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  • il y a 2 jours
Ce mercredi 24 septembre, Antoine Larigaudrie a reçu Olivier Janoray, associé au cabinet Duroc Partners et membre du Cercle des Fiscalistes, dans l'émission Tout pour investir sur BFM Business. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.

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Transcription
00:00Olivier Janoré, vous êtes avocat associé à la Cour chez Durock Partners. Bonjour.
00:04Bonjour, Antoine.
00:05Et alors, j'attendais vraiment avec impatience de pouvoir vous parler, de vous accueillir dans cette émission,
00:09parce que voilà, en la préparant, vous dites, projet de loi de finances, la taxe Zuckmann peut être pertinent.
00:17Qu'est-ce que vous entendez par là ?
00:18Pertinent d'en parler, au-delà de savoir combien ça pourrait rapporter,
00:23puisqu'aujourd'hui on ne parle que de ça, de qui ça pourrait toucher.
00:25Mais la question, c'est, est-ce qu'elle a un sens, d'un point de vue constitutionnel, d'un point de vue juridique ?
00:31Est-ce qu'on n'est pas là en train de brasser, largement, de faire du populisme, en quelque sorte, du populisme fiscal ici,
00:38alors qu'in fine, il y a un vrai sujet constitutionnel en matière,
00:41puisque un impôt confiscatoire, il est anticonstitutionnel.
00:45Et on risque d'arriver ici, en réalité, avec un Conseil constitutionnel qui, potentiellement, se prononce comme étant défavorable à cette mesure.
00:53Et on va dire que c'est de la faute du Conseil constitutionnel.
00:56Et on va oublier de dire que c'est de la faute de ceux qui ont conçu cette taxe
01:00pour, justement, aller fiscaliser les 0,01% des plus riches de France.
01:06Voilà, je pense que c'est important quand même, et surtout qu'on ait le regard de quelqu'un qui a vraiment,
01:11je le disais, les mains dans le cambouis, qui est vraiment dans la technique du truc.
01:16Dès qu'on prononce le mot confiscatoire, de toute manière, il n'y a plus de débat, il n'y a plus de réflexion possible.
01:22Et cette confusion qui est faite et qu'on reproche beaucoup à la taxe Zucpane,
01:26c'est-à-dire d'annihiler toute différence entre le patrimoine de l'entreprise et la fortune personnelle,
01:32c'est juste pas possible.
01:34C'est 2 plus 2 égale 5.
01:36Exactement.
01:37Et en fait, on oublie les fondements de notre fiscalité.
01:41Fiscalité en France, il y a deux blocs.
01:42L'impôt sur le revenu, l'impôt sur les sociétés.
01:45Les deux sont indépendants l'un de l'autre,
01:48au-delà, naturellement, des versements de l'un à l'autre, notamment par les dividendes.
01:51Mais aujourd'hui, on aimerait taxer, à titre personnel, des revenus, des profits, de la valeur,
01:57qui est encapsulée dans une structure.
01:59Donc il y a un vrai sujet.
02:00D'ailleurs, il a été mis sur la table, qui est de dire,
02:02et notamment le gouvernement Bérou,
02:05qui est venu faire une contre-proposition,
02:08qu'on ne connaît pas dans ses grandes mesures,
02:10mais d'aller chercher une contre-proposition,
02:11justement pour être en accord avec la Constitution,
02:14parce que la Constitution, on ne va pas non plus la mettre de côté.
02:17C'est comme le droit européen, le droit de propriété,
02:19on ne peut pas non plus en faire ce qu'on veut.
02:22Aujourd'hui, il faut regarder quand même notre historique
02:24en matière de décision constitutionnelle.
02:26Un impôt sur le patrimoine, il peut toucher le bien professionnel,
02:31ça a déjà eu lieu.
02:32Il peut ne pas avoir de plafonnement,
02:35ça a déjà eu lieu.
02:36Mais dans ces cas-là, il faut que le taux soit suffisamment bas
02:39que par lui-même, ça évite le caractère confiscatoire de la mesure.
02:43Et le taux tel qu'il avait été validé à l'époque, c'était 0,5%, 2%,
02:47on en est quand même loin.
02:49Ceux qui sont derrière cette proposition d'évolution,
02:53ils expliquent que comme le seuil d'entrée est suffisamment élevé,
02:56ça permet de contrebalancer.
02:58Je dirais, il lance une pièce en l'air,
03:00et maintenant, il va falloir savoir de quel côté elle pourrait tomber,
03:02si tant est que cette taxe aille plus loin dans les débats parlementaires.
03:06Oui, parce que ça risque d'être compliqué de manière générale,
03:10mais je crois que c'était important de débunker un peu ça
03:12pour sortir de la psychose.
03:15Parce que c'est vrai que du coup, du côté du particulier,
03:19de quelqu'un qui a un petit capital ou du gros capital,
03:23on a passé la rentrée à parler de gens qui ne pensaient
03:27qu'à prendre leurs sous et à partir au Luxembourg.
03:32Il faut aller vraiment dans la technicité de la chose
03:35pour se rendre compte que c'est peut-être bien
03:39la menace fantôme la plus énorme qu'il soit.
03:41Exactement, et ce qui est assez intéressant ici,
03:43c'est qu'en quelques semaines, il y a eu des analyses économiques
03:46qui nous indiquaient que le transfert de résidences,
03:49l'expatriation fiscale, communément appelée comme ça,
03:52n'existait pas vraiment avec une telle mesure,
03:54que c'était psyllonesque et que ça avait un impact tout à fait ridicule,
03:58marginal.
03:59Je pense qu'il faut aussi interroger les praticiens,
04:02ceux qui, malheureusement, sont amenés à accompagner des gens
04:05qui transfèrent leurs résidences hors de France.
04:07le nombre est bien plus important que ce qu'on voit dans les papiers
04:10des économistes en la matière.
04:12Donc forcément, les impacts économiques qui en sont liés,
04:15on peut penser naturellement à la dépense,
04:18la TVA qui est récoltée qui ne le serait plus,
04:20on peut penser naturellement à tout l'emploi à domicile
04:22que ce type de richesses permettent d'avoir aussi de façon pléthorique.
04:27Et donc, il y a tout un écosystème qui sera abîmé,
04:30et pas uniquement la question de la rentrée fiscale immédiate
04:33de ces personnes qui s'en iraient de France,
04:35pour lesquelles on essaierait de faire toujours une corde de rappel.
04:38On a entendu dire aussi ceux qui voulaient faire en sorte
04:40que la nationalité française soit un critère de résidence fiscale en France,
04:43un peu à l'américaine,
04:44mais je pense qu'on n'a pas non plus le même poids
04:46d'un point de vue géopolitique que les États-Unis en la matière.
04:50Donc voilà, c'est vraiment la foire aux bonnes ou aux mauvaises idées,
04:54il y a vraiment de tout,
04:55c'est le concours Lépine en la matière,
04:56et c'est assez dramatique d'un point de vue opérationnel.
05:00Oui, parce que ça peut provoquer des mauvaises prises de décision
05:04de la part du particulier, de la part de l'investisseur.
05:07Alors, il y a un aspect qui est important aussi,
05:10au milieu de toutes ces réflexions,
05:12il y a la transmission des entreprises.
05:14Parce que mine de rien,
05:15lorsqu'il était question de parler de la taxe du CMAN,
05:19on imaginait des entrepreneurs obligés de liquider leur bien,
05:23donc leur entreprise, pour pouvoir s'acquitter de la taxe.
05:27Là, il est question de pouvoir la transmettre dans des bonnes conditions.
05:31Face aux évolutions réglementaires qu'on peut anticiper dans les prochains mois,
05:35est-ce qu'il y a des axes de réflexion
05:38que vous pourriez donner à celui qui est dans cette situation ?
05:41Tout est un peu lié aussi,
05:44parce que celui qui a son entreprise aujourd'hui,
05:46il y a une taxe du CMAN qui arrive,
05:47il va falloir savoir, si elle arrive encore une fois,
05:50savoir comment la régler,
05:51savoir après comment vivre dans le temps
05:54avec ce bien-là qui est professionnel,
05:57qui ne dégage pas forcément les mêmes types de revenus
05:59qu'un placement dans une CICAV monétaire,
06:01dans le PCVM, etc.
06:03Et donc de se retrouver avec une fiscalité de la transmission.
06:06Celle-ci est aussi mise un peu au pilori
06:10avec ce pacte d'Utreil
06:11qui est utilisé depuis une vingtaine d'années en France,
06:15qui permet une transmission par anticipation
06:17la plupart du temps des entreprises.
06:19Quand je dis par anticipation, c'est par donation.
06:21Mais oui, tout à fait.
06:22Avant, il fallait mourir pour qu'une entreprise
06:24soit transmise d'une génération à l'autre.
06:27Autant dire que ces transmissions-là se font mal,
06:29d'un point de vue opérationnel, d'un point de vue humain,
06:32et en plus d'un point de vue économique, d'un point de vue fiscal,
06:34c'était très coûteux.
06:35Mais avec le pacte d'Utreil, on a anticipé tout ça.
06:38C'est-à-dire qu'on a créé des donations du vivant de la personne.
06:41On orchestre.
06:42Forcément, la transmission se fait de façon plus apaisée.
06:45Il y a de la réflexion à l'intérieur des familles qui est faite.
06:48Et on paye un impôt beaucoup plus tôt.
06:50Puisqu'on paye au moment où on décide de donner.
06:52Et donc l'État, quand même, s'est retrouvé
06:54avec une manne financière par le jeu des donations
06:56qu'elle n'avait pas.
06:58Et si on touche demain aussi à cet outil professionnel,
07:01par la taxe du CMAN,
07:02il y aura des vérités de départ.
07:04Et les personnes arrivent aujourd'hui à structurer
07:07pour faire en sorte que le bien ne soit plus taxable
07:09le jour venu, si le jour vient, pour transmettre.
07:12Et si en plus, derrière, on vient impacter le pacte d'Utreil,
07:16clairement, on va avoir une grosse déperdition de valeur
07:19quand on cherche la souveraineté économique,
07:22quand on cherche d'avoir un tissu social qui est très développé.
07:26Et on sait que les entreprises familiales
07:29développent un tissu social local beaucoup plus fort
07:31que quand ce sont des fonds d'investissement, par exemple.
07:34Donc il faut pouvoir pondérer tout cela.
07:36Ce qui est dramatique aujourd'hui,
07:38et on va avoir dans quelques jours, quelques semaines,
07:40un rapport de la Cour des comptes
07:41sur un pacte financier fiscal du pacte d'Utreil
07:45qui va afficher un coût.
07:47Il faut savoir deux choses.
07:48C'est qu'un, la Cour des comptes,
07:50on lui a demandé combien ça coûtait.
07:51On n'a pas demandé quels étaient les bénéfices.
07:53Donc forcément, ça va venir alimenter le débat
07:56des pro-Zucman et des pro-taxations des patrimoines,
08:01et notamment des patrimoines professionnels.
08:02Et derrière, on n'aura pas le deuxième pan de la discussion.
08:06Et c'est là où il faut que tout un chacun puisse intervenir
08:08pour avoir une pédagogie qui soit à 360.
08:10Et je dirais que c'est aussi la responsabilité de vous,
08:12de vos médias, des journalistes,
08:14d'essayer de montrer le 360 en la matière
08:17qu'il n'existe pas uniquement un seul discours.
08:19Et on l'a vu avec la taxe Zucman,
08:20pendant un laps de temps,
08:21il n'y avait que les pro-Zucman
08:23qui intervenaient.
08:24Et depuis quelques temps,
08:25depuis quelques jours, quelques semaines,
08:26il y a aussi l'autre écho qui se fait valoir.
08:29Mais encore une fois,
08:29il faut rentrer sur la technicité,
08:32sur le texte lui-même,
08:33et ce qui les conforme à nos grands piliers.
08:36Les grands piliers de la 5e République,
08:38c'est la Constitution.
08:39Exactement.
08:40Donc, on résume.
08:42Pas de psychose.
08:43On va avoir un avocat.
08:45On va avoir des gens qui savent.
08:46On se renseigne.
08:47Et les choses peuvent très, très bien se passer aussi.
08:49C'est pour ça que j'étais très content de vous avoir,
08:51Olivier Janoré,
08:52avocat associé à la Cour du Rock Partners,
08:55pour un peu débunker toute cette psychose
08:57et essayer de revenir aux fondamentaux
08:59et de voir ce qu'il est possible de faire
09:00et des solutions.
09:01Il y a toujours la loi et la Constitution derrière nous.
09:03C'est aussi une leçon à retenir de tout ça.
09:05Merci beaucoup d'avoir été avec nous.

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