- il y a 2 mois
En 1995 à Saint-Andéol-le-Château, la maison de Vincent et Odette Bébien est ravagée par un gigantesque incendie qui pourrait bien cacher un terrible meurtre...
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00:02:29La maison est en feu, la fumée était importante, les flammes étaient importantes, on voyait des flammes qui sortaient par les fenêtres.
00:02:50L'incendie a couvé pendant un moment dans la maison et puis tout d'un coup il y a eu une explosion terrible et là ça a carrément pété les vitres, implosé les vitres exactement.
00:03:05Et c'était carrément explosé, explosé, comme si on avait mis des bombes dedans, elle avait explosé carrément.
00:03:15On ne sait pas où sont les propriétaires, on sait que monsieur et madame travaillent, les enfants sont sur le point de rentrer de l'école, où sont rentrés de l'école, on n'en sait rien.
00:03:33On a commencé à dire, mais il y avait les voitures, tout ça, et les bébiens, où sont les bébiens ?
00:03:37S'ils étaient là, ils auraient pété une fenêtre, quelque chose pour sortir. Or là, il n'y avait rien, rien ne bougeait.
00:03:43L'angoisse monte chez les voisins. Mais la famille bébiens est peut-être chez Samantha, la fille aînée, qui vit à quelques kilomètres de Saint-Andéole-le-Château.
00:03:57C'est moi qui ai téléphoné à Samantha en lui disant, écoute, il arrive quelque chose, est-ce que tes parents sont chez toi ?
00:04:03Alors elle m'a dit, non, non, pas du tout, je n'ai pas vu mes parents. Alors je lui ai dit, écoute, viens vite, monte vite, la maison est en feu.
00:04:09Dix minutes plus tard, Samantha est là, avec son mari Eric.
00:04:17Elle est allée voir s'il y avait le scooter de sa soeur. Donc elle dit, mais le scooter est là, elle dit, pourvu qu'elle ne soit pas là, pourvu qu'elle ne soit pas là.
00:04:26Donc voilà, c'était sa soeur qui l'inquiétait le plus.
00:04:33Une heure plus tard, les pompiers maîtrisent l'incendie, ils peuvent enfin entrer dans la maison.
00:04:39Ni Aline, ni son frère, ni ses parents ne semblent être là.
00:04:46Et au fur et à mesure que l'eau pénètre dans la maison, les flammes baissent, la fumée baisse, et notre stupeur en aperçoit une silhouette sur un lit.
00:04:54C'est le maire qui m'a dit, bon ben, on a retrouvé Odette, elle est dans son lit. Alors déjà, premier choc, n'est-ce pas ?
00:05:11Odette, la mère de Samantha, est morte dans l'incendie.
00:05:15Et les autres cohorts se sont dissimulés au milieu de la maison.
00:05:19Ils ont découvert le corps de Vincent Père.
00:05:26On était pétrifiés, c'est horrible quoi.
00:05:29Un peu plus loin, les pompiers découvrent celui de son fils de 21 ans, la troisième victime.
00:05:40Moi j'étais choqué, complètement choqué, on était choqué.
00:05:47Tous, d'ailleurs, tous, tous, tous, ça pleurait, il y avait des cris, des larmes, les jeunes.
00:05:54C'était pas, c'était, c'était terrible.
00:05:56Pourquoi ? Pourquoi ils ne sont pas sortis ?
00:06:00Là, c'est déjà la première question, mais pourquoi ils se sont laissés prendre par le feu comme ça ?
00:06:04C'est incompréhensible.
00:06:10Reste une incertitude sur le sort d'Aline.
00:06:20Samantha Bébien, dès l'annonce de l'incendie de la maison de vos parents, vous vous rendez sur place,
00:06:24et là, vous apprenez qu'on a retrouvé trois corps, celui de votre mère, de votre frère et de votre père.
00:06:32En premier lieu, j'ai voulu rentrer dans la maison qui était encore en flamme.
00:06:36Et après, on m'a dit qu'on avait trouvé les corps, et là, j'ai perdu connaissance, on m'a rentrée chez la voisine.
00:06:44Et mon monde s'est écroulé.
00:06:47Et votre petite sœur, vous aviez encore de l'espoir à ce moment-là ?
00:06:49Ah oui, oui, oui.
00:06:50Ma petite sœur, c'était mon dernier espoir, qu'elle soit vivante, que je puisse faire pour elle tout.
00:07:02Parce que ma petite sœur, c'est mon premier bébé, c'est moi qui l'ai élevé.
00:07:10Donc oui, j'avais l'espoir qu'elle soit vivante.
00:07:13Vous aviez neuf ans d'écart, c'est ça ?
00:07:15Un peu plus de huit ans, oui.
00:07:17Oui, oui.
00:07:18Et comme ma maman travaillait, elle dormait la journée, donc c'est moi qui ai élevé ma petite sœur.
00:07:26Et oui, j'avais l'espoir qu'elle soit vivante, qu'au moins elle.
00:07:30Au moins elle.
00:07:31Et donc vous apprenez que votre sœur, en fait, est aussi dans la maison ?
00:07:38La scène, en fait, j'étais assise, moi, chez la voisine, et le gendarme est rentré.
00:07:45Pour moi, c'est un film au ralenti.
00:07:47Il s'est assis en face de moi, et il m'a dit, voilà, on a trouvé quatre corps.
00:07:51Et là, j'ai eu l'impression qu'il y avait un fossé qui s'ouvrait sous moi et que je tombais.
00:08:00Ça a été... c'est inexplicable.
00:08:05Mon monde s'est écroulé d'un coup, il y avait le néant.
00:08:09Autour de moi, c'était le néant.
00:08:10Le parquet de Lyon, diligente, une enquête le soir même, le 30 mai 95.
00:08:24Les gendarmes doivent comprendre pourquoi la famille Bébien s'est retrouvée piégée par les flammes.
00:08:34Dès que nous pénétrons dans la villa, une odeur très forte d'hydrocarbure se fait sentir.
00:08:40Et alors, nous cheminons tout au long du couloir.
00:08:45Les odeurs sont présentes dans toute la maison.
00:08:49Une odeur d'essence.
00:08:52Dans les décombres, les gendarmes découvrent d'autres éléments troublants.
00:08:58Nous trouvons trois bidons, qui sont des shéricanes,
00:09:02qui sont disséminés dans le couloir, près des chambres.
00:09:07Il se trouve que ces bidons sont couchés sur le flanc,
00:09:10qui sont fondus, mais la partie inférieure est à même le carrelage,
00:09:15et donc est encore intacte.
00:09:19Cette odeur d'essence, des shéricanes,
00:09:22la piste d'un incendie volontaire se confirme.
00:09:26Autre détail intéressant,
00:09:28la position dans laquelle le corps du père est retrouvé.
00:09:31Nous avons tout de suite constaté que sa veste et sa chemise étaient sorties de son pantalon.
00:09:39Sa veste, notamment, les pans de veste se trouvaient à hauteur des aisselles.
00:09:43Ceci indiquait tout simplement qu'il avait été traîné par les pieds à cet endroit,
00:09:46de manière très claire.
00:09:47Un corps déplacé.
00:09:52Les gendarmes convoquent le médecin légiste.
00:09:55Ensemble, ils retournent les corps des quatre victimes.
00:10:00Et là...
00:10:01On a remarqué assez rapidement que tous avaient reçu des impacts de balles.
00:10:11Pour le deuxième corps, qui était celui de Bébien, Vincent, fils,
00:10:15nous découvrons trois impacts.
00:10:17Deux dans la tête, un dans le corps.
00:10:19Pour le père, c'est encore plus d'impact,
00:10:22puisque nous trouvons huit orifices.
00:10:25Et Odette Bébien, elle, qui se trouvait allongée en chaînes filles dans son lit,
00:10:29est-elle porteuse d'un seul orifice dans le front.
00:10:35Leur fille, Aline, a été tuée d'une balle dans la tête.
00:10:40Sous son corps et sous celui de son père,
00:10:43les gendarmes retrouvent les douilles des balles meurtrières.
00:10:48La seule interrogation qu'ils subissent, pour nous,
00:10:51est-ce que c'est le fait d'un tiers ou est-ce que c'est le fait d'une des quatre personnes
00:10:55qui se trouvent devant nous ?
00:10:57Samantha, quand vous reprenez connaissance,
00:10:59non seulement votre famille a totalement disparu,
00:11:03mais en plus, vous apprenez qu'elle a été tuée par balle.
00:11:07Je l'ai appris le lendemain, en fait, par les journaux.
00:11:10Parce que c'est passé à la télé,
00:11:13et c'est comme ça que je l'ai su.
00:11:15Et là encore, ça a été une nouvelle fois,
00:11:18parce que moi, je pensais que c'était un accident de gaz
00:11:22ou quelque chose comme ça.
00:11:25Et j'ai appris par les journaux que mes parents,
00:11:28ma famille, avaient été tuées par balle.
00:11:30Et là, vous vous dites quoi ?
00:11:34On se dit que ce n'est pas possible.
00:11:40C'est un film, c'est un mauvais rêve.
00:11:41On est dans quelque chose qui est...
00:11:45qu'on ne voit qu'à la télé, en fait.
00:11:47C'est indescriptible.
00:11:50Ils avaient des ennuis ?
00:11:52Non, non, du tout.
00:11:54Et entre eux, ils s'entendaient bien ?
00:11:55Il y avait...
00:11:57Oula, on avait un esprit de famille qui était très...
00:12:00On était dans un cocon.
00:12:02On ne peut pas penser à ce moment-là
00:12:03que c'était un drame familial et que...
00:12:05Non, non.
00:12:06On y pense, mais comme j'ai toujours dit,
00:12:09le drame familial serait été entre mon père et ma mère.
00:12:11Stop.
00:12:13Personne n'aurait touché aux enfants.
00:12:14Donc, ce n'était pas possible.
00:12:16C'était une famille heureuse ?
00:12:17On était une famille heureuse.
00:12:20Et quand est-ce que vous les avez vus, alors,
00:12:21pour la dernière fois ?
00:12:23Le dimanche, deux jours avant,
00:12:24puisque c'était la fête des mères.
00:12:26Et on s'était cotisé, mon papa, mon petit frère,
00:12:30ma petite sœur, moi, pour acheter...
00:12:33Donc, avec mon papa, on avait monté la terrasse
00:12:35derrière la maison.
00:12:36Et avec tout le monde, on avait acheté
00:12:39le salon de jardin de ma maman
00:12:40avec un grand parasol, un banc.
00:12:43On lui avait fait un joli petit ensemble
00:12:44et c'était son cadeau de fête des mères.
00:12:47Et on a passé une super journée.
00:12:57Dominique, quelles sont les conclusions
00:12:58des rapports d'autopsie et de balistique ?
00:13:00D'abord, Frédéric, l'emplacement des corps.
00:13:02Ça, c'est un croquis qui a été fait par les gendarmes.
00:13:05C'est le croquis de la maison avec l'emplacement des corps.
00:13:09C'est leur dossier de travail.
00:13:10C'est le dossier d'enquête.
00:13:11Alors, dans la chambre numéro 1,
00:13:13le corps d'Odette Bébien, la mère.
00:13:15Elle est dans son lit.
00:13:17Dans la chambre numéro 2,
00:13:19le corps du père, Vincent Bébien.
00:13:22Dans la chambre numéro 4,
00:13:24celui de son fils.
00:13:25Et là-bas, au bout du couloir,
00:13:27juste derrière...
00:13:28C'est là ?
00:13:28Oui, juste derrière la porte d'entrée
00:13:30qui ne figure pas sur le dessin,
00:13:31c'est le corps d'Aline, la fille.
00:13:35Alors, l'autopsie permet de savoir
00:13:37que tous ont été tués avec la même arme,
00:13:39une carabine de calibre 22 longs rifles.
00:13:42L'autopsie permet de dire aussi
00:13:44qu'il n'y a pas de traces de défense,
00:13:46il n'y a pas eu de lutte dans la maison,
00:13:48ils ne se sont pas défendus,
00:13:50pas de fracture, pas non plus,
00:13:51et c'est important, de violence sexuelle.
00:13:53Si on reprend les cas un par un,
00:13:57Odette Bébien,
00:13:58l'autopsie de son corps
00:13:59permet de découvrir
00:14:01un orifice d'entrée au niveau du visage,
00:14:04un seul orifice d'entrée
00:14:05et trois balles dans la tête.
00:14:09Le père,
00:14:10cinq balles
00:14:11dans le thorax
00:14:12et dans la tête.
00:14:14Le fils, il a reçu trois balles,
00:14:15dont deux dans la tête,
00:14:16et la fille, Aline,
00:14:17qui est derrière la porte d'entrée,
00:14:19elle a reçu une balle
00:14:20à l'arrière de la tête,
00:14:21dans le pariétal gauche.
00:14:24Est-ce qu'on peut imaginer
00:14:25à ce moment-là
00:14:25qu'il s'agit d'un drame familial,
00:14:28que l'un d'entre eux
00:14:28a tué les trois autres
00:14:30et s'est suicidé après ?
00:14:31Alors, évidemment,
00:14:32ça va être la première hypothèse
00:14:33de travail des gendarmes,
00:14:34parce que c'est quelque chose
00:14:35qui se produit,
00:14:36malheureusement, souvent.
00:14:38Si l'une des personnes
00:14:39a tué les trois autres
00:14:40et s'est suicidé ensuite,
00:14:41on retrouve forcément
00:14:42l'arme près d'elle,
00:14:43et là, il n'y a pas d'arme.
00:14:45Ce qui veut dire que
00:14:46celui ou ceux qui ont fait ça
00:14:47sont repartis avec cette carabine,
00:14:49et là, c'est clairement
00:14:50une affaire d'homicide.
00:14:53Toute la famille
00:14:53a été exécutée méthodiquement.
00:14:56Une tragique affaire de tuerie
00:14:58à Saint-Andéol-le-Château,
00:14:59dans le Rhône.
00:15:00Quatre membres d'une même famille
00:15:02ont été tués par balle
00:15:03la nuit dernière.
00:15:05Les criminels ont essayé
00:15:05de masquer leurs gestes
00:15:07et de faire croire à un accident
00:15:08en incendiant la maison des victimes.
00:15:11Le village de Saint-Andéol-le-Château
00:15:13avait bien du mal ce matin
00:15:14à masquer son émotion.
00:15:15Tristesse et inquiétude
00:15:16se lisaient sur tous les visages.
00:15:17Pour tous ici,
00:15:19il est difficile de comprendre
00:15:20et d'admettre
00:15:20qu'une famille sans toi
00:15:22est difficile de comprendre
00:15:23et d'admettre
00:15:23tenter de trouver un mobile
00:15:24à ce quadruple assassinat.
00:15:26La population se sent mal à l'aise,
00:15:28quand même.
00:15:28Saint-Andéol,
00:15:29quatre morts.
00:15:31Psychologiquement,
00:15:32c'est difficile à admettre.
00:15:34Une famille détruite.
00:15:37Les gens se disent
00:15:38qu'il y a peut-être quelqu'un
00:15:39qui traîne encore dans le coin
00:15:40et qui va peut-être se reproduire
00:15:42dans trois jours
00:15:42dans une maison à côté.
00:15:43La peur s'installe
00:15:47dans la petite commune du Rhône.
00:15:49Le crime est d'une telle violence
00:15:50qu'il fascine les journalistes.
00:15:53Les médias débarquent en masse
00:15:54à Saint-Andéol.
00:15:56Il y avait des mondes
00:15:57de partout,
00:15:58ça filmait,
00:15:59ça photographiait,
00:16:01ça interviewait de partout.
00:16:03Les journalistes harcèlent
00:16:08les gendarmes
00:16:09sans grand succès.
00:16:15Moi, je ne laisse rien filtrer.
00:16:18Les seules personnes
00:16:19à qui je rencontre,
00:16:20c'est premièrement au parquet
00:16:21et deuxièmement au juge d'instruction.
00:16:23Je crois que c'est très bien comme ça.
00:16:28Vu la monstruosité
00:16:30de ce qui s'est passé,
00:16:31on est tous là
00:16:32en train d'essayer
00:16:33de feuilletonner une histoire
00:16:34qui est quand même
00:16:36extrêmement grosse.
00:16:37C'est une belle affaire.
00:16:38C'est une grosse affaire.
00:16:40Donc, il faut qu'on gratte,
00:16:42il faut qu'on trouve
00:16:42des choses à dire.
00:16:47Est-ce que c'était un couple,
00:16:48tout ce qui est plus normal,
00:16:49des gens à problème ?
00:16:51Non, non, non.
00:16:53Comme tout le monde.
00:16:55On ne comprend pas.
00:16:57On ne comprend pas.
00:16:58Les bébiens sont décrits
00:17:01comme des gens
00:17:02tout ce qu'il y a de plus normaux.
00:17:06C'est des gens
00:17:07bien gentils,
00:17:09bien sympathiques,
00:17:10qui sont plutôt appréciés
00:17:12dans le village.
00:17:16On apprend que la mère
00:17:18travaille à l'hôpital de Givor,
00:17:20qui est à quelques kilomètres
00:17:21un petit peu plus bas
00:17:22et qu'elle est infirmière
00:17:24de nuit.
00:17:26Odette Bébien
00:17:26avait 46 ans.
00:17:28La veille du drame,
00:17:30elle avait pris son service
00:17:31comme tous les jours
00:17:31à 19h
00:17:32à l'hôpital de Givor.
00:17:37Elle y travaillait
00:17:38jusqu'à 7h du matin.
00:17:43Son mari, Vincent,
00:17:44avait 47 ans.
00:17:46Il était cadre commercial.
00:17:47Lui, il avait retrouvé
00:17:49un travail,
00:17:50il avait perdu son travail,
00:17:51il avait retrouvé
00:17:51rapidement du travail
00:17:52dans une société
00:17:54de la localité.
00:17:55Les enfants,
00:17:56on les connaît
00:17:56parce que c'est des enfants
00:17:57qui sont,
00:17:58les deux derniers
00:17:58sont nés dans la commune
00:17:59et donc on suivit
00:18:01l'école communale
00:18:02comme tout un chacun.
00:18:04Donc on connaît bien
00:18:04cette famille.
00:18:09Elle participait régulièrement
00:18:10aux fêtes de quartier.
00:18:12Enfin voilà,
00:18:12famille très intégrée,
00:18:13très ouverte.
00:18:13Les Bébiens vivaient
00:18:16à Saint-Andéole
00:18:16depuis 20 ans.
00:18:18Ils habitaient
00:18:19dans un quartier résidentiel,
00:18:21le Trimolin,
00:18:22juste à côté
00:18:23de la maison
00:18:23de Jeannine Benbanast.
00:18:29On faisait vraiment
00:18:30beaucoup de choses ensemble.
00:18:31On faisait des barbecues,
00:18:33je connaissais toute la famille.
00:18:35On était très liés
00:18:36puisque Aline,
00:18:38j'étais sa marraine.
00:18:39Odette et Vincent Bébien
00:18:43débordaient de projets.
00:18:45Raymond Terrancle
00:18:46les avait croisés
00:18:47quelques jours
00:18:47avant le drame
00:18:48dans un hypermarché.
00:18:52Au détour
00:18:53d'une gondole,
00:18:54qu'est-ce que je tombe
00:18:55sur les Bébiens ?
00:18:56Alors Odette
00:18:57qui arrive,
00:18:58elle me dit
00:18:58« Ah Raymond,
00:18:59ça y est,
00:18:59je suis à la retraite. »
00:19:00À la retraite,
00:19:01je dis « Mais attends,
00:19:02ils donnent la retraite
00:19:03chez vous
00:19:03après la première communion,
00:19:04c'est pas possible ça.
00:19:05Ah, je te dis,
00:19:06je suis à la retraite. »
00:19:07Puis elle me dit
00:19:08« Tu sais,
00:19:08on va arroser ça. »
00:19:09« On boira le champagne,
00:19:10on va faire péter le champagne. »
00:19:14Le champagne avait coulé
00:19:15à flots
00:19:15le dimanche 28 mai.
00:19:18Deux jours
00:19:18avant les meurtres,
00:19:19la famille arrosait
00:19:20la pré-retraite
00:19:21d'Odette
00:19:22et la fête des mères.
00:19:26« Oh Michel,
00:19:27Michel,
00:19:29combien de t'entends
00:19:29il t'a pris
00:19:30en train de faire pupille ? »
00:19:33« On les avait vus
00:19:37le dimanche
00:19:37et on était allés
00:19:39et on était allés
00:19:39boire le café,
00:19:40le champagne.
00:19:41Il y avait
00:19:41Éric, Samantha
00:19:42et leurs enfants. »
00:19:47Le dimanche est ensoleillé,
00:19:52la famille heureuse
00:19:54et détendue.
00:19:55Tout le monde est là.
00:19:56C'est Vincent,
00:19:57le fils des bébiens
00:19:58qui filme.
00:19:59Vincent,
00:20:05à qui les gendarmes
00:20:05s'intéressent très vite.
00:20:07C'est un garçon
00:20:08de 21 ans
00:20:09dont la vie
00:20:10un peu agitée
00:20:11a pu l'amener
00:20:12à faire de mauvaises rencontres.
00:20:14Il est affilié
00:20:18à une association
00:20:19de supporters
00:20:20de footballeurs
00:20:21de l'Olympique lyonnais
00:20:22qui s'appelait
00:20:22les Bad Guns
00:20:24qui avait une réputation
00:20:25un petit peu extrémiste,
00:20:27un peu d'extrême droite,
00:20:28etc.
00:20:29Donc Vincent,
00:20:29il y avait cette réputation
00:20:30un petit peu extrémiste,
00:20:32un petit peu même raciste
00:20:33pour dire les choses,
00:20:34clairement.
00:20:34à un moment donné,
00:20:40on disait
00:20:41Vincent,
00:20:42il tourne mal,
00:20:43comme on veut
00:20:44entre guillemets.
00:20:45C'est vrai que les Bad Guns,
00:20:46on ne peut pas dire
00:20:46qu'ils avaient une réputation
00:20:47à l'époque
00:20:48un peu de casseur et tout.
00:20:49On peut supposer
00:20:51que Vincent Fils
00:20:54ait pu participer
00:20:55à des bagarres
00:20:55à caractère raciste
00:20:57et que les victimes
00:20:58de ces bagarres
00:21:00aient pu vouloir se venger.
00:21:02C'est une des hypothèses.
00:21:04Dans les fichiers
00:21:06de la gendarmerie,
00:21:07pas de traces
00:21:08d'une bagarre de supporters
00:21:09à laquelle Vincent Bébien
00:21:11aurait été mêlé.
00:21:13Mais en enquêtant
00:21:14sur les Bad Guns,
00:21:16les gendarmes
00:21:16découvrent autre chose.
00:21:19Vincent venait d'avoir
00:21:20un bébé
00:21:21avec la sœur
00:21:22d'un de ses copains supporters.
00:21:24Une affaire de famille
00:21:25qui aurait bien pu dégénérer.
00:21:29Vincent Bébien,
00:21:31qui est âgé de 21 ans
00:21:32à l'époque,
00:21:33fréquentait
00:21:33une jeune fille
00:21:35et venait d'accoucher,
00:21:36je crois,
00:21:37au mois d'avril.
00:21:38Vincent Bébien
00:21:39n'avait pas reconnu
00:21:40cet enfant.
00:21:41D'après les investigations,
00:21:43le père de ***
00:21:44avait demandé à Vincent
00:21:46quelles étaient
00:21:46ses intentions
00:21:47par rapport aux gosses.
00:21:49Il lui aurait dit
00:21:50qu'il n'en avait rien à foutre.
00:21:52Odette et Vincent
00:21:53avaient à l'époque
00:21:54soutenu leur fils
00:21:55contre la mère de l'enfant.
00:21:57la famille
00:22:00de l'autre côté
00:22:02a très mal pris
00:22:03le fait
00:22:03que Vincent
00:22:04avait bien rejeté
00:22:05l'enfant.
00:22:06Donc effectivement,
00:22:07il y avait une piste
00:22:07sérieuse pour nous.
00:22:10Et si les bébiens
00:22:11avaient été victimes
00:22:12d'une vengeance familiale ?
00:22:14La mère du bébé
00:22:21et sa famille
00:22:21sont entendues
00:22:23à la gendarmerie
00:22:24de Givor.
00:22:26Nous avons vérifié,
00:22:28nous avons recoupé
00:22:28tout ça
00:22:29et il était exclu
00:22:30que l'un quelconque
00:22:32de ces membres
00:22:32ait pu participer
00:22:33au meurtre
00:22:34et à la destruction
00:22:35bien évidemment
00:22:35du pavillon.
00:22:37L'enquête
00:22:38repart à zéro.
00:22:39Sans piste sérieuse,
00:22:50les rumeurs
00:22:50les plus farfelues
00:22:51courent sur le compte
00:22:52de la famille
00:22:53comme celle
00:22:54qui affirme
00:22:55qu'un ami tunisien
00:22:56des bébiens
00:22:56serait lié
00:22:58au quadruple meurtre.
00:23:04Quelqu'un nous dit
00:23:05que cet ami tunisien
00:23:06ou qu'eux
00:23:07en revenant de Tunisie
00:23:08serait revenu
00:23:10avec une espèce
00:23:11de valise,
00:23:11un sac
00:23:12dont on ne sait pas
00:23:12trop ce que c'est
00:23:13mais qui aurait été
00:23:14équipé d'un double fond.
00:23:18Et là-dessus,
00:23:21ça devient
00:23:21les voyages en Tunisie,
00:23:22ce n'étaient pas
00:23:23que des voyages
00:23:23d'agrément.
00:23:25Est-ce qu'il n'y avait
00:23:25pas du trafic
00:23:26qui faisait
00:23:27entre la Tunisie
00:23:28et la France ?
00:23:31Tout ça a été vérifié
00:23:32sur commission regatoire,
00:23:33on a vérifié.
00:23:34Ça m'a paru être
00:23:35un montage médiatique.
00:23:38Ça ne repose sur rien.
00:23:44Ça ne repose absolument
00:23:45sur rien.
00:23:53Dominique,
00:23:54pendant que les rumeurs courent,
00:23:56les gendarmes, eux,
00:23:57progressent dans leur enquête.
00:23:58Oui, les gendarmes
00:23:59vont établir
00:24:00l'emploi du temps
00:24:01de chacune des victimes
00:24:02et ça va leur permettre
00:24:03de construire
00:24:04la chronologie
00:24:05des faits.
00:24:06On sait que
00:24:07Mme Bébien,
00:24:08Odette,
00:24:08termine son travail
00:24:09d'infirmière de nuit
00:24:10à 7h.
00:24:12Elle arrive chez elle
00:24:12à 7h30.
00:24:14Elle a l'habitude
00:24:15d'aller se coucher
00:24:15de 8h à midi.
00:24:18Ce qu'on a su
00:24:19de l'autopsie,
00:24:21un seul point d'entrée,
00:24:22un seul orifice
00:24:23dans la tête,
00:24:24mais trois balles,
00:24:26trois balles
00:24:26dans la boîte crânienne.
00:24:28Ça signifie quelque chose.
00:24:29Qu'elle dormait.
00:24:30Ça veut dire
00:24:31qu'au moment où on la tue,
00:24:32elle dort.
00:24:33Donc on sait
00:24:34qu'elle est morte
00:24:34pendant son sommeil
00:24:35et on sait qu'elle dort
00:24:36entre 8h et 12h.
00:24:38Le fils,
00:24:39Vincent,
00:24:40qui travaille
00:24:40comme magasinier
00:24:41dans un supermarché,
00:24:42il quitte son travail
00:24:43à 11h03,
00:24:45on le sait,
00:24:45de façon très précise.
00:24:47Il lui faut une dizaine
00:24:48de minutes
00:24:48pour rentrer chez lui.
00:24:50Un voisin témoigne
00:24:51et dit
00:24:51« Moi, je l'ai vu
00:24:52à 11h15 ».
00:24:53Donc à 11h15,
00:24:54il arrive
00:24:55et il est,
00:24:57selon toute vraisemblance,
00:24:58tué derrière
00:24:59la porte d'entrée
00:25:00de la maison.
00:25:00Là ?
00:25:01Ici.
00:25:02Il ferme la porte,
00:25:03il est abattu.
00:25:05Le père, ensuite,
00:25:07Vincent Bébien,
00:25:08père,
00:25:09qui finit de travailler
00:25:10à midi,
00:25:10il arrive
00:25:11chez lui vers midi 15.
00:25:12En tout cas,
00:25:14une voisine dit
00:25:14« Moi, j'ai vu sa voiture
00:25:15à 12h30
00:25:16devant la maison.
00:25:18Il est,
00:25:19vraisemblablement,
00:25:20comme son fils,
00:25:20abattu dès qu'il rentre
00:25:21dans la maison.
00:25:22C'est-à-dire 12h15,
00:25:2312h20 ».
00:25:24Et comment ça se fait
00:25:24alors qu'on les retrouve
00:25:25l'un et l'autre
00:25:26dans deux chambres ?
00:25:27Parce que le ou les tueurs
00:25:29savent qu'il reste
00:25:29un quatrième membre
00:25:30de la famille à abattre.
00:25:31Et qu'il ne faut pas
00:25:32l'apeurer ?
00:25:33Et qu'au moment
00:25:34où Aline va ouvrir la porte,
00:25:36il ne faut pas
00:25:36qu'elle voit dans le couloir
00:25:37le corps de son père
00:25:38et de son frère.
00:25:40D'où l'explication
00:25:41des vêtements relevés.
00:25:42les corps de Vincent père,
00:25:44Vincent fils
00:25:45ont été traînés
00:25:46dans les chambres,
00:25:47déplacés.
00:25:47Et Aline alors ?
00:25:48Aline, elle termine
00:25:49au lycée
00:25:50vers 17h,
00:25:51elle prend son bus,
00:25:52on la voit descendre
00:25:53à 17h30 du bus
00:25:54à Saint-Andéole,
00:25:56elle rentre chez elle,
00:25:5730, 35,
00:25:59elle est abattue
00:25:59comme son père,
00:26:00comme son frère,
00:26:01derrière la porte d'entrée
00:26:02et là,
00:26:03le ou les meurtriers
00:26:04la laissent sur place,
00:26:05plus aucun intérêt
00:26:06maintenant à déplacer
00:26:07les corps.
00:26:07Ils étaient où,
00:26:08vraisemblablement ?
00:26:09Dans la cuisine,
00:26:09dans la salle de séjour ?
00:26:10On pense que les tirs
00:26:12proviennent de la cuisine,
00:26:14que celui qui utilise l'arme
00:26:15est caché dans la cuisine.
00:26:17Et sait-on à ce moment-là
00:26:18s'il est resté
00:26:19toute la journée
00:26:20caché là ou pas ?
00:26:21Alors ça,
00:26:22on ne peut pas le dire,
00:26:23Frédéric,
00:26:23mais ce qu'on peut dire
00:26:24avec certitude,
00:26:26c'est que celui
00:26:27ou ceux qui ont fait ça
00:26:27connaissent par cœur
00:26:29les emplois du temps
00:26:30de chacun des membres
00:26:31de la famille Mébien.
00:26:39Les voisins font tout
00:26:40pour aider les gendarmes.
00:26:42Ils signalent
00:26:43qu'ils ont vu
00:26:43un jeune homme
00:26:44devant la maison
00:26:44le jour des meurtres.
00:26:47Peut-être une autre piste.
00:26:51Nous avons une voisine
00:26:54qui nous dit
00:26:56avoir aperçu
00:26:57un copain de Vincent
00:26:58qu'elle connaît,
00:27:01qui s'avère être Christophe,
00:27:02un prénommé Christophe.
00:27:05Elle l'avait entré
00:27:06dans la cour.
00:27:07Plusieurs autres personnes
00:27:11entre 13h30 et 14h30
00:27:14ont vu ce même Christophe
00:27:15écoutant de la musique
00:27:17entre les deux voitures
00:27:18qui se trouvaient
00:27:19à l'extérieur du pavillon.
00:27:28C'est d'ailleurs
00:27:29la seule personne
00:27:30qui a été vue ce jour-là
00:27:32à proximité de la maison,
00:27:34à l'extérieur,
00:27:34à l'intérieur, etc.
00:27:35Christophe est un copain
00:27:39de Vincent Bébien.
00:27:40Il traîne souvent
00:27:41au Trimolas
00:27:42et connaît bien
00:27:43les habitudes de la famille.
00:27:47Que vient faire Christophe
00:27:49dans la cour
00:27:49à cette heure-là ?
00:27:53Surtout que
00:27:54lorsqu'on travaille
00:27:55sur Christophe,
00:27:56on s'aperçoit
00:27:57qu'il a cours le matin
00:27:57et qu'il a séché
00:27:58ses cours l'après-midi.
00:28:00Donc ça pouvait être
00:28:00effectivement...
00:28:02C'était suspect.
00:28:03Christophe
00:28:05a-t-il participé
00:28:06au meurtre ?
00:28:08Ou a-t-il vu
00:28:09quelque chose ?
00:28:11Entendu depuis
00:28:17le début de l'après-midi,
00:28:18Christophe,
00:28:18un témoin important,
00:28:19familier des Bébiens
00:28:20et qui, le jour du drame,
00:28:22avait trouvé porte-close
00:28:23alors qu'il avait rendez-vous
00:28:24avec le fils Vincent.
00:28:25Le 2 juin,
00:28:31Christophe est arrêté
00:28:32chez lui
00:28:32et placé en garde à vue.
00:28:37Face au gendarme,
00:28:38il affirme
00:28:38qu'il avait rendez-vous
00:28:39avec Vincent
00:28:40le 30 mai.
00:28:43Vers 13h,
00:28:44il se présente
00:28:45au pavillon,
00:28:47il voit les deux voitures
00:28:48à l'extérieur,
00:28:50il voit le portail ouvert,
00:28:51le chien est là,
00:28:52lui fait des fêtes,
00:28:53c'est un familier,
00:28:54c'est lui qui le nourrit
00:28:55pendant l'absence
00:28:56de la famille Bébiens.
00:29:03C'est un garçon,
00:29:04Christophe,
00:29:05timide,
00:29:05un peu introverti,
00:29:07qui ne se serait pas permis
00:29:08de rentrer comme ça
00:29:09dans l'habitation,
00:29:10donc il s'est contenté
00:29:11de taper.
00:29:13Mais personne n'a répondu,
00:29:16à 13h,
00:29:17les parents
00:29:17et leur fils Vincent
00:29:18étaient déjà morts.
00:29:20Christophe a ensuite
00:29:24quitté le Trimolin.
00:29:27À 17h30,
00:29:28quand Aline a été tuée,
00:29:30il était loin
00:29:31de Saint-Andéole,
00:29:33il a donc un alibi.
00:29:36Le capitaine
00:29:36Sansy le relâche
00:29:37et le fait savoir.
00:29:39Il le raccompagne
00:29:42à son domicile
00:29:42et il descend de la voiture
00:29:44et il ouvre
00:29:44la portière arrière
00:29:45de la voiture,
00:29:46il fait sortir
00:29:46le Christophe en question
00:29:47qui est un gamin
00:29:49joufflu,
00:29:49qui a une bonne bouille
00:29:51et il lui serre la main,
00:29:54il lui tape l'épaule,
00:29:55enfin,
00:29:55il fait vraiment
00:29:56toute la gestuelle
00:29:56qui montre que,
00:29:57voilà,
00:29:58c'est terminé,
00:29:59que lui,
00:29:59on lui dit au revoir
00:30:01et qu'on passe à autre chose.
00:30:02Mais si Christophe
00:30:05n'a rien à voir
00:30:06avec les meurtres,
00:30:08il donne au gendarme
00:30:09un renseignement capital.
00:30:27Gilles Raguin,
00:30:28vous êtes le juge
00:30:29d'instruction chargé
00:30:30de cette affaire.
00:30:31Quel est ce détail
00:30:33intéressant
00:30:34que donne Christophe ?
00:30:35Le chien.
00:30:36En effet,
00:30:37Christophe va nous parler
00:30:38du chien,
00:30:40ce chien,
00:30:41prénommé Duc,
00:30:42qui est attaché
00:30:43à un arbre
00:30:44près de la porte d'entrée
00:30:46de la maison
00:30:46des bébiens
00:30:48et,
00:30:49bon,
00:30:50ce détail
00:30:51va nous intéresser
00:30:52car Christophe
00:30:53et les voisins
00:30:53indiquent que ce chien
00:30:54était agressif.
00:30:56Christophe emploie
00:30:57même le terme
00:30:57très méchant.
00:30:59Donc,
00:31:00aucun étrangement
00:31:01manger à la famille
00:31:03ne pouvait pénétrer
00:31:05si le chien
00:31:06l'en empêchait.
00:31:08Certains témoins
00:31:08disent même
00:31:09qu'il ne rentrait
00:31:11dans la maison
00:31:12que lorsqu'ils étaient
00:31:13accompagnés
00:31:14par un membre
00:31:14de la famille.
00:31:15Est-ce que ce jour-là,
00:31:16il a aboyé
00:31:18particulièrement ?
00:31:18Les voisins
00:31:19s'accordent à dire
00:31:21qu'il aboyait
00:31:22lorsqu'une personne
00:31:24passait devant
00:31:26la maison,
00:31:27mais que ce jour-là,
00:31:28ils n'ont pas perçu
00:31:29d'aboiement particulier,
00:31:32inquiétant,
00:31:33ou qui aurait pu
00:31:34attirer
00:31:34une attention particulière.
00:31:36Est-ce qu'il a pu être
00:31:37drogué, le chien ?
00:31:38Non.
00:31:39L'analyse
00:31:39des divers prélèvements
00:31:41qui ont été faits
00:31:42sur l'animal
00:31:43ont établi
00:31:45qu'ils n'avaient pas
00:31:46été drogués.
00:31:47La conclusion est simple,
00:31:49seul un familier
00:31:51a pu pénétrer
00:31:53dans la propriété,
00:31:54voire même
00:31:55dans la maison.
00:32:02Les obsèques
00:32:04des bébiens
00:32:04ont lieu
00:32:05le 6 juin 95,
00:32:07une semaine
00:32:07après le drame.
00:32:09Les gendarmes
00:32:09sont là,
00:32:11comme une grande partie
00:32:11du village.
00:32:13Silence de tout un village,
00:32:15présent devant
00:32:16cette petite église
00:32:17pour rendre hommage
00:32:17aux voisins,
00:32:18à l'ami,
00:32:19aux potes,
00:32:19à la copine.
00:32:20Tout de douleur contenue,
00:32:21ce silence hurlait
00:32:23pourtant d'incompréhension
00:32:24et de colère.
00:32:32J'ai ce souvenir
00:32:33d'une rue écrasée
00:32:35de chaleur,
00:32:35puis vraiment une tension,
00:32:36c'est-à-dire qu'on sent
00:32:37la tension,
00:32:38la tristesse,
00:32:39le poids de ce drame
00:32:40qui pèse vraiment
00:32:41sur tout un village.
00:32:43Et vraisemblablement,
00:32:48il y a un certain nombre
00:32:49à se dire
00:32:49si ça se trouve
00:32:51dans la foule,
00:32:52il est là.
00:32:53Qui est-il ?
00:32:55Un ami ?
00:32:56Un collègue de travail ?
00:32:58Un membre de la famille ?
00:33:03Samantha ou son mari Eric ?
00:33:07Après tout,
00:33:08ils sont les seuls survivants
00:33:09et ils ont leurs habitudes
00:33:11au Trimolas.
00:33:14Les gendarmes se mêlent
00:33:15discrètement à l'assistance
00:33:17et photographient
00:33:18tous les proches
00:33:18des bébiens.
00:33:22Il y avait des policiers
00:33:23sur les toits
00:33:24que les gens n'ont pas vus.
00:33:25Nous, on le savait
00:33:26en mairie
00:33:27parce qu'on avait été informés
00:33:28qu'il y aurait du monde
00:33:29qui surveillerait
00:33:30cette foule.
00:33:30C'est que ces quatre cercueils
00:33:43qui sont arrivés,
00:33:45c'était quelque chose
00:33:46d'inhumain.
00:33:47Ça fait mal.
00:33:59Quatre cercueils alignés,
00:34:00vous savez,
00:34:01ça fait mal.
00:34:04Tout le village
00:34:05de Saint-Andéole
00:34:06est venu soutenir
00:34:07Samantha et son mari.
00:34:10Mais la tenue
00:34:11qu'a choisie
00:34:11la fille aînée
00:34:12des bébiens
00:34:13et la froideur d'Eric
00:34:15attisent les mauvaises langues.
00:34:20Je les ai trouvés dignes,
00:34:22c'est vrai.
00:34:22Il avait l'air digne,
00:34:23Eric.
00:34:24Elle,
00:34:25elle avait,
00:34:26c'était sa mini-jupe.
00:34:28Je suis vieux jeu,
00:34:29peut-être,
00:34:29mais elle était
00:34:30avec sa mini-jupe.
00:34:32Bon.
00:34:36Ça fait jaser aussi
00:34:37l'attitude de son mari
00:34:38qui est totalement
00:34:40droit
00:34:40comme un i,
00:34:43sans aucune émotion.
00:34:45qui est totalement
00:34:46impassible,
00:34:47comme s'il ne se passait rien,
00:34:48alors que le village entier
00:34:49en gros est en larmes.
00:34:52On jase,
00:34:53on s'offusque.
00:34:55L'apparente désinvolture
00:34:56du couple choque,
00:34:57d'autant plus
00:34:58qu'Eric et Samantha
00:34:59étaient très aimés
00:35:00de la famille bébiens.
00:35:06Quelques années plus tôt,
00:35:08Samantha avait épousé Eric
00:35:09dans cette même église
00:35:11avec la bénédiction
00:35:12de ses parents.
00:35:13Eric avait alors
00:35:1821 ans,
00:35:19Samantha 19,
00:35:20deux très jeunes mariés,
00:35:22déjà parents.
00:35:25C'était une jeune couple
00:35:26qui avait un bébé
00:35:27dans les bras.
00:35:28Voilà.
00:35:29À l'époque...
00:35:31Samantha n'avait que 17 ans
00:35:34lorsqu'elle est tombée enceinte.
00:35:36Eric, lui,
00:35:37faisait son service militaire.
00:35:39Les parents n'ont jamais
00:35:43fait de difficultés au départ.
00:35:45Ils avaient le cœur sur la main,
00:35:46donc ils étaient prêts
00:35:46de toute façon à l'aider.
00:35:48Et tout de suite,
00:35:49il n'a pas été question
00:35:50de faire quoi que ce soit.
00:35:52Ils ont accepté la grossesse,
00:35:53etc.
00:35:54Deux autres enfants naissent.
00:35:58Une petite famille
00:35:59qui fait la joie des bébiens,
00:36:01notamment de Vincent et Aline,
00:36:03encore très jeunes.
00:36:05Le frère et la sœur de Samantha
00:36:06étaient parrains et marraines
00:36:09des enfants des époux bruyasses.
00:36:12Donc, on était vraiment très proches.
00:36:14Tous les jours, Samantha bébiens
00:36:16se rendait au domicile
00:36:17de ses parents.
00:36:18C'était pour voir sa mère
00:36:20au quotidien.
00:36:21C'était elle qui la coiffait,
00:36:22par exemple.
00:36:23Donc, elle y allait régulièrement.
00:36:25C'était toute sa vie
00:36:26et c'était aussi toute la vie
00:36:27d'Éric Bruyasse.
00:36:29Éric Bruyasse est un garçon
00:36:32qui n'avait pas de frère et sœur.
00:36:33D'après Samantha,
00:36:34il considérait Vincent et Aline
00:36:36comme son frère et sa sœur.
00:36:38Il avait une affection particulière
00:36:39pour Aline,
00:36:40qu'il considérait comme sa petite sœur.
00:36:42On nous dit,
00:36:44il la considérait comme sa petite sœur.
00:36:46Mais bon,
00:36:46on se mépie toujours un peu de ce...
00:36:48Enfin, ça peut être vrai,
00:36:49mais peut-être que derrière
00:36:50d'une relation filiale
00:36:53ou fraternelle,
00:36:55il y a peut-être autre chose.
00:36:57Une liaison entre Aline et Éric.
00:37:00Les gendarmes ne trouvent rien
00:37:01de ce côté-là.
00:37:05Les rapports sont d'ailleurs
00:37:06tellement bons
00:37:07entre le couple
00:37:08et la famille bébien
00:37:09qu'à quelques mois du drame,
00:37:11Vincent a prêté
00:37:12à Éric 30 000 francs,
00:37:13environ 4 500 euros.
00:37:16Son gendre
00:37:16en avait besoin
00:37:17pour monter une entreprise
00:37:19de portail métallique.
00:37:26À 27 ans,
00:37:27c'est un homme ambitieux.
00:37:29Il est décrit comme quelqu'un
00:37:36d'autoritaire.
00:37:37Dans le milieu professionnel,
00:37:38c'est un des éléments
00:37:39qui ressortent assez souvent
00:37:42d'autoritaire,
00:37:43d'ambitieux,
00:37:44aimant l'argent.
00:37:45Qui a une rage de réussir,
00:37:47qui ne supporte pas visiblement
00:37:49de venir d'un milieu modeste
00:37:50et qui veut avoir
00:37:52une réussite sociale.
00:37:53Sabanta soutient
00:37:56l'ambition d'Éric
00:37:57et elle se consacre
00:37:58entièrement
00:37:59à l'éducation
00:38:00de leurs trois enfants.
00:38:04Au point
00:38:05d'en oublier même
00:38:06certaines convenances.
00:38:09Quelques jours
00:38:10après la mort
00:38:10de sa famille.
00:38:13Elle avait fait
00:38:14l'anniversaire
00:38:14de la petite
00:38:15comme si de rien n'était.
00:38:16je vous assure
00:38:23que moi
00:38:23je n'aurais pas pensé
00:38:23à faire l'anniversaire
00:38:24si je venais de perdre
00:38:26mes parents,
00:38:27mon frère,
00:38:28ma soeur.
00:38:29Je ne pense pas
00:38:29que l'anniversaire
00:38:30aurait été primordial.
00:38:32Effectivement,
00:38:32la perception
00:38:33de cet anniversaire
00:38:34où on fait un peu la fête
00:38:36alors que les membres
00:38:37de sa famille
00:38:37viennent de se faire tuer,
00:38:40ça avait paru
00:38:41un peu bizarre.
00:38:43Une fête
00:38:44en plein deuil.
00:38:46Ça ne passe pas inaperçu
00:38:49et ça revient
00:38:51aux oreilles
00:38:51des gendarmes.
00:38:54Des gendarmes
00:38:54qui ne sont pas
00:38:55au bout
00:38:56de leur surprise.
00:38:57La même semaine,
00:38:59le mari de Samantha
00:39:00s'est rendu
00:39:00à la mairie
00:39:01de Saint-Andéole.
00:39:02Il avait un papier
00:39:03urgent à demander.
00:39:08On a vu arriver
00:39:09Eric
00:39:09qui nous a demandé
00:39:10une attestation
00:39:11si je me souviens bien,
00:39:12un bulletin d'essai
00:39:14à la première heure
00:39:15pour pouvoir envoyer
00:39:17au camping
00:39:17pour pouvoir récupérer
00:39:19la compte
00:39:21qu'ils avaient versée
00:39:22pour les vacances
00:39:24du mois d'août.
00:39:26Et là,
00:39:27je me suis dit,
00:39:28sans penser à autre chose,
00:39:29je me suis dit,
00:39:30comment il peut y avoir
00:39:30la présence d'esprit
00:39:32de penser à ça
00:39:34dans un moment pareil ?
00:39:36À Saint-Andéole,
00:39:40on ne quitte plus
00:39:41le couple des yeux
00:39:42et les langues
00:39:43se délitent encore.
00:39:46Éric Bruyas
00:39:46a appelé
00:39:47l'assureur
00:39:48de ses beaux-parents
00:39:48le lendemain
00:39:50de l'incendie.
00:39:52Il n'était pas
00:39:5310h du matin,
00:39:54vers 9h, 9h30 peut-être.
00:39:55Le téléphone sonne
00:39:56et c'était
00:39:57Bruyas.
00:39:59Et il me dit,
00:40:00j'ai eu la maison à bruit,
00:40:00il me dit oui,
00:40:01je lui dis,
00:40:01c'est le gaz,
00:40:02il me dit oui,
00:40:03je crois.
00:40:03Puis il avait un très,
00:40:04très évasif
00:40:05et il me dit,
00:40:05vous allez payer quand ?
00:40:07Je lui dis,
00:40:08mais payer quoi ?
00:40:09Écoutez,
00:40:13il faut d'abord
00:40:14qu'un expert passe
00:40:15et qu'on fasse tout.
00:40:17Je lui dis,
00:40:17on ne va pas vous payer
00:40:17en 8 jours,
00:40:18on ne va pas faire
00:40:19traîner les choses.
00:40:20Quand vous payez
00:40:22un signif sur toute
00:40:22cette importance-là,
00:40:23ça ne se fait pas
00:40:24en 5 minutes.
00:40:24Bon, puis
00:40:25on est resté là.
00:40:26Il va même téléphoner
00:40:28à une amie de la famille
00:40:29pour essayer de retrouver
00:40:31des photos
00:40:32de la maison,
00:40:33etc.
00:40:33Donc il a fait
00:40:34il s'est investi
00:40:37très fortement
00:40:38dans l'assurance
00:40:41de la maison.
00:40:44Éric Brouillasse
00:40:45ne récupère pas
00:40:46les photos.
00:40:48Mais il dessine
00:40:49une à une
00:40:50chaque pièce
00:40:52de la maison
00:40:52de ses beaux-parents.
00:40:53Le gendre des bébiens
00:41:02prépare la liste
00:41:03de tous les objets
00:41:04qui ont brûlé
00:41:04dans l'incendie
00:41:05jusqu'au moindre bibelot.
00:41:07A peu près huit jours
00:41:14après,
00:41:14qu'est-ce que je vois
00:41:15arriver au bureau ?
00:41:16Le Brouillasse
00:41:16et Samantha,
00:41:17tous les deux.
00:41:19Pas l'air
00:41:19beaucoup mieux.
00:41:20Samantha n'avait
00:41:21été pas souriante,
00:41:22mais presque.
00:41:24Alors,
00:41:24le Brouillasse arrive,
00:41:25il me sort
00:41:26de son dossier
00:41:27une liste
00:41:28de tout ce qui était
00:41:29dans la maison,
00:41:30mais y compris
00:41:30les sous-vêtements
00:41:31de la belle-mère
00:41:31avec le prix.
00:41:33Et il dit
00:41:33ça fait de temps.
00:41:39Alors,
00:41:39elle me dit
00:41:40on a fait ça
00:41:40avec l'ordinateur,
00:41:41on y a passé
00:41:42une bonne partie
00:41:43de la soirée
00:41:43avec mon mari
00:41:44parce qu'on voulait
00:41:44que ce soit parfait
00:41:45et tout.
00:41:47Les gendarmes
00:41:48n'ont aucune preuve
00:41:49de l'implication
00:41:50de Samantha
00:41:50et de son mari
00:41:51dans les meurtres.
00:41:52Mais c'est la piste
00:41:53la plus solide
00:41:54qu'ils tiennent
00:41:55depuis le drame.
00:41:58Au moment
00:41:59des obsèques,
00:42:00on a beaucoup
00:42:00commenté
00:42:01la froideur
00:42:02de votre mari
00:42:04Éric Brouillasse
00:42:05et également
00:42:05votre tenue
00:42:06parce que vous étiez
00:42:07en mini-jupe.
00:42:08Oui,
00:42:09et j'embête tout le monde
00:42:10puisque c'était
00:42:11la volonté
00:42:11de ma maman
00:42:12puisqu'on avait parlé
00:42:14plusieurs fois
00:42:15de leur volonté
00:42:17s'ils venaient
00:42:17à décéder
00:42:18et à l'époque
00:42:20je travaillais
00:42:21donc j'avais
00:42:22toujours des tenues
00:42:23et ma maman
00:42:25m'a toujours dit
00:42:26si je meurs
00:42:27je ne veux pas
00:42:28que tu t'habilles
00:42:28en noir
00:42:29que tu sois
00:42:30dans une grande robe noire
00:42:31je veux que tu t'habilles
00:42:33comme tu t'habilles
00:42:34tous les jours
00:42:35et j'ai respecté
00:42:36la volonté
00:42:37de ma maman.
00:42:38Et l'attitude
00:42:39d'Éric Brouillasse ?
00:42:41Vous-même
00:42:43vous pensiez
00:42:43qu'il était froid ?
00:42:44À l'heure actuelle
00:42:4518 ans après
00:42:47je n'ai aucun souvenir
00:42:49de l'enterrement
00:42:49de mes parents.
00:42:52Les seuls souvenirs
00:42:53que j'ai
00:42:54c'est les quatre cercueils
00:42:56en face de moi
00:42:57un camarade
00:42:59de mon frère
00:42:59qui s'était mis
00:43:01à genoux
00:43:01devant le cercueil
00:43:02de mon frère
00:43:02et la bénédiction
00:43:05des corps
00:43:05qui a duré
00:43:06je ne peux pas vous dire
00:43:09mais moi
00:43:09j'ai eu l'impression
00:43:10que ça durait
00:43:10des heures et des heures
00:43:11et que ça ne s'arrêterait
00:43:12jamais.
00:43:13Et cette déclaration
00:43:15à l'assurance
00:43:16l'inventaire
00:43:17si précis
00:43:17qui a été faite ?
00:43:19Alors là
00:43:19même moi
00:43:21je suis incapable
00:43:22de le faire.
00:43:23Donc vous ne l'avez pas fait
00:43:24vous n'avez pas participé
00:43:25à cet inventaire ?
00:43:26Moi j'étais
00:43:27dans mon monde
00:43:28dans ma bulle à moi
00:43:30dans ma douleur.
00:43:39Monsieur Raguin
00:43:40puisqu'il donne
00:43:40cet inventaire
00:43:41à l'assurance
00:43:42à combien est estimé
00:43:44l'héritage bébien ?
00:43:46Les experts
00:43:47ont estimé
00:43:48l'héritage
00:43:48à 700 000 francs.
00:43:51C'est-à-dire
00:43:51à peu près
00:43:52100 000 euros ?
00:43:53À peu près
00:43:53100 000 euros.
00:43:54Samantha est tout de même
00:43:55la première intéressée
00:43:56par l'héritage ?
00:43:58Effectivement
00:43:58c'est elle
00:43:59la première héritière
00:44:00de la famille bébien
00:44:01puisqu'elle est
00:44:01la seule survivante.
00:44:03Ils étaient endettés
00:44:04les Bruias ?
00:44:05Beaucoup ?
00:44:06Je ne peux pas dire
00:44:06qu'ils étaient endettés
00:44:07parce qu'il avait eu
00:44:09une entreprise précédente
00:44:11qui avait été liquidée
00:44:14en 1994
00:44:15une année avant.
00:44:16Il avait créé
00:44:17une nouvelle entreprise
00:44:18son atelier
00:44:19de fermeture métallique
00:44:20à Ternay.
00:44:22Ces 700 000 francs
00:44:24peut-être apparaissaient
00:44:25comme une somme
00:44:26intéressante
00:44:27qui auraient pu
00:44:28renflouer
00:44:29parce que son entreprise
00:44:31vivotait
00:44:32en fait
00:44:32et qui auraient pu
00:44:33renflouer son entreprise
00:44:35acheter du matériel
00:44:36et avoir plus de temps
00:44:38pour démarcher
00:44:38des chantiers.
00:44:45Les gendarmes
00:44:46creusent l'emploi du temps
00:44:47du couple Bruias
00:44:48le jour des meurtres
00:44:50le 30 mai 1995.
00:44:56Éric Bruias
00:44:57est convoqué
00:44:57le premier
00:44:58à la gendarmerie
00:44:59de Givor.
00:45:03C'est ici
00:45:05dans la région lyonnaise
00:45:06qu'il vit avec sa femme
00:45:07Samantha
00:45:08et leurs trois enfants.
00:45:10Ses beaux-parents
00:45:11les bébiens
00:45:12habitent
00:45:13à 10 km de là
00:45:14à Saint-Andéole-le-Château
00:45:16au lotissement
00:45:17du Trimolin.
00:45:21L'atelier
00:45:21d'Éric Bruias
00:45:22est à Ternay
00:45:23en périphérie
00:45:24de Givor.
00:45:26Il y était
00:45:26dans la journée
00:45:27du 30 mai.
00:45:31Éric Bruias
00:45:32nous dit
00:45:33qu'il s'est levé
00:45:33plus tôt que d'habitude
00:45:34à 5h du matin
00:45:35qu'il a rejoint
00:45:38son atelier
00:45:39à Ternay.
00:45:43Éric Bruias
00:45:44explique
00:45:45qu'il n'est resté
00:45:45qu'une heure
00:45:46à l'atelier.
00:45:46Il a dû s'absenter
00:45:47vers 7h30
00:45:48pour faire
00:45:49une course
00:45:50à Givor.
00:45:53Sur le chemin
00:45:54il a croisé
00:45:55Odette
00:45:55sa belle-mère
00:45:56et l'une
00:45:57de ses collègues.
00:45:58Elle rentrait
00:45:59de l'hôpital.
00:46:00La collègue
00:46:01confirme
00:46:01qu'Éric
00:46:02a fait signe
00:46:02à Odette.
00:46:03Il lui a dit
00:46:04qu'il l'a rejoignée
00:46:05chez elle
00:46:05à Saint-Andéole
00:46:06pour prendre un café.
00:46:08Éric Bruias
00:46:09affirme
00:46:10qu'il y restait
00:46:11environ une heure.
00:46:12Il quitterait
00:46:17le pavillon
00:46:18vers 8h30
00:46:19après avoir laissé
00:46:21bien sûr
00:46:22sa belle-mère
00:46:22qui connaissait
00:46:23ses habitudes,
00:46:24savait qu'elle
00:46:24allait se coucher,
00:46:25etc.
00:46:28Éric Bruias
00:46:29regarde son atelier
00:46:31à Ternay.
00:46:36Il y a travaillé,
00:46:37dit-il,
00:46:38jusqu'à midi et demi.
00:46:39Ensuite,
00:46:43il est rentré
00:46:43chez lui
00:46:44à Givor.
00:46:49Il a déjeuné
00:46:50avec sa femme
00:46:51et leurs enfants,
00:46:52ce que confirme
00:46:53Samantha.
00:46:57Et puis,
00:46:57l'après-midi,
00:46:59Éric Bruias
00:46:59est retourné
00:47:00à son atelier.
00:47:05Il y serait resté
00:47:06jusqu'à 18h30.
00:47:09En fin de journée,
00:47:11il s'est arrêté
00:47:11dans un bar
00:47:12à Chasse-sur-Rhône.
00:47:14Il y a pris un verre
00:47:15avec son oncle.
00:47:18Il était 19h.
00:47:20Plusieurs témoins
00:47:21confirment sa présence.
00:47:24Au moment de l'incendie,
00:47:26Éric Bruias
00:47:27n'était pas
00:47:27à Saint-Andéol-le-Château,
00:47:29il a donc un alibi.
00:47:33Les gendarmes
00:47:34interrogent alors
00:47:35son épouse,
00:47:37Samantha.
00:47:37Le 30 mai,
00:47:39elle raconte
00:47:40qu'elle est restée
00:47:40chez elle
00:47:41à Givor
00:47:41toute la journée.
00:47:47Samantha Bébien
00:47:47est mère
00:47:48de trois enfants,
00:47:49encore un jeune âge,
00:47:52et elle s'occupe
00:47:53de ses enfants
00:47:54qu'elle est allée
00:47:54amener à l'école
00:47:55et qu'elle est allée
00:47:56chercher
00:47:56tant le matin
00:47:57que l'après-midi.
00:47:59Et le reste
00:47:59de la journée,
00:48:00elle ne voit personne.
00:48:01L'emploi du temps
00:48:04de Samantha
00:48:05est donc invérifiable.
00:48:07Mais ce n'est pas
00:48:07ce qui dérange
00:48:08le plus les gendarmes.
00:48:10Ce qui les intrigue,
00:48:12c'est l'heure
00:48:12à laquelle elle dit
00:48:13avoir vu son mari
00:48:14partir
00:48:15le matin des faits.
00:48:17Elle n'a pas
00:48:17la même version
00:48:18qu'Éric Bruias.
00:48:19C'est difficile
00:48:24d'interpréter
00:48:24ce qu'a dit Samantha
00:48:26sur l'horaire départ
00:48:27de son mari.
00:48:28Elle a pu se tromper,
00:48:29mais c'est vrai
00:48:30qu'elle donne un horaire,
00:48:32elle dit 6h30,
00:48:34alors qu'en fait
00:48:35il est parti à 5h.
00:48:36C'est deux personnes
00:48:37qui vivent ensemble
00:48:37et ne donnent pas
00:48:39la même version
00:48:39des choses.
00:48:41Donc forcément,
00:48:42ça intrigue.
00:48:44On ne peut pas
00:48:44s'empêcher de penser
00:48:46que peut-être
00:48:47elle veut protéger
00:48:47son mari.
00:48:49Voilà.
00:48:49Autre élément
00:48:51troublant,
00:48:53si Éric Bruias
00:48:54a bien un alibi
00:48:55pour l'incendie,
00:48:56il n'en a pas
00:48:57à l'heure des meurtres.
00:48:59On s'aperçoit
00:49:00parce qu'on travaille
00:49:01sur Éric Bruias
00:49:02et sur son emploi du temps
00:49:03que pendant les créneaux
00:49:05où les meurtres
00:49:05ont été commis,
00:49:07il n'a aucun alibi.
00:49:09Quand les meurtres
00:49:11ont été commis,
00:49:12Bruias
00:49:13était seul
00:49:14à son atelier.
00:49:17A-t-il vraiment
00:49:18travaillé ce jour-là ?
00:49:19Il ne peut pas
00:49:20le prouver.
00:49:22Là,
00:49:22il y a un blanc.
00:49:23Là,
00:49:24il y a un blanc.
00:49:25Il va bien falloir
00:49:25qu'il s'explique
00:49:26sur ce blanc.
00:49:34Le 15 juin 95,
00:49:36deux semaines
00:49:37après les meurtres,
00:49:38Éric Bruias
00:49:38et sa femme
00:49:39sont placés
00:49:40en garde à vue
00:49:41à la gendarmerie
00:49:42de Givore.
00:49:51Samantha Bruias
00:49:52est entendue
00:49:53dans un bureau
00:49:53distinct
00:49:54de celui
00:49:55de son mari.
00:50:01Elle rejette
00:50:02toutes les accusations
00:50:02concernant la concernant
00:50:04et par contre,
00:50:06elle défend son mari
00:50:07du bec et ombre.
00:50:10Éric Bruias,
00:50:11lui,
00:50:12reste de marbre
00:50:12face aux gendarmes.
00:50:15Quand on le met
00:50:16en face
00:50:16à ses contradictions,
00:50:17il ne proteste pas
00:50:18plus que ça.
00:50:19Il ne se met pas
00:50:19en colère.
00:50:20Je suis innocent.
00:50:22Non,
00:50:22non,
00:50:23il répond,
00:50:23il reste stoïque.
00:50:28On comprend vite
00:50:29qu'on va avoir du mal.
00:50:30On comprend vite
00:50:30qu'on va avoir du mal.
00:50:31Pour les gendarmes,
00:50:34c'est pourtant,
00:50:35lui,
00:50:36la clé de l'énigme.
00:50:44On a retrouvé
00:50:45à son domicile
00:50:45une revue
00:50:46complète sur des armes
00:50:47avec,
00:50:48même si je me souviens,
00:50:49des feuillets en papier
00:50:50où il y avait des croquis
00:50:51d'armes démontées,
00:50:52etc.,
00:50:52qu'il avait fait lui.
00:50:53Mais il a toujours,
00:50:55devant les gendarmes,
00:50:56avec force
00:50:57et conviction,
00:50:58toujours nié
00:50:59avoir été
00:51:00à quelque moment
00:51:02que ce soit
00:51:03possesseur
00:51:03d'une carabine
00:51:0420 de l'enrive.
00:51:15Les gendarmes
00:51:17interrogent
00:51:17l'un des amis
00:51:18d'Éric Brouillasse.
00:51:22Et là,
00:51:24surprise.
00:51:26Et on apprend
00:51:26qu'il a acheté
00:51:27une 20 de l'enrive,
00:51:28qu'il l'a bricolée,
00:51:30etc.,
00:51:31qu'il l'a fait fabriquer
00:51:33un silencieux,
00:51:33etc.,
00:51:34etc.
00:51:37Mais le gendre
00:51:38des bébiens
00:51:39ne craque pas.
00:51:42Impénétrable.
00:51:43Une pierre.
00:51:44Une pierre,
00:51:45vous savez ce que c'est,
00:51:45une pierre ?
00:51:46Voilà.
00:51:47Rarement on voit ça
00:51:48dans une carrière,
00:51:49un type aussi froid,
00:51:50aussi hissant.
00:51:51Les mots sont pas
00:51:52assez forts
00:51:52pour le décrire,
00:51:53en quelque sorte.
00:51:53Il est vraiment
00:51:54exceptionnel,
00:51:55ce garçon.
00:51:56La partie s'annonce
00:51:59serrée.
00:52:03Il nous reste
00:52:03quelques heures
00:52:04de garde à vue
00:52:04à ce moment-là.
00:52:05On n'a pas le choix.
00:52:06Il faut aller
00:52:07au bout
00:52:08de la garde à vue.
00:52:09Le relâcher à ce moment-là,
00:52:10ça aurait été
00:52:11certainement
00:52:11une erreur fatale.
00:52:13On s'est posé
00:52:14la question,
00:52:15tous ensemble,
00:52:16qu'est-ce qu'on fait ?
00:52:17On n'a rien,
00:52:17il est là,
00:52:18il nie,
00:52:19comment ça va se terminer ?
00:52:23À quelques heures
00:52:24de la fin
00:52:25de la garde à vue,
00:52:26les gendarmes
00:52:26décident de jouer
00:52:27leur va-tout.
00:52:32Ils mettent
00:52:32sous le nez
00:52:33d'Éric Brouillasse
00:52:34les photos
00:52:35des géricanes d'essence
00:52:36qui ont servi
00:52:37à incendier la maison.
00:52:40Quand on lui a présenté
00:52:41ces photos,
00:52:43il a changé d'attitude.
00:52:44Enfin,
00:52:45j'ai vu sous son visage
00:52:46une surprise,
00:52:48un étonnement.
00:52:49Il a blémi,
00:52:50quelque part,
00:52:52en voyant ses bidons.
00:52:52Je me suis dit
00:52:53à ce moment-là,
00:52:54ça peut être très bon,
00:52:56là,
00:52:56on tient quelque chose.
00:52:59La stratégie
00:53:00des gendarmes
00:53:01a fini par payer.
00:53:02Il nous dit
00:53:02bon,
00:53:02je vous ai pas dit
00:53:03toute la vérité,
00:53:05je vais vous expliquer
00:53:06ce qui s'est passé réellement.
00:53:10Éric Brouillasse
00:53:11avoue être passé
00:53:12chez les bébiens
00:53:12le soir des faits.
00:53:16Il explique
00:53:17qu'il devait nettoyer
00:53:18une chaudière
00:53:19chez ses beaux-parents.
00:53:20Il tape,
00:53:24pas de réponse.
00:53:25Il insiste
00:53:26une deuxième fois,
00:53:27pas de réponse,
00:53:28et hop,
00:53:29il ouvre la porte.
00:53:33Il rentre
00:53:33et là,
00:53:34il tombe
00:53:34sur le cadavre
00:53:35de Aline Bébien.
00:53:36Bébien.
00:53:45Qui est,
00:53:46d'après lui,
00:53:47morte,
00:53:47qui est dans son sang,
00:53:48qu'elle a vomi,
00:53:49qu'elle est raide.
00:53:56Éric Brouillasse
00:53:57raconte ensuite
00:53:58qu'il a découvert
00:53:59les corps de ses beaux-parents
00:54:00et de son beau-frère
00:54:01et qu'il a paniqué.
00:54:07Boulant préserver
00:54:08Samantha,
00:54:09dit-il,
00:54:09d'un choc psychologique,
00:54:12il ne prévient pas
00:54:13les gendarmes,
00:54:14il ne prévient pas
00:54:14les secours,
00:54:15il veut préserver
00:54:15Samantha d'un choc psychologique,
00:54:17ça c'est sa version.
00:54:18Il décide
00:54:19de mettre le feu
00:54:20au pavillon.
00:54:20Ces boumets biens
00:54:44avaient été assassinés
00:54:45avec deux de leurs enfants
00:54:46et les autres par balles
00:54:48avant que le feu
00:54:49ne soit mis à leur maison.
00:54:506h du matin,
00:54:53après 48h de garde à vue,
00:54:55Éric Brouillasse
00:54:55quitte la gendarmerie
00:54:56de Chivore
00:54:57pour le palais
00:54:57de justice de Lyon.
00:54:59Le gendre des époux bébiens
00:55:00devient le principal suspect
00:55:01dans le cas
00:55:02de ruple-meur
00:55:02de Saint-Andéole-le-Château,
00:55:04même s'il n'a avoué
00:55:05que partiellement.
00:55:06Samantha,
00:55:06placée en garde à vue hier,
00:55:08est sortie ce matin
00:55:09de la gendarmerie
00:55:10mise hors de cause.
00:55:15Monsieur le juge,
00:55:16Brouillasse affirme
00:55:17qu'il n'a pas tué
00:55:18sa belle-famille
00:55:18et qu'il s'est contenté
00:55:20si l'on peut dire
00:55:21d'incendier la maison.
00:55:22Ce qui est vraiment étrange,
00:55:24c'est qu'il a un alibi
00:55:25justement au moment
00:55:26où la maison brûle.
00:55:29La façon dont l'incendie
00:55:30s'est produit
00:55:30est très particulière.
00:55:32Il a utilisé
00:55:33un système de retardement
00:55:35pour mettre le feu.
00:55:38Il prend des bidons
00:55:39qu'il avait déjà amenés
00:55:40pour nettoyer une chaudière,
00:55:42trois bidons de 10 litres chacun
00:55:43qu'il dispose dans le couloir.
00:55:46Il coupe en plusieurs morceaux
00:55:48une bougie,
00:55:49il dépose les petites bougies
00:55:51sur chacun des bidons
00:55:53et il met le feu.
00:55:54Et les bougies donc
00:55:55ont fondu
00:55:56jusqu'à rencontrer l'essence ?
00:55:58Plus vraisemblablement,
00:56:00ce sont les émanations
00:56:01d'hydrocarbures
00:56:03qui, par leur importance,
00:56:05ont entraîné
00:56:06une déflagration.
00:56:07Il y a eu,
00:56:08d'ailleurs,
00:56:08il me semble que les voisins
00:56:09le disent,
00:56:10il y a eu une explosion
00:56:12et ensuite l'incendie
00:56:13de la maison.
00:56:14Ça lui permettait
00:56:15de sortir de la maison,
00:56:16de s'éloigner
00:56:17du lieu des faits
00:56:20et de se fabriquer
00:56:21un alibi.
00:56:22Quand vous le voyez,
00:56:24Bruyas vous donne
00:56:25une autre version encore.
00:56:26Lorsqu'il est arrivé
00:56:27dans la maison,
00:56:29au moment où il allait entrer,
00:56:31il se trouve face
00:56:32à un homme
00:56:33qui est muni
00:56:35d'une carabine
00:56:3622 longs rifles
00:56:37avec un silencieux.
00:56:39Là,
00:56:39il désarme l'homme.
00:56:42Il a,
00:56:43dit-il,
00:56:43le temps de s'apercevoir
00:56:45que toute sa belle famille
00:56:46est morte
00:56:47et puis,
00:56:49l'homme,
00:56:49profitant
00:56:50d'un moment d'inattention,
00:56:52se sauve
00:56:53et part derrière la maison.
00:56:55Il le poursuit
00:56:56et là,
00:56:58il le frappe
00:56:58à coups de pied
00:56:59et l'homme,
00:57:01dit-il toujours,
00:57:02avant de s'évanouir,
00:57:03lui dit
00:57:03qu'il s'appelle Amar.
00:57:05Il place l'homme
00:57:06dans des sacs poubelles
00:57:07et il les charge
00:57:08dans le coffre
00:57:10de sa voiture.
00:57:11Ensuite,
00:57:12il dépose l'homme
00:57:13près d'un point d'eau
00:57:14et il revient
00:57:15le lendemain matin
00:57:16avec la carabine
00:57:19de l'homme
00:57:20et les munitions.
00:57:21Il tire sur lui
00:57:23et puis ensuite,
00:57:24il jette le corps,
00:57:26la carabine
00:57:27et le reste des munitions
00:57:28dans le rond.
00:57:29Vous le mettez
00:57:30en examen pour quoi ?
00:57:31Je le mets en examen
00:57:33pour quadruple assassinat
00:57:35et pour dégradation
00:57:36par incendie
00:57:37parce que
00:57:38aussi bien
00:57:40la première
00:57:40que la deuxième version,
00:57:43pour moi,
00:57:44ne tiennent pas.
00:57:45Et sa femme,
00:57:46Samantha Bebien,
00:57:47elle a joué un rôle
00:57:48dans ce drame ?
00:57:49À mon avis,
00:57:50aucun rôle.
00:57:51À mon avis,
00:57:52aucun rôle
00:57:53parce que Samantha Bebien
00:57:55n'avait pas la carure
00:57:58pour,
00:57:58j'allais dire,
00:57:59se lancer
00:58:00dans une pareille histoire.
00:58:01Et si elle était,
00:58:03j'allais dire,
00:58:04mouillée,
00:58:04comment dire,
00:58:05en quoi que ce soit
00:58:06dans cette affaire,
00:58:07elle l'aurait dit
00:58:07au gendarme.
00:58:08Et pourquoi
00:58:09il ne l'a pas tuée ?
00:58:11C'est la mère
00:58:13de ses enfants
00:58:14et peut-être
00:58:15voulait-il profiter
00:58:16de l'héritage à deux.
00:58:18Samantha,
00:58:24qu'est-ce qu'on se dit
00:58:25quand on est placée
00:58:26en garde à vue
00:58:27pour le meurtre
00:58:28de ses propres parents ?
00:58:30Moi,
00:58:30je m'y attendais.
00:58:31Étant donné que j'étais
00:58:32la dernière vivante,
00:58:34je m'y attendais,
00:58:35mais je n'attendais pas
00:58:36la finalité de la chose.
00:58:38Mais je savais
00:58:39qu'à un moment ou à un autre,
00:58:40je serais mise en garde à vue
00:58:41de toute façon.
00:58:42C'était la logique.
00:58:44Et pendant cette garde à vue,
00:58:46les gendarmes
00:58:46vous apprennent
00:58:47qu'Éric Brouillasse,
00:58:49votre mari à l'époque,
00:58:51a donc reconnu
00:58:52qu'il avait incendié
00:58:54la maison de vos parents.
00:58:55Ma première réaction,
00:58:56ça a été de dire
00:58:58non,
00:58:58ce n'est pas possible.
00:59:00Et ensuite,
00:59:01ils m'ont donné
00:59:01tellement de détails
00:59:02qu'on ne peut pas dire
00:59:05une crise de nerfs,
00:59:06mais oui,
00:59:07je l'aurais eu sous la main,
00:59:09ça aurait très très mal fini.
00:59:11Parce que,
00:59:12d'un coup,
00:59:14je me suis dit,
00:59:14ben voilà,
00:59:15c'est lui.
00:59:16À ce moment-là,
00:59:17vous ne dites pas
00:59:18qu'il s'est juste contenté,
00:59:19si je puis dire,
00:59:19d'attendre à la maison.
00:59:20Vous pensez tout de suite
00:59:21qu'il est l'assassin ?
00:59:22Oui.
00:59:24Je suis passée
00:59:25en quelques secondes
00:59:26de l'amour à la haine.
00:59:29Et pendant ce garde-à-vue,
00:59:30vous avez été confrontée
00:59:31à Éric Brouillasse.
00:59:33Comment ça s'est passé ?
00:59:35J'ai failli le frapper
00:59:36plusieurs fois.
00:59:38Parce qu'on avait préparé
00:59:39des questions
00:59:40avec les gendarmes.
00:59:41On m'a demandé
00:59:42pour vous,
00:59:43qui est l'assassin
00:59:43de vos parents ?
00:59:44Et de là,
00:59:45moi, j'ai répondu
00:59:46c'est mon mari.
00:59:47Et les gendarmes
00:59:48lui ont demandé à lui
00:59:49que pensez-vous
00:59:50de la réponse de votre femme ?
00:59:51Il a répondu
00:59:52je pense que ma femme a tort.
00:59:54Et alors là,
00:59:55j'ai explosé.
00:59:57C'est quand même énorme
00:59:58de se faire accuser
00:59:59du meurtre
01:00:00de quatre personnes
01:00:01et de n'avoir
01:00:02aucune réaction.
01:00:03C'est...
01:00:04Moi, je ne pourrais pas.
01:00:05On m'accuse
01:00:06de quelque chose comme ça,
01:00:07mais je cache tout.
01:00:10Je ne sais pas.
01:00:11J'ai une réaction.
01:00:12C'est obligatoire.
01:00:14Et vous lui avez dit quoi, alors ?
01:00:16Je lui ai demandé
01:00:17la vérité.
01:00:19Je lui ai demandé
01:00:20de penser à ses enfants.
01:00:22et il n'y a rien eu.
01:00:25C'était un mur
01:00:26en face de moi.
01:00:28Je lui ai dit
01:00:29qu'il n'existait plus
01:00:30pour moi.
01:00:32C'était terminé.
01:00:33que maintenant,
01:00:36ma famille,
01:00:36c'était mes enfants
01:00:37et moi.
01:00:38Stop.
01:00:42Éric Brouillasse
01:00:43est à nouveau entendu
01:00:44sur sa deuxième version.
01:00:46Mais il se murent
01:00:46dans le silence.
01:00:51À un moment donné,
01:00:52il nous dira
01:00:52de toute façon,
01:00:53la vérité,
01:00:54je ne la dirai jamais,
01:00:55personne ne la saura jamais.
01:00:56Que se passe-t-il alors
01:00:59dans la tête
01:00:59d'Éric Brouillasse ?
01:01:01Il ne veut rien dire,
01:01:02mais il va donner
01:01:03au gendarme
01:01:04une information
01:01:04qui l'accable.
01:01:09L'enquêteur m'a dit
01:01:10« Mon lieutenant,
01:01:12monsieur Brouillasse
01:01:13a quelque chose
01:01:13à vous dire.
01:01:14Donc,
01:01:14c'est là qu'il m'a dit
01:01:15« Je vais vous amener
01:01:17sur les lieux
01:01:17où j'ai jeté
01:01:18l'arme du crime. »
01:01:21Pour donner corps
01:01:22à sa version,
01:01:23celle d'un homme
01:01:23qui a abattu
01:01:24toute sa belle famille,
01:01:26Brouillasse conduit
01:01:27les gendarmes
01:01:28sur les berges du Rhône
01:01:29à quelques kilomètres
01:01:30de Saint-Andéole.
01:01:33C'est ici,
01:01:33dit-il,
01:01:34qu'il s'est débarrassé
01:01:35de l'arme du crime
01:01:36et du soi-disant
01:01:37cadavre de l'agresseur.
01:01:40Au fond du Rhône,
01:01:41les gendarmes
01:01:42retrouvent bien
01:01:43une carabine
01:01:43Vendelon Rifle
01:01:44et des munitions.
01:01:47Monsieur le juge,
01:01:48et ce cadavre
01:01:48dont vous a parlé
01:01:49Éric Brouillasse,
01:01:50est-ce que vous le retrouvez
01:01:51en même temps
01:01:51que la carabine ?
01:01:52Malgré toutes les recherches,
01:01:53nous n'avons retrouvé
01:01:54aucun cadavre
01:01:56correspondant
01:01:57à cet homme
01:01:59qui aurait assassiné
01:02:00sa belle famille.
01:02:02Et la carabine ?
01:02:03L'expertise balistique
01:02:05établit
01:02:06que cette carabine
01:02:07Vendelon Rifle
01:02:08retrouvée dans le Rhône
01:02:09était l'arme des crimes.
01:02:11Est-ce que vous avez retrouvé
01:02:12autre chose
01:02:13avec cette carabine ?
01:02:15Nous avons retrouvé aussi
01:02:16une combinaison
01:02:17de travail bleue.
01:02:18Cette combinaison
01:02:19de travail,
01:02:20Éric Brouillasse
01:02:21a reconnu
01:02:22qu'elle était
01:02:22sa propriété.
01:02:24Et lorsque je lui ai demandé
01:02:25lors d'un interrogatoire
01:02:27ultérieur
01:02:28pourquoi
01:02:29il avait
01:02:30jeté également
01:02:31sa combinaison
01:02:32dans le Rhône,
01:02:34il m'a répondu
01:02:35des fois
01:02:35qu'il y aurait
01:02:36des traces
01:02:37de poudre
01:02:38ou de sang
01:02:39mais je ne le pense pas.
01:02:41Et vous l'avez fait
01:02:42expertiser j'imagine ?
01:02:44Aucune trace particulière
01:02:45n'a été retrouvée
01:02:46sur la combinaison
01:02:47de travail.
01:02:47Ce qui est paradoxal
01:02:48c'est qu'il n'avoue pas
01:02:50mais qu'il vous conduit
01:02:51jusqu'à l'arme
01:02:52qui l'implique.
01:02:53Et il va finir
01:02:54par vous servir
01:02:55une troisième version ?
01:02:57Il va finir
01:02:57par me donner
01:02:58une troisième version
01:03:00à savoir
01:03:00l'intervention
01:03:01de Truant Lyonnais
01:03:03qu'il lui aurait
01:03:05commandé
01:03:06des silencieux
01:03:07et qu'il
01:03:09l'aurait menacé
01:03:11de tuer
01:03:12sa famille
01:03:13sa belle famille
01:03:14si jamais
01:03:15il ne s'exécutait pas.
01:03:17Qu'est-ce qui
01:03:17se serait passé ?
01:03:19Donc le 30 mai
01:03:20il l'emmène
01:03:22chez sa belle famille
01:03:24à l'intérieur
01:03:25il entend
01:03:26dit-il
01:03:27des portes claquées
01:03:29c'est tout.
01:03:31Ensuite
01:03:31il leur emmène
01:03:32dans son atelier.
01:03:33Mais est-ce qu'il donne
01:03:34des précisions
01:03:35sur le véhicule
01:03:36qu'ils sont censés
01:03:37utiliser ?
01:03:39Alors il donne
01:03:39une précision
01:03:41il dit
01:03:41qu'il s'agit
01:03:41d'un véhicule
01:03:43Peugeot
01:03:43405 Mi16
01:03:45blanche
01:03:46il me semble
01:03:47mais très curieusement
01:03:49lui qui a pourtant
01:03:50un grand souci
01:03:51du détail
01:03:52on l'a déjà vu
01:03:53il ne donne pas
01:03:54de signalement
01:03:55de ces gens-là.
01:04:01Si Eric Brouillat
01:04:02eh bien l'assassin
01:04:03qu'est-ce qui a pu
01:04:05le pousser
01:04:05à tuer toute sa belle famille ?
01:04:07Des gens avec lesquels
01:04:08il s'entendait
01:04:08très bien
01:04:09mieux qu'avec
01:04:10ses propres parents.
01:04:12Eric Brouillat
01:04:13devient donc
01:04:13le principal suspect
01:04:14mais l'enquête
01:04:15se poursuit
01:04:15tant qu'il n'a pas avoué.
01:04:17Apparemment
01:04:17les besoins d'argent
01:04:18pourraient être
01:04:19le mobile du drame
01:04:20le jeune homme rêvait
01:04:21dit-on
01:04:21d'une belle maison.
01:04:22Eric Brouillat
01:04:29a grandi
01:04:30à Givore
01:04:31une ville
01:04:32au riche passé industriel
01:04:33à 25 km de Lyon.
01:04:36Il est fils unique
01:04:37son père est ouvrier
01:04:38sa mère
01:04:40sans emploi.
01:04:42Mais le père
01:04:43boit
01:04:43beaucoup
01:04:44sa femme le quitte
01:04:45et le jeune Eric
01:04:46se retrouve seul
01:04:47avec son père.
01:04:49C'est une enfance
01:05:03où à la clé
01:05:04il y a
01:05:05un jeune Eric
01:05:06qui
01:05:06n'a pas eu
01:05:08peut-être
01:05:08foncièrement
01:05:09la chance
01:05:11d'être
01:05:11dans un cadre
01:05:12structurant
01:05:13dans un cadre
01:05:13accueillant
01:05:14et dans un cadre
01:05:15aimant.
01:05:17Les colères du père
01:05:18et l'absence
01:05:19de la mère
01:05:20déstabilisent
01:05:21le générique.
01:05:24Sa scolarité
01:05:25s'en ressent
01:05:26mais l'adolescent
01:05:28obtient
01:05:29un CAP
01:05:30d'électricien.
01:05:33A 17 ans
01:05:34sa rencontre
01:05:35avec Samantha Bébien
01:05:36est une bouée
01:05:37de sauvetage.
01:05:39Les relations
01:05:40avec son père
01:05:40étaient
01:05:42très compliquées
01:05:44au point
01:05:45d'ailleurs
01:05:45qu'il le voyait
01:05:46très peu
01:05:47et il va
01:05:48trouver
01:05:48dans la famille
01:05:50de Samantha
01:05:51quelque part
01:05:52des parents
01:05:53un petit peu
01:05:53de substitution.
01:05:57Je peux
01:05:57vous certifier
01:05:58que
01:05:58de tout
01:05:59ce qu'il
01:05:59m'a formulé
01:06:00de tout
01:06:01ce qu'il
01:06:01m'a dit
01:06:01pendant deux ans
01:06:02c'était
01:06:03qu'il était
01:06:03heureux
01:06:03de cette
01:06:04harmonie
01:06:05familiale
01:06:06avec sa
01:06:06belle famille.
01:06:08Quand son
01:06:09père meurt
01:06:10Eric
01:06:11Bruyas
01:06:11n'a que
01:06:1218 ans.
01:06:13Il se raccroche
01:06:14à la famille
01:06:14Bébien
01:06:15qui l'accueille
01:06:16comme un fils.
01:06:18Le couple
01:06:18qu'il forme
01:06:19avec Samantha
01:06:20semble stable
01:06:21et heureux.
01:06:26Une vie de couple
01:06:27a priori ordinaire
01:06:28entre guillemets
01:06:29pas de
01:06:30aventure
01:06:30extra-conjugale
01:06:31découverte
01:06:32ni d'un côté
01:06:32ni de l'autre.
01:06:33Eric Bruyas
01:06:33n'est pas un homme
01:06:34à femme.
01:06:35Beaucoup de témoins
01:06:35nous le diront.
01:06:36C'est un type
01:06:37qui bien que
01:06:38pourtant
01:06:39présentant très bien
01:06:40un beau garçon
01:06:41n'était pas
01:06:43très intéressé
01:06:44par les femmes.
01:06:47Ce n'est donc
01:06:48pas du côté
01:06:49du couple
01:06:49qu'il faut
01:06:50chercher
01:06:51une explication
01:06:51mais dans
01:06:53la personnalité
01:06:55d'Eric Bruyas.
01:06:59Les gendarmes
01:07:00découvrent
01:07:00un homme
01:07:00qui meurt
01:07:01d'envie
01:07:02d'être riche.
01:07:11Ces ambitions
01:07:12qu'il avait
01:07:13se caractérisent
01:07:14par
01:07:14certains exemples
01:07:16comme
01:07:16cet amour
01:07:18pour les belles voitures,
01:07:19cette volonté
01:07:20de pouvoir
01:07:21conduire
01:07:21une Ferrari.
01:07:30De vouloir évoluer
01:07:32dans un autre milieu
01:07:33que celui
01:07:34dans lequel
01:07:35il évolue.
01:07:36Et pour se faire valoir,
01:07:38Bruyas
01:07:38n'hésite pas
01:07:39à raconter
01:07:40des bobards.
01:07:41Je me souviens
01:07:41même qu'on a entendu
01:07:43quelqu'un
01:07:44qui l'avait employé
01:07:45en intérim
01:07:46et il lui a dit
01:07:48j'ai une BMW
01:07:48alors qu'il n'avait pas
01:07:49de BMW.
01:07:50Il a un peu tendance
01:07:52à corriger la réalité
01:07:53toujours en sa faveur.
01:07:54Il est toujours
01:07:55dans le paraître
01:07:56et pas dans l'être.
01:07:57Et donc il veut
01:07:58paraître,
01:07:58il veut se créer
01:07:59un personnage
01:08:00et il n'en sort pas.
01:08:02Il n'en sort pas.
01:08:03Je crois
01:08:03qu'il y a un dédoublement
01:08:04terrible de personnalité.
01:08:05Éric Bruyas
01:08:08rêve d'une Ferrari
01:08:09et d'une belle villa
01:08:12sur les monts du Lyonnais.
01:08:17Au lieu de ça,
01:08:19il habite
01:08:19une petite maison
01:08:20dans une ville
01:08:21marquée par les
01:08:22fermetures d'usines
01:08:23et les carnets
01:08:25de commande
01:08:25de son entreprise
01:08:26sont presque vides.
01:08:28C'est quelqu'un
01:08:30qui sans doute
01:08:31travaillait
01:08:33mais pas
01:08:35de manière
01:08:35suffisante.
01:08:36Il voit bien
01:08:37que les marchés
01:08:38ne sont pas là,
01:08:40les chantiers
01:08:40sont très rares
01:08:41et que l'argent
01:08:43ne rentre pas.
01:08:45L'argent ne rentre pas
01:08:46mais sa femme
01:08:47ne le voit pas
01:08:48ou ne veut pas
01:08:50le voir.
01:08:53Samantha,
01:08:53elle s'en accommode.
01:08:54Elle croit
01:08:56en ce qu'il lui dit
01:08:56lorsqu'il lui indique
01:08:58que si finalement
01:08:59l'entreprise
01:09:01a périclité
01:09:02c'est pour mieux
01:09:04démarrer
01:09:04une autre activité
01:09:05et elle finalement
01:09:06parce que
01:09:08bon en mal en
01:09:09sur le plan financier
01:09:11on s'en sort
01:09:12à peu près
01:09:12va croire
01:09:14en ce qu'il dit
01:09:15sans jamais
01:09:16véritablement
01:09:16d'ailleurs
01:09:17s'immiscer
01:09:17dans ses affaires
01:09:18professionnelles.
01:09:20Le père de Samantha
01:09:21ne cherche pas
01:09:23non plus
01:09:23à en savoir davantage.
01:09:25Il n'a pas hésité
01:09:26d'ailleurs
01:09:27à prêter
01:09:27de l'argent
01:09:28à son gendre.
01:09:34Dans la famille
01:09:35il semble
01:09:36qu'une seule personne
01:09:37ait compris
01:09:39la situation
01:09:39d'Éric Brouillasse
01:09:40c'est Odette
01:09:41elle aurait deviné
01:09:43qui était vraiment
01:09:44son gendre.
01:09:50On sentait visiblement
01:09:51que la
01:09:51Odette
01:09:52Bébien
01:09:53particulièrement
01:09:53reprochait à son gendre
01:09:55de ne pas travailler
01:09:56beaucoup
01:09:57ou d'être un peu
01:09:58raté
01:09:59entre guillemets.
01:10:00Pour la première fois
01:10:05sans doute
01:10:06Éric Brouillasse
01:10:07va sentir
01:10:07que sa belle-mère
01:10:10commence à remettre
01:10:12en cause
01:10:12ce qu'il est.
01:10:14Samantha ne l'aura
01:10:15jamais fait elle.
01:10:17C'est peut-être
01:10:17la première
01:10:18qui finalement
01:10:20découvrira
01:10:21que
01:10:22sous une apparence
01:10:24de garçon
01:10:25bien élevé
01:10:26travailleur
01:10:27finalement
01:10:28à qui
01:10:29on ne peut
01:10:29rien reprocher
01:10:30et bien
01:10:31il y a peut-être
01:10:31un deuxième visage
01:10:32qui est
01:10:34moins reluisant.
01:10:37Quelques semaines
01:10:38avant le quadruple
01:10:39assassinat
01:10:40Odette Bébien
01:10:41aurait dit
01:10:42à son gendre
01:10:42qu'il n'était
01:10:43qu'un fainéant.
01:10:44Je crois que même
01:10:44qu'elle avait dit
01:10:45à Aline
01:10:45ou je ne sais plus
01:10:46j'espère
01:10:47que tu ne rencontreras
01:10:49pas quelqu'un
01:10:49comme Éric
01:10:50vous voyez
01:10:51et je crois
01:10:51qu'il l'avait su ça.
01:10:53Pour un homme
01:10:53comme Éric Brouillasse
01:10:54s'entendre dire
01:10:56que l'on est
01:10:56un fainéant
01:10:57alors même
01:10:58que l'on a de cesse
01:10:59de s'investir
01:11:00dans son travail
01:11:01dans son entreprise
01:11:02peut être
01:11:04sciemment considéré
01:11:05comme
01:11:05plus qu'un camouflet
01:11:07plus qu'une rifle
01:11:08c'est-à-dire
01:11:09une sorte d'olive nucléaire
01:11:10qu'on rend soit
01:11:11en pleine figure.
01:11:14Le mot de trop
01:11:15Deux jours avant
01:11:24le drame
01:11:24Éric Brouillasse
01:11:25passait tranquillement
01:11:27la journée
01:11:27à Saint-Andéole
01:11:28chez sa belle famille
01:11:29avec Samantha
01:11:30et leurs enfants.
01:11:33Ce jour-là
01:11:34ni ressentiment
01:11:35ni colère
01:11:36ne se disait
01:11:37sur son visage.
01:11:38Samanta
01:11:46il avait
01:11:47un mobile
01:11:47Éric Brouillasse
01:11:48C'est l'argent.
01:11:51Je pense
01:11:52qu'ils devaient
01:11:54penser
01:11:54qu'il y avait
01:11:55des millions
01:11:55ou
01:11:56c'est la seule chose
01:11:58que j'ai pu voir.
01:12:00Ils en voulaient
01:12:01à vos parents ?
01:12:02Peut-être
01:12:03que leur situation
01:12:03ils avaient une maison
01:12:04ils avaient un métier
01:12:05ils avaient
01:12:06peut-être
01:12:07que ça le dérangeait.
01:12:08Mais vous l'aviez
01:12:09entendu
01:12:09formuler des reproches
01:12:11contre votre famille ?
01:12:12Non, non.
01:12:13Il n'aurait pas eu intérêt.
01:12:15Ça c'était...
01:12:16Non.
01:12:17Et avec votre frère
01:12:18votre petite soeur ?
01:12:20Mon petit frère
01:12:20ma petite soeur
01:12:21étaient parrain
01:12:21ma reine
01:12:22de mes trois enfants.
01:12:24Donc
01:12:24ils étaient
01:12:26en permanence
01:12:27avec moi.
01:12:28Ils avaient l'air
01:12:29de bien s'entendre
01:12:29avec eux ?
01:12:30Voilà.
01:12:32Oui.
01:12:32On a dit
01:12:33que votre mère
01:12:34l'aurait traité
01:12:35de feignant.
01:12:36Ça ne m'est jamais
01:12:37revenu aux oreilles.
01:12:39Maintenant c'est vrai
01:12:40qu'avec le recul
01:12:42on se dit
01:12:42est-ce que ça a été dit ?
01:12:43Est-ce que ça n'a pas été dit ?
01:12:45Ça fait 18 ans
01:12:47que j'ai un film
01:12:48dans ma tête
01:12:48qui tourne en permanence
01:12:49pour essayer
01:12:50de trouver des réponses.
01:12:52Et
01:12:52quand vous repensez
01:12:54à tout ça
01:12:54est-ce qu'il y a eu
01:12:54des signes
01:12:55à vos coureurs
01:12:56qui auraient pu...
01:12:58Non.
01:12:59Et quand vous repensez
01:13:00à ce déjeuner ?
01:13:01Il vient de tuer
01:13:02votre mère,
01:13:03votre père,
01:13:03votre frère ?
01:13:04Voilà.
01:13:04Il est exactement
01:13:05comme d'habitude.
01:13:07Pas un mot
01:13:08plus au Claude,
01:13:09pas rien.
01:13:10On m'a enlevé
01:13:12les trois quarts
01:13:12de ma vie
01:13:13en une journée.
01:13:16Maintenant,
01:13:16qu'est-ce qui s'est passé
01:13:17dans sa tête ?
01:13:18Je ne sais pas.
01:13:19Daniel, c'est Hélène.
01:13:26Vous êtes médecin psychiatre.
01:13:28Vous avez rencontré
01:13:30Éric Bruyas
01:13:31en prison.
01:13:32Qu'est-ce qui vous a marqué
01:13:33dans ce qu'il vous a dit
01:13:33de sa vie,
01:13:34de son enfance,
01:13:35de son parcours ?
01:13:36On pourrait résumer
01:13:37à ce qu'il a dit
01:13:38à l'un d'entre nous
01:13:38qu'il était né
01:13:39de pauvres gens.
01:13:41La mort de son père,
01:13:42il n'a manifesté
01:13:43aucun affect.
01:13:46Il a parlé
01:13:46comme d'un événement
01:13:48de sa vie.
01:13:49En fait,
01:13:50il n'éprouve
01:13:50aucune émotion,
01:13:51aucun sentiment.
01:13:52Il est une froideur.
01:13:53Il ne se permet pas
01:13:54d'en éprouver.
01:13:56Et ça,
01:13:57ça ne constitue pas...
01:13:58Ce n'est pas
01:13:59une pathologie avérée, non.
01:14:01Et comment il parle
01:14:01de sa femme,
01:14:03de ses beaux-parents,
01:14:04de sa belle famille ?
01:14:05Même chose.
01:14:06Il parle de sa femme
01:14:07comme étant...
01:14:08Ce qui la séduit,
01:14:09c'est qu'elle était
01:14:09intelligente et belle.
01:14:11Sa femme n'était
01:14:12que pour lui
01:14:12certainement pas
01:14:15une compagne sexuelle
01:14:17ou occasionnellement,
01:14:18mais surtout
01:14:18un faire-valoir.
01:14:20Parce que sa problématique
01:14:20est narcissique.
01:14:22Essentiellement,
01:14:22sa problématique
01:14:23est de paraître.
01:14:25Tout son discours
01:14:25est autour du paraître.
01:14:27Tous les gens,
01:14:28même de ses enfants,
01:14:29il dit qu'ils sont intelligents.
01:14:30Il dit qu'ils sont beaux.
01:14:33Mais à aucun moment,
01:14:34il parle de l'amour.
01:14:35Et ses beaux-parents ?
01:14:37Il en dit peu de choses.
01:14:38C'est peut-être là
01:14:39où il a été
01:14:40le plus laconique
01:14:41concernant ses beaux-parents.
01:14:43Peut-être que lui,
01:14:43dans cette famille,
01:14:44il se sentait le petit qui rate
01:14:46parce qu'il multipliait
01:14:47les entreprises.
01:14:48Il ne réussissait pas
01:14:48alors que les beaux-parents,
01:14:49ça marchait.
01:14:52Et qu'on devait commencer
01:14:53à le considérer
01:14:54comme le petit canard
01:14:55de la famille,
01:14:56mais presque.
01:14:57Et ça,
01:14:58c'était profondément humiliant.
01:14:59C'est peut-être là
01:15:00qu'il a fait naître
01:15:01en lui une haine.
01:15:05Mais en tuant ses beaux-parents,
01:15:07il a tué plein d'autres personnes
01:15:09dans sa tête.
01:15:09En prison,
01:15:19Éric Brouillasse maintient
01:15:20dur comme fer
01:15:21qu'il est innocent.
01:15:22Ce sont des voyous
01:15:23du milieu lyonnais
01:15:24qui ont assassiné
01:15:25sa belle-famille
01:15:26pour se venger de lui
01:15:27à cause d'une sombre histoire
01:15:29d'armes à feu.
01:15:31Depuis sa cellule,
01:15:32Éric Brouillasse
01:15:33contacte alors
01:15:34une célèbre émission
01:15:35de télévision.
01:15:36Février 96.
01:15:43Alors qu'Éric Brouillasse
01:15:44est en prison,
01:15:45une femme lance
01:15:46un appel à témoins
01:15:46sur le plateau
01:15:47de l'émission
01:15:48Témoins numéro 1.
01:15:50Elle s'appuie
01:15:50sur la dernière version
01:15:52que Brouillasse
01:15:52a donnée au juge,
01:15:54la fuite en voiture
01:15:55de mystérieux bandit lyonnais.
01:15:57Je demande,
01:16:02est-ce que quelqu'un
01:16:03a vu cette 405 blanche
01:16:05dont on ne connaît pas
01:16:06l'immatriculation,
01:16:07bien sûr,
01:16:08et surtout,
01:16:09est-ce que quelqu'un
01:16:10a vu Éric
01:16:10avec les trois hommes ?
01:16:12Cette femme,
01:16:14c'est la mère
01:16:15d'Éric Brouillasse.
01:16:16En pleine instruction,
01:16:18elle tente de faire
01:16:18innocenter son fils
01:16:20grâce à la télévision.
01:16:23Cette femme
01:16:24est une femme
01:16:25extraordinaire pour moi.
01:16:27C'est une femme
01:16:28extraordinaire.
01:16:29Une mère.
01:16:30Une mère qui,
01:16:32au plus profond
01:16:33d'elle-même,
01:16:34au plus profond
01:16:35d'elle-même,
01:16:36croit et croira,
01:16:38je crois toujours,
01:16:38à l'innocence
01:16:39de son fils.
01:16:42Pour la défense,
01:16:43cette émission
01:16:44est un peu celle
01:16:45de la dernière chance.
01:16:48J'attends
01:16:49qu'éventuellement
01:16:50quelqu'un dise
01:16:50mais oui,
01:16:51je suis passé
01:16:52à ce moment-là,
01:16:53j'ai vu un balai
01:16:54de voiture se faire,
01:16:55ça m'a interpellé.
01:16:56Le téléphone du standard,
01:16:57vous le connaissez.
01:16:58Bien entendu,
01:16:59l'anonymat
01:17:00de toutes les personnes,
01:17:00comme je l'ai dit
01:17:01tout à l'heure,
01:17:02est respecté
01:17:02et les intentions
01:17:03de témoignage
01:17:04qui pourraient arriver
01:17:05seront transmises
01:17:06exclusivement
01:17:07au juge d'instruction
01:17:08chargé de cette affaire.
01:17:09Il n'y aura pas d'appel,
01:17:10je crois que c'est
01:17:11la seule fois
01:17:11où ça va se produire
01:17:12dans cette émission,
01:17:13il n'y a pas
01:17:13un appel téléphonique.
01:17:16Eh bien,
01:17:16ça veut dire
01:17:16que personne n'a rien vu.
01:17:19Soit que personne
01:17:19n'a rien vu,
01:17:20soit que quelqu'un
01:17:22a vu
01:17:23mais ne veut pas dire.
01:17:24Une 405
01:17:27virtuelle,
01:17:28trois malfaiteurs
01:17:29hypothétiques.
01:17:31Seule la mère
01:17:31d'Éric Brouillasse
01:17:32semble encore croire
01:17:34à cette dernière version.
01:17:36Qu'est-ce qui vous fait dire
01:17:37ce soir
01:17:37que celle-ci
01:17:38est la bonne ?
01:17:40Eh bien,
01:17:40tout d'abord
01:17:41parce qu'Éric,
01:17:42celle-ci
01:17:43l'a déjà dit avant
01:17:44et en plus surtout
01:17:46parce qu'il me l'a jurée
01:17:48sur les cendres
01:17:49de son père.
01:17:50Ni cette émission
01:17:51ni la reconstitution
01:17:52qui a lieu quelques mois plus tard
01:17:54n'ébranle la conviction
01:17:55du juge.
01:17:57Il renvoie
01:17:57Éric Brouillasse
01:17:58devant les assises du Rhône.
01:18:00Son procès s'ouvre
01:18:01le 18 octobre 1999.
01:18:04Face à la cour,
01:18:05l'accusé maintient
01:18:05que sa belle famille
01:18:07a été assassinée
01:18:08par des voyous
01:18:09du milieu lyonnais.
01:18:10L'enjeu,
01:18:22je dirais,
01:18:23était simplement
01:18:24de faire éclater
01:18:25non pas la vérité
01:18:26car la vérité,
01:18:27elle était déjà acquise
01:18:28dans le dossier
01:18:29au moment où Éric Brouillasse
01:18:30comparait,
01:18:31mais de faire éclater
01:18:32la prise de conscience
01:18:35par Éric Brouillasse
01:18:36de la responsabilité
01:18:37évidente
01:18:38qui était la sienne.
01:18:39L'avocat général
01:18:41n'est pas le seul
01:18:43à tenter
01:18:43de faire craquer
01:18:44Éric Brouillasse.
01:18:46La présidente
01:18:47de la cour d'assises
01:18:47s'y met aussi.
01:18:50Elle essaye tout,
01:18:51elle essaye
01:18:51les sentiments,
01:18:53sa femme qui est là
01:18:54en larmes
01:18:56au premier rang,
01:18:57qu'elle lui doit
01:18:57la vérité au moins à elle.
01:19:00Madame la présidente
01:19:02est calme
01:19:02mais elle va s'énerver
01:19:03car en face,
01:19:04Éric Brouillasse
01:19:05sombre dans le silence.
01:19:07Vous nous avez dit
01:19:07que trois mystérieux
01:19:08truands vous ont obligés
01:19:10à les suivre
01:19:10puis qu'ils ont assassiné
01:19:11votre belle famille.
01:19:12Qui sont ces hommes ?
01:19:14Je ne vous dirai rien.
01:19:16Quelles que soient
01:19:16les perches
01:19:17qui pourront lui être tendues,
01:19:19il ne variera pas,
01:19:21il ne bougera pas,
01:19:22il ne veut pas
01:19:23reconnaître
01:19:24les faits
01:19:25qui lui sont reprochés.
01:19:27Pourquoi êtes-vous vivant ?
01:19:27Pourquoi aurait-il
01:19:28épargné un témoin ?
01:19:30Je ne vous dirai rien.
01:19:31C'est votre dernière chance,
01:19:33monsieur Brouillasse.
01:19:33Expliquez-vous.
01:19:35Vous ne saurez rien
01:19:36car on l'a acculé
01:19:37par des questions.
01:19:38Vous ne saurez rien.
01:19:39Je préfère me taire
01:19:40et subir les conséquences
01:19:42de mon silence
01:19:42parce que je veux
01:19:43protéger ma famille.
01:19:46Éric Brouillasse
01:19:47ne veut rien lâcher
01:19:49sur ces mystérieux tueurs.
01:19:51Même quand l'avocat général
01:19:53tente de le prendre
01:19:54par les sentiments.
01:19:57À un moment donné,
01:19:58je vais même en appeler
01:19:58à ses enfants
01:19:59et lui dire
01:20:00mais pensez
01:20:01au regard
01:20:02que porteront
01:20:03vos enfants
01:20:04lorsqu'ils seront majeurs
01:20:05lorsqu'ils découvriront
01:20:07si vous
01:20:08campez
01:20:09et continuez
01:20:10à camper
01:20:10dans cette dénégation
01:20:11ce qu'ils penseront
01:20:12de leur père
01:20:13qui aura été
01:20:15non seulement
01:20:16un assassin
01:20:16mais un lâche
01:20:18qui n'a pas voulu
01:20:18assumer ses responsabilités.
01:20:20Et là,
01:20:21il est resté imperturbable.
01:20:23Daniel Satellen,
01:20:31pensiez-vous
01:20:32qu'Éric Brouillasse
01:20:33pouvait avouer,
01:20:34pouvait enfin parler ?
01:20:37Non.
01:20:38Je pense que
01:20:39s'il parle,
01:20:41s'il avoue,
01:20:42il se met en danger de mort.
01:20:43C'est la destruction
01:20:44de lui-même.
01:20:46C'est l'effondrement
01:20:47de toute sa personnalité.
01:20:50Il fallait qu'il reste figé
01:20:52dans cette dénégation.
01:20:55Mais il sait, lui,
01:20:56ce qu'il a fait ou pas.
01:20:58Bien sûr.
01:20:59Mais il ne peut pas
01:20:59le reconnaître.
01:21:00C'est une blessure
01:21:01trop importante
01:21:02que de le reconnaître.
01:21:03Vous avez essayé,
01:21:04justement,
01:21:04de le faire craquer ?
01:21:06Je lui ai dit
01:21:06écoutez,
01:21:08vous,
01:21:08vous connaissez la réalité,
01:21:10vous savez ce qui est vrai
01:21:11et ça sera en vous
01:21:13pour toujours.
01:21:14Il a eu un instant d'émotion.
01:21:16Ses yeux se sont humidifiés,
01:21:17il a commencé à arrosir
01:21:18puis il s'est redressé
01:21:19en me regardant
01:21:20en disant
01:21:20je n'ai jamais laissé passer
01:21:22la moindre,
01:21:23je n'ai jamais dit
01:21:24la moindre des choses
01:21:24qui me concernent.
01:21:25En ce qui me concerne
01:21:26et quand on avoue,
01:21:28on se pend.
01:21:31Éric Brouillasse
01:21:32ne se livre
01:21:33ni sur son passé
01:21:34ni sur les faits.
01:21:35alors ce sont les gendarmes
01:21:37qui s'en chargent.
01:21:41À la barre des témoins,
01:21:43il reconstitue pour la cour
01:21:45les quatre meurtres
01:21:46de la famille bébien.
01:21:51Selon eux,
01:21:53Brouillasse a effectivement
01:21:54bu un café avec Odette
01:21:56le matin vers 7h30.
01:21:58après avoir laissé sa belle-mère,
01:22:02il serait revenu
01:22:03un peu plus tard
01:22:04alors qu'elle dormait.
01:22:11Il s'est rendu
01:22:12dans la chambre
01:22:12de sa belle-mère
01:22:13et là,
01:22:16il l'a tué
01:22:16200 fois.
01:22:20Selon les gendarmes,
01:22:22Éric Brouillasse
01:22:23attend ses futures victimes
01:22:25dans la cuisine.
01:22:27À 11h15,
01:22:29Vincent
01:22:30rentre du travail.
01:22:38Il est tout de suite abattu
01:22:40d'une balle
01:22:41dans la tête.
01:22:43Entre midi et quart
01:22:45et midi et demi,
01:22:46c'est son père
01:22:47qui pousse la porte.
01:22:55Pour ne pas éveiller
01:22:58les soupçons
01:22:58de Samantha,
01:23:00Éric Brouillasse
01:23:01rentre ensuite
01:23:02déjeuner chez lui.
01:23:09Il vient
01:23:10de tuer
01:23:12trois personnes.
01:23:13Un quart d'heure avant,
01:23:14il tuait son beau-père.
01:23:16Il va déjeuner
01:23:17comme si rien n'était.
01:23:18Il discute
01:23:19comme si rien n'était.
01:23:20Ah oui,
01:23:24ça fait froid dans le dos.
01:23:28Il a encore
01:23:29tout l'après-midi
01:23:30pour peut-être
01:23:31renoncer
01:23:31à tuer
01:23:32la jeune Aline.
01:23:36Mais il va revenir.
01:23:39Il va
01:23:39à sa rencontre,
01:23:40certainement.
01:23:40et il la bat
01:23:49froidement.
01:23:51Une seule balle
01:23:52suffira.
01:24:04Éric Brouillasse
01:24:05a ensuite mis
01:24:06le feu à la maison
01:24:07comme il l'a avoué
01:24:08au gendarme
01:24:09pendant sa garde à vue.
01:24:10Pourtant,
01:24:14face à la cour,
01:24:15l'accusé
01:24:16maintient
01:24:17sa version
01:24:17des voyous lyonnais.
01:24:23J'ai l'impression
01:24:24que personne n'y croit.
01:24:26J'ai aussi l'impression
01:24:27que M. Brouillasse
01:24:28n'y croit pas
01:24:29tout à fait.
01:24:30C'est la raison
01:24:31de mon intervention
01:24:32à l'audience
01:24:32où j'ai essayé
01:24:35de lui faire remarquer
01:24:36qu'il prenait
01:24:37d'énormes responsabilités
01:24:38pour lui-même,
01:24:39notamment en s'exposant
01:24:40à la peine la plus lourde
01:24:42que connaisse notre code pénal,
01:24:44c'est-à-dire la réclusion
01:24:45criminelle à perpétuité.
01:24:47Après une semaine de débat,
01:24:49le procès se termine.
01:24:51Le réquisitoire de l'avocat général
01:24:52est implacable.
01:24:54Lorsqu'on en est
01:24:56à attendre,
01:24:59embusquer
01:24:59pendant des quarts d'heure
01:25:00et des quarts d'heure
01:25:01le retour d'une enfant
01:25:03de son lycée
01:25:04et de l'assassiner
01:25:06d'une balle dans la tête
01:25:07alors qu'elle a encore
01:25:07son cartable sur les épaules
01:25:09et que j'ai dans la chambre
01:25:10à côté la mère de l'enfant,
01:25:12que j'ai dans la même maison
01:25:13le père de l'enfant,
01:25:15que j'ai également
01:25:16dans une autre pièce
01:25:17son grand frère.
01:25:20Alors,
01:25:21quelle serait la sanction ?
01:25:24Non,
01:25:24il était inenvisageable
01:25:26pour le ministère public
01:25:27de demander autre chose
01:25:28que la peine maximum.
01:25:32Jusqu'au bout,
01:25:33Éric Brouillasse ne s'y est pas,
01:25:35même quand la présidente
01:25:37lui donne la parole
01:25:38une dernière fois.
01:25:41Éric Brouillasse n'était même plus
01:25:43au stade du calcul.
01:25:45Il n'était même plus au stade
01:25:46de la défense
01:25:48élaborée,
01:25:49échafaudée
01:25:49pour essayer
01:25:51d'échapper à la sanction.
01:25:53Il était
01:25:53dans le statut
01:25:54de quelqu'un
01:25:55emprisonné
01:25:56par son mensonge
01:25:57du premier jour
01:25:58et pour qui
01:25:59le mensonge
01:26:00était une forme de salut.
01:26:03Et je me souviendrai toujours
01:26:04de la dernière phrase
01:26:05de l'avocat.
01:26:07Il demandait
01:26:07pitié.
01:26:11Je ne vous demande pas
01:26:12pardon au nom d'Éric Brouillasse,
01:26:14il ne le peut pas,
01:26:15je vous demande
01:26:15pour lui pitié.
01:26:16Samanta Bébien,
01:26:26Éric Brouillasse
01:26:26a été condamnée
01:26:27à la perpétuité
01:26:28avec 22 ans de sûreté,
01:26:30c'est la peine maximale.
01:26:32Est-ce que vous avez eu
01:26:33des réponses
01:26:34aux questions
01:26:35que vous vous posiez ?
01:26:36Non, aucune.
01:26:39Et je ne suis pas sûre
01:26:41d'en avoir un jour.
01:26:42parce que même si
01:26:44à l'heure actuelle
01:26:45il me donnait
01:26:45la vérité,
01:26:47il a tellement donné
01:26:48de versions
01:26:49rocambolesques,
01:26:51je ne suis pas sûre
01:26:52de pouvoir y croire.
01:26:54Et qu'avez-vous dit
01:26:55à vos enfants ?
01:26:58Pendant très longtemps
01:26:59que leur papa
01:26:59était à l'hôpital,
01:27:01que mes parents
01:27:01étaient décédés
01:27:02suite à un accident,
01:27:03et à la fin du procès
01:27:06que la justice
01:27:08avait dit
01:27:09que c'était leur papa.
01:27:11Mais j'ai toujours
01:27:12essayé de les protéger
01:27:13parce que j'estimais
01:27:16qu'ils étaient trop petits,
01:27:17ils n'avaient pas
01:27:18à savoir
01:27:20toute la vérité.
01:27:22C'était assez dur
01:27:23pour eux.
01:27:24Donc j'ai dit
01:27:24une part de la vérité
01:27:25mais je n'ai pas dit
01:27:26toute la vérité
01:27:27à l'époque.
01:27:28Et aujourd'hui,
01:27:28ils la savent,
01:27:29la vérité ?
01:27:30Le problème,
01:27:30c'est que je ne peux pas
01:27:31leur dire toute la vérité
01:27:33parce que si je leur dis
01:27:34toute la vérité,
01:27:35il y a mon ressenti
01:27:35à moi qui va sortir
01:27:37et je ne veux pas
01:27:38leur donner.
01:27:40Malgré tout,
01:27:41c'est leur père.
01:27:43Je n'ai pas eu
01:27:43mes enfants toutes seules.
01:27:45C'est à eux
01:27:45de se faire leur opinion,
01:27:47de voir ce qu'ils veulent
01:27:47faire après.
01:27:49Ils sont restés
01:27:50en contact avec lui ?
01:27:52Oui et non
01:27:52puisque leur père
01:27:53leur écrit,
01:27:54ce que je n'ai jamais
01:27:55interdit.
01:27:57Après,
01:27:57c'est à eux de voir
01:27:58s'ils veulent répondre
01:27:59ou pas.
01:28:01Et aujourd'hui,
01:28:01ils pensent quoi,
01:28:02vos enfants ?
01:28:03Je ne pourrais pas
01:28:07vous dire.
01:28:09Vous n'en parlez pas ?
01:28:10On en parle
01:28:11très rarement
01:28:12parce qu'ils savent
01:28:13que moi,
01:28:14j'ai une douleur
01:28:14qui est au fond de moi
01:28:15que je ne pourrai
01:28:16jamais enlever
01:28:17même si je fais
01:28:18la forte,
01:28:19même si...
01:28:21Et ils ont peur
01:28:22de m'en parler.
01:28:24Je pense qu'un jour,
01:28:25on devra le faire
01:28:25mais à l'heure actuelle,
01:28:27ni eux ni moi,
01:28:29nous ne sommes prêts
01:28:29pour ça.
01:28:31Il nous faut du temps
01:28:32encore.
01:28:40En prison,
01:28:41Éric Brouillasse
01:28:41est un détenu modèle.
01:28:43Il n'a jamais changé
01:28:44de version,
01:28:45il se dit innocent.
01:28:47Sa mère continue
01:28:48de le soutenir
01:28:49et il a demandé
01:28:50une révision
01:28:51de son procès
01:28:51en 2011.
01:28:53Mais sa demande
01:28:53a été rejetée.
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