00:00BFM Bourse, l'écho du monde.
00:03On est au deuxième jour du shutdown.
00:05Aux Etats-Unis, Gilles Mouet nous rejoint, chef économiste du groupe AXA.
00:08Bonjour Gilles.
00:09Bonjour.
00:10Ravi de vous retrouver.
00:10Donald Trump profile du gel des postes de fonctionnaires pendant ce shutdown
00:14pour aller menacer les fonctionnaires de licenciement définitif
00:17si les démocrates ne valident pas le budget.
00:19En gros, faire le boulot que le doge d'Elon Musk n'a pas eu le temps de faire.
00:22Comment est-ce que vous regardez cette menace de Donald Trump ?
00:26C'est une menace compréhensible parce que des deux côtés,
00:32on est dans une approche très passionnelle et très extrême de la négociation.
00:37Pour les démocrates, ce qui se joue là, c'est quelque part la troisième mi-temps
00:41de la non-négociation autour du Big Beautiful Budget Bill de cet été.
00:48C'est l'occasion pour les démocrates de faire plier quelque peu les républicains
00:52sur certaines des mesures les plus extrêmes qu'ils avaient prises au mois de juin
00:56et qui avaient été adoptées à une seule voie de majorité.
00:59Donc, assez forte pression de la part des démocrates
01:01et du coup de la part des républicains et de Trump.
01:04Une approche également très dure.
01:08Si on faisait l'hypothèse que les 750 000 employés fédéraux
01:14ne seraient pas simplement mis au chômage technique,
01:16mais seraient tout simplement licenciés,
01:19il faut savoir que ça représenterait à peu près un demi-point
01:22de l'emploi total américain.
01:24Donc, ce serait visible, je pense, dans les données macro-américaines.
01:29Ça contribuerait certainement à l'affaiblissement de la croissance.
01:33Est-ce qu'on irait jusque-là ?
01:34Ça paraît quand même assez difficile à envisager.
01:37Pour deux raisons.
01:38La première, une raison légale.
01:40Il n'est pas évident que l'on puisse aller vers des licenciements secs
01:44dans le cadre d'un national.
01:46Il y aurait probablement des mois, voire des années de litigation dans les cours.
01:52La deuxième raison, c'est que même si on parle de salariés dits non essentiels,
01:58le degré de désorganisation qui s'en suivrait serait probablement assez élevé
02:02et se retournerait probablement contre la Maison-Blanche elle-même.
02:05Historiquement, ce sont les républicains qui ont plutôt été jugés coupables
02:09entre guillemets des shutdowns, en tout cas d'après les sondages.
02:12Donc, pour moi, là, on est encore dans une stratégie de négociation très dure.
02:19Je continue à espérer qu'on n'aille pas jusque-là.
02:22Oui, mais on voit Donald Trump buter peu à peu.
02:24Il voulait limoger une gouverneure de la Fed, Lisa Cook.
02:26Finalement, la Cour suprême explique qu'il faudra attendre janvier
02:29pour que la Cour suprême statue sur Lisa Cook.
02:31En attendant, elle pourra rester à la Fed.
02:33Et il bute aussi pour le BLS, le Bureau des statistiques sur l'emploi,
02:37où il voulait nommer l'un de ses proches.
02:39Et finalement, il renonce parce que les républicains en Congrès
02:42ne sont pas prêts à voter pour cette personne proche de Donald Trump.
02:46Là, on sent qu'il bute, que ce soit sur la Fed
02:49ou aussi pour cette nomination à la tête du BLS.
02:53Quelque part, c'est un retour sur terre là qu'est en train de vivre Donald Trump
02:56après des effets d'annonce, de la volonté de disrupter.
02:58On va dire que malgré tout, la démocratie américaine
03:02est en train de montrer sa force et sa résilience en ce moment ?
03:06Alors, ce n'est pas le premier retrait de candidature à un poste public
03:09de la part de Donald Trump.
03:10Je pense que ça avait eu lieu déjà au tout début de son deuxième mandat.
03:14Mais c'est vrai que là, c'est rare qu'on a eu une résistance
03:19de la part des sénateurs républicains assez nette.
03:22Donc c'est un signe intéressant.
03:24D'autant plus que lorsqu'on regarde les sondages,
03:26même si la popularité de Donald Trump s'erre d'une manière générale dans l'opinion,
03:30elle reste extrêmement forte parmi les électeurs républicains.
03:33Donc c'est intéressant que les sénateurs républicains
03:36choisissent de s'opposer à Donald Trump sur ce point.
03:42Mais pour moi, c'est vraiment l'opposition des cours qui est la plus importante.
03:46Parce que ce que vous citez est absolument central.
03:48Cette question sur la démission forcée, enfin le retrait,
03:54le renvoi de l'ESACUC du bord de la FED, c'est un élément important,
04:00même si on ne connaît pas encore la décision finale de la Cour suprême.
04:02On en devra attendre le mois de janvier.
04:04Mais il y a un autre élément qui est extrêmement important.
04:07C'est aussi le fait que les fameux tarifs réciproques
04:10qui ont été mis en place à la fin du printemps, au début de l'été,
04:13seront également à la fin des fins examinés par la Cour suprême.
04:16Et lorsqu'on regarde les détails juridiques de ces tarifs réciproques,
04:25c'est vrai qu'il est tout à fait possible que la Cour suprême,
04:29en dépit de sa majorité conservatrice,
04:31considère que Donald Trump ne pouvait pas les utiliser.
04:34Alors ça ne mettrait pas complètement fin à la guerre commerciale,
04:37parce que Donald Trump pourrait probablement utiliser d'autres moyens
04:39pour mettre en place ces tarifs,
04:41mais ce serait effectivement un avertissement assez net
04:44au gouvernement de Donald Trump.
04:47La question pour moi, finalement, c'est quelle serait sa réaction après ?
04:51Est-ce que cette opposition qui monte un tout petit peu,
04:54même s'il faut rester prudent, du côté des élus républicains
04:57et potentiellement davantage de la part de la Cour suprême,
05:00assagirait complètement de l'administration Trump ?
05:03Ou est-ce que face à cette opposition,
05:05on aurait en fait une espèce de montée encore plus dans la radicalité ?
05:10C'est ça qui risque d'être important pour les marchés dans les mois qui viennent.
05:13Gilles, si on regarde autour de l'économie européenne,
05:16il y a une problématique qui commence à se poser,
05:18enfin dont pas mal d'économistes parlent,
05:20c'est comment la BCE peut arriver à gérer,
05:23alors des chiffres de l'inflation qui restent relativement modérés,
05:26si on prend l'ensemble des pays européens et qu'on fait une moyenne,
05:29mais avec de plus en plus de disparités,
05:31avec en plus des classes politiques de plus en plus vindicatives,
05:35un petit peu partout,
05:35est-ce qu'on ne sent pas la BCE peut-être éventuellement
05:38sous pression dans les mois qui arrivent ?
05:41Je pense que la BCE sera de toute manière sous pression,
05:45indépendamment de la dispersion des rythmes d'inflation dans la zone,
05:49parce que de l'aveu même de la BCE,
05:52en tout cas c'est ce qui t'en se paraissait dans ces dernières prévisions,
05:55ils s'attendent à de longs mois
05:57où l'inflation moyenne dans la zone euro
06:00va être inférieure à l'objectif.
06:02Jusqu'à présent, Christian Lagarde nous dit
06:05qu'ils peuvent tolérer ce genre de situation,
06:08qu'ils ne répondraient pas à chaque petite déviation d'objectif.
06:12Mais enfin, si ça dure six, neuf mois, voire un an,
06:17je pense que ça peut commencer à poser vraiment question.
06:21Pas tout de suite, mais probablement,
06:23peut-être au printemps 2026 par exemple.
06:26Et ça pour moi, c'est le vrai sujet de la BCE en 2026,
06:30comment continuer à parler d'une politique militaire
06:34qui en resterait là,
06:36qui serait simplement à 100% neutre à 2%,
06:38alors qu'on s'enfoncerait dans une phase très longue d'inflation
06:41en deçà d'objectifs.
06:43La question de la dispersion autour de 2%
06:46dans les différents pays me paraît moins importante,
06:48parce que pour l'instant, on la comprend assez bien.
06:50Par exemple, on a une inflation toujours aussi forte en Espagne,
06:54mais l'Espagne va très bien conjoncturellement,
06:56donc quelque part qu'elle a une inflation supérieure à la moyenne
06:58et parfaitement compréhensible.
07:00La France ne va pas très bien
07:01et son inflation est là aussi très inférieure
07:04à la moyenne de la zone euro,
07:05et on comprend aussi.
07:06Donc tant qu'on reste dans quelque chose
07:08d'assez explicable par la différenciation conjoncturelle,
07:11je pense que ça n'est pas nécessairement un problème pour la BCE.
07:13Merci beaucoup Gilles Mouek avec nous,
07:14le chef économiste du groupe AXA.
07:16Bon après-midi à Londres.
07:18Gilles, vous étiez avec nous depuis
07:19cette très belle, magnifique ville de Londres,
07:21toujours très excitant d'aller visiter Londres.
07:23Le CAC 40 est en hausse en ce moment
07:25d'un peu plus d'un pour cent
07:27et Wall Street très mitigé,
07:28le S&P perd 0,2%.
07:30Quant au Nasdaq, il progresse un petit peu,
07:32lui toujours porté le Nasdaq,
07:33par les investissements,
07:35les accords surtout,
07:36que multiplie OpenAI en Asie.
07:38Aujourd'hui, c'est un accord entre OpenAI
07:39et deux acteurs sud-coréens
07:41qui vont lui fournir des puces,
07:42qui a été annoncé,
07:43ça apporte donc ce Nasdaq
07:44qui fait mieux que les autres indices américains.
07:45On en reparlera dans la suite de BFM Bourse.
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