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  • il y a 2 jours
Panthéonisé moins de deux ans après sa disparition, Robert Badinter demeure à jamais associé à l'abolition de la peine de mort en France. Pourtant, résumer son héritage à ce seul combat serait réducteur. Toute sa vie, il a lutté en faveur de la justice et de la dignité : amélioration des conditions carcérales, défense des droits des homosexuels, devoir de mémoire envers les victimes de la Seconde Guerre mondiale....
Jean-Pierre Gratien et ses invités s'interrogent : derrière cette figure morale, quel homme politique était-il ?

Pour en discuter, Jean-Pierre Gratien reçoit en plateau l'historienne et réalisatrice Dominique Missika, ainsi que l'écrivain et économiste Jacques Attali.

LCP fait la part belle à l'écriture documentaire en prime time. Ce rendez-vous offre une approche différenciée des réalités politiques, économiques, sociales ou mondiales....autant de thématiques qui invitent à prolonger le documentaire à l'occasion d'un débat animé par Jean-Pierre Gratien, en présence de parlementaires, acteurs de notre société et experts.

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Transcription
00:00:00Générique
00:00:00Bienvenue à tous dans des badogs panthéonisés.
00:00:19Moins de deux ans après sa mort, Robert Badinter restera à jamais associé à l'abolition de la peine de mort en France.
00:00:25Mais le documentaire qui va suivre, Les combats méconnus de Robert Badinter, va vous en apprendre beaucoup plus, vous allez le voir, sur son itinéraire et ses engagements.
00:00:36Je vous laisse le découvrir, puis la co-auteur de ce film, l'historienne Dominique Missica, sera à mes côtés sur ce plateau en compagnie de Jacques Attali.
00:00:45Avec eux, nous reviendrons sur l'héritage laissé par le grand humaniste qu'a été Robert Badinter.
00:00:51Bon doc.
00:00:55J'ai passé toute ma vie à essayer d'approcher ce qu'est la justice.
00:01:06Et finalement, ce que je sais reconnaître très bien, c'est l'injustice.
00:01:13L'injustice, toute ma vie, je l'ai rencontrée.
00:01:17Pendant que je ne l'ai pu, j'ai essayé de la combattre.
00:01:20Juin 1981, le président de la République, François Mitterrand, choisit son nouveau garde des Sceaux, Robert Badinter.
00:01:33On le connaît, avocat militant des droits de l'homme, férocement engagé pour l'abolition de la peine de mort, contre l'avis de la majorité des Français.
00:01:42Mais vous avez un rêve ?
00:01:46Je ne viens pas au ministère de la Justice sans avoir beaucoup pensé à la justice.
00:01:51Oui, ça.
00:01:51C'est une certitude.
00:01:52C'est une simple.
00:01:52Et comme avocat, et comme professeur de droit, et tout simplement comme justiciable.
00:01:56Place Vendôme, il n'oeuvre pas uniquement pour l'abolition de la peine capitale.
00:02:05Il enchaîne les mesures emblématiques, mais souvent impopulaires.
00:02:09Défenseurs intransigeants des plus faibles, des minorités, des victimes, de la mémoire.
00:02:17Ces combats, et on l'oublie parfois, marquent durablement la vie des Français.
00:02:21Il y a l'image, le combattant.
00:02:26Robert n'avait absolument pas d'amour du combat, pas du tout.
00:02:30Il avait l'amour d'un certain nombre de causes justes.
00:02:34Et parfois, pour faire prévaloir ces causes, il faut combattre.
00:02:39Les plus des marginaux, les malades mentaux, etc., etc., etc.
00:02:44Les sodomites, comme disent les religions monothéistes.
00:02:48Il a humanisé les prisons.
00:02:51Restituer aux personnes détenues leur statut de personne, leur statut de sujet de droit.
00:02:58Tout est noir.
00:03:00Et là, quelque part, ça a excès de l'espérance.
00:03:04Pour moi, Robert Badinter, c'est un être mythique.
00:03:07Sans lui, je ne sais pas si on connaîtrait encore le nom de Joseph Eiffel,
00:03:12mon père est revenu sur la place publique.
00:03:15Il croyait dans les institutions.
00:03:17L'état de droit, pour lui, c'est ce qui désigne les principes qu'il animait.
00:03:24Le liberté, égalité, fraternité.
00:03:26Veillez à ce que ces trois mots soient respectés.
00:03:31Profondément, c'était un homme des lumières.
00:03:34On la connaît, l'injustice.
00:03:38Chaque année, à Lyon, a lieu la commémoration de la rafle de la rue Sainte-Catherine.
00:04:0786 juifs arrêtés par les nazis en 1943.
00:04:20Robert Badinter ne ratait jamais la cérémonie.
00:04:27Parmi les personnes raflées, Simon, son père.
00:04:30Juif, né en Bessarabie, lecteur de Balzac et d'Hugo, Simon Badinter rêvait de la France.
00:04:42Naturalisé français, il a été transféré à Drancy le 12 février 1943,
00:04:48puis déporté au camp de Sobibor, en Pologne, d'où il n'est pas revenu.
00:04:52Robert Badinter, toute son histoire familiale montre que la République française,
00:04:58s'agissant de ceux qui ont été accueillis quand il était, lui, petit, petit, petit, petit,
00:05:03que la République française représentait quelque chose,
00:05:07représentait un espoir, représentait une terre qui les avait accueillis.
00:05:11Après l'arrestation de son père, Robert Badinter doit se cacher sous un faux nom, en Savoie.
00:05:19Mais lorsqu'à Chambéry, il visite la demeure de Jean-Jacques Rousseau,
00:05:23il ne peut s'empêcher de signer son poème dans le livre d'or de son vrai patronyme.
00:05:28Il a 15 ans.
00:05:29Il invoque la Révolution française et se place déjà sous l'égide de la devise républicaine.
00:05:51Liberté, égalité, fraternité, c'est ça, c'est la route de Badinter, ça.
00:05:55Les écrits qu'il a pu faire, les tribunes, la plupart des réformes qu'il a initiées
00:06:00étant garde des Sceaux, allaient dans Soussante.
00:06:05Dès le début de son mandat, c'est au nom d'une France qu'il rêve exemplaire
00:06:10que Robert Badinter entreprend d'humaniser les prisons.
00:06:15Quitte à subir le rejet de l'opinion publique et d'une partie de la classe politique.
00:06:21Il ne faut pas oublier que dans les années qui ont précédé son arrivée au ministère,
00:06:24il y avait eu de grandes révoltes pénitentiaires.
00:06:29De grandes manifestations.
00:06:32Des détenus sur les toits.
00:06:36La question pénitentiaire était une de ses préoccupations constantes et permanentes.
00:06:40Je ne pense pas qu'il y ait beaucoup de gardes des Sceaux avant lui
00:06:43qui se soient à ce point préoccupés des prisons.
00:06:46Les prisons françaises ne sont pas l'honneur de notre pays.
00:06:55Je le dis avec beaucoup de regret.
00:06:58Nous sommes, j'ai eu cette humiliation,
00:07:01cette humiliation au Conseil de l'Europe,
00:07:05d'apprendre que de tous les pays,
00:07:09onze pays d'Europe du Nord,
00:07:11nous étions celui qui dépensait le moins par tête de prisonniers.
00:07:17C'est sa vision de l'homme
00:07:19qui peut expliquer l'intention,
00:07:22l'attention qu'il a portée très tôt aux conditions de détention.
00:07:27Il était habité par la très belle formule de Victor Hugo.
00:07:31On ne peut pas priver une personne
00:07:36de son droit fondamental de devenir meilleure.
00:07:41Il a découvert la prison en 1952,
00:07:44lorsqu'il était jeune avocat,
00:07:47qu'il s'est rendu pour la première fois à la maison d'arrêt de Fresnes.
00:07:50Ce qui l'a marqué, c'est l'unitivité
00:07:53du temps passé dans un établissement carcéral
00:07:57qui pour lui était un temps mort
00:07:58et qui consistait simplement à punir
00:08:01la personne pour ce qu'elle avait fait,
00:08:05sans prendre en compte le fait que cette personne allait ressortir
00:08:08et devait donc se réinsérer.
00:08:14Khaled Miloudi a passé 29 ans en prison,
00:08:17presque la moitié de sa vie,
00:08:19pour braquage,
00:08:21sans avoir de sang sur les mains.
00:08:22Je suis arrivé d'Algérie à l'âge de 5 ans.
00:08:28Parqué dans un camp, celui de Rivesalte, pendant un an.
00:08:32Puis l'enceinte intrafamiliale.
00:08:35Déménagement, changement d'école.
00:08:38Donc, difficulté avec l'apprentissage de la langue française.
00:08:42Placement très tôt en famille d'accueil.
00:08:44Puis en foyer.
00:08:45Et puis l'école de la rue.
00:08:47La délinquance alimentaire.
00:08:49L'armée.
00:08:51Mon service militaire.
00:08:52Et après la première panne de prison.
00:08:54Et ça a été un virage aussi
00:08:55raté, je pense, aussi de ma part,
00:08:58mais aussi de la part de l'institution judiciaire.
00:09:00J'étais condamné un an de prison ferme
00:09:02pour voie de fée sur la voie publique,
00:09:04pour une bagarre.
00:09:04J'ai fait appel à la décision
00:09:07qui a été agréable à 18 mois.
00:09:09Et c'est en prison que j'ai rencontré des anciens
00:09:12et qu'après j'ai mis mes pieds dans le grand banditisme.
00:09:14Donc tout est parti de là.
00:09:16Le parcours de Khaled Miloudi
00:09:18illustre le diagnostic de Robert Badinter.
00:09:22La prison doit devenir un outil
00:09:23de prévention de la récidive
00:09:25et de réinsertion des détenus.
00:09:28Toutes les recherches entreprises
00:09:30concordent sur ce point.
00:09:32La prison n'arrête pas
00:09:34le processus de délinquance.
00:09:37Au contraire,
00:09:39elle a pour effet de structurer,
00:09:42souvent de façon
00:09:44difficilement réversible,
00:09:46les personnalités délinquantes.
00:09:52Dès 1981,
00:09:55avec François Mitterrand,
00:09:57il fait amnistier 5000 détenus
00:09:58pour endiguer la surpopulation carcérale.
00:10:01Mais cela ne suffit pas.
00:10:03Le combat de Robert Badinter,
00:10:05c'est l'amélioration des conditions de détention.
00:10:07quand je suis rentré dans la cour de promenade,
00:10:14c'est un peu l'image que j'ai vue
00:10:16un instantané en noir et blanc
00:10:17d'une forme de goulag.
00:10:19c'est quoi ?
00:10:22On était seuls qui est paris,
00:10:23on avait des tenues,
00:10:24on appelait ça des drogués,
00:10:25donc veste grise, pantalons gris,
00:10:27des espèces de pas tout cas en toile.
00:10:30Une heure de promenade par jour.
00:10:32On était 500 dans la cour de promenade.
00:10:34Aucune activité,
00:10:36aucun contact avec l'extérieur.
00:10:38Les parloirs,
00:10:39moi je n'ai pas eu de parloir,
00:10:40enfin j'ai eu un parloir avec mon père
00:10:41à l'époque,
00:10:42mais c'est hygiophone.
00:10:43Quand on allait au parloir,
00:10:44il y avait des traces de mains
00:10:46puisqu'on essayait de se toucher
00:10:48un peu comme ça au travers.
00:10:49Il y avait aussi pas mal de couches à lèvres,
00:10:51les femmes qui posaient les lèvres
00:10:52sur l'hygiophone.
00:10:54Aucun contact physique
00:10:55avec nos familles.
00:10:57Donc une forme de déshumanisation aussi.
00:11:00Et qui aggravait aussi
00:11:01les carences affectives, bien sûr.
00:11:03À 22h, il y avait
00:11:04l'extinction des lumières.
00:11:06Donc on ne pouvait plus lire,
00:11:07on ne pouvait plus écrire.
00:11:09Il fallait se mettre au lit.
00:11:12Les prisons françaises
00:11:16ne sont pas
00:11:17l'honneur
00:11:18de notre pays.
00:11:29Quand on a pris la nomination
00:11:30de Robin Van de Ter,
00:11:31dans les cours de promenade,
00:11:32ça a crié,
00:11:33dans les détentions
00:11:35avec le plateau,
00:11:35on avait un espèce de plateau au fer.
00:11:37Et sur les barreaux,
00:11:38tu imagines le bruit que ça fait
00:11:39quand on fait claquer comme ça,
00:11:41le plateau au fer
00:11:42sur les barreaux.
00:11:43Ça a été l'effervescence.
00:11:44Il a donné une espérance.
00:11:46On était presque dehors,
00:11:46quelque part.
00:11:48On était un peu libres
00:11:49d'un seul coup.
00:11:50De voir quelqu'un
00:11:50qui montait à l'Assemblée nationale
00:11:52et qui montait au créneau
00:11:53et qui parlait de nous.
00:11:54Comme il parlait
00:11:55de nos concitoyens.
00:11:56On était sur le même bord.
00:11:58On était sur le même pied
00:11:59d'égalité.
00:12:00Et ça, en prison,
00:12:01c'est fou.
00:12:03Parce qu'on a le sentiment
00:12:03d'être exclus.
00:12:05On nous a...
00:12:06On a des pestiférés.
00:12:07Avec la réforme
00:12:11de Robert Badinter,
00:12:13les uniformes sont supprimés,
00:12:15tout comme les quartiers
00:12:16de haute sécurité.
00:12:18Dans les cellules,
00:12:20la lumière est laissée
00:12:21plus tard le soir.
00:12:23Et les détenus
00:12:23peuvent en décorer les murs.
00:12:25Ils ont désormais
00:12:26le droit de correspondre
00:12:27avec leur famille,
00:12:29de louer des télévisions.
00:12:30Décision applaudie
00:12:31par le personnel pénitentiaire.
00:12:33et les soins médicaux
00:12:34sont améliorés.
00:12:36Les hygiaphones
00:12:37laissent la place
00:12:38au parloir libre.
00:12:42C'est la mesure
00:12:43la plus importante
00:12:44si je ne veux regarder
00:12:45qu'une, c'est celle-ci.
00:12:46C'est-à-dire qu'elle a décidé
00:12:46que l'être humain
00:12:47puisse se toucher,
00:12:49puisse se serrer,
00:12:50puisse s'embrasser.
00:12:51Il y avait un contact physique,
00:12:53mais c'était le minimum.
00:12:54Mais déjà,
00:12:55ce minimum-là,
00:12:56qui est vital,
00:12:56on le sait,
00:12:57c'est fou ce que ça peut apporter,
00:12:58quoi.
00:12:59Pour pouvoir serrer
00:12:59ses enfants,
00:13:00sa femme,
00:13:01sa maman.
00:13:02Voilà.
00:13:02Si je ne devais garder
00:13:03qu'une chose
00:13:04qu'il a faite,
00:13:05c'est ça, quoi.
00:13:07Pour éviter
00:13:08des peines inutiles,
00:13:10Robert Badinter
00:13:11instaure les travaux
00:13:12d'intérêt général.
00:13:13Et en prison,
00:13:15il facilite l'accès
00:13:16à la scolarité
00:13:17pour les détenus.
00:13:19Khaled Miloudi
00:13:20reprend ses études.
00:13:21Il obtient
00:13:22son brevet des collèges,
00:13:24son baccalauréat
00:13:24et une licence de lettres.
00:13:28Puis il se met
00:13:29à écrire.
00:13:32Un soir comme ça
00:13:33et en plus
00:13:34sous forme de poésie
00:13:35alors que je n'ai pas
00:13:36cherché la forme,
00:13:37c'est imposé à moi
00:13:38comme ça.
00:13:40Les premiers mots
00:13:41pour mes enfants,
00:13:41un poème pour mon père
00:13:42et puis ainsi de suite.
00:13:46Au lieu de faire
00:13:464 à 6 heures
00:13:47de sport par jour,
00:13:48je passais
00:13:484 à 6 heures à écrire.
00:13:51Khaled Miloudi
00:13:52publie son premier
00:13:53recueil de poésie
00:13:54en 2022.
00:13:56Aujourd'hui,
00:13:57à 62 ans,
00:13:58il vit
00:13:59de ses revenus
00:13:59d'auteur
00:14:00et des ateliers
00:14:01d'écriture
00:14:01qui l'animent.
00:14:03Je me suis découvert
00:14:04grâce à l'écriture.
00:14:05J'ai écrit
00:14:05pour me connaître,
00:14:07j'ai écrit
00:14:08pour me sentir
00:14:10moins seul,
00:14:11j'ai écrit
00:14:11pour aimer,
00:14:13j'ai écrit
00:14:13pour agrandir
00:14:16mon espace intérieur.
00:14:17Ma réinsertion,
00:14:18moi,
00:14:18elle a commencé
00:14:18le jour
00:14:19où j'ai pris la plume.
00:14:21Isabelle Gorce
00:14:22a été directrice
00:14:23de l'administration
00:14:24pénitentiaire.
00:14:26Elle a visité
00:14:27des prisons
00:14:27avec Robert Badinter
00:14:28lorsqu'il était
00:14:29sénateur
00:14:30des Hauts-de-Seine.
00:14:32Des années
00:14:32après sa réforme,
00:14:34il se soucia toujours
00:14:35du respect
00:14:35des droits fondamentaux
00:14:36des détenus.
00:14:38Je lui ai proposé
00:14:39de venir
00:14:40cheminer
00:14:41ensemble
00:14:42tout de suite
00:14:43après-midi.
00:14:44C'était
00:14:45une espèce
00:14:46de chemin
00:14:47personnel
00:14:48intérieur
00:14:48qu'il a fait
00:14:49avec moi.
00:14:50C'est touchant.
00:14:51Ce qui était
00:14:51assez incroyable,
00:14:52je pense,
00:14:53c'est cette vision
00:14:53à 360 degrés
00:14:55qu'il avait
00:14:55de la justice.
00:14:58L'autre aspect
00:14:59de l'humanisation
00:15:00des prisons
00:15:00qui est peu connu,
00:15:02c'est celui
00:15:03qui porte
00:15:03sur le personnel
00:15:04pénitentiaire.
00:15:05On ne peut pas
00:15:06humaniser
00:15:07un établissement
00:15:09pénitentiaire
00:15:09en ne prenant
00:15:10en compte
00:15:11que la seule
00:15:11situation
00:15:11des détenus.
00:15:12Robert Badinter
00:15:13a essayé
00:15:14d'améliorer,
00:15:15notamment sur le plan
00:15:17de la rémunération,
00:15:18la situation
00:15:19essentielle
00:15:20des surveillants
00:15:21pénitentiaires.
00:15:22Badinter
00:15:23a apporté
00:15:23beaucoup de choses.
00:15:24Il a dit
00:15:25ce que n'était
00:15:25pas la prison.
00:15:27La prison
00:15:27n'est pas
00:15:27un lieu
00:15:28de châtiment.
00:15:30C'est un lieu
00:15:31de privation
00:15:33de liberté
00:15:33dans lequel
00:15:34on n'est pas
00:15:34privé de ses droits.
00:15:35C'est quand même
00:15:35fondamental.
00:15:36La prison
00:15:37n'est pas
00:15:37un objet
00:15:38extérieur
00:15:39à la société
00:15:39et elle doit
00:15:42être traversée
00:15:43par l'ensemble
00:15:45des dispositifs
00:15:45de droit commun.
00:15:46La culture,
00:15:47le sport,
00:15:48l'éducation nationale,
00:15:50les activités
00:15:51ludiques.
00:15:52La prison
00:15:52n'a pas de sens
00:15:54en tant que telle.
00:15:56C'est ce qu'on y fait
00:15:57qui a du sens.
00:16:03Ici,
00:16:04il suffit de vous appeler
00:16:05par votre prénom
00:16:06pour vous humaniser.
00:16:10Ici,
00:16:11il suffit de pas grand-chose
00:16:13pour vous faire quelque chose.
00:16:17Ici,
00:16:17il suffit de vous regarder
00:16:19pour exister.
00:16:23En faisant entrer
00:16:24l'éducation
00:16:25et la culture
00:16:26en prison,
00:16:27avec le soutien
00:16:27de l'administration pénitentiaire,
00:16:30Robert Badinter
00:16:30a gagné
00:16:31une partie
00:16:31de son combat.
00:16:33Aujourd'hui,
00:16:34l'association
00:16:35Lire pour en sortir
00:16:36organise
00:16:37un concours
00:16:37d'éloquence
00:16:38pour les détenus.
00:16:39Je crois profondément
00:16:41à la prison républicaine,
00:16:43c'est-à-dire
00:16:43celle des droits,
00:16:44celle des...
00:16:45qui rend
00:16:46qui rend les gens meilleurs,
00:16:48qui leur offre
00:16:48une vraie vie,
00:16:50une vie épanouie
00:16:52dans la République.
00:16:53Il y a une autre voie
00:16:53possible
00:16:54pour les prisons
00:16:54en France.
00:16:55Nous sommes tous animés
00:16:56de cette grande espérance
00:16:57et de cette grande ambition
00:16:58et nous le devons
00:16:59à Robert Badinter.
00:17:04Le thème,
00:17:06Paris est-elle
00:17:06la plus belle ville du monde ?
00:17:08Khaled Meloudi
00:17:09fait partie du jury.
00:17:11Je m'appelle Khaled Meloudi,
00:17:13je suis un ancien
00:17:13détenu de Longueben
00:17:14et je suis vraiment
00:17:14ravi d'être là.
00:17:15Bonne chance à vous.
00:17:16Faites-vous plaisir.
00:17:22Paris ne se contente pas
00:17:23d'exister, non.
00:17:24Elle se ressent.
00:17:26On y revient
00:17:26à ce fameux mot émotion.
00:17:28C'est ce que Paris
00:17:29a su me donner.
00:17:30Des sacrifices
00:17:31venus du cœur
00:17:32pour l'amour
00:17:32de cette île
00:17:33au petit cœur.
00:17:33Vous savez quoi ?
00:17:35Cette magnifique ville,
00:17:36ce n'est pas Paris.
00:17:37Mais bel et bien
00:17:38Rouen.
00:17:39Ville de mon enfance.
00:17:46C'est bien.
00:17:47C'est bien.
00:17:47C'est bien.
00:17:47C'est bien.
00:17:48Oui, oui.
00:17:48Franchement,
00:17:49il n'y a pas l'habitude
00:17:49que ça se fasse.
00:17:50C'est bien.
00:17:51C'est bien.
00:17:51C'est bien.
00:17:52Moi, je trouvais que
00:17:53c'est bon, je trouve.
00:17:55Oui, c'est bien.
00:17:56Surtout quand il parle d'émotion.
00:17:58C'est bien.
00:18:02Super.
00:18:03Merci.
00:18:03C'est moi.
00:18:12Merci.
00:18:13Bonne courage.
00:18:14C'est quoi
00:18:14qui a été l'élément déclencheur
00:18:16de pouvoir tourner
00:18:17la page du jour au lendemain ?
00:18:19Malgré des mauvais choix,
00:18:20on peut rebondir,
00:18:21passer à autre chose
00:18:22et puis vraiment
00:18:23toucher du doigt
00:18:24la vraie vie.
00:18:25J'ai vraiment l'impression
00:18:26que je suis dans la vraie vie.
00:18:27Quand j'ai décidé un jour
00:18:28de tourner le doigt
00:18:29à mon passé,
00:18:29de ne plus me trouver
00:18:30de fausses excuses,
00:18:32me dire que si je suis là,
00:18:33c'est ma faute.
00:18:34C'est la faute de personne.
00:18:35Ce n'est pas à cause
00:18:36de mon enfant,
00:18:37ce n'est pas à cause
00:18:37de la violence intrafamiliale.
00:18:39C'est moi qui ai fait
00:18:40ces mauvais choix
00:18:40mais qu'à partir de là,
00:18:42tout est ouvert.
00:18:43C'est moi qui te remercie.
00:18:44Merci.
00:18:44C'est moi qui te remercie.
00:18:50Aujourd'hui,
00:18:51le concours
00:18:51auquel on a assisté
00:18:52est un concours
00:18:53qui, selon moi,
00:18:54participe grandement
00:18:56de ce que nous souhaitons
00:18:57mettre en place,
00:18:58à savoir une prise en charge
00:19:00intelligente
00:19:00qui permet aux détenus
00:19:02de pouvoir,
00:19:04dès le premier jour
00:19:05de détention,
00:19:05peut-être se projeter
00:19:06pour le jour
00:19:07où ils se sortiraient.
00:19:12C'est la confiance en eux
00:19:14et on change
00:19:14de regard sur les gens.
00:19:16Soit je les regarde
00:19:17comme je suis un directeur
00:19:18de l'administration bilancière.
00:19:20Ok, c'est des détenus,
00:19:21je les regarde comme des détenus.
00:19:22Ou alors,
00:19:23je les regarde
00:19:23comme des gens
00:19:24en devenir.
00:19:25L'héritage de Robert Ballinter,
00:19:41les gouvernants actuels
00:19:42en sont assez éloignés
00:19:43puisque c'est une politique
00:19:45d'ordre sécuritaire
00:19:47qui est essentiellement menée
00:19:49avec une surpopulation carcérale
00:19:51dramatique
00:19:52mais qui est assumée
00:19:53en tant que telle
00:19:55par des gouvernements
00:19:56avec des conditions carcérales
00:19:59qui sont tout à fait indignes
00:20:00et cette indignité,
00:20:01elle est actée
00:20:02par la Cour européenne
00:20:03des droits de l'homme.
00:20:04Il y a des cafards
00:20:05dans les cellules,
00:20:07il y a en été
00:20:07une chaleur
00:20:08qui est insupportable.
00:20:11Tous ces éléments
00:20:12sont à l'opposé
00:20:13de ce que prenait
00:20:14Robert Ballinter.
00:20:15Autre combat majeur
00:20:19du garde des Sceaux,
00:20:20le renforcement
00:20:21de l'état de droit.
00:20:23Pour l'adolescent
00:20:24qui a connu
00:20:24les lois indignes
00:20:25du gouvernement de Vichy,
00:20:27nul ne doit être
00:20:28au-dessus des lois.
00:20:30Il supprime
00:20:31les juridictions d'exception.
00:20:33Dès 1981,
00:20:35il fait abroger
00:20:36la Cour de sûreté
00:20:37de l'État.
00:20:38La Cour de sûreté
00:20:39de l'État
00:20:40a été créée
00:20:42dans le contexte
00:20:43des soubresauts
00:20:46qui ont entouré
00:20:49la fin
00:20:51de la guerre d'Algérie.
00:20:53Notamment
00:20:54la journée des barricades
00:20:56en janvier 1960,
00:20:59le putsch d'Alger
00:21:00avec quatre généraux
00:21:03qui en prennent la tête
00:21:04en avril 1961.
00:21:08Une cour
00:21:09composée de magistrats
00:21:11et d'officiers
00:21:11qui, aux yeux
00:21:13de Robert Badinter,
00:21:14n'est pas destinée
00:21:15à juger les terroristes.
00:21:17N'en déplaise
00:21:18à l'opinion
00:21:18et à certains hommes politiques.
00:21:21Robert Badinter
00:21:22le rappelle,
00:21:23le verdict
00:21:24de juré
00:21:24d'une cour d'assises
00:21:25est plus légitime
00:21:27qu'une juridiction politique.
00:21:30Un an plus tard,
00:21:31il ferme aussi
00:21:31les tribunaux permanents
00:21:33des forces armées,
00:21:34des tribunaux militaires
00:21:35qui jugeaient
00:21:36les affaires d'espionnage
00:21:37et de trahison.
00:21:38L'idée que,
00:21:40parce que vous êtes militaire,
00:21:42vous avez droit
00:21:43à des magistrats
00:21:46qui sont militaires
00:21:47et une procédure particulière,
00:21:51ça conduit
00:21:51à l'affaire Dreyfus,
00:21:53si vous voulez.
00:21:53Pour les partisans
00:21:55de l'État de droit,
00:21:56ce n'est pas tolérable.
00:21:56Mais c'est au Parlement,
00:22:00quand il demande
00:22:00l'abolition de la loi
00:22:01Sécurité et Liberté,
00:22:03que Robert Badinter
00:22:04s'attire les foudres
00:22:05d'une partie
00:22:06de l'opinion publique.
00:22:08Il s'en prend
00:22:09à Alain Perfit,
00:22:10son prédécesseur
00:22:11place Vendôme,
00:22:12qu'il juge réactionnaire.
00:22:14Nous assistons
00:22:16depuis la fin des années 1960
00:22:18à une montée préoccupante
00:22:21de la violence.
00:22:22Le gouvernement
00:22:25veut améliorer
00:22:27votre sécurité
00:22:29et vos libertés individuelles.
00:22:32C'était une immense loi
00:22:33de procédure pénale
00:22:34qui était à vocation
00:22:36nettement plus répressive
00:22:37que les lois antérieures.
00:22:39L'idée prônée par Alain Perfit,
00:22:41le garde des Sceaux d'alors,
00:22:43étant que la meilleure prévention
00:22:46de la délinquance,
00:22:47c'est la répression.
00:22:48Au moyen de l'allongement
00:22:49des peines de prison,
00:22:50de renforcement
00:22:51du recours à la détention.
00:22:53Donc c'est le volet punitif
00:22:55qui a servi d'assise
00:22:58à la lutte
00:22:59contre la délinquance.
00:23:01L'inverse
00:23:02de la pensée
00:23:02de Robert Badinter,
00:23:04pour qui la notion
00:23:05de dignité
00:23:06est inséparable
00:23:07de la devise républicaine.
00:23:09Ce combat
00:23:09contre la loi Perfit,
00:23:11il va le mener
00:23:12sans aucun soutien.
00:23:13Cette fois,
00:23:20la charge
00:23:21est virulente.
00:23:273 juin 1983
00:23:29à Paris,
00:23:30l'injure
00:23:30et le képi
00:23:31volent bas.
00:23:32Des policiers
00:23:33devenus manifestants
00:23:34conspuent le ministre
00:23:35de la justice.
00:23:36Pour eux,
00:23:36il est responsable
00:23:37de la mort
00:23:37de deux de leurs camarades,
00:23:39tués quelques jours plus tôt.
00:23:40C'est un vieux thème
00:23:43qui les pousse
00:23:43à protester
00:23:44sur cette place Vendôme.
00:23:45Un thème
00:23:46aussi vieux
00:23:46que les lois elles-mêmes
00:23:47de laxisme,
00:23:49de la justice.
00:23:51Robert Badinter
00:23:52est un homme courageux
00:23:53aussi physiquement,
00:23:54car à cette époque,
00:23:56lui et sa famille
00:23:57n'ont pas été ménagés.
00:23:58S'y ajoutait aussi
00:23:59l'antisémitisme,
00:24:02c'est quelqu'un
00:24:02qui a été sans doute
00:24:03la personne
00:24:05la plus haïe de France.
00:24:08Même dans les rangs
00:24:09de la gauche,
00:24:10son propre camp,
00:24:11il rencontre l'opposition
00:24:12en la personne
00:24:13du ministre de l'Intérieur
00:24:14Gaston Defer,
00:24:16soutenu par François Mitterrand.
00:24:20Robert Badinter
00:24:21voulait une abrogation
00:24:22pure et simple
00:24:23de la loi
00:24:24Sécurité et Liberté.
00:24:25Mais Gaston Defer
00:24:27souhaitait qu'il soit
00:24:28ajouté des dispositions
00:24:29permettant
00:24:30aux forces de police
00:24:31municipales
00:24:33de procéder
00:24:34à des contrôles
00:24:35d'identité.
00:24:37Le fait de devoir
00:24:39se cacher,
00:24:39pendant sa jeunesse,
00:24:41son adolescence,
00:24:42le fait d'avoir
00:24:43changé d'identité,
00:24:45le fait d'avoir peur,
00:24:46tout simplement,
00:24:47de voir décliner
00:24:48son identité,
00:24:49un officier
00:24:50ou un gendarme
00:24:51qui vous la demande,
00:24:52ça a été pour lui
00:24:53un traumatisme
00:24:54personnel
00:24:54qui a conduit
00:24:56à son refus
00:24:58de voir insérer
00:25:00dans la loi
00:25:00des dispositions
00:25:01relatives
00:25:01au contrôle d'identité.
00:25:04Mon père
00:25:04est allé
00:25:05s'enregistrer
00:25:06au commissariat.
00:25:09Là,
00:25:10Maud Pessy
00:25:11signait le registre,
00:25:14les cartes
00:25:15d'identité
00:25:16juif
00:25:17et je le remercie
00:25:18toujours.
00:25:19Il n'a rien dit.
00:25:20J'ai mesuré
00:25:21longtemps après
00:25:22ce que ça pouvait signifier.
00:25:24Il n'a plus jamais
00:25:25été le même.
00:25:27Il était,
00:25:29je voyais bien,
00:25:31à la fois perdu
00:25:32dans les réflexions
00:25:33et,
00:25:34comment dirais-je,
00:25:35il y avait quelque chose
00:25:35de presque,
00:25:37oui,
00:25:38à gare,
00:25:38il n'était plus le même.
00:25:39Intraitable,
00:25:44le garde des Sceaux
00:25:45refuse de porter
00:25:46ce projet de loi
00:25:47devant l'Assemblée nationale
00:25:49et laisse
00:25:50le ministre de l'Intérieur,
00:25:51Gaston Defer,
00:25:52le présenter
00:25:53à sa place.
00:25:55Pour Robert Badinter,
00:25:57toute forme
00:25:58de discrimination
00:25:58est insupportable.
00:26:01En avance
00:26:02sur son temps,
00:26:03il combat
00:26:03une loi
00:26:04qui pénalise
00:26:05les homosexuels
00:26:06depuis le gouvernement
00:26:06de Vichy.
00:26:09Leur majorité
00:26:09sexuelle
00:26:10est fixé
00:26:10à 18 ans
00:26:11contre 15 ans
00:26:12pour les hétérosexuels.
00:26:14Un dossier
00:26:15pour lequel
00:26:16la France
00:26:16ne semble pas prête.
00:26:19Comment jugez-vous
00:26:20les dômes
00:26:20qui aiment les dômes ?
00:26:22Ben,
00:26:23qu'est-ce que vous voulez ?
00:26:23C'est pas normal,
00:26:24c'est un vice, quoi.
00:26:26C'est pas du tout.
00:26:26Vous aimez pas ?
00:26:27Pourquoi ?
00:26:28Je sais pas.
00:26:29T'as vu l'amour
00:26:30à un homme, hein ?
00:26:31Vous ne croyez pas ?
00:26:32Je crois pas.
00:26:34La brogation
00:26:34du délit
00:26:34d'homosexualité,
00:26:36c'est un combat
00:26:37qu'il avait porté
00:26:38comme avocat,
00:26:40comme universitaire
00:26:40dans certains écrits.
00:26:42Il considérait
00:26:43parfaitement discriminatoire
00:26:45de pénaliser
00:26:46les relations homosexuelles.
00:26:49Liberté avec un L majuscule
00:26:51au singulier,
00:26:52liberté avec un L minuscule
00:26:53au pluriel.
00:26:54En 1976,
00:26:57Robert Badinter
00:26:58anime un comité
00:26:59pour la défense
00:26:59des libertés
00:27:00à la demande
00:27:01de François Mitterrand.
00:27:03Dans un ouvrage
00:27:04aux idées nouvelles,
00:27:05il se positionne
00:27:06sur les droits
00:27:06des homosexuels.
00:27:08C'est une société
00:27:09dans laquelle
00:27:09certains,
00:27:11parce qu'ils ont
00:27:11un comportement sexuel
00:27:12différent des autres,
00:27:13font l'objet
00:27:14d'ostracisme
00:27:15ou de défense.
00:27:16Et il était temps
00:27:17de proclamer
00:27:17aussi le droit
00:27:19au corps
00:27:19de tous,
00:27:20y compris
00:27:21des homosexuels
00:27:22qui doivent être
00:27:22traités comme les autres.
00:27:23C'est une série
00:27:24de propositions
00:27:24qui s'enchaînent
00:27:25naturellement.
00:27:28Sa publication
00:27:29vaut à Robert Badinter
00:27:31un attentat
00:27:32à son domicile
00:27:33dans le 6e arrondissement
00:27:34de Paris.
00:27:38Son engagement
00:27:40ne faiblit pas
00:27:40pour autant.
00:27:42Dès 1981,
00:27:43il s'emploie
00:27:44à réaliser
00:27:45une promesse
00:27:46de campagne
00:27:46de François Mitterrand.
00:27:50L'homophobie
00:27:52que Robert Badinter
00:27:52dénonce,
00:27:54Michel Chomara
00:27:55en a souffert
00:27:55dans les années 70.
00:27:57Il habitait
00:27:58alors Lyon.
00:28:05C'est le roi
00:28:06parce qu'on a
00:28:07tout contre soi,
00:28:08contre nous,
00:28:09que ce soit
00:28:10au niveau religieux,
00:28:11au niveau de la loi,
00:28:12à tous les niveaux.
00:28:14On est rejeté,
00:28:15on est marginalisé.
00:28:16Les pédés,
00:28:17on les aime
00:28:17dans les placards.
00:28:19Au Nord,
00:28:20l'OMS
00:28:21nous avait classé
00:28:21malades mentaux,
00:28:23les trois religions
00:28:23mondialistes,
00:28:24je n'en parle pas.
00:28:25Tout était fait
00:28:26pour nous rejeter.
00:28:27En plus,
00:28:28on ne voulait pas
00:28:28construire dans
00:28:28l'espace public,
00:28:29mais non plus
00:28:30dans les bordels,
00:28:31dans les saunas,
00:28:32dans les bars.
00:28:33Les descentes de police
00:28:34dans les arrières
00:28:35salles des bars,
00:28:37par exemple,
00:28:38dans les saunas,
00:28:39étaient fondées
00:28:41sur l'outrage public
00:28:41à la pudeur,
00:28:42alors même
00:28:43qu'il n'y avait
00:28:44aucun outrage public.
00:28:45Mais bon,
00:28:46on étendait
00:28:47la notion de public
00:28:47quand c'était
00:28:48concernant les homosexuels.
00:28:50C'est une façon
00:28:51de continuer
00:28:52à poursuivre
00:28:54les homosexuels.
00:28:56Une affaire
00:28:57fait grand bruit
00:28:57en 1976,
00:28:59celle du Manhattan.
00:29:03Du nom
00:29:03d'un bar parisien
00:29:05que fréquente régulièrement
00:29:06Michel Chomara.
00:29:06C'était un lieu
00:29:10hyper discret,
00:29:12le Manhattan.
00:29:13C'était un dimension
00:29:13mineur,
00:29:15c'était des gens
00:29:15plutôt d'un âge mûr.
00:29:16À l'époque,
00:29:17j'avais 29 ans.
00:29:18Il fallait un dress code,
00:29:20il y avait un judo,
00:29:21il n'y avait
00:29:21aucune signalétique
00:29:22extérieure.
00:29:24Un soir,
00:29:25on s'amusait,
00:29:27on était, je ne sais pas,
00:29:27moins de trentaine,
00:29:29et d'un coup,
00:29:30la lumière s'éclaire
00:29:31et on a chanté
00:29:32en police.
00:29:33Nous sommes aperçus
00:29:34qu'il y avait déjà
00:29:34des policiers à l'intérieur.
00:29:35Après,
00:29:37on est monoté,
00:29:39on est emmené
00:29:39dans des paniers à salade
00:29:40jusqu'au tromps,
00:29:42c'est ce qu'il y a
00:29:42des orphèmes.
00:29:43L'année suivante,
00:29:45Michel Chomara
00:29:46passe en jugement
00:29:47à Paris.
00:29:49Ils sont dix hommes
00:29:51à être poursuivis
00:29:52pour outrage public
00:29:53à la pudeur.
00:29:57Il y avait
00:29:58des distributions
00:29:59de tracts,
00:29:59tous les intellectuels
00:30:00ont pris position,
00:30:02tous les écrivains,
00:30:03tous les artistes.
00:30:04C'était une affaire
00:30:05très, très politisée.
00:30:08On est tous condamnés,
00:30:09les dix,
00:30:10mais il y a très peu
00:30:11de gens qui font appel.
00:30:12Mais moi,
00:30:12je fais appel tout de suite
00:30:13parce que je n'ai pas
00:30:13accepté dès le départ.
00:30:15Je trouvais tout ça
00:30:16complètement dingue.
00:30:19Comment être accusé
00:30:22d'outrage public
00:30:22dans un lieu privé,
00:30:24confiné,
00:30:26avec tout un tas
00:30:27de contrôle ?
00:30:29Michel Chomara
00:30:31perd en appel,
00:30:32se pourvoit
00:30:33en cassation,
00:30:34mais sa condamnation
00:30:35est confirmée.
00:30:37Tout change
00:30:38lorsque François Mitterrand
00:30:40avec Robert Badinter
00:30:41décide de gracier
00:30:43tous les homosexuels
00:30:44condamnés
00:30:44depuis Vichy,
00:30:46dont Michel Chomara.
00:30:47Fin 1981,
00:30:51une proposition de loi
00:30:52de dépénalisation
00:30:53de l'homosexualité
00:30:54est portée
00:30:55par les députés
00:30:56Gisèle Halimi
00:30:57et Raymond Forny.
00:31:01Robert Badinter
00:31:02est au travail.
00:31:04Il vient d'abolir
00:31:05la peine de mort.
00:31:06Il représente
00:31:07une autorité morale
00:31:08importante.
00:31:10Et en même temps,
00:31:11pour moi,
00:31:12sociologue du droit,
00:31:13il est le représentant
00:31:14d'une conception
00:31:16de l'État de droit
00:31:17qu'il essaye
00:31:18de faire partager
00:31:19au plus grand nombre.
00:31:21Robert Badinter
00:31:22aurait pu
00:31:23ne pas s'engager.
00:31:24C'est une proposition
00:31:25de loi
00:31:26portée par des parlementaires.
00:31:29En réalité,
00:31:30il a fait
00:31:31à cette occasion
00:31:32l'un des plus beaux
00:31:34discours
00:31:35qu'il ait prononcé.
00:31:37Et je le dis
00:31:38d'autant plus
00:31:39volontiers
00:31:40que
00:31:41j'ai fait
00:31:42une première version
00:31:43de ce discours
00:31:45et que
00:31:46cette version
00:31:48devait manquer
00:31:50de souffle,
00:31:53de conviction
00:31:53ou de talent
00:31:55d'écriture,
00:31:58enfin,
00:31:58je n'en sais rien,
00:31:59ou des trois,
00:32:00peut-être.
00:32:03La parole est à
00:32:04M. Le Garde des Sceaux,
00:32:06ministre de la Justice.
00:32:08Cette discrimination
00:32:09et cette répression-là
00:32:12sont incompatibles
00:32:14avec nos principes,
00:32:16ceux d'un grand
00:32:16pays de liberté.
00:32:19Il n'est que temps
00:32:20d'ailleurs
00:32:21de prendre conscience
00:32:23de tout
00:32:24ce que la France
00:32:25doit
00:32:25aux homosexuels
00:32:27comme à tous
00:32:28ses autres citoyens
00:32:29d'enfants de domaine.
00:32:31C'est là
00:32:33qu'on voit
00:32:33ce qu'était
00:32:34l'écriture
00:32:36au propre
00:32:37et au figuré
00:32:38de Robert Badinter
00:32:39et c'est là
00:32:40qu'on voit
00:32:41qu'il payait
00:32:41de sa personne.
00:32:43C'est sa plume
00:32:44et qui reflète
00:32:46une évidente conviction.
00:32:49Le moment est venu
00:32:50pour l'Assemblée
00:32:52d'en finir
00:32:53avec
00:32:54des discriminations
00:32:55comme avec
00:32:56toutes les autres
00:32:57qui pourraient
00:32:58subsister encore
00:32:59dans notre société
00:33:00car elles sont
00:33:01en vérité
00:33:03indignes
00:33:03de la France.
00:33:07On a une reconnaissance
00:33:08de l'État.
00:33:10On n'est plus
00:33:11des marginaux,
00:33:12des maladementaux,
00:33:14etc.
00:33:15Un seul coup,
00:33:15il y a une prise de conscience
00:33:16par un homme
00:33:17qui reverbe à la terre.
00:33:19Je dis bravo l'artiste.
00:33:21Les députés
00:33:23de droite
00:33:23votent contre,
00:33:24la gauche
00:33:25majoritaire
00:33:26vote pour.
00:33:28La loi
00:33:28est promulguée.
00:33:29Mais le combat
00:33:31de Robert Badinter
00:33:31ne s'arrête pas là.
00:33:33En 1998,
00:33:35il est sénateur.
00:33:36Les débats
00:33:37sur le pacte
00:33:38d'union civile,
00:33:39le PACS,
00:33:40font rage.
00:33:41Une grande partie
00:33:42de la France
00:33:43est dans la rue.
00:33:48Il y a eu
00:33:49à l'époque
00:33:49une opposition
00:33:50tellement virulente,
00:33:52on est toujours étonnés
00:33:53quand on voit
00:33:53des archives.
00:33:54et la famille,
00:33:54c'est vraiment
00:33:55un homme et une femme
00:33:56et c'est comme ça
00:33:58qu'on peut considérer.
00:34:01Ce prétexte
00:34:01de compassion,
00:34:02d'ouverture,
00:34:04on déstabilise
00:34:05notre société.
00:34:07Sans tenir compte
00:34:09de ces manifestations
00:34:10de haine,
00:34:11Robert Badinter
00:34:11interpelle le Sénat,
00:34:13appelant à une reconnaissance
00:34:14juridique
00:34:15des couples homosexuels.
00:34:17Il y a
00:34:19des concubins
00:34:20hétérosexuels
00:34:21et c'est la grande majorité.
00:34:23Et il y a
00:34:24un concubinage homosexuel.
00:34:26Depuis l'Antiquité,
00:34:28depuis plus de 20 siècles,
00:34:29on définit
00:34:30chez nous
00:34:31un couple
00:34:31comme étant
00:34:32nécessairement formé
00:34:33d'un homme et d'une femme.
00:34:34Et donc,
00:34:35d'un point de vue juridique,
00:34:37celui qui va mettre fin
00:34:39à cette définition
00:34:40pluriséculaire du couple,
00:34:42qui va faire
00:34:43entrer le couple
00:34:44de même sexe
00:34:44dans le droit,
00:34:45c'est Robert Badinter.
00:34:47Il le fait
00:34:47en proposant
00:34:48tout simplement
00:34:49un amendement
00:34:50au projet de loi
00:34:51qui n'a l'air de rien.
00:34:52C'est un amendement
00:34:53sur le concubinage.
00:34:55Et donc,
00:34:55la loi va s'appeler
00:34:56loi sur le paxe
00:34:57et le concubinage.
00:34:58Et il est temps
00:34:59de le reconnaître,
00:35:00expressis verbis.
00:35:02Ça ne sert à rien,
00:35:04ces précautions,
00:35:05sauf à laisser entendre
00:35:07que l'on s'y résigne.
00:35:09Dans le droit français,
00:35:11un homme
00:35:11et un autre homme
00:35:12qui s'aiment
00:35:12ou une femme
00:35:13et une autre femme
00:35:13qui s'aiment
00:35:14forment désormais
00:35:15des couples.
00:35:17En inscrivant
00:35:19le couple homosexuel
00:35:20dans la loi,
00:35:21Robert Badinter
00:35:22rendra possible,
00:35:24des années plus tard,
00:35:25le mariage pour tous.
00:35:26Cette cause,
00:35:32il la défendra
00:35:33toute sa vie.
00:35:35Aujourd'hui encore,
00:35:37nous n'en prenons pas
00:35:38assez conscience
00:35:39des hommes
00:35:40et des femmes,
00:35:42mais surtout
00:35:42des hommes adultes
00:35:43qu'on s'entend,
00:35:44maîtres de leur corps,
00:35:46sont poursuivis,
00:35:46condamnés
00:35:47et parfois
00:35:48à mort
00:35:49dans un certain
00:35:50nombre de pays
00:35:51et je dirais
00:35:52dans une
00:35:52trop grande indifférence.
00:35:54et à chaque fois
00:35:55qu'ainsi
00:35:55j'apprends
00:35:56qu'il y a
00:35:56une exécution,
00:35:58une flagellation
00:35:59de hommes
00:36:01condamnés
00:36:02pour homosexualité,
00:36:03je suis révolté
00:36:05non seulement
00:36:05de ce qui advient
00:36:06mais du silence
00:36:08qui entoure
00:36:08ces persécutions
00:36:09abominables.
00:36:16Chaque fois,
00:36:17Robert Badinter
00:36:18se place du côté
00:36:19des plus vulnérables.
00:36:21Ainsi,
00:36:22la loi Badinter
00:36:23de 1985,
00:36:25seule loi
00:36:25à porter son nom,
00:36:27protège les victimes
00:36:28d'accidents de la route
00:36:29et fixe les conditions
00:36:31de leur indemnisation.
00:36:32Il écrit aussi
00:36:33une bible
00:36:34du droit des victimes.
00:36:35Mais son champ
00:36:39d'action
00:36:40ne se limite
00:36:41pas aux frontières
00:36:42françaises.
00:36:44Inlassablement,
00:36:45il lutte
00:36:45pour l'abolition
00:36:46universelle
00:36:47de la peine capitale
00:36:48et participe
00:36:49à la mise en place
00:36:50de cours
00:36:51de justice
00:36:52internationales.
00:36:53On ne le sait pas
00:36:56assez,
00:36:56à mon avis,
00:36:57que la création
00:36:59du tribunal pénal
00:36:59international
00:37:00pour l'ex-Yougoslavie
00:37:02tient dans une très large
00:37:04mesure
00:37:05à Robert Badinter
00:37:06et à une équipe
00:37:07de personnes
00:37:08avec lesquelles
00:37:09il travaillait.
00:37:11Ce tribunal
00:37:12permettra de juger
00:37:13et de condamner
00:37:14plusieurs accusés
00:37:15pour crimes de guerre
00:37:16et crimes contre l'humanité.
00:37:19Un aboutissement
00:37:20pour Robert Badinter
00:37:21qui n'a jamais oublié
00:37:23son enfance
00:37:23sous l'occupation
00:37:24et l'injustice
00:37:26qui lui a été faite.
00:37:28En France,
00:37:29il mène sans répit
00:37:30son combat
00:37:31pour la mémoire.
00:37:33Par deux fois,
00:37:34il affronte
00:37:35le militant négationniste
00:37:36Robert Faurisson
00:37:37au tribunal.
00:37:40Une première fois
00:37:40en 1981,
00:37:42c'est sa dernière
00:37:43plaidoirie
00:37:43en tant qu'avocat.
00:37:45Ce professeur
00:37:46avait soutenu
00:37:47que les chambres à gaz
00:37:48et que le génocide
00:37:48du peuple juif
00:37:49pendant la dernière
00:37:50guerre mondiale
00:37:51n'existaient pas.
00:37:51une seconde fois
00:37:53lorsque Robert Faurisson
00:37:55l'attaque
00:37:55pour diffamation.
00:37:57Robert Badinter
00:37:58qui a accusé
00:37:59le pseudo-historien
00:38:00d'être un faussaire
00:38:01de l'histoire
00:38:02gagne son procès.
00:38:08Robert Badinter
00:38:09ne partageait pas
00:38:10son histoire personnelle.
00:38:11Elle va ressurgir
00:38:12en 1983
00:38:13lorsque son conseiller
00:38:17apprend l'extradition
00:38:18par la Bolivie
00:38:19du criminel nazi
00:38:20Klaus Barbie
00:38:21qui sera le premier
00:38:22à être jugé en France
00:38:24pour crime contre l'humanité.
00:38:25J'ai appelé Robert Badinter
00:38:31qui tout de suite
00:38:32m'a posé la question
00:38:34de ce qu'il y avait
00:38:36dans le mandat d'arrêt
00:38:37international de Barbie.
00:38:38Il y avait notamment
00:38:46l'arrestation
00:38:47des enfants d'Isieux
00:38:49et après
00:38:52la rafle
00:38:53de la rue
00:38:54Sainte-Catherine
00:38:56à Lyon.
00:38:59Et là
00:38:59en lui citant
00:39:03les rubriques
00:39:04du mandat d'arrêt
00:39:05international
00:39:06je comprends
00:39:09que j'ai touché
00:39:10une zone
00:39:11extrêmement sensible.
00:39:14Il me dit
00:39:15dans un souffle
00:39:16mon père
00:39:17a été arrêté
00:39:18ce jour-là.
00:39:23L'enfance
00:39:24et l'adolescence
00:39:25de Robert Badinter
00:39:25sont restés
00:39:27à mes yeux
00:39:29un des secrets
00:39:31les mieux gardés
00:39:33de sa vie.
00:39:36Robert Badinter
00:39:37fait incarcérer
00:39:38Claude Barbie
00:39:38à la prison
00:39:39de Montluc
00:39:40à Lyon
00:39:41lieu de détention
00:39:43effroyable
00:39:43pendant la guerre
00:39:44et antichambre
00:39:45de la déportation.
00:39:48Le garde des Sceaux
00:39:49comprend l'importance
00:39:50du procès
00:39:50pour les générations futures
00:39:52et fait voter
00:39:53une loi
00:39:54pour la création
00:39:55d'archives audiovisuelles
00:39:56de la justice.
00:39:58Pour la première fois
00:39:59ce procès
00:40:00sera filmé
00:40:00et une vingtaine
00:40:01d'autres
00:40:02à sa suite.
00:40:03Le projet de loi
00:40:04a été déposé
00:40:05dans ce souci
00:40:06de garder la mémoire
00:40:07et aujourd'hui
00:40:08je crois que c'est
00:40:09très important
00:40:10pour l'histoire.
00:40:11En 1997
00:40:15au Sénat
00:40:16Robert Badinter
00:40:17poursuit son travail
00:40:18pour la mémoire
00:40:19des victimes
00:40:20de la seconde guerre mondiale.
00:40:21La parole est à monsieur
00:40:22Robert Badinter
00:40:23rapporteur
00:40:25de la commission
00:40:25des lois.
00:40:26Il propose
00:40:27d'ériger un monument
00:40:28qui rende hommage
00:40:29aux résistants
00:40:30et otages
00:40:31fusillés par les nazis
00:40:33au Mont-Valérien.
00:40:33Cette proposition
00:40:37loi
00:40:38elle est un acte
00:40:40de piété
00:40:40de mémoire
00:40:43elle exprime
00:40:44un ultime hommage
00:40:46que nous tenons
00:40:48à rendre
00:40:48aux héros
00:40:50qui ont donné
00:40:51leur vie
00:40:52pour que
00:40:53la France
00:40:54soit libre
00:40:55et cela
00:40:56aux heures
00:40:58les plus noires
00:40:59de l'occupation.
00:41:00Au cœur
00:41:02de ce site
00:41:02vous avez
00:41:03la clairière
00:41:04des fusillés.
00:41:06Or
00:41:06nulle part
00:41:07dans le site
00:41:08ne sont inscrits
00:41:10les noms
00:41:11de ceux
00:41:13qui connurent là
00:41:14l'ultime sacrifice.
00:41:16Ce ne sont pourtant pas
00:41:17des morts anonymes.
00:41:19C'est ce
00:41:20voile
00:41:21silence
00:41:23d'oubli
00:41:23que nous vous demandons
00:41:25de lever.
00:41:25Applaudissements
00:41:27Georges
00:41:52est le fils
00:41:52de Joseph Epstein
00:41:53juif polonais
00:41:56qui a fui les persécutions
00:41:57antisémites
00:41:58dans son pays
00:41:59et figure majeure
00:42:00de la résistance
00:42:01à Paris
00:42:02pendant l'occupation.
00:42:05J'ai toujours
00:42:06posé la même question
00:42:07à ma mère
00:42:07qu'est-ce que mon père
00:42:09a fait en tant que résistant ?
00:42:10Je n'ai eu
00:42:11une seule réponse
00:42:12nous n'avons fait
00:42:13que ce que nous
00:42:14estimions juste.
00:42:17Arrêté par les nazis
00:42:18avec Missak Manouchian
00:42:20dont il était
00:42:21le supérieur
00:42:21Joseph Epstein
00:42:23a été fusillé
00:42:24au Mont Valérien
00:42:25en 1944.
00:42:28Georges
00:42:28avait deux ans
00:42:29et demi.
00:42:31Ici,
00:42:31on est dans
00:42:32la clairière
00:42:32du Mont Valérien
00:42:34et c'est là
00:42:36où étaient
00:42:37fusillés
00:42:38les futurs
00:42:39condamnés.
00:42:45C'est là
00:42:46que mon père
00:42:46a été fusillé.
00:42:48C'est là
00:42:48qu'il a passé
00:42:49les derniers moments
00:42:50de sa vie.
00:42:52Chaque fois
00:42:52que je reviens ici
00:42:53et pourtant
00:42:54je reviens souvent
00:42:55je reviens
00:42:56plus de dix fois par an
00:42:57donc ce n'est pas
00:42:58une surprise
00:42:59mais il n'empêche
00:43:00qu'à chaque fois
00:43:01j'ai la gorge serrée
00:43:02et pour moi
00:43:03je revois
00:43:05le peloton
00:43:05d'exécution
00:43:06comme si j'avais
00:43:07été présent.
00:43:11Il n'existe
00:43:12que trois photos
00:43:12des exécutions
00:43:13au Mont Valérien.
00:43:15Elles ont été prises
00:43:16le 21 février
00:43:171944.
00:43:18on y reconnaît
00:43:20les résistants
00:43:21francs-tireurs
00:43:22et partisans
00:43:22de la main-d'oeuvre
00:43:23immigrée
00:43:24que Joseph Epstein
00:43:25avait sous sa responsabilité.
00:43:301008 hommes
00:43:31ont été fusillés
00:43:32par les nazis
00:43:33au Mont Valérien
00:43:33parce qu'ils étaient
00:43:34résistants
00:43:35juifs
00:43:36communistes
00:43:37opposants au nazisme
00:43:39ou simples otages.
00:43:41Alors là,
00:44:01on arrive devant
00:44:02le centre
00:44:03du parcours
00:44:04des fusillés,
00:44:05c'est la cloche.
00:44:06on a un peu plus
00:44:08de mille noms
00:44:09et on a
00:44:10toutes les tendances
00:44:11de la résistance.
00:44:16C'est là
00:44:17que j'ai rencontré
00:44:18pour la première fois
00:44:18Robert Bazasséa.
00:44:19« Epstein, Joseph,
00:44:36c'est mon père »
00:44:37et si on cherche
00:44:39la date,
00:44:40voilà,
00:44:4111 avril 1944.
00:44:44Je vous avoue
00:44:44que chaque fois
00:44:45que je viens,
00:44:47je touche
00:44:48le nom de mon père.
00:44:52C'est une façon
00:44:52de me retrouver
00:44:53avec lui.
00:44:55Je ne l'ai pas connu
00:44:56mais il est là.
00:44:57Moi,
00:44:58je remercie
00:44:58Robert Bazasséa
00:44:59parce que
00:45:00je n'avais pas
00:45:01de lieu
00:45:02où je pouvais
00:45:02me recueillir
00:45:03où il y avait
00:45:04le nom de mon père.
00:45:06Là,
00:45:06on peut rendre
00:45:07un hommage public.
00:45:13Ici,
00:45:14on est devant
00:45:15la chapelle
00:45:16où étaient
00:45:17enfermés
00:45:17les fusillés
00:45:18en attendant
00:45:19leur exécution.
00:45:21Ils avaient le temps
00:45:22d'écrire
00:45:22leur dernière pensée.
00:45:25Et les murs
00:45:26de la chapelle
00:45:26étaient couverts
00:45:27de graffiti.
00:45:30Quand j'étais gamin,
00:45:32j'ai passé
00:45:32des après-midi
00:45:33entières
00:45:33à chercher
00:45:34le graffiti
00:45:35de mon père.
00:45:36je ne l'ai pas
00:45:37trouvé
00:45:38parce qu'il
00:45:38n'en avait
00:45:38pas laissé
00:45:39et j'ai découvert
00:45:40sa dernière lettre
00:45:41donc il n'avait
00:45:42pas besoin
00:45:42de graffiti.
00:45:43mon petit microbe
00:45:47chéri,
00:45:48mon fils,
00:45:50quand tu seras
00:45:50grand,
00:45:51tu liras
00:45:52cette lettre
00:45:52de ton papa.
00:45:54Il l'a écrit
00:45:54trois heures avant
00:45:55de tomber
00:45:56sous les balles
00:45:57du peloton
00:45:57d'exécution.
00:45:59Je t'aime tellement
00:46:00mon petit garçon,
00:46:01tellement,
00:46:02tellement.
00:46:03Je te laisse
00:46:04seul
00:46:04avec ta petite
00:46:05maman chérie.
00:46:06aime-la
00:46:08par-dessus
00:46:09tout.
00:46:10Obéis à ta
00:46:11maman,
00:46:11ne lui cause
00:46:12jamais de chagrin.
00:46:13Elle a tellement
00:46:14déjà souffert,
00:46:16donne-lui tellement
00:46:16de bonheur,
00:46:17de joie.
00:46:20Mes derniers
00:46:21instants,
00:46:22je ne pense qu'à
00:46:23toi, mon petit garçon
00:46:24chéri,
00:46:25et à ta maman
00:46:25bien-aimée.
00:46:27Soyez heureux,
00:46:28soyez heureux
00:46:29dans un monde
00:46:30meilleur,
00:46:31plus humain.
00:46:32vous dit encore
00:46:34tout mon amour.
00:46:36Vive la France,
00:46:37vive la liberté.
00:46:40Celui qui s'appelle
00:46:41alors Georges Dufault
00:46:43rencontre Robert Badinter
00:46:45une seconde fois.
00:46:46Il lui demande
00:46:47de l'aider
00:46:48à porter le nom
00:46:49de famille
00:46:49de son père.
00:46:51Car à la naissance,
00:46:53Joseph Epstein
00:46:53l'a déclaré
00:46:54sous le nom
00:46:54d'un camarade
00:46:55de résistance.
00:46:57Mon père,
00:46:58il sait
00:46:59que les nazis
00:47:01exterminent
00:47:01mais les gens
00:47:02d'origine juive.
00:47:03Donc volontairement,
00:47:05il me déclare
00:47:05sous le nom
00:47:06de Dufault.
00:47:07Je rencontre
00:47:07Robert Badinter
00:47:08et je lui explique
00:47:09mon cas.
00:47:11Je lui explique
00:47:11pourquoi je m'appelle
00:47:12Dufault
00:47:13et que je veux
00:47:14m'appeler
00:47:14Georges Epstein.
00:47:16Il me dit
00:47:17pas de problème,
00:47:18je vais vous mettre
00:47:19en relation
00:47:19avec des juristes
00:47:21qui interviennent
00:47:25au Conseil d'État.
00:47:27Le Conseil d'État
00:47:28lui propose
00:47:29d'accoler
00:47:29le nom de son père
00:47:30à son patronyme
00:47:31de naissance.
00:47:32C'est formidable.
00:47:35J'ai dit oui
00:47:35tout de suite.
00:47:37D'où mon nouveau nom,
00:47:37je m'appelle
00:47:38Georges Dufault
00:47:38Epstein.
00:47:40J'ai eu l'occasion
00:47:41de remercier
00:47:42Robert Badinter
00:47:43parce que pour moi,
00:47:44ce qu'il m'a aidé
00:47:45à faire,
00:47:46c'était extrêmement important
00:47:47et je lui ai écrit
00:47:49pour lui dire
00:47:50mon père
00:47:51est revenu
00:47:52sur la place publique.
00:47:53Je le dois
00:47:54à Robert Badinter.
00:47:55sans lui,
00:47:57je ne sais pas
00:47:58si on connaîtrait
00:47:59encore le nom
00:47:59de Joseph Epstein.
00:48:03Il est bon
00:48:03que les jeunes générations
00:48:05mesurent que ce furent
00:48:08des femmes
00:48:08et des hommes
00:48:10qui étaient ainsi
00:48:12animés
00:48:13des convictions
00:48:14politiques
00:48:15diverses
00:48:17et philosophiques
00:48:18ou religieuses
00:48:19différentes,
00:48:20mais qui tous
00:48:21étaient unis
00:48:23dans le même amour
00:48:24de la France
00:48:25et de la liberté
00:48:27qui ont donné là
00:48:28leur vie
00:48:29pour qu'eux-mêmes
00:48:31puissent vivre libres.
00:48:38En luttant
00:48:39contre une justice
00:48:40qui tue
00:48:41ou déshumanise
00:48:42au nom de la république
00:48:44qui les met tant,
00:48:45Robert Badinter
00:48:46a défendu
00:48:47la liberté des Français
00:48:48et tenté
00:48:49de les protéger
00:48:50des fracas
00:48:50de l'histoire.
00:48:53Nous avons photographié
00:48:55des objets
00:48:55qu'il gardait
00:48:56près de lui
00:48:56dans son bureau
00:48:57lorsqu'il était au travail
00:48:59et qui résument
00:49:00son parcours
00:49:01et son héritage.
00:49:05Un modèle de guillotine
00:49:07d'après le peintre Durer,
00:49:10le scellé
00:49:13de l'abolition
00:49:14de la peine de mort,
00:49:15deux cuillères
00:49:25rouillées,
00:49:27une qu'il a ramassée
00:49:28au camp d'extermination
00:49:29d'Auschwitz-Birkenau,
00:49:31l'autre
00:49:31qui lui a été donnée
00:49:32au camp d'internement
00:49:33de Rivesalt.
00:49:36Deux pierres
00:49:37provenant du mur
00:49:38du ghetto de Varsovie.
00:49:39Un tableau
00:49:44que son père
00:49:44Simon Badinter
00:49:45avait acheté
00:49:46représentant
00:49:49une assemblée
00:49:50de juifs pieux.
00:49:55Et surtout,
00:49:56le décret
00:49:57de naturalisation
00:49:58de son père
00:49:59qui avait été
00:50:00si fier
00:50:01de devenir français.
00:50:02Je venais
00:50:10d'avoir 17 ans
00:50:11quand la guerre
00:50:12s'est finie
00:50:13et j'étais un adulte.
00:50:15J'étais un adulte.
00:50:17L'absence,
00:50:18l'angoisse,
00:50:19jamais de nouvelles
00:50:19de votre père.
00:50:21Ma mère
00:50:21surmontant tout
00:50:23parce qu'elle avait
00:50:24un caractère d'acier
00:50:25mais rongé
00:50:26par la guerre.
00:50:28L'angoisse
00:50:29dans la nuit
00:50:30quand une voiture
00:50:31passait,
00:50:31on arrêtait
00:50:32tous dans la cuisine
00:50:34le temps qu'elle passe.
00:50:36Oui,
00:50:36j'étais devenu
00:50:37un adulte.
00:50:40J'ai traversé
00:50:41à toute vitesse
00:50:42l'enfance
00:50:43et l'adolescence
00:50:44pour devenir
00:50:45un adulte.
00:50:46J'étais prêt
00:50:47pour la vie.
00:50:47Panthéonisé
00:51:01moins de deux ans
00:51:02après sa mort,
00:51:02Robert Badinter
00:51:03restera à jamais
00:51:04associé
00:51:05à l'abolition
00:51:06de la peine de mort
00:51:07en France.
00:51:07Mais ce documentaire
00:51:09de Dominique Missica
00:51:10et Bethsabé Zarka
00:51:12vient donc
00:51:12de nous en apprendre
00:51:13beaucoup plus
00:51:14sur son itinéraire
00:51:15et ses engagements
00:51:16et nous allons y revenir
00:51:18maintenant avec nos invités
00:51:19présents aujourd'hui
00:51:20sur ce plateau
00:51:20de débat doc.
00:51:21Dominique Missica
00:51:22est avec nous.
00:51:23Bienvenue à vous.
00:51:24Vous êtes donc la co-auteur
00:51:24de ce documentaire.
00:51:26Vous êtes historienne
00:51:27et l'on vous doit aussi
00:51:28Robert Badinter,
00:51:29l'homme juste,
00:51:30un ouvrage co-écrit
00:51:30avec Maurice Safran
00:51:31et disponible
00:51:33chez Talendier.
00:51:34On va revenir
00:51:34très longuement
00:51:35bien entendu
00:51:36sur le contenu
00:51:37de votre film.
00:51:38Jacques Attalit
00:51:38également avec nous.
00:51:39Bienvenue.
00:51:40Vous êtes écrivain,
00:51:41économiste,
00:51:41ancien conseiller spécial
00:51:42de François Mitterrand
00:51:43à l'Elysée.
00:51:44C'était entre 1981
00:51:46et 1991.
00:51:48Merci d'avoir accepté
00:51:49notre invitation
00:51:50pour rendre hommage
00:51:51à Robert Badinter,
00:51:53panthéonisé
00:51:54donc moins de deux ans
00:51:55après son décès.
00:51:58Peut-être un mot
00:51:59sur l'homme
00:51:59pour commencer,
00:52:00Robert Badinter.
00:52:01Finalement,
00:52:02il en est dit
00:52:02assez peu de choses
00:52:03et c'est difficile
00:52:04de définir
00:52:05la personnalité
00:52:06d'un homme
00:52:07comme Robert Badinter
00:52:07dans un film
00:52:08comme celui-là.
00:52:09Vous l'avez rencontré
00:52:10quand et qu'est-ce
00:52:12que vous avez ressenti
00:52:12la première fois
00:52:13où vous avez rencontré
00:52:14Robert Badinter ?
00:52:15Dire que j'ai été impressionnée,
00:52:17c'est peu de le dire.
00:52:19À ce point ?
00:52:20Ah oui, oui,
00:52:21parce qu'il a une présence
00:52:23et une éloquence
00:52:25tellement naturelle
00:52:27que...
00:52:28Et puis c'est l'homme
00:52:28qui a permis
00:52:29l'abolition
00:52:30de la peine de mort
00:52:31en France.
00:52:31Donc, je ne sais pas,
00:52:32il y a un immense respect.
00:52:34Mais j'ai été aussi
00:52:35très séduite
00:52:36d'emblée
00:52:37par son humour,
00:52:39sa gentillesse,
00:52:42parce que je venais
00:52:42le voir
00:52:43parce qu'il avait été
00:52:45l'avocat,
00:52:46il avait été le collaborateur
00:52:47d'Henri Torres,
00:52:49ténor du barreau
00:52:50dans les années 50-60,
00:52:53qui lui-même
00:52:54avait été
00:52:54le premier mari
00:52:55de Jeanne Blum,
00:52:58qui avait épousé
00:52:58en troisième noce
00:52:59Léon Blum.
00:53:00Et donc,
00:53:01j'étais venue lui demander
00:53:02s'il avait des archives
00:53:03à me confier
00:53:05et il m'a brossé
00:53:07le portrait
00:53:07d'Henri Torres,
00:53:08qui était son maître,
00:53:09son mentor,
00:53:10qui lui a appris
00:53:11ce que c'est
00:53:11que de plaider
00:53:12parce que ça m'avait
00:53:13beaucoup frappée.
00:53:14Il l'avait dit d'emblée,
00:53:16il aurait préféré
00:53:16être professeur de droit.
00:53:18En fait,
00:53:18ce qui l'intéressait,
00:53:19c'était la sociologie,
00:53:21le droit.
00:53:22Ce n'était pas le temps
00:53:22de devenir avocat.
00:53:24Mais au lendemain
00:53:24de la guerre,
00:53:25orphelin,
00:53:26il lui faut gagner sa vie,
00:53:28donc il va débuter
00:53:29comme avocat.
00:53:30Et celui qui va être
00:53:31son mentor,
00:53:34c'est Henri Torres.
00:53:35Donc,
00:53:36ce lien entre
00:53:37Henri Torres,
00:53:37Léon Blum
00:53:38et Robert Badinter,
00:53:39tout de suite,
00:53:40c'est noué
00:53:40une sorte de lien
00:53:42qui a perduré
00:53:43jusqu'à la fin
00:53:44de ses jours.
00:53:46Jacques Attali,
00:53:46vous le rencontrez
00:53:47en 1974,
00:53:48je crois.
00:53:4973, en fait.
00:53:5073.
00:53:51Oui, je l'ai connu
00:53:52de façon...
00:53:52On est en pré-campagne
00:53:53présidentielle
00:53:54pour la présidentielle
00:53:55de 74 ?
00:53:56Je l'ai connu de façon
00:53:56amicale,
00:53:57bien avant la campagne.
00:53:58Et puis,
00:53:59en 74,
00:53:59il n'a pas été
00:54:01très impliqué
00:54:02dans la campagne.
00:54:04Et ensuite,
00:54:05on est devenu
00:54:06très vite des amis.
00:54:07C'était quelqu'un
00:54:07de très gai,
00:54:08très drôle,
00:54:09très bon vivant,
00:54:11qui forment
00:54:13un couple merveilleux
00:54:14avec Elisabeth,
00:54:16qui avait été surtout
00:54:17un avocat d'affaires
00:54:18et un avocat
00:54:21de pénal
00:54:22parce que c'était
00:54:23son combat.
00:54:24Vous avez raison
00:54:25de dire qu'il a joué
00:54:26un rôle dans l'abolition
00:54:27de la peine de mort,
00:54:27mais n'importe qui,
00:54:30garde des Sceaux,
00:54:30aurait fait abolir
00:54:31la peine de mort.
00:54:31Il n'y est pour rien.
00:54:33Celui qui fait abolir
00:54:34la peine de mort,
00:54:34c'est François Mitterrand.
00:54:35J'ai souvent dit
00:54:36qu'une chaise,
00:54:37garde des Sceaux,
00:54:38aurait fait abolir
00:54:38la peine de mort
00:54:39puisque les parlementaires
00:54:40l'auraient voté.
00:54:41Mais il a joué un rôle
00:54:42majeur dans le combat
00:54:44contre la peine de mort
00:54:45avant l'élection
00:54:46et, comme on le dira
00:54:48peut-être tout à l'heure,
00:54:49il n'a été
00:54:50garde des Sceaux
00:54:51que par hasard.
00:54:52François Mitterrand
00:54:53ne voulait pas
00:54:53qu'il le soit
00:54:54à ce moment-là.
00:54:56C'était un homme
00:54:56très chaleureux,
00:54:58très drôle,
00:54:58très gentil,
00:55:01très soucieux
00:55:02de comprendre
00:55:03les autres,
00:55:04de les aider.
00:55:06Il aimait faire la fête
00:55:07et il aimait
00:55:09beaucoup
00:55:10la littérature,
00:55:12la philosophie.
00:55:14Évidemment,
00:55:14avec Elisabeth,
00:55:15il formait un couple
00:55:15qui était un sort
00:55:18de paroxysme
00:55:19de couple intellectuel.
00:55:21Alors,
00:55:21la carrière politique
00:55:22et la relation
00:55:23de Robert Banninter
00:55:24avec la politique,
00:55:25on n'en parle pas
00:55:26beaucoup dans ce documentaire.
00:55:27Est-ce à dire
00:55:28qu'il avait un problème
00:55:28peut-être
00:55:29avec le milieu politique ?
00:55:32Laurent Fabius
00:55:33est le seul responsable
00:55:34politique de Horan
00:55:35à s'exprimer
00:55:36dans ce film,
00:55:37grâce d'ailleurs
00:55:38à l'amitié
00:55:39qu'ont entretenu
00:55:39également les deux hommes.
00:55:40Quand on regarde
00:55:41son parcours,
00:55:41effectivement,
00:55:42il n'a jamais été élu
00:55:43au suffrage universel
00:55:44mais au suffrage indirect.
00:55:45Oui,
00:55:45il a commencé
00:55:46par être battu
00:55:47en 1967
00:55:47aux législatives.
00:55:49À Paris.
00:55:49À Paris.
00:55:50Il avait adhéré
00:55:52à la FGDS.
00:55:54Mais je crois
00:55:54qu'il aimait
00:55:56la politique
00:55:57comme le moyen
00:55:59de faire aboutir
00:56:00ces combats.
00:56:01je ne suis pas sûr
00:56:03qu'en effet
00:56:04il se destinait
00:56:05véritablement
00:56:06à la politique.
00:56:07Sa vocation,
00:56:09c'est le droit
00:56:10et le combat
00:56:10contre l'injustice
00:56:12et pour une justice
00:56:13moderne,
00:56:14humaine,
00:56:15la protection
00:56:16des libertés publiques.
00:56:18Je crois que la politique
00:56:19était pour lui,
00:56:21oui,
00:56:22le moyen
00:56:23d'abord
00:56:24d'avoir un état de droit,
00:56:26bien évidemment,
00:56:27et puis
00:56:28de faire aboutir
00:56:29tous ces combats.
00:56:31C'est un moyen,
00:56:32ce n'est pas une fin
00:56:32à la politique.
00:56:33Absolument,
00:56:34je crois que,
00:56:34d'ailleurs,
00:56:35il a été 5 ans
00:56:36ministre,
00:56:38il a été 9 ans
00:56:39président du Conseil
00:56:40constitutionnel,
00:56:41mais il a été
00:56:42quand même
00:56:4316 ans aussi
00:56:43sénateur.
00:56:44Il a accompli
00:56:45un travail
00:56:45absolument considérable.
00:56:47c'est ça
00:56:47qu'il faut
00:56:49lui reconnaître
00:56:50parce qu'en effet
00:56:51le réduire,
00:56:52et en même temps
00:56:52c'est magnifique
00:56:53parce que son discours
00:56:54pour l'abolition
00:56:56de la peine de mort
00:56:57est resté
00:56:57dans les mémoires
00:56:58et je crois
00:56:59qu'il faudrait
00:56:59quand même rappeler
00:57:00à quel point
00:57:01il est à ce moment-là
00:57:02impopulaire.
00:57:04Alors ça,
00:57:04on va...
00:57:04C'est pour ça
00:57:06que la loi
00:57:08aurait sans doute
00:57:08été votée,
00:57:09mais c'est lui
00:57:09qui a pris les coups.
00:57:10Oui,
00:57:11on va sans doute
00:57:11y revenir.
00:57:12Alors vous l'avez dit,
00:57:12il s'est présenté
00:57:13aux législatives
00:57:14en 67 à Paris,
00:57:16c'est un échec,
00:57:16et il voudra
00:57:17l'investiture aussi
00:57:18pour les municipales
00:57:19en 73 à Dreux,
00:57:21le Parti Socialiste
00:57:22ne lui donnera pas
00:57:22cette investiture,
00:57:23mais en réalité
00:57:24il rencontre Mitterrand
00:57:25à la Convention
00:57:26des institutions républicaines
00:57:27qu'a créé François Mitterrand,
00:57:28qu'a dirigé François Mitterrand
00:57:30au milieu des années 60.
00:57:32Moi je n'étais pas
00:57:32dans cette aventure,
00:57:33j'ai rencontré
00:57:34donc Robert
00:57:34un peu plus tard.
00:57:36Le premier moment
00:57:37où je le vois,
00:57:38c'est véritablement
00:57:39quand il s'implique
00:57:41avec nous
00:57:42dans la suite
00:57:43quand François Mitterrand
00:57:44a été battu
00:57:45et que François Mitterrand
00:57:46lui demande
00:57:47et à moi aussi
00:57:49d'écrire un livre collectif
00:57:51qui s'est appelé
00:57:52Liberté, Liberté
00:57:53où on a réuni
00:57:54un certain nombre
00:57:55d'intellectuels
00:57:56et c'est à ce moment-là
00:57:57que j'ai fait venir
00:57:58comme porte-plume
00:58:00pour tenir
00:58:01la plume
00:58:03un de mes jeunes assistants
00:58:05qui était
00:58:05Laurent Fabius
00:58:06et c'est comme ça
00:58:06que Robert et Laurent
00:58:08se sont rencontrés
00:58:10et puis ensuite...
00:58:11Badinter-Mitterrand
00:58:12parlez-moi
00:58:12de cette relation
00:58:13C'était une amitié
00:58:13d'une grande complicité
00:58:15comme vous savez
00:58:16sans doute
00:58:17il y avait
00:58:18beaucoup de secrets
00:58:18entre eux
00:58:19il y avait
00:58:21une admiration réciproque
00:58:22Robert avait
00:58:23une admiration
00:58:24visible
00:58:25ouverte
00:58:25dite pour François Mitterrand
00:58:27François Mitterrand
00:58:28était beaucoup plus
00:58:29réservé
00:58:30ne disait rien
00:58:30mais...
00:58:31Pourquoi était-il
00:58:32réservé
00:58:32vis-à-vis de Robert
00:58:33Badinter ?
00:58:33Non il n'était pas
00:58:34réservé du tout
00:58:34c'est pas ça du tout
00:58:35que je veux dire
00:58:36il était réservé
00:58:38en général
00:58:39et il n'était pas
00:58:40un admirateur
00:58:41ouvert des gens
00:58:43même s'il les admirait
00:58:44beaucoup
00:58:44donc il était réservé
00:58:45et c'était
00:58:46une relation à trois
00:58:48parce qu'avec
00:58:49Elisabeth aussi
00:58:50ils aimaient beaucoup
00:58:51partir
00:58:52un week-end
00:58:53aller manger des huîtres
00:58:55à Belle-Île
00:58:55ou ailleurs
00:58:57il y avait une vraie
00:58:57relation amicale
00:58:59Oui Robert Badinter
00:59:00disait que François Mitterrand
00:59:01et lui
00:59:02avaient le culte
00:59:03du secret
00:59:04de l'amitié
00:59:05et du secret
00:59:06Il y avait beaucoup
00:59:06de choses qui étaient
00:59:07secrètes évidemment
00:59:08entre eux
00:59:09et cette amitié
00:59:10était très profonde
00:59:11c'est pourquoi d'ailleurs
00:59:13Robert a été très surpris
00:59:14de ne pas être
00:59:15nommé garde des Sceaux
00:59:16Alors on y vient
00:59:17parce qu'effectivement
00:59:18en mai 1981
00:59:20ce n'est pas
00:59:20Robert Badinter
00:59:21qui est nommé
00:59:22garde des Sceaux
00:59:23c'est Maurice Faure
00:59:24et Robert Badinter
00:59:26ne sera nommé
00:59:27à la tête
00:59:28du ministère de la Justice
00:59:29qu'après
00:59:30les législatives
00:59:31de 1981
00:59:33Autrement dit
00:59:34ce n'était pas
00:59:34le premier choix
00:59:35de François Mitterrand
00:59:36Robert Badinter
00:59:36et ensuite
00:59:38évidemment Jacques Attali
00:59:38nous répondra
00:59:39C'est un équilibre
00:59:41c'est un équilibre politique
00:59:42la constitution
00:59:44d'un gouvernement
00:59:45et je pense aussi
00:59:47que François Mitterrand
00:59:49Robert Badinter
00:59:50ne s'est jamais
00:59:51enfin en tout cas
00:59:51ouvertement expliqué
00:59:52à Maurice Safran
00:59:53et à moi
00:59:54je pense qu'il ne le voyait
00:59:56pas
00:59:56ministre
00:59:58je crois que
00:59:59la chose politique
01:00:00Lui il se voyait ministre
01:00:02Je n'en sais rien
01:00:03je n'en sais rien
01:00:04il ne s'est jamais confié
01:00:06il ne s'est jamais confié
01:00:08il s'est venu
01:00:09il l'a pris
01:00:10peut-être
01:00:11Jacques Attali
01:00:12en réalité
01:00:13d'abord tout s'est joué
01:00:15à un moment très important
01:00:17qui est l'émission
01:00:17carte sur table
01:00:19qui a lieu
01:00:19quelques mois avant
01:00:20les élections présidentielles
01:00:21où François Mitterrand
01:00:23confronté à des journalistes
01:00:25qui veulent lui faire dire
01:00:25qu'il est pour l'abolition
01:00:27de la peine de mort
01:00:28alors que les Français
01:00:29étaient majoritairement contre
01:00:31dit dans une phrase célèbre
01:00:34qu'il faudrait retrouver
01:00:35qu'il est contre
01:00:37la peine de mort
01:00:37même si cette abolition
01:00:39est impopulaire
01:00:40et c'est d'ailleurs ça
01:00:41qui fait inverser
01:00:42les sondages
01:00:42et qui le fait élire
01:00:44donc la abolition
01:00:47de la peine de mort
01:00:47a joué un rôle
01:00:48dans l'élection
01:00:48de François Mitterrand
01:00:49quand il est élu
01:00:51il y avait
01:00:52deux postes possibles
01:00:53pour Robert Vanater
01:00:54qui était le président
01:00:57du conseil constitutionnel
01:00:58qui était déterminé
01:00:59à être donné à Daniel Maillère
01:01:01qui le méritait
01:01:02mille fois
01:01:03et le poste
01:01:04de garde des Sceaux
01:01:05comme vous l'avez dit
01:01:06Robert Vanater
01:01:07n'était pas vu
01:01:08par François Mitterrand
01:01:09comme un politique
01:01:09c'était un ami
01:01:11et on nomme pas
01:01:12un ami ministre
01:01:13il n'avait pas
01:01:14d'élu
01:01:16il n'était pas engagé
01:01:17il était assez peu
01:01:18engagé dans la campagne
01:01:19il n'a pas de raison
01:01:20de nommer ministre
01:01:21et il nomme
01:01:23Maurice Faure
01:01:23qui était un ami intime
01:01:24qui était une des deux
01:01:25ou trois personnes
01:01:26qu'il tutoyait
01:01:26même ouvertement
01:01:28chose rare
01:01:29chez François Mitterrand
01:01:30voilà
01:01:30et quand au bout d'un mois
01:01:33je reçois un appel
01:01:35sur ce qu'on appelle
01:01:35l'interministériel
01:01:36de Maurice Faure
01:01:38qui me dit
01:01:39je n'ose pas le dire
01:01:40à François
01:01:40il faut que tu lui dises toi
01:01:41quoi
01:01:42j'ai un poil dans la main
01:01:43je ne peux pas rester
01:01:44je lui dis
01:01:44mais tu ne peux pas faire ça
01:01:45tu vas abolir
01:01:47la peine de mort
01:01:47tu ne peux pas faire ça
01:01:48non non non
01:01:49tu lui dis
01:01:49moi je n'ose pas lui dire
01:01:50tu lui dis
01:01:51donc je
01:01:52j'ouvre la porte
01:01:53je vais le dire
01:01:54à François Mitterrand
01:01:55qui fait ce geste là
01:01:56et c'est comme ça
01:01:57que Robert a été
01:01:58nomi ministre
01:01:58et c'est une chance
01:02:00parce que nous avons eu
01:02:01ainsi un grand ministre
01:02:02qui a pu faire bien plus
01:02:03que l'abolition
01:02:04de la peine de mort
01:02:04je pense d'ailleurs
01:02:05que c'est lui
01:02:06qui a obtenu
01:02:06que le Sénat vote
01:02:08l'abolition de la peine de mort
01:02:09qui aurait été voté
01:02:10sans le Sénat
01:02:10mais c'est lui
01:02:11qui obtient le vote
01:02:12du Sénat
01:02:12ce qui est quand même mieux
01:02:13et ensuite
01:02:15évidemment
01:02:16beaucoup
01:02:16beaucoup
01:02:17d'autres réformes
01:02:18on va les citer
01:02:19on les voit
01:02:19dans ce documentaire
01:02:20bien entendu
01:02:21ces chantiers
01:02:21qu'il a mis en oeuvre
01:02:22qu'il a fait aboutir
01:02:23pour la plupart d'entre eux
01:02:24d'ailleurs
01:02:259 octobre 81
01:02:26bien sûr
01:02:27la pollution
01:02:27de la peine de mort
01:02:28la suppression
01:02:30des juridictions
01:02:31d'exception
01:02:32il en est beaucoup question
01:02:33dans ce film
01:02:33ça c'est en mars 82
01:02:35l'abrogation
01:02:36de la loi
01:02:37sécurité et liberté
01:02:39de 82
01:02:39la fameuse loi
01:02:40d'Alain Perfit
01:02:41évoquée assez longuement
01:02:43également dans ce film
01:02:44la loi Forny
01:02:45l'abrogation
01:02:46du délit d'homosexualité
01:02:47ça c'est en août
01:02:481982
01:02:49c'est incroyable
01:02:51être homosexuel
01:02:53dans les années 80
01:02:54en France
01:02:55c'est être désigné
01:02:57c'est l'opprobre
01:02:58c'est la honte
01:02:59on le cache
01:03:00et il y a une affaire
01:03:03qui fait la une
01:03:06des journaux
01:03:07avec l'arrestation
01:03:09dans un club
01:03:09le club Manhattan
01:03:11d'homosexuels
01:03:12une descente de police
01:03:13ils se retrouvent tous
01:03:15en prison
01:03:16condamnés pour outrage
01:03:17à la pudeur
01:03:18et le fait que
01:03:19Robert Badinter
01:03:20va porter cette loi
01:03:21qui dépénalise
01:03:22l'homosexualité
01:03:26c'est une révolution
01:03:27dans les mœurs
01:03:28c'est une véritable
01:03:29et c'est vrai que
01:03:30si on a fait ce film
01:03:31avec Beza Bezarka
01:03:32c'est pour montrer
01:03:33qu'il ne faudrait pas
01:03:34que l'abolition
01:03:35de la peine de mort
01:03:36écrase
01:03:37tous ces autres
01:03:38combats
01:03:40d'autant plus
01:03:41que son combat
01:03:42pour l'abolition
01:03:43de la peine de mort
01:03:44il va la poursuivre
01:03:45pour l'abolition
01:03:46universelle
01:03:46de la peine de mort
01:03:47c'est un abolitionniste
01:03:48c'est un abolitionniste
01:03:49il y tenait beaucoup
01:03:50il ne considérait pas
01:03:52que c'était une affaire
01:03:53close refermée
01:03:54uniquement pour la France
01:03:56il le rêvait
01:03:57pour l'ensemble de l'Europe
01:03:58et pour le monde entier
01:03:59mais il y a aussi
01:04:01une loi
01:04:01qui m'amuse beaucoup
01:04:02parce que je l'ignorais
01:04:03qui est la loi
01:04:04la seule loi
01:04:05qui porte son nom
01:04:06qui est la loi Badinter
01:04:07c'est drôle quand même
01:04:08qui tend à améliorer
01:04:10la situation
01:04:11des victimes
01:04:11d'accidents
01:04:12de la circulation
01:04:12et l'accélération
01:04:13des procédures
01:04:14d'indemnisation
01:04:15aujourd'hui
01:04:16elle est toujours
01:04:16en vigueur
01:04:18je crois que
01:04:18peu de gens
01:04:19savent
01:04:19qu'on doit
01:04:20à Robert Badinter
01:04:21cette loi
01:04:24et puis
01:04:25il y a
01:04:25son grand chantier
01:04:26qui est la réforme
01:04:27des prisons
01:04:28de l'administration
01:04:29pénitentiaire
01:04:30et je me souviendrai
01:04:31toujours
01:04:32du moment
01:04:33où dans son bureau
01:04:34avec Maurice Safran
01:04:35tout d'un coup
01:04:35il nous sort
01:04:36une maquette
01:04:36de derrière son bureau
01:04:38qui est cette fameuse
01:04:39prison de Mossack
01:04:40qui est la prison modèle
01:04:42qu'il a réussi
01:04:43à faire construire
01:04:45selon ses voeux
01:04:45et qu'il a inaugurée
01:04:47en février 86
01:04:48quelques mois seulement
01:04:49avant de quitter
01:04:50la place Vendôme
01:04:51il a vraiment
01:04:53changé la vie
01:04:54des détenus
01:04:56tout en sachant
01:04:57qu'il avait
01:04:58une formule
01:04:59très simple
01:04:59il disait
01:05:00la prison
01:05:01il faut agir
01:05:03mais jamais
01:05:04en parler
01:05:04parce qu'il savait
01:05:06qu'il y avait
01:05:06une loi d'airain
01:05:07qui voulait
01:05:07qu'on ne voulait
01:05:08pas que les détenus
01:05:09bénéficient
01:05:11de conditions
01:05:12meilleures
01:05:12que le plus
01:05:13le commun
01:05:15n'importe qui
01:05:18mais il n'empêche
01:05:20qu'il a mis fin
01:05:21enfin on a du mal
01:05:23à le croire quand même
01:05:23moi j'ai vérifié
01:05:24trois fois
01:05:24mais j'ai eu du mal
01:05:25à le croire
01:05:25qu'en 81
01:05:26les détenus
01:05:27portaient des uniformes
01:05:28ils n'avaient pas
01:05:29le droit de porter
01:05:30un vêtement
01:05:31à salaire de rien
01:05:33mais c'est une manière
01:05:34d'humaniser
01:05:35et de considérer
01:05:36que les détenus
01:05:37doivent bénéficier
01:05:39eux aussi
01:05:39des droits
01:05:40élémentaires
01:05:41de tout un chacun
01:05:42avec cette ligne
01:05:43de conduite
01:05:44que vous rappelez
01:05:44dans ce film
01:05:45la prison
01:05:46est un lieu
01:05:47de privation
01:05:48de liberté
01:05:48mais pas dans lequel
01:05:49l'on est privé
01:05:50de droit
01:05:51mais pour cela
01:05:51il a été
01:05:52traité
01:05:53de ministre
01:05:54des assassins
01:05:56de laxiste
01:05:57d'angélisme
01:05:59alors que c'était
01:06:00vraiment des droits
01:06:00élémentaires
01:06:01qu'il a donné
01:06:02aux détenus
01:06:03à tel point d'ailleurs
01:06:03que Laurent Fabius
01:06:04dans ce documentaire
01:06:05nous dit que Robert
01:06:06Badinter
01:06:06au milieu des années 80
01:06:08était peut-être
01:06:09la personne la plus haïe
01:06:10de France
01:06:10c'était à ce point
01:06:11Jacques Attali
01:06:12non je pense pas
01:06:13que ce soit vrai
01:06:14non je pense pas
01:06:14que ce soit vrai
01:06:15François Mitterrand
01:06:16était beaucoup plus détesté
01:06:17que l'était Robert
01:06:19et Robert avait
01:06:20d'abord il n'était pas
01:06:22extraordinairement exposé
01:06:24mis à part le cas
01:06:25de la peine de mort
01:06:26et encore une fois
01:06:26comme je vous l'ai dit
01:06:27la peine de mort
01:06:28c'était d'abord
01:06:28François Mitterrand
01:06:29non il y avait
01:06:32quelques violences
01:06:35mais on en recevait tous
01:06:36il y a un attentat
01:06:38à son domicile
01:06:38il n'a pas été le seul
01:06:41à en avoir
01:06:43je pense que
01:06:45il était
01:06:46très serein
01:06:48à cet égard
01:06:48pas du tout
01:06:50inquiet
01:06:52la presse
01:06:53l'adorait
01:06:54une partie de la presse
01:06:55l'adorait
01:06:55donc il n'y avait pas
01:06:58véritablement
01:06:59Robert s'explique aussi
01:07:02je pense
01:07:03il ne faut pas oublier
01:07:04par le fait
01:07:04qu'il a assisté
01:07:05à une exécution capitale
01:07:07ça l'a hanté
01:07:08d'ailleurs pour
01:07:11des condamnés
01:07:13qui
01:07:13même si la peine de mort
01:07:14ne mérite pas d'exister
01:07:16étaient même pas
01:07:18sans doute coupables
01:07:19en tout cas
01:07:19pour l'un des deux
01:07:20et qu'ensuite
01:07:22je me souviens
01:07:23d'un dîner chez lui
01:07:24dans sa cuisine
01:07:25où on dînait souvent
01:07:26le dimanche soir
01:07:26avant l'élection présidentielle
01:07:28où il a répété
01:07:30devant nous
01:07:30sa plaidoirie
01:07:31pour le procès
01:07:32de Patrick Henry
01:07:331977
01:07:34où il a réussi
01:07:36à sauver
01:07:37un condamné
01:07:38à un sauvable
01:07:39parce qu'il avait
01:07:39assassiné un enfant
01:07:40enlevé
01:07:41puis assassiné
01:07:42un enfant
01:07:42c'est là
01:07:43où il est traité
01:07:45quand même
01:07:46d'avocat des assassins
01:07:47il était l'avocat
01:07:48d'un assassin
01:07:48comme tous les avocats
01:07:49des assassins
01:07:50par définition
01:07:51le fait d'avoir en plus
01:07:52aboli la peine de mort
01:07:53aggravé son cas
01:07:54il n'a pas aboli
01:07:54la peine de mort
01:07:55il a été le garde des sceaux
01:07:56de François Mitterrand
01:07:57qui François Mitterrand
01:07:58lui a aboli
01:07:59la peine de mort
01:07:59c'est évident
01:08:01mais dans l'esprit du public
01:08:03je t'en prie
01:08:04dans l'esprit du public
01:08:05c'est François Mitterrand
01:08:05qui a aboli la peine de mort
01:08:06c'est pas Robert Van Inter
01:08:07il a été le porte-voix
01:08:09de François Mitterrand
01:08:10il a d'autres
01:08:10il y a beaucoup d'autres choses
01:08:12à la gloire
01:08:13de Robert Van Inter
01:08:13pour ne pas lui donner
01:08:14une gloire
01:08:14imméritée
01:08:16même s'il a participé
01:08:17de cette abolition
01:08:18comme tous ceux
01:08:18qui ont participé
01:08:19à la victoire
01:08:19de François Mitterrand
01:08:20c'est l'élection
01:08:21de François Mitterrand
01:08:22qui fait abolir
01:08:22la peine de mort
01:08:23mais là où il a joué
01:08:26un rôle dans l'abolition
01:08:27de la peine de mort
01:08:28c'est par sa plaidoirie
01:08:31au moment du procès
01:08:32de Patrick Henry
01:08:33parce que c'est pas
01:08:34une plaidoirie
01:08:34sur Patrick Henry
01:08:36c'est une plaidoirie
01:08:37sur la peine de mort
01:08:37sur la peine de mort
01:08:38et c'est un texte
01:08:39absolument magnifique
01:08:40bouleversant
01:08:41très courageux
01:08:43puisqu'il dit au jury
01:08:45il a été un assassin
01:08:47vous allez être des assassins
01:08:48voilà le couteau
01:08:49avec lequel vous allez
01:08:50le couper en deux
01:08:50etc.
01:08:51et donc c'est là
01:08:52même si à l'époque
01:08:53les médias
01:08:55ne retransmettaient pas
01:08:56autant qu'aujourd'hui
01:08:57ces choses
01:08:59c'est là où il a joué
01:09:00un rôle dans
01:09:00une légère évolution
01:09:02de l'opinion
01:09:02qui a permis
01:09:03à cette
01:09:04ce fardeau
01:09:07qui pesait contre
01:09:08François Mitterrand
01:09:08et je sais qu'il y avait
01:09:09des choses
01:09:09qui pesaient contre
01:09:10son élection
01:09:11de peser un peu moins
01:09:12mais il était d'abord
01:09:15un homme ouvert
01:09:16à tous les combats
01:09:16vous en avez parlé
01:09:18dans votre film
01:09:19bien des combats
01:09:20et d'abord celui
01:09:21qui l'animait le plus
01:09:22c'est celui
01:09:23sur son père
01:09:24et l'antisémitisme
01:09:27comme c'était aussi
01:09:29il était devenu
01:09:30un grand bourgeois
01:09:31il avait
01:09:33comme les juifs
01:09:34qui font attention
01:09:37à ne pas
01:09:37paraitre comme
01:09:38mettant en avant
01:09:39leurs problèmes
01:09:40il avait la discrétion
01:09:41de ne pas parler
01:09:42de l'antisémitisme
01:09:43il n'en parlait
01:09:43pratiquement jamais
01:09:44sauf entre nous
01:09:46et il n'en a pas fait
01:09:47un combat visible
01:09:48parce que
01:09:49heureusement
01:09:50à cette époque
01:09:50l'antisémitisme
01:09:51était beaucoup moins grave
01:09:52qu'il n'est aujourd'hui
01:09:53c'est devenu
01:09:54une tragédie nationale
01:09:56et donc
01:09:58il était
01:09:59beaucoup plus réservé
01:10:00mais ça restait
01:10:02le fil conducteur
01:10:03de sa vie
01:10:04c'est-à-dire
01:10:05la revanche
01:10:07ou la vengeance
01:10:08de son père
01:10:09on va y revenir
01:10:10simplement quand Laurent Fabius
01:10:11vous dit
01:10:11et même si Jacques Attali
01:10:13ne partage pas forcément
01:10:14cette position
01:10:14que c'était un des personnages
01:10:16les plus haïs de France
01:10:17peut-être que le plus haïs
01:10:18on peut l'étayer un tout petit peu
01:10:19ce que nous dit Laurent Fabius
01:10:21dans ce film
01:10:22oui parce que
01:10:23bien sûr
01:10:23la presse
01:10:24de gauche
01:10:26louait
01:10:28sa personnalité
01:10:31son éloquence
01:10:33son talent
01:10:34toutes ces réformes
01:10:35de l'administration pénitentiaire
01:10:37du côté des victimes
01:10:38défendre l'état de droit
01:10:40etc
01:10:40mais
01:10:41il faut lire
01:10:42la presse
01:10:43du Figaro
01:10:45à Minute
01:10:46qui à l'époque
01:10:47était extrêmement
01:10:48répandue
01:10:50c'est terrible
01:10:53ce qu'on lit
01:10:54c'est vraiment terrible
01:10:55ce qu'on lit
01:10:56mais je suis d'accord
01:10:57avec vous
01:10:57Robert Badinter
01:10:58restait impassible
01:10:59parce qu'il se sentait
01:11:01absolument serein
01:11:03par rapport
01:11:03à ses propres valeurs
01:11:05mais c'est quand même
01:11:06il faut se souvenir
01:11:08des policiers
01:11:10qui manifestent
01:11:11sous ses fenêtres
01:11:13place Vendôme
01:11:14en criant
01:11:15Badinter
01:11:17démission
01:11:17on n'avait jamais vu
01:11:19des policiers
01:11:20en civil
01:11:21et en uniforme
01:11:22qui avaient enlevé
01:11:22leur képi
01:11:23manifestaient
01:11:25leur
01:11:25ça c'était à l'occasion
01:11:26de la bourgation
01:11:27de la loi sécurité
01:11:28et liberté
01:11:29je crois quand même
01:11:30que
01:11:30c'est important
01:11:33de le dire aujourd'hui
01:11:34où il apparaît
01:11:34comme une figure
01:11:35extrêmement consensuelle
01:11:37c'est une conscience
01:11:38c'est évident
01:11:39il a une icône
01:11:41etc
01:11:41mais que ça n'a pas
01:11:43été toujours si facile
01:11:44pour lui
01:11:45si je peux me permettre
01:11:45ce jour-là
01:11:46les policiers
01:11:47défilaient aussi
01:11:48devant
01:11:49la place Beauvau
01:11:50et ont approché
01:11:51l'Elysée
01:11:51ce qui a d'ailleurs
01:11:52mis François Mitterrand
01:11:53dans une colère
01:11:54une des pires colères
01:11:55que je lui ai connues
01:11:56où il a failli renvoyer
01:11:58le ministre de l'Intérieur
01:11:59qui était Gaston Defer
01:12:01pour ne pas avoir réussi
01:12:02à protéger
01:12:02la place Vendôme
01:12:05et la place Beauvau
01:12:06donc c'était pas
01:12:07Robert Badinter
01:12:07qui était visé
01:12:08c'était le président
01:12:09de la République
01:12:09mais aussi
01:12:10parce qu'il y avait eu
01:12:11deux policiers
01:12:12qui avaient été
01:12:13qui avaient été tués
01:12:15et on disait
01:12:17que Badinter
01:12:18avec sa façon
01:12:21d'ouvrir les prisons
01:12:23faisait que les détenus
01:12:25se répandaient
01:12:26et devenaient
01:12:27à nouveau
01:12:28des assassins
01:12:28alors pour poursuivre
01:12:29aussi ce que nous disait
01:12:30Jacques Attali
01:12:31à l'instant
01:12:31sa lutte contre
01:12:33l'antisémitisme
01:12:34cette blessure
01:12:37nouveau et faible
01:12:38de 1943
01:12:39de cette rafle
01:12:41où les Allemands
01:12:42emportent son père
01:12:43en 1943 à Lyon
01:12:45son père se rend
01:12:46au siège de l'UGIF
01:12:48qui est un organisme
01:12:49de secours aux Juifs
01:12:50pendant l'occupation
01:12:52le 9 février 1943
01:12:53son père se rend
01:12:55à cet endroit
01:12:56au centre de la ville
01:12:58et il ne revient pas
01:13:00inquiet
01:13:01sa mère
01:13:02demande à Robert
01:13:03d'aller voir
01:13:04ce qui se passe
01:13:04Robert Badinter
01:13:06se précipite
01:13:07et au pied
01:13:08de l'immeuble
01:13:10voit qu'il y a
01:13:11la Gestapo
01:13:13un des
01:13:14des
01:13:15des
01:13:16des flics
01:13:18en civil
01:13:19un des gestapistes
01:13:20en civil
01:13:20lui demande
01:13:21ses papiers
01:13:22il a le réflexe
01:13:23de lui laisser
01:13:24sa carte de lycéen
01:13:26et de fuir
01:13:27il ne reverra
01:13:28jamais son père
01:13:28qui a été déporté
01:13:29à Sobibor
01:13:30Sobibor
01:13:31un camp de la mort
01:13:31un camp de la mort
01:13:32dont il ne revient pas
01:13:33et il sera
01:13:34il ira
01:13:35à maintes reprises
01:13:36à l'hôtel Lutetia
01:13:37qui accueillait évidemment
01:13:38le retour de toutes
01:13:40les portées
01:13:40il a espéré
01:13:41très longtemps
01:13:41son retour
01:13:42en attendant ce retour
01:13:43de son père
01:13:44et il a été
01:13:44et c'est le premier
01:13:46une des premières fois
01:13:47où il rentre
01:13:48dans un palais de justice
01:13:49sa mère tente
01:13:50de récupérer
01:13:51leur appartement
01:13:52de la rue Rénoire
01:13:52qui est occupée
01:13:53et il faut mettre
01:13:56ils sont les locataires
01:13:58mais comme il était absent
01:13:59entre temps
01:13:59des collabos
01:14:01s'y sont installés
01:14:02et l'avocat
01:14:03qui défend la mère
01:14:04de Robert Badinter
01:14:05dit
01:14:06mais Simon Badinter
01:14:09est porté disparu
01:14:10pour l'instant
01:14:10on est
01:14:11en mai-juin 1945
01:14:14il est porté disparu
01:14:15et le président
01:14:16du tribunal dit
01:14:16il nous importe peu
01:14:18de savoir
01:14:18où se trouve
01:14:19monsieur Simon Badinter
01:14:20pour lui
01:14:21c'est une injustice
01:14:22c'est la première
01:14:23c'est la blessure
01:14:24et toute sa vie
01:14:25sera tourmentée
01:14:26hantée par l'idée
01:14:27est-ce qu'il a vu son père
01:14:28au moment où il est arrivé
01:14:31rue Sainte-Catherine
01:14:31ou pas
01:14:32son père
01:14:33qu'il a tant attendu
01:14:35dont il a tant espéré
01:14:37le retour
01:14:37et bien c'est pour lui
01:14:39et ça me fait penser
01:14:41d'ailleurs
01:14:42que quand
01:14:43Claude Barbie
01:14:44est extradé
01:14:45et incarcéré
01:14:46à Lyon
01:14:47il va demander
01:14:48c'est la seule chose
01:14:49qu'il va demander
01:14:49que Claude Barbie
01:14:50soit incarcéré
01:14:53dans la prison
01:14:54Montluc
01:14:54là où il internait
01:14:55lui-même
01:14:56ses victimes
01:14:57et voilà
01:14:58c'est une
01:14:58une des grandes choses
01:15:00qu'il a fait
01:15:00parmi les grandes choses
01:15:02qu'a fait Robert
01:15:03il a demandé
01:15:04que les procès
01:15:05soient filmés
01:15:06absolument
01:15:06ce qui est absolument
01:15:07déterminant
01:15:08on a vu récemment
01:15:09d'ailleurs
01:15:09puisque ses films
01:15:11ont été libérés
01:15:11on a vu
01:15:12l'ensemble
01:15:13de ce procès
01:15:14et d'autres procès
01:15:15d'ailleurs
01:15:16procès Touvier
01:15:17parce qu'il fallait
01:15:18laisser une trace
01:15:19de la mémoire
01:15:20c'est la première fois
01:15:21d'un autre terrain
01:15:22auquel il s'est beaucoup engagé
01:15:23c'est la première fois
01:15:24qu'un procès
01:15:25était ainsi filmé
01:15:26on aurait aimé
01:15:26qu'il y en ait d'autres
01:15:27même si on n'a pas eu
01:15:28de film du procès
01:15:30Pétain
01:15:31par exemple
01:15:31il a fallu attendre
01:15:33très longtemps
01:15:33pour que des historiens
01:15:35travaillent dessus
01:15:35et
01:15:36enfin sérieusement
01:15:37et
01:15:38Robert a vraiment eu
01:15:39cette idée moderne
01:15:41de faire filmer
01:15:42des grands procès
01:15:43historiques
01:15:43mais il y avait
01:15:44chez lui
01:15:45cette extraordinaire
01:15:47ironie
01:15:48à l'égard
01:15:49de son destin
01:15:49il m'a raconté
01:15:50souvent qu'il avait été
01:15:51je ne sais pas
01:15:52dans quelles circonstances
01:15:52je ne sais plus
01:15:54comment on peut le situer
01:15:55dans sa vie
01:15:55mais il était fourreur
01:15:56oui
01:15:57parce que son père
01:15:58avait un commerce
01:15:58de pêle
01:15:59et lui-même
01:15:59m'expliquait
01:16:00qu'il avait travaillé
01:16:01comme fourreur
01:16:01quand il était jeune
01:16:03et ça l'amusait
01:16:04beaucoup
01:16:04quand il était
01:16:05encore une fois
01:16:06devenu grand avocat
01:16:08l'avocat
01:16:09des vedettes
01:16:10de cinéma
01:16:11puis l'avocat
01:16:12des grandes affaires
01:16:13et il était très fier
01:16:14dans son cabinet
01:16:16avec
01:16:16il a d'ailleurs défendu
01:16:21à l'époque
01:16:21des personnalités
01:16:22comme Charlie Chaplin
01:16:23ou Gilles Bardot
01:16:23il était l'avocat
01:16:24il était l'avocat
01:16:27des vedettes de cinéma
01:16:28puis ensuite
01:16:28il était un grand avocat
01:16:30d'affaires
01:16:30avec le cabinet
01:16:31Bredin-Pratt
01:16:32et ça l'amusait
01:16:36de revenir évidemment
01:16:37sur son passé
01:16:38mais avec beaucoup
01:16:39de pudeur
01:16:40et de distance
01:16:41mais il se souvient
01:16:42d'un jour
01:16:42où il m'a raconté
01:16:43en détail
01:16:44ce que c'était
01:16:44que être fourreur
01:16:46que ça signifiait
01:16:47comme travail
01:16:48sa mère justement
01:16:50l'appartement est occupé
01:16:51le commerce de pêletrie
01:16:53de fourrure
01:16:54a été organisé
01:16:55elle essaye
01:16:56de le récupérer
01:16:57il n'y a pas de ressources
01:16:58il faut travailler
01:17:00et donc il va aider
01:17:01à l'atelier
01:17:02de fourrure
01:17:03il en était très fier
01:17:04et à côté de ça
01:17:06il demandera
01:17:07la libération
01:17:08de Maurice Papon
01:17:08pour raison de santé
01:17:09une fois que Maurice Papon
01:17:11aura été évidemment condamné
01:17:12aura approché
01:17:13une partie de sa peine
01:17:14oui absolument
01:17:14ça c'est le volet
01:17:17particulièrement humaniste
01:17:18en réalité
01:17:19d'Oubert Valentin
01:17:19exactement
01:17:19de même que dans son combat
01:17:21contre l'antisémitisme
01:17:23il a lutté
01:17:24contre le négationnisme
01:17:25aussi
01:17:26c'est très important
01:17:28en tant que sénateur
01:17:30il a fait ériger
01:17:31une cloche
01:17:32au Mont-Valérien
01:17:33en souvenir
01:17:35des 1008 fusillés
01:17:36du Mont-Valérien
01:17:37dont on n'avait pas
01:17:38établi la liste
01:17:39c'est un geste
01:17:41d'une très grande
01:17:43qualité
01:17:44de mémoire
01:17:46il était fou
01:17:47d'histoire
01:17:48mais littéralement
01:17:48fou d'histoire
01:17:49il était insatiable
01:17:51il aimait
01:17:53il s'était plongé
01:17:54dans les archives
01:17:54du procès Bousquet
01:17:55qu'il avait même
01:17:56la sténotypie
01:17:58qu'il avait même édité
01:17:59il avait écrit
01:18:00une pièce de théâtre
01:18:01sur Oscar Wilde
01:18:02pour combattre
01:18:03la pénalisation
01:18:05de l'homosexualité
01:18:06il avait travaillé
01:18:06sur le procès Laval
01:18:07absolument
01:18:08il avait imaginé
01:18:09une pièce de théâtre
01:18:10où René Bousquet
01:18:12responsable de la rafle
01:18:12du Veldiv
01:18:13et Pierre Laval
01:18:14se retrouvaient
01:18:15en prison à Freyne
01:18:16et il y avait
01:18:17ce dialogue imaginaire
01:18:18qu'il a écrit
01:18:20c'était un homme
01:18:22de combat
01:18:23et j'ai trouvé
01:18:24que chez lui
01:18:26il y avait
01:18:26cette curiosité
01:18:28jusqu'à la fin
01:18:29de ses jours
01:18:31par exemple
01:18:32le fait qu'il publie
01:18:34un livre
01:18:34Vladimir Poutine
01:18:35l'accusation
01:18:36c'est assez incroyable
01:18:40à ce point
01:18:41d'avoir
01:18:41cette vision
01:18:43du monde
01:18:45aussi
01:18:46sa soif
01:18:47de transmission
01:18:48parler
01:18:49aux collégiens
01:18:51aux lycéens
01:18:52aux écoliers
01:18:52pour défendre
01:18:54la mémoire
01:18:54de Samuel Patti
01:18:55il nous reste 30 secondes
01:18:56Jacques Attali
01:18:57qu'est-ce que vous allez
01:18:59en garder
01:18:59s'il fallait garder
01:19:00une chose
01:19:00aujourd'hui
01:19:01concernant Robert Banater
01:19:03une seule
01:19:04c'est un juste
01:19:05un juste
01:19:06érudit
01:19:08et il nous manque
01:19:10beaucoup
01:19:10à moi
01:19:11en tant qu'ami
01:19:12il me manque
01:19:12mais je crois
01:19:13qu'il manque
01:19:13beaucoup
01:19:13à la société française
01:19:14merci
01:19:15un grand merci
01:19:16à vous deux
01:19:17tout spécialement
01:19:18à vous
01:19:18Dominique Mischa
01:19:19parce que
01:19:19c'est grâce à vous
01:19:20et pas seulement
01:19:21mais en grande partie
01:19:22grâce à vous
01:19:22qu'on a pu proposer
01:19:23ce documentaire
01:19:24dans cette émission
01:19:25Débat Doc
01:19:26Jacques Attali
01:19:26à une prochaine fois
01:19:27j'espère sur ce plateau
01:19:28merci aussi
01:19:29à féliciter
01:19:30Gavalda
01:19:32Thibaut
01:19:33Brossé
01:19:34et qu'elle
01:19:34qui comme à l'accoutumée
01:19:35m'ont aidé
01:19:35à préparer
01:19:36cette émission
01:19:37vos réactions
01:19:37ça sera
01:19:38sur
01:19:38hashtag
01:19:39Débat Doc
01:19:39prochain rendez-vous
01:19:40avec Débat Doc
01:19:40même place
01:19:41même heure
01:19:42et toujours
01:19:42toujours
01:19:43avec son documentaire
01:19:45et son débat
01:19:45à très bientôt
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