- il y a 45 minutes
Google, Nvidia, Space X : les géants de la tech et du spatial veulent tous leurs datacenter dans l’Espace. Dans ce talk, les invités de Cécilia Severi Gay font le point sur la faisabilité de ces projets, ses promesses de performances et les marchés qui pourraient en bénéficier. Une plongée dans la tech de demain avec André Loesekrug-Pietri, JEDI, François Buffenoir, Way4Space, et François Alter, CNES.
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00:00Bienvenue dans le Space Talk. Demain, Lean Space Computing s'installe en orbite.
00:09Pour en parler en plateau autour de la table, François Buffenoir, directeur technique de WayForSpace.
00:14Bonjour. Bonjour. Bienvenue. Bienvenue sur le plateau de Smart Space.
00:17En face de vous, François Alter, conseiller du président et du directeur général du CNES.
00:21Bonjour. Bonjour, Cécilia. Bienvenue sur le plateau.
00:24Et puis à distance avec nous, André Luzekrug, piétri président de Jedi.
00:28Bonjour, André.
00:30Bonjour, Cécilia. Bonjour à tous.
00:32Bienvenue dans ce talk. Alors, la startup StarCloud, c'est l'actualité qui nous mène à ce sujet aujourd'hui,
00:38vient d'envoyer un premier prototype dans l'espace avec SpaceX.
00:42Un premier pas vers une technologie de cloud computing en orbite terrestre.
00:47François Buffenoir.
00:48C'est même la grosse actualité. Il y a aussi la Three-Body Consolation, les Chinois,
00:55qui ont envoyé aussi quelques exemplaires au mois de mai de premiers prototypes data centers en orbite.
01:03Et pas plus tard qu'hier ou ce matin, avec le décalage des Etats-Unis,
01:07presque personne qui annonçait qu'il allait se lancer dans les data centers orbitaux avec SpaceX.
01:12Donc, c'est le sujet chaud.
01:14Oui. Je rajouterais aussi une chose, c'est qu'il y a déjà énormément, finalement, de puces.
01:20Notamment, on parle de GPU, donc, qui font de l'IA.
01:25Enfin, c'est vraiment les puces qui sont à la base de l'IA, qui tournent déjà.
01:28Et bien entendu, c'est déjà SpaceX qui a le plus, finalement, ce type d'infrastructures de computing.
01:37Pour l'instant, ils les utilisent uniquement pour Starlink, pour faire des télécoms.
01:41Mais du coup, effectivement, il ne faut pas imaginer que les choses démarrent maintenant.
01:45En fait, ça a démarré il y a une dizaine d'années.
01:47Ce n'est pas un sujet nouveau, André Lezecruc-Pietry.
01:50C'est déjà des sujets que vous abordiez au cœur de Jedi, j'imagine, dans ce genre de technologie.
01:55On dit prospective, mais bon, si je comprends bien, elle est déjà là.
01:59Oui. Alors, nous, on finance des programmes de recherche technologique.
02:02Mais effectivement, il y a à peu près deux ans, on avait déjà identifié ce sujet pour deux raisons principales.
02:08C'est ça qui drive.
02:09D'abord, le sujet de la consommation énergétique des data centers,
02:14qui devient un vrai enjeu quasiment politique,
02:17puisqu'on va de plus en plus avoir à faire de choix entre mettre des data centers
02:21ou bien fournir l'électricité aux industries, aux populations, etc.
02:25On voit que ces choix commencent à se poser.
02:27Et la deuxième chose, c'est l'utilisation de plus en plus importante des constellations.
02:33Juste pour rappel, on parle beaucoup de Starlink.
02:35Starlink a pour ambition de passer de 8 000 satellites, comme aujourd'hui,
02:38enfin, un peu moins de, entre 7 et 8 000, à près de 30 000 s'ils vont jusqu'au bout de leur plan.
02:44Et il y a Kuiper, la constellation de Bezos, et beaucoup d'autres qui sont en train de OneWeb,
02:49qu'il ne faut pas oublier chez nous, Telsat OneWeb, chez nous en Europe.
02:54Et tout ça va en fait mettre de plus en plus de données captées de l'espace,
03:02d'observation, de communication, etc.
03:05Et comme en plus les orbites ont plutôt tendance à baisser,
03:09on va vers le Very Low Earth Orbit,
03:11c'est-à-dire que le temps de repassage devant une station de base
03:13où on renvoie tous ces éléments va être de plus en plus court.
03:16Donc, au lieu de balancer des masses de données,
03:20vient l'idée de traiter une partie de ces données dans l'espace.
03:27Et alors, de quel techno on parle précisément ?
03:29Effectivement, c'est extrêmement que ce soit, je vous rebondis,
03:31puisque souvent on a l'impression que ce qui limite dans l'espace,
03:34c'est la place physique disponible.
03:36En fait, ce qui limite plutôt, c'est la bande passante,
03:38c'est effectivement les communications entre le sol et l'espace.
03:40Et comme vient de le dire André, de faire du traitement in situ,
03:44ce qu'on appelle le Edge Computing,
03:45et d'avoir des capacités de calcul dans l'espace,
03:47et peut-être on en discutera,
03:48parce que le premier avantage du data center,
03:51de l'intelligence artificielle en orbite,
03:53c'est de faire du space-to-space.
03:55Le fait de pré-traiter et d'avoir du traitement en orbite
03:57permet aussi de limiter et d'optimiser finalement
03:59les bandes passantes qui sont bien précieuses.
04:02Alors, de quel techno on parle ?
04:04Je pose ma question,
04:05mais parce que c'est bien aussi d'éclaircir le sujet
04:08pour les gens qui nous regardent,
04:09quand on dit data center dans l'espace.
04:12Oui, en fait, c'est un terme effectivement générique,
04:15c'est du computing en orbite globalement.
04:19On a en fait différents types,
04:21comme dans les data centers,
04:23même d'ailleurs comme dans un téléphone portable maintenant,
04:26on a des CPU, des GPU, des TPU, des NPU,
04:30en fait des puces qui vont être spécialisées pour certains domaines d'activité.
04:38Alors, ce qui est le hot topic actuel,
04:40c'est effectivement le mouvement vers l'IA
04:42qui augmente de façon phénoménale en fait les besoins de calcul.
04:46À chaque fois qu'on utilise un chat GPT, par exemple,
04:49par rapport à une recherche Google,
04:50on va consommer 10, 20, 100 fois plus finalement
04:53de puissance de calcul brute pour arriver à une réponse.
04:58Donc, c'est vrai que ça, c'est la rupture.
05:00Derrière, il y a toute une course technologique
05:02pour inventer des nouvelles puces
05:04à chaque fois qu'ils sont en fait de plus en plus spécialisées
05:07parce qu'il y a un marché, il y a des besoins,
05:10et qu'ils sont de plus en plus spécialisées pour certaines tâches.
05:12Donc, par exemple, les NPU, Neural Processor Unit,
05:16elles vont être vraiment dédiées à faire de l'inférence,
05:21ce qu'on appelle l'inférence de l'IA,
05:22pour pouvoir répondre rapidement avec peu de consommation énergétique
05:26aux questions qu'on peut se poser,
05:29aux traitements qu'on peut avoir pour fabriquer une nouvelle image
05:32à partir de textes, un nouveau texte à partir de textes, etc.
05:35Alors, pour concentrer cette technologie en orbiterrestre,
05:39ça demande aussi de répondre à quelques contraintes.
05:41et elles ne sont pas négligeables.
05:43Voilà, précisé, parce que ce qu'on appelle data center,
05:45quand on parle de l'IA en général,
05:47ce sont des bâtiments énormes,
05:48c'est beaucoup, beaucoup de GPU en parallèle,
05:49qui fonctionnent en parallèle.
05:51Effectivement, alors, si on est à court terme, 5-10 ans,
05:55on ne peut pas imaginer avoir un bâtiment entier en orbite aujourd'hui,
05:59ce qui est plutôt envisagé à un premier temps.
06:02C'est plutôt un cluster d'IA, effectivement,
06:03d'avoir des GPU qui sont sur chacun des satellites.
06:07Effectivement, aujourd'hui, si on veut mettre à poste
06:09une constellation de plusieurs satellites équipés de GPU,
06:15André l'a dit, un SpaceX, en 2025,
06:18ils ont mis 3 000 satellites en une seule année.
06:20Donc, vous voyez, ça peut être très vite.
06:22Mais on va plutôt avoir ce qu'on appelle un cluster
06:23plutôt que des gros, gros centres de calcul,
06:26ce qui fait qu'aujourd'hui, pour un premier temps,
06:28on voit plutôt une utilisation complémentaire
06:30de l'entraînement des modèles,
06:32qui demande à ce qu'ils se connectent entre eux.
06:35Ce sera plutôt sur Terre, j'imagine.
06:38Et ce sera une utilisation un peu différente,
06:41dans un premier temps.
06:43Donc, ce n'est pas la peine de régler le problème technique tout de suite ?
06:45Pour plus tard, les problèmes techniques en orbite,
06:48ils sont connus.
06:48C'est la thermique.
06:49On a l'impression qu'il fait froid dans l'espace.
06:51Mais en fait, comme il n'y a rien,
06:53il n'y a pas de convection.
06:55Il y a de la réactualité,
06:57mais à l'inverse, il n'y a pas d'humidité.
06:58L'humidité qui est un problème pour l'informatique,
07:01n'existe pas dans l'espace.
07:04Et il y a surtout le thermique.
07:07Si on parle de data center en orbite,
07:10le plus gros problème, c'est ça.
07:11Un GPU, c'est 700 watts.
07:13Enfin, un mètre carré de panneau solaire.
07:15Si on en met 10 000, ça fait...
07:17André expliquait que la problématique,
07:21c'était une problématique énergétique
07:22et que la question, c'était
07:25qu'on n'avait pas assez d'énergie sur Terre
07:26pour aller s'occuper de...
07:28et qu'on était obligé d'aller dans l'espace pour ça.
07:30Moi, j'ai un avis un peu inverse, entre guillemets,
07:32dans le sens où, si on regarde globalement
07:35le besoin énergétique pour mettre des choses en orbite
07:39à l'heure actuelle,
07:40on est...
07:41En fait, on dépasse assez largement
07:44finalement la consommation énergétique
07:47d'un data center sur Terre
07:49puisqu'il faut envoyer, etc.
07:51Pour le moment, avec les technologies actuelles.
07:53C'est-à-dire qu'il faudra attendre encore
07:56deux versions de Starship, globalement,
07:59pour arriver à quelque chose qui soit efficace
08:01puisque finalement, pour envoyer en orbite
08:06une masse, il faut beaucoup d'ergols,
08:10il faut beaucoup de...
08:11Et donc, c'est finalement des choses
08:14qu'on aurait pu consommer sur place
08:16pour... on aurait brûlé...
08:18si on avait brûlé ça sur Terre,
08:19on aurait pu faire de l'électricité.
08:20Donc l'enjeu environnemental,
08:21c'est pas forcément...
08:23Il n'est pas court terme.
08:24...le plus présent dans ce choix
08:26de se tourner vers...
08:27Il est donné comme...
08:29un peu comme justification,
08:31mais à mon avis, il n'est pas court terme.
08:33Sur du long terme, oui.
08:35Probablement.
08:35Mais sur du court terme,
08:37je veux dire, entre 5-10 ans,
08:39à mon avis, c'est pas...
08:40On a du travail.
08:41Le deuxième argument qui est donné aussi,
08:43c'est la thermique en disant
08:45les data centers terrestres,
08:48il faut absolument...
08:50Enfin, il faut les refroidir,
08:51c'est compliqué, etc.
08:52Et finalement, dans l'espace,
08:54on a du froid à volonté.
08:57On a 3 degrés Kelvin,
08:58donc très très très froid.
09:00Enfin, c'est le projet du zéro absolu.
09:01Donc, c'est...
09:02Voilà.
09:03Mais en fait, on ne se rend pas compte
09:05que la difficulté,
09:06c'est que dans l'espace,
09:08on a du mal à, finalement,
09:11évacuer la chaleur.
09:12Parce que tout se fait par rayonnement,
09:14pas par convection.
09:15C'est-à-dire, on ne peut pas souffler.
09:18Il n'y a pas d'air.
09:19Et on voit...
09:19Voilà, tous ces systèmes-là
09:20ne fonctionnent pas.
09:21Donc, du coup, on a un vrai problème
09:24qui est un problème aussi technologique
09:26derrière.
09:27Et il faut développer des systèmes
09:30qui sont nouveaux
09:31et qui, pour le moment,
09:33ne sont pas matures.
09:35Donc...
09:35Je vais regarder, là,
09:35pour préparer un peu,
09:36effectivement, le H100 de NVIDIA,
09:38il lui faudrait un mètre carré de radiateur.
09:40Donc, si vous en mettez plusieurs,
09:41voilà, pour faire des explications.
09:43Mais après, il y a des travails
09:44sur des plus qui consomment moins.
09:46Il y a des travails sur des...
09:47Bon, après, elle est loi
09:48de ce qu'on appelle
09:49le Stéphane Boltzmann.
09:50Elles existent.
09:51On ne pourra pas dépasser la physique,
09:53mais on peut améliorer
09:54la consommation des GPU
09:57ou NPU, je ne sais pas,
09:58et puis faire des panneaux solaires
10:00plus efficaces.
10:00Mais il y a quand même...
10:01Voilà, c'est effectivement,
10:02je suis d'accord,
10:02c'est bien la thermique qui...
10:04Mais alors, on parle de quels services,
10:07de quels usages et de quels marchés,
10:09André Lezecruc-Pietry ?
10:10Oui, alors, si je peux juste revenir
10:12sur les sujets technologiques,
10:14Cécilia, vous demandez,
10:15tout à fait d'accord avec ce qui vient d'être dit.
10:18En fait, en entendant la discussion,
10:20on voit bien à quel point
10:21ce sujet des data setteurs dans l'espace
10:23peut être une fabuleuse plateforme
10:26d'expérimentation du coup d'après.
10:28Et pourquoi nous, on s'y intéresse ?
10:29Parce que je pense qu'aujourd'hui,
10:31concourir en frontal
10:33avec les technologies existantes,
10:35notamment des Américains,
10:36c'est compliqué,
10:37mais il nous faut en permanence,
10:38surtout vu de la France
10:39ou vu de l'Europe,
10:40penser au coup d'après.
10:41Et effectivement, à un moment,
10:43les courbes vont se croiser,
10:44c'est-à-dire qu'aujourd'hui,
10:44le sujet de la dissipation de la chaleur
10:47est un énorme problème technologique.
10:50Le sujet qui n'a pas été abordé,
10:52des radiations,
10:53on en a un peu entendu parler
10:54avec les Airbus A320,
10:56les similaires bus
10:58qui ont été quelques heures
10:59pour certains,
11:00quelques jours,
11:00pour d'autres,
11:01cloués au sol,
11:02puisqu'on est dans un environnement hostile
11:04où les cartes électroniques
11:06sont soumises
11:07aux radiations du vent solaire
11:12qui est extrêmement nuisible.
11:14Donc, il faut aussi trouver des manières
11:16soit de durcir physiquement,
11:18soit de durcir par des algorithmes
11:20en mettant du contrôle d'erreur.
11:23Il y a le sujet des communications,
11:26c'est-à-dire soit on fait
11:26un énorme data center,
11:27soit on utilise en grappe
11:29les satellites existants
11:30et on fait,
11:31et en fait,
11:32on utilise,
11:32on poule de la ressource
11:35déjà existante,
11:36mais ça,
11:37ça veut dire qu'il va falloir
11:37des communications lasers
11:39ou autres
11:40entre les différents satellites.
11:41Il va falloir probablement également
11:43des nouveaux algorithmes
11:44pour comprimer,
11:46même si on arrive à traiter
11:48dans l'espace.
11:49Enfin bon,
11:49en tout cas,
11:50c'est une plateforme d'expérience
11:51absolument énorme.
11:52Il s'est dit qu'il y a énormément de...
11:53Oui,
11:53c'est typiquement un projet moonshot,
11:56un peu à l'image du programme Apollo,
11:58qui avait quand même,
11:59qui a permis quand même aux Etats-Unis,
12:00dans beaucoup de domaines technologiques,
12:02de reprendre la main
12:03parce qu'en fait,
12:04il y avait une plateforme
12:05qui concentrait des dizaines
12:07et des dizaines de défis techniques.
12:09Donc je pense que c'est typiquement
12:11un sujet sur lequel
12:14les Européens doivent être engagés.
12:16C'est ce que j'allais dire.
12:17Alors si on en croit votre casquette,
12:18ce que vous êtes en train de dire,
12:19finalement,
12:20le discours sous-jeu que vous avez,
12:21c'est que c'est l'opportunité
12:22pour l'Europe
12:23d'arriver en concurrent sur le marché ?
12:27Oui,
12:27alors c'est à nouveau,
12:28il faut viser 5 à 10 ans.
12:31Donc la vraie question,
12:32c'est est-ce que nos démocraties
12:33sont capables de se projeter
12:35à cette distance-là ?
12:37Mais on voit bien aujourd'hui
12:38que quand le principal acteur du cloud
12:41européen a moins de 1%
12:43de part de marché mondial,
12:45ça va être très difficile
12:46de concourir en frontal
12:47par rapport aux AWS,
12:49aux Google Cloud.
12:50Donc c'est peut-être une opportunité
12:51de faire un grand pari
12:54qui puisse à la fois accélérer
12:57certaines ruptures technologiques
12:58et nous permettre
12:59de reprendre l'avantage.
13:01Je compare ça avec un autre sujet
13:03sur lequel beaucoup d'acteurs
13:05ont été très dubitatifs
13:06pendant longtemps
13:07qui est le sujet
13:08des télécommunications spatiales.
13:10Aujourd'hui,
13:11on se rend compte
13:12qu'à long terme,
13:14la courbe de la latence
13:17et surtout du débit
13:19venant de l'espace
13:20va augmenter,
13:22donc va devenir compétitif
13:23avec la fibre.
13:24Par contre,
13:25le coût,
13:25à un moment,
13:26va diminuer
13:26parce que la fibre
13:27aura toujours
13:28le coût de la collection,
13:30du dernier kilomètre,
13:31etc.
13:31et quand vous aurez
13:3230 000 satellites,
13:34on peut se poser...
13:34Donc à nouveau,
13:35c'est ce sujet
13:36où effectivement,
13:37si on pense 5 ou 10 ans,
13:39il y a des points de bascule.
13:40Peut-être dernier point,
13:42François le disait
13:43et je le confirme
13:46et je l'accentue,
13:48c'est que quand Starship
13:49sera capable
13:51tous les 3 mois
13:52et à un moment,
13:54tous les 2 semaines,
13:54c'est ça l'objectif de Musk,
13:55d'envoyer 100 tonnes
13:56dans l'espace,
13:57je pense qu'on n'a pas
14:00aujourd'hui pris conscience
14:01que ce qui était
14:02l'alpha et l'oméga de l'espace,
14:04c'est-à-dire
14:04un espace confiné
14:06sous la coiffe
14:07d'une fusée Ariane
14:08et un poids optimisé
14:10parce que chaque kilo
14:11coûtait des dizaines
14:12voire des centaines
14:13de milliers d'euros
14:14à mettre dans l'orbite,
14:15en fait,
14:15tout ce paradigme
14:16va complètement basculer
14:18et le poids
14:19jouera beaucoup moins
14:20un rôle
14:21qu'il est joué aujourd'hui
14:22et dernière chose,
14:23on va avoir de plus en plus
14:24des data centers
14:25qui seront les éoliennes
14:26d'aujourd'hui,
14:27c'est-à-dire
14:27que tout le monde
14:27voudra utiliser son cloud
14:29mais personne ne voudrait
14:30avoir de data centers
14:31dans sa proximité immédiate.
14:35François Béfennoir.
14:36Très rapidement,
14:37je suis bien d'accord
14:37que ça va à court terme
14:39être des sources
14:40de financement
14:40pour la R&T
14:41en matériaux,
14:42en optique,
14:43en liaison sol-espace
14:44et choses comme ça
14:45mais par contre,
14:46au niveau du marché,
14:48il y a aussi quelque chose
14:48à prendre en compte,
14:49c'est que surtout
14:49côté américain
14:50et dans la tête
14:51d'un Jeff Bezos,
14:52c'est une vision
14:53plutôt de hénébleur.
14:54Bezos,
14:55il le dit souvent,
14:56c'est pas Amazon
14:56qui l'a rendu riche,
14:57c'est parce que
14:58quand il y avait Amazon,
14:58il y avait Internet
14:59pour que les gens
14:59commandent de chez eux
15:00et il y avait la poste,
15:01la poste américaine
15:02qui amène les colis
15:02dans les boîtes aux lettres.
15:03Donc lui,
15:04cette vision de dire
15:05je vais équiper
15:06l'espace de data centers,
15:08c'est une infrastructure
15:10et c'est un hénébleur
15:12et le marché va naître,
15:13ça va être utilisé.
15:14En fait,
15:15si on regarde un petit peu
15:17le marché,
15:17il y a des choses
15:17qui sont avérées,
15:18d'autres qui le sont moins,
15:19etc.
15:20Mais bon,
15:21le principal marché finalement,
15:24je dirais un peu court terme
15:25sur ces sujets-là,
15:26va être du space to space
15:27parce qu'on a un besoin,
15:29notamment en matière
15:29d'observation de la Terre,
15:31on a déjà des centaines de satellites
15:34qui vont devenir
15:35des milliers de satellites
15:36et on va en plus
15:38augmenter les débits nécessaires
15:41en fait pour collecter
15:42toute cette donnée,
15:43les traiter,
15:43etc.
15:44Et donc,
15:46le choix en fait
15:47pour quelqu'un
15:48qui fait de l'observation
15:48de la Terre,
15:49qui veut faire un satellite,
15:49c'est soit d'avoir
15:51un satellite qui fait tout,
15:52c'est-à-dire
15:54qui va prendre la photo,
15:56qui va la traiter,
15:57qui va faire les télécoms,
15:58etc.
15:59Soit de passer un mode
16:00qu'on voit sur Terre
16:02qui est un mode
16:03plus désagrégé
16:03où on a
16:04le fournisseur
16:06d'électricité,
16:07le fournisseur
16:08de télécommunications
16:09et celui
16:11qui fait le cloud.
16:12Et donc,
16:12la question qui va se poser
16:14et moi,
16:15à mon avis,
16:15qui est très structurant
16:16pour le spatial,
16:17c'est est-ce qu'on va
16:18vers ce modèle,
16:19effectivement,
16:20que tu décrivais
16:21et qui est un peu
16:21la vision de Bezos
16:22mais aussi
16:23qui est en train
16:24d'être mise en place
16:25côté SpaceX
16:28puisqu'il propose
16:29à des opérateurs
16:31satellitaires
16:33de se connecter directement
16:34à Starlink
16:36comme un backbone
16:37finalement télécom
16:38avec des liens optiques,
16:40etc.
16:41Et donc,
16:41la question qui va se poser
16:42c'est celle-ci.
16:43Et donc,
16:44si on est dans ce mode-là,
16:45les data centers...
16:45Space to space,
16:46c'est prometteur.
16:47C'est prometteur.
16:48Or de là, non.
16:49Non, mais c'est prometteur
16:49mais c'est un marché
16:50qui est relativement,
16:52je dirais,
16:52un peu,
16:53je ne vais pas dire certain,
16:54mais avec...
16:55Après,
16:55il y a un deuxième marché
16:56qui est effectivement
16:57le Earth to space
16:58et Space to Earth
16:59où là,
17:01on va être un peu
17:02comme,
17:02je dirais,
17:03le spatial en général,
17:04c'est-à-dire
17:04un marché
17:05qui reste niche
17:06pour un certain nombre
17:07d'usages.
17:08Et le premier marché,
17:08il va être assez simple aussi,
17:10on peut se dire.
17:11C'est-à-dire,
17:11voilà,
17:12ceux qui sont déjà connectés
17:14au travers,
17:14par exemple,
17:15de Starlink
17:15ou d'autres opérateurs
17:17télécoms satellitaires,
17:20ils demanderont
17:21d'avoir du compute
17:21en plus
17:22pour leurs activités
17:23parce que ça peut avoir
17:24un intérêt
17:25de faire
17:25ce qu'on appelle
17:26du edge computing
17:27plutôt que la donnée
17:29monte,
17:31redescendre sur Terre
17:32à un data center,
17:33revienne
17:34et on a
17:35l'information
17:36donc on voit
17:37tout le trajet,
17:38en fait,
17:38on monte,
17:40on a le compute
17:41qui est fait
17:41et puis on redescend.
17:43Et ça,
17:43c'est quand même
17:44quelque chose
17:44qui peut être
17:46extrêmement intéressant.
17:47Ça peut faire gagner
17:48du temps et de l'argent.
17:49Ça peut faire gagner
17:49du temps et de l'argent.
17:51On imagine...
17:52Ce qu'on appelle
17:52les connexions simultanées
17:53quand je parlais
17:54dans le cluster,
17:54effectivement,
17:55comme ils seront éloignés.
17:56Aujourd'hui,
17:56même dans les gros
17:57data centers sur Terre,
17:58la distance entre deux
17:59est importante
18:02dans l'espace.
18:03D'ailleurs,
18:03il y a un projet
18:04de Google
18:04où j'ai vu
18:04où ils veulent faire voler
18:05les data centers
18:06à 200 mètres
18:07l'un de l'autre.
18:07Oui, c'est ça.
18:07Il y a un projet
18:08Google, effectivement.
18:09Alors, il y a
18:09les géants de la tech
18:10qui s'intéressent.
18:10Voler à 200 mètres
18:11l'un de l'autre en espace,
18:12c'est ambitieux.
18:14Ça paraît très ambitieux,
18:15ça c'est clair,
18:16mais alors,
18:17vous l'avez dit,
18:17il y a Google,
18:18donc c'est le projet
18:19des géants de la tech,
18:20Nvidia qui est déjà
18:21dans le sujet.
18:22Google, c'est ARD,
18:23c'est Google Research,
18:24c'est des papiers...
18:25Oui, mais c'est un signe
18:26d'intérêt.
18:26C'est un signe d'intérêt.
18:35de gens qui utiliseront
18:37effectivement,
18:37en plus de leur abonnement
18:38Starlink ou Amazon Léo,
18:40ces capacités...
18:41On a ces deux marchés-là
18:42et puis il y a
18:43un troisième marché
18:43qui est, je dirais,
18:45deux marchés
18:45où c'est des gens
18:47qui vont se dire
18:47j'ai un intérêt,
18:48un intérêt à faire
18:50du compute en orbite
18:51ou du stockage de données.
18:54Par exemple,
18:56ne serait-ce que pour s'assurer,
18:58ça peut être assez commode
19:00pour quelqu'un
19:00de se dire,
19:01bon, ben voilà,
19:01moi j'ai mon stockage
19:02de données sur place
19:03et j'ai un truc en orbite
19:05qui n'est pas forcément...
19:06Enfin, qui va être
19:07justement contrôlé
19:08ou pas contrôlé
19:09par les États
19:09ou autres, etc.
19:10Donc il y a des questions
19:11juridiques derrière ça
19:12extrêmement importantes
19:13qui ne sont pas encore,
19:15je dirais...
19:16Non, c'est souvent
19:17l'État d'après.
19:18Oui, mais voilà.
19:20Et donc là,
19:20on a tous les gens
19:21qui font des bitcoins,
19:22on a tout cet écosystème
19:25qui peut être intéressé.
19:26Est-ce que ça va être
19:27une question ?
19:28On parle d'aller...
19:29Oui, ça fait partie du sujet.
19:30Non, mais ça fait partie du sujet.
19:31On parle déjà
19:32d'esplionnage des satellites.
19:33Alors si on peut aller
19:34saisir des millions
19:35de données...
19:36La cybersécurité,
19:36des connexions,
19:36oui, bien sûr.
19:37Oui, mais il y a un gros avantage,
19:38c'est qu'il ne peut pas
19:39y avoir d'accès physique,
19:40typiquement.
19:41Donc ce serait un avantage.
19:42Donc c'est un avantage
19:43et un désavantage aussi
19:44puisque...
19:45Pas de maintenance.
19:46Pas aussi facile.
19:47Et plus difficile.
19:48Bien sûr, bien sûr.
19:48Et des nouveaux entrants,
19:49c'est possible ?
19:50Est-ce que ça peut représenter,
19:52André Lezecruc,
19:53Piétri,
19:53peut-être que vous avez
19:54un avis là-dessus,
19:54un marché pour des nouveaux entrants
19:56qui se diraient...
19:57Tiens, l'in-space,
19:58ça pourrait ouvrir
19:59la voie du computing
20:00pour les acteurs du digital
20:01ou des start-up ?
20:03Oui, alors nous,
20:04on a très vite,
20:05il y a quelques années,
20:06considéré l'espace
20:07comme en fait
20:08une prolongation
20:09de l'infrastructure
20:10digitale sur Terre.
20:12Et de plus en plus,
20:12on voit avec ce sujet-là
20:13que c'est le cas.
20:17Donc il y a à la fois
20:17des acteurs...
20:18On parle à l'instant
20:19de la sécurité.
20:21Il y a effectivement
20:22l'aspect intrusion.
20:23Il ne faut aussi
20:23pas oublier
20:24que les parties aujourd'hui
20:25les plus fragiles
20:26dans un système spatial,
20:28c'est souvent,
20:29pas toujours,
20:30mais les stations au sol.
20:32La liaison qui récupère
20:34la liaison de la donnée,
20:35c'est souvent celle
20:36qui est parfois visée
20:38par des actions malveillantes.
20:40Alors ce n'est pas
20:40le plus médiatique.
20:41En général,
20:42on parle d'espionnage
20:43dans l'espace,
20:43André Lezé.
20:44Exactement,
20:45et c'est un peu comme...
20:47Vous savez,
20:48c'est un peu comme
20:48les câbles sous-marins.
20:49On parle souvent
20:50du sous-marin
20:51qui va se pluguer
20:53au fin fond des océans.
20:54Mais en fait,
20:55le sujet le plus sensible,
20:56c'est là où les câbles
20:57arrivent sur Terre
20:58qui sont souvent
20:59des espèces
20:59de bâtiments
21:02un petit peu anonymes
21:03où les câbles
21:04ensuite se connectent
21:05au réseau physique.
21:08Donc il y a des entrants
21:09évidemment
21:10dans le domaine
21:10de la sécurité.
21:12J'entendais sur Google,
21:13alors il y a eu
21:13une nouvelle
21:14qui est assez peu
21:15qui est passée
21:16un petit peu inaperçue,
21:17mais Planète
21:18qui est une assez grande
21:20constellation
21:21d'observation
21:24de la Terre
21:25qui est très active
21:25notamment en Ukraine
21:26vient de s'associer
21:29avec Google
21:30justement sur ce sujet
21:31des data centers
21:32dans l'espace.
21:33Donc c'est peut-être
21:33également
21:34une nouvelle activité
21:35pour tous ceux
21:36qui opèrent
21:38des satellites
21:39puisqu'ils ont déjà
21:39une partie
21:40de l'infrastructure
21:41sur place.
21:42et c'est une question
21:43d'échelle,
21:43on parle d'acteurs
21:44déjà implantés,
21:45on ne peut pas
21:45parler de nouveaux acteurs
21:47qui bénéficiaient
21:48avec la démocratisation.
21:49Nvidia,
21:50donc c'est un nouvel
21:50acteur spatial,
21:51mais c'est quelqu'un
21:52qui est bien connu.
21:52Il y a juste un truc
21:53qu'il faut avoir en tête
21:54sur les data centers
21:56en orbite,
21:56c'est qu'on ne peut pas
21:58être économiquement viable
21:59sur ces sujets-là
22:00sans en fait
22:01quelque chose
22:02de massif.
22:03Massif,
22:04pourquoi ?
22:04Parce que
22:06si on veut
22:09attaquer
22:10le marché terrestre
22:11entre guillemets,
22:11parce que
22:12le coût
22:13global
22:14pour spatialiser
22:16des solutions,
22:17etc.,
22:17ça coûte assez cher
22:19et donc
22:19il faut avoir
22:20des solutions
22:21low cost
22:22pour y arriver
22:23et pour avoir
22:23des solutions
22:23low cost,
22:24il faut industrialiser.
22:26Donc industrialiser,
22:26ça veut dire
22:27envoyer plusieurs
22:28milliers de satellites,
22:29etc.,
22:30etc.
22:30Et ça,
22:32en plus,
22:32si on veut
22:33se comparer
22:34aux terrestres,
22:36la réalité,
22:37c'est qu'il faut
22:38des tonnes
22:39en orbite,
22:40ne serait-ce que
22:40pour faire
22:41des panneaux solaires.
22:42parce qu'on a
22:44l'impression
22:44que c'est beaucoup,
22:45effectivement,
22:46que 100 tonnes,
22:47c'est beaucoup,
22:47mais en fait,
22:48avec ça,
22:49on ne va pas
22:51faire un gigawatt,
22:52on va faire
22:52quelques mégawatts.
22:56La notion d'échelle
22:57est très importante
22:57sur la position
22:58de cette nouvelle technologie.
23:00C'est pour ça
23:00qu'effectivement,
23:01des nouveaux entrants,
23:02oui,
23:03mais très vite,
23:04il faut des financements
23:05qui sont très importants.
23:07Et donc là,
23:07on a un sujet
23:08pour l'Europe,
23:09on pourra avoir...
23:10On sait que ce n'est pas
23:10le point fort de l'Europe.
23:11Ce n'est pas le point fort
23:12de l'Europe.
23:12Alors, sujet à débattre
23:14peut-être dans une prochaine émission,
23:15messieurs,
23:16on est obligés de conclure
23:16pour ce Space Talk.
23:18Merci à tous les trois
23:19d'avoir pris le temps
23:20de participer à cet échange.
23:22On enchaîne,
23:22quant à nous,
23:23avec notre dernière séquence
23:24sur Bsmart.
23:25Merci à tous.
23:25Merci à tous.
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