Ce vendredi 24 octobre, Thibault Morel, analyste actions pour Silex, s'est penché sur le retour du hardware dans la technologie et le retard européen sur le hardware, dans l'émission BFM Bourse présentée par Guillaume Sommerer. BFM Bourse est à voir ou écouter du lundi au vendredi sur BFM Business.
00:00On a sonné à la porte les amis, non ? Attendez, je regarde.
00:03Qui est là ? Oh ! C'est un de nos experts réguliers sur les thématiques tech, c'est Thibaut Morel.
00:08Venez, venez Thibaut, entrez ! Thibaut Morel est analyste d'action chez Silex, il a vu de la lumière
00:14et il a sonné et vous avez bien fait Thibaut. Bienvenue ! Thibaut Morel, analyste d'action
00:18donc pour Silex, c'est l'invité décalé. Vous passiez dans le quartier et comme la porte est
00:22toujours ouverte, vous avez osé sonner. Ça a marché. Bien vu. Alors puisque vous êtes là,
00:27on va en profiter pour se parler peut-être en toute confidentialité des grandes thématiques
00:31d'avenir et vraiment avec un franc parlé dont on sait que vous êtes expert. On va parler de la tech
00:37parce que la semaine prochaine les 7 magnifiques vont continuer de publier, notamment les GAFAM. On
00:42aura Apple, Amazon, Alphabet, Meta et toutes les GAFAM vont y passer la semaine prochaine. Et en
00:46attendant, vous venez de nous alerter sur le retour du hardware dans la technologie, il faudrait pas que
00:50ce virage là l'Europe le loupe également. On a un vrai retour du hardware dans la tech aujourd'hui.
00:54Oui, c'est tout à fait. On a vraiment un retour du hardware. Alors c'était pas une évidence parce
00:59qu'on avait l'habitude que les darlings du marché, ce soit les grandes boîtes de software en trois
01:04lettres, les CRM, les ERP, donc on pense à l'exemple Salesforce ou d'autres. Mais on a eu quand même
01:13un changement majeur avec l'IA. C'est que celles qui font le plus parler d'elle en ce moment, c'est pas
01:18celles qui font du SaaS ou des abonnements, c'est celles qui vendent du hardware, des Nvidia par exemple.
01:24On en a d'autres, des Broadcom, etc. Mais ça, c'est pour deux raisons. La première, c'est que pour l'IA, ce qui compte, c'est le form factor. Ce qu'on appelle le form factor, c'est la forme sous laquelle va être distribuée l'IA. Une voiture autonome, un robot, c'est pas du tout les mêmes cas d'usage.
01:41Puis il y a une autre chose qui est très importante et dont on parle beaucoup, c'est l'infrastructure pour faire tourner l'IA. On a besoin de datacenters très puissants. On parle de gigawatts de puissance de datacenters.
01:52Puis il y a toute l'infrastructure qui va derrière. L'électricité, les puces, tout ça.
01:56Les câbles, les racks, les systèmes de refroidissement, les compresseurs, c'est du hardware. Julien ?
02:02Oui. Alors, on en parlait avant, vous arrivez. La tech française, elle a un peu pris bouillon. Alors, la tech à la française, donc le software avec Dassault Systèmes.
02:11Mais également, alors, vous, vous appelez ça, j'ai l'impression que les semi-conducteurs pour vous, c'est du hardware.
02:16On peut considérer ça comme du hardware. Mais je veux dire, on ne voit pas vraiment un groupe européen se détacher en bourse sur le hardware.
02:22On a du retard par rapport à ça ?
02:25C'est vrai que dans pas mal de segments, notamment ce qu'on considère être les segments de pointe, la pointe de la technologie, il y a quand même pas mal de retard.
02:35Si on prend les semi-conducteurs, effectivement, si on prend une définition très large du hardware, les semi-conducteurs, ce qu'on s'aperçoit, c'est qu'il n'y a pas d'acteurs qui proposent, par exemple, des accélérateurs d'IA, tels que Nvidia.
02:45Nvidia n'est pas le seul. On parle de Nvidia tout le temps.
02:47Mais il y a des Broadcom, il y a des Marvel, il y en a plein aux Etats-Unis qui ont des très grosses capitalisations.
02:53On n'a pas ça en Europe. Et même les Chinois, on parle moins de Huawei, mais Huawei est aussi très bien représenté en Europe.
03:01Il y a d'autres secteurs que le semi-conducteur. La voiture autonome, on a, pareil, aux Etats-Unis, deux gros acteurs.
03:07Waymo, fidèle de Google. On a Tesla. Les Chinois sont un petit peu derrière, peut-être deux ans derrière.
03:11Et en Europe, on n'a pas grand-chose.
03:13Et puis, on peut enchaîner comme ça tous les domaines de pointe, même ceux pour lesquels on était avant en pointe, typiquement, ordinateurs quantiques.
03:21On avait des très belles entreprises aujourd'hui. Ceux qui font les news, c'est Google.
03:25Mais il n'y a pas vraiment zéro domaine où on a un champion.
03:30Enfin, je ne sais pas, je pense quand même au hardware, du hardware.
03:32Je pense à ASML, par exemple. Mais au-delà de ça, vous ne trouvez aucune société qui soit vraiment, on va dire, le point pivot d'une dynamique de développement.
03:44Évidemment, je me fais l'avocat du diable. Mais il y a évidemment des pépites.
03:47Et ASML en fait partie des équipementiers semi-conducteurs, qui sont d'ailleurs très localisés, on va dire, aux Pays-Bas, font partie de ces secteurs-là.
03:56Et puis, il y en a d'autres. Il y a des grands secteurs, comme le secteur de l'électrique, avec des Schneider, des Legrand.
04:03Oui, l'Europe n'est pas absente totalement de l'hardware.
04:05Pas totalement. Non, non. Il y a des secteurs qui sont représentés et qui viennent, on va dire, c'est des secteurs souvent qui étaient déjà là avant et qui viennent soutenir les grandes avancées.
04:15Typiquement, Schneider, Électrique et Legrand, ils trouvent un relais de croissance dans des produits qui existaient déjà, des produits de transformation d'électricité, qui viennent trouver un nouvel débouché dans les data centers.
04:24Oui, alors c'est un peu le... Comment dire ? S'il y a, c'est la mine d'or. NVIDIA, c'est l'appel. Schneider et Legrand, c'est les grands pour tenir l'appel.
04:34En vrai, je suis bien.
04:36Oui, oui, oui. C'est vrai qu'on peut le voir.
04:38Qu'est-ce qui est plus compliqué, finalement, en Europe qu'ailleurs ? Parce que vous nous dites, on est en retard sur l'IA, on est en retard aussi sur le hardware.
04:46Pourtant, l'Europe, c'est une puissance industrielle. La révolution industrielle, la première a eu lieu ici. La deuxième aussi. La troisième, non.
04:52Le hardware de la tech, on est en train de le rater, même si, effectivement, Antoine, il y a SML, et puis dans Laval, il y a Schneider et Legrand.
04:58Mais globalement, les grandes valeurs, les grandes sociétés, les grands constructeurs du hardware mondial de la tech sont ailleurs.
05:04Comment est-ce que vous l'expliquez ? C'est culturel ? C'est dû à des réglementations, à la politique ? Quelles sont les causes de ça ?
05:10On peut d'abord parler des juges suspectes, qui sont quasiment devenus des poncifs concernant l'Europe.
05:15Il y a évidemment la fragmentation du marché, qui est un argument assez courant.
05:19La régulation, qui revient tout le temps comme sujet.
05:23Et c'est vrai que c'est un sujet, la régulation.
05:25Et d'ailleurs, c'est pour ça que les Européens, aujourd'hui, n'ont pas accès à plein de services IA, dont les Américains profitent déjà.
05:31Typiquement, la voiture autonome, il y a plusieurs millions de trajets par mois qui sont effectués en voiture autonome aux Etats-Unis.
05:36En Europe, c'est encore de la science-fiction.
05:39Il y a plein d'autres services IA aujourd'hui, du fait de la régulation, qui ne peuvent pas émerger en Europe.
05:47Mais est-ce qu'il n'y a pas aussi en Europe une forme de mépris de l'industrie et du hardware ?
05:50C'est bien en France qu'est apparu le concept d'industrie sans usine.
05:55Est-ce que ça ne montrait pas une forme de mépris de l'usine, de l'industrie et du hardware ?
05:58Et c'est ça qu'on est en train de payer aussi aujourd'hui ?
06:00Tout à fait, c'est vrai que c'est facile de taper sur les gouvernements.
06:04Mais il y a aussi un sujet côté mentalité et culture européenne, même du côté des investisseurs.
06:13Il y a, depuis pas mal d'années, un certain désamour pour le hardware.
06:18Mais qu'est-ce qu'il explique justement ce désamour ?
06:21Parce qu'on était quand même très très fort sur un certain nombre de sujets, très en pointe.
06:24Je ne sais pas, je me souviens, la 4G par exemple, ça paraît tout bête.
06:26Mais on avait des années-lumière d'avance sur les Américains.
06:31Là, on s'est tout fait grignoter, manger à grande mâchoire en quelques années.
06:37Et ça participe aussi à ce mouvement-là ?
06:39Oui, tout à fait. Il y a, je dirais, des clichés qui collent à la peau du hardware.
06:45Beaucoup de clichés qui ne sont pas forcément vrais aujourd'hui.
06:49Typiquement, le business model du hardware est souvent un peu mal regardé parce que c'est de la vente à l'unité.
06:55Ça paraît un peu moins récurrent que des revenus par abonnement d'entreprise.
07:01Il y a la complexité. Le hardware s'est complexifié énormément avec le temps.
07:06Et il y a une forme d'incompréhension, la peur de la boîte noire aussi dans le hardware côté européen,
07:11qu'on retrouve un petit peu moins en termes culturels du côté américain ou chinois.
07:17Et puis, ceux qui financent aussi, enfin, est-ce que ceux qui financent les entreprises en Europe
07:21ou les acteurs européens du financement aussi sont plus frileux que les acteurs anglo-saxons, en l'occurrence ?
07:27Voilà, en amont de tout ça.
07:29Oui, il y a une vraie frilosité.
07:32Et on le voit clairement quand on parle à différents investisseurs du côté américain et du côté européen.
07:37Les Européens ont plus tendance à voir vraiment les risques.
07:40Et plein de sortes de risques.
07:42Quand on parle aux investisseurs européens, là où un Américain va tout de suite rentrer dans le cœur du sujet
07:48quand est-ce qu'on atteint le seuil de rentabilité, cette technologie-là, est-ce qu'ils sont vraiment leaders ?
07:53Un Européen va, par exemple, poser la question de
07:55oui, mais est-ce que ça ne va pas consommer plus d'eau ?
07:58Quel est le risque pour la planète ?
08:00C'est plus cette vision du risque qui est présente chez les investisseurs.
08:03Mais c'est vrai que ce risque-là, il faut le prendre pour faire du hardware.
08:08Parce que typiquement, financer le développement d'une puce,
08:10ça coûte des dizaines de millions de dollars juste pour faire un prototype de puce.
08:15C'est consommer tout de suite ce cash-là.
08:18Et il faut avoir ce goût du risque pour financer ces projets.
08:22Thibaut Moret, l'analyste d'action pour Silex.
08:25Merci beaucoup Thibaut d'être passé nous voir sur le plateau.
08:27Vous avez bien fait de sonner, vous voyez, la porte est ouverte.
08:29Et en plus, c'était très intéressant.
08:30Merci beaucoup.
08:30Vous avez bien fait de sonner, vous avez bien fait de sonner, vous avez bien fait de sonner, vous avez bien fait de sonner, vous avez bien fait de sonner, vous avez bien fait de sonner, vous avez fait de sonner, vous avez fait de sonner, vous avez fait de sonner, vous avez fait de sonner, vous avez fait de sonner, vous avez fait de sonner, vous avez fait de sonner, vous avez fait de sonner, vous avez fait de sonner, vous avez fait de sonner, vous avez fait de sonner, vous avez fait de sonner, vous avez fait de sonner, vous avez fait de sonner, vous avez fait de sonner, vous avez fait de sonner, vous avez fait de sonner, vous avez fait de sonner, vous avez fait de sonner, vous avez fait de sonner, vous avez fait de sonner, vous avez fait de sonner, vous avez fait de sonner, vous avez fait de sonner, vous avez fait de son
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