- il y a 7 semaines
Ce mercredi 3 septembre, le déclin des performances boursières du groupe agroalimentaire suisse Nestlé a été abordé par Alain du Brusle, directeur général délégué de Claresco Finance, dans l'émission Good Morning Market sur BFM Business. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.
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00:00Et comme tous les jours aux alentours de 9h20, vous connaissez le rendez-vous en portefeuille.
00:05Après avoir regardé la situation macroéconomique, les indices,
00:08eh bien petit à petit on s'achemine sur les valeurs et sur l'actualité des valeurs
00:12avec donc ce matin Alain Dubrul, directeur général délégué de Claresco Finance.
00:16Bonjour Alain Dubrul, merci d'être avec nous sur BFM Business.
00:20Bon, parlons quand même du dossier de la semaine pour l'instant,
00:22puisqu'on verra ce que nous réservent les marchés en fin de semaine,
00:24c'est quand même Nestlé avec donc le groupe qui a publié un communiqué avant-hier
00:28pour annoncer tout simplement que son directeur général Laurent Freck
00:32s'était démis de ses fonctions pour avoir eu une relation amoureuse
00:35avec une personne de l'entreprise, une subordonnée.
00:38Le titre était en baisse de plus de 3% hier à l'ouverture.
00:42Finalement, il a réduit ses pertes, moins 0,7% hier soir à Zurich.
00:46Comment vous regardez ce dossier Nestlé qui a, il faut le dire,
00:50longuement déçu les marchés ces dernières semaines ?
00:53Tout à fait. Alors bon, d'abord c'est une décision qui est entre guillemets
00:56engendrée par des raisons non opérationnelles.
00:59Donc si son successeur poursuit la stratégie actuelle,
01:01en théorie il n'y a pas un énorme impact négatif pour le titre,
01:06si ce n'est évidemment toujours ces questions de réputation.
01:08Alors c'est peut-être l'occasion de revenir sur Nestlé
01:11parce que finalement ça fait un peu plus de 5 ans
01:13que Nestlé affiche une performance boursière décevante,
01:16en rappelant que le cours est passé d'un plus haut de 130 francs suisses
01:19fin 2021 à près de 75 francs suisses actuellement.
01:23Alors bon, si on prend en euros dividendes net réinvestis,
01:26c'est un recul de 10% en 5 ans.
01:28Mais là où Danone affiche une progression de 55%,
01:31alors que s'est-il passé ?
01:33Rappelons quand même, donc Nestlé c'est un groupe agroalimentaire suisse,
01:37le numéro un mondial de l'agroalimentaire,
01:39qui a un nombre de marques iconiques qu'on ne cite plus,
01:42notamment dans le café, Nescafé, Nespresso, Ricoré,
01:45dans les produits chocolatés, Nestlé, Nesquik, Kikat,
01:49l'eau minérale bien sûr, Perrier, San Pellegrino, Vittel,
01:52la nutrition infantile, Nidal ou Guigose,
01:54et puis aussi la nourriture pour animaux,
01:56un segment qui croît fortement avec les marques notamment
01:58Pourrina ou Friskies.
01:59Alors pendant de nombreuses années,
02:02Nestlé était un peu la star du secteur,
02:05avec une croissance organique de 4-5% par an,
02:07qui s'appuyait non seulement sur la force historique de ces marques,
02:11mais également sur un mix produit soutenu en fait
02:13par une focalisation sur des catégories
02:15qui avaient une meilleure croissance,
02:18avec un bon potentiel de marge.
02:19Alors c'est particulièrement vrai pour la nourriture pour animaux,
02:22on ne cachera pas que les animaux compagnies
02:23progressent plus vite que les bébés.
02:25Et pour le café,
02:27ce dernier est en tiré notamment entre 2000 et 2020
02:29par Nespresso,
02:31une formidable aventure que chacun connaît,
02:33une innovation qui a apporté au domicile de chacun
02:36un café de qualité professionnelle,
02:38vendu près de 10 fois plus cher par tasse
02:40que son équivalent instantané,
02:41avec d'excellentes marges.
02:43Et pendant ce temps-là,
02:44donc il y a 10-15 ans,
02:45des groupes comme Danone ou Ineveur
02:47étaient freinés par un certain nombre de catégories en déclin,
02:49par exemple les biscuits, trop gras,
02:51et du coup des variations de périmètre compliquées,
02:53il fallait vendre des activités sous-performantes,
02:55mais pas très chères,
02:56et essayer de compenser en faisant des acquisitions
02:59d'activités en plus forte croissance,
03:00mais souvent fort coûteuses.
03:02Cependant,
03:03au cours des cinq dernières années,
03:04la stratégie de Nestlé a été défiée
03:06par plusieurs éléments adverses.
03:08Le DG nommé en 2017,
03:10Marc Schneider,
03:11venait de l'extérieur,
03:12première fois depuis longtemps,
03:13issu de l'industrie pharmaceutique,
03:15la société Fresenius,
03:16il a effectué des investissements dans la santé
03:18qui sont avérés décevants,
03:19notamment une acquisition de High Immune
03:21pour 2 milliards et demi
03:22qu'il a fallu déprécier
03:23pour la presque totalité trois ans après.
03:26Mais c'est surtout des marques phares
03:27qui ont commencé à subir les effets de la concurrence,
03:30par exemple Nespresso,
03:31dont le procédé est tombé dans le domaine public
03:32et qui fait maintenant face à des produits clones,
03:36mais également l'activité nutrition infantile
03:38qui subit le déclin de la natalité
03:39en Europe mais aussi en Chine,
03:41tandis que les eaux minérales sont remises en cause,
03:44non seulement en raison d'un mauvais bilan carbone
03:46lié aux transports et aux emballages plastiques,
03:48mais aussi par divers scandales
03:50qui ont touché les marques de Nestlé,
03:51notamment l'eau de Perrier,
03:53où il s'est avéré qu'ils ont filtré l'eau
03:55parce qu'elle n'était plus de qualité suffisante
03:56à la sortie de la source.
03:57Alors dans ce contexte plus compliqué,
04:00le groupe a fait preuve de complaisance
04:02et a manqué d'agressivité,
04:03tant du côté des prix,
04:04qui ont été augmentés tardivement mais à contre-temps,
04:07mais aussi en termes de gestion des coûts,
04:09c'est-à-dire que l'innovation produit
04:10et les budgets marketing ont été en partie
04:12sacrifiés afin de préserver les marges.
04:16Donc cette politique a fini par peser
04:17sur la croissance organique
04:19qui s'est tassée en 2024 à 2,2%
04:22et a coûté son poste au DG Mark Schneider,
04:24donc rempassé il y a à peine un an
04:26par Laurent Frex, un pur produit maison.
04:28Alors en 12 mois,
04:29ce dernier a pris des initiatives
04:30pour relancer la croissance et l'innovation,
04:32mais le redressant va prendre du temps.
04:34Au premier semestre 25,
04:35la croissance organique a été de 2,7%
04:38contre 2,1% au premier semestre 24,
04:41mais si on retraite de l'effet prix,
04:43la croissance en volume en fait reste très modeste,
04:45plus 0,2% contre plus 0,1%,
04:48et par ailleurs,
04:48ces efforts pèsent temporairement sur les marges,
04:51avec une marge d'exploitation en recul
04:52de 0,9% à 16,5%,
04:53ce qui est un peu inédit chez Nestlé,
04:55et un résultat net en recul de 10%.
04:57Alors le groupe est probablement
04:59dans la bonne direction,
05:00il devrait quand même à long terme
05:01bénéficier d'un mix produit
05:02qui demeure favorable,
05:04notamment dans les aliments pour animaux,
05:06mais le coût reste pénalisé
05:08par le calendrier
05:09et l'ampleur d'un redressement
05:11qui à ce stade reste incertaine.
05:13C'est-à-dire que les analystes
05:14ne tablent sur une progression
05:16du bénéfice par action
05:17que de 6% par an
05:18au cours des trois prochaines années,
05:20et encore faut-il que ça ait lieu.
05:22Donc en théorie,
05:23boursièrement,
05:23c'est une valeur qui n'est pas très chère,
05:25une voie de redressement,
05:26c'est la recovery,
05:28mais le marché quand même
05:29était échaudé,
05:30et pour l'instant,
05:31il reste relativement attentif.
05:32Donc on peut dire
05:33que la valeur est au prix,
05:34ceux qui pensent que Nestlé
05:37reviendra pourraient commencer
05:38à en avoir,
05:39mais c'est encore un peu tôt,
05:40je pense.
05:40Moins de 18% en l'espace d'un an
05:42pour ce titre Nestlé
05:43quand il est en baisse de 30%
05:44l'espace de 5 ans,
05:45alors que c'était quand même
05:46une valeur défensive,
05:48Alain Dubrul,
05:49et vous avez expliqué
05:50les raisons pour lesquelles,
05:51finalement,
05:51non,
05:51ce titre n'a pas joué
05:52son rôle de valeur défensive.
05:54Un mot quand même
05:55du secteur du luxe,
05:56on en parlait juste avant,
05:58quand même un secteur du luxe
05:59qui surperforme
06:00ces derniers jours,
06:01que ce soit pour LVMH,
06:02qui retrouve ce matin
06:03les 520 euros,
06:04mais également pour le titre
06:06Kering,
06:06Kering qui va tenir la semaine prochaine
06:08son Assemblée Générale,
06:09HSBC était assez optimiste,
06:13estimait peut-être
06:13qu'un point bas avait été touché.
06:15Est-ce que vous partagez
06:16cet avis aujourd'hui,
06:17Alain Dubrul ?
06:19Alors,
06:19il est vrai que le secteur du luxe
06:20a beaucoup baissé en bourse,
06:22en partie en raison
06:22de révision de résultats,
06:23mais aussi par des compressions
06:25de multiples.
06:26Alors,
06:26il est vrai que la situation française
06:28crée un environnement
06:30où avant,
06:31on se méfiait des États-Unis,
06:32on achetait plutôt l'Europe
06:33et ce qui était plutôt domestique,
06:35parce que cyclique,
06:36parce que...
06:37parce que plan de relance allemand,
06:39etc.
06:40Et puis là,
06:41tout d'un coup,
06:41l'Europe devient un peu plus
06:43sujette à caution
06:44et donc on peut penser
06:45qu'il y a des réallocations
06:46de portefeuille
06:47où au sein de l'Europe,
06:48on achète finalement
06:49ce qui n'est pas trop européen
06:50ou pas trop français.
06:51Rappelons que les sociétés de lutte
06:52font une grande partie
06:53de leurs résultats
06:53en dehors de France
06:54et en conséquence,
06:55elles sont moins domestiques.
06:57Donc,
06:57c'est peut-être ça
06:57qui joue en leur faveur,
07:00un changement de regard
07:00sur le secteur.
07:02Maintenant,
07:02si on regarde la dynamique
07:03stricto sensu,
07:04on ne peut pas dire
07:05que les derniers résultats
07:06aient été faramineux
07:07et même,
07:09moi,
07:09ce qui m'a toujours un petit peu...
07:10Alors,
07:10je reconnais que les multiples
07:11ne sont pas très élevés.
07:12En VMH,
07:13on est sur 21-22 fois
07:14le résultat de 2026
07:15qui, historiquement,
07:16n'est pas très élevé.
07:17Mais pour justifier ces multiples,
07:19il faut absolument
07:20que l'érosion du chiffre d'affaires
07:22prenne fin.
07:23Or,
07:24s'il est clair
07:25que tout le monde s'attend
07:25à une mauvaise année 2025
07:27avec des revenus
07:28en baisse de 5%
07:29et un résultat
07:30en baisse de 15-20%,
07:31toute la plupart des analyses
07:33tablent sur un retour
07:34de la croissance
07:34dès l'année prochaine
07:35avec des tendances
07:37pas extraordinaires
07:38mais disons
07:38un peu du luxe séculaire
07:40autour de plus 5%
07:42de croissance organique.
07:43Or,
07:44à mon avis,
07:44à ce stade,
07:45c'est encore loin
07:45d'être acquis
07:46et donc,
07:47je pense qu'il convient
07:48de rester relativement prudent.
07:50Bon,
07:50si on achète
07:51pour les 3-5 prochaines années,
07:52ça va,
07:53mais à très court terme,
07:53je ne suis pas certain
07:54que de nouvelles,
07:56de mauvaises nouvelles
07:57pourraient à nouveau
07:58faire souffrir le secteur.
07:59On va terminer
08:00parce que le temps
08:01passe très vite.
08:01Un mot quand même
08:02de De Richebourg
08:02qui était en baisse
08:03de 18% tout à l'heure
08:04à l'ouverture,
08:05moins 15% désormais
08:06pour De Richebourg
08:07qui a tout simplement
08:08hier annoncé
08:09qu'avec les droits de douane,
08:10sa rentabilité
08:11serait inférieure
08:12à ses attentes
08:13pour l'exercice 2025.
08:15De Richebourg
08:16est une société
08:17dans ce qu'on appelle
08:18de services aux collectivités,
08:19dont traitement des déchets,
08:20etc.
08:20Mais il y a une part historique
08:22qui reste importante
08:23de l'activité
08:23qui est du commerce
08:24de ferraille.
08:25C'est un peu la foire
08:26à la ferraille,
08:26c'est-à-dire qu'on rachète
08:27des ferrailles sur le marché.
08:29Or, ce secteur
08:29subit des prix
08:31qui varient
08:32assez fréquemment,
08:34ce qui rend d'ailleurs
08:34cette société
08:35assez difficile à suivre.
08:37Et en l'occurrence,
08:38en effet,
08:38ils ont alerté
08:39sur le résultat
08:39parce que les droits de douane
08:41très élevés
08:41sur les métaux
08:42aux États-Unis
08:44ont pesé
08:45assez fortement
08:46sur les prix de la ferraille
08:48puisque du coup,
08:48comme on ne peut plus
08:49trop les vendre là-bas,
08:50elle met un peu trop ici
08:50et ça pénalise
08:51effectivement le résultat.
08:52Moi, c'est une valeur
08:53que je n'aime pas trop
08:54parce que je la trouve
08:55trop difficile à prévoir.
08:57Small et mid-cap,
08:57750 millions
08:58de capitalisation boursière
08:59pour De Richebourg
09:00qui, avec la baisse du jour,
09:02repasse en territoire négatif
09:03depuis le début de l'année,
09:04moins 11%
09:05depuis le 1er janvier
09:06à 4,75 euros.
09:08Merci beaucoup Alain Dubrul
09:09de nous avoir accompagné
09:09ce matin,
09:10directeur général
09:11délégué de Claresco Finance
09:12pour faire un point
09:13sur Nestlé,
09:14sur le secteur du luxe
09:15et donc sur De Richebourg.
09:16C'est le gadin du jour
09:18à la Bourse de Paris
09:18avec donc un titre
09:19qui recule
09:20de plus de 14%.
09:22Merci beaucoup Alain Dubrul
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