00:00On fait de la radio, on a peu de temps, peu de mots, donc il faut choisir les plus justes possibles.
00:12Je ne dirais ni l'un ni l'autre.
00:14Alors moi je reçois beaucoup moins de messages d'auditeurs qu'il y a 5 ou 10 ans, je ne sais pas pourquoi.
00:18Ce n'est pas toujours agréable parce que souvent c'est qu'ils ont quelque chose à nous reprocher,
00:21soit parce qu'on emploie mal un mot ou trop d'anglicisme.
00:25Bon, voilà, mais il faut prendre les critiques, il faut les accepter
00:28et de manière générale il y a quand même toujours quelque chose de positif à en tirer pour s'améliorer.
00:37C'est absolument une nécessité, moi je dois dire qu'il n'y a pas une seule journée
00:41sans que j'aille regarder un dictionnaire des synonymes pour aller décortiquer les mots,
00:47choisir le meilleur mot possible.
00:49On fait de la radio, on a peu de temps, peu de mots, donc il faut choisir les plus justes possibles.
00:54Oui, j'ai un tic de langage, c'est en tout cas.
01:01J'ai l'impression que j'essaie de le mettre à toutes les sauces, ça ne va pas du tout.
01:05C'est quand même mieux que quoi qu'il en soit, c'est quand même du registre plus courant.
01:09Donc ça je l'utilise un peu trop dans les papiers et les interventions à l'antenne, mais je fais attention.
01:14Il y a un truc que je déteste, c'est l'expression « ça cartonne ».
01:22Je trouve ça vulgaire, faussement tendance et ça manque vraiment beaucoup trop de poésie pour moi.
01:29Vraiment, on l'entend beaucoup trop et moi je ne le dis jamais.
01:32Alors il y a un mot que je trouve extrêmement élégant.
01:37Pour moi le mot le plus élégant de la langue française, c'est le mot « péristyle ».
01:41Un péristyle, c'est un ensemble de colonnes qui entourent une cour ou un temple, un bâtiment.
01:47C'est un mot déjà qui est très élégant par sa graphie, avec les jambages, le P, le T, le Y, le L, ça monte et ça descend comme des colonnes en fait.
01:57Donc pour moi c'est un mot qui dit ce qu'il est.
01:59Il y a un autre mot que j'aime beaucoup aussi, c'est le mot « arachnéen », qui veut dire donc « qui touche aux araignées ».
02:06Je déteste les araignées, mais c'est un mot qui est magnifique, qui là encore convoque beaucoup d'imaginaires,
02:11puisque dans la mythologie grecque, arachné c'était une mortelle dotée de pouvoirs de tissage exceptionnels
02:18qui avaient suscité la jalousie d'Athéna, qui l'a donc transformée en araignée.
02:22Et voilà, je trouve que c'est vraiment magnifique, il y a plein d'histoires dans ce mot.
02:26On peut aussi parler d'un tissu arachnéen qui est fin et léger comme une toile d'araignée.
02:31Bon, alors par contre, « péristyle » et « arachnéen », ça c'est sûr, c'est deux mots que vous n'entendrez jamais à la radio,
02:36en tout cas pas dans ce que moi je fais à la radio, c'est dommage, mais ce ne sont pas des mots qu'on utilise beaucoup.
02:40Alors, s'il y a des équivalents français, évidemment c'est mieux de se passer des anglicismes.
02:48Mais après, les rejeter à tout prix, pour moi c'est une attitude vraiment passéiste et inutile.
02:53Les mots anglais, ils existent, ils nourrissent notre langue aussi.
02:57La langue c'est une chose vivante, donc évidemment on peut dire,
03:00on va faire un brainstorming avec nos managers, on peut dire, on fait une réunion pour réfléchir avec nos chefs,
03:04ça on peut le dire différemment, mais quand il y a un vide lexical, qu'il n'y a pas d'équivalent,
03:09ou alors qu'il faut faire des périphrases interminables, autant utiliser le mot anglais.
03:13Je ne sais pas, vous ne dites pas une entreprise innovante, dotée de perspectives de développement prometteur,
03:19vous dites une start-up, et voilà, on doit dire start-up.
03:22On peut dire aussi hashtag, le mot dièse en réalité ça ne marche pas très bien,
03:26c'est même presque plus compliqué à expliquer.
03:28Donc il y a des mots, il faut les intégrer, il faut les accepter.
03:30Le mot radio, ça évoque l'odeur du café du matin,
03:37et le temps qui s'arrête quand on écoute des voix ou des sons à la radio.
03:42La radio c'est du son, mais pour moi c'est aussi beaucoup des images.
03:45La radio, c'est le pouvoir de créer des images,
03:47et chacun projette son imaginaire sur ce qu'il entend,
03:50et je trouve que c'est formidable parce que c'est propre à chacun.
03:56Moi une voix qui m'a vraiment bercée dans ma jeunesse, c'est celle de Pierre Belmar.
04:00qui sur Europe 1 racontait les histoires extraordinaires et les histoires vraies.
04:05C'était des choses incroyables, j'avais, je ne sais pas, 10, 12 ans.
04:09J'étais emportée par ces histoires parce qu'en fait c'était un conteur, un narrateur,
04:13et je trouvais ça génial.
04:15Il y a aussi Méni Grégoire que je n'ai pas écouté,
04:17parce que c'était avant, dans les années 60-70, avant ma naissance quand même.
04:22Mais c'était une voix incroyable,
04:24et je trouve que c'était une journaliste féministe
04:27qui a ouvert la parole, l'espace des femmes,
04:29qui a donné la possibilité aux femmes de parler,
04:31de parler de couple, de sexualité,
04:33et ça c'était très novateur,
04:34et je trouve que c'est aussi un personnage marquant de l'histoire de la radio.
04:38Sous-titrage Société Radio-Canada
04:40Sous-titrage Société Radio-Canada