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  • il y a 20 heures
Aujourd'hui, c'est au tour de Benjamin Morel, constitutionnaliste et docteur en sciences politiques, de faire face aux GG. - L’émission de libre expression sans filtre et sans masque social… Dans les Grandes Gueules, les esprits s’ouvrent et les points de vue s’élargissent. 3h de talk, de débats de fond engagés où la liberté d’expression est reine et où l’on en ressort grandi.

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00:00R.M.C. Face aux grandes gueules
00:03Ah oui, parce que quand ça vient compliquer à l'Assemblée, on a besoin de Benjamin Morel, le constitutionnaliste, pour y voir plus clair.
00:12C'est vrai que ce qu'on va vivre là, on l'a déjà vécu il y a un an, mais on l'a un peu oublié. Bonjour Benjamin.
00:18C'est ce qu'on appelle la loi spéciale, qui sera votée en fin d'après-midi à l'Assemblée et ensuite au Sénat.
00:24Pourquoi la loi spéciale ? Parce qu'on n'a pas réussi à se mettre d'accord sur un budget. Alors c'est quoi une loi spéciale ?
00:28Alors, pour comprendre ce qu'est une loi spéciale, d'abord il faut bien comprendre qu'en France, il ne peut pas y avoir de shutdown.
00:32En d'autres termes, non pas vous pouvez, mais vous devez toujours payer vos fonctionnaires, faire marcher vos services publics.
00:38C'est un impératif constitutionnel et l'année dernière, on n'a pas eu de budget, pourtant le fonctionnaire que je suis a été payé.
00:44Et Barbara aussi.
00:45Barbara aussi et dès lors que vous êtes fonctionnaire, dès lors que vous avez la nécessité d'avoir des services publics, que l'État tienne,
00:52il y a une nécessité pour l'État d'exécuter les dépenses. Mais pour que ces dépenses soient bien exécutées, il faut qu'en face, il y ait des recettes.
00:58C'est le principe d'une loi spéciale. Une loi spéciale, ça autorise le gouvernement à faire trois choses.
01:03D'abord, à prélever les impôts pour arriver à avoir des recettes qui vont face aux dépenses.
01:08De l'autre côté, à flécher une partie de ces recettes vers les collectivités territoriales qui également ont des dépenses.
01:14De l'autre côté, à emprunter sur les marchés pour arriver à équilibrer votre budget.
01:18Donc ça permet en fait de faire tourner l'État, mais on y reviendra sans doute.
01:21C'est bien alors cette loi spéciale ?
01:23Ce n'est pas pérenne.
01:24Pourquoi ce n'est pas pérenne ?
01:25Pour une raison assez simple, c'est-à-dire que d'un côté, vous avez des dépenses,
01:29mais ce sont des dépenses qui, si on les interprète strictement comme l'année dernière,
01:33sont uniquement des dépenses courantes de l'État.
01:35En gros, vous pouvez payer vos fonctionnaires, mais vous ne pouvez pas en recruter.
01:38De l'autre côté, vous ne pouvez pas non plus passer de marché public important.
01:42Par exemple, prenez la question de la défense.
01:44Vous pouvez toujours, et vous devez toujours payer vos militaires,
01:46mais vous ne pouvez pas leur payer de nouveaux avions.
01:48Derrière les avions, il y a une politique de défense.
01:50– Oui, mais je voudrais dire que dans la loi spéciale, il n'y a pas d'investissement.
01:53– Alors, disons que derrière vos avions, il y a des avionneurs.
01:59Et donc, il y a tout un tissu économique qui risque de s'effondrer si ça dure trop longtemps.
02:03Théoriquement, on pourrait l'imaginer.
02:05C'est-à-dire qu'Éric Coquerel dit, il n'a pas tout à fait tort.
02:07– Président de la Commission des Finances.
02:08– Exactement.
02:09On a une version extrêmement restrictive des crédits qu'on peut ouvrir par décret.
02:14On pourrait imaginer avoir une vision un peu plus extensive.
02:17Mais il y a un danger à ça, parce que si vous dépensez trop,
02:20et qu'in fine, vous avez un budget avec pas assez de recettes,
02:22vous allez creuser le déficit et la dette.
02:24– C'est déjà creusé.
02:25– C'est vrai qu'on ne le fait jamais, ça.
02:27– Juste un point, M. Morel.
02:28La dernière fois qu'on nous a fait le coup de la loi spéciale,
02:31le Conseil constitutionnel a autorisé M. Macron et son gouvernement
02:34à augmenter la contribution à l'Union européenne dans la loi spéciale.
02:38– Alors non, il n'a pas été saisi, le Conseil constitutionnel.
02:40Et quoi qu'il arrive, il n'y a pas de contribution à l'Union européenne dans la loi spéciale.
02:43La loi spéciale, c'est uniquement un, prélever les impôts.
02:46– Dans la dernière loi spéciale, il y a eu un ajout, un amendement ajouté.
02:50– Il n'y a pas d'amendement dans les lois spéciales.
02:52– Ah ben moi, j'ai entendu dire que dans la dernière loi spéciale,
02:54le Conseil constitutionnel avait autorisé le gouvernement
02:57à ajouter un surplus de contribution à l'Union.
02:59– Premièrement, le Conseil n'a pas été saisi,
03:01donc il n'a pas pu se prononcer.
03:02Et puis, il n'y a pas d'amendement dans une loi spéciale.
03:04Et votre loi spéciale, elle ne porte que sur les recettes,
03:06pas sur les défenses, c'est ça.
03:07– Mais ça peut durer plusieurs semaines, voire plusieurs mois,
03:11parce que l'année dernière, c'est jusqu'en février,
03:12je crois qu'on est resté sur la loi spéciale.
03:15– Oui, en soi…
03:16– Parce que, pardon, je vous dis ça parce que j'entends certains dire,
03:19comme il y a les municipales en mars,
03:21a priori, on n'arrivera pas à se mettre d'accord avant mars,
03:24ça sera forcément après les municipales.
03:25– Votre loi spéciale, c'est une rustine.
03:27Votre vélo crève, et donc vous mettez une rustine
03:29pour pédaler jusqu'à l'endroit où vous pourrez changer le pneu.
03:31Plus vous pédalez longtemps, plus, un, vous allez forcer sur vos jambes,
03:35et deux, votre vélo risque de finir abîmé.
03:37Donc si on a une loi spéciale, pendant un mois, deux mois,
03:39les conséquences économiques sont moindres.
03:40Si ça dure six mois, c'est plus embêtant,
03:42si ça dure un an, c'est très embêtant.
03:44Donc il vaudrait mieux éviter que ça dure trop longtemps.
03:47Les conséquences, elles sont doubles.
03:48Elles sont d'un côté de vraies conséquences sur l'investissement,
03:51à la fois de l'État, des collectivités territoriales,
03:53et derrière, il y a des entreprises, il y a des boîtes
03:54qui n'auront pas de commandes publiques,
03:55elles vont tirer la langue,
03:56et certaines pourraient beaucoup souffrir.
03:58De l'autre côté, sur les recettes,
04:00souvenez-vous, l'année dernière, on a déjà eu ce débat,
04:02la réindexation du barème sur l'impôt sur le revenu.
04:05Dès le moment où vous considérez que votre loi spéciale
04:07ne fait que reproduire les impôts de l'année précédente.
04:10Ça veut dire que vous ne transformez pas ce barème
04:12et que vous avez plein de foyers qui vont tomber dans l'impôt
04:14ou qui vont changer de tranche.
04:16Si on arrive à avoir un budget,
04:17avant le moment où on fait les déclarations,
04:19ça n'a pas d'impact.
04:20Si on a un budget plus tard, en gros, après le mois de mars,
04:23là, vous allez avoir cette nécessité de payer des impôts
04:26alors que vous n'en auriez pas payé,
04:27de changer de tranche alors que vous n'auriez pas dû changer.
04:30Et ça, évidemment, ça fait des Français.
04:31Le problème, c'est que pendant deux mois,
04:33les députés ont débattu,
04:34mais ils n'ont pas réussi à se mettre d'accord sur un budget,
04:36le budget de la nation.
04:38Donc, il y a une solution, c'est le 49-3,
04:40ça sert à ça.
04:41Mais M. Lecornu, pour l'instant,
04:44dit officiellement pas de 49-3
04:46puisqu'il s'est engagé auprès notamment du groupe socialiste
04:48pour ne pas l'utiliser.
04:49Mais c'est vrai que ça paraît évident qu'il faut utiliser 49-3.
04:51Oui, il n'y a qu'une réalité arithmétique
04:53où ce budget pourrait passer 149 à 1 à 3.
04:55Ce serait que les socialistes votent pour le budget.
04:57Ils l'ont exclu parce que ça voudrait dire
04:58qu'ils feraient partie de la majorité.
04:59Ils sont dans l'opposition.
05:00Et donc, dans ce cadre-là,
05:02si vous voulez, ça finit de trois façons.
05:03Donc, soit les ordonnances,
05:04Sébastien Lecornu les a exclus,
05:06soit le 49 à 1 à 3,
05:07Sébastien Lecornu les a exclus,
05:08soit les socialistes votent pour,
05:09les socialistes l'ont exclu.
05:11Donc, il y a bien un moment
05:11où quelqu'un va devoir se dédire
05:12sinon on n'aura pas de budget.
05:14Le plus probable à ce stade-là,
05:15c'est en effet qu'on débouche sur un 49 à 1 à 3.
05:18La question ensuite,
05:19c'est quelle pirouette de communication politique
05:21on va trouver pour expliquer
05:23que le 49 à 1 à 3,
05:24c'était mal en décembre,
05:25mais ce n'est pas si mal en janvier.
05:26Avec quand même le risque d'être censuré.
05:28Parce que lorsqu'on dépose,
05:29on utilise 49 à 3,
05:30il y a une motion de censure
05:31qui sera forcément déposée
05:32soit par les filles,
05:34soit par l'ERN.
05:36Et derrière,
05:37s'il la vote,
05:38enfin si la gauche et l'ERN la votent,
05:41Lecornu tombe.
05:42Alors, oui,
05:43mais à ce stade-là,
05:45il faudrait que les socialistes
05:46ne votent pas la censure
05:47pour que Sébastien Lecornu tienne.
05:49Or, il faut bien voir
05:49qu'il y a deux groupes politiques
05:50qui ont aujourd'hui absolument pas intérêt
05:52à une censure
05:53et potentiellement à une dissolution.
05:55C'est les socialistes
05:55qui ont quand même été très loin
05:56dans la discussion avec Sébastien Lecornu
05:58et les LR.
05:59Les deux ont un impératif,
06:01il a été évoqué,
06:02c'est les élections municipales.
06:03Les élections municipales,
06:04les maires ont peur,
06:05pas tout à fait à tort,
06:06qu'il y ait une forme
06:07de carambolage
06:08entre les élections municipales
06:10et des législatives.
06:11Donc, pour cette raison-là,
06:13même s'il va falloir faire
06:14de grandes acrobaties
06:15en termes de communication,
06:16l'idée que les socialistes
06:17votent la censure
06:18à la suite d'un 49 à une A3
06:20apparaît à ce stade
06:21assez improbable.
06:21Vous pensez qu'ils vont se renier
06:23et que les socialistes
06:24et les LR peuvent se renier
06:25en gros pour garder des sièges,
06:27pour assurer les municipales ?
06:29Alors, ils sont divisés.
06:30Les LR, pour le coup,
06:31n'ont jamais été vers la censure
06:33jusqu'à présent.
06:34Mais on aura probablement
06:36ce qu'on peut faire
06:36avec un 49 à une A3,
06:37une forme de deal.
06:38Comme le faisait Michel Rocard,
06:39vous savez Michel Rocard,
06:40il avait un gouvernement minoritaire
06:41et il tenait sur deux groupes politiques
06:43qui ne censuraient pas
06:44les communistes et les centristes.
06:45Et il disait aux communistes
06:45et aux centristes
06:46de quels amendements
06:47auriez-vous besoin
06:48dans le texte,
06:49notamment dans le projet
06:50de loi de finances,
06:51dans le budget,
06:51pour que vous ne me censuriez pas.
06:53C'est ce que va faire
06:53Sébastien Lecornu.
06:55Ce qui a marché avec la Sécu.
06:56Ce qui a marché avec la Sécu,
06:57c'était la suspension
06:58de la rentrée.
06:59Mais sans la 49 à une A3.
07:00Vous pouvez le dire
07:01avec un 49 à une A3,
07:02vous intégrez les amendements
07:03qui intéressent les socialistes,
07:04les LR,
07:05et vous arrivez
07:06à une forme de compromis
07:07qui ne sera pas
07:08un compromis de grand équilibre
07:09et de grandes économies,
07:11mais qui permettra
07:11de faire passer.
07:12Monsieur Lescure,
07:13simplement,
07:13Monsieur Lescure donne une piste
07:14à la mise de l'économie ce matin
07:15puisqu'il a dit
07:16qu'il était pour la surtaxe
07:17sur les grandes entreprises
07:18qui fera plaisir aux socialistes
07:20et qui a un moyen
07:20déjà de dealer.
07:22Moi, ce que je vois aussi
07:23sur le terrain,
07:24vous avez expliqué
07:25que les LR et les socialistes,
07:28ils vont tout faire,
07:30y compris gober le 49 à 3
07:31pour ne pas aller au vote,
07:33enfin ne pas se mettre
07:35en danger de dissolution.
07:36Ce que je vois aussi
07:37la collusion avec les municipales,
07:40c'est qu'il y a quand même
07:40aujourd'hui des maires
07:41qui ne sont pas super ravis
07:44d'avoir une étiquette politique
07:45qui va maintenir
07:46le gouvernement Lecornu en place.
07:48Est-ce qu'il n'y a pas
07:49de la pression interne
07:50de la part des maires
07:52dans leur propre parti
07:53pour que le gouvernement
07:54y tombe ?
07:55Il y a une double pression.
07:57Ce que vous dites est vrai,
07:58c'est-à-dire que pour beaucoup de maires,
08:00l'idée d'avoir une étiquette
08:01d'un groupe politique
08:02qui n'aurait pas fait tomber
08:03le gouvernement,
08:04c'est compliqué.
08:05D'où l'intérêt d'avoir
08:05un budget adopté
08:06le plus vite possible.
08:07C'est-à-dire que plus on se rapprochera
08:07des municipales,
08:08plus pour les groupes politiques
08:09et pour les maires,
08:10ça va être coûteux.
08:11En même temps,
08:12les maires aujourd'hui,
08:13ils ont besoin de deux choses.
08:14La première chose,
08:15c'est d'éviter des législatives
08:16anticipées pendant les municipales
08:17parce que là,
08:18vous avez une nationalisation
08:19de l'élection,
08:19ça leur coûterait très très cher
08:20d'un point de vue politique.
08:22L'autre risque,
08:23vous faites des promesses
08:24aux municipales,
08:25mais vous vous engagez sur quoi ?
08:26Sur un projet,
08:26mais il est financé comment ?
08:28Il est financé par des retours
08:30du budget de l'État.
08:31Et donc, ce faisant,
08:32pas de budget,
08:33difficile de se projeter
08:33pour l'après-municipale.
08:35Donc, des dotations
08:35dont on ne sait pas exactement
08:36de combien elles seront.
08:38Et ça, évidemment,
08:38pour les maires,
08:39ça n'aide pas.
08:40Quoi qu'il arrive,
08:41ce qui sera voté
08:42ne sera pas très ambitieux
08:43par rapport aux objectifs
08:45qui avaient été fixés
08:46déjà par François Bayrou,
08:47c'est-à-dire réduire la dette,
08:48réduire la dette,
08:50réduire le déficit.
08:52Même l'objectif
08:53qui a été fixé
08:53par le Cornu,
08:54c'est-à-dire en dessous de 5,
08:55ne sera pas tenu
08:56puisque maintenant on dit 5
08:57et ça sera peut-être
08:585-1, 5-2, 5-3.
08:59Donc, on voit bien quand même
09:00que ces arrangements
09:02se font quand même
09:03sur le dos
09:04des Français
09:06et puis surtout
09:06des nouvelles générations
09:07parce qu'à un moment donné,
09:08un déficit ou une dette,
09:09ça s'éponge,
09:10ça se paye.
09:11C'est quand même ça,
09:12quand même le plus important
09:13finalement
09:13que l'avenir
09:15de Sébastien Lecornu.
09:16Oui, alors il y a une règle
09:17de base, si vous voulez,
09:18quand on fait des politiques
09:19budgétaires comparées,
09:20c'est-à-dire qu'on s'invise
09:20à savoir comment est-ce
09:22qu'on fait des économies budgétaires.
09:23Plus votre gouvernement
09:24est minoritaire,
09:25plus il tient sur un nombre
09:26important de groupes
09:27qui ne font pas tomber
09:28ou qui votent le budget,
09:30moins il fait d'économies
09:30parce que chaque groupe politique
09:32qui a besoin
09:32de soigner son électorat
09:34parce qu'une finée,
09:34eux non plus
09:35ne veulent pas mourir,
09:36a besoin de donner des gages.
09:37Si vous êtes socialiste,
09:38vous ne voulez pas
09:38que vos électeurs
09:39se carapatent
09:40à la France insoumise.
09:41Si vous êtes LR,
09:42vous ne voulez pas
09:42que vos électeurs
09:43se carapatent au RN
09:44et donc vous devez arriver
09:45à obtenir des gains.
09:46Ces gains,
09:46ils sont coûteux.
09:47Et donc dans ce cadre-là...
09:48D'ailleurs, les gains,
09:49ce n'est jamais
09:50sur des baisses de dépenses,
09:51par exemple.
09:51C'est toujours en général
09:52sur de nouveaux impôts.
09:53Oui, les Français
09:53sont très paradoxaux aussi.
09:54C'est-à-dire que
09:55tout le monde voudrait
09:56que le budget soit à l'équilibre
09:58mais en même temps,
09:59si on ne me rembourse pas
10:00mes médicaments,
10:01si moi je perds
10:02tel ou tel avantage,
10:03je ne vais pas être content.
10:04Et c'est cette contradiction
10:05en tant que telle
10:05qui fait que pour les gouvernements,
10:07c'est traditionnel.
10:07Je ne suis pas sûr.
10:08Un mec qui se lève aujourd'hui
10:10et qu'a comme projet
10:11du Millet,
10:12on va aller dans l'extrême
10:14du Millet,
10:15de dire aujourd'hui
10:16on dégage tout ce qui ne sert
10:18à rien dans l'État,
10:19on refait fonctionner
10:20le régalien dans l'État,
10:21je ne suis pas sûr
10:22qu'il n'ait pas une adhésion
10:24qui puisse l'emmener au pouvoir.
10:25Vous savez,
10:25le budget aujourd'hui de l'État,
10:27si on le prend par rapport
10:27à il y a 10 ans,
10:28il n'a pas vraiment augmenté.
10:30De même que pour le budget de l'État,
10:31je ne parle pas des collectivités,
10:32le nombre de fonctionnaires
10:33et derrière cet État,
10:34vous avez la police,
10:35vous avez la justice,
10:36vous avez l'école,
10:37vous avez l'hôpital.
10:38Et donc aujourd'hui,
10:39c'est des services publics
10:40qui sont très fragisés.
10:41Il y a aussi des agences.
10:42Quand les gens voient
10:43le fonctionnement du Louvre,
10:45je suis désolé,
10:45c'est leurs impôts aussi.
10:46Oui, mais tout le reste,
10:47justement,
10:48après, il y a un sujet
10:49sur collectivités territoriales
10:51et il y a un sujet
10:51sur budget sociaux.
10:53Chez les retraites,
10:53il ne coûte plus cher
10:54chez nous qu'ailleurs quand même.
10:55Je voudrais juste préciser une chose.
10:57L'article 1 de la loi spéciale,
10:59il n'y a pas que le lever l'impôt
11:00pour les collectivités territoriales
11:02et aussi lever l'impôt,
11:03c'est ce dont je parlais tout à l'heure,
11:04pour l'Union européenne.
11:05C'est indirect,
11:06c'est-à-dire que lorsque vous levez...
11:07On ne cite jamais
11:08cette dotation-là,
11:11on ne la cite pas.
11:11Alors,
11:12l'Union européenne
11:13n'lève pas l'impôt.
11:16Elle fait partie des dépenses,
11:18donc elle n'est pas directement
11:19en lien avec votre loi spéciale.
11:21Elle fait largement partie des dépenses
11:22puisqu'on paye 25 milliards,
11:23on est le premier contributeur
11:24et qu'en plus,
11:24on a un solde net
11:26de 9,5 milliards,
11:28c'est-à-dire qu'on a 9,5 milliards
11:30qui partent dans la nature,
11:32c'est-à-dire qu'ils ne nous reviennent pas.
11:33Mais ça, c'est un sujet budgétaire,
11:34c'est-à-dire que ça,
11:35on l'attribuera,
11:36alors en plus avec des contraintes
11:37liées au budget européen,
11:38donc ça, ça nous échappe en partie,
11:39mais on l'attribuera
11:40quand on votera un budget
11:41au mois de janvier
11:42ou au mois de février.
11:42Alors justement,
11:43pourquoi est-ce que les ordonnances
11:46ne seraient pas une solution
11:47pour M. Lecornu
11:48pour essayer de s'en tirer ?
11:49Si vous voulez,
11:49les ordonnances,
11:50c'est au 49 A1A3
11:53ce que la bombe atomique
11:54est au bazooka.
11:55C'est-à-dire que
11:55qu'est-ce que c'est qu'un 49 A1A3 ?
11:57Je prends mon texte,
11:58je l'enrichis d'amendements
11:59qui sont les amendements
12:00potentiellement de l'opposition
12:01et ensuite,
12:02il y a un vote sur la censure,
12:03mais il y a un vote.
12:04Les ordonnances,
12:04c'est que je prends mon texte originel,
12:06je n'introduis aucun amendement
12:07et je l'applique,
12:08qu'importe si je tombe derrière,
12:10qu'importe s'il y a une dissolution.
12:12Donc c'est beaucoup plus violent politiquement.
12:14Derrière, ça signifie probablement
12:15la censure
12:15et ça signifie encore plus d'instabilité,
12:18ce pourquoi aujourd'hui
12:18le gouvernement semble exclure.
12:19Pourquoi la censure ?
12:20Parce qu'il y aurait forcément
12:21pour faire passer les ordonnances,
12:22derrière,
12:23il faut qu'ils soulèvent un vote ?
12:25Vous voulez dire à la première occasion ?
12:26Non, mais il y a une autre censure.
12:28À la première occasion,
12:29si vous voulez,
12:30les socialistes comme les LR
12:31seraient bien embêtés
12:32de soutenir un budget
12:33qu'ils n'auraient eux-mêmes pas voté
12:35et sur lequel ils n'auraient rien obtenu.
12:36Oui, mais puisque M. Lecornu
12:36nous raconte matin, midi et soir
12:37qu'il faut que la France ait un budget,
12:39qu'il ait le courage
12:39de les passer par ordonnance,
12:40qu'il ait le courage
12:41de passer son budget.
12:42Alors les ordonnances de l'article 47,
12:43non, si vous voulez,
12:44c'est en imprunt
12:45à la constitution d'autophone Bismarck
12:47qui expliquait en gros
12:48au début des années 1870
12:50lorsqu'il les avait utilisées
12:51que le Reich allemand
12:52n'était pas vraiment une démocratie.
12:54Donc on a quand même
12:55un truc très très lourd
12:56qu'on a introduit
12:56pour que l'État tienne
12:57mais qui n'est évidemment
12:58d'un point de vue démocratique
12:59pas tout à fait sain
13:00parce qu'on a toujours voté
13:01un budget dans ce pays
13:02hors période de Vichy
13:02depuis 1816.
13:04C'est là-dessus
13:04qu'est fondé notre régime parlementaire.
13:06Si on devait en arriver là,
13:08mieux vaut entre guillemets
13:08passer par un 49 à une à trois.
13:09Oui, c'est ça,
13:10parce que c'est prévu pour ça.
13:11Mais le spectacle
13:13qui est donné
13:13par nos députés,
13:15nos sénateurs
13:15incapables de se mettre d'accord
13:17sur quelque chose
13:18qui tienne la route,
13:19ça va laisser des traces politiquement.
13:21Alors je sais
13:21qu'on passe aussi rapidement
13:23à autre chose
13:23et peut-être que dans 3-4 mois
13:26on aura oublié cette période
13:27mais enfin quand même
13:28ça profite à l'abstention,
13:30ça profite à ceux
13:31qui ont envie
13:32de renverser la table
13:33et qui proposent
13:34de renverser la table.
13:35Le principal vainqueur
13:36à mon sens,
13:36mais vous l'avez dit,
13:37c'est-à-dire qu'il faudra voir
13:38ça dans quelques mois.
13:39Pour l'instant,
13:40c'est évidemment extrêmement compliqué
13:41mais c'est plutôt
13:42le Rassemblement National
13:42qui peut dire
13:43regardez le budget
13:44a été construit
13:45de briques et de brocs
13:45et ils ont construit
13:48un budget
13:48qui est un budget
13:49UMPS, droite, gauche
13:50et que donc
13:51il n'y a pas vraiment
13:51d'alternative
13:52et qui peut dire
13:53la dernière fois
13:54nous aurions pu avoir
13:54une majorité
13:55ça aurait été simple
13:56nous n'en avons pas eu
13:56et c'est le bordel.
13:57Eux et les Insoumis aussi
13:58parce que les Insoumis
13:59c'est plus discutable
14:00pour une raison simple
14:01c'est qu'en fait
14:01Sébastien Lecornu
14:03a réussi un bon coup
14:04en n'isolant pas
14:05les socialistes.
14:06La vraie peur des socialistes
14:07c'était d'être les seuls
14:08à voter le PLFSS
14:09et à s'abtenir sur le PLF
14:10avec des écolos
14:11et des communistes
14:12qui se solidarisent
14:13autour des Insoumis.
14:14La force de Sébastien Lecornu
14:15c'est d'avoir attiré
14:16les écolos
14:17et même en partie
14:18les communistes
14:18dans une forme de deal
14:19ce qui fait qu'aujourd'hui
14:21ceux qui sont le plus isolés
14:22à gauche
14:22c'est plutôt les Insoumis
14:24or la peur des socialistes
14:25c'était vraiment
14:26d'être un petit isolat
14:28pro-gouvernement
14:29ou en tout cas
14:29pas tout à fait
14:30anti-gouvernement
14:30face à une solidification
14:32de la France insoumise
14:33là-dessus les Insoumis
14:34n'ont pas réussi
14:35ce deal-là pour l'instant.
14:36Parmi les grands perdants
14:37il y a quand même les LR
14:38parce que les LR
14:39on ne sait plus où ils habitent
14:40on l'a vu sur le budget
14:41de la Sécu
14:42c'est d'ailleurs grâce au LR
14:44que le budget de la Sécu
14:44est passé
14:45on ne l'a peut-être pas suffisamment dit
14:46mais c'est eux qui ont fait la bascule
14:47grâce à Laurent Wauquiez
14:50avec comme principal objectif
14:51donc équiné Bruno Retailleau
14:52donc ça donne en effet
14:53le sentiment
14:53d'un groupe politique
14:54qui est extrêmement divisé
14:55entre l'Assemblée et le Sénat
14:57et dont le positionnement
14:58n'est plus clair aujourd'hui
14:59donc c'est clairement
15:00à mon sens
15:01les grands défaits
15:02de la séquence.
15:03On parle beaucoup
15:04du train de vie de l'État
15:05pourquoi est-ce qu'en France
15:06les politiques n'ont pas
15:07ce courage en fait
15:08de traiter la question
15:09des agences de l'État
15:10qui nous coûte beaucoup
15:11et c'est un sujet qui compte
15:13qui aujourd'hui
15:13a tendance à être ridiculisé
15:15mais quand même
15:15il y a des agences
15:16qui font des missions doublantes
15:17il y a des agences
15:18notamment dans le domaine
15:19de l'écologie
15:20de l'aménagement du territoire
15:21de la santé
15:21qui signent des accords
15:22pour ne pas avoir
15:23à opérer les mêmes missions
15:25sur le terrain
15:25pourquoi est-ce qu'en France
15:26on a du mal avec ce sujet
15:27qui est de l'une limite intérieure ?
15:28Il y en a qui savent
15:30quand même à quelque chose
15:31et parmi celles qui existent
15:32elles ne comptent pas tant que ça
15:33le problème c'est qu'elles engoncent
15:34les politiques publiques
15:35le problème des agences
15:36si vous voulez
15:36c'est qu'aujourd'hui
15:37pour construire une infrastructure
15:39vous avez besoin
15:39de l'aval
15:40de trois collectivités
15:41territoriales
15:41et cinq agences
15:42et donc ce faisant
15:43vous avez des politiques publiques
15:44qui n'avancent pas
15:44ce qui coûte dans le temps
15:45et ce qui fragilise
15:46la capacité de l'État
15:47à agir sur le réel
15:48donc là il faudrait
15:49une vraie rationalisation
15:50mais on va être tout à fait clair
15:51cette rationalisation
15:52actuellement
15:53vu l'état de l'Assemblée
15:54ce n'est pas le moment
15:55il faut attendre
15:56d'avoir une majorité
15:56et un projet
15:57en espérant qu'en 2027
15:59ce soit le cas
15:59Oui mais est-ce qu'on peut
16:00se permettre d'attendre ?
16:02Est-ce qu'en plus
16:02ces tripatouillages
16:04de la Constitution
16:06parce que
16:07alors c'est bien
16:08peut-être qu'on progresse
16:09tous en droit constitutionnel
16:10mais enfin bon
16:10un coup de 49-3
16:12un coup de la loi spéciale
16:13un coup de les ordonnances
16:13d'accord
16:13mais la Constitution
16:14de la 5ème
16:15elle n'a pas été faite
16:16pour tripatouiller
16:17de cette façon-là
16:19et d'une façon aussi basse
16:20Elle a été faite
16:21pour ne pas qu'on se retrouve
16:21dans cette situation-là
16:23Exactement
16:24Je sais ce qu'il va me dire
16:25jusqu'en 1962
16:26il n'y a pas de majorité
16:27et pour De Gaulle
16:28comme pour Debré
16:29il n'y aurait pas de majorité
16:30donc le paradoxe
16:30c'est que la Constitution
16:31de la 5ème République
16:32on peut lui trouver des défauts
16:34mais elle a vraiment été faite
16:35pour gérer la situation
16:36à majoritaire
16:36le problème qu'on a là
16:37c'est qu'on n'a pas
16:38un gouvernement minoritaire
16:39ça c'est 2022-2024
16:40là on a un gouvernement
16:41qui ne tient que
16:43allez
16:43si on est généreux
16:44sur 120 députés
16:45Renaissance et Modem
16:47ça ça ne marche
16:48dans aucun régime parlementaire
16:50quelle que soit la Constitution
16:51donc on a besoin
16:52de coalitions
16:53on a besoin d'élargir
16:54les alliances
16:54le problème actuellement
16:55c'est qu'aucun groupe politique
16:56n'y a intérêt
16:57et si on parle de l'électorat
16:58l'électorat
16:59à la fois dit
17:00il faudrait trouver
17:01des compromis
17:02et en même temps
17:02il n'est pas pour le compromis
17:03les électeurs de gauche
17:04ne veulent pas le compromis
17:05avec le centre
17:05encore moins avec le RN
17:06les électeurs RN
17:07veulent bien le compromis
17:08mais pas avec le centre
17:09et pas avec la gauche
17:09quant aux électeurs du centre
17:10ils veulent le compromis
17:11avec personne
17:11parce qu'ils disent
17:12qu'ils ont raison
17:12et donc dans ce cadre là
17:14vous avez des groupes politiques
17:15qui sont aujourd'hui
17:16pris en tenaille
17:17entre la nécessité d'un compromis
17:18et de l'autre côté
17:19des nécessités électorales
17:20parce qu'ils veulent un jour
17:21gagner les élections
17:22qui ne les poussent pas à ça
17:23donc il n'y a plus de la politique
17:24donc le reset
17:25merci Benjamin Morel
17:27oui mais la dissolution
17:28s'éloigne
17:29c'est ça aussi
17:29qu'on voit
17:30c'est que
17:31oui a priori
17:32ça devient moins probable
17:33mais on n'est jamais
17:34à l'abri
17:34d'une surprise du 31
17:35avec Emmanuel Macron
17:36donc gardez vos téléviseurs
17:38et vos radios allumés
17:39voilà bon teasing
17:40pour les voeux du président
17:41le 31
17:42peut-être une dissolution
17:43il avait annoncé
17:44des référendums
17:45pardon mais sérieusement
17:45il avait
17:46mais il les annonce
17:49tous les ans
17:49depuis 2018
17:50il lui reste encore
17:54une semaine
17:54pour lancer un référendum
17:55la fin de vie oui
17:56pour Macron
17:57on verra
17:57pour l'instant
17:58pas de référendum
17:59merci Benjamin Morel
18:00qui est venu
18:00face aux grandes gueules
18:01nous expliquer
18:02cette situation
18:03ô combien confuse
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