- il y a 2 jours
Le 25 février 1994, Yann Piat, députée du Var, est assassinée sur une petite route proche de Hyères par des hommes à moto. Pour beaucoup, il ne peut s'agir que d'un complot politique. Jean-Pierre Bonicco, journaliste à Var Matin, dresse la cartographie de la classe politique varoise. Contre toute attente, Gressler et Tomassone, deux petits gangsters, avouent les faits. Ils disent avoir agi pour le compte de Gérard Finale. Ce dernier rêvait de devenir le nouveau parrain du Var. Or, Yann Piat dénonçait les collusions politico-mafieuses.
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00:01:00Évidemment, l'affaire a pris une ampleur nationale.
00:01:02Une députée assassinée, c'est forcément une affaire politique.
00:01:07Un meurtre forcément commandité par des concurrents dans ce département
00:01:11où politique et mafia ont longtemps fait bon ménage.
00:01:14On ira même jusqu'à impliquer deux anciens ministres, des ministres.
00:01:18Il faut au moins ça pour ordonner le meurtre d'un député.
00:01:21La vérité ne sera pas celle que tout le monde attendait et que certains espéraient.
00:01:26Le soir, aux alentours de 19h, je me suis présenté au Standard
00:01:49parce que, tout simplement, il allait pleuvoir.
00:01:54Et donc, j'ai dit à mon collègue qui était en faction au Standard
00:01:57que j'allais aller fermer les vitres de ma voiture.
00:01:59Et peut-être 30 secondes après, est arrivée une voiture face à moi
00:02:05en zigzagant et en klaxonnant à tue-tête.
00:02:10Je suis arrivé en trombe, en trombe, oui.
00:02:17Et j'ai klaxonné tant que j'ai pu.
00:02:22Sur le moment, une fraction de seconde, je me dis,
00:02:24tiens, il a dû y avoir un accident, il y a quelqu'un qui arrive.
00:02:30Plus la voiture se rapprochait et plus j'ai vu qu'il se passait quelque chose.
00:02:33Puisqu'à un moment donné, j'ai entendu le conducteur dire,
00:02:38« On nous a tirés dessus, on nous a tirés dessus. »
00:02:41Le major Frolio reconnaît tout de suite les passagers.
00:02:45Yann Pia, député du Var, et son chauffeur, Georges Arnault.
00:02:51Ils ont été victimes d'un guet-apens.
00:02:55Yann Pia est inerte, du sang coule de sa poitrine.
00:02:59On sort Madame Pia de suite du véhicule
00:03:03et on pratique un massage cardiaque externe sur elle
00:03:07pour essayer de la faire repartir.
00:03:12Le CHMUR arrive pratiquement simultanément,
00:03:15quelques minutes après.
00:03:17De là, le médecin du CHMUR
00:03:18commence à prodiguer les soins
00:03:21sur Madame Pia.
00:03:27Puis à un moment donné,
00:03:28le médecin du CHMUR déclare que Madame Pia est décédée.
00:03:31Et il me regarde
00:03:32et il me dit, c'est fini.
00:03:39À 20h10,
00:03:41Yann Pia, 44 ans,
00:03:44député UDF de la 3e circonscription du Var,
00:03:47est déclaré
00:03:48décédé.
00:03:50Moins de 20 minutes après avoir été touché
00:03:52par les deux tueurs à moto.
00:03:55Yann Pia
00:03:56est la première femme députée
00:03:58assassinée
00:03:59en France.
00:04:11Georges Arnaud,
00:04:12vous étiez le chauffeur de Yann Pia
00:04:14et donc,
00:04:16ce jour de février 1994,
00:04:17vous la ramenez chez elle, c'est ça ?
00:04:19Oui, comme tous les soirs.
00:04:21Vous partez de la permanence ?
00:04:22On part de la permanence,
00:04:23il est 19h45
00:04:24et on suit le trajet habituel
00:04:27comme on le suivait tous les soirs.
00:04:29À aucun moment,
00:04:30vous ne remarquez quelque chose de particulier ?
00:04:32Jamais.
00:04:33Jamais.
00:04:34C'est un membre du soir,
00:04:35il y a de la circulation quand même en ville,
00:04:37on traverse la ville de Yerre,
00:04:38il n'y avait rien qui justifiait
00:04:39de pouvoir penser
00:04:41qu'on était éventuellement suivi.
00:04:43Rien.
00:04:44La moto qui est derrière vous,
00:04:45vous ne la voyez pas ?
00:04:46Jamais.
00:04:47Je la vois
00:04:47au moment où on nous tire dessus.
00:04:50Comment ça se passe
00:04:50le moment où on vous tire dessus ?
00:04:51Elle, elle a vu la moto arriver
00:04:54et elle me dit
00:04:55qu'est-ce que c'est cette moto ?
00:04:57Je dis quelle moto ?
00:04:58Et à ce moment-là,
00:04:58je vois les phares de la moto s'allumer.
00:05:00Le tir commence
00:05:01et ça va très vite.
00:05:02Ça a duré, je ne sais pas,
00:05:04deux secondes,
00:05:04on ne sait pas.
00:05:05Ça va très vite.
00:05:06Et alors les tirs,
00:05:07vous vous êtes touchés tout de suite ?
00:05:08Enfin...
00:05:09Si vous voulez,
00:05:10il y a une cadence de tir,
00:05:11je crois qu'il y a deux balles
00:05:11qui rentrent par l'arrière
00:05:13ou trois.
00:05:15Moi, il y en a une qui me prend.
00:05:17Elle vous touche où, vous ?
00:05:18Moi, elle me touche à la jambe.
00:05:20À travers la portière.
00:05:21Elle est touchée.
00:05:22Elle reçoit une balle
00:05:23sur le cœur
00:05:25et une balle dans l'amoplate
00:05:27derrière.
00:05:28Donc, elle est touchée deux fois.
00:05:30Et vous voyez les tireurs ?
00:05:31Je vois un gars qui arrive vers moi.
00:05:33Pourquoi faire ?
00:05:33C'était pour me finir.
00:05:35Voilà, bon,
00:05:35il y a eu un moment
00:05:36un peu de panique
00:05:36passagère.
00:05:38Puis moi, après,
00:05:39je suis parti.
00:05:40J'ai repris un coup de première.
00:05:41Je suis reparti.
00:05:41Je suis descendu jusqu'au pompier.
00:05:42Bonsoir, l'assassinat d'une femme
00:05:53parlementaire en France.
00:05:55Yann Pia, député UDF-PR du Var,
00:05:58a été tué hier soir à hier
00:05:59par deux hommes à moto.
00:06:00Émotion, consternation, indignation.
00:06:03Le député UPF a été abattu,
00:06:05exécuté par deux tueurs à moto.
00:06:07Yann Pia avait découvert la politique
00:06:12dans le sillage de Jean-Marie Le Pen,
00:06:14un des amis de sa mère
00:06:15qu'elle considérait comme son parrain.
00:06:17Élu en 86 dans le Var,
00:06:18sur les listes du Front National,
00:06:20réélu en 88,
00:06:21Yann Pia avait pris beaucoup de distance
00:06:23avec Jean-Marie Le Pen
00:06:24jusqu'à démissionner du Front National
00:06:26pour rejoindre les non-inscrits,
00:06:27puis l'UDF sur les bancs de l'Assemblée.
00:06:29C'est un séisme
00:06:30parce qu'une députée,
00:06:32femme, assassinée
00:06:33dans le sud de la France,
00:06:35dans le Var,
00:06:36un département qui est sujet
00:06:38à tous les fantasmes
00:06:40mais aussi à des réalités
00:06:41politico-affairistes,
00:06:44c'est un tremblement de terre.
00:06:46On est un peu égaré
00:06:47par le caractère inattendu
00:06:49de cet événement,
00:06:50par sa brutalité,
00:06:51par sa sauvagerie.
00:06:54On ne voit pas
00:06:55d'où le coup peut venir.
00:06:58C'est à hier
00:06:59que Yann Pia a été assassiné.
00:07:02Hier, les Palmiers
00:07:03l'a bien nommé.
00:07:04L'une des plus belles villes
00:07:05de la Côte-Varoise
00:07:06qui s'étend
00:07:07de la presqu'île de Gien
00:07:08aux îles du Levant.
00:07:13Des eaux turquoises
00:07:14très convoitées
00:07:15par les touristes
00:07:15et les promoteurs immobiliers.
00:07:18Yer est une ville
00:07:19qui sent aussi
00:07:20le soufre.
00:07:23Depuis plusieurs années,
00:07:25les règlements de comptes,
00:07:25les attentats
00:07:26se sont multipliés
00:07:27sur le port.
00:07:28Yer les Palmiers
00:07:28s'est transformé
00:07:29en hier les bombes.
00:07:31Yann Pia est la deuxième
00:07:32élue abattue
00:07:33en douze ans
00:07:34dans le Var.
00:07:35Le ministre de l'Intérieur
00:07:36en personne,
00:07:37Charles Pasqua,
00:07:38fait le déplacement
00:07:38à hier.
00:07:39Il assure qu'il n'y aura
00:07:40aucune impunité.
00:07:43On l'a dit
00:07:44depuis le début,
00:07:45nous rechercherons
00:07:45les assassins
00:07:46et nous les traquerons
00:07:47quels que soient
00:07:47d'abord ceux
00:07:49qui ont commis
00:07:49le crime naturellement
00:07:50et ceux qui l'ont commandé.
00:07:52Quel que soit
00:07:52le niveau
00:07:53où ils se trouvent,
00:07:54personne ne doit être
00:07:55à l'abri.
00:07:55Le lendemain du meurtre
00:07:59sur la petite route
00:08:00du Mont des Oiseaux.
00:08:03C'est ici
00:08:03que Yann Pia
00:08:04et Georges Arnault
00:08:05ont été pris pour cibles
00:08:06par les deux tueurs en moto.
00:08:09Les tueurs ont ouvert le feu
00:08:10dans le dernier virage.
00:08:12Six balles
00:08:13de calibre 38
00:08:14qui n'ont laissé
00:08:14aucune chance
00:08:15à la députée du Var.
00:08:20Le commissaire Christian Sainte
00:08:22et l'inspecteur
00:08:23Jean-Pierre Paravizini
00:08:24sont chargés
00:08:25de l'enquête.
00:08:27Ils viennent
00:08:28de la police judiciaire
00:08:29de Marseille.
00:08:31La méthode
00:08:31est une méthode
00:08:32de voyous.
00:08:32Deux motards
00:08:33qui tirent
00:08:35sur un véhicule
00:08:36pour tuer
00:08:37l'occupant,
00:08:38ça fait forcément
00:08:39penser à du banditisme.
00:08:41C'est un mode opératoire
00:08:42qu'on connaît
00:08:42sur Marseille,
00:08:43qu'on connaît
00:08:44également dans le Var,
00:08:45qu'on connaît aussi
00:08:46dans les Alpes-Maritimes.
00:08:47C'est classique,
00:08:49ça se pratique
00:08:49aussi ailleurs.
00:08:51Donc pour nous,
00:08:52c'est une orientation
00:08:52de banditisme
00:08:53par la façon
00:08:54de procéder.
00:08:56Sur les lieux du crime,
00:08:57il faut retrouver
00:08:58des indices
00:08:59et des témoignages.
00:09:01Tous les voisins
00:09:02sont interrogés.
00:09:03Chaque mètre carré
00:09:04est fouillé.
00:09:05Sur la route,
00:09:06des traces indiquent
00:09:07que la moto
00:09:07est tombée
00:09:08peu après le meurtre.
00:09:10On retrouve surtout
00:09:12des traces de chute
00:09:13de cette moto,
00:09:14un morceau
00:09:15de bouchon
00:09:16de radiateur.
00:09:20Donc on comprend bien
00:09:21que cette motocyclette
00:09:22a été endommagée
00:09:24suffisamment
00:09:24pour interdire
00:09:26en tout cas aux auteurs
00:09:27d'aller très très loin
00:09:28avec ce véhicule.
00:09:30La moto,
00:09:31en effet,
00:09:31n'est pas allée très loin.
00:09:33On la retrouvait
00:09:33quelques heures plus tard,
00:09:35incendiée
00:09:35et abandonnée
00:09:36à quelques kilomètres
00:09:37des lieux du crime.
00:09:38C'est une Yamaha rouge,
00:09:40une moto volée ailleurs
00:09:41dans la cité de la Blockarde.
00:09:45Les tueurs ont pris
00:09:45toutes leurs précautions.
00:09:47La moto ne porte
00:09:48aucune empreinte.
00:09:50Mais les policiers
00:09:51ont un témoin,
00:09:51un jeune homme
00:09:52qui affirme avoir vu
00:09:53le visage des tueurs.
00:09:54Il s'appelle
00:09:54Cédric Philippi
00:09:56et il affirme avoir croisé
00:09:58la moto en bas du Mont des Oiseaux
00:09:59quelques minutes
00:10:00après le drame.
00:10:04Il croise
00:10:05un peu plus bas
00:10:06donc cette moto
00:10:07qui redescend
00:10:08tout feu éteint
00:10:09avec deux individus,
00:10:10deux pilotes,
00:10:11enfin un pilote
00:10:11et un passager à bord
00:10:12qui n'ont d'ailleurs
00:10:14pas de casque.
00:10:17Et,
00:10:17bon,
00:10:18évidemment,
00:10:18c'est intéressant
00:10:19parce qu'une moto
00:10:19qui redescend
00:10:20dans ces conditions-là
00:10:21par rapport à ce qui s'est passé,
00:10:22par rapport à ce que nous,
00:10:22on sait,
00:10:23on sait,
00:10:26est pour nous
00:10:27un témoin
00:10:27de première importance
00:10:28surtout qu'on n'a pas eu
00:10:29d'autres témoignages
00:10:29qui aient dans le même sens.
00:10:30Cédric Philippi
00:10:32donne un signalement
00:10:33des deux hommes
00:10:33qu'il a vus
00:10:34sur la moto.
00:10:35Type européen,
00:10:37brun,
00:10:38jeune.
00:10:39Un portrait robot
00:10:40du passager,
00:10:40le tireur présumé,
00:10:42est aussitôt réalisé
00:10:43et diffusé dans la presse.
00:10:45Pour l'instant,
00:10:46c'est la seule piste.
00:10:48Aux obsèques de Yann Pia,
00:11:00derrière son cercueil,
00:11:02ses deux filles,
00:11:03Laetitia
00:11:04et Angélique.
00:11:07Leur mère
00:11:08n'avait que 44 ans.
00:11:14Yann Pia
00:11:15est né à Saigon,
00:11:16en Indochine,
00:11:17père inconnu,
00:11:19mère militaire.
00:11:21Elle a été en partie élevée
00:11:22par une famille d'accueil.
00:11:24Quand elle a 5 ans,
00:11:25sa mère la présente
00:11:26à l'un de ses amis,
00:11:27Jean-Marie Le Pen.
00:11:29Cette même mère
00:11:29qui au fil des années
00:11:30finit par ne plus
00:11:31lui rendre visite
00:11:32et qui finalement
00:11:33l'abandonne.
00:11:35Elle grandit dans le Var
00:11:36et après des études,
00:11:37deux mariages
00:11:38et un passage dans les Landes,
00:11:39elle s'installe à Yer
00:11:40avec ses deux filles.
00:11:41Elle se lance dans la politique
00:11:42et choisit le Front National,
00:11:44le parti de celui
00:11:45qu'elle appelle
00:11:45son parrain.
00:11:48Au début,
00:11:48en tout cas,
00:11:49Yann Pia adopte
00:11:50à 100%
00:11:51les idées du Front National.
00:11:53Elle fait campagne
00:11:53sur le rejet
00:11:54de l'immigration.
00:11:55Passée plus tard
00:11:56à l'UDF,
00:11:57elle gagne le surnom
00:11:58de Yann Dark
00:11:59en hommage
00:11:59à sa croisade
00:12:00contre les relations
00:12:01douteuses
00:12:01de certains politiques
00:12:02avec le milieu varrois.
00:12:06À ses obsèques,
00:12:07c'est son ami
00:12:08François Léotard,
00:12:09le maire de Fréjus
00:12:10et à l'époque
00:12:10ministre de la Défense,
00:12:11qui se fait
00:12:12le porte-parole
00:12:13d'une classe politique
00:12:14ébranlée
00:12:15par son assassinat.
00:12:19Dans la nuit,
00:12:22sur cette petite route
00:12:23du Mont des Oiseaux,
00:12:25nous avons tous
00:12:26été visés.
00:12:28Les citoyens,
00:12:30les élus,
00:12:32les policiers,
00:12:34la justice,
00:12:36une certaine idée
00:12:37que nous avons
00:12:38de la démocratie,
00:12:40du droit,
00:12:40de la liberté.
00:12:48Georges Arnaud,
00:12:50en tant que chauffeur,
00:12:50mais peut-être
00:12:51un peu plus que chauffeur,
00:12:52j'aimerais que vous me parliez
00:12:53de Yann Pien,
00:12:55vous la tutoyez.
00:12:57Ce qui n'est pas courant
00:12:57entre un chauffeur
00:12:58et sa patronne.
00:12:59On se connaissait
00:13:00depuis longtemps,
00:13:01je veux dire.
00:13:02On s'est connus
00:13:03quand moi j'avais
00:13:04une brasserie
00:13:04et quand elle a fait
00:13:06sa campagne
00:13:07en tant que Front National,
00:13:08elle avait loué
00:13:09un local qui était
00:13:09à côté du bar
00:13:10que j'avais.
00:13:12Et le courant
00:13:13est passé de suite.
00:13:15Mais bon,
00:13:15de temps en temps,
00:13:15on se prenait
00:13:16le bec tous les deux.
00:13:17Mais c'était gentil.
00:13:19Alors le soir,
00:13:19elle me disait
00:13:19je n'ai pas été
00:13:20trop dehors
00:13:21cet après-midi
00:13:21ou ce matin.
00:13:22Non,
00:13:23ça se terminaissait
00:13:24comme ça.
00:13:25Comment vivait-elle
00:13:25sur le plan personnel ?
00:13:26Elle avait donc
00:13:27deux filles ?
00:13:28Oui.
00:13:29Il y avait un homme
00:13:29dans la vie de Yann Pia ?
00:13:32Non.
00:13:34J'en ai eu.
00:13:35Honnêtement,
00:13:36je ne les ai jamais vus.
00:13:37Il y avait peut-être
00:13:38des courtisans.
00:13:39Ça, peut-être.
00:13:40Parce que même des fois,
00:13:41elle me dit
00:13:41celui-là,
00:13:42il m'énerve,
00:13:42il n'arrête pas
00:13:43de m'envoyer des fleurs.
00:13:44Je lui dis
00:13:44écoute,
00:13:45tout ce que j'aille lui dire
00:13:45un mot,
00:13:46il n'envoie plus de fleurs.
00:13:47Mais bon,
00:13:48ça, c'est normal,
00:13:49je veux dire.
00:13:50Mais je ne l'ai jamais vue
00:13:52avec un homme.
00:13:53Elle se consacrait donc
00:13:54à 100% à...
00:13:55À son travail.
00:13:56À son travail.
00:13:56Oui, c'était
00:13:57une belle de travail
00:13:58avec beaucoup de charisme,
00:14:00bon,
00:14:01toujours à l'écoute
00:14:02des gens.
00:14:03Elle aimait
00:14:03le contact humain.
00:14:05Mais le fait
00:14:05qu'elle ait été
00:14:06député Front National
00:14:07ne gênait pas
00:14:08ces relations-là ?
00:14:10Non,
00:14:10parce qu'en fait,
00:14:11elle n'était
00:14:12pas tellement
00:14:14Front National.
00:14:15Dans son fond intérieur,
00:14:16elle était
00:14:16à un millier de kilomètres
00:14:17du Front National.
00:14:19Dans le fond.
00:14:21Après,
00:14:21on a le droit
00:14:22de défendre son pays
00:14:23avec des idées,
00:14:23mais...
00:14:24C'était pas une facho,
00:14:25quoi,
00:14:26c'est ça que vous êtes
00:14:26en train de dire ?
00:14:26Pas du tout.
00:14:28Non.
00:14:29Elle se sentait menacée,
00:14:30Yann Pia,
00:14:30depuis quelque temps
00:14:31ou pas ?
00:14:32Bon,
00:14:32elle était anxieuse.
00:14:33Et je trouve
00:14:34qu'elle avait changé.
00:14:36Elle avait un village
00:14:37beaucoup plus sireux,
00:14:39jaune,
00:14:40qui était pas elle,
00:14:40si vous voulez.
00:14:41Nous,
00:14:42ce qu'on craignait,
00:14:42c'est comme il y avait...
00:14:43On devait avoir
00:14:44les municipales
00:14:44dans un an.
00:14:46Tout ce qu'on craignait,
00:14:46c'est peut-être
00:14:47d'avoir...
00:14:48de prendre une dérouillée
00:14:50en arrivant le soir
00:14:51à la porte
00:14:52avec deux ou trois
00:14:53gros bras
00:14:53qui seraient venus
00:14:54la calmer
00:14:54ou lui dire
00:14:55te présente pas
00:14:56ou fais attention
00:14:57ou quelque chose
00:14:58comme ça.
00:14:58Ça,
00:14:58on pouvait le craindre.
00:15:00Dans cette perspective,
00:15:00est-ce que vous étiez armée ?
00:15:02Non.
00:15:02Je l'ai su qu'après,
00:15:04elle avait un pistolet
00:15:04dans son sac
00:15:05ce soir-là.
00:15:06Mais ça,
00:15:07c'est qu'après.
00:15:08Je savais même pas moi
00:15:09qu'elle en avait un.
00:15:10Donc,
00:15:10elle avait vraiment envisagé,
00:15:11quoi,
00:15:12l'idée qu'on puisse la tuer.
00:15:14Peut-être.
00:15:14Mais honnêtement,
00:15:15elle n'en a pas parlé.
00:15:19Pourquoi
00:15:19et par qui
00:15:21Yann Pia
00:15:23a-t-elle été assassiné ?
00:15:25Chacun,
00:15:29évidemment,
00:15:30pense à un meurtre
00:15:30politique.
00:15:35Tous y pensent
00:15:36au moment où
00:15:36le cercueil de la députée
00:15:38est inhumé.
00:15:39Jean-Pierre Bonicot,
00:15:54vous avez exercé
00:15:56en tant que journaliste
00:15:56dans le Var
00:15:57pendant toute cette période.
00:15:58Je voudrais que vous nous
00:15:58fassiez un peu
00:15:59une présentation,
00:16:00un portrait
00:16:01de la classe politique
00:16:02dans le département du Var
00:16:03dans ces années-là.
00:16:06On commence forcément
00:16:06par Maurice Arex ?
00:16:07Maurice Arex
00:16:08est maire de Toulon
00:16:09depuis 1959.
00:16:11Il est président
00:16:12du Conseil général
00:16:13depuis 1985.
00:16:17C'est un homme
00:16:18qui a plusieurs facettes.
00:16:21Il est excessivement généreux.
00:16:22Il a adopté
00:16:23cinq enfants.
00:16:25Mais en même temps,
00:16:26il aime bien
00:16:26s'en canailler.
00:16:27Il a des fréquentations
00:16:28peut-être
00:16:28un peu imprudentes.
00:16:31On le voit souvent
00:16:31en compagnie
00:16:32d'un homme
00:16:33qui est fiché
00:16:33au grand banditisme.
00:16:34Qui s'appelle ?
00:16:35Qui s'appelle
00:16:35Jean-Louis Fargette.
00:16:37Dit le grand.
00:16:39Et politiquement,
00:16:43il est le parrain
00:16:43politique du Var.
00:16:44C'est lui
00:16:45qui arbitre.
00:16:46C'est lui
00:16:47qui fait
00:16:48et qui défait
00:16:49les élections.
00:16:50Lui, là ?
00:16:51Joseph Sercia,
00:16:52c'est un yérois,
00:16:55vice-président
00:16:55du Conseil général.
00:16:57Il a été
00:16:58le rival
00:16:59politique
00:17:01de Yann Pia
00:17:01puisqu'il s'est présenté
00:17:02lui aussi
00:17:03aux législatives
00:17:05de 1993
00:17:07que Yann Pia
00:17:08finit par
00:17:09remporter
00:17:09de haute lutte.
00:17:10Donc,
00:17:10il n'est pas
00:17:11content
00:17:11de l'avoir
00:17:11débarqué
00:17:12avec l'étiquette
00:17:14UDF
00:17:14dans son périmètre.
00:17:17Joseph Sercia
00:17:17avait l'envergure
00:17:18pour être député
00:17:19et il est évident
00:17:20que...
00:17:21Elle lui barre la route.
00:17:22Oui,
00:17:22il se barre la route
00:17:23mutuellement.
00:17:24Elle était
00:17:25le vilain
00:17:26petit canard,
00:17:27la gêneuse,
00:17:28celle qu'il fallait
00:17:29tuer politiquement.
00:17:31Sur les traces
00:17:32d'un crime politique,
00:17:33les enquêteurs
00:17:34cherchent à faire
00:17:35la liste
00:17:36des ennemis politiques
00:17:37de Yann Pia.
00:17:40Et ils découvrent
00:17:41que l'année
00:17:42précédant son assassinat
00:17:43a été le théâtre
00:17:45d'un combat
00:17:46fratricide
00:17:47avec Joseph Sercia.
00:17:50Qu'est-ce qui émergeait
00:17:50de plus significatif ?
00:17:52Eh bien,
00:17:52c'était
00:17:53de mémoire fraîche
00:17:54les événements
00:17:55de l'année précédente
00:17:56en 1993,
00:17:58une campagne électorale
00:17:59pour les élections
00:18:00législatives.
00:18:01Madame Pia
00:18:01se présentait
00:18:02et elle avait
00:18:03comme rival,
00:18:04comme concurrent direct
00:18:05Joseph Sercia.
00:18:06Et cette campagne,
00:18:07à dire de tous ceux
00:18:08qui l'avaient vécu
00:18:09ou qui en avaient été
00:18:10des témoins,
00:18:11était une campagne
00:18:11extrêmement heurtée
00:18:12avec notamment
00:18:13des événements,
00:18:15des meetings
00:18:15qui ont été chahités,
00:18:17des menaces
00:18:17à l'égard de Yann Pia,
00:18:18des menaces de mort.
00:18:20C'est important
00:18:20lorsque quelqu'un
00:18:21est ensuite assassiné
00:18:22d'essayer de comprendre
00:18:23si par hasard
00:18:24il n'y avait pas eu
00:18:25des préliminaires,
00:18:27des indices annonciateurs
00:18:28de ce qui allait
00:18:29effectivement se passer.
00:18:31Très vite,
00:18:31Joseph Sercia
00:18:33est dans le collimateur
00:18:34des policiers.
00:18:35Logique,
00:18:36on le dit proche
00:18:36de Truand
00:18:37et elle
00:18:38s'affichait
00:18:39en madame propre
00:18:39du Var.
00:18:43Pendant toute
00:18:44la campagne
00:18:45de 93,
00:18:46ils ont
00:18:47réglé leur compte.
00:18:49Mme Pia a été élue
00:18:54à deux reprises
00:18:54en 86,
00:18:56en 88
00:18:56sur l'étiquette
00:18:57du Front National.
00:18:58Donc,
00:18:58elle n'est pas
00:18:59légitimée sur le terrain.
00:19:00Cette élection
00:19:00est une élection nationale
00:19:02pour choisir
00:19:03des parlementaires
00:19:04et non pas
00:19:05faire de la figuration
00:19:08ou du clientélisme
00:19:09sur le terrain.
00:19:10En parlant
00:19:11de clientélisme,
00:19:12c'est clairement
00:19:13Joseph Sercia
00:19:14que Yann Pia désigne.
00:19:15C'est d'ailleurs
00:19:16son thème de campagne.
00:19:18Dans ses discours,
00:19:19Yann Pia ne cesse
00:19:20de dénoncer
00:19:21le clientélisme
00:19:22et les collusions
00:19:23entre voyous et politiques
00:19:24qui gangrènent le Var.
00:19:26Elle s'opposait
00:19:26à un Joseph Sercia,
00:19:27à une méthode
00:19:28d'un Joseph Sercia,
00:19:29à une attitude
00:19:30d'un Joseph Sercia.
00:19:31Elle voulait être
00:19:32complètement l'opposé.
00:19:33De toute façon,
00:19:33elle n'avait pas
00:19:33beaucoup de difficultés,
00:19:34elle était complètement
00:19:35à l'opposé.
00:19:36Donc,
00:19:36elle avait une manière
00:19:37d'aborder,
00:19:37une manière de défendre
00:19:38ses idées
00:19:39qui étaient complètement différentes
00:19:40et ça,
00:19:41elle voulait le faire passer.
00:19:42Je ne suis pas
00:19:42Joseph Sercia,
00:19:43je ne suis pas
00:19:44M. Ritondal,
00:19:45je m'appelle Yann Pia,
00:19:46j'ai mes idées
00:19:47qui me sont propres,
00:19:47j'ai ma façon d'être,
00:19:49j'ai ma droiture,
00:19:51je suis différente.
00:19:52Et si vous voulez
00:19:53un hier propre,
00:19:55un hier resplendissant,
00:19:56il faudra une femme
00:19:57comme moi.
00:19:58Voilà.
00:20:00Le climat
00:20:01de la campagne électorale
00:20:02de 93
00:20:03était extrêmement tendu.
00:20:06Et d'ailleurs,
00:20:07la permanence
00:20:08de Yann Pia
00:20:08était devenue
00:20:09une cible.
00:20:12On avait l'impression
00:20:14de vivre
00:20:15dans un camp retranché
00:20:16en ce qui concerne
00:20:17son bureau
00:20:17de campagne
00:20:19et particulièrement
00:20:21à un moment aussi
00:20:23où nous avons vécu
00:20:24la période
00:20:25de cette grenade
00:20:26qui a été lancée
00:20:27où commençait
00:20:29tout le monde
00:20:29un peu à s'inquiéter.
00:20:31Elle demandait
00:20:32des renforts
00:20:33de police municipale,
00:20:34elle précisait effectivement
00:20:36les menaces
00:20:37qui semblaient quand même
00:20:38plus ou moins lui venir
00:20:39par téléphone,
00:20:40par écrit,
00:20:41y compris des cercueils
00:20:43envoyés
00:20:43au nom
00:20:44de ses filles.
00:20:46Et la tension
00:20:47était montée
00:20:48d'un cran
00:20:48jusqu'au dernier meeting
00:20:50du 16 mars 93
00:20:51à l'espace 3000
00:20:53de hier.
00:20:55Tout avait bien commencé.
00:20:57Yann Pia
00:20:57est acclamé
00:20:58par ses supporters.
00:21:00Mais très vite,
00:21:02le meeting
00:21:02dégénère.
00:21:04Yann Pia,
00:21:05après avoir
00:21:05entonné
00:21:05la Marseillaise,
00:21:07descend
00:21:07de l'estrade
00:21:09et elle est
00:21:10encerclée
00:21:11par des gens
00:21:14qui sont manifestement
00:21:15à la surordre
00:21:16pour lui faire peur
00:21:17et pour l'intimider.
00:21:24Est arrivée
00:21:25toute une bande
00:21:27de voyous
00:21:28qui se sont
00:21:29pris à Yann,
00:21:31l'insultant.
00:21:32C'était même
00:21:33très fort
00:21:34et très chaud,
00:21:36nous dirons.
00:21:39On nous balance
00:21:40des fumigènes
00:21:42avec des boules
00:21:43puantes.
00:21:44On essaie
00:21:45de casser
00:21:46l'ambiance du meeting,
00:21:47ce qui est réussi
00:21:48partiellement
00:21:48puisqu'il y a des gens
00:21:49qui, voyant
00:21:50la manière
00:21:51dont ça se passe,
00:21:52s'en vont
00:21:53plutôt que prévu,
00:21:54si vous voulez.
00:21:55Le soir des élections,
00:21:56du deuxième tour
00:21:57où elle est élue,
00:21:58elle me dira
00:21:58hors micro
00:21:59« J'en peux plus,
00:22:00cette campagne
00:22:01a été abominable,
00:22:02je suis fatigué,
00:22:06je ne sais pas,
00:22:07c'est inadmissible
00:22:08ce qui s'est passé.
00:22:09Elle est remontée
00:22:10et elle est à bout
00:22:11de mer. »
00:22:14Le 28 mars 1993,
00:22:16Yann Pia est réélu
00:22:17député UDF
00:22:18de la 3e circonscription
00:22:19du Var.
00:22:20Mais le climat
00:22:21de cette campagne
00:22:21a pesé.
00:22:22Malgré sa victoire,
00:22:23la députée est toujours
00:22:24de trop
00:22:24sur l'échiquier politique
00:22:26local.
00:22:28Yann Pia gêne,
00:22:29elle gêne politiquement,
00:22:30elle le gêne.
00:22:31Elle le gêne
00:22:32parce qu'elle est nouvelle
00:22:34dans ce département
00:22:37et nouvelle
00:22:38dans ce milieu-là
00:22:40et elle gêne
00:22:41les gens
00:22:42qui sont en place.
00:22:43Que ce soit
00:22:44à Cercia,
00:22:44que ce soit à Rex.
00:22:55Dominique,
00:22:55vous avez en main
00:22:56une lettre
00:22:57écrite par Yann Pia,
00:22:59une lettre
00:23:00qu'elle avait laissée
00:23:01au cas où il lui arriverait
00:23:02quelque chose.
00:23:03Que dit cette lettre ?
00:23:04Cette lettre,
00:23:05elle est écrite
00:23:06sur un papier en tête
00:23:07de l'Assemblée nationale.
00:23:09Le 22 janvier 1992,
00:23:11c'est-à-dire
00:23:11deux ans avant
00:23:12l'assassinat
00:23:13d'Yann Pia.
00:23:14Le contexte.
00:23:16On est au moment
00:23:16de la préparation
00:23:17des listes
00:23:18pour les élections régionales
00:23:19de mars 92.
00:23:20Et ce qui va se passer,
00:23:21c'est que
00:23:22Yann Pia,
00:23:23elle ne figure pas
00:23:24sur la liste
00:23:25de l'UDF.
00:23:26Pourquoi ?
00:23:27Parce que c'est une femme,
00:23:30elle est isolée,
00:23:31elle vient du FN
00:23:32et on ne veut pas d'elle.
00:23:35On ne veut pas d'elle.
00:23:36Alors, voilà
00:23:36ce qu'elle va écrire
00:23:38parce qu'elle sait
00:23:39que ceux qui veulent
00:23:39l'écarter
00:23:40du paysage politique
00:23:41sont des gens
00:23:43qui sont dangereux
00:23:44pour elle.
00:23:46Elle écrit
00:23:47Qui sont ces personnes ?
00:24:08Maurice Arex,
00:24:09c'est le président
00:24:10du conseil général
00:24:11du Var.
00:24:13Jean-Louis Farget,
00:24:14c'est le parrain
00:24:16du Var.
00:24:17C'est l'homme de la nuit,
00:24:19il a des discothèques,
00:24:20des boîtes de nuit,
00:24:21c'est un ami
00:24:21de Maurice Arex.
00:24:23Jean-François Barraud,
00:24:25il est vice-président
00:24:26de la chambre
00:24:27d'industrie
00:24:27et de commerce
00:24:28du Var,
00:24:28c'est un ancien
00:24:29conseiller général
00:24:30socialiste,
00:24:31c'est un ami
00:24:31de Farget.
00:24:32Bernard Tapion
00:24:33le connaît,
00:24:33à l'époque,
00:24:34il est tête de liste
00:24:35sur une liste PRG
00:24:37des radicaux de gauche
00:24:37qui s'appelle
00:24:38Énergie Sud.
00:24:39Le dernier,
00:24:40c'est un inconnu,
00:24:41c'est un petit truant
00:24:42marseillais,
00:24:42Daniel Savastano,
00:24:44proche de Farget.
00:24:45Alors évidemment,
00:24:46la police,
00:24:47elle va logiquement
00:24:48s'intéresser
00:24:49à ces cinq personnes-là.
00:24:55Coup de filet
00:24:56dans les milieux politiques
00:24:57et dans le milieu
00:24:58tout court
00:24:59ce matin
00:24:59dans le Var.
00:25:00mars 94,
00:25:03quelques jours
00:25:04après le meurtre
00:25:04de Yann Pia,
00:25:05les policiers
00:25:06frappent fort.
00:25:07Plus que jamais
00:25:08sur une piste politique,
00:25:09il débarque
00:25:09chez Maurice Arex,
00:25:11celui que Yann Pia
00:25:12désignait dans sa lettre.
00:25:15Le puissant patron
00:25:16du conseil général du Var,
00:25:18ancien maire de Toulon.
00:25:19En clair,
00:25:20l'homme politique
00:25:21numéro un
00:25:21du département.
00:25:24Il est interpellé
00:25:25à son domicile
00:25:25à 6 heures du matin.
00:25:27On a pris le café
00:25:28et je suis enchanté
00:25:31d'être avec
00:25:32des collègues
00:25:33marseillais.
00:25:35Et sur quoi
00:25:35vous vous posez
00:25:36des questions alors ?
00:25:37Demandez-leur à eux.
00:25:39Ce n'est pas moi
00:25:39qui pose des questions,
00:25:40c'est eux.
00:25:41À Arex,
00:25:42c'est très simple,
00:25:43on l'a su la veille.
00:25:44À 6 heures du matin,
00:25:44nous étions tous
00:25:45à l'arrêt de bus,
00:25:46assis en randonnion
00:25:47avec les caméras
00:25:49tout autour,
00:25:50à attendre
00:25:50les policiers
00:25:52qui allaient venir
00:25:52chercher M. Arex,
00:25:54qui est quand même
00:25:54à l'époque
00:25:55pas n'importe qui.
00:25:56Vous avez été surpris,
00:25:58M. Arex ?
00:25:59Non,
00:26:00toutes les télévisions
00:26:01en parlent
00:26:01et je suis très heureux
00:26:03d'être entendu.
00:26:04Si je peux aider
00:26:04la justice,
00:26:05tant mieux.
00:26:12Les policiers
00:26:13ne s'arrêtent pas là.
00:26:15Ils interpellent
00:26:16près d'une trentaine
00:26:17de personnes,
00:26:18des hommes politiques
00:26:19et des membres
00:26:20du milieu local.
00:26:21L'objectif des policiers
00:26:27dans un premier temps,
00:26:28c'est surtout
00:26:29de très vite
00:26:30avoir des suspects.
00:26:33Parce que,
00:26:34bon,
00:26:35c'est la pression du moment,
00:26:37c'est les déclarations
00:26:38de Charles Pasqua,
00:26:40c'est les déclarations
00:26:41des hommes politiques
00:26:41disant à travers elle,
00:26:42c'est toute la classe politique
00:26:43qui est visée.
00:26:44Donc,
00:26:44il faut aller vite
00:26:45et il faut très vite
00:26:46trouver des suspects.
00:26:47Moi,
00:26:47je dis que la piste politique
00:26:49tournera en eau de boudin.
00:26:51On se dispute
00:26:52dans ce département
00:26:53et dans le milieu,
00:26:54on ne se tue pas.
00:26:56L'interrogatoire
00:26:57du patron du département
00:26:59ne dure que quelques heures
00:27:00mais ce qu'on appelle
00:27:01le système Arex
00:27:02est dans la ligne de mire
00:27:03des policiers.
00:27:05A commencer
00:27:05par son bras droit,
00:27:08Joseph Sercia,
00:27:09l'ancien adversaire
00:27:10de Yann Pia.
00:27:12Placé en garde à vue,
00:27:12Sercia est clairement soupçonné
00:27:14d'être le commanditaire
00:27:16de l'assassinat
00:27:17de la députée.
00:27:20Son intérêt commanditaire,
00:27:22c'est que Yann Pia
00:27:23était son adversaire
00:27:26et on glisse
00:27:27dans le raisonnement
00:27:28insensiblement
00:27:29d'adversaire à ennemi
00:27:30et puis d'ennemi
00:27:32à celui qui veut
00:27:33finalement attenter
00:27:34à ses jours.
00:27:39Parmi la foule
00:27:40de suspects arrêtés
00:27:41le même jour
00:27:42que Sercia,
00:27:43deux hommes
00:27:43qui font partie
00:27:44de ces couleurs
00:27:45d'affiches.
00:27:47Epiphanio Pericolo
00:27:48et Denis Labadie.
00:27:52Pericolo et Labadie
00:27:53que l'on retrouve
00:27:53dans les perturbateurs
00:27:54du meeting de Yann Pia
00:27:55à l'espace 3000.
00:27:58On retrouve évidemment
00:27:59Pericolo et Labadie
00:28:01sur des photos
00:28:02prises à l'occasion
00:28:03des meetings
00:28:04des législatives
00:28:05de 1993.
00:28:07Le meeting
00:28:07de Yann Pia
00:28:08qui s'était mal passé
00:28:09donc à l'espace 3000.
00:28:09et le lendemain
00:28:17le meeting
00:28:18de Joe Sercia
00:28:19où on retrouve
00:28:20donc les sympathisants
00:28:21de Joe Sercia
00:28:22en l'occurrence
00:28:22donc
00:28:23nos deux suspects.
00:28:25Dans le premier cas
00:28:32ils étaient venus
00:28:32agiter
00:28:33et puis
00:28:35perturber
00:28:35le meeting
00:28:35de Yann Pia
00:28:36dans le deuxième cas
00:28:36ils étaient venus
00:28:37soutenir Joe Sercia.
00:28:38Pericolo et Labadie
00:28:39ont-ils agi
00:28:40pour le compte
00:28:41de Joseph Sercia
00:28:41lors du chahut
00:28:42de l'espace 3000 ?
00:28:44Et surtout
00:28:45ont-ils
00:28:46assassiné Yann Pia
00:28:47à la demande
00:28:49de Joe Sercia ?
00:28:51Les deux individus
00:28:53sont présentés
00:28:53au témoin
00:28:54Cédric Philippi
00:28:55le jeune homme
00:28:56qui avait croisé
00:28:56la moto des tueurs
00:28:57quelques minutes
00:28:58après le drame.
00:29:00On va assez rapidement
00:29:01s'arrêter
00:29:02sur Epiphanio Pericolo
00:29:05puisque Cédric Philippi
00:29:06le reconnaît
00:29:06d'une manière
00:29:07à peu près formelle.
00:29:10Alors il m'est dit
00:29:10ça correspond parfaitement
00:29:12à l'un des deux individus
00:29:13que j'ai vus
00:29:14sur cette motocyclette
00:29:15alors que je circulais
00:29:17moi-même
00:29:17au volant de ma voiture.
00:29:19À ce moment-là
00:29:19pour les enquêteurs
00:29:20Pericolo et Labadie
00:29:22sont donc les deux hommes
00:29:23qui ont piloté la moto
00:29:24la nuit du crime.
00:29:26Mais quels liens
00:29:27les couleurs d'affiches
00:29:28ont-ils réellement
00:29:29avec Joseph Sercia ?
00:29:31Pendant deux jours
00:29:32et une nuit
00:29:32les policiers
00:29:34interrogent Sercia
00:29:35qui nie
00:29:36tout
00:29:37en bloc.
00:29:40Il ne minimise
00:29:42très largement
00:29:42évidemment le conflit
00:29:43qui l'oppose
00:29:43à Madame Pia
00:29:44il prétend
00:29:46ne pas connaître
00:29:46Pericolo Labadie
00:29:47ce qui est quand même
00:29:48un élément
00:29:48un peu surprenant
00:29:49quand on voit
00:29:49les photos
00:29:49où ils sont
00:29:50côte à côte
00:29:50ça ne va pas.
00:29:55Mais rien ne prouve
00:29:56l'implication
00:29:57de Joe Sercia
00:29:57dans l'assassinat
00:29:59de Yann Pia.
00:30:00Les policiers
00:30:00le relâchent donc
00:30:01après 48 heures
00:30:03de garde à vue.
00:30:04S'il vous plaît
00:30:04laissez-moi
00:30:05laissez-moi rentrer
00:30:06me laver
00:30:0748 heures
00:30:0848 heures
00:30:09de garde à vue
00:30:09c'est pas facile
00:30:10soyez gentils
00:30:11C'était le plus attendu
00:30:12il a été le dernier
00:30:13libéré des élus locaux
00:30:15aucune charge
00:30:15Face à la presse
00:30:16celui qui était désigné
00:30:18comme le commanditaire
00:30:19affiche le sourire
00:30:20de la victoire.
00:30:22Il faut surtout dire
00:30:24Madame Pia
00:30:26à un moment donné
00:30:27les chemins se sont croisés
00:30:28nous avons été concurrents
00:30:30mais jamais adversaires
00:30:31ou ennemis
00:30:32et les choses
00:30:32la preuve
00:30:33c'est qu'on commençait
00:30:34à se redire bonjour
00:30:35donc c'est qu'il y avait
00:30:35un grand pas de fait.
00:30:37Il est quand même incroyable
00:30:38Sercia
00:30:38parce qu'il se présente
00:30:39il dit
00:30:40moi je suis un honnête
00:30:40commerçant
00:30:41attendez oui
00:30:42je fais de la politique
00:30:43bon en politique
00:30:44c'est parfois dur
00:30:45mais regardez
00:30:47j'ai un commerce
00:30:48j'ai une entreprise
00:30:49j'ai des enfants
00:30:50j'ai une femme
00:30:52enfin tous ces gens là
00:30:53je ne les connais pas
00:30:54et puis
00:30:54ce qui s'est passé
00:30:56pendant la campagne
00:30:57très bien
00:30:58mais bon
00:30:59j'y suis pour rien
00:31:00et donc
00:31:01il fait un peu
00:31:02profil bas
00:31:03et du coup
00:31:04on ne le croit pas
00:31:04parce qu'on ne le croit pas.
00:31:08Pendant leur garde à vue
00:31:10Pericolo et Labadi
00:31:12n'ont jamais mouillé
00:31:13Jossercia
00:31:14d'ailleurs
00:31:16ils nient
00:31:16toute participation au meurtre
00:31:18ils ont un alibi
00:31:20disent-ils
00:31:21l'abadie d'abord
00:31:23était dans le bar
00:31:24de sa mère
00:31:25à l'heure du crime
00:31:26plusieurs témoins
00:31:28peuvent le confirmer
00:31:29il était là
00:31:32il ne peut pas faire le meurtre
00:31:33en étant là
00:31:34vous comprenez
00:31:36il était là toute la soirée
00:31:37il était là
00:31:38il restait de 18h
00:31:40jusqu'à 21h45
00:31:41Epifanio Pericolo
00:31:43a lui aussi
00:31:43un alibi
00:31:44l'une de ses serveuses
00:31:46affirme qu'il était
00:31:47dans son restaurant
00:31:48les Almadis
00:31:49au moment de l'assassinat
00:31:50Yann Pia
00:31:51la piste politique
00:31:52n'aboutit à rien
00:31:53et au fur et à mesure
00:31:54qu'on entend
00:31:55les personnes
00:31:55qui étaient présentes
00:31:57ce soir-là
00:31:57aux Almadis
00:31:58certes
00:31:59des proches
00:32:00de Pericolo
00:32:01mais également
00:32:02des clients
00:32:02et pour certains
00:32:03de passage
00:32:04pas forcément des habitués
00:32:05on va s'apercevoir
00:32:07que
00:32:07effectivement
00:32:08cet homme était bien là
00:32:09et qu'il n'a jamais
00:32:11quitté les lieux
00:32:11de toute la soirée
00:32:12jusqu'à une heure fort tardive
00:32:14donc ça ne peut pas
00:32:14bien sûr être lui
00:32:15qui était sur la moto
00:32:17lorsque Yann Pia
00:32:18était assassiné
00:32:19ça n'est pas possible
00:32:20Bien qu'ils ont fait campagne
00:32:22pour Cercia
00:32:24bien qu'ils étaient
00:32:25les troubleurs
00:32:26d'événements
00:32:27de l'espace 3000
00:32:28bien qu'on trouve
00:32:30des éléments
00:32:30intéressants
00:32:31à perquisition
00:32:32des munitions
00:32:32ce ne sont pas
00:32:34les auteurs
00:32:38de l'assassinat
00:32:39Pericolo et Labadie
00:32:48ne sont pas
00:32:49les assassins
00:32:50de Yann Pia
00:32:50cela dit
00:32:51les policiers
00:32:51ne les relâchent pas
00:32:52tout de suite
00:32:52ils décident
00:32:53de les utiliser
00:32:54pour faire diversion
00:32:56ils les laissent donc
00:32:56en prison
00:32:57pour faire croire
00:32:58aux vrais assassins
00:32:59qu'ils sont toujours
00:33:00sur cette fausse piste
00:33:02mais pendant ce temps là
00:33:03l'enquête continue
00:33:04et trois mois
00:33:05après le meurtre
00:33:06une nouvelle piste
00:33:07s'ouvre à eux
00:33:08un peu par hasard
00:33:0931 mai 94
00:33:15soit trois mois
00:33:18après le crime
00:33:19les policiers
00:33:21sont toujours
00:33:21sur le pied de guerre
00:33:22deux inspecteurs
00:33:26du commissariat
00:33:26de hier
00:33:27interpellent
00:33:29une jeune toxicomane
00:33:31Delphine Capel
00:33:34Delphine est arrêtée
00:33:37pour un trafic
00:33:37de cartes bleues
00:33:38et par hasard
00:33:41il découvre
00:33:42qu'elle habite
00:33:43la cité
00:33:44où a été volée
00:33:45la moto
00:33:46des tueurs
00:33:47de Yann Pia
00:33:47est-ce qu'elle ne saurait pas
00:33:51qui a volé
00:33:52la Yamaha rouge
00:33:53il me vient l'idée
00:33:55qu'elle habitait
00:33:56à la blockade
00:33:57à l'époque
00:33:57donc je lui dis
00:33:58tiens
00:33:59tu habites à la blockade
00:34:00il y a quelques mois
00:34:02il y a une moto
00:34:03qui a été volée
00:34:04à la blockade
00:34:05cette moto
00:34:08a servi
00:34:09elle me dit
00:34:09je sais
00:34:09j'ai vu
00:34:10c'est pas très beau
00:34:11et je dis
00:34:12voilà
00:34:12alors là
00:34:13si jamais
00:34:14tu pouvais m'apporter
00:34:15un renseignement
00:34:16à ce niveau là
00:34:17ça intéresserait
00:34:18les autorités judiciaires
00:34:20et bon
00:34:20peut-être que ton cas
00:34:21pourrait être
00:34:22considéré
00:34:23par le procureur
00:34:24de la république
00:34:25et manifestement
00:34:29j'ai vu qu'elle accrochait
00:34:30lorsque je lui ai posé
00:34:30cette question là
00:34:31il s'est passé
00:34:33quelque chose
00:34:33et elle a commencé
00:34:38à nous dire
00:34:38voilà
00:34:39ça concerne
00:34:39l'assassinat
00:34:40de madame Pia
00:34:40et je sais
00:34:43qui a volé
00:34:44la moto
00:34:44c'était une bombe
00:34:47c'était une véritable bombe
00:34:49on se regarde
00:34:52et on se dit
00:34:53il faut faire
00:34:54très attention
00:34:55aux paroles
00:34:57qu'on va lui dire
00:34:58ne pas la brusquer
00:34:59ne pas
00:35:00ne pas
00:35:01la
00:35:01la heurter
00:35:02et Delphine raconte
00:35:05qu'elle a participé
00:35:06au vol de la moto
00:35:07qui a servi au meurtre
00:35:08et elle l'a fait
00:35:09avec deux de ses copains
00:35:11de hier
00:35:11il dit
00:35:13donne nous les noms
00:35:14qui c'est ces gens là
00:35:16Olivier
00:35:18Thomasson
00:35:20et Di Carro
00:35:21les policiers
00:35:23ont donc deux noms
00:35:24Thomasson
00:35:25et Di Carro
00:35:26ça ne fait pas d'épreuve
00:35:27mais c'est pas mal
00:35:29les deux inspecteurs
00:35:30de hier
00:35:30font passer l'info
00:35:31immédiatement
00:35:32à leurs collègues
00:35:33de la PJ
00:35:33qui emmène
00:35:34Delphine Capel
00:35:35à la blockarde
00:35:36elle leur dit
00:35:37qu'au moment du vol
00:35:38elle avait jeté
00:35:39des fils électriques
00:35:39dans un buisson
00:35:40et puis on lui demande
00:35:42de nous montrer
00:35:43l'endroit
00:35:44où
00:35:45la moto
00:35:48a été
00:35:49du moins
00:35:50dépouillée
00:35:51enlevée
00:35:51de ses fils électriques
00:35:53et dans les fourrés
00:35:54on va trouver
00:35:54le soir
00:35:55on va trouver
00:35:55des fils électriques
00:35:56donc à partir de là
00:35:58on sait
00:35:58que ce que
00:35:59Capel dit
00:36:00est vrai
00:36:00Marco Di Carro
00:36:04et Olivier Thomasson
00:36:06deux jeunes
00:36:07d'à peine 20 ans
00:36:08qui traînent souvent
00:36:09dans un bar de hier
00:36:10le Macama
00:36:11Di Carro et Thomasson
00:36:13passent tout leur temps
00:36:14dans ce café branché
00:36:15près du port
00:36:16ils y retrouvent
00:36:17plusieurs de leurs copains
00:36:19dont Lucien Ferry
00:36:20et Romain Gressler
00:36:22les policiers
00:36:25viennent
00:36:26au minimum
00:36:27de mettre la main
00:36:28sur une bande
00:36:30de Malfra
00:36:30on se rend compte
00:36:33que ces gens là
00:36:33ont des antécédents
00:36:34c'est à dire
00:36:35que certains
00:36:37ont déjà eu
00:36:38des lourdes condamnations
00:36:39sur des violences
00:36:40avec arme
00:36:40ils ont effectivement
00:36:41une vie
00:36:43assez proche
00:36:44quand même
00:36:45une vie assez clandestine
00:36:46très secrète
00:36:47on a affaire
00:36:48à un groupe
00:36:49de jeunes hommes
00:36:50qui fonctionnent
00:36:52sur un mode clanique
00:36:53et donc on met des moyens
00:36:54et on travaille
00:36:55jour et nuit
00:36:56sur ces gens là
00:36:57la bande du Macama
00:36:59est placée sous surveillance
00:37:01les faits et gestes
00:37:02de Dicaro
00:37:03Thomasson
00:37:04Ferry
00:37:05et Gressler
00:37:06sont contrôlés
00:37:0724h sur 24
00:37:09par des policiers
00:37:10planqués
00:37:10tout autour du bar
00:37:11ils remarquent
00:37:14qu'ils sont quasiment là
00:37:15jour et nuit
00:37:15ils jouent les videurs
00:37:17et semblent dévoués
00:37:18au patron du bar
00:37:19Gérard Final
00:37:21qu'il ne quitte pas
00:37:23d'une semelle
00:37:24on constate
00:37:28qu'ils sont
00:37:28en permanence
00:37:29en permanence
00:37:30en tout cas la nuit
00:37:31au contact
00:37:32de Gérard Final
00:37:33et présent au Macama
00:37:34et puis
00:37:34on s'aperçoit aussi
00:37:35c'est assez curieux
00:37:36que lorsque le Macama
00:37:37ferme
00:37:37à 5h du matin
00:37:39et bien
00:37:40ces garçons
00:37:41vont faire escorte
00:37:42de manière systématique
00:37:44à Gérard Final
00:37:44pour le ramener
00:37:45chez lui
00:37:45On a l'impression
00:37:51qu'il leur donne
00:37:52de la considération
00:37:53qu'il leur donne
00:37:53de son temps
00:37:54qu'il leur donne
00:37:55même parfois
00:37:55du travail
00:37:56des emplois
00:37:56C'est le chef d'orchestre
00:37:57c'est le patron
00:37:58c'est le boss
00:38:00final
00:38:00c'est lui qui sait tout
00:38:01c'est à lui
00:38:02qu'on va rendre compte
00:38:02de tout
00:38:03pour les moindres
00:38:04faits et gestes
00:38:05et c'est lui
00:38:06qui donne ses instructions
00:38:07Il les valorise
00:38:08il leur donne un peu
00:38:08l'impression d'exister
00:38:09et je pense que
00:38:10ça suffit
00:38:11à les souder
00:38:12à créer cet esprit
00:38:13de groupe
00:38:14qui est très fort
00:38:15et qui est très important
00:38:15je suis à peu près
00:38:17persuadée
00:38:17que pris individuellement
00:38:18aucun d'entre eux
00:38:19ne serait arrivé
00:38:20là où ils en sont arrivés
00:38:21à 6 ou 7
00:38:22Ils vont lui servir
00:38:23d'homme de main
00:38:23quand il a besoin d'eux
00:38:24pour des tas de petits boulots
00:38:26ils vont
00:38:27voilà
00:38:28final c'est le grand homme
00:38:30pour eux
00:38:30et quand il le faut
00:38:32ils leur demandent
00:38:32de faire de ça le boulot
00:38:33et ils le font
00:38:34Les policiers font alors
00:38:36le lien avec
00:38:37des affaires non résolues
00:38:39Octobre 93
00:38:41Henri Diana
00:38:43patron de bar
00:38:43assassiné
00:38:45à coups de fusil
00:38:46Janvier 94
00:38:48le gérant d'une boîte de nuit
00:38:50José Ordioni
00:38:51échappe à une fusillade
00:38:52on ne compte plus
00:38:54les incendies
00:38:55et les attentats
00:38:55à l'explosif
00:38:56curieuse coïncidence
00:38:58ces affaires se sont déroulées
00:38:59sur le port de Yer
00:39:00quelques mois
00:39:01avant l'assassinat
00:39:02de Yann Pia
00:39:03les policiers sont convaincus
00:39:05que ces règlements de compte
00:39:06sont en fait l'oeuvre
00:39:07de la bande
00:39:08du Macama
00:39:09Martine Gerboto
00:39:12et son mari
00:39:13étaient propriétaires
00:39:14d'une pizzeria
00:39:15sur le port
00:39:16leur restaurant
00:39:18lui aussi
00:39:19a explosé
00:39:20après des mois
00:39:22d'intimidation
00:39:23nous on a eu
00:39:25les chiffons
00:39:26imbibés de sang
00:39:27de lapin
00:39:28on l'a lancé
00:39:28sur la façade
00:39:30avec ça des goulinées
00:39:31de sang
00:39:31c'était très sympathique
00:39:32quand on arrivait
00:39:34le soir
00:39:35on avait des goulons
00:39:36morts
00:39:36empaillés
00:39:37bien durs
00:39:38vous savez
00:39:38dans le jardin
00:39:39on a eu
00:39:40l'entourage
00:39:41du jardin brûlé
00:39:42on a eu
00:39:42la voiture brûlée
00:39:43on a eu
00:39:44le chien
00:39:45un épagneul
00:39:46breton
00:39:47une petite femelle
00:39:48coupée en
00:39:49la colonne vertébrale
00:39:50coupée en quatre
00:39:51morceaux
00:39:51l'oeil qui pendait
00:39:52mais ils nous l'ont
00:39:53laissé vivante
00:39:54vous voyez
00:39:55des choses quand même
00:39:56que je pense
00:39:57que ça marque
00:39:57quand même
00:39:58une nuit
00:40:01on est réveillé
00:40:02à 4h du matin
00:40:03par la police
00:40:04on nous dit
00:40:04voilà votre établissement
00:40:05la pizza del porto
00:40:06sur le port
00:40:07a été soufflé
00:40:07par un plastiquage
00:40:09il pleut
00:40:11on s'habille
00:40:12comme des
00:40:12n'importe comment
00:40:14on part
00:40:15sous la pluie
00:40:16dans la nuit
00:40:16on était vraiment
00:40:18deux zombies
00:40:18parce qu'avec tout
00:40:19ce qui nous était
00:40:19tombé sur la tête
00:40:20on se dit
00:40:20c'est pas possible
00:40:21et on arrive
00:40:23alors évidemment
00:40:24il y a toute la police
00:40:25ils avaient déjà mis
00:40:26les cordons
00:40:27vous savez
00:40:28pour pas que les gens
00:40:29approchent
00:40:29et effectivement
00:40:30on voit la pizzeria
00:40:31toute soufflée
00:40:32des bruits de verres
00:40:33partout
00:40:33pour les policiers
00:40:35pas de doute
00:40:35c'est bien la bande
00:40:36du Macama
00:40:37qui a fait exploser
00:40:38la pizzeria
00:40:39des Gerboteaux
00:40:40Gérard Final
00:40:42et sa garde rapprochée
00:40:43ont l'air
00:40:44de vouloir se débarrasser
00:40:45de tous ceux
00:40:46qui pourraient faire
00:40:47de l'ombre
00:40:47au Macama
00:40:48tous ces jeunes
00:40:50pris en main
00:40:51par Gérard Final
00:40:52et bien
00:40:53ils se disent
00:40:54on a quelque chose
00:40:55à faire
00:40:55dans le milieu
00:40:56ils se voient déjà
00:40:57à la tête
00:40:57de boîte de nuit
00:40:58ils se voient déjà
00:40:59à la tête
00:40:59du milieu de la nuit
00:41:00ils se voient déjà
00:41:01à la tête
00:41:02du banditisme
00:41:02on a affaire
00:41:14à des garçons
00:41:15qui sont un petit peu
00:41:16en rupture scolaire
00:41:17qui ont des problèmes
00:41:18familiaux
00:41:20qui sont en quête
00:41:20d'une image paternelle
00:41:22et virile
00:41:22désœuvrés
00:41:25des garçons finalement
00:41:27comme il y en a beaucoup
00:41:28peut-être sont-ils
00:41:29un petit peu plus bagarreurs
00:41:30que d'autres
00:41:31quand même
00:41:31malgré leur visage d'ange
00:41:34ils se font respecter
00:41:35oui
00:41:35ils savent se faire respecter
00:41:36ils n'ont pas peur du baston
00:41:37et ils ont un point commun
00:41:40ils sont presque tous
00:41:41originaires d'un même quartier
00:41:42ils se connaissent
00:41:43depuis l'enfance
00:41:43en fait
00:41:44ils sont originaires
00:41:45d'un quartier de Toulon
00:41:46qui s'appelle
00:41:46la Loubière
00:41:47un quartier
00:41:47qui a une forte identité
00:41:49en fait
00:41:49leur destin
00:41:50s'est noué
00:41:51le jour
00:41:51où Lucien Ferry
00:41:52s'est rendu
00:41:53sur le port de Yer
00:41:55et a retrouvé
00:41:56Gérard Final
00:41:57qui était un ami
00:41:59de sa famille
00:41:59la bande a suivi
00:42:01et au contact
00:42:02de Gérard Final
00:42:03elle s'est laissée
00:42:05peu à peu
00:42:05gangstérisée
00:42:06Final
00:42:08leur a donné
00:42:09ce qui leur manquait
00:42:10peut-être le plus
00:42:10une place
00:42:11dans la société
00:42:13il leur a trouvé
00:42:14du travail
00:42:14et surtout
00:42:16le bruit courait
00:42:17où Final
00:42:17a laissé courir le bruit
00:42:19qu'il allait exploser
00:42:20commercialement
00:42:21donc
00:42:22dans leur tête
00:42:23ils s'imaginaient
00:42:25à tort ou à raison
00:42:26que Final
00:42:27allait leur ouvrir
00:42:28les portes
00:42:28d'un véritable Eldorado
00:42:30le 15 juin 1994
00:42:34deux semaines
00:42:35après avoir été
00:42:36tuyauté
00:42:37par Delphine Capelle
00:42:38les policiers
00:42:39interpellent
00:42:40Gérard Final
00:42:40et toute sa bande
00:42:42Lucien Ferry
00:42:43Marco Dicaro
00:42:44Romain Gressler
00:42:45et Olivier Thomasson
00:42:46sur les marches
00:42:57du palais de justice
00:42:58leurs petites copines
00:42:59sont venues les soutenir
00:43:00la garde à vue
00:43:01a lieu à l'évêché
00:43:02l'hôtel de police
00:43:03de Marseille
00:43:04pendant de longues heures
00:43:06tous nient
00:43:08ils ne reconnaissent
00:43:09qu'une chose
00:43:10le vol
00:43:11de la moto
00:43:13sur le vol
00:43:16de la moto
00:43:16puisque finalement
00:43:17c'était quand même
00:43:17là où on avait
00:43:18le plus d'éléments
00:43:18ils nous servent
00:43:20une version
00:43:21qui consiste à dire
00:43:22qu'un commanditaire X
00:43:24à l'occasion
00:43:25d'une rencontre
00:43:25dans un bar
00:43:26de Toulon
00:43:27leur a passé
00:43:29la commande
00:43:29d'un véhicule
00:43:30une moto
00:43:31de ce type là
00:43:32et que bien entendu
00:43:33ils ignoraient totalement
00:43:34quel usage
00:43:34allait en être fait
00:43:35par la suite
00:43:35et que peut-être
00:43:37après l'affaire
00:43:38ils se sont dit
00:43:38qu'est-ce que ce ne serait
00:43:39pas notre moto
00:43:39qui a pu être utilisée
00:43:40sur la façade de Pierre
00:43:41mais en toute hypothèse
00:43:42à cette époque là
00:43:42ils ignoraient totalement
00:43:43la finalité de la chose
00:43:45et puis
00:43:46finalement
00:43:48en pleine nuit
00:43:49au bout de 20 heures
00:43:50de garde à vue
00:43:51chacun avoue
00:43:53tour à tour
00:43:54sa participation
00:43:56au meurtre de Yann Pia
00:43:57chacun leur tour
00:44:00ils craquent
00:44:01par des petites bribes
00:44:03chacun donne un petit peu
00:44:04et puis
00:44:05jusqu'à ce que Ferry
00:44:07hoquait l'accord
00:44:08et d'Icaro
00:44:09tous les deux
00:44:10effectivement
00:44:12c'est nous
00:44:13qui avons
00:44:14qui avons tué
00:44:15Yann Pia
00:44:15ils avouent tous
00:44:18j'ai tiré
00:44:19dit Lucien Ferry
00:44:20dans ses aveux
00:44:21il reconnaît donc
00:44:22qu'il est
00:44:23l'assassin de Yann Pia
00:44:24Marco Dicaro
00:44:25lui
00:44:26dit qu'il était
00:44:27avec Ferry
00:44:27lors du meurtre
00:44:28c'est lui
00:44:29qui pilotait
00:44:30la moto rouge
00:44:31Dicaro
00:44:34à son tour
00:44:35donc
00:44:35nous dit
00:44:36la vérité
00:44:37en tout cas
00:44:38sur la scène
00:44:39du meurtre
00:44:39et en fait
00:44:40nous explique bien
00:44:41dans quelles conditions
00:44:42ils étaient présents
00:44:44sur place
00:44:44la filature
00:44:45qui s'est engagée
00:44:46devant les policiers
00:44:48la bande revient
00:44:50sur la soirée
00:44:50du 25 février
00:44:5194
00:44:52tout commence
00:44:53vers 19h50
00:44:55planqués dans une voiture
00:44:57devant la permanence
00:44:58de Yann Pia
00:44:58Gressler et Thomasson
00:45:00font le guet
00:45:00ils attendent
00:45:02le départ
00:45:02de la députée
00:45:03lorsqu'elle quitte
00:45:04son bureau
00:45:05Yann Pia
00:45:06est immédiatement
00:45:07pris en chasse
00:45:07par les deux guetteurs
00:45:08un peu plus bas
00:45:10au rond-point Godillo
00:45:12Dicaro et Ferry
00:45:13attendent sur leur moto
00:45:15ils vont prendre
00:45:16le relais
00:45:17la chasse à l'homme
00:45:18se poursuit
00:45:19dans les rues de Yer
00:45:20après quelques kilomètres
00:45:23la Clio s'engage
00:45:25sur la route
00:45:25du Mont des Oiseaux
00:45:26Georges Arnaud
00:45:27ne remarque pas
00:45:28les phares de la moto
00:45:29dans son rétroviseur
00:45:30dans le dernier virage
00:45:32alors que Yann Pia
00:45:33n'est plus très loin
00:45:34de son domicile
00:45:35la moto dépasse la Clio
00:45:36Lucien Ferry tire
00:45:38à plusieurs reprises
00:45:39Georges Arnaud
00:45:42est blessé à la cuisse
00:45:43Yann Pia
00:45:44est atteint au poumon
00:45:45Dicaro perd le contrôle
00:45:47de la moto qui tombe
00:45:48Georges Arnaud
00:45:50fait demi-tour
00:45:51et échappe au tueur
00:45:52quelques minutes plus tard
00:45:55la Clio déboule
00:45:56à la caserne des pompiers
00:45:57Yann Pia y meurt
00:45:59à 20h10
00:46:01Ferry et Dicaro
00:46:06viennent donc d'avouer
00:46:07qu'ils ont tué Yann Pia
00:46:08mais qui
00:46:10leur en a donné l'ordre
00:46:11dans ses aveux
00:46:13Ferry désigne
00:46:14ce mystérieux commanditaire
00:46:15sous la lettre X
00:46:17Dicaro
00:46:18n'en dira pas plus
00:46:20mais les policiers
00:46:21sont maintenant persuadés
00:46:22que c'est Gérard Finale
00:46:24Finale
00:46:2645 ans
00:46:27père de famille
00:46:28et patron de bar
00:46:29connu des services de police
00:46:32seulement pour quelques broutilles
00:46:34à qui profite le crime
00:46:40la question préjudicielle
00:46:43qu'il faut se poser
00:46:44c'est la question cardinale
00:46:46alors
00:46:46sans être grand clair
00:46:48ou grand sagace
00:46:49sans faire travailler
00:46:51trop mes neurones
00:46:52en quoi
00:46:54un assassinat
00:46:56aussi exceptionnel
00:46:58pouvait servir
00:47:01les intérêts
00:47:02de M. Gérard Finale
00:47:04et si l'intérêt
00:47:05de Gérard Finale
00:47:06c'était tout simplement
00:47:08de devenir
00:47:08le nouveau parrain du Var
00:47:10avec sa bande
00:47:11de jeunes caïds
00:47:11car il y a une place
00:47:13à prendre
00:47:13la place de
00:47:14Jean-Louis Fargette
00:47:16le célèbre truant varrois
00:47:17assassiné un an auparavant
00:47:19Jean-Louis Fargette
00:47:20issu du même quartier
00:47:22que Gérard Finale
00:47:22et que la bande
00:47:23du Macama
00:47:24c'était une figure
00:47:25du milieu
00:47:26Lucien Ferry
00:47:27et ses copains
00:47:28du Macama
00:47:28rêvaient sans doute
00:47:30de lui ressembler
00:47:31Dominique
00:47:33ce Fargette
00:47:34ce Jean-Louis Fargette
00:47:35c'était vraiment
00:47:36un caïd
00:47:36c'était le parrain du Var
00:47:37c'est vraiment un caïd
00:47:39Christophe
00:47:39il est né en 48
00:47:41il est de la génération
00:47:41de Gérard Finale
00:47:42il est né
00:47:43il a grandi dans le quartier
00:47:44de la Loubière
00:47:45à Toulon
00:47:45c'est l'empereur
00:47:48de la nuit
00:47:49sur la côte varroise
00:47:50propriétaire de discothèques
00:47:51de salles de jeux
00:47:52officiellement
00:47:53il ne touche
00:47:54ni à la drogue
00:47:55ni à la prostitution
00:47:56il a deux surnoms
00:47:57le premier
00:47:58c'est Savonette
00:47:59c'est les policiers
00:48:00qui lui ont donné ce surnom
00:48:01parce qu'il n'arrive
00:48:01jamais à l'attraper
00:48:02il déteste
00:48:03qu'on l'appelle Savonette
00:48:04son vrai surnom
00:48:06c'est Legrand
00:48:07parce que c'est un gaillard
00:48:08et parce que
00:48:10ça donne un petit peu
00:48:11la dimension du personnage
00:48:12dans le milieu varrois
00:48:13une tête d'acteur
00:48:15une vraie belle gueule
00:48:17du charme
00:48:18extrêmement classe
00:48:20un type intelligent
00:48:21qui va faire
00:48:24et du business
00:48:25la nuit
00:48:26et aussi
00:48:27avoir des amitiés politiques
00:48:29dans la journée
00:48:29son ami
00:48:31c'est Arex
00:48:32le maire de Toulon
00:48:33il a ses entrées
00:48:33à la mairie de Toulon
00:48:34il aura deux fois
00:48:35affaire à la justice
00:48:36pour pas grand chose
00:48:37comparé à ce qu'on aurait
00:48:38sans doute pu lui reprocher
00:48:39par ailleurs
00:48:40une fois
00:48:41pour une histoire
00:48:42de tiercé truqué
00:48:43et une autre fois
00:48:44en 82
00:48:45parce qu'il est arrêté
00:48:46en compagnie
00:48:46d'un voyou
00:48:47qui est recherché
00:48:48pour meurtre
00:48:49et il va tomber
00:48:51pour recel de malfaiteur
00:48:53il passe devant
00:48:53le tribunal correctionnel
00:48:54il profite du moment
00:48:55où la cour délibère
00:48:57pour
00:48:58s'enfuir
00:48:59ça va net
00:49:00il part en Italie
00:49:02il s'installe juste
00:49:02de l'autre côté
00:49:03de la frontière
00:49:03avec sa femme
00:49:04d'origine mexicaine
00:49:05et ses deux enfants
00:49:05et de là
00:49:06il continue à faire
00:49:07son business
00:49:08à gérer ses affaires
00:49:09sur la côte varroise
00:49:10il revient même en France
00:49:11au nez et à la barbe
00:49:12des policiers
00:49:13il vit en Italie
00:49:14il va mourir en Italie
00:49:1517 mars 93
00:49:16il est abattu
00:49:18on le retrouve
00:49:19au pied de son immeuble
00:49:20dans un petit jardin
00:49:214 balles dans la tête
00:49:224 balles de gros calibre
00:49:23Fargette
00:49:24il va avoir
00:49:25les obsèques
00:49:26d'un grand mafio
00:49:28ça se passe
00:49:29dans le petit village
00:49:30de la Vallette
00:49:31près de Toulon
00:49:31limousine noire
00:49:34lunette noire
00:49:35costume noir
00:49:372000 personnes
00:49:38dans la petite église
00:49:40et tout autour
00:49:40une montagne
00:49:42de fleurs
00:49:43la musique de Percy Sledge
00:49:45when a man loves a woman
00:49:46et puis
00:49:48le fourgon mortuaire
00:49:49qui arrive avec
00:49:50une énorme gerbe de fleurs
00:49:52et cette inscription
00:49:54tu es le boss
00:49:56et tu le resteras toujours
00:49:57en tout cas
00:49:59Fargette
00:50:00c'est l'homme à venger
00:50:01la bande du Macama
00:50:04voulait venger Fargette
00:50:06voilà un mobile
00:50:07qui tient
00:50:08d'autant qu'une étrange rumeur
00:50:09courait ailleurs
00:50:10on disait que Yann Pia
00:50:12avait fait tuer
00:50:13Jean-Louis Fargette
00:50:14voilà qui a pu motiver
00:50:16la bande
00:50:16Yann Pia
00:50:18avait annoncé
00:50:18sa volonté
00:50:19de devenir
00:50:20mère de Yer
00:50:20et elle avait promis
00:50:22de débarrasser
00:50:23le port
00:50:24de la mafia
00:50:25ils vont employer
00:50:27des termes
00:50:28extrêmement vulgaires
00:50:28en disant
00:50:29Gérard nous a dit
00:50:30que si c'est
00:50:31arrivé à la mairie
00:50:33il ne pourrait plus travailler
00:50:33il faut qu'on l'élimine
00:50:36parce que
00:50:36ce n'est pas possible
00:50:37et en même temps
00:50:38je crois qu'ils ne se rendent pas compte
00:50:39de qui elle est vraiment
00:50:40elle est
00:50:41pour eux
00:50:42l'ennemi
00:50:42que Finale a désigné
00:50:43la peut-être
00:50:44future mère d'Yer
00:50:45et ça c'est problématique
00:50:46mais ils ne seront pas compte
00:50:47de ce que peut être
00:50:48son statut de député
00:50:49de la République
00:50:49je crois qu'on va poser la question
00:50:50à Marco Dicaro
00:50:51il va dire
00:50:52je ne sais même pas
00:50:52ce que c'était qu'une députée
00:50:53l'intérêt de Finale
00:50:55il est là
00:50:55c'est de garder
00:50:57la main
00:50:57sur ces établissements
00:50:59éventuellement pouvoir
00:50:59prospérer
00:51:00sur la ville de Yer
00:51:01sans être inquiété
00:51:02et celle qui peut
00:51:04lui barrer la route
00:51:05si elle est élue
00:51:06c'est Yann Pia
00:51:06dans la presse
00:51:09Yann Pia n'hésitait pas
00:51:10à réagir aux attentats
00:51:11et aux règlements de comptes
00:51:12sur le port de Yer
00:51:13elle voulait une ville
00:51:15débarrassée de ses voyous
00:51:16et le faisait savoir
00:51:18elle gênait bien sûr
00:51:20parce que
00:51:20elle faisait des déclarations
00:51:22un peu
00:51:22je dirais
00:51:23tempestives
00:51:24un peu
00:51:24un peu
00:51:25va-t'en-guerre
00:51:25contre le milieu
00:51:26et parmi ces déclarations
00:51:28je l'indique avec force
00:51:30certaines qui visaient
00:51:31comme s'ils étaient
00:51:32un ennemi personnel
00:51:33directement à Gérard Finale
00:51:35lorsque
00:51:35il sait sa responsabilité
00:51:38dans l'incendie
00:51:39d'un restaurant
00:51:39sur le port de Yer
00:51:40et elle dit
00:51:41trop c'est trop
00:51:42noir c'est noir
00:51:42donc elle déclare la guerre
00:51:44sans le savoir
00:51:45à Gérard Finale
00:51:46personnellement
00:51:47à partir du moment
00:51:48où elle aurait été
00:51:49maire de Yer
00:51:49il y avait un certain
00:51:50nombre de choses
00:51:51qu'on n'aurait pas pu faire
00:51:53lesquelles ?
00:51:54je ne sais pas
00:51:55les ouvertures
00:51:56de boîtes de nuit
00:51:57les trafics
00:52:01sur les permis
00:52:01de construire
00:52:02ou les
00:52:03toutes les
00:52:06magouilles
00:52:07pour les
00:52:08contrats
00:52:08les
00:52:10contrats
00:52:13publics
00:52:13et bien
00:52:14tout cela
00:52:14aurait été
00:52:15terminé
00:52:16en tout cas
00:52:16impossible
00:52:17mais ces déclarations
00:52:22ont-elles suffi
00:52:23pour qu'un simple
00:52:24patron de bar
00:52:25donne l'ordre de l'exécuter.
00:52:28Finale continue de nier.
00:52:30Mais il est tout de même mis en examen
00:52:33et incarcéré.
00:52:41À ce moment-là, on peut penser que l'affaire est bouclée.
00:52:45On a un commanditaire, Gérard Finale,
00:52:47un mobile et des exécutants.
00:52:50Ferry, le tueur,
00:52:51Dick Caro, le pilote de la moto,
00:52:52et puis Romain Gressler et Olivier Thomasson
00:52:55qui guettaient le départ de Yann Pia.
00:52:57L'affaire paraît bouclée, on attend le procès.
00:53:00Et voilà que sort un livre signé par deux journalistes,
00:53:02André Rougeau du Canard Enchaîné
00:53:04et Jean-Michel Verne de François,
00:53:06qui livre une toute autre version
00:53:07de l'assassinat de Mme Pia.
00:53:09Le livre s'appelle Yann Pia, des assassins au cœur du pouvoir.
00:53:13Il prétende qu'un informateur
00:53:14dont il ne donne pas le nom, une gorge profonde,
00:53:17leur a livré le vrai scénario de l'assassinat
00:53:19et il met en cause
00:53:21deux personnalités politiques de premier rang
00:53:23qu'ils ne désignent pas par leur nom,
00:53:25mais par des sobriquets,
00:53:27Lancornet et Trottinette.
00:53:29Trois ans après la mort du député du Var,
00:53:41Mme Yann Pia, l'affaire rebondit
00:53:43et risque de se transformer en affaire d'État
00:53:45à la suite de la publication d'un livre
00:53:47écrit par deux journalistes qui, en filigrane,
00:53:49accusent deux parlementaires
00:53:51et ministres du Sud-Est de la France
00:53:53d'être les véritables commanditaires du meurtre.
00:53:55Octobre 97, coup de théâtre,
00:53:58c'est le retour de la piste politique.
00:54:00Un livre désigne, sous couvert de pseudonymes,
00:54:03François Léotard
00:54:04et Jean-Claude Godin
00:54:06comme étant les commanditaires du meurtre de Yann Pia.
00:54:10Dans le livre
00:54:10L'affaire Yann Pia, des assassins au cœur du pouvoir,
00:54:13les deux anciens ministres sont prudemment appelés
00:54:16L'encornet et Trottinette.
00:54:21On culpabilise parce qu'on se dit
00:54:22qu'on a raté une marche, nous.
00:54:24On a raté une marche, nous.
00:54:26On est trop naïfs, on n'a pas compris,
00:54:28on n'a pas suffisamment enquêté.
00:54:29Vraiment, là, en plus, tout le livre est basé
00:54:32sur les révélations d'un homme,
00:54:34d'une gorge profonde, c'est le Watergate.
00:54:36On est intrigués par tous les doutes
00:54:40qui planent sur les noms qui sont avancés.
00:54:43Après, au plus les noms qui sont cités
00:54:46sont importants et connus,
00:54:47au plus, finalement, on a envie d'y croire.
00:54:50Les deux auteurs, André Rougeau et Jean-Michel Verne,
00:54:54affirment que Yann Pia a été assassiné
00:54:56parce qu'elle détenait des documents compromettants
00:54:59sur les deux anciens ministres.
00:55:01Mais aussi que son meurtre a été supervisé
00:55:03par une deuxième équipe,
00:55:04proche du renseignement militaire.
00:55:06Leur source ?
00:55:08Un informateur, affublé du surnom de « général ».
00:55:11François Léotard et Jean-Claude Godin
00:55:13ne tardent pas à réagir.
00:55:15Jean-Claude Godin, bonsoir.
00:55:16On ne va pas tourner autour du pot,
00:55:19l'affaire est trop grave.
00:55:20Vous êtes accusé d'avoir commandité un meurtre.
00:55:23C'est un véritable scandale
00:55:24et nous, je vais poursuivre, bien entendu,
00:55:27ces paparazzis de second ordre
00:55:30qui osent écrire des choses pareilles.
00:55:33Je les conduirai devant la justice
00:55:36et je les ferai condamner.
00:55:37Si je dis que vous êtes un assassin,
00:55:39M. Poivre d'Arvor,
00:55:40si on dit publiquement devant les Français,
00:55:42devant des millions de Français,
00:55:43qu'un homme est un assassin
00:55:44et qu'un homme qui a été ministre
00:55:46a utilisé la force qui était en son pouvoir
00:55:48pour assassiner quelqu'un d'autre,
00:55:51ça mérite la mort.
00:55:52Moi, je suis contre la peine de mort,
00:55:53mais ça mérite la mort.
00:55:55Vous dites que ces journées sont des crapules,
00:55:57mais ils disent avoir la preuve de ce qu'ils avancent.
00:55:59Je vais demander dans les heures qui viennent
00:56:01qu'ils la déposent, cette preuve.
00:56:03Les deux hommes politiques portent immédiatement plainte
00:56:06pour diffamation
00:56:07et exigent des auteurs du livre
00:56:09qu'ils donnent des preuves de ce qu'ils avancent.
00:56:13L'affaire va jusqu'à l'Assemblée nationale.
00:56:15Face à cette bombe médiatique,
00:56:16le Premier ministre Lionel Jospin
00:56:18est sommé de rendre des comptes.
00:56:20Le gouvernement, le Premier ministre
00:56:25et les ministres concernés
00:56:26saisis selon les normes de notre État de droit
00:56:29contribueront à ce que la lumière soit faite
00:56:32dans cette Assemblée et devant le pays.
00:56:35N'en doutez pas.
00:56:36Quelques jours après la sortie de leur livre,
00:56:38les deux journalistes doivent s'expliquer
00:56:40face à un tribunal.
00:56:42Mais André Rougeau et Jean-Michel Verne
00:56:43sont incapables de produire les preuves
00:56:45de l'implication des deux anciens ministres.
00:56:47Je peux très bien ne pas répondre pour le moment.
00:56:50Est-ce que vous comptez répondre ?
00:56:52On verra.
00:56:53Moi, j'ai demandé à voir
00:56:56le journaliste André Rougeau.
00:57:00Et je l'ai rencontré à plusieurs reprises.
00:57:02Il est venu me voir à plusieurs reprises.
00:57:04Il avait, me disait-il, un informateur
00:57:08qui était ancien officier,
00:57:10ancien membre de l'armée.
00:57:12Et il n'a jamais voulu me donner son identité.
00:57:15Et je lui avais dit,
00:57:16emmenez-moi, parce que je savais que c'était dans le midi.
00:57:18Il allait voir le fameux informateur.
00:57:21Et moi, je lui ai dit, emmenez-moi.
00:57:24Avec vous.
00:57:25Et naturellement, il n'a jamais accepté de m'emmener.
00:57:29Et alors, il m'avait dit,
00:57:30oh, l'informateur ne veut pas vous voir, etc.
00:57:34Pendant ce temps-là,
00:57:35les journalistes cherchent le fameux général.
00:57:38Et ils le trouvent.
00:57:39On a maintenant une idée plus exacte de l'homme
00:57:43qui a renseigné les deux journalistes.
00:57:45Le moins que l'on puisse dire,
00:57:46c'est que Jacques Jonjon
00:57:47n'en est pas à son premier coup d'éclat,
00:57:50si je puis dire.
00:57:50En 91, il se disait aveugle.
00:57:53Aujourd'hui, il serait atteint de différentes maladies.
00:57:56Mais où est donc la vérité ?
00:57:58Selon la justice,
00:57:59de mars 86 à juin 90,
00:58:00l'homme s'est taillé une réputation
00:58:02pour le moins usurpée dans la région.
00:58:04Et là, on est tout de suite inquiets.
00:58:06Tout de suite inquiets.
00:58:08Parce que c'est un monsieur
00:58:10qui vit dans une villa
00:58:11entouré de chiens,
00:58:14monsieur en pantoufles,
00:58:15et qui se présente comme le général
00:58:17Jonjon, gorge profonde.
00:58:20Voilà donc l'unique informateur
00:58:25d'André Rougeau et Jean-Michel Verne.
00:58:29Un vieux monsieur en pantoufles
00:58:31qui n'a d'ailleurs jamais été général.
00:58:36Vous ne vous êtes pas fait passer
00:58:36pour un général ?
00:58:37Non, non, c'est encore...
00:58:39Ni un colonel en retraite ?
00:58:40Non, c'est de la fabulation.
00:58:43Voyez, il y a encore...
00:58:44Ni un expert financier
00:58:45ou un expert fiscal ?
00:58:46Non, non.
00:58:47Je suis très bon fiscal, oui.
00:58:49C'est vrai.
00:58:49On dit fiscalisme
00:58:50et je suis dit fiscaleux
00:58:51parce que c'est ce terme de métier.
00:58:53Mais c'est vrai.
00:58:54Et que j'ai défendu
00:58:55beaucoup de gens.
00:58:56Et ce n'est pas tout.
00:58:57On retrouve Jacques Jojon
00:58:58dans les années 70,
00:58:59cette fois dans un laboratoire
00:59:01en Normandie.
00:59:02Fier de sa trouvaille,
00:59:03l'inventeur vient de mettre au point
00:59:04un moteur à eau.
00:59:05La révolution du moteur à eau,
00:59:07c'est pour dans 10 ans ?
00:59:08Vous avez chiffré à peu près ?
00:59:09Le moteur à eau,
00:59:11c'est pour dans 2 ans
00:59:12si on est tranquille
00:59:13et si nous sommes
00:59:13dans un bon laboratoire.
00:59:19Marcel Tria,
00:59:23alors vous,
00:59:24vous l'avez rencontré,
00:59:25ce monsieur Jojon,
00:59:26pour France 2.
00:59:27Vous êtes le premier,
00:59:27je crois,
00:59:28à le retrouver
00:59:28après la publication du livre.
00:59:30Oui, oui,
00:59:31on est tombé dessus,
00:59:32disons,
00:59:32c'est un coup de chance.
00:59:33Il avait besoin
00:59:34de nous,
00:59:36d'une certaine manière.
00:59:37Il était aux abois.
00:59:38Pourquoi ?
00:59:39Eh bien,
00:59:40l'affaire le dépassait complètement.
00:59:42On n'imagine pas aujourd'hui
00:59:43le bruit
00:59:43qui avait fait ce livre.
00:59:46Et le général,
00:59:47c'était devenu
00:59:48un personnage national,
00:59:50pratiquement.
00:59:51Il se rendait compte
00:59:51que tout reposait sur lui.
00:59:55Et que le chapeau
00:59:56était beaucoup trop grand
00:59:58pour lui.
00:59:59Il n'était pas à sa mesure.
01:00:00Alors,
01:00:01vous le rencontrez,
01:00:02il n'est donc pas plus général
01:00:03que vous et moi ?
01:00:04Eh bien,
01:00:04voilà,
01:00:04on se rend compte
01:00:05que finalement,
01:00:06tous les propos rapportés
01:00:08dans le livre,
01:00:08ça vient de lui.
01:00:09Parce qu'on retrouve
01:00:10tous les termes
01:00:11qu'il emploie.
01:00:12Par exemple,
01:00:13il ne parle jamais
01:00:14des gendarmes
01:00:14sans dire les Pandores.
01:00:16Il y a les fameuses pantoufles,
01:00:19la description du personnage,
01:00:20ça correspond tout à fait.
01:00:21C'est donc bien lui
01:00:22que Rougeau prend
01:00:24pour un grand informateur.
01:00:27Et puis,
01:00:28en discutant,
01:00:28on se rend compte
01:00:29qu'en fait,
01:00:29c'est une petite bande
01:00:31de papilles retraitées.
01:00:33Alors,
01:00:33il y a des anciens militaires,
01:00:34des anciens Pandores,
01:00:36gendarmes,
01:00:37etc.
01:00:38Ils ont
01:00:39une espèce
01:00:39de petite association
01:00:41de quartier
01:00:43dans le petit bled
01:00:44où il habite
01:00:45et ils passent leur temps
01:00:46à pourrir la vie
01:00:47aux élus locaux
01:00:47pour des histoires
01:00:49de chemin,
01:00:50des histoires locales,
01:00:51etc.
01:00:52Et ils s'amusent beaucoup.
01:00:54Et puis,
01:00:54bon,
01:00:55comment Rougeau
01:00:55est rentré en contact
01:00:56avec eux ?
01:00:57Je n'en sais rien,
01:00:57mais il s'est trouvé
01:00:58au milieu
01:00:59de ses papilles
01:01:00qui,
01:01:01bon,
01:01:03s'intéressent beaucoup
01:01:04aux affaires politiques,
01:01:06etc.
01:01:07et émettent des hypothèses.
01:01:10Et il les prend au sérieux.
01:01:11Alors,
01:01:11c'est ça qu'on n'en est
01:01:12toujours pas revenu
01:01:13plusieurs années après.
01:01:14Mais comment il a pu
01:01:15le prendre au sérieux ?
01:01:16On le prend au sérieux
01:01:17un quart d'heure,
01:01:1820 minutes, quoi.
01:01:19C'est-à-dire,
01:01:20vous,
01:01:20au bout de 20 minutes,
01:01:20vous aviez compris
01:01:21que c'était un fou.
01:01:22Gentil,
01:01:22mais fou.
01:01:23Voilà,
01:01:23c'était un gentil mythomane,
01:01:25quoi.
01:01:25Voilà.
01:01:25Jean-Michel Verne,
01:01:35vous êtes l'auteur
01:01:36de ce livre
01:01:37qui fit scandale
01:01:39à l'époque.
01:01:40Alors,
01:01:40depuis,
01:01:40vous avez écrit
01:01:41un autre livre,
01:01:43l'affaire Yann-Pierre
01:01:43Retour sur une manipulation.
01:01:46Vous dites donc
01:01:47que vous avez été,
01:01:48vous et Rougeau,
01:01:48manipulés,
01:01:49enfin vous,
01:01:50en tout cas,
01:01:51manipulés par qui ?
01:01:53Alors,
01:01:53la manipulation,
01:01:54il est certain
01:01:55qu'en matière
01:01:55de journalisme,
01:01:56surtout de journée
01:01:57d'investigation,
01:01:58vous êtes toujours manipulés,
01:01:59c'est-à-dire qu'il y a une personne
01:02:00qui vient vous apporter
01:02:00des informations,
01:02:01elle a une idée
01:02:01derrière la tête.
01:02:02Elle a un intérêt.
01:02:03Elle a un intérêt.
01:02:05Le problème,
01:02:06c'est jusqu'où va
01:02:06la manipulation ?
01:02:08Et là,
01:02:08c'est allé très loin
01:02:09puisque ça a été
01:02:09la mise en cause
01:02:10de deux personnages
01:02:12politiques majeurs
01:02:14du Sud de la France,
01:02:14Jean-Claude Godin
01:02:15et François Léotard
01:02:16qui ne sont pas nommés
01:02:17dans le livre.
01:02:18Mais qui,
01:02:18alors pour revenir à ma question,
01:02:20qui vous aurait manipulés,
01:02:23vous et Rougeau,
01:02:24en vous mettant
01:02:25par le truchement
01:02:26d'informateurs
01:02:28au pluriel
01:02:28sur la mauvaise piste ?
01:02:31Des gens
01:02:32qui avaient intérêt
01:02:33à affaiblir l'UDF
01:02:34sur le Sud de la France.
01:02:36Il faut savoir
01:02:37que François Léotard
01:02:38et Jean-Claude Godin
01:02:39sont des gens
01:02:40extrêmement puissants.
01:02:41À l'époque,
01:02:41ils tenaient
01:02:42la droite.
01:02:44Il y avait
01:02:45une sorte de groupe
01:02:46occulte
01:02:47qui attisait,
01:02:48si vous voulez,
01:02:48attisait les flammes
01:02:49au fin de déstabiliser
01:02:51ces deux hommes politiques.
01:02:52Aujourd'hui,
01:02:54pour que les choses
01:02:54soient dites clairement,
01:02:55vous ne croyez plus
01:02:56du tout
01:02:57à la thèse
01:02:58de encorner
01:02:59les trottinettes
01:02:59comme commanditaire
01:03:01du crime ?
01:03:02Je pense que c'est
01:03:03une affaire d'État
01:03:03et qui a effectivement
01:03:05une dimension politique.
01:03:07Mais limiter
01:03:08cette affaire
01:03:09à deux personnages
01:03:10me semble
01:03:11pour le moins
01:03:12audacieux.
01:03:14Mais ça se situe
01:03:15à quel niveau,
01:03:16selon vous ?
01:03:17C'est un cas
01:03:18qu'on pourrait qualifier
01:03:19de politico-mafieux
01:03:21pour être plus précis.
01:03:25Il y a des intérêts
01:03:26financiers considérables
01:03:28sur le Sud
01:03:28et quand quelqu'un
01:03:31vient semer le trouble
01:03:32là-dedans,
01:03:33forcément,
01:03:34la poudre parle.
01:03:35André Rougeau,
01:03:38Jean-Michel Verne
01:03:39et leurs éditeurs
01:03:40seront condamnés
01:03:41à verser
01:03:41230 000 euros
01:03:43de dommages
01:03:43et intérêts
01:03:44à François Léotard
01:03:45et Jean-Claude Godin.
01:03:47La plus lourde amende
01:03:48jamais exigée
01:03:49pour diffamation
01:03:50par la presse
01:03:50en France.
01:03:534 mai 98.
01:03:55Le procès
01:03:56de la bande
01:03:56du Macama
01:03:56s'ouvre devant
01:03:57la cour d'assises
01:03:58de Draguignan.
01:03:59Un procès fleuve.
01:04:01On prévoit
01:04:01six semaines
01:04:02d'audience.
01:04:03C'est surtout
01:04:04un procès
01:04:05sous haute surveillance.
01:04:06Le palais de justice
01:04:07ressemble
01:04:08à une forteresse.
01:04:10Il y a des forces
01:04:11de police,
01:04:12il y a le GIPN,
01:04:13nous-mêmes,
01:04:13les avocats,
01:04:14nous étions foudiers,
01:04:15nos passions
01:04:16sous un portique,
01:04:18on pensait
01:04:20qu'on allait peut-être
01:04:20amener des armes,
01:04:22je ne sais pas,
01:04:22il y avait un climat
01:04:23de tension,
01:04:25des hélicoptères
01:04:26qui patrouillaient,
01:04:27il y avait
01:04:27une tension extrême.
01:04:30Six semaines
01:04:30d'audience
01:04:31pour tenter
01:04:31de lever un doute
01:04:32qui plane
01:04:32sur le palais
01:04:33de justice.
01:04:34160 témoins
01:04:35vont être entendus.
01:04:36Joe Cercia
01:04:37et que ce...
01:04:37Sur le banc
01:04:38des victimes,
01:04:39il y a
01:04:39Georges Arnault,
01:04:40le chauffeur.
01:04:41Il va se retrouver
01:04:42face à ses agresseurs
01:04:43et aussi
01:04:44face à Gérard Finale.
01:04:47Gérard Finale,
01:04:48le commanditaire
01:04:49présumé
01:04:49qui a toujours
01:04:51refusé
01:04:51d'endosser
01:04:52ce costume-là.
01:04:55Il a toujours
01:04:56fermement
01:04:56nié
01:04:57être le commanditaire
01:04:58de l'assassinat
01:04:59de Yann Piat
01:04:59et il n'a jamais
01:05:01dénoncé
01:05:01qui que ce soit.
01:05:02Pour quelle raison ?
01:05:03C'est à lui
01:05:09qu'il faudrait
01:05:09poser la question.
01:05:11Je pense que
01:05:12peut-être
01:05:14il est au courant
01:05:16de beaucoup plus
01:05:16de choses
01:05:17que ce qu'il n'a pu dire.
01:05:19Gérard Finale
01:05:20en sait-il
01:05:21vraiment plus
01:05:22que ce qu'il prétend ?
01:05:23La presse de son côté
01:05:25pense que le costume
01:05:26est effectivement
01:05:26trop grand pour lui.
01:05:28Les journalistes
01:05:29attendent
01:05:29un coup de théâtre.
01:05:31Tout le monde arrive
01:05:32en se disant
01:05:32est-ce que ça va tenir ?
01:05:36Est-ce qu'il ne va pas
01:05:37y avoir ?
01:05:38Est-ce qu'on ne va pas
01:05:39enfin découvrir
01:05:41le commanditaire
01:05:42tant espéré,
01:05:44celui qui correspondrait
01:05:45tellement
01:05:46à l'ampleur du crime ?
01:05:49Donc on arrive
01:05:52en sachant
01:05:53qu'on va revisiter
01:05:53l'instruction
01:05:54mais en se disant
01:05:56il y a quand même
01:05:57des coups de théâtre
01:05:57possibles.
01:05:58Quatre ans maintenant.
01:06:00Sous haute surveillance,
01:06:01les meurtriers
01:06:01présumés de Yann Pia
01:06:02et leurs complices
01:06:03entrent dans le box
01:06:04des accusés
01:06:05de la cour d'assises
01:06:06du Var.
01:06:07Comme tous les protagonistes
01:06:08dans le box des accusés,
01:06:09les petits
01:06:10comme les appelait
01:06:11Gérard Finale.
01:06:13Lucien Ferry,
01:06:15Marco Dicaro,
01:06:16Romain Gressler,
01:06:17Olivier Thomasson
01:06:20et puis aussi
01:06:21Stéphane Carizoli
01:06:22et Stéphane Ali Gèche-Gèche.
01:06:25Tous deux accusés
01:06:25d'avoir fait brûler
01:06:26la moto qui a servi
01:06:27au meurtre.
01:06:28Tous sont sans diplôme,
01:06:29sans emploi
01:06:30et souvent sans famille.
01:06:32La presse a vite fait
01:06:33de leur trouver
01:06:33des surnoms.
01:06:34Les Pitchoon Killers,
01:06:36les petits gars
01:06:37ou les bébés tueurs.
01:06:38C'est vrai
01:06:39quand vous voyez
01:06:39Lucien Ferry,
01:06:40une petite gueule d'ange
01:06:42quand même.
01:06:43Marco Dicaro,
01:06:44il n'est pas plus...
01:06:46Je veux dire,
01:06:47il n'est pas...
01:06:47Il est lui aussi
01:06:49tout petit
01:06:50avec un visage
01:06:52très jeune.
01:06:53Les autres,
01:06:54alors n'en parlons pas,
01:06:55Romain Gessler,
01:06:56les autres,
01:06:56c'est pareil.
01:06:57Je veux dire,
01:06:58c'est des enfants,
01:06:59quoi.
01:06:59C'est des jeunes...
01:07:01de jeunes majeurs
01:07:03qui se sont retrouvés,
01:07:05imaginés,
01:07:06avec un pétard à la main,
01:07:07se encagouler
01:07:08sur une moto
01:07:10en train d'exécuter
01:07:11un contrat.
01:07:12Bon,
01:07:13c'est un paradoxe,
01:07:15quoi.
01:07:15Donc l'image est trop belle.
01:07:16bébé tueur,
01:07:17oui,
01:07:17parce qu'ils sont tout petits
01:07:19et déjà assassins.
01:07:21Et puis,
01:07:22au centre de la bande,
01:07:24reprenant naturellement
01:07:25son rôle de patriarche,
01:07:27Gérard Final,
01:07:29celui que les jeunes
01:07:30considèrent comme
01:07:30leur père spirituel.
01:07:32Dans le boxe,
01:07:33les accusés redeviennent
01:07:34la bande du Macama.
01:07:35Il y a une espèce
01:07:36de communion,
01:07:37de symbiose
01:07:38qui s'est effectuée,
01:07:39chacun avec Final
01:07:40qui faisait ses bulles
01:07:43qu'on entendait,
01:07:44il a une grosse voix,
01:07:44il parlait comme ça,
01:07:45les petits Kyriers
01:07:46qui se donnaient
01:07:47des coups de coude,
01:07:48des crises de fou rire
01:07:49derrière.
01:07:50Ils avaient retrouvé
01:07:51les mécanismes
01:07:53qu'ils avaient
01:07:53quatre ans auparavant.
01:07:55On peut dire,
01:07:56je pense que Gérard Final
01:07:57avait beaucoup d'affection
01:07:58pour ces jeunes garçons
01:07:59et ces jeunes garçons
01:08:01étaient effectivement
01:08:01un petit peu peut-être
01:08:02affectivement troublés
01:08:08par le personnage
01:08:10de Gérard Final
01:08:10qui en imposait,
01:08:12mais qui en imposait
01:08:13seulement qu'à
01:08:13ce type de jeunes,
01:08:15mais certainement pas
01:08:16à l'égard
01:08:17ni du milieu local
01:08:18ni de la politique
01:08:19locale en général.
01:08:21C'est vrai que la figure
01:08:22de Gérard Final
01:08:23chapeautant ces jeunes,
01:08:24c'est quelque chose
01:08:25qui fonctionne très bien
01:08:25tout de suite.
01:08:27Mais ensuite se dire
01:08:28c'est lui
01:08:29le commanditaire
01:08:30et le seul commanditaire,
01:08:31c'est lui
01:08:31qui a fait assassiner
01:08:33Yann Pia.
01:08:34Y a-t-il vraiment
01:08:35quelqu'un
01:08:36au-dessus de Gérard Final ?
01:08:38Pour le savoir,
01:08:39la cour va entendre
01:08:40comme témoin
01:08:41plusieurs dizaines
01:08:42d'hommes politiques
01:08:43et notamment
01:08:44François Léotard,
01:08:46Jean-Claude Godin
01:08:46et Joseph Cercia.
01:08:49Même si la piste politique
01:08:50a mené dans une impasse,
01:08:52les journalistes
01:08:53attendent encore
01:08:54des révélations.
01:08:56On avait tellement dit
01:08:57que c'était
01:08:57une piste politique
01:08:59que chaque fois
01:09:00qu'on entendait
01:09:00un homme politique,
01:09:01on espérait
01:09:02qu'il y allait avoir
01:09:03une révélation
01:09:04et tout le monde
01:09:05était suspendu
01:09:05donc il y avait
01:09:05une tension.
01:09:07Les journalistes
01:09:08ne rataient.
01:09:08Il y avait les stars,
01:09:09il y avait les petites stars,
01:09:10il y avait les starlettes
01:09:11qui comparaissaient,
01:09:12chacun dans sa spécialité
01:09:14et on attendait toujours
01:09:16qu'il y ait quelque chose.
01:09:18Ce quelque chose,
01:09:19ça pourrait être
01:09:20la présence
01:09:21d'une deuxième équipe
01:09:22le soir du crime.
01:09:23Et c'est l'avocat
01:09:24de Ferry et Finale
01:09:25qui en parle le premier,
01:09:27reprenant une des pistes
01:09:28évoquées dans le livre
01:09:29de Rougeau et Verne.
01:09:32Les avocats
01:09:33s'appuient cette fois
01:09:34sur le témoignage
01:09:34d'un maçon à la retraite,
01:09:36M. Icardi,
01:09:37qui a vu
01:09:38Georges Arnault
01:09:39et les tueurs
01:09:39à 100 mètres
01:09:40du lieu du crime.
01:09:41M. Icardi
01:09:44a décrit
01:09:45des casques noirs
01:09:46alors qu'un autre
01:09:47témoin de la scène
01:09:47a décrit
01:09:48des casques
01:09:48de couleur claire.
01:09:50Pour la défense,
01:09:51ça démontre
01:09:51qu'il y a bien
01:09:52une deuxième équipe
01:09:53de motards.
01:09:54Et voilà
01:09:55la piste politique
01:09:56relancée.
01:10:01Deuxième équipe,
01:10:02ça peut vouloir dire
01:10:03que la deuxième équipe
01:10:04supervisait
01:10:05ses amateurs
01:10:07et qu'ils étaient là
01:10:10aussi peut-être
01:10:11pour
01:10:12au cas
01:10:13où
01:10:15Lucien Ferry
01:10:16et Marco
01:10:17Di Carro
01:10:18aient manqué
01:10:20ou étaient défaillants
01:10:21en ce qui concerne
01:10:22l'objectif
01:10:23qui leur était assigné,
01:10:25à son avis
01:10:25les suppléer.
01:10:26Cette deuxième équipe
01:10:27donne
01:10:28à cette affaire
01:10:30une dimension
01:10:31à son avis
01:10:32un peu plus imposante.
01:10:34Je veux dire,
01:10:34on peut parler
01:10:35davantage
01:10:35d'organisation,
01:10:37de logistique
01:10:38et ça ressemble
01:10:41plus à
01:10:42un assassinat
01:10:45politique.
01:10:47Problème.
01:10:48La thèse
01:10:49de la deuxième équipe
01:10:50ne s'appuie
01:10:51que sur un seul
01:10:52témoignage,
01:10:53le témoignage
01:10:53du maçon
01:10:54Raymond Icardi.
01:10:56C'est léger.
01:10:58D'autant
01:10:59que les autres
01:10:59avocats de la défense
01:11:00ne croient pas
01:11:02du tout
01:11:02au retour
01:11:03d'une piste politique.
01:11:04Dans un dossier,
01:11:07où peut-on trouver
01:11:08l'intervention
01:11:09d'une deuxième équipe
01:11:09qui aurait surveillé
01:11:10la première
01:11:10ou qui aurait fini
01:11:11le travail ?
01:11:11Ça ne colle pas
01:11:12du tout
01:11:12avec le modus operandi
01:11:13tel qu'il est.
01:11:15Et deuxième chose,
01:11:16on s'est quand même
01:11:16rendu sur les lieux
01:11:17pendant près de 10 heures,
01:11:20éclairé à l'heure dite,
01:11:21on a reconstitué
01:11:22vraiment en temps et heure.
01:11:24Je peux vous dire
01:11:24qu'à la lumière
01:11:25des faibles
01:11:26éclairages publics
01:11:28ailleurs
01:11:29sur le Mont des Oiseaux
01:11:29ce soir-là,
01:11:30voir passer une moto
01:11:31devant chez soi
01:11:32et être capable de dire
01:11:33le casque était
01:11:33de telle couleur,
01:11:34etc.,
01:11:34c'est extrêmement difficile
01:11:35quand on connaît
01:11:36la difficulté
01:11:37de fiabilité
01:11:38de témoignage
01:11:38dont on le voit
01:11:39régulièrement
01:11:39dans les affaires
01:11:40de braquage
01:11:41où on va vous reconnaître
01:11:42la même personne
01:11:42en disant
01:11:435,60 mètres
01:11:43ou 5,80 mètres,
01:11:45c'est beaucoup trop léger
01:11:45la couleur du casque.
01:11:47On aurait éventuellement
01:11:48quelques éléments matériels,
01:11:49quelques témoignages,
01:11:50disons qu'on a vu
01:11:51deux motos,
01:11:51peut-être trois,
01:11:52pourquoi pas ?
01:11:53On aurait pu aller
01:11:54dans ce sens-là
01:11:55et creuser cette piste
01:11:56mais on l'a fait
01:11:57même sans éléments préalables
01:11:58et on n'a rien trouvé.
01:11:59Alors il n'y a pas
01:12:00de deuxième moto,
01:12:00bien entendu.
01:12:02Chacun dans cette affaire-là
01:12:03et c'est assez d'ailleurs
01:12:05malsain,
01:12:07chacun s'imaginait
01:12:08juge d'instruction
01:12:09et tout le monde
01:12:09avait sa petite idée
01:12:10sur la chose
01:12:11parce que chacun pensait
01:12:12détenir la vérité
01:12:12et la vérité du dossier,
01:12:14elle était tout autre.
01:12:15Alors on parle
01:12:16d'une deuxième équipe,
01:12:17c'était peut-être
01:12:18un promeneur
01:12:18qui ce jour-là a passé,
01:12:20on a parlé
01:12:20de deuxième équipe.
01:12:21Moi j'interrogeais
01:12:23Marco Descarreaux
01:12:24qui me disait toujours
01:12:25il n'y a pas
01:12:25de deuxième équipe,
01:12:27c'est nous,
01:12:28c'est moi.
01:12:28S'il n'y a pas
01:12:31de deuxième équipe,
01:12:32alors l'étau
01:12:33se resserre
01:12:34autour de la bande.
01:12:36Lucien Ferry,
01:12:37le tireur présumé,
01:12:38reste fidèle
01:12:39au patriarche
01:12:40et à ses copains
01:12:40du Macama.
01:12:42Quand il raconte
01:12:42les faits
01:12:43en bon chef de bande,
01:12:44il endosse
01:12:45toute la responsabilité
01:12:46du meurtre.
01:12:50Et il va désigner
01:12:51chacun
01:12:51des autres
01:12:53jeunes gens
01:12:54qui sont dans le box
01:12:55en disant
01:12:56celui-là
01:12:57il n'a rien fait.
01:12:58oui bon Romain
01:13:00il a juste
01:13:00obéi quoi,
01:13:02on lui a demandé
01:13:02de guetter
01:13:03mais enfin
01:13:03il ne savait pas
01:13:04pourquoi
01:13:04il était là.
01:13:06Voilà,
01:13:07il va endosser
01:13:08toute la responsabilité
01:13:09du crime
01:13:11en s'arrêtant
01:13:12au commanditaire.
01:13:13Il a dit
01:13:14je ne peux pas
01:13:14vous dire qui,
01:13:15il y a d'autres personnes
01:13:16au-dessus de monsieur Finale,
01:13:18des politiques,
01:13:19pas que.
01:13:20Il a dit
01:13:20c'est pas monsieur Finale,
01:13:23c'est pas Gérard Finale
01:13:24le commanditaire.
01:13:28Alors le président
01:13:29essaye tout,
01:13:31le président lui dit
01:13:31mais monsieur Ferry
01:13:32vous auriez intérêt
01:13:33à dénoncer le commanditaire
01:13:34parce que cela vous dédouanerait
01:13:36sans doute
01:13:37ou bien
01:13:38pourquoi voulez-vous
01:13:39vraiment
01:13:41préserver
01:13:43quelqu'un
01:13:44qui vous a mis
01:13:44dans une situation
01:13:45pareille ?
01:13:46Enfin,
01:13:46on lui tend
01:13:46toutes les perches
01:13:47et Lucien Ferry
01:13:48dit non.
01:13:49Non,
01:13:49je ne dirai rien.
01:13:51Le français Yann-Pierre
01:13:52est peut-être
01:13:52à un tournant aujourd'hui.
01:13:53mais une des petites amies
01:13:54de ce qu'on a appelé
01:13:55la bande du Macama
01:13:56charge ouvertement
01:13:58Gérard Finale,
01:13:58le patron du bar.
01:13:59Pour elle,
01:13:59il n'y a pas de doute,
01:14:00c'est lui,
01:14:01le commanditaire
01:14:01du meurtre du député.
01:14:05Les révélations
01:14:05ne vont pas venir
01:14:06de ce qu'on attendait.
01:14:08C'est Virginie,
01:14:09la petite amie
01:14:10de Marco Dicaro,
01:14:12celle qui lui criait
01:14:13« bébé, je t'aime »
01:14:14quatre ans auparavant
01:14:15sur les marches
01:14:15du palais de justice
01:14:16de Toulon,
01:14:17qui vient à la barre
01:14:18et qui désigne
01:14:20Gérard Finale
01:14:21comme étant
01:14:22le commanditaire
01:14:23du meurtre
01:14:24de Yann-Pierre.
01:14:25Elle a senti
01:14:26qu'il fallait
01:14:27vider l'abcès
01:14:28et dire tout
01:14:30ce qu'elle avait appris
01:14:30parce que c'était
01:14:31un trop lourd secret
01:14:32pour elle.
01:14:33On sent qu'elle a peur.
01:14:35Elle est de tête,
01:14:36elle n'est pas venue
01:14:36le premier jour du procès,
01:14:37le jour où les témoins
01:14:38étaient appelés,
01:14:38c'est son père
01:14:39qui est venu,
01:14:40je crois me souvenir.
01:14:41Elle n'est venue
01:14:41que pour témoigner
01:14:42et on sentait
01:14:43qu'elle était
01:14:43absolument terrorisée.
01:14:46Consciente
01:14:47de l'importance
01:14:48que revêtait son témoignage
01:14:49du poids
01:14:49qu'il allait avoir
01:14:50et absolument terrorisé.
01:14:53Virginie explique
01:14:54que son ancien
01:14:55petit copain,
01:14:56Marco Dicaro,
01:14:57a été très bavard.
01:15:00Les jours suivant
01:15:01le meurtre
01:15:01de Yann-Pierre,
01:15:02il lui a révélé
01:15:03que Gérard Finale
01:15:04avait passé avec eux
01:15:05un dangereux marché.
01:15:11Elle explique
01:15:13que c'est Gérard Finale
01:15:14qui a mis en main
01:15:16à ces jeunes gens
01:15:17et notamment
01:15:18à Marco Dicaro,
01:15:19un véritable marché.
01:15:21Vous éliminez
01:15:22physiquement
01:15:23un certain nombre
01:15:24de personnes
01:15:24que je vais vous désigner
01:15:25et en contrepartie,
01:15:27le moment venu,
01:15:28lorsque mon plan
01:15:29sera abouti
01:15:30et que j'aurai mis la main
01:15:31sur un certain nombre
01:15:32de discothèques,
01:15:33d'établissements
01:15:34qui ont appartenu
01:15:35à Jean-Louis Fargette,
01:15:37eh bien,
01:15:38je serai reconnaissant
01:15:39à votre égard
01:15:40et je vous donnerai
01:15:41des responsabilités
01:15:42dans ces établissements.
01:15:43Elle se souvient
01:15:44de trois hommes
01:15:45et d'une femme
01:15:45et elle donne
01:15:47quelques précisions
01:15:48à ce sujet.
01:15:53Trois hommes
01:15:53et une femme.
01:15:55Sans les citer,
01:15:56Virginie désigne en fait
01:15:57Yann Pia,
01:15:58celle qui avait promis
01:15:59de mettre un terme
01:16:00au règlement de compte
01:16:01sur le port,
01:16:02mais aussi
01:16:02Henri, Diana
01:16:03et José Ordioni,
01:16:05les anciens concurrents
01:16:06de Gérard Finale.
01:16:08Virginie raconte
01:16:09enfin
01:16:09les intimidations
01:16:11contre les gerboteaux.
01:16:12Marco Di Carro
01:16:15a été très bavard
01:16:16mais en même temps,
01:16:18il y a eu
01:16:18des témoignages matériels
01:16:19comme les bijoux
01:16:20qu'il lui a offerts
01:16:21qui provenaient
01:16:21de certains vols
01:16:22à main armée
01:16:22qui apportent du poids
01:16:25à ce qu'elle dit.
01:16:26Et quand elle dit
01:16:26Marco m'a dit
01:16:27que, que et que,
01:16:28on peut évidemment
01:16:29soupçonner
01:16:29qu'il se soit beaucoup
01:16:30vanté sur certaines choses
01:16:31mais il y a
01:16:32des éléments
01:16:33qu'il lui a révélés
01:16:34qui sont corroborés
01:16:34par d'autres éléments
01:16:35du dossier.
01:16:36Donc c'est quand même
01:16:37un témoin extrêmement important
01:16:38pour l'accusation.
01:16:39Et ce qu'elle dit,
01:16:40ça tombe
01:16:41comme un coup près
01:16:42pour Finale.
01:16:43C'est, hop,
01:16:46tu es dedans.
01:16:48Malgré les charges
01:16:49qui s'accumulent
01:16:50contre lui,
01:16:51Gérard Finale
01:16:51continue de nier
01:16:52toute implication
01:16:53dans le meurtre
01:16:55de Yann Pia.
01:16:57Au moment de plaider,
01:16:59ses avocats
01:16:59réclament son acquittement.
01:17:02Après cinq heures
01:17:02de délibérés,
01:17:04les jurés
01:17:04rendent leur verdict.
01:17:06Gérard Finale
01:17:07est jugé coupable
01:17:07d'avoir commandité
01:17:08le meurtre de Yann Pia.
01:17:09Lucien Ferry
01:17:11est coupable
01:17:11de l'avoir exécuté.
01:17:13Tous les deux
01:17:14sont condamnés
01:17:14à la réclusion criminelle
01:17:16à perpétuité.
01:17:19Marco Di Caro,
01:17:20lui,
01:17:20est condamné
01:17:20à 20 ans de prison.
01:17:22Les complices
01:17:23écopent de 6
01:17:24à 15 ans.
01:17:26Le plus jeune,
01:17:27Stéphane Carrizoli,
01:17:28est mis hors de cause
01:17:29et acquitté.
01:17:30À l'extérieur
01:17:31de la cour d'assises,
01:17:32la famille de Lucien Ferry
01:17:33crie sa colère.
01:17:34Arrêtez avec
01:17:36les caméras de merde !
01:17:38Dans la salle d'audience,
01:17:40derrière ses portes
01:17:41à l'énoncé
01:17:42des condamnations,
01:17:43la famille de Gérard Finale
01:17:44est anéantie.
01:17:45Elle crie
01:17:46à l'injustice.
01:17:50En condamnant
01:17:51un patron de bar
01:17:51ambitieux
01:17:52et sa bande
01:17:53de jeunes caïds,
01:17:54le verdict
01:17:54enterre donc
01:17:55la piste politique.
01:17:57L'affaire Yann Pia
01:17:58n'est qu'un meurtre
01:17:58crapuleux,
01:18:00une vérité judiciaire
01:18:01difficile à admettre.
01:18:03C'est la difficulté
01:18:05d'admettre
01:18:05qu'une femme
01:18:07politique,
01:18:08députée,
01:18:09élue de la République
01:18:10dans un département
01:18:12mafieux
01:18:12puisse avoir été
01:18:14simplement assassinée
01:18:16par des petits voyous.
01:18:18Cette vérité-là
01:18:22elle est trop difficile
01:18:23à admettre
01:18:24je pense pour certains
01:18:25pour qu'à côté de ça
01:18:26on ne fantasme pas
01:18:27et qu'on ne voit pas
01:18:28des assadins
01:18:29et des commanditaires
01:18:30de Yann Pia partout.
01:18:32Il y a quelquefois
01:18:32des vérités
01:18:33qui sont décevantes
01:18:34et cette vérité-là
01:18:35pour vous confier
01:18:36le fond de ma pensée
01:18:37m'a déçu aussi.
01:18:39J'aurais aimé
01:18:39peut-être un dossier différent
01:18:41mais quand on n'a rien d'autre
01:18:43dans un dossier
01:18:43que cette vérité-là
01:18:44il faut finir par l'admettre
01:18:45et l'admettre
01:18:47c'est aussi
01:18:47à mon avis
01:18:48rendre un hommage
01:18:49posthume à Yann Pia
01:18:51que d'avoir été
01:18:52au bout de la vérité
01:18:53et de lui avoir rendu
01:18:54cette vérité-là.
01:18:54Georges Arnaud
01:18:59au moment du procès
01:19:01est-ce que pour vous
01:19:02tous les assassins
01:19:04de Yann Pia
01:19:05sont dans le box des accusés ?
01:19:07Au départ
01:19:09non
01:19:11parce que dans mon esprit
01:19:13il y a un commanditaire.
01:19:16C'est-à-dire Gérard Final
01:19:16comme commanditaire
01:19:17ça ne vous suffit pas ?
01:19:19Non
01:19:20au moment du procès
01:19:21il y a quelqu'un au-dessus.
01:19:24Aujourd'hui
01:19:24avec le recul
01:19:25vous avez admis
01:19:27qu'il n'y avait pas
01:19:28d'autre commanditaire
01:19:29que Gérard Final.
01:19:30Non, non
01:19:30c'est un crime
01:19:31trapuleux
01:19:33ordinaire
01:19:33avec beaucoup
01:19:37de dommages collatéraux.
01:20:00Le meurtre
01:20:01de la députée
01:20:02UDF
01:20:02Yann Pia
01:20:03n'est pas politique.
01:20:05Voilà
01:20:05la vérité
01:20:06judiciaire.
01:20:07Mais cette affaire
01:20:08a tout de même
01:20:08eu des répercussions
01:20:09dans le milieu politique
01:20:10varrois.
01:20:11Ainsi
01:20:11Maurice Arex
01:20:12et Joseph Sercia
01:20:13ont été condamnés
01:20:14et écroués
01:20:15pour des affaires
01:20:16de corruption
01:20:16qui ont été mises
01:20:18à jour
01:20:18par l'affaire
01:20:19Yann Pia.
01:20:20Aujourd'hui
01:20:20Maurice Arex
01:20:21est décédé.
01:20:22Joe Sercia
01:20:22n'a plus de mandat politique
01:20:23il est devenu
01:20:24chauffeur de taxi.
01:20:26La bande du Macama
01:20:27a aussi été condamnée
01:20:28pour d'autres affaires
01:20:29criminelles
01:20:29antérieures
01:20:31au meurtre
01:20:31de Yann Pia.
01:20:32Aujourd'hui
01:20:33Romain Gressler
01:20:33Olivier Thomasson
01:20:35et Stéphane
01:20:36Ali-Guech-Guech
01:20:36sont libres.
01:20:38Lucien Ferry
01:20:39Marco Dicaro
01:20:40et Gérard Finale
01:20:41le patron du Macama
01:20:42sont toujours
01:20:43en prison.
01:20:44Sous-titrage Société Radio-Canada
01:20:57Sous-titrage Société Radio-Canada
01:20:58Sous-titrage Société Radio-Canada
01:20:59Sous-titrage Société Radio-Canada
01:21:00Sous-titrage Société Radio-Canada
01:21:01Sous-titrage Société Radio-Canada
01:21:03Sous-titrage Société Radio-Canada
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