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  • il y a 2 jours
🎙️ Quel rapport les journalistes et producteurs de Radio France entretiennent-ils avec la langue française ?
Fanette Hourt Rédactrice en chef d’ICI Lorraine à Metz, nous parle de son rapport à la langue.

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Transcription
00:00Maîtriser le français, savoir bien parler, savoir lire correctement, c'est avoir le pouvoir.
00:13J'y accorde une attention particulière.
00:15Moi, je le trouve toujours très instructif par rapport à l'ère du temps, à l'actualité.
00:21Je trouve que c'est assez important finalement d'être connecté à ce que peuvent dire les gens.
00:26Nous, dans les locales d'ici, c'est vrai qu'on voit les auditeurs, c'est vrai qu'on est en contact avec eux.
00:32Souvent, ils nous disent quand ils ont des reproches à nous faire, quand on les croise dans la rue ou même par mail ou par téléphone.
00:38Mais cela dit, avoir cette tendance un peu plus globale et puis avec un peu plus de recul.
00:45On se dit que si les gens prennent la peine de prendre leur plume, d'écrire à la médiatrice,
00:50ce sont vraiment des sujets qui leur tiennent à cœur parce que soit ça les énerve beaucoup, soit parce que ça les touche beaucoup.
00:55Donc moi, je trouve ça toujours très instructif.
01:01C'est un impératif sur une antenne publique, mais c'est un impératif tout court dans la société, je pense.
01:08Quand j'étais au collège, ma prof de français m'avait dit quelque chose qui m'a beaucoup marquée.
01:12Elle m'avait dit, tu sais, maîtriser le français, savoir bien parler, savoir lire correctement, c'est avoir le pouvoir.
01:20Pas le pouvoir dans le sens d'écraser les autres, mais dans le sens où on peut aller dans n'importe où dans la société,
01:29s'intégrer dans n'importe quelle strate de la société, mais aussi parler à tout le monde.
01:35Et je pense que c'est un enjeu très fort pour nous, en tant que journalistes,
01:39de pouvoir s'adresser à tout le monde, au plus grand nombre, en étant aussi les plus rigoureux, les plus précis possibles,
01:46puisque un mot a un sens précis et convient dans cette situation précise et ne conviendra pas dans une autre.
01:55Donc pour moi, c'est très important de maîtriser la langue française.
02:03J'évite d'utiliser des mots trop érudits, trop pardus, trop compliqués.
02:10Ce n'est pas pour ça qu'il ne faut pas utiliser des mots érudits, scientifiques, quand ils ont un sens,
02:17mais les utiliser juste pour le snobisme.
02:20Pour moi, ça n'a pas de sens et donc j'essaie d'éviter.
02:25J'utilise beaucoup l'expression « du coup », qui n'est pas très jolie,
02:32mais j'essaye de parler à l'antenne comme je parle dans la vie.
02:36Et c'est vrai que j'ai tendance à être assez passionnée, à dire beaucoup « donc » et « du coup », « du coup ».
02:42Et j'essaye de moins le faire parce que non seulement l'utilisation que j'en ai n'est pas tout à fait exacte
02:52dans le sens d'origine de cette expression,
02:54mais en plus, ce n'est pas très joli.
02:57Donc j'essaye de gommer ce type de langage, mais « chasser le naturel », il revient au galop.
03:05Alors moi, j'aime beaucoup le mot « nuance ».
03:08Déjà, je trouve que ça sonne bien à l'oreille.
03:10J'aime beaucoup la sonorité de ce mot, je trouve ça très doux.
03:13Et je trouve que dans le son de ce mot, ça dit beaucoup du sens de ce mot.
03:17Et par ailleurs, quand on est journaliste, on travaille beaucoup justement sur la nuance.
03:24Tout n'est pas tout blanc, tout n'est pas tout noir.
03:27Et généralement, l'info, nous, on va la chercher dans la nuance.
03:30Alors je pars du principe que quand on parle à la radio, on parle le plus possible, comme dans la vie de tous les jours.
03:42Et dans la vie de tous les jours, on utilise des anglicismes.
03:45Donc pour moi, ça a un sens de les utiliser.
03:49Ça nous vient naturellement, donc c'est compliqué de les gommer.
03:54Un week-end, c'est un week-end.
03:55Et je trouve que souvent, c'est aussi très opportun, quand on traite certains sujets, d'utiliser l'anglicisme, puisqu'il est rentré dans le langage courant.
04:05Là où je suis un peu plus réservée, ce sont sur des nouveaux mots qui ne sont pas forcément ancrés dans la langue française
04:13et qu'on utilise un petit peu à tout va, parce qu'on est influencé par nos voisins américains, anglo-saxons.
04:21Et là, je pense qu'il vaut mieux revenir à notre bonne vieille langue française, qui généralement a le mot qui correspond.
04:30L'imaginaire.
04:32Quand on entend un bruit de sabot, on voit le cheval et on se fait sa propre représentation de ce qu'est le cheval.
04:41Ça évoque aussi le partage.
04:42Moi, j'écoutais la radio avec mes parents.
04:45Elle était toujours allumée dans la maison, religieusement.
04:49Et on partageait ces moments ensemble.
04:52Ça ne nous empêchait pas de pouvoir intervenir, de pouvoir échanger sur quelque chose qui nous faisait réagir.
04:58Et aussi, collectivement, d'imaginer la scène qu'un reportage pouvait nous offrir.
05:03Alors moi, j'ai deux voix de radio qui m'ont beaucoup accompagnée, enfant et adolescente.
05:14C'est Pascal Clark, que j'ai beaucoup écoutée.
05:18Et j'aime beaucoup son phrasé, sa façon de dire les choses en très peu de mots.
05:25J'aime beaucoup sa voix et du coup, j'aime aussi beaucoup la voix de Rebecca Monzoni,
05:30qui est en fait assez proche de celle de Pascal Clark.
05:35Je parlais d'imaginaire tout à l'heure.
05:36Rebecca Monzoni, vraiment, sa voix m'emmène dans mon imagination.
05:41Elle a cette capacité à me déconnecter.
05:43Je n'ai pas besoin d'image.
05:45Quand elle parle, je suis ailleurs, je suis avec elle.
05:47Sous-titrage Société Radio-Canada

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