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  • il y a 5 jours
Ce mardi 2 décembre, Dominique Carlac'h, vice-présidente d'ABGi France en charge des relations institutionnelles, était l'invitée dans l'émission Good Morning Business sur BFM Business. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.

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Transcription
00:00Good Morning Business, parole de patron.
00:03Et oui, tous les matins, Good Morning Business ouvre 5 minutes de son antenne à un patron.
00:07Il nous partage son point de vue sur une actualité.
00:09Ce matin, nous avons le plaisir d'être avec Dominique Carlac.
00:12Bonjour, vice-présidente d'Abji France.
00:15On parle avec vous, Dominique, de Carmat.
00:17Au cœur de l'actualité depuis hier et largement dans nos éditions depuis ce matin,
00:22le floron des cœurs artificiels français qui est sauvé.
00:25L'offre de reprise de Pierre Bastide, principal actionnaire de Carmat, a été acceptée par le tribunal de commerce de Versailles hier.
00:33Une nouvelle société du même nom va être créée avec une ambition, concevoir une prothèse capable de se substituer à une greffe de cœur.
00:4188 emplois sont sauvegardés.
00:44C'est un ouf, d'abord, de soulagement.
00:46Il y a eu beaucoup de rebondissements.
00:48On a cru que cette entreprise allait disparaître.
00:51Finalement, il y a une deuxième chance qui lui est donnée.
00:53Comment est-ce que vous regardez ça ?
00:55Dans le contexte, c'est une double bonne nouvelle.
00:57La première, c'est qu'on sauve une entreprise.
00:59Donc, ça fait toujours plaisir dans un contexte compliqué économiquement de pouvoir sauver une entreprise.
01:03Puis la deuxième, c'est que Carmat, c'est une histoire entrepreneuriale qui est fondée sur l'innovation, sur l'innovation française.
01:09C'est la rencontre de deux hommes, Alain Carpentier, le professeur Alain Carpentier, célèbre cardiologue,
01:14et Jean-Luc Lagardère, à l'époque dirigeant de Matra, ancêtre d'Airbus.
01:20Et donc, Carmat, c'est Carpentier et Matra, Carmat.
01:23Et ces deux-là se rencontrent.
01:25Et Jean-Luc Lagardère, à l'époque, dit, moi, je mise sur cette technologie et je mets à disposition tous les moyens financiers et technologiques
01:32pour développer une innovation à la française dans les dispositifs médicaux,
01:36c'est-à-dire être le premier à faire un cœur entier artificiel.
01:40Donc, aujourd'hui, un gros pari, en 2008, création de Carmat.
01:44Et puis, aujourd'hui, c'est des perspectives nouvelles qui s'ouvrent,
01:46parce qu'effectivement, l'entrepreneur a vraiment ce courage, aujourd'hui, Pierre Bastide,
01:52de remettre de l'argent dans cette société.
01:56Les perspectives sont intéressantes, parce qu'en fait, en 2024 et 2025,
02:00on n'avait jamais autant implanté, jamais autant fait de cœur artificiel
02:03que les dix années qui avaient précédées.
02:05Et pourquoi ? Parce qu'en fait, il y a un vrai besoin.
02:08En fait, ce cœur artificiel, aujourd'hui, il est un pont vers la transplantation.
02:12C'est-à-dire qu'aujourd'hui, les gens qui ont besoin d'une transplantation, d'un cœur vivant,
02:18ils sont un sur deux à pouvoir en bénéficier, parce qu'il n'y a pas de greffons.
02:22Donc, du coup, c'est une étape pour pouvoir ensuite avoir une transplantation.
02:26Avec une bonne nouvelle, c'est que Carmat, juste là, ces derniers mois,
02:29a développé quelque chose qui pourrait être greffé pour tout le temps,
02:33pas simplement une étape.
02:35C'est important de rappeler quand même qu'il y a un million de Français
02:38qui ont ce problème biventriculaire.
02:42Vous voyez, ce n'est pas quand vous avez un problème juste sur un ventricule,
02:44c'est quand vous avez un problème sur les deux ventricules
02:46que là, ça s'impose d'avoir ce genre de prothèse.
02:49Il y a un million de Français qui en ont besoin, c'est encore pire en Allemagne.
02:52Donc, en fait, il y a un marché, il y a un vrai besoin.
02:54Simplement, ça cache un problème fondamental du financement de l'innovation en France.
03:00C'est qu'on a de très bons scientifiques, on a une très bonne recherche médicale,
03:05on a un très bon système d'innovation et de transfert de technologies.
03:09On sait financer des startups, mais en revanche, on ne sait pas les faire grandir.
03:14Aller chercher 150 millions d'euros pour industrialiser une innovation
03:18qui est partie de la science française, qui est partie de la recherche médicale française
03:22et qui a créé une startup française, on ne sait pas franchir le pas d'après.
03:26C'est un bon cas à étudier en école de commerce quand même.
03:29Absolument.
03:29C'est quand même une entreprise innovante avec des idées, de l'ambition,
03:34mais qui en fait n'a jamais vraiment fonctionné, n'a jamais vraiment pris jusqu'à maintenant.
03:39Et Nicolas Dufourc, le patron de BPI France qui a été il y a quelques mois sur notre antenne,
03:43disait que lui et à la BPI, il n'y avait jamais cru.
03:47Mais il y a quand même ce second souffle et la preuve que sur un échec,
03:51on peut aussi construire l'avenir.
03:53C'est tout le sens de l'innovation.
03:55C'est-à-dire que BPI a beaucoup participé quand même à un karma.
03:58Ils ont aidé quand c'était le moment.
03:59Mais effectivement, ce passage à l'échelle, on ne parle plus de startup, mais de scale-up,
04:04c'est-à-dire l'échelle un peu plus grande où on industrialise et on commercialise à plus grande échelle,
04:09le système d'innovation français est carencé.
04:11Et c'est particulièrement vrai dans le secteur des dispositifs médicaux.
04:16Pourquoi ? Parce qu'en fait, le développement d'une solution de santé, ça met longtemps, ça met des années.
04:22Parce qu'il faut tester, parce qu'on n'est pas des apprentis sorciers quand on est fabricant de dispositifs médicaux.
04:27Donc il y a de la réglementation.
04:28Et donc, c'est vrai que c'est des processus longs et que les solutions de santé,
04:33si on veut qu'elles soignent nos patients français, nos patients européens,
04:38il faut se donner le temps.
04:39Et le temps, c'est de l'argent.
04:40Et donc, du coup, il faut avoir ce système de financement sur du long terme.
04:44Mais pour conclure, est-ce que la dimension européenne, justement,
04:46ce n'est pas encore ce qui manque à ces entreprises ?
04:49C'est les deux.
04:50On a fait une étude pour le SNITEM, le syndicat national qui rassemble tous les fabricants de dispositifs médicaux.
04:58On croyait que toutes les startups, elles partaient aux États-Unis.
05:00En fait, non.
05:01La moitié des startups qui émergent, elles sont rachetées d'abord par des Européens.
05:05Donc la solution, elle est bien européenne.
05:07Il faut un système de financement européen pour ce genre de startup de long terme.
05:12Oui, ça sera peut-être la prochaine étape.
05:14Il faut le souhaiter, en tout cas.
05:15Merci beaucoup.
05:15Merci à vous.
05:16Dominique Carlag, vice-présidente d'Abji France, pour ce décryptage.
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