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  • il y a 2 mois
🎙️ Quel rapport les journalistes et producteurs de Radio France entretiennent-ils avec la langue française ?
Matteu Maestracci, Journaliste au service culture de Franceinfo nous parle de son rapport à la langue.

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Transcription
00:00Moi en fait j'ai du mal avec les expressions qu'on n'utiliserait jamais dans la vie.
00:10Je dirais qu'il y a deux sortes de messages.
00:12Il y a ceux qui sont utiles parce qu'ils nous mettent face à nos contradictions,
00:17ou en tout cas ils relèvent des choses, des erreurs qu'on a dites.
00:21On se dit « la prochaine fois je retiendrai et je ferai attention ».
00:24Puis après il y a ce qu'on peut retrouver sur les réseaux sociaux la plupart du temps,
00:28c'est-à-dire des insultes ou « vous êtes de tel parti politique » ou pas,
00:32il faut quand même les regarder parce que ça dit quelque chose,
00:34il y a une teneur, il y a une ambiance, une température,
00:37mais bon les insultes généralement ce n'est pas forcément constructif.
00:43Oui bien sûr, bien sûr, bien sûr.
00:45En tant que journaliste, on doit le faire.
00:48En tant que journaliste audiovisuel, on a aussi une grande responsabilité
00:52parce que parfois par rapport à la presse écrite,
00:55par rapport au fait aussi qu'on soit en improvisation,
00:57on va moins faire attention à comment on parle, à la syntaxe, à la grammaire, à la conjugaison.
01:03Donc c'est d'autant plus important.
01:05Et le service public, je pense que le service public, à plein d'égards,
01:09que ce soit sur la forme ou le fond, doit être irréprochable quand il peut,
01:15c'est-à-dire tout le temps.
01:15Comme certains de mes collègues qui vous ont déjà répondu,
01:21moi j'ai beaucoup de mal avec les expressions toutes faites à l'ancienne,
01:25vraiment les trucs des années 80, 90.
01:28Dès que je les entends, ça me hérisse,
01:29donc j'essaye de ne pas les dire monter au créneau,
01:31tirer la sonnette d'alarme, la grogne, ne décolère pas.
01:36Moi, en fait, j'ai du mal avec les expressions qu'on n'utiliserait jamais dans la vie,
01:40même si c'est des choses soutenues.
01:42Par exemple, un fait divers qui avait suscité une vive émotion.
01:46Ça, pour moi, c'est bien pour la presse écrite,
01:48mais c'est un truc qu'on ne dit jamais dans la vraie vie.
01:49On ne va jamais voir un pote, quand bien même on parle bien,
01:51quand bien même on a un langage élégant, soutenu,
01:53on ne va jamais voir quelqu'un ou ses parents en disant
01:55« Tu te souviens, c'est quelque chose qui avait suscité une vive émotion. »
01:58On ne le dit jamais.
01:59Oui, oui, oui, et ça date même de l'époque où je faisais des exposés
02:05quand j'étais au lycée ou à la fac.
02:07J'ai tendance à dire « donc en fait »,
02:10mais c'est-à-dire les deux ensemble, ce qui est très moche.
02:13Depuis que je suis au service culture, j'écris beaucoup,
02:15donc j'évite, j'essaye de lire ce que j'écris,
02:17donc de ne pas faire d'erreurs et de ne pas faire de fautes.
02:20Mais quand j'improvisais, quand j'étais présentateur,
02:23ça peut m'arriver quand j'improvise de faire des fautes.
02:27Et ça, c'est impardonnable,
02:27donc il faut faire très attention.
02:32Un peu les deux.
02:33Je pense que parfois, on n'a pas le choix.
02:35Moi, par exemple, pour parler de ma rubrique à la culture,
02:37il y en a souvent.
02:39J'ai utilisé le terme « blockbuster » à l'antenne
02:40pour les grosses productions hollywoodiennes.
02:43Pour un sujet d'une minute,
02:44j'essaye de ne pas faire plus d'un anglicisme.
02:46Pour un sujet de cinq minutes,
02:47on peut en laisser passer deux, voire trois.
02:50Donc pas trop.
02:52Essayez d'utiliser la version, la traduction française quand on peut.
02:55Et surtout, systématiquement,
02:58y accoler la définition, la traduction en français quand on peut.
03:04Alors, j'y ai réfléchi à ça.
03:05Mon mot préféré de la langue française, c'est « libellule ».
03:08Parce que c'est un joli mot qui sonne bien,
03:10avec plusieurs voyelles, avec plusieurs fois la lettre « L ».
03:14Et puis c'est un mot qui a trait à la nature.
03:17Moi, j'aime bien les mots, c'est vraiment très perso,
03:20mais les mots qui parlent de nature,
03:22clairière, rivière, ça m'apaise en fait,
03:26ça fait penser à des choses agréables, apaisantes,
03:29calmes, silencieuses, jolies.
03:30Le mot radio, pour moi, ça évoque l'imagination.
03:36On entend souvent, quelqu'un de très proche me l'a encore dit cette semaine,
03:40la radio, c'est bien parce qu'on peut faire quelque chose en même temps.
03:43Oui, il faut éviter de faire trop de choses en même temps,
03:44il faut essayer de se concentrer quand on peut.
03:47Mais c'est ça, la radio, c'est ce qui m'a toujours plu,
03:49et c'est ce qui fait que j'en fais et que j'aime en faire,
03:51c'est la magie, le côté magique.
03:53C'est pas très original, mais le côté où on est obligé
03:57de faire un effort de concentration, on est obligé
03:59d'avoir des images qui correspondent à ce qu'on entend
04:01et se concentrer comme sur un podcast,
04:06comme sur une histoire ou un livre lu en audio.
04:09C'est tout ce que, le fait que ça fasse travailler le cerveau,
04:12l'imaginaire, l'imagination, c'est ça qui me plaît le plus.
04:16Moi, je suis très sensible aux voix, j'aime les belles voix.
04:19Quand une voix m'accroche l'oreille, j'ai envie de l'écouter.
04:22Et à Radio France, particulièrement, moi, je suis très sensible
04:25ou une voix féminine un peu grave.
04:27C'est très précis, c'est un peu niche.
04:30Mais Vanessa Descourauds, Corinne Audouin,
04:33ce genre de voix-là, je trouve que c'est les plus jolies voix.
04:37C'est très perso, mais pour moi, ce sont ces voix-là.

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