17:23on constate que
17:24lorsqu'on explique,
17:25même aux institutionnels,
17:27je vous ai dit,
17:28c'est très clair pour eux,
17:29il n'y a pas aujourd'hui
17:31un appel d'offres
17:32en Europe,
17:33en France c'est sûr,
17:34en Europe je ne pourrais pas dire,
17:36où il n'y a pas
17:36des critères d'état financier
17:37et vous voyez
17:38que les investisseurs institutionnels
17:40investissent à long terme,
17:42ils doivent amener le rendement,
17:44donc c'est des professionnels aussi,
17:45ils ont très bien compris ça.
17:47Mais même quand vous parlez
17:48à des clients particuliers
17:50et que vous leur expliquez ça,
17:52ils sont plutôt volontaires
17:54à mettre leur épargne
17:55dans ces secteurs.
17:55et on le voit
17:56que ce soit à travers
17:57l'épargne salariale,
17:58que ce soit à travers
17:59l'épargne retraite,
18:00où ils ont un horizon
18:01de temps long,
18:02où ils privilégient
18:03ces investisseurs.
18:04Les labels,
18:05ils jouent un rôle important,
18:06le label ISR
18:07dont on parlait justement
18:08au début d'émission,
18:09il est reconnu,
18:11identifié quand même
18:12par pas mal de Français ?
18:13Oui,
18:14il est reconnu,
18:15le label ISR est présent
18:16sur le marché
18:17depuis des décennies,
18:18donc il a une très bonne
18:19acceptation par le public
18:22et les labels c'est bien
18:23parce que c'est un peu
18:24comme des boussoles
18:26qui vous guident
18:28dans votre choix
18:29d'investissement.
18:31Le point qui est très important
18:33pour moi
18:34et que je le constate
18:35dans la vie courante,
18:36c'est la stabilité,
18:37c'est-à-dire qu'aujourd'hui
18:38on crée des labels,
18:40il faut investir
18:41pour les rendre accessibles
18:44au public,
18:44les expliquer
18:45et garder la stabilité
18:47parce que c'est très difficile
18:48d'expliquer à quelqu'un
18:49voilà vous investissez
18:50aujourd'hui dans un fond
18:51qui a ce label
18:52pour telle raison
18:53et deux ans après
18:54on a remanié
18:55tous les paramètres
18:57du label
18:58et donc le fonds
18:59n'est plus labellisé
19:00et puis vous devez venir
19:01vers votre client
19:02pour lui dire
19:02bah non c'est plus labellisé
19:04il faut prendre un autre fonds
19:05qui est labellisé différemment
19:06donc je pense
19:07qu'il y a deux sujets
19:08éducation
19:09et stabilité
19:10qui vont nous aider
19:11à promouvoir ces labels
19:12et à faire de cela
19:13un atout pour le public.
19:14Il n'y a pas trop de labels
19:15il y a quelques mois
19:16il y a eu le label
19:18Finance Finance Europe
19:19qui a été lancé
19:21l'AFG était présente
19:23je crois
19:23dans cette annonce
19:24au ministère de l'économie
19:25pourquoi il faut rajouter
19:26un label
19:27vous voyez ce que je veux dire ?
19:28Alors déjà
19:29on est content
19:29qu'on a ajouté un label
19:30et pas un produit
19:31parce que ce label
19:32peut être appliqué
19:33à plein de produits financiers
19:35qui existent déjà
19:35nous par exemple
19:36on dit
19:37l'enveloppe PEA
19:39plein d'épargne
19:40en action
19:41pour les français
19:41qui est une enveloppe
19:42connue depuis très longtemps
19:44maintenant peut être
19:45labellisé
19:45parce qu'effectivement
19:47dedans pour avoir
19:47ce bénéfice fiscal
19:49il faut que vous fléchez
19:50votre épanne
19:51vers des entreprises européennes
19:52donc c'est tout à fait
19:53le lieu de ce label
19:54quelque part pareil
19:55si on fait
19:56la bonne explication
19:57de texte
19:58et on montre
19:59quels sont les produits
20:00que vous avez peut-être déjà
20:01que vous connaissez
20:03qui répondent
20:04vous allez abonder
20:05plutôt à ces produits-là
20:06qu'à d'autres
20:06Il nous reste 4 minutes
20:08on va terminer
20:09sur un chapitre
20:10qui est très important
20:10la question du cadre réglementaire
20:13de l'harmonisation européenne
20:15avec un contexte
20:16qui est en train de changer
20:17avec la loi Omnibus
20:19alors il y a toujours
20:21il y a deux façons
20:22de lire
20:23ce qui se passe
20:24autour de la CRCRD
20:26du bilan extra-financier
20:27les uns disent
20:29bah oui
20:30il fallait une simplification
20:31heureusement qu'elle arrive
20:32les autres disent
20:33oui mais
20:33on a retiré
20:35tellement d'entreprises
20:37du système
20:39qu'il va peser
20:41très peu finalement
20:42vous vous situez où
20:43entre ces deux perceptions ?
20:45nous on est assez constant
20:47par rapport à ce que j'ai dit
20:48au début
20:48c'est à dire
20:49il faut entraîner tout le monde
20:50donc nous on pense
20:52que c'est important
20:52de s'amplifier
20:532000 et quelques indicateurs
20:55c'était beaucoup trop
20:56et il faut partir
20:57par palier
20:58et commencer plus simple
20:59donc notre attitude
21:01a toujours été
21:02très pragmatique
21:03de donner un nombre
21:04d'indicateurs
21:05assez réduit
21:06à 140-150 indicateurs
21:09pour les grandes entreprises
21:09et peut-être
21:1030-40-50
21:12pour les plus petites entreprises
21:13mais embarquer
21:14tout le monde
21:15donc nous
21:16la simplification
21:17ne vient pas
21:18par l'exclusion
21:19de 80%
21:20de l'univers
21:21parce que c'est
21:21des toutes petites entreprises
21:23qui on considère
21:24qu'elles ne sont pas
21:25capables de produire
21:26les 1000 et quelques indicateurs
21:27ça c'est vrai
21:28mais c'est plutôt
21:29d'ajuster la tâche
21:31à la force
21:32de la petite entreprise
21:33parce que
21:33in fine
21:34tout le monde
21:35doit faire cette transition
21:36et puis pour nous
21:38si vous voulez
21:39quand vous avez
21:40un mandat de gestion
21:41d'un institutionnel
21:42qui vous dit
21:42je veux les données ESG
21:43si les petites entreprises
21:45ne les publient plus
21:46même si c'est que
21:4730 ou 40
21:48en fait
21:48vous n'aiguillez pas
21:49les flux vers ces entreprises
21:50donc on arrive
21:52à ce qui est contre-productif
21:54la question du seuil
21:55donc du nombre
21:55de salariés
21:56pour définir
21:57les entreprises
21:58concernées par la CSRD
21:59là vous pensez
22:00que la loi Omnibus
22:01va trop loin
22:01c'est ça ?
22:02bah oui
22:02ça exclut trop d'entreprises
22:04c'est à dire
22:05que vous avez
22:06presque 80-85%
22:08des entreprises
22:08qui sont exclues
22:09et encore une fois
22:10les entreprises
22:13qui sont exclues
22:13de ce rapport
22:14ne sont pas
22:16des entreprises
22:16qui ne sont pas
22:17obligées
22:17de faire cette transition
22:18parce que c'est une question
22:19de survie
22:20donc il faut
22:21peut-être
22:22oui parce que
22:22leurs donneurs d'ordre
22:23vont leur mettre
22:24la pression
22:25pour remplir
22:26les critères
22:26exactement
22:27la grande entreprise
22:28qui a un sous-traitant
22:29de plus petite taille
22:30elle pour rapporter
22:32ses données
22:34et tenant compte
22:35qu'il doit étudier
22:36toute la chaîne
22:37de valeur
22:37elle va être obligée
22:38de demander
22:39ses données
22:39à la petite entreprise
22:40mais est-ce que finalement
22:41ça ne va pas avoir lieu
22:43parce que les PME
22:45ou même certaines ETI
22:46elles vont devoir le faire
22:47de toute façon
22:47pour garder leur marché
22:48vous voyez ce que je veux dire
22:49même si la directive européenne
22:51ne le rend plus obligatoire
22:52c'est pour ça que pour nous
22:53cette méthode de dire
22:55je crée un socle
22:56de plus petit nombre
22:58d'indicateurs
22:58que ce soit 150 pour les grandes
23:01et peut-être 30 ou 40
23:02pour les plus petites
23:02c'était une approche pragmatique
23:04et qui répondait
23:06à toute la chaîne
23:06et qui permettait
23:08au bout de 5 ans
23:09de voir si tout le monde
23:10est bon là-dessus
23:11on peut acheter
23:12tel ou tel indicateur
23:13et faire ça par progression
23:14mais je pense que l'écosystème
23:16a sa force
23:17et sa capacité de dialogue
23:19et qu'on va y arriver
23:21comme vous dites
23:21ça va peut-être être
23:23quelque chose
23:23sur une base volontaire
23:24et quelque part
23:25ce volontariat
23:26est un petit peu imposé
23:27parce que vous êtes fournisseur
23:28d'un grand acteur
23:29qui lui a besoin
23:29de produire les données
23:31et puis pour conclure
23:31sur ce thème
23:32est-ce qu'il faut compter
23:33sur justement
23:34la volonté des entreprises
23:35de se comparer entre elles
23:37parce que c'est aussi à ça
23:38que la CSRD doit servir
23:40bien sûr
23:41et c'est pour ça
23:42que les paramètres
23:43en absolu
23:44ne veulent pas dire grand chose
23:45parce que ce n'est pas
23:46la même chose
23:46de comparer
23:47une entreprise
23:48du secteur de l'acier
23:49avec une entreprise
23:50du secteur de la finance
23:51et c'est pour ça
23:52que ces données
23:52ont leur rôle
23:54pour regarder
23:56des écosystèmes
23:57qui sont comparables
23:58Merci beaucoup
23:59Mirella Lagage Durand
24:00c'était passionnant
24:01et à bientôt
24:02sur Be Smart for Change
24:03on passe tout de suite
24:03à notre rubrique
24:04start-up et innovation
24:06Sous-titrage Société Radio-Canada
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