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  • il y a 20 minutes
Chaque week-end, Emilie Broussouloux vous accompagne de 22h à 00h dans BFM Grand Soir.

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00:00Je voudrais qu'on revienne justement sur cette colère qui est en train de monter en France et sur ces actions de blocage avec vous, Nicolas Coadou.
00:09Où en est-on en France ? Où est-ce que ça coince ? Où y a-t-il des manifestations ?
00:14Au moment où on se parle, toujours 43 blocages sur l'ensemble du territoire avec 2000 personnes mobilisées au plus fort de la journée.
00:20Des chiffres qui nous sont communiqués par le ministère de l'Intérieur.
00:23Il y a déjà le sud-ouest avec des blocages sur l'A64, plusieurs portions de l'autoroute bloquées au sud de Toulouse, entre Bayonne et Tarbes.
00:31150 km d'autoroute totalement interdits à la circulation.
00:35Le plus gros blocage, c'est au niveau de carbone au sud de Toulouse.
00:38On a pu voir tout au long de la journée des dizaines d'agriculteurs afflués ici avec leurs tracteurs.
00:43Sur place, nos reporters décrivaient des agriculteurs très organisés, déterminés, qui ont d'ailleurs prévu d'y passer la nuit.
00:49D'autres axes bloqués tout au long de la journée dans le sud-ouest.
00:53Une partie de la rocade de Pau, Seldoche, dans le Gers ou encore en Ariège ou en Aveyron.
00:58Il y a aussi un autre point de blocage assez important sur la rocade d'Albi organisée par la coordination rurale du Tarn.
01:05Après un rendez-vous jugé non concluant avec la préfecture, les agriculteurs de la coordination rurale ont investi une partie de la rocade
01:12avec une quinzaine de tracteurs, des meules de foin qui ont également été déposés sur la route.
01:17Il y a également dans le Pas-de-Calais des actions de soutien, notamment à Arras, action en cours depuis 15h30.
01:24Une centaine d'agriculteurs mobilisés sur un rond-point.
01:27Alors pas de blocage pour l'instant.
01:29Mobilisation statique donc en soutien aux agriculteurs du sud-ouest.
01:33Là aussi, ils ont confié à nos équipes la volonté de rester ici le plus longtemps possible.
01:37Ils ont fait des provisions et veulent rester ici toute une partie de la nuit.
01:40Et alors Nicolas, à quoi faut-il s'attendre ces prochains jours ?
01:45Alors c'est difficile d'anticiper parce que souvent les actions sont décidées un petit peu au dernier moment.
01:49Ce qu'on sait déjà, il y a un appel à la mobilisation dans les Pyrénées-Orientales, à Villefranche, le sud-ouest aussi, dans les Landes
01:56où des manifestants occupent toujours un rond-point.
01:59Des actions devraient se poursuivre en début de semaine prochaine avec notamment un blocage de l'A63
02:05qui a été décidé par la coordination rurale des Landes et de la Gironde.
02:11Lundi, manifestation devant la préfecture de Pau dans les Pyrénées-Atlantiques.
02:15Mercredi, ce sera au tour de la préfecture de Troyes dans l'Aub.
02:18Bref, vous l'aurez compris, on voit des actions qui se multiplient sur l'ensemble du territoire,
02:23des agriculteurs qui appellent à maintenir et à amplifier le mouvement.
02:26On peut donc s'attendre à de nouveaux blocages dans les prochains jours.
02:29Merci beaucoup Nicolas Coadou pour toutes ces précisions.
02:32Alors Stéphane Gallet, c'est vrai que vous avez sacrément chargé la FNSEA il y a un instant.
02:38Je voudrais faire réagir Thierry Coué sur cette question.
02:41Que dites-vous justement à ceux qui vous reprochent de ne pas servir les intérêts des agriculteurs et agricultrices en France ?
02:49C'est absolument lamentable ce que je viens d'entendre de la part d'un porte-parole, d'un syndicat agricole
02:56justement qui est censé représenter les agriculteurs.
03:00Alors moi je suis agriculteur, je suis éleveur et je n'ai aucun souci par rapport à ça.
03:06Et donc mes collègues, moi aussi je les connais très bien, et le sujet n'est pas de se confronter.
03:13Cette maladie n'est pas politique, d'accord ?
03:15Elle n'a pas de parti, elle n'est ni de droite ni de gauche.
03:18C'est une maladie que l'on doit à tout prix éliminer le plus tôt possible.
03:23Pourquoi il y a un malaise agricole ?
03:25On essaie de mettre et de trouver des boucs émissaires par certains côtés, ce que je trouve lamentable.
03:34Par contre, il faut qu'on reste concentré évidemment sur l'élimination de cette maladie
03:41qui elle va coûter cher aux éleveurs.
03:43Et aujourd'hui, pourquoi on suit le gouvernement dans la démarche aujourd'hui sanitaire ?
03:50C'est pour éviter un maximum l'étendue justement de cette maladie
03:59et la contagionter le plus possible et limiter l'épidémie.
04:06Donc voilà, moi je me contenterai de ça.
04:08Par contre, si on veut parler politique agricole, effectivement, on se bat nous aussi contre le Mercosur
04:16parce qu'on trouve lamentable qu'aujourd'hui, par exemple, et on sera à Bruxelles le 18,
04:22justement pour dire tout le malaise aujourd'hui que les agriculteurs ont et que l'on a nous aussi
04:28en tant que paysans dans tous les départements français.
04:32Et ça n'est ni l'exclusive de la Confédération Paysanne, ni l'exclusive de l'ACR,
04:40mais on a un problème aujourd'hui ensemble.
04:45– Stéphane Gallet, vous voyez, pardon Thierry Coué, je voulais faire réagir Stéphane Gallet
04:47justement sur cette question parce qu'on voit bien que la maladie s'est tout de même étendue
04:51après l'abattage de troupeaux.
04:54– D'accord, d'abord, si la maladie ce n'est pas une question de politique,
04:58la gestion de la crise en est une.
05:00Je le répète, le choix qui a été fait sur la stratégie sanitaire,
05:04il est uniquement économique et politique.
05:07Donc qu'on ne vienne pas me dire qu'en fait, ce n'est pas un problème politique,
05:10c'est en est un.
05:11C'est-à-dire que moi, je me rappelle très bien au premier comité, encore une fois,
05:15que la ministre appelle le Parlement du Sanitaire, qui n'est pas un Parlement,
05:19puisqu'on ne parlemente pas, on fait juste cautionner la stratégie qui est décidée.
05:24La première chose qu'elle a dit, il faut, je le répète, maintenir le commerce et l'exportation.
05:30Donc ce n'est pas des questions sanitaires là dont on parle, c'est bien des questions économiques,
05:33donc les questions économiques appellent des décisions politiques.
05:37Ça c'est la première chose.
05:38Ensuite, sur la gestion de la crise sanitaire, on est d'accord, il faut la gérer cette maladie.
05:42– Mais pas de cette façon-là pour vous.
05:45– C'est-à-dire que le débat est toujours posé selon ces termes, soit c'est abattage total,
05:52soit c'est comme si on ne fait rien.
05:54Mais nous, on propose quelque chose.
05:56Ce n'est pas tout ou rien.
05:59On propose depuis le début, abattage partiel, vaccination élargie,
06:04c'est-à-dire qu'on anticipe la propagation de la maladie plutôt que de l'attendre.
06:08Et puis après on se dit, tiens, il faut la vacciner et puis ralentir les mouvements d'animaux.
06:14Mais ça c'est depuis le départ.
06:15Quand je parle de ralentir les mouvements d'animaux, j'étais en Savoie,
06:19quand la maladie a commencé, il y avait des flux de camions
06:22qui traversaient la zone réglementée pour descendre en Italie.
06:26Et ça, ça n'a gêné personne par exemple.
06:29Qui sait si les camions s'arrêtent, que le chauffeur s'arrête à un endroit ou à un autre.
06:32– Et justement, nous partirons en Savoie dans un instant.
06:34– Mais du coup, vous voyez un peu les incohérences.
06:36Aussi les signals envoyés aux éleveurs sur place.
06:41Moi je me rappelle aussi, et pourtant je suis équitant, je suis moniteur d'équitation,
06:45donc je suis assez sensible à ça.
06:47Mais au tout début de la maladie, on interdisait les mouvements d'animaux pour les éleveurs.
06:54Il y avait des flux d'animaux de camions qui traversaient quand même.
06:56Et par contre, il y avait des balades de chevaux à gauche à droite pour aller dans les concours.
07:00Alors, évidemment le cheval n'est pas vecteur, mais en termes de messages politiques,
07:06qu'est-ce que ça renvoie aux éleveurs sur la considération qu'on peut avoir de la gestion de la crise sanitaire ?
07:11Je vous le dis, ce n'est pas qu'une gestion de crise sanitaire,
07:14c'est une gestion politique et de stratégie qui a été mise en place,
07:17et je suis désolé de le redire, soufflée en grande partie par la FNSE.
07:22– Oui, je vois que vous aviez envie, vous aussi, de réagir, Brigitte Gauthier.
07:27– On parle assez peu finalement des animaux qui sont quand même les premiers concernés là-dedans.
07:33Voilà, enfin, éradication de…
07:36Enfin, c'est une gestion extrêmement brutale pour une maladie qui est un virus.
07:41Enfin, nous aussi, on a des virus.
07:42Et fort heureusement, on n'est pas gérés de cette façon-là,
07:46en étant abattus parce qu'on est concernés, parce qu'on est malades,
07:50et autour de nous, nos cas contacts ne le sont pas,
07:53pour éviter que la maladie s'étende, parce que ça a aussi un impact économique,
07:57vous êtes en arrêt maladie, etc.
07:59Enfin, l'économie pourrait, et le fait en grande partie, dicter toutes les décisions.
08:03– Vous trouvez en gros qu'on a perdu toute humanité ?
08:06– On perd, par rapport aux animaux, évidemment.
08:08Une association comme la nôtre, qui montre ce qui se passe pour les animaux,
08:12notamment dans les conditions les pires, c'est-à-dire les élevages intensifs,
08:15où les animaux n'ont pas accès à l'extérieur dans les abattoirs.
08:19Aujourd'hui, on consomme quand même en France 80 kilos de viande par an et par personne.
08:24Ça n'a pas bougé depuis plusieurs dizaines d'années,
08:28on est au-dessus de 80 kilos depuis très longtemps.
08:31Alors même qu'on sait les conséquences que ça peut avoir sur notre propre santé,
08:36sur l'environnement, évidemment sur les animaux,
08:39mais y compris, on pourrait se dire, avec cette quantité de viande qui est consommée,
08:43les éleveurs doivent être super riches.
08:44Ce n'est pas le cas, ils sont aussi dans des situations de détresse économique.
08:48Et là-dessus vient arriver une épidémie de DNC, une épidémie de grippe aviaire.
08:53Et en fait, c'est effectivement la grande catastrophe aussi pour les humains.
08:59Donc oui, il faut bouger.
09:01C'est pour ça qu'on a sorti un rapport qui s'appelle le sauvetage du siècle.
09:04Sauver 600 millions d'animaux d'ici 2030,
09:06c'est par rapport à la consommation qu'on a aujourd'hui, si on veut sortir de tout ça.
09:11Et les épidémies comme la DNC, on a l'air de penser, ça y est, il n'y a plus de foyer, ça va s'arrêter.
09:15Non, évidemment que ça ne va pas s'arrêter. La grippe aviaire, ça fait des années...
09:18Personne n'a dit ça sur ce plateau. En revanche, Annie Gennevar a donné cette information.
09:21Oui, Annie Gennevar...
09:22Thierry Arnaud, vous voulez juste nous donner quelques informations sur la déclaration de la ministre de l'Agriculture ?
09:27Oui, quelques éléments essentiels, parce qu'évidemment, c'est la première prise de parole de la ministre de l'Agriculture ce soir,
09:32qui nous est donnée par nos confrères de Sud-Ouest.
09:34Alors, l'information que l'on a vu défiler au bas de notre écran est évidemment très importante.
09:39Selon elle, l'épidémie, dit-elle, est bien sous contrôle.
09:42À l'heure où je vous parle, nos confrères de Sud-Ouest précisent qu'il s'agissait de l'après-midi aux alentours de 16h.
09:47À l'heure où je vous parle, disait-elle, il n'y a aucun foyer actif de DNC sur le territoire français.
09:53Elle précisait la logique qui avait présidé à l'extension de la zone vaccinale au département de l'Occitanie et des Pyrénées-Atlantiques,
10:00pour, dit-elle, avoir un corridor de protection jusqu'au littoral néo-aquitain et rassurer ainsi les autres grandes zones d'élevage du territoire français.
10:10Elle donne quelques précisions, quelques confirmations sur l'indemnisation de ceux dont les troupeaux ont été supprimés,
10:18avec une indemnité destinée au repeuplement dans les jours qui suivent la détection du foyer.
10:23Puis, dit-elle, un expert évaluera la valeur marchande de l'élevage afin de compléter l'indemnisation avant le 31 décembre.
10:31Un à compte sera versé, un second à compte, et la perte d'exploitation fera l'objet d'une indemnité,
10:37que ces indemnités précisaient, des indemnités qui seront défiscalisées.
10:42Elle ajoute enfin, parce que la question a été posée à plusieurs reprises parmi ceux qui étaient sur ce plateau ce soir, Émilie,
10:47qu'elle se rendra à la rencontre des agriculteurs.
10:50Elle n'en donne pas le lieu, les circonstances ou le délai, mais, dit-elle, j'irai bien entendu à la rencontre.
10:55Il est important qu'ils sachent que je ne sous-estime pas la violence de ceux qu'ils vivent.
11:00Sur le fond...
11:01Donc, Agnès Gennevar se déplacera, mais on ne sait pas quoi.
11:04Voilà.
11:05Et, sur le fond, enfin, elle persiste et signe.
11:07Elle considère que l'approche qui a été utilisée est la bonne, qu'elle a produit ses résultats,
11:11puisque, dit-elle, à ce jour, il n'y a plus de foyer actif.
11:14Et elle ajoute ceci.
11:16Les éleveurs touchés ont besoin de donner du sens à ce protocole.
11:19Ils y consentent pour sauver leurs voisins, sauver la filière et le cheptel français,
11:24en évitant la propagation.
11:26Donc, sur le fond, elle ne recule pas.
11:29Justement, je voudrais qu'on fasse réagir quelqu'un qui a été concerné
11:32par ce qui s'est passé ces derniers mois.
11:34Pierre-Jean Duchesne, bonsoir.
11:36Merci d'être avec nous.
11:37Vous êtes éleveur bovin en Savoie.
11:40Alors, vous, votre troupeau a été abattu en juillet dernier.
11:45Cinq mois après, dans quel état d'esprit êtes-vous ?
11:48Moi, je suis dans un état d'esprit de reconstruction.
11:52Donc là, j'ai attaqué la reconstruction de Manchette-Tel il y a à peu près un mois.
11:57On a atteint à peu près les trois quarts de l'effectif qu'on avait auparavant.
12:02On a pu remonter la production laitière à l'identique par rapport à l'année passée.
12:07Donc, j'ai retrouvé un petit peu d'optimisme en moi.
12:15Dorénavant, voilà.
12:16Par contre, le problème, c'est qu'on sait qu'au printemps, il y a des cas qui peuvent ressurgir.
12:21On a peur de ça.
12:22Et quand on voit ce qui se passe au mois de décembre dans d'autres départements,
12:26on craint le pire chez nous parce qu'on a appris récemment que malgré la vaccination
12:31qui est effective chez nous depuis plus de 50 jours,
12:34l'abattage total et le protocole déployé depuis cet été sera maintenu
12:38que le troupeau soit vacciné ou non.
12:41Et ça, c'est inentendable pour les éleveurs qui ont déjà abattu comme nous
12:44et qui ont vécu le pire durant l'été.
12:48– Oui, quand vous entendez Annie Gennevar, la ministre de l'Agriculture,
12:52qui dit ce soir que vous, notamment, et d'autres agriculteurs
12:56qui ont été obligés d'abattre leurs troupeaux, ont sauvé le cheptel français,
13:00qu'est-ce que vous vous dites ?
13:02Vous vous dites, bah oui, elle avait raison, c'est ce qu'il fallait faire ?
13:05– J'ai envie de dire que le protocole, évidemment, qui marche,
13:08parce que quand on tue tout, il n'y a plus de maladie, ça c'est sûr.
13:11Après, moi, je pense quand même qu'il y a moyen de faire autrement,
13:14que ce soit sur le plan humain ou psychologique,
13:16les répercussions sont lourdes de conséquences
13:18et ça va laisser des traces pendant pas mal d'années
13:22pour les éleveurs concernés,
13:24que ce soit, qu'on soit d'accord ou non sur le protocole.
13:27Après, chez nous, évidemment, ça a fait ses preuves,
13:30mais ce qui a surtout fait ses preuves, c'est la vaccination.
13:33L'abattage n'a rien arrêté à la propagation chez nous.
13:37Elle s'est diffusée en quelques jours seulement
13:41et c'est vraiment la vaccination qui a arrêté,
13:44qui a d'abord limité, puis arrêté les cas dans notre région
13:48et qui nous a permis de retrouver une zone vaccinale
13:50pour recommencer à reconstituer les cheptels
13:53et recommencer le commerce.
13:56Vous dites que ça a eu beaucoup de répercussions sur vous cet été.
14:01Est-ce que vous pouvez nous expliquer exactement en quoi ?
14:03Parce que le grand public, parfois, ne s'imagine pas
14:06ce que ça fait que de perdre tout un troupeau sur le plan psychologique,
14:11déjà, parce que vous êtes attaché à vos bêtes,
14:13mais aussi parce que ça représente des dizaines d'années de travail.
14:16On ne remplace pas une vache par une autre vache au hasard.
14:20Oui, c'est des dizaines d'années de travail
14:21et ce n'est pas que les miennes, d'ailleurs.
14:23C'est un héritage qui a été transmis par la génération d'avant
14:27et encore celle d'avant pour ma part.
14:30Moi, je suis la cinquième génération sous l'exploitation
14:32et abattre le troupeau hérité de ses parents et de ses grands-parents
14:38au bout de trois ans d'installation.
14:39Oui, c'est vraiment dur à encaisser.
14:41On se sent responsable et on a du mal à encaisser le coup
14:47parce que c'est vraiment le travail de toute une vie
14:49qui est partie en fumée en à peine une demi-journée.
14:54Malgré ça, il faut savoir relever la tête et aller de l'avant,
14:57sinon on tombe, tout simplement.
15:00Et évidemment, celui qui n'est pas passé par là
15:03ne peut pas se mettre à notre place
15:05et ne peut pas savoir ce qu'on a ressenti
15:07et ce qu'on ressent encore aujourd'hui.
15:09Merci beaucoup, Pierre-Jean Duchesne,
15:11d'avoir été avec nous sur BFM TV.
15:14Stéphane Gallet, c'est vrai que c'est ce qu'il nous disait.
15:18Si tous les troupeaux ne sont pas vaccinés,
15:21on n'en finira pas finalement avec cette maladie.
15:23Parce qu'il disait, on va encore retomber dans le même problème.
15:26C'est le message qui est donné là.
15:28Et en fait, je crois aussi qu'il y a beaucoup d'arrogance
15:32à dire qu'on a été à la maladie.
15:34C'est déjà quelque chose qu'on avait entendu.
15:36Déjà, au tout début, on nous disait,
15:38vous ne vous inquiétez pas avec la stratégie en trois étapes
15:41et l'abattage total.
15:44D'ici trois semaines, on aura éradiqué la maladie.
15:47Et puis, les foyers ont progressé.
15:50Et puis après, au cœur de l'été, on disait,
15:52oui, mais ça y est, on va y arriver,
15:54on va éradiquer la maladie.
15:55Et puis, on voit qu'il y a des rebonds.
15:56Je trouve un peu, encore une fois, arrogant de la part de la ministre
16:00d'affirmer qu'elle est là sous contrôle.
16:02Elle n'est pas dans toutes les fermes,
16:03mais dans toutes les zones pour inspecter les vaches une par une
16:07et savoir si la maladie, elle n'est pas en train de couver
16:11et elle ne va pas ressortir quelque part.
16:13Donc, ce qui a été dit aussi est important,
16:15c'est que, oui, effectivement, c'est la vaccination.
16:18Mais la vaccination, il faut l'anticiper, encore une fois.
16:20Il ne faut pas attendre que la maladie soit dans une zone
16:23pour commencer à vacciner.
16:24Et c'est ce qu'on réclame aussi, c'est la vaccination élargie.
16:27Alors, encore une fois, elle a un peu desserré les taux
16:29et puis commencé à comprendre que c'était ça qui était important.
16:34Mais voilà, nous, on le répète, allons-y.
16:38Et surtout, mettons fin à cet abattage systématique.
16:42Est-ce que vous pensez que ces revendications-là
16:44peuvent être entendues avec toutes ces mobilisations,
16:47ces manifestations,
16:48ou il faudra passer par un durcissement du thon
16:51pour être entendus ?
16:53Nous, on trouve ça plus que dommageable.
16:55Pas seulement pour cette crise-là,
16:57parce que je l'ai dit et répété aussi à la ministre,
17:00c'est que la gestion des crises sanitaires,
17:03mais aussi la gestion de la stratégie agricole,
17:06on va dire, dans son ensemble,
17:08ça ne se fait pas en confrontation.
17:09Ça ne se fait pas en défiance avec les premiers concernés.
17:12Ça se fait en concertation,
17:13ça se fait en consultation,
17:15ça se fait en discussion.
17:16Et en tout cas, on voit que ce n'est pas sa méthode.
17:19Sa méthode, c'est d'appliquer un truc
17:20et puis de rester entêté.
17:23Au bout d'un moment,
17:24l'entêtement, ça devient de la bêtise.
17:27Faire un pas de côté,
17:28je pense que c'est ça la responsabilité.
17:30Et ça devrait être sa responsabilité,
17:32en tant que ministre,
17:32qu'être capable de dire,
17:34peut-être qu'à un moment,
17:34on s'est trompé de stratégie.
17:36C'est ça aussi l'arrogance,
17:37c'est que là, à aucun moment,
17:40il n'y a un soupçon de doute
17:42sur la stratégie qui a été mise en œuvre.
17:44Peut-être que là,
17:45il est temps de dire,
17:46bah oui, on a peut-être fait une erreur
17:47et on regarde ce qui se passe,
17:49on se met autour de la table
17:50et puis on essaye d'adapter au mieux
17:53pour que, un, déjà,
17:55on arrive à contrôler cette contagion
17:57et puis ensuite,
17:59qu'on ne mette pas le feu à la campagne
18:01de façon à avoir un climat de défiance permanent
18:05et qui va s'installer sur le long terme.
18:07On est en train de laisser des traces profondes
18:09alors que le monde agricole est déjà en souffrance.
18:11Est-ce que le retour en arrière est compliqué,
18:13Rocaïa Diallo,
18:14quand on voit que certains disent
18:16qu'il y a un problème de méthode,
18:18notamment,
18:19et quand on voit que Cagny Gennevard
18:21annonce qu'elle va se déplacer
18:22auprès des agriculteurs,
18:24mais on ne sait pas quand,
18:25on ne sait pas pour combien de temps,
18:26voilà, ça reste encore assez flou.
18:28Est-ce que, vous, ce soir,
18:30ça vous semble suffisant comme réponse ?
18:32Non, c'est insuffisant
18:33parce qu'en réalité,
18:33le problème est structurel.
18:34J'entendais à l'instant,
18:35tout à l'heure,
18:36monsieur qui disait
18:36que la maladie n'était pas politique,
18:38mais sa gestion,
18:39elle l'est complètement.
18:40Elle l'est parce qu'on apporte
18:41des solutions verticales
18:42qui sont pensées depuis le national,
18:44depuis l'Union européenne
18:44à des situations
18:45qui sont extrêmement diverses.
18:47On traite toutes les exploitations
18:48de la même manière
18:48alors qu'on voit que sur certaines,
18:50ça a un impact
18:50qui va annihiler
18:52le travail de génération.
18:54On traite, en fait,
18:55la santé animale
18:56comme un élément de compétitivité
18:58et, en fait,
18:58les animaux ne sont plus perçus
18:59comme des individus
19:00mais comme des entités
19:01dont la santé générale
19:03mais vraiment schématisée
19:04comme un bloc,
19:05encore une fois,
19:05va être un élément de compétitivité
19:07et, en fait,
19:07on ne pense pas à leur bien-être
19:08et on ne pense pas aussi
19:09aux conséquences psychologiques
19:10que ça peut avoir
19:11pour les éleveurs
19:12qui vont perdre
19:12non seulement des êtres
19:14qui sont dans leur exploitation
19:15et qui vont perdre aussi
19:16une source de travail
19:18extrêmement importante.
19:19Donc, je crois qu'il y a
19:20vraiment dans cette gestion
19:21une déshumanisation,
19:23un irrespect
19:23de la condition vivante
19:25de manière générale
19:25et une absence, finalement,
19:27de considération
19:28des personnes qui sont,
19:29en tout cas des exploitants,
19:30qui sont les plus fragiles
19:31et qui ont vraiment besoin
19:32aussi que leur savoir
19:33qui a été transmis
19:34de génération en génération
19:35soit, comment dire,
19:37soit valorisée
19:38parce qu'en réalité,
19:39effectivement,
19:40cette maladie,
19:41elle est peut-être,
19:42en tout cas récente
19:43dans la partie hexagonale
19:44de la France
19:44mais si elle est révèle à Réunion,
19:45c'est parce qu'elle existait
19:46sur le continent africain.
19:47Donc, il y a peut-être aussi
19:48une réflexion
19:48qu'on peut adopter
19:49en concertation
19:50avec d'autres paysans
19:51qui ont connu cette maladie
19:52sous d'autres formes.
19:53Je crois qu'il y a vraiment
19:54quelque chose de très, très froid,
19:56très vertical
19:56qui ne peut pas convenir
19:58et le déplacement de la ministre,
19:59on ne suffira pas
20:00à, comment dire,
20:02à repenser
20:03une politique extrêmement technocratique,
20:05extrêmement brutale,
20:06en fait,
20:06à tous les points de vue.
20:07Thierry Pouch,
20:08est-ce que vous avez
20:09l'impression
20:10qu'on est
20:10un petit peu
20:12dos au mur ?
20:13Est-ce que vous avez
20:14le sentiment
20:15qu'on peut réussir
20:16à se sortir
20:16de cette situation
20:17ce soir,
20:17notamment quand
20:18plus personne n'arrive
20:19à s'entendre finalement
20:21et reste
20:21campé sur ces positions ?
20:25Si on a une absence
20:26de dialogue
20:27sur toutes les crises
20:28agricoles maintenant,
20:29il est absolument évident
20:31qu'au bout d'un moment,
20:33la situation va s'aggraver.
20:34On l'a vu dans le passé,
20:36ce n'est pas si lointain,
20:37ça a été rappelé
20:37sur la crise de l'hiver
20:392023-2024.
20:41Depuis,
20:41il y a eu une accumulation
20:42de paramètres
20:43qui ont fait finalement
20:45bouillir un peu la marmite
20:46et il suffit
20:47d'une dermatose
20:48pour justement
20:49amplifier
20:50la colère
20:53du monde
20:54agricole.
20:56Je pense
20:56qu'il faut aussi
20:57aller un peu plus loin
20:57que le court terme
20:59parce que
21:00la question
21:02de la production
21:02de viande
21:03et de produits laitiers
21:05en France
21:05est quand même
21:06assez décisive.
21:08On peut
21:08d'un côté
21:09prôner
21:10la sobriété
21:11en matière
21:12de consommation
21:12de protéines animales,
21:14c'est une chose,
21:15mais il ne faut pas oublier
21:15non plus
21:16qu'à l'échelle mondiale,
21:17et là,
21:18on ne pourra pas
21:18forcément imposer
21:20ou recommander
21:21aux autres populations
21:22de limiter
21:23leur consommation
21:23de protéines animales,
21:25mais partout
21:25dans le monde,
21:26à l'horizon 2035,
21:27la consommation
21:28de protéines animales,
21:29de viande
21:29et de produits laitiers
21:30va augmenter,
21:31et même de sucre,
21:32qui est pourtant
21:33un problème
21:33dans nos sociétés.
21:35Donc,
21:36qui va répondre
21:36à cette demande mondiale ?
21:37On le voit bien aujourd'hui.
21:39Aux Etats-Unis,
21:39il y a des difficultés
21:41sur la production laitière
21:42et la Chine
21:43demande des produits laitiers.
21:44C'est l'Australie
21:45qui est en train
21:45de remplacer
21:46l'exportation
21:49de produits laitiers
21:49vers la Chine.
21:50Donc,
21:51si ces crises-là
21:52limitent à terme
21:53les productions animales
21:55en France
21:56et d'une certaine façon
21:57beaucoup plus large
21:58dans l'Union européenne,
21:59on voit bien
22:00que nous allons
22:01disparaître
22:01des écrans radar
22:02des marchés internationaux
22:04et ensuite,
22:05ça peut avoir
22:06des conséquences
22:06assez dramatiques.
22:07si nous n'arrivons plus
22:08à être présents
22:09sur les marchés
22:09et à l'exportation,
22:11il va y avoir
22:11des répercussions
22:12sur les effectifs
22:13d'agriculteurs,
22:14les jeunes ne seront plus
22:15attirés par ce métier
22:16parce qu'il n'y aura
22:16pas forcément
22:17de perspective économique.
22:19Ce n'est pas pour autant
22:20qu'il faille faire
22:20de l'économie
22:21la dimension centrale,
22:22bien entendu,
22:23mais ça pèse quand même
22:24malheureusement
22:25de nos jours
22:25dans toutes les sociétés.
22:27Donc, voilà,
22:28je pense qu'il y a aussi
22:29quelque chose à régler
22:30autour de cette question
22:31et la dermatose nodulaire
22:33contagieuse
22:34est finalement
22:35un point saillant
22:36et donc,
22:36il faut certainement
22:37prendre cette crise-là,
22:39cette nouvelle crise
22:40pour justement
22:41essayer de discuter
22:43et de voir ce qu'on fait
22:44de l'agriculture française
22:45à un moment
22:46où le monde
22:47en a encore besoin.
22:48Oui,
22:49et un dernier petit mot
22:50s'il vous plaît.
22:51Oui,
22:51je suis assez d'accord
22:52ce que relève aussi
22:53la dermatose nodulaire
22:55contagieuse,
22:56c'est effectivement
22:56un manque d'orientation
22:59de nos politiques agriques
23:01parce qu'en fait,
23:03une fois encore,
23:04la dermatose nodulaire
23:05contagieuse,
23:06son origine,
23:07c'est les flux d'animaux.
23:09Donc,
23:10à long terme,
23:10à moyen terme
23:11et à long terme,
23:12on peut aussi proposer
23:13une relocalisation
23:14de la production,
23:16retravailler sur des filières
23:17d'engraissement
23:17chez nous en France,
23:20faire en sorte aussi
23:21de déspécialiser les régions
23:22parce qu'effectivement,
23:24quand les régions
23:24sont très spécialisées
23:26dans une filière animale,
23:28quand il y a une maladie,
23:29il y a un impact
23:30qui est exponentiel,
23:32donc tout ça,
23:33c'est un travail
23:33sur le moyen
23:34et le long terme
23:35qui va faire,
23:37un,
23:37déjà permettre
23:38aux paysans,
23:38aux paysannes
23:39d'avoir un revenu
23:40qui me semble plus décent,
23:41être moins fragile
23:42par rapport
23:43aux exportations
23:44et aux flux
23:45des marchés
23:45et puis surtout
23:46favoriser aussi
23:48la gestion
23:49de ces crises sanitaires
23:49qui, encore une fois,
23:51sont la maladie
23:52du libéralisme
23:53et de la marchandisation
23:54de l'agriculture.
23:56Merci beaucoup
23:56d'avoir été avec nous
23:57pour évoquer
23:58tous ces sujets.
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