00:00Ce lien avec le quotidien des gens, j'aime beaucoup ça et je pense que c'est ça que ça veut dire la radio pour moi.
00:11Moi je trouve ça très inspirant, vraiment.
00:13En fait j'ai commencé, comme beaucoup de gens à France Inter, j'ai commencé sur le réseau Radio France dans les locales de France Bleu.
00:20Et dans les locales de France Bleu, on a carrément les auditeurs qui arrivent dans la station pour donner leur avis sur ce qui s'est passé.
00:25Et en fait ce lien direct, c'est quelque chose que je trouvais assez intéressant.
00:28On le perd évidemment quand on est à France Inter parce qu'on a moins de liens, de contacts directs avec nos auditeurs.
00:32Mais les messages de la médiatrice, enfin qui sont envoyés à la médiatrice, ça permet ça.
00:37Je trouve que c'est fondamental parce que c'est un regard sur notre travail.
00:42C'est d'autant plus important quand on est dans une radio de service public, on fait la radio pour les auditeurs.
00:46Et en plus on a des auditeurs qui sont parfois un peu ronchons, parfois exigeants, etc.
00:51Mais souvent justes quand même.
00:52Moi je trouve ça très intéressant, ça nous ramène aussi au cœur de notre métier.
00:56C'est-à-dire faire passer un message pour des auditeurs.
00:59Donc j'aime bien ça.
01:03Moi je trouve que c'est important.
01:04J'ai l'impression qu'on est nombreux dans la rédaction de France Inter à aimer la langue française déjà.
01:10En plus moi je fais mon travail, ça consiste essentiellement à raconter les audiences judiciaires.
01:15Donc j'ai une journée d'audience, une demi-journée parfois.
01:17Et puis après j'en fais un papier qui dure une minute à l'antenne.
01:19Au-delà de l'impératif de valoriser la langue française, il y a aussi un impératif de pouvoir raconter un maximum de choses en un temps limité.
01:25Et pour ça il faut un mot précis, juste, adéquat, qui en une phrase puisse convoquer une image, une idée, etc.
01:32Donc moi j'aime bien prendre le temps.
01:34Ce n'est pas toujours possible parce que parfois on est un peu contraint par l'antenne dans quelques minutes.
01:39Mais quand c'est possible, j'aime bien prendre le temps d'écrire, de vraiment travailler le texte pour être au plus juste en fait sur un temps encore une fois assez limité.
01:49J'ai gardé en mémoire un conseil qui m'avait été donné par un professeur quand j'étais à l'école de journalisme à Lille contre les facilités de langage.
01:59Vous savez ces mots qu'on utilise un peu de manière évidente, une tension palpable, vous voyez ce genre de mots.
02:04Je me souviens de ce cours parce qu'il m'avait vraiment marquée, il m'avait fait prendre conscience d'expressions un peu toutes faites qu'on utilise, de mots valises comme ça.
02:11Et il se trouve que moi j'ai beaucoup couvert par exemple les audiences des attentats terroristes ces dernières années.
02:15Et il y a des mots comme ça, glaçants, glaçants je pense qu'on l'utilisait tous à peu près 30 fois par jour.
02:21Vertigineux aussi, c'est apparu comme ça pendant le procès des attentats du 13 novembre par exemple.
02:25Et au bout d'un moment, ces mots, ils peuvent être justes la première fois qu'on les utilise, mais finalement ils deviennent complètement galvaudés.
02:32Alors j'en ai forcément parce que je pense qu'on est tous perméables à l'ère du temps, y compris dans l'exercice de la langue.
02:38L'avantage pour moi, c'est que comme je le disais, j'écris beaucoup mes papiers, je peux me rendre compte de ces tics de langage et donc les supprimer.
02:45Ça arrive plus quand je suis en direct invité dans une émission ou autre, où effectivement je pense que ça revient.
02:51Je ne pense pas non plus que ça soit très grave à partir du moment où ça ne pollue pas complètement le propos de manière un peu trop importante.
02:58Pour moi, les anglicismes, c'est un peu comme l'éthique de langage, c'est-à-dire qu'effectivement, il y en a qui sont passés dans le langage courant, week-end, e-mail.
03:07Je pense que ne pas les utiliser sont plutôt bloquants qu'autre chose, surtout quand la radio, ça va vite.
03:13Les gens nous écoutent alors qu'ils sont en train de faire autre chose, de se brosser les dents, conduire dans les embouteillages ou prendre leur petit-déj.
03:18Et donc s'ils bloquent sur un mot parce que ce n'est pas quelque chose qu'eux utilisent dans le terme courant, après ils perdent le fil de tout le reste du papier.
03:24Donc il faut aussi pouvoir vivre avec son temps.
03:26Il y a des anglicismes qui sont là.
03:28Maintenant, quand le mot juste existe en français, je trouve qu'il est toujours plus intéressant de l'utiliser.
03:34Pour moi, le mot radio, c'est mon enfance, en fait.
03:37J'ai grandi sans télévision à une époque dans les années 80 où elle était très, très présente dans les foyers avec France Inter.
03:44On ne se refait pas.
03:45Et donc, c'est vraiment ce qui entoure mon quotidien, etc.
03:50C'est toujours le cas aujourd'hui.
03:51C'est le cas pour mes enfants désormais qui écoutent aussi la radio.
03:53Bon, peut-être qu'ils changeront d'antenne un jour, j'en sais rien.
03:55Mais voilà, pour moi, c'est vraiment le média et c'est en ça que je l'aime aussi, qui s'invite dans l'intimité de chacun, qui est là dans notre quotidien, etc., qui nous accompagne.
04:04On sait le matin que si on est à telle chronique, c'est qu'on est en retard.
04:06Ce lien avec le quotidien des gens, j'aime beaucoup ça.
04:09Et je pense que c'est ça que ça veut dire la radio pour moi.
04:11Comme j'ai effectivement grandi avec la radio et en particulier avec France Inter, oui, j'ai des voix de radio, des Alain Passerelle, des Claire Servagent qui m'ont beaucoup inspirée.
04:21Pierre-Louis Castelli, par exemple, qui est décédé il y a très récemment.
04:24Je pense à Pierre-Louis notamment parce que j'aime aussi, moi, les voix un peu marquées, qui sont incarnées avec un accent, avec Patrick Rivas qui nous racontait la Formule 1 à une vitesse de Formule 1.
04:37Il y a des choses comme ça qui incarnent vraiment et qui ont un caractère et j'aime ces voix comme ça.
04:42Ça marche aussi avec l'écriture, bien sûr, mais le débit, la manière de raconter, je trouve que c'est ce qui fait un lien particulier entre l'auditeur, y compris quand on fait ce métier,
04:51entre l'auditeur et celui qui nous parle de l'autre côté du poste.