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  • il y a 2 jours
🎙️ Quel rapport les journalistes et producteurs de Radio France entretiennent-ils avec la langue française ?
Victor Matet, présentateur des Informés sur Franceinfo nous parle de son rapport à la langue.

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Transcription
00:00Donc je fais un peu attention, par exemple, à pas dire suite à, mais à la suite de, à pas dire réouvrir, mais rouvrir.
00:13La plupart du temps, je dirais qu'ils sont inspirants, quand ils sont constructifs,
00:18quand ils nous apportent des choses très concrètes, on va dire, ça arrive que des auditeurs, des auditrices nous disent
00:23« j'ai aimé telle séquence », ou alors « j'ai pas aimé », mais pourquoi ?
00:26Ils expliquent vraiment concrètement, soit sur la forme, soit sur le fond.
00:30Par contre, on va dire contraignant, voire même un peu déplaisant, quand c'est juste, voilà, quelque chose de pas très constructif, d'un peu agressif,
00:37et ça, ça fait forcément moins de plaisir.
00:41Alors je dirais même que c'est un impératif tout court, à mon avis, quand on est journaliste, que ce soit en radio, en télé, en presse écrite ou ailleurs.
00:48Et c'est vrai que sur le service public, on a peut-être un engagement qui est encore un peu plus fort.
00:52Moi, je suis dans une émission de débat, les informés, où il y a pas mal d'improvisation,
00:57donc des fois, on a écrit beaucoup de choses, mais bon, forcément, il y a des fois où ce n'est pas écrit, forcément.
01:03Et donc, il faut improviser, il faut savoir, voilà, trouver les bons termes,
01:07et avoir un langage, on va dire, suffisamment soutenu, tout en s'adressant quand même aux gens d'une manière simple et directe.
01:15Mais effectivement, la langue française doit être bien traitée.
01:22J'ai pas une liste de mots où je me dis, ah non, surtout pas ça aujourd'hui.
01:25Après, il peut y avoir, voilà, des choses qui, moi, m'énervent quand je l'entends dans la bouche d'autres,
01:31des fois, que ce soit à la radio ou ailleurs.
01:33Donc je fais un peu attention, par exemple, à pas dire suite à, mais à la suite de, à pas dire réouvrir, mais rouvrir.
01:39Alors je crois qu'il y a un débat, on peut peut-être dire les deux, mais voilà.
01:41C'est des petites choses comme ça, où je me dis, bon, fais attention à essayer d'utiliser les bonnes formules,
01:46mais il n'y a pas de mots tabous complètement.
01:51Je ne pense pas identifier moi-même un type de langage.
01:54Je sais qu'il y avait des auditeurs, puisque c'était une des questions précédentes,
01:57qui m'avaient fait remarquer, à moi ou à d'autres, d'ailleurs c'était plus général,
02:01que des fois on disait merci infiniment à des invités.
02:04Merci infiniment d'avoir accepté notre invitation.
02:06C'est vrai que ça, je me rends compte que je l'utilise assez souvent,
02:08et les auditeurs disaient, oui, ça va, c'est bon, on peut dire juste merci,
02:11ou merci beaucoup, merci infiniment, ça fait vraiment beaucoup trop.
02:14C'est une manière de lui montrer un respect, de lui dire que vraiment,
02:16on est content qu'il ait pu être là.
02:20J'aime bien le mot transcendé, je ne sais pas, la musicalité du mot, je l'aime bien.
02:25En même temps, je ne l'utilise pas tellement à l'antenne,
02:28mais je le trouve assez joli.
02:29Et puis il me rappelle, moi, des choses plus personnelles, plus familiales,
02:34où ce mot avait été utilisé. Transcendé, j'aime bien.
02:38Éviter le plus possible quand on peut.
02:42Après, ils font quand même partie d'un de notre quotidien.
02:45Quand on peut le faire, il y a des fois où c'est inévitable.
02:48Après, moi, je me dis que finalement, là, on se parle depuis quelques minutes.
02:53Quand on fait une émission d'une heure de débat,
02:55combien il y a d'anglicismes qui viennent finalement sur la table,
02:57s'il y en a deux sur une heure de débat,
03:00est-ce que c'est vraiment très, très choquant ? Je ne sais pas.
03:02Le mot radio, ça évoque pour moi un souvenir précis.
03:09J'étais dans la voiture le 1er mai 1994 avec mes parents.
03:13C'était le jour de la mort d'Ayrton Senna, le pilote brésilien de Formule 1.
03:17Et j'écoutais France Info, qui à l'époque était une jeune radio,
03:19mais moi, je ne savais pas qu'il n'avait que 7 ans à l'époque,
03:21la radio et moi un peu plus.
03:23Et je me souviens d'écouter justement ce qu'on appelle aujourd'hui le fil info,
03:27le rappel des titres, ce qui devait s'appeler à l'époque France Info Express,
03:30et d'avoir comme ça, de suivre l'état de santé d'Ayrton Senna,
03:34jusqu'à malheureusement sa mort, son décès,
03:37et de me dire que c'est vraiment incroyable d'avoir comme ça un média
03:39qui vous accompagne de façon aussi proche,
03:42de pouvoir suivre comme ça presque minute par minute l'actualité du monde.
03:45Et c'est quelque chose qui m'avait marqué.
03:49Oui, il y a des voix forcément qui marquent plus que d'autres.
03:52Je pourrais citer des voix actuelles que j'aime beaucoup à Radio France,
03:56Fabienne Synthès, Simon Le Baron, Nicolas Teilhard.
03:59Je trouve que c'est à la fois des voix qui sont chaleureuses,
04:01qui ont une musicalité, en plus du fond qui est très fort,
04:05c'est-à-dire qui amène beaucoup de choses en termes d'info et d'actualité.
04:10Et c'est vrai que c'est des voix qui marquent chacune à leur manière,
04:15parce qu'elles ont un rythme, une chaleur, une profondeur.
04:17Ça rappelle un peu certains acteurs, on se dit ça,
04:20quand ils passent à la radio ou quand ils passaient à l'époque,
04:22Vincent Lindon aujourd'hui, ou Jean-Louis Trintignant à l'époque,
04:25il y a une espèce de musicalité qui vous emporte,
04:27et on tend tout de suite l'oreille et on a du mal à raccrocher.

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