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  • il y a 4 mois
🎙️ Quel rapport les journalistes et producteurs de Radio France entretiennent-ils avec la langue française ?
Angélique Bouin, Journaliste à la cellule "Vrai ou Faux" de Franceinfo nous parle de son rapport à la langue.

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Transcription
00:00Les faits ne suffisent pas.
00:02Le travail de la langue française, de toute sa subtilité, est absolument majeur.
00:14Alors moi je dirais que quand ça vient des auditeurs, il n'y a rien de contraignant.
00:17On travaille pour eux, on est un média de service public, on répond évidemment à leurs commentaires.
00:23Inspirant, oui, on peut avoir des inexactitudes sur un texte par exemple web, avoir des commentaires.
00:28Moi il m'est arrivé d'être prise sur factuellement une erreur, évidemment je la corrige.
00:32Donc inspirant, oui, contraignant, non.
00:38Alors c'est plus qu'un impératif, parce que de toute façon, ce qui est particulier dans la radio,
00:44l'écriture radio nous oblige à écrire court.
00:47Alors il y a un impératif politique, on va dire, de défendre la langue française, pourquoi pas.
00:52Mais surtout il y a un impératif quand on travaille à la radio, d'écrire court, de choisir le bon mot.
00:56Et donc on appelle même ça le travail d'écriture quand on apprend notre métier,
01:00parce qu'on a une minute et que parfois un mot de la langue française qui est si riche va permettre de résumer une longue phrase.
01:06Donc il y a un impératif et en même temps une compétence, je dirais, pour un journaliste radio,
01:11de travailler l'écriture, le mot, de choisir les bons mots, d'éviter les répétitions,
01:16d'être capable aussi de donner à voir.
01:18Quand on parle du visage d'un enfant ou de la frimousse qu'on a aperçue, c'est pas le même mot.
01:23Et cette richesse-là, elle est majeure et c'est un truc avec lequel on doit jongler.
01:29Alors moi je travaille dans le service du vrai ou faux, par exemple on s'interdit collectivement d'utiliser le terme « on ».
01:34On a décidé, on a estimé, c'est l'INSEE qui estime, c'est le gouvernement qui décide.
01:41Donc le terme « on » est assez banni.
01:42Alors un peu, voilà je viens de le dire, un peu et alors, un peu et bien, j'essaie de m'en débarrasser.
01:56Alors moi j'ai plein de mots préférés dans la langue française, ce que je disais tout à l'heure,
01:59il y a plein de petits mots que j'utilise pour donner aussi un peu de corps, un peu de vie,
02:03un peu de, parfois même de poésie à des papiers qui sont très très stricts.
02:07Il y a un mot que j'aime bien en ce moment, j'ai aussi réfléchi pour l'interview, j'aime bien le mot discernement.
02:14Parce que je trouve qu'il s'applique à la fois à notre vie perso,
02:17il faut savoir discerner ce qui est bien pour nous, ce qui est bien pour nos proches,
02:20ce qui est bien pour nos choix professionnels aussi.
02:23Mais dans notre métier aussi, le discernement, l'idée qu'il faut agir avec un sens critique,
02:29qu'il ne faut pas avoir d'a priori, ça fait partie de notre mission.
02:33Et discerner aussi les bonnes questions qu'on va poser à un invité,
02:37faire preuve de discernement sur les choix des sujets.
02:39Ça, c'est notre travail quotidien, savoir ce qui illustre un fait de société vraiment.
02:43Est-ce que ce fait divers, il dit quelque chose aux gens ?
02:45Je trouve que c'est vraiment au cœur de notre métier, donc j'aime bien ce mot.
02:51Moi, je ne m'interdis pas certains anglicismes.
02:54Par exemple, burn-out, c'est plus adapté qu'épuisement professionnel, je trouve,
02:58parce que le burn-out, ça qualifie quand même beaucoup de choses autour de l'épuisement professionnel.
03:04Mais c'est vrai que j'essaie de les éviter.
03:06J'ai été, moi, correspondante à Bruxelles pendant plusieurs années
03:09et j'étais envahie d'anglicismes dans ma vie quotidienne avec mes confrères,
03:14mes collègues étrangers, à la commission, au conseil.
03:16C'était une horreur.
03:17Et il m'est arrivé bien des fois, dans ma troisième horre lecture,
03:21avant de passer à l'antenne, de rayer leader pour chef de file,
03:25de trouver un anglicisme avec lequel je parlais tous les jours,
03:29mais qu'il ne fallait pas que je dise à l'antenne.
03:34Gérard Courchelle, qui était un de mes mentors en journalisme,
03:38qui a été présentateur du 8 heures, qui a eu une carrière formidable.
03:40Gérard, il m'avait appris deux choses en journalisme,
03:42mais vraiment, pour moi, quand je parle de la radio
03:44et de quelqu'un qui m'a beaucoup appris, beaucoup inspirée, c'est Gérard,
03:47parce qu'il me disait deux choses.
03:48Évidemment, les faits, les faits, les faits, c'est le cœur de notre métier.
03:52Mais il disait aussi, en radio et partout, d'ailleurs, la forme.
03:55Et Gérard, c'est quelqu'un qui m'a appris cette anecdote amusante.
03:59Un très bon poisson, un très bon plat servi dans du plastique,
04:02il est beaucoup moins bon que servi dans de la porcelaine.
04:05Et donc, l'écriture autour de nos sujets, l'incarnation,
04:09même s'il n'y a que la voix qui passe dans le poste,
04:12et Dieu sait si la voix est majeure, c'est très important.
04:15Et on revient au travail d'écriture en radio.
04:18Les faits ne suffisent pas.
04:19Le travail de la langue française, de toute sa subtilité, est absolument majeur.
04:31Alors moi, il y a deux voix qui ont bercé ma vie professionnelle,
04:35et même en tant qu'auditrice, mais aussi en tant que jeune journaliste,
04:38puisque j'ai passé de longues années à France Inter.
04:40C'est Jean-Luc Hess qui présentait plusieurs émissions,
04:42et notamment le 13h à Inter, qui avait une voix absolument incroyable.
04:45Et plus récemment, je suis toujours bercée par Zoé Varier,
04:50toujours sur France Inter,
04:51qui, par le timbre si spécifique de sa voix, si jolie j'allais dire,
04:56est capable de nous toucher au cœur et de nous raconter des histoires absolument…
05:00Enfin, c'est vraiment une façon de raconter des gens
05:03qui est assez rare dans notre métier.
05:06J'aime beaucoup la voix de Zoé.
05:07Sous-titrage Société Radio-Canada
05:11Sous-titrage Société Radio-Canada

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