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Chaque week-end, Emilie Broussouloux vous accompagne de 22h à 00h dans BFM Grand Soir.
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00:00Générique
00:00Nos agriculteurs sont en colère et le font savoir un peu partout en France.
00:13Des blocages de rues, des feux, des manifestations, des tracteurs par centaines.
00:18Bonsoir, soyez les bienvenus sur BFM TV.
00:21On est ensemble en direct jusqu'à minuit.
00:23Il se passe beaucoup de choses dans le pays.
00:25A l'heure où nous parlons, la colère agricole, vous le voyez derrière moi, ressurgit un peu partout en France.
00:32Une quarantaine d'actions sur 13 départements, plus de 1000 personnes mobilisées.
00:37Elles s'opposent à la gestion de la dermatose nodulaire, cette maladie qui touche les bovins
00:41et qui oblige les agriculteurs à abattre tout un troupeau.
00:44Jusqu'où ira cette colère agricole qui frappe le pays ?
00:47Nos reporters sont sur place, vous les voyez derrière moi.
00:50Ils sont sur le terrain pour vous faire vivre ces événements en direct.
00:53Une partie de l'autoroute A64 entre Bayonne et Tarbes est bloquée en ce moment même.
00:58C'est là que se trouve notre journaliste Lola Baille.
01:01Nous serons aussi avec Antoine Forestier à Albi, dans le Tarn, où ont lieu d'autres actions de blocage.
01:06Et puis nos équipes sont aussi dans le nord du pays, dans le Pas-de-Calais.
01:09Vous voyez Pauline Sarafi derrière moi aussi.
01:12C'est là que la colère gronde.
01:14Vous nous raconterez ce qu'il se passe à Arras, Pauline.
01:17Partons d'abord dans le sud-ouest pour retrouver Lola Baille.
01:20Bonsoir Lola. Il y a près de 150 kilomètres de l'autoroute A64 entre Bayonne et Tarbes qui sont interdits à la circulation.
01:28Est-ce qu'autour de vous, on se prépare à passer la nuit sur place Lola ?
01:32Bonsoir Émilie. Tout à fait. D'ailleurs, ils ont même tout prévu.
01:38Regardez cette image de Chloé Berthaud.
01:39Il y a ce bras zéro où tout le monde se regroupe un peu pour se réchauffer parce que ça commence à être long pour certains agriculteurs.
01:45Ils sont là depuis hier soir.
01:47De l'autre côté, derrière les bottes de foie, ils ont prévu des véhicules et des tracteurs où passer la nuit.
01:52Et là, en attendant, certains ont un petit peu bu, vous le voyez, se ravitaillent.
01:58Il y a aussi un petit peu d'alcool.
02:00Mais tout ça est dans une ambiance conviviale assez pacifique.
02:03Le tout, c'est avant tout parce qu'en fait, ils sont en colère à cause de cette DNL qu'on a beaucoup évoquée ensemble.
02:09Avec notamment Jérôme Baille, une des figures du mouvement, souvenez-vous, sur ce pont.
02:14En 2024, en janvier, le 26 janvier 2024, Jérôme Baille avait interpellé Gabriel Attal, fraîchement nouveau Premier ministre,
02:24pour lui montrer justement les silhouettes des agriculteurs en paille pendues.
02:29C'était une manière, déjà il y a deux ans, d'interpeller sur la crise agricole.
02:32Aujourd'hui, il y a encore plusieurs fantômes, la DNL, le Mercosur.
02:35On sent beaucoup de colère et ils nous disent pour la plupart qu'ils sont prêts à rester jusqu'au réveillon de Noël.
02:40Merci beaucoup, Lola Baille. On vous retrouvera tout au long de la soirée, évidemment.
02:47Merci. On va retrouver maintenant Nicolas Coadou.
02:50Bonsoir Nicolas, merci de nous avoir rejoints.
02:53On voudrait voir avec vous quelles sont précisément les actions de blocage en ce moment même dans le pays, Nicolas.
02:59Alors aujourd'hui, il y a encore 43 actions sur l'ensemble du territoire français,
03:03avec 2000 personnes mobilisées au plus fort de la journée.
03:06Ce sont des chiffres qui nous sont communiqués par le ministère de l'Intérieur.
03:10Déjà, l'A64, beaucoup de choses dans le sud-ouest, des portions de l'autoroute bloquées au sud de Toulouse,
03:15entre Bayonne et Tarbes, 150 kilomètres d'autoroutes, toujours interdits à la circulation.
03:21Le plus gros blocage, il se situe au niveau de Carbone au sud de Toulouse.
03:25On a pu y voir toute la journée des dizaines d'agriculteurs afflués ici avec leurs tracteurs.
03:30C'est une action notamment organisée par les Ultra 64, le groupe mené par le très médiatique Jérôme Baille.
03:37Et sur place, nos reporters décrivent des agriculteurs déterminés, bien organisés,
03:41qui ont d'ailleurs prévu d'y passer une partie de la nuit.
03:44Autre axe bloquée tout au long de la journée dans le sud-ouest, une partie de la rocade de Pau,
03:48à Auge, dans le Gers ou encore en Ariège et en Aveyron.
03:51L'autre point de blocage majeur dans cette journée, c'est la rocade d'Albi,
03:56l'un des plus importants organisée par la coordination rurale du Tarn.
04:00Après un rendez-vous jugé non concluant avec la préfecture,
04:03les agriculteurs de la coordination rurale ont investi une partie de la rocade d'Albi
04:07avec une quinzaine de tracteurs, des meules de foin qui ont également été déposés sur la route.
04:13Mais il y a aussi le nord et notamment le Pas-de-Calais qui est touché avec une action en cours
04:16depuis 15h30 cet après-midi à Arras.
04:19Entre 100 et 200 agriculteurs mobilisés sur un rond-point.
04:23Alors pas de blocage pour l'instant, c'est une mobilisation statique,
04:26en soutien aux agriculteurs du Sud-Ouest.
04:30Là aussi, les agriculteurs ont confié à notre équipe leur volonté de rester le plus longtemps possible.
04:34Ils ont fait des provisions et sont prêts à rester ici une partie de la nuit.
04:37Et alors Nicolas, à quoi faut-il s'attendre dans les jours à venir ?
04:41Alors c'est difficile par essence d'anticiper puisque ces actions souvent se décident au dernier moment.
04:45Ce qu'on sait déjà, c'est que demain, il y a un appel à la mobilisation à Villefranche dans les Pyrénées-Orientales.
04:50On sait aussi que dans les Landes, où des manifestants occupent toujours un rond-point,
04:54des actions devraient se poursuivre en début de semaine prochaine.
04:57Cette fois avec notamment un blocage possible de l'autoroute A63
05:00qui a été annoncé par la coordination rurale des Landes et de la Gironde.
05:05Lundi, manifestation devant la préfecture de Pau, cette fois dans les Pyrénées-Atlantiques.
05:10Mercredi, ce sera au tour de la préfecture de Troyes dans l'eau.
05:13Bref, vous voyez bien que ces actions se multiplient sur l'ensemble du territoire
05:16avec des agriculteurs qui ont à peine à maintenir et même à amplifier le mouvement.
05:20On peut donc s'attendre à de nouveaux blocages dans les prochains jours.
05:23Merci beaucoup Nicolas Coadou pour toutes ces précisions.
05:27Sur ce plateau, on est rejoint par Thierry Pouche.
05:29Bonsoir.
05:30Bonsoir.
05:30Merci d'être avec nous.
05:31Vous êtes chef du service études économiques et prospective aux Chambres d'Agriculture France.
05:36On est aussi avec Stéphane Gallet.
05:37Bonsoir.
05:38Bonsoir.
05:38Porte-parole nationale de la Confédération Paysanne et Éleveur, Jean-Marie Godard.
05:43Vous êtes resté avec nous.
05:44On est aussi avec Thierry Arnaud.
05:46Bonsoir Thierry.
05:47Bonsoir ministre.
05:47Victor Hérault est resté aussi parmi nous.
05:49Stéphane Gallet, je voudrais commencer par vous.
05:51Dans quel état d'esprit vous êtes ce soir ?
05:53Est-ce que vous êtes en colère ?
05:55Est-ce que vous espérez que le gouvernement puisse bouger ?
05:58En colère, on l'est depuis un moment.
06:01Ça s'est accéléré particulièrement à partir du moment où il y a eu un entêtement de la ministre
06:07et où elle a envoyé les forces de l'ordre pour déloger les paysans et les paysannes dans les fermes du Doubs
06:13et puis après en Ariège.
06:15Donc la colère, elle est montée à partir de ce moment-là.
06:17On sent que c'est monté depuis mardi déjà, au moment où de nombreux agriculteurs se sont passés.
06:20Oui, mais enfin, on était déjà très en colère sur ce dossier parce qu'il y a une surdité de l'État,
06:25il y a une surdité de la ministre à écouter les paysans et les paysannes, leur souffrance.
06:30Et là, elle a rajouté de la violence à la souffrance et la colère est montée à partir de ce moment-là.
06:35Et maintenant, on est déterminés, en fait, on a engagé un bras de fer et on est déterminés à maintenir la pression
06:42pour qu'enfin on entende qu'une autre stratégie sanitaire est possible et qu'on doit sortir de cet impasse.
06:50Je l'ai dit tout à l'heure, mais je le redis, on est passé aussi d'une crise sanitaire, pour moi, une crise politique.
06:55Et il y a aussi ça en toile de fond. Il y a vraiment une colère qui est nourrie par des revendications profondes
07:02qui n'ont pas été entendues non plus depuis les colères 2024, les colères agricoles.
07:07Et puis, c'est en toile de fond. On a dans deux jours la question de l'accord UE Mercosur, qui est aussi une question qui menace l'agriculture, l'élevage en particulier.
07:19On a une faiblesse de l'État français à dire non à l'accord UE Mercosur. Et puis aussi, je dirais en toile de fond, des colères agricoles
07:27qui sont un peu partout. Tous les paysans et les paysannes voient les images qui se passent en Grèce où c'est à une colère paysanne.
07:34Donc, tout ça, vous voyez, ça fait un vivier. Mais la vraie colère, c'est vraiment sur la gestion de la crise sanitaire.
07:41Thierry Arnaud, c'est vrai que c'est le mot que l'on entend le plus ce soir. C'est le mot colère.
07:46Et on a le sentiment, notamment quand on entend M. Gallet, que le dialogue ne marche plus, en fait.
07:54Oui, et moi, ce qui me frappe en écoutant les propos des uns et des autres ces dernières heures, c'est qu'on est de moins en moins sur une crise
08:00qui porte sur cette dermatose nodulaire contagieuse. On est sur quelque chose, finalement, de beaucoup plus profond,
08:07dont cette maladie, l'ADNC, a été en quelque sorte le cataliseur qui a débouché sur ce mouvement.
08:14Et c'est ça le sujet pour le gouvernement aujourd'hui. Il faut évidemment qu'il apporte une réponse à cette crise sur la DNC,
08:22sur sa méthode et sur la façon dont il a conduit la gestion de sa crise et dont il a dialogué.
08:28Mais il faut aussi répondre à un malaise qui n'est pas nouveau, bien sûr,
08:33mais dont la profondeur et la diversité se manifestent aujourd'hui sur ces barricades bien au-delà de cette DNC.
08:39Je voudrais qu'on parte dans le Tarn où la colère gronde. Antoine Forestier, vous êtes l'un de nos journalistes sur place.
08:45Vous êtes sur la rocade d'Albi. Avec qui êtes-vous, Antoine ?
08:51Avec Marius, qui est éleveur. Alors ici, dans votre département, la maladie n'est pas encore arrivée,
08:58mais il y a eu un cas dans le département voisin hier. Est-ce qu'il y a de l'inquiétude, de la crainte de votre côté,
09:03vous qui avez des vaches ?
09:04Ah ben totalement. Aujourd'hui, on a cette crainte que la maladie arrive dans le département.
09:10Qu'on voyait le travail de nos anciens, de nos parents, partir en fumée.
09:14Alors que ça fait quand même dans le département, depuis six mois, qu'on prévient les autorités
09:19que ce que nous on demandait, c'était de la vaccination avant les premiers cas.
09:24Chose à laquelle on nous a répondu, on éteint le feu quand il est là.
09:27Aujourd'hui, le feu est là. Il est là par rapport à la maladie, mais il est aussi là, sur la route, sur la rocade.
09:35Donc maintenant, il va falloir que la ministre prenne ses dispositions.
09:39Les choses qu'on va demander, ce n'est pas compliqué, que les éleveurs demandent, c'est l'arrêt de l'abattage total,
09:44la vaccination et la négociation avec nos pays historiques d'exportation, l'Italie, l'Espagne.
09:50Parce qu'il faut savoir qu'aujourd'hui, le gros problème de certains éleveurs, c'est que si on est en zone,
09:57ils ont des animaux, notamment le Broutard, donc c'est une spécificité d'ici,
10:02et d'autres départements voisins, ils ne pourront plus exporter leurs animaux à ces pays-là.
10:06Sur la vaccination, avec ce qui s'est passé dans le département voisin, elle a été accélérée, désormais elle est accessible à côté.
10:11Ici, dans le Tarn, si vous voulez faire vacciner vos bêtes, actuellement, vous n'êtes pas prioritaire.
10:16Actuellement, la vaccination n'est pas possible dans le département.
10:19Mais aujourd'hui, si on nous donne l'accès à la vaccination, il faudra aussi qu'on arrête cet abattage total.
10:26Qu'est-ce que vous proposez contre ça ? La ministre, elle dit que c'est indispensable, c'est la seule solution.
10:31Vous, vous proposez quoi comme protocole à la place de ça ?
10:34Moi, ce que je voudrais dire à la ministre, c'est qu'elle arrête cet abattage total,
10:39parce qu'elle a étendu une zone vaccinale qui va des Landes au Pyrénées-Atlantique.
10:44Donc, si elle a la possibilité d'étendre cette zone vaccinale, elle a peut-être la possibilité d'arrêter l'abattage total.
10:54Parce qu'on nous dit qu'elle suit les directives et tout, et là, elle étend sa zone vaccinale.
10:58Donc, qu'elle arrête l'abattage total, qu'elle nous laisse vacciner,
11:01et qu'elle négocie avec les pays, l'Italie et l'Espagne, pour qu'on puisse exporter nos animaux.
11:06Après ce qui s'est passé en Ariège il y a deux jours, la colère est montée d'un cran.
11:10Vous êtes sur la route ce soir, vous bloquez, vous comptez rester combien de temps, vous savez ?
11:14Alors, l'Ariège, c'est inadmissible ce qui s'est passé.
11:17On était sur site.
11:18Quand on voit ce qui s'est passé, elle a déclaré la guerre aux paysans.
11:21Aujourd'hui, on reste sur site.
11:23Il y a des actions qui vont être menées tous les jours, en soirée, en journée, etc.
11:27Et ce qu'on veut dire, c'est que s'il y a des éleveurs dans le coin qui seront, malheureusement, j'espère pas,
11:34mais concernés par cette maladie, on est prêt à bouger d'ici et partir des fins de tous les cas qui nous appelleront.
11:41Vous l'avez entendu, la détermination de ces éleveurs, notamment les éleveurs bovins,
11:45qui craignent d'être concernés par cette maladie plus tard.
11:48C'est pas le cas pour l'instant dans le Tarn, mais malgré tout, on se mobilise.
11:50A notre arrivée, il y a 4 heures, ils étaient une soixantaine.
11:53Ce soir, on en compte 400, peut-être 500 présents ce soir ici.
11:57Avec toute la solidarité qui s'organise entre agriculteurs ici, dans le Tarn.
12:02Merci Antoine Forestier ainsi qu'à Marius Boutonnet qui étaient interrogés par vous.
12:08Thierry Pouche, c'est vrai qu'on entend beaucoup de choses ce soir, de la colère, de l'impatience, de la peur.
12:16Le sentiment aussi que le gouvernement ne fait pas assez.
12:19Quel est votre regard sur cette question ?
12:22Il aura de toute façon tous les moyens de faire un peu plus, ne serait-ce que la prise en charge de la vaccination.
12:31Encore faut-il, et la question a été posée, savoir si les doses seront quand même disponibles en quantité suffisante.
12:38Oui, parce que là, pour l'instant, c'est pas certain.
12:41Il en faudrait combien des doses pour que tous les troupeaux puissent être vaccinés en France ?
12:48On est quand même sur un cheptel assez conséquent de bovins.
12:52Donc, c'est plusieurs millions de doses qu'il faudrait, sans oublier le fait que le tissu rural vétérinaire n'est là aussi pas suffisamment étendu.
13:00Donc, il faudra suffisamment de personnel vétérinaire pour pouvoir garantir cette vaccination.
13:06D'autre part, cette vaccination, même si l'État prend en charge un certain nombre de financements de cette vaccination,
13:13plus les compensations financières pour les pertes de cheptel,
13:16encore faut-il rappeler que la vaccination, elle n'est pas immédiate.
13:19Elle ne protège pas immédiatement de la maladie l'animal.
13:23Oui, mais c'est toujours mieux que rien.
13:25Mais c'est toujours mieux que rien.
13:26Il faut attendre un certain temps, en tout cas, avant que ça ne puisse marcher.
13:31C'est ce qu'on avait vu, d'ailleurs, dans le Doubs, il me semble,
13:33où, justement, il y a un troupeau où une vache a contracter la maladie alors que le troupeau avait été vacciné.
13:39La difficulté sur la mise en place de la vaccination élargique, qu'on appelle donne aux voeux,
13:43c'est, un, la boussole économique qu'on a eue pour gérer la crise sanitaire,
13:47c'est-à-dire qu'en fait, ce qui empêche la vaccination, et la vaccination dans les zones hors des zones réglementées,
13:54ça a été le fait de dire que si on vaccine cette zone-là, ça enlève le statut indemne de la zone,
13:58et du coup, ça limite et ça empêche le commerce.
14:00Donc, la première des boussoles qu'on a eue, c'est uniquement une boussole économique,
14:04et on a fait une balance bénéfice-risque en disant que c'est d'abord cette boussole-là qu'il fallait privilégier.
14:10Et ça, vous le fustigez ?
14:12– Nous, on dit que la priorité, c'est la gestion sanitaire, c'est aussi de préserver les troupeaux,
14:20c'est de préserver le travail des paysans et des paysannes,
14:22et après les questions économiques, elles se négocient.
14:25On s'organise pour qu'il y ait le moins d'impact économique,
14:29parce qu'effectivement, au bout du bout, c'est quand même le revenu des paysans et des paysannes.
14:32Mais en tout cas, la conséquence, c'est qu'on court après la maladie,
14:36c'est-à-dire qu'on commence à vacciner quand il y a un cas déjà dans la zone, donc c'est un peu tard.
14:40– Donc vous dites que ça arrive un petit peu tard.
14:42Justement, quand on sent cette colère qui monte, Jean-Marie Godard,
14:46est-ce qu'on peut craindre pour des débordements éventuels,
14:51parce qu'on sent quand même qu'il y a beaucoup d'impatience ?
14:54On entendait cet agriculteur, justement, qu'il disait à notre micro,
14:57on est déterminé et on ne stoppera pas avant d'avoir eu des réponses à nos questions.
15:03Donc que peut-on craindre ces prochains jours,
15:06si jamais le gouvernement ne répond pas favorablement aux demandes des agriculteurs ?
15:09– Il peut y avoir des incidents, une crise plus grave.
15:13D'ailleurs, ce n'est pas pour rien que Laurent Nunez, ce soir,
15:16a lancé un appel au préfet à la modération.
15:21– Je voudrais vous montrer justement, puisque vous en parlez,
15:25la déclaration de Laurent Nunez, on le rappelle, le ministre de l'Intérieur,
15:28qui s'est exprimé, qui a demandé au préfet et aux responsables de la police
15:32et de la gendarmerie de faire preuve de souplesse et de tact
15:35face aux actions des éleveurs.
15:38C'est un peu une population protégée, disons ?
15:42– Alors non, moi je connais pas mal le maintien de l'ordre.
15:46En fait, le maintien et le rétablissement de l'ordre,
15:51c'est une doctrine de sécurité qui s'adapte
15:57en fonction des gens que vous avez en face de vous.
16:00Vous n'allez pas gérer…
16:01– Mais souvent, c'est ce qu'on entend, pas touche aux agriculteurs,
16:03parce que l'opinion publique est plutôt du côté des agriculteurs.
16:06– Rappelez-vous Saint-Solene quand même.
16:08– Bien sûr.
16:09– Il y avait des paysans et des paysannes.
16:10– Après…
16:11– Ça dépend de quel camp on se trouve.
16:12– Oui, mais après, vous allez gérer complètement différemment
16:16une colère liée à une usine qui ferme dans toute une région,
16:21avec des gens qui vont perdre leur boulot,
16:22des agriculteurs qui sont désespérés,
16:27qui voient toute leur bête se faire abattre,
16:31et une manifestation où il y a la constitution d'un black bloc
16:35avec des gens qui viennent pour l'affrontement.
16:37Ça ne va pas être géré du tout de la même manière.
16:40Et effectivement, sur les mouvements d'agriculteurs,
16:43moi depuis que je suis journaliste et que je couvre des mouvements sociaux,
16:46j'ai commencé à la fin des années 80, début des années 90,
16:49les manifs d'agriculteurs, de pêcheurs,
16:53c'est quelque chose qu'en France, on a l'habitude de ça.
16:57Et à chaque fois, il y a eu régulièrement des crises agricoles,
17:00avec parfois des affrontements extrêmement violents.
17:03Et l'État a toujours, bon an, mal an,
17:06réussi à apprendre à gérer ces crises-là.
17:11Là, effectivement, les autorités sont en train d'essayer
17:15de jouer l'apaisement au maximum.
17:17Parce que oui, on est en face de gens
17:19qui voient leurs exploitations se faire décimer,
17:27où on est sur une question, on touche à l'emploi des personnes.
17:30Et évidemment, l'opinion publique y est sensible aussi.
17:32Donc c'est une question politique très sensible.
17:35Oui, justement, je voudrais qu'on aille sur le lieu d'un rassemblement.
17:39C'est vrai que le château dans l'Aveyron, bonsoir.
17:42Éloane Espoulos, merci d'être avec nous.
17:45Vous êtes président coordination rurale de l'Aveyron.
17:49Vous êtes donc sur le lieu de ce rassemblement.
17:52Racontez-nous comment avez-vous décidé d'agir ce soir, notamment ?
17:56En fait, on est parti avant le tiers soir, on devait partir pour la Riège.
18:01On a appris que le troupeau et l'éleveur avaient décidé d'appliquer le protocole.
18:07Il a été contraint puisqu'on l'a menacé d'enlever les impulsions.
18:11On lui a fait croire qu'il allait contaminer les vaches du voisin
18:14et qu'il aurait ça sur la conscience et qu'il devrait payer les troupeaux.
18:19Donc de là, on était motivés comme jamais.
18:21On est partis bloquer l'autoroute.
18:23Et comme nos confrères de la coordination rurale de Lauserne,
18:27on l'a bloqué dans l'Aveyron, un peu plus bas.
18:29Donc on a A75.
18:31Et aujourd'hui, nous voilà.
18:32Ce soir, qu'est-ce qu'on a fait ?
18:34Ça fait deux jours qu'on est là.
18:36On a invité tous nos élus.
18:37Tous nos élus du département.
18:39On a le président du département.
18:41On a les maires.
18:42On a un sénateur.
18:43Et on leur dit merci d'être venu ce soir.
18:44Et on va leur faire signer une proposition de protocole alternatif à l'abattage.
18:50Parce qu'on ne peut pas supporter cet abattage.
18:52C'est nos vaches.
18:54C'est un héritage de la famille.
18:56C'est du travail de nos grands-pères, de papys, de mamies, des parents.
19:00Et aujourd'hui, on va nous décimer tout ce qui nous appartenait.
19:03On passe plus de temps souvent avec nos vaches qu'avec nos enfants, qu'avec nos femmes.
19:09Inversement.
19:09Puisqu'il y a aussi des femmes élogeuses, bien sûr.
19:12Mais c'est très, très compliqué, psychologiquement, de se faire abattre un troupeau.
19:17Ce n'est pas qu'un numéro sur des boucles.
19:20Oui, bien sûr.
19:21Et l'OANES Poulouse, c'est assez important ce que vous nous dites.
19:24C'est que finalement, on culpabilise beaucoup les agriculteurs dans cette histoire.
19:30On nous culpabilise.
19:31Et quand on voit, même, on nous incrimine.
19:33Quand on voit l'hélicoptère en mariage avec des CRS qui, à la base, sont nos amis,
19:39puisqu'ils sont là pour défendre la France.
19:43Nous, aujourd'hui, on voit un État qui nous attaque, qui attaque ses agriculteurs,
19:47qui les nourrissent et qui sont de moins à moins nombreux
19:49et qui se font remplacer petit à petit par d'autres pays.
19:54Alors que nous, on ne demande aucune chose.
19:55C'est de produire, de remettre les vaches, de trouver des solutions.
19:58Alors j'attends, Madame Genevard, dire partout que ce protocole va sauver des vaches,
20:04plus de vaches que si on laissait passer la maladie ou que si on vaccinait.
20:09Moi, je ne crois pas.
20:10Je crois qu'elle va plomber le moral des agriculteurs.
20:12Elle ne comprend pas que les vaches, c'est des sentiments, c'est plus qu'un animal.
20:22C'est une relation, depuis toujours, avec nos animaux.
20:28Et alors, M. Nespoulous, peut-être une dernière question.
20:32Est-ce que vous regrettez que la ministre de l'Agriculture ne se rende pas sur le terrain,
20:36qu'elle ne tente pas, justement, ce fameux dialogue ?
20:39Moi, j'ai envie de dire, Madame la Ministre, c'est la nouvelle dame de fer de l'agriculture.
20:44Aujourd'hui, on veut parler avec M. Le Corlu parce qu'elle ne nous écoute pas.
20:48Alors elle nous dit, je connais l'agriculture, je viens du tout, mais ça ne justifie rien.
20:52On peut venir du tout, de l'Aveyron, de la Lauser, venir de la campagne
20:55et ne rien comprendre, le sentiment qu'on éprouve pour nos animaux.
20:59Donc, on voit qu'elle est complètement déconnectée et qu'elle ne nous comprend pas.
21:05Et on a beau y ramacher à la CR, depuis juin, que ce protocole ne marche pas
21:10et qu'elle aurait la guerre dans les campagnes parce que ça ne marche pas.
21:13J'aurais aimé que ce protocole marche.
21:15Mais ça a échappé à Savoie, c'est monté dans l'Inde, ça a sauté dans l'Épéo,
21:20c'est monté à l'Ariège, Honte-Pyrénées.
21:22Aujourd'hui, c'est aux portes du Massif Central, de la Honte-Vienne.
21:25Ça va nous arriver dessus.
21:26Si on ne change pas, ça va être l'hécatombe, l'hécatombe.
21:30Et nous, on ne veut pas revivre cette situation qu'on a vécu à l'Ariège.
21:35On ne veut pas se battre avec les forces de l'ordre.
21:37On veut trouver une solution alternative.
21:39On en a proposé une à nos élus.
21:41On en a proposé une à notre jour en Ariège.
21:43Il va falloir qu'elle se mette sur la table.
21:46Je ne veux pas parler à la ministre.
21:48Je veux parler à M. Lecornu parce qu'elle ne sert plus à rien.
21:50Nous, on veut parler à M. Lecornu et qu'il regarde ça.
21:55Merci beaucoup, M. Nespoulouse, d'avoir été en direct avec nous sur BFM TV.
21:59Victor Hérault, c'est vrai que là, on sent qu'il y a une impatience très forte.
22:05Cet agriculteur, en tout cas, nous le dit.
22:07On le rappelle, c'était le président de la coordination rurale de l'Aveyron
22:11qui nous disait qu'il n'a même plus envie de parler à la ministre de l'Agriculture.
22:15C'est avec le Premier ministre qu'il a envie de parler.
22:17Moi, ce qui me sidère, Émilie, c'est que les gouvernements se succèdent
22:21et n'apprennent pas, on a l'impression, n'apprennent jamais des erreurs des précédents.
22:25C'est-à-dire que là, on a un gouvernement qui s'empêtre dans une crise agricole.
22:28On savait, on n'est pas en train de découvrir que le monde agricole est une poudrière.
22:32On se souvient quand même de Gabriel Attal qui était venu au contact des agriculteurs pour discuter.
22:37Justement, je veux dire, le reproche d'absence de dialogue, d'absence d'écoute, d'absence d'empathie,
22:43de souplesse, de tact, comme dit Laurent Nunez, notre ministre de l'Intérieur.
22:47Le sentiment d'une déconnexion.
22:48Tout ça, c'est des mots qu'on entend inlassablement depuis bientôt dix ans.
22:51C'est la même méthode qui est appliquée à chaque fois.
22:55Le même, en plus, clash entre forces de l'ordre et agriculteurs.
22:59C'est comme s'il n'y avait jamais eu de crise des gilets jaunes.
23:01C'est comme s'il n'y avait jamais eu de crise des agriculteurs en 2024.
23:04C'est comme s'il n'y avait jamais eu de crise Covid en 2020.
23:07C'est-à-dire que, inlassablement, la même méthode est appliquée.
23:10Inlassablement, les mêmes reproches sont opposés.
23:12Et, inlassablement, le monde politique, en plus, je le trouve dans une espèce d'incompétence crasse,
23:19fait écran entre le monde agricole, en l'occurrence, et le monde médical.
23:24Puisque maintenant, on se retrouve avec une opposition entre ces deux mondes-là,
23:26alors que les deux, on voit au chapitre, que les deux ont leur perception.
23:29Le monde médical a une optique qui est d'éradiquer l'épidémie
23:32et d'une vision plus statistique et médicale de la chose.
23:36Le monde agricole, lui, a la vision, c'est-à-dire de son cheptel,
23:40de toute sa vie, de la chair de ses bêtes, donc de sa propre chair,
23:43et de la précarité dans laquelle il plongeait depuis 40 ans.
23:45Ces deux mondes-là peuvent dialoguer si le politique fait le juste intermédiaire.
23:49Sauf que le politique ne fait pas l'intermédiaire.
23:50Le politique arrive et impose ses mesures.
23:53Et, encore une fois, les deux mondes se retrouvent en opposition.
23:55Et c'est pour ça que de nombreux agriculteurs sont dans la rue ce soir encore.
24:00On va retrouver notre journaliste Pauline Sarafi qui est dans le Pas-de-Calais.
24:06Bonsoir, Pauline.
24:07Vous étiez à Arras toute la journée où il y avait beaucoup de mobilisation,
24:13beaucoup d'action sur place.
24:15A priori, c'est terminé.
24:18Les manifestants sont partis plutôt dans le calme.
24:25Oui, c'est ça.
24:25La manifestation, elle s'est terminée il y a de ça un peu plus d'une heure.
24:29Au total, ils étaient environ 150 mobilisés toute la journée.
24:33De très très jeunes agriculteurs qui commencent à peine dans la profession, mais également des agriculteurs qui sont en fin de carrière.
24:39Il y avait également les habitants des alentours.
24:42Beaucoup d'élus sont venus aussi leur apporter leur soutien.
24:45Cette manifestation, elle s'est donc passée dans le plus grand des calmes.
24:48C'était le souhait de la coordination rurale du Nord, mais également du Pas-de-Calais.
24:53Faire une manifestation pacifique pour venir en soutien de loin à leurs confrères agriculteurs du Sud,
25:00qui eux sont touchés par la dermatose, mais également pour montrer leur colère à eux aussi.
25:05Pour tenir jusqu'à ce soir, ils ont alimenté deux brasiers tout au long de la journée,
25:10avec des pneus, des palettes également.
25:13Ils avaient organisé une buvette pour pouvoir s'alimenter et tenir, je le disais, une bonne partie de la soirée.
25:20Désormais, il n'y a plus personne à Arras.
25:22Ils sont rentrés chez eux, mais ils préviennent, ça n'est que le début de la mobilisation.
25:27Chaque agriculteur avec qui l'on a parlé nous le dit, la colère ne fait que s'accentuer de jour en jour.
25:34Ils monteront à Bruxelles la semaine prochaine, parce qu'il faut le comprendre que ces accords du Mercosur sont au cœur de leurs préoccupations.
25:44Désormais, c'est eux qui le disent, l'avenir de cette mobilisation est entre les mains du gouvernement.
25:49Merci beaucoup Pauline Sarafi.
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