00:00Eux, voilà, ben, certainement, peut-être, évidemment, que j'ai des tics de langage.
00:12Ce serait quand même très très méprisant de ne pas tenir compte de l'avis de ceux qui nous écoutent.
00:20On fait de la radio pas pour soi, on fait de la radio pour les auditeurs.
00:23Et en même temps, je pense qu'il faut être honnête aussi et dire qu'une émission de radio, c'est comme un film, une œuvre, un roman, c'est une proposition.
00:36Et la proposition, les auditeurs s'en saisissent ou pas, ils en débattent ou pas, ils sont d'accord ou pas avec.
00:43Et donc, c'est un panel très très large avec lequel on discute, on débat.
00:50Ça me semble être la meilleure des formules.
00:53Oui, alors, franchement, si on travaille à France Inter, quand même, on a un devoir minimum de ne pas maltraiter la langue française.
01:08Je pense que c'est quand même assez essentiel comme démarche.
01:11Après, l'oralité, c'est pas simple.
01:15Et là, je viens de faire la preuve, il faudrait dire, l'oralité, ce n'est pas simple.
01:19Sauf à lire un papier, ce qui nous arrive, évidemment, forcément, l'oralité entraîne des facilités, des répétitions, des fautes de grammaire, de syntaxe, tout ce qu'on voudra.
01:32Ce que je m'interdis, ce sont les gros mots, voilà, c'est ce qu'on appellerait de la vulgarité.
01:42Je vais n'en citer aucun pour ne pas déroger à ma règle.
01:45Mais on voit bien le vocabulaire que ça recoupe et qui fait qu'effectivement, on ne peut pas tout à fait se comporter dans un studio ou face à un micro,
01:54comme on se comporte chez soi, avec des amis, avec sa famille.
01:57Eux, voilà, ben, certainement, peut-être, évidemment, que j'ai des tics de langage.
02:05Je pense qu'on en a tous, plus ou moins.
02:08Je ne suis pas certain qu'on puisse réellement les combattre, sauf si vraiment, c'est quelque chose de trop fort, de trop prégnant, de trop important.
02:17J'essaye, mais très honnêtement, je crois ne pas y arriver et je pense avoir, comme tout le monde, des tics de langage qui doivent insupporter des auditeurs.
02:29Et j'en suis le premier navré.
02:32Bon, d'abord, je pense qu'il faut reconnaître que toutes les langues ont leurs anglicismes, c'est-à-dire que toutes les langues ont des mots étrangers dans leur vocabulaire.
02:42Et toutes les langues étrangères ont des mots français dans leur vocabulaire.
02:46Bon, cela posé, je pense qu'il y a un certain nombre de choses qui, en tous les cas, moi, m'irritent.
02:50Et dans tous les cas, dans ma partie, le cinéma, où il y a pas mal de mots forcément anglais.
02:57Et par exemple, le mot « blockbuster » m'insupporte absolument.
03:02C'est un mot qui désignait à la base une bombe, bon, larguée par les alliés pendant la Seconde Guerre mondiale.
03:09Je ne suis pas tout à fait certain que ce soit vraiment très opportun de la mêler au cinéma.
03:15Ça veut dire qu'il casse la baraque, comme on dirait en français.
03:18Seulement, en français, ce n'est pas très joli non plus.
03:21Moi, je pense que super production, par exemple, ça me va très bien.
03:24Très curieusement, je vais paraître, je ne sais pas, peut-être lunaire à certains,
03:31mais moi, la radio, ça m'évoque l'appel du 18 juin du général de Gaulle à Londres.
03:37Ce mot-là m'évoque ça absolument comme un drôle de moment,
03:43parce qu'un moment fondateur d'un début, du commencement, de la libération d'un pays,
03:49et en même temps, un message qui n'a pas été entendu, ou presque pas.
03:53Donc c'est paradoxal de faire un événement fondateur qui n'est pas vraiment entendu,
03:59et c'est la radio qui sert de déclencheur.
04:03Alors, soyons clairs, je ne sanctifie pas la radio comme une sorte de média de libération.
04:08Je sais très très bien, par exemple, que le coup d'État de Pinochet,
04:14il y a une phrase qui a été dite en radio et qui était le déclencheur du coup d'État.
04:19Donc vous voyez bien en quoi une radio, ce n'est pas progressiste en soi,
04:23et que le message radio, ce n'est pas progressiste en lui-même.
04:26Mais il n'empêche que quand on me demande radio,
04:29ben oui, bizarrement, c'est l'appel du 18 juin qui me vient à l'esprit.
04:33Je vais dire une voix féminine actuelle qui serait celle de Charline Van Lenecker,
04:38parce que je pense que c'est une voix qui est en train de marquer l'esprit d'inter
04:44dans ce qu'il a de corrosif, d'acide, d'humoristique,
04:48et qui est une très très vieille tradition au-delà même du tribunal des flagrants délires pour France Inter.
04:54Et je pense qu'en ce moment, l'incarnation même de cet esprit malicieux,
04:59c'est la voix de Charline.
05:01Mais il y en a peut-être une qui me revient immédiatement, très vite, et de façon prégnante.
05:07Elle n'est pas forcément la plus connue.
05:09C'est une question de génération, parce que c'est une voix qui a disparu, hélas.
05:13Il s'appelait Robert Arnault.
05:16Il semblerait que son surnom de griot blanc ou de griot français lui a été accolé très vite.
05:24C'était un Toulousain d'origine.
05:25Il y avait cette pointe d'accent, pas trop importante, mais qui était là en permanence.
05:31Une voix extrêmement chaude, une voix extrêmement enveloppante,
05:34et qui racontait des histoires.
05:35Et ça, je pense que c'est l'essence même de la radio,
05:40de raconter des histoires,
05:41parfois de raconter des belles ou des moins belles histoires, mais peu importe.
05:46Et cette voix-là, la voix de Robert Arnault,
05:48moi, elle me reste en tête comme, effectivement, une incroyable voix de conteur.
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