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  • il y a 2 jours
Retrouvez le débrief de l'actu du mercredi 24 décembre dans l'émission Good Morning Business, présentée par Laure Closier. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.

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Transcription
00:00On débriefe l'actualité du jour avec Thibaut Prébet.
00:02Bonjour, économiste indépendante à ce chiffre de la croissance américaine.
00:054,3% c'est le chiffre le plus élevé depuis la mi-2023.
00:10Qu'est-ce qu'on fait Thibaut avec ce chiffre ?
00:11On le croit sur parole, on le discute comme un chiffre chinois.
00:18C'est ça désormais les statistiques américaines ? Vous y croyez ou pas ?
00:20Pour moi cette économie américaine converge effectivement, ça devient la Chine 2.0
00:23pour des raisons structurelles et des raisons conjoncturelles.
00:26Alors si on parle d'abord de ce chiffre en tant que tel,
00:28moi j'y crois, mais le fait qu'on puisse se poser la question
00:30est déjà en soi très révélateur.
00:31Ça n'arrivait pas avant aux Etats-Unis.
00:33Ils avaient des statistiques plus fiables, ils faisaient des revues.
00:38Donc il y a une petite bascule un peu antidémocratique,
00:40quoique certains chez nous disent que la Chine est une démocratie,
00:42donc c'est-on jamais, ça va peut-être dans le bon sens.
00:44Mais vous vous y croyez quand même à ce chiffre ?
00:45Oui c'est intéressant, première chose c'est qu'il faut rappeler vite fait ce que c'est que la croissance.
00:49La croissance c'est la croissance du PIB.
00:51Le PIB c'est la production.
00:52La production ça veut dire que si vous produisez un truc que vous ne vendez pas, ça va dans le PIB.
00:55Si vous vendez un truc qui était en stock, ça ne va pas dans le PIB.
00:58Et donc c'est un peu erratique.
00:59Quand vous ne savez pas quand produire, que vous avez des droits de douane,
01:01que vous ne pouvez pas importer, plus importer,
01:03qu'il y ait un côté erratique, c'est normal.
01:05Donc il faut prendre un peu de recul.
01:06Sur trois trimestres, on est à 2-3 en moyenne,
01:08sur les trois trimestres de croissance annualisée.
01:10C'est exactement la croissance 24, c'est très inférieur à la croissance 23.
01:14Donc il n'y a rien là-dedans qui n'est pas crédible.
01:16Vous vous retrouvez à une inflation qui est trop élevée,
01:17ce qui avec des droits de douane est assez logique.
01:19Vous avez finalement une sortie statistique qui, quand vous la lissez,
01:21est assez cohérente.
01:23Pour autant, pour moi, encore une fois,
01:25tout le principe c'était de se dire que les Etats-Unis étaient forts
01:27parce qu'ils ne s'arrêtaient pas à la production.
01:29Et c'est là où on a un changement vers un modèle chinois.
01:30C'est là que je parle de Chine 2.0.
01:33Je m'explique.
01:34Prenons un exemple basique.
01:35En fin 2024, Walmart, ça vaut 4 fois moins, 5 fois moins qu'NVIDIA,
01:39ça produit 10 fois plus.
01:41Donc toute la force américaine était de se dire,
01:42on a des boîtes techno qui peuvent faire 80 de marge
01:44et qui peuvent se payer plus de 10 fois son chiffre d'affaires,
01:4620 fois, 30 fois.
01:47Donc retourner vers de la production à tout prix sans marge,
01:50ça n'apporte rien.
01:51Ça n'apporte pas de richesse.
01:52Et c'est là qu'on a un basculement vers la Chine à contresens.
01:54C'est-à-dire que tout le monde veut sortir du modèle chinois
01:55parce que les populations sont de moins en moins pour le productivisme
01:58et eux, ils y vont.
02:00Encore un exemple.
02:00Sur les 5 dernières années, la Chine,
02:03c'est un peu moins de 25 de croissance, 2020 compris.
02:05L'Inde, c'est un tout petit peu plus.
02:06Donc c'est pareil.
02:07Dans le même temps, on a un marché chinois qui en baisse
02:08et un marché indien qui a plus de 50.
02:10Donc l'évolution vers une recherche de techno
02:12et pas de produire à tout prix,
02:14c'est l'évolution mondiale.
02:15Et pendant ce temps-là, les États-Unis se disent
02:17« Et si on produisait les naïcs chez nous ? »
02:19Super.
02:19Mais alors du coup, ça peut tenir combien de temps ?
02:21Parce qu'à un moment donné, il faut produire quand même.
02:23Enfin, à un moment donné...
02:24Il faut vendre, ouais.
02:25Mais en fait, ils peuvent.
02:26C'est juste qu'ils vont aller vers des activités
02:27qui créent beaucoup de richesses,
02:28beaucoup d'innovations,
02:29vers des activités qu'on crée de moins en moins.
02:31Ça, c'est le premier point.
02:31Et puis le deuxième point, c'est que ça ne vaut pas le coup.
02:34C'est-à-dire que prenez vos statistiques américaines.
02:36Admettons qu'on croit dans 2-2 de croissance cette année,
02:38qu'on croit dans 3 d'inflation,
02:39ça vous fait 5-2.
02:40On attend un déficit à 6-2.
02:42Donc vous comparez la croissance nominale 5-2,
02:44le déficit 6-2,
02:45c'est moins, c'est pas bon.
02:46Pendant ce temps-là, en Europe,
02:47on va être à 3-2 de déficit,
02:503-6 de croissance nominale, c'est mieux.
02:52Donc en fait, ça ne vaut pas le coup.
02:53C'est-à-dire que le déficit extrêmement élevé américain
02:55donne une croissance qui est famélique.
03:01Le rapport entre déficit et croissance nominale n'est pas bon.
03:04Ils creusent trop le déficit par rapport à ce que ça leur rapporte.
03:06Oui, ça ne retire pas.
03:07Ce qui veut dire que ce n'est pas très bon, quand même,
03:09pour l'analyse globale de la croissance.
03:11Non, ce sont des chiffres qui ne sont pas bons.
03:12Mais en fait, quelle est l'idée ?
03:13L'idée, c'est que quand vous vous donnez un thermomètre,
03:14ce qui est le cas de Trump,
03:15lui, il se dit, je suis un génie,
03:16comme il nous l'a encore répété,
03:17ça fait une personne qui croit, c'est bien,
03:18je vais essayer de faire plus de croissance.
03:20Donc plus de croissance, c'est plus de déficit pour stimuler,
03:22et puis on va tout produire,
03:23même si ça n'a aucun intérêt de le produire localement.
03:25Donc encore une fois, la Chine 2.0,
03:27avec un truc que les États-Unis avaient oublié,
03:29qui sont pour le coup, à juste titre,
03:30en train de souvenir,
03:32c'est que ne pas avoir de terres rares ou certains composants,
03:34c'est une faiblesse structurelle.
03:36Et donc là, ils veulent y aller.
03:37Et ça, pour le coup, c'est quelque chose que nous,
03:38en France, on n'a toujours pas compris.
03:39On a un plan, là, on a un plan européen pour les terres rares.
03:42Mais quand vous dites, par exemple,
03:43l'Irlande nous taxe nos revenus,
03:44il faudrait pouvoir taper sur les boîtes qui vont se caser en Irlande,
03:47mais si vous n'avez pas d'équivalent européen
03:48pour pouvoir les blacklister, vous ne pouvez pas.
03:50Donc ça, les États-Unis, dans ce retour en force,
03:51comprennent qu'ils veulent baisser leur dépendance
03:53par rapport au reste du monde.
03:54Mais je pense que ces chiffres sont,
03:55un, probablement justes,
03:57deux, pas bons, contrairement à ce qu'on peut penser,
03:59et que le jeu n'en vaut pas la chandelle,
04:00et qu'aller dans un modèle,
04:02et je terminerai là-dessus,
04:04démographiquement touché,
04:05où on aura de moins en moins de consommateurs
04:06vers un modèle de plus en plus productiviste,
04:09c'est l'opposé du sens de l'histoire,
04:10et c'est, passez-moi l'expression, complètement con.
04:11Et ça, c'est partout.
04:13Enfin, je veux dire, la question démographique,
04:15vous me parliez des États-Unis,
04:16mais c'est partout pareil.
04:17Partout, mais il n'y a aucun autre pays
04:18qui est en train d'aller dans une logique productiviste,
04:20c'est-à-dire que l'idée de dire
04:21qu'il faut absolument du PIB pour du PIB,
04:23même si c'est polluant,
04:24même si ça n'a aucun intérêt,
04:25et que les États-Unis qui sont là-dedans.
04:26Sachant que votre point, c'est de dire
04:27qu'il n'y aura plus de bras pour les usines,
04:29c'est ça en fait.
04:29Non, c'est pas ça, c'est de dire
04:30qu'il n'y aura plus de gens pour consommer.
04:31C'est-à-dire qu'un modèle productiviste,
04:32vous vous dites,
04:33en fait, si vous avez de moins en moins
04:34de consommateurs,
04:35vous vous dites,
04:35si je peux leur vendre des produits
04:36à 80 de marge au lieu de 2 de marge,
04:38c'est pas grave,
04:38je ferais moins de chiffre d'affaires,
04:39mais je ferais beaucoup plus de marge.
04:40On a basculé vers un monde
04:41de l'économie de la marge
04:42et non pas sur l'économie du chiffre d'affaires.
04:44Toutes les boîtes fonctionnent là-dessus,
04:45toutes les boîtes ne veulent pas
04:46une croissance du chiffre d'affaires,
04:47ils veulent une croissance de la marge
04:48et des bénéfices.
04:49L'économie américaine fait l'opposé.
04:50Elle dit,
05:01il y avait beaucoup d'avance
05:02dans une construction très en amont
05:04des sujets de demain,
05:05l'opposé de ce qu'il faut faire.
05:06Et donc ça, c'est intéressant
05:07parce que ça montre
05:08qu'une vision très à court terme
05:09avec un président qui a non seulement
05:11plus beaucoup de temps économique devant lui,
05:12mais probablement plus beaucoup de temps
05:13tout court devant lui,
05:15on va dans des trucs très court terme
05:16que personne n'ose défier
05:18parce que les gens ont peur du président
05:19et là encore,
05:20on est un peu dans la Chine 2.0.
05:21Et donc voilà,
05:21un parallèle intéressant
05:22et des statistiques qui font plus peur
05:25parce qu'on peut penser
05:27qu'elles ne sont pas vraies
05:27que parce qu'elles ne le sont pas.
05:29Si vous dites du mal,
05:30vous n'avez plus de visa.
05:31pour aller aux Etats-Unis.
05:32Donc ça va assez vite.
05:33On peut éviter de diffuser votre émission,
05:35ce serait parfait.
05:36Bonne chance.
05:36Merci beaucoup Thibault Prébet
05:38qui est venu ce matin
05:38dans la matinale de l'économie.
05:40Je vous souhaite d'excellentes fêtes
05:41de fin d'année à vous Thibault
05:42et aussi aux téléspectateurs
05:43et aux auditeurs
05:43qui étaient avec nous ce matin.
05:45et aux téléspectateurs
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