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  • il y a 12 heures
Ce mercredi 8 octobre, l'évolution des valeurs du secteur bancaire, a été abordée par Alain du Brusle, directeur général délégué de Claresco Finance, dans l'émission Good Morning Market sur BFM Business. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.

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Transcription
00:00En portefeuille, nous sommes à présent au téléphone avec Alain Dubrul, le directeur général délégué de Claresco Finance pour faire un focus sur les valeurs du secteur bancaire.
00:13Bonjour Alain Dubrul.
00:15Bonjour Nicolas.
00:16Merci d'être avec nous pour faire ce focus sur le secteur bancaire.
00:22Si on regarde la séquence sur les deux derniers jours, on a vu effectivement que le CAC 40 était plutôt plombé par les valeurs du secteur bancaire, mais cela ne doit pas laisser, cela ne doit pas effectivement cacher la dynamique de long terme que l'on voit depuis le début de l'année sur le secteur, Alain Dubrul.
00:38Oui, c'est une dynamique qui est même depuis plus longtemps que ça.
00:40Alors effectivement, depuis le début de l'année, le secteur des banques de la zone euro est en hausse de 62%, ce qui est la meilleure performance sectorielle et de loin,
00:48puisque les deux secteurs suivants, c'est l'industrie à plus 25%, l'assurance à plus 24%, le tout dans un marché européen en hausse de 15%.
00:55Alors pourquoi les banques se portent-elles aussi bien alors que la croissance économique de la zone euro reste pourtant médiocre finalement ?
01:02En fait, ce qu'il faut comprendre, c'est que les banques reviennent de très très loin en bourse.
01:06En 2008, bon, c'est un peu loin, mais vous vous souvenez de la crise des subprimes, les banques avaient subi de fortes pertes en raison des subprimes, et puis derrière, il y avait eu un ralentissement économique.
01:15Donc beaucoup, à l'époque, elles avaient beaucoup moins de fonds propres qu'aujourd'hui, donc afin d'éviter la faillite,
01:20tout avait pratiquement été contraint de se recapitaliser en émettant de beaucoup de nouvelles actions,
01:25si bien qu'à la baisse des résultats en absolu, c'était ajouté une forte dilution.
01:29Donc résultat, entre les plus hauts de juin 2007 et mars 2009, les banques avaient vu leur cours de bourse divisé par 4 en moyenne,
01:36certaines avaient même disparu.
01:37Alors après un éphémère rebond entre au printemps 2009 et à l'été, les banques ont à nouveau reculé,
01:43et ce, pendant toute la décennie 2010, je ne sais pas si vous vous souvenez, mais c'était vraiment très pénible,
01:48et pour revenir avant le Covid, en gros, sur les plus bas de 2009.
01:53Alors pourquoi ? Parce que déjà, entre 2010 et 2015,
01:57elles ont dû absorber les pertes des portefeuilles de crédit qui étaient fragilisées,
02:00notamment par des crises immobilières qui ont duré, notamment en Italie et en Espagne,
02:05et puis aussi, dans les pays du Sud, ils avaient des problèmes sur leur dette,
02:08un problème qui pourra peut-être concerner bientôt la France, et qui n'aidaient pas non plus les banques.
02:11Alors ensuite, au partir de 2015, à peu près, la situation s'est améliorée du côté des portefeuilles de crédit,
02:19mais on a eu le durcissement constant des besoins en fonds propres requis par les réglementations type,
02:24vous savez, BAL3, BAL4, qui a contraint les banques à allouer la majeure partie de leurs résultats retrouvés
02:29au renforcement de leurs fonds propres, au détriment des distributions de dividendes et des rachats d'actions,
02:35ce qui a entraîné une frustration importante chez les investisseurs.
02:38Alors, cerise sur le gâteau, le Covid est arrivé, le secteur a encore perdu 40% avec un plus bas en septembre 2020,
02:45là on était six fois en dessous des niveaux de 2007, des plus hauts.
02:49Alors depuis septembre 2020, heureusement, ça va mieux, les valeurs bancaires ont vu leur cours mutilier par 5,
02:55alors tout ça c'est de dividendes réinvestis, parce que c'est un secteur qui verse de gros dividendes.
02:58Mais on est encore en dessous des plus hauts de 2007, les résultats depuis 2020 ont été motivés par 3,
03:04alors aidés par quoi ? Par une évolution du mix, c'est-à-dire plus de métiers à force va le rajouter,
03:09peut-être que la gestion d'actifs ou la banque assurance, un moindre poids des activités de réseau classique,
03:14et puis des optimisations de coûts facilitées par la digitalisation.
03:18Alors contrairement au cycle précédent, le coût du risque, c'est-à-dire la charge liée aux prêts non performants,
03:23reste sur de très bas niveaux. En Europe, on est sur quelques dizaines de points de base,
03:27ce qui n'est pas grand-chose finalement. Alors en sortie de Covid, on pouvait comprendre,
03:30parce que les ménages et les entreprises avaient reçu beaucoup d'aide des États,
03:34ce qui leur permet d'avoir pas trop de problèmes de trésorerie, mais en fait, maintenant que ça s'est normalisé,
03:39on constate que cette situation perdure. Alors elle est probablement due au fait que les banques
03:43sont devenues beaucoup plus prudentes que par le passé, avec des politiques de sélection des risques beaucoup plus strictes,
03:49et maintenant qu'elles ont reconstitué des fonds propres solides,
03:52et qu'elles dégagent des profits importants, les banques peuvent désormais verser des dividendes élevés
03:56et racheter leurs propres actions. Il en résulte que malgré une forte progression de leur cours de bourse,
04:02en réalité, les banques ne sont toujours pas très chères en bourse.
04:05Elles traitent sur un multiple de résultats de 9 fois l'année à venir,
04:08avec un rendement des dividendes supérieur à 6%, ce qui n'est que la moyenne des 20 dernières années.
04:12C'est la question qu'on peut se poser, Alain Dubrul, quand on voit le cours de bourse
04:18des trois valeurs bancaires françaises, notamment Société Générale,
04:23qui gagne plus 96% depuis le début de l'année, Crédit Agricole plus 22%,
04:27BNP Paribas plus 25% depuis le début de l'année.
04:31On peut se dire, est-ce que la séquence est terminée ?
04:35Est-ce que le rebond les a rendus trop chères ou est-ce qu'elles sont encore attrayantes ?
04:40Non, ce que vous dites, vous, c'est qu'il y a encore du potentiel sur le secteur.
04:44Le secteur au niveau européen reste à des niveaux de valorisation tout à fait raisonnables
04:49et il conserve une dynamique de résultats qui peuvent continuer à croître,
04:54même dans une économie qui continue à être molle.
04:57Alors, effectivement, les valeurs françaises, elles, ont un problème en ce moment.
05:00Alors, la Société Générale, c'est un cas particulier parce que c'est une banque qui a beaucoup souffert
05:04et qui, depuis deux ans, adresse très agressivement ces questions de coût avec son nouveau dirigeant.
05:10Et elle a eu des résultats, entre guillemets, qu'on pourrait dire compagnie spécifique.
05:13Donc là, ils ont vraiment un redressement qui leur est propre
05:16et qui explique la très forte hausse du cours.
05:18En revanche, BNP ou Crédit Agricole ont plutôt sous-performé les banques européennes
05:22parce que les perspectives de la France ne sont pas les plus alléchantes
05:26et parce qu'en Europe du Sud, finalement, on a des économies beaucoup plus dynamiques.
05:31Donc nous, dans nos portefeuilles, on a plutôt des banques d'Europe du Sud que des banques françaises.
05:35Alors, à très court terme, rappelons quand même que les banques, c'est un secteur qui est plutôt volatile,
05:39qui est vulnérable dès qu'il y a une montée des risques, quels qu'ils soient.
05:42Alors, ça peut être simplement une hausse des incertitudes, comme ces derniers jours en France.
05:46Ça peut être aussi un coût de financement plus élevé.
05:48Par exemple, si l'emprunt d'État français venait à se déprécier,
05:51les banques d'Europe du Sud en ont souffert dans la précédente décennie,
05:55ou un ralentissement marqué de l'économie.
05:57Mais de ce point de vue-là, au-delà des incertitudes françaises,
06:00l'unité de la zone euro, le plan de relance allemand qui va monter en puissance l'année prochaine,
06:05le dynamisme des économies d'Europe du Sud,
06:07sont plutôt des facteurs de soutien d'une poursuite de la performance des banques de la zone euro.
06:11Donc oui, les banques ne sont pas chères.
06:13Oui, il faut en garder.
06:14Les Français, peut-être un peu moins en ce moment, c'est sûr.
06:18C'est justement là-dessus qu'on fait la sélection.
06:20C'est une sélection géographique avant tout, Alain Dubrulle.
06:23Si jamais on doit effectivement arbitrer ou non certaines valeurs,
06:28c'est avant tout sur une sélection géographique, si je comprends bien.
06:31Oui, sachant que l'Italie se porte plutôt bien.
06:34Rappelons que les dettes d'Europe du Sud, d'Italie et d'Espagne,
06:37viennent d'être relevées à la hausse, dans leur notation par les agences de rating.
06:40Donc ces économies sont dynamiques, où les situations budgétaires s'améliorent.
06:45Donc tout ça, c'est plutôt très bon pour les banques.
06:46Sachant en plus que les banques espagnoles ont une exposition à l'Amérique latine,
06:50qui n'est pas inintéressante aussi.
06:51Merci Alain Dubrulle de nous avoir accompagné dans la rubrique
06:58« En portefeuille » dans Good Morning Markets.
07:00Je rappelle que vous êtes directeur général délégué de Claresco Finance.
07:04Merci.
07:05Merci.

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