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  • il y a 9 heures
Samedi 15 novembre 2025, retrouvez Renée Kaddouch (Avocate à la cour, Associée Squair.), Arnaud Saint-Martin (Député et Vice-Président du Groupe d'études Aéronautique et Espace) et Brian Kalafatian (Chercheur, Institut d'Etudes de Stratégie et de Défense) dans SMART SPACE, une émission présentée par Cécilia Severi Gay.

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Transcription
00:00C'est une étape décisive pour l'avenir de l'industrie spatiale, le MOU,
00:08Mémorandum of Understanding, désormais acté dans le cadre du projet BROMO.
00:13Ce projet de fusion des activités spatiales entre Thales, Airbus et Leonardo,
00:18ouvre la voie à un nouvel équilibre industriel au niveau européen.
00:22Pour en parler en plateau avec moi, Arnaud Saint-Martin,
00:25député de la première circonscription de Sénémane, vice-président du groupe d'études aéronautiques et espaces.
00:30Bonjour.
00:31Bonjour.
00:32Bienvenue sur le plateau de Smart Space.
00:34En face de vous, René Cadouche, avocate à la cour et associé chez Square.
00:37Bonjour.
00:38Bonjour.
00:38Bienvenue sur le plateau de Smart Space.
00:40Et puis à distance, nous avons Brian Calafatian,
00:42chercheur à l'Institut d'études de stratégie et de défense.
00:46Bienvenue Brian Calafatian dans cette émission.
00:49Alors, sur le papier, ce projet BROMO, il a de quoi séduire,
00:53construire un grand champion européen du spatial.
00:57Ça semble peut-être même nécessaire dans le contexte actuel.
01:02Pourtant, il soulève quand même de nombreuses questions, Arnaud Saint-Martin,
01:06notamment de compétitivité, de gouvernance, d'impact social.
01:11Mais globalement, est-ce que c'est une bonne idée d'avoir un méga géant comme ça en Europe ?
01:16Vous le formulez bien.
01:17Un méga géant, est-ce que c'est une bonne idée ?
01:19S'agissant des logis qui sont aujourd'hui à l'œuvre dans l'industrie spatiale,
01:23je n'en suis pas vraiment sûr.
01:25Ce n'est pas la première fois qu'on pose la question de construire un tel géant
01:29en faisant converger des entreprises qui sont déjà installées,
01:33déjà établies, qui sont déjà lourdes et quand même assez lourdement dotées
01:37avec des infrastructures, etc.
01:39Donc moi, je me pose la question de l'organisation, de la logistique,
01:42de comment concrètement on répond à des appels,
01:45comment on met en œuvre l'activité.
01:46Moi, franchement, je m'interroge sur le fondement proprement technologique et industriel
01:52d'abord, avant de parler d'économie, de ce type de grande convergence.
01:57Moi aussi, j'ai bien compris, parce que là, pour l'instant,
01:59les données sur lesquelles on s'appuie, elles sont maigres.
02:02Il y a beaucoup de spéculations qui sont d'ailleurs entretenues
02:04par les porteurs du projet, qui passent parfois par la presse économique
02:08pour passer des messages, etc.
02:09Vraiment, il y a une espèce de bulle de commentaires qu'il faut aussi interroger.
02:12Et moi, ce que je vois, c'est que ça serait un géant de 25 000 employés.
02:16C'est quand même énorme.
02:17C'est beaucoup plus que SpaceX, par exemple, qui est censé être le concurrent,
02:20l'adversaire technologique et commercial.
02:23Est-ce qu'on a besoin de ça pour rendre le spatial européen, agile, rapide
02:28et qui répond à des commandes qui, objectivement,
02:32adresse des besoins opérationnels établis de clients qui sont déjà identifiés ?
02:35Je n'en suis pas sûr.
02:36Et j'avais posé la question dans le rapport d'information
02:38que j'ai co-présenté avec ma collègue Corinne Vignon
02:41en mai dernier, en Commission de la Défense,
02:43où on posait la question du projet Bromo,
02:45puisqu'il faut bien l'appeler comme il s'appelle,
02:47parce que c'est le produit marketing des porteurs du projet.
02:50On disait déjà à l'époque,
02:53déjà, ce n'est pas sûr que ça se fasse,
02:54parce qu'il y a toute une rhétorique de l'inévitabilité de la chose
02:56qu'il faut aussi interroger.
02:58Ce n'est pas forcément fatal.
02:59Il y a déjà des projets qui ont été désamorcés par le passé.
03:02Et surtout, sur le point de vue de la rationalité industrielle et technologique,
03:05je ne suis pas du tout convaincue,
03:07à tel point d'ailleurs, que je suis plutôt contre.
03:10Et vous, René Cadouche, pas au contre ?
03:11Alors moi, pour le coup, je suis pour.
03:13Je pense qu'effectivement, il faut arriver à une taille critique
03:16dans beaucoup de secteurs,
03:20mais aussi dans le secteur spatial.
03:22Il faut évoluer, avoir un champion
03:23qui est capable de concourencer d'autres géants du secteur
03:26qu'on pourra citer tout à l'heure.
03:27Brian Calafatian, votre avis sur la question ?
03:32Bien entendu.
03:33Alors, je m'abstiendrai de donner un avis pour ou contre
03:36pour cette question-là.
03:38Alors, c'est vrai que c'est quand même une question qui est très intéressante.
03:41Alors, le projet Bromo n'est pas sans rappeler celui qui avait été fait,
03:44notamment par MBDA,
03:45dès la fin des années 1990.
03:47Alors, ce que je perçois de manière générale,
03:49c'est que les grandes industries européennes,
03:51notamment, naissent dans des contextes historiques, politiques particuliers.
03:54Airbus est né d'une volonté de rapprocher l'Allemagne et la France
03:58en projet A330B, par exemple.
04:01Dassault est né pendant la Première Guerre mondiale,
04:03puis a commencé à monter pendant la Seconde Guerre mondiale.
04:06MBDA est né à la fin de la Seconde Guerre froide aussi,
04:09avec cette multiplication des missiles en Europe.
04:12Ariane est né du reflux des États-Unis
04:14d'envoyer des capacités commerciales pour le compte de l'Europe.
04:17Alors, la question qu'on pourrait se poser,
04:18c'est est-ce que justement Bromo pourrait s'inscrire
04:21dans cette continuité historique ou dans un renouveau historique
04:23qui, en tout cas, est souhaité
04:25et demandé par le nombre d'industries ici ?
04:29En tout cas, il y a une volonté,
04:31ça se met dans une nouvelle ère,
04:33au moins au niveau du gouvernement.
04:35Quand on prend les discours qui ont été donnés très récemment,
04:37notamment par le président de la République,
04:39ce 12 novembre à Toulouse,
04:41il fait du deuxième pilier de sa stratégie spatiale
04:44l'industrie, la compétitivité et la compétence.
04:46Alors, c'est intéressant ce que vous soulevez
04:48en rappelant tous ces projets
04:50qui ont déjà, par ailleurs, eu lieu de fusion ou pas fusion.
04:53On va revenir sur ce thème en particulier avec vous, René Cadouche.
04:56La question de la motivation.
04:58Et c'est une question qui a été aussi soulevée par l'État, justement.
05:02Alors, je vais vous citer peut-être son regard là-dessus.
05:05L'État soutient le projet au travers d'un communiqué,
05:08mais il exprime.
05:09On encourage très largement cette opération sous réserve,
05:13que ce ne soit pas une opération défensive
05:14qui vise simplement à répondre à un carnet de commandes moins rempli.
05:18Et c'est vrai que ces carnets de commandes ont été beaucoup moins remplis.
05:20Thalès, par exemple, n'a pas vendu de satellite en 2023, un seul en 2024.
05:25Des projets de suppression de postes côté Airbus et Thalès aussi ont été mis en marche.
05:29Alors, Thalès a été frisé après la commande pour Iris 2.
05:32Donc, les motivations interrogent.
05:36Est-ce qu'il s'agit ici de sauver la peau de ces géants industriels
05:41ou véritablement d'être concurrentiels, d'après vous, René Cadouche ?
05:49Vaste question.
05:52Je pense que c'est un mélange des deux, en réalité.
05:54Je pense qu'en Europe, on n'a pas d'acteur, comme je le disais, de taille critique.
05:59Et c'est un moyen d'atteindre une taille critique pour les opérateurs européens.
06:06Mais est-ce qu'on en a besoin ?
06:07Je pense que oui.
06:08Vous n'êtes pas d'accord ?
06:10Le contexte international fait que oui.
06:13Ce n'est pas nécessaire ?
06:14On a besoin plutôt d'agilité que d'un grand géant ?
06:16D'agilité et puis aussi de planification des capacités, d'anticipation de ce dont on a vraiment besoin.
06:22En effet, la vraie question, c'est à quel programme ça répond ?
06:25Quelle ambition aussi du point de vue des agences spatiales,
06:27qui sont généralement celles qui passent les commandes,
06:31avec des programmes structurants pour des décennies parfois ?
06:35Là, il y a Copernicus, il y a plein de satellites à lancer.
06:37Et là, il faut assurer la continuité de la base industrielle.
06:40Est-ce que faire converger des entreprises qui sont déjà grosses,
06:43en une entité plus grosse,
06:45qui va poser plein de problèmes de coordination interne,
06:48de fonctionnement,
06:50avec des questions peut-être de chevauchement,
06:53des expertises, etc.,
06:54sur certains segments,
06:56qui en fait parvenaient jusqu'à présent à coopérer ?
06:59Donc là, on est dans un modèle d'activité
07:01que je ne trouve pas forcément vertueux,
07:04qui va générer,
07:06et on le sait, sans doute un peu de casse du point de vue de l'emploi,
07:09avec un emploi qui est aussi sous tension.
07:12Moi, j'ai pas mal circulé dans les industries,
07:15notamment à Toulouse,
07:16et je discute avec la base,
07:18c'est-à-dire les ingénieurs, les techniciens
07:19qui produisent concrètement les satellites
07:21et pas simplement les gens qui pilotent à vue
07:24avec des classeurs Excel.
07:25Et là, on voit une espèce de tension,
07:28parfois de déshérence et de désespérance
07:30chez les ingénieurs qui ne savent pas où ils vont
07:32et qui apprennent dans la presse
07:34où va leur entreprise.
07:35Et là, pour moi, il y a vraiment un hiatus,
07:37il y a un gros problème de vision.
07:39Et là, moi, je vois plutôt une opération
07:41tirée par une vision économico-centrée
07:44et en fait court-termiste,
07:47pour sauver les meubles.
07:47Vous le disiez, c'est une position défensive,
07:49alors que là, il faudrait peut-être mettre en avant
07:50une autre vision de l'espace, offensive, etc.
07:52On est radicalement dans une autre perspective
07:55avec Bromo, qui par ailleurs est accompagné
07:57par des banques d'affaires
07:59qui montent le projet en coulisses.
08:02Moi, ça me pose plein de questions,
08:03y compris sur la dimension de la souveraineté.
08:06Oui. Alors, on va parler de la gouvernance.
08:08C'est important que vous nous éclairiez quelque chose.
08:10Par rapport au New Space,
08:12on a un vrai problème de financement du New Space en Europe
08:14parce que les montants sont trop petits
08:16et surtout parce qu'il n'y a pas de sortie.
08:18Et là, parce qu'il n'y a pas d'acteur naturel
08:20pour les sorties qui pourraient racheter
08:23toutes ces boîtes du New Space.
08:25Et ça pourrait, alors c'est une conjecture,
08:27ça pourrait devenir un acheteur naturel
08:30pour les start-up du New Space.
08:32Ils n'auraient pas eu le moyen de les faire avant ?
08:34De jouer ce point-là, moteur ?
08:36On le dit depuis le début du New Space.
08:37Les acteurs historiques vont absorber...
08:39Les start-up qui ont été défendus...
08:41Airbus n'achète pas.
08:44Culturellement, ils achètent très peu.
08:46Peut-être que ça...
08:47Je n'ai pas une boule de cristal,
08:49mais peut-être que ça peut créer cet acteur naturel
08:52pour favoriser les sorties du New Space.
08:54Parce qu'on a un vrai problème de financement
08:57qui est dû à cette absence de sortie.
08:59D'autant plus que, comme on est en matière de souveraineté,
09:03on ne peut pas vendre à des acteurs étrangers
09:06sans avoir l'accord des ministres.
09:08Du fait de la réglementation des investissements étrangers.
09:11C'est peut-être aussi une des raisons...
09:12Enfin, c'est très secondaire.
09:14À mon avis, je ne pense pas qu'ils aient pensé à ça.
09:16Mais en tout cas, oui, c'est plus un argument
09:20en faveur de l'opportunité de...
09:24Pour faire gonfler encore un peu plus Bromo.
09:26Peut-être.
09:27Peut-être.
09:28Il y a peut-être des activités complémentaires.
09:29Alors, vous disiez, juste avant qu'on démarre cette émission,
09:32qu'il ne s'agit pas vraiment d'une fusion.
09:33Est-ce que vous pouvez nous éclairer sur le sujet ?
09:35Alors, économiquement, c'est une fusion des activités
09:37des uns et des autres, évidemment.
09:39Mais juridiquement, c'est très peu probable
09:41que quand on regarde les précédents industriels,
09:44c'est très peu probable qu'il s'agisse d'une fusion
09:48au sens juridique du terme,
09:50qui fait disparaître, que ce soit par absorption
09:52ou par création de sociétés nouvelles,
09:54qui fait disparaître les sociétés qui fusionnent.
09:57Selon moi, il s'agit plutôt d'un accord,
09:59de ce qu'on appelle un accord de John Venture,
10:02où on crée une société nouvelle
10:03à laquelle on apporte, soit, en l'occurrence,
10:07des biens.
10:08Dans notre cas, on apporte des actions,
10:13les actions de Thalès à Letian Space,
10:15par Thalès et Leonardo,
10:18et des branches d'activité.
10:20Donc, on apporte des biens.
10:22Dans certains autres cas, on peut apporter aussi
10:24du numéraire, mais là, on apporte des biens.
10:26Et on crée une société nouvelle,
10:28et de la manière dont j'ai analysé les précédents,
10:32en fait, la nouvelle société,
10:35appelons-la la société Bromo,
10:37je ne sais pas comment elle va s'appeler,
10:39mais en tout cas, la nouvelle société
10:40sera une société holding,
10:42qui va gérer des participations.
10:46Donc, vous dites, là, la gouvernance
10:47pourrait se jouer de manière assez intelligible,
10:50avec cet aspect, cette entité à part, finalement.
10:53Et la question de souveraineté
10:55serait peut-être protégée par des gardes-fonds ?
10:56Oui, tout à fait.
10:57En fait, la gouvernance va être tripartite,
11:01et assez égalitaire,
11:03puisqu'ils sont à peu près un tiers, un tiers, un tiers,
11:06dans la nouvelle entité.
11:08Donc, dans les précédents,
11:09et notamment dans le précédent de Thalès à l'Egna Space,
11:12on a des droits de veto
11:13qui se jouent à deux niveaux.
11:17Au niveau du conseil de surveillance,
11:19puisque c'est une SAS,
11:20on fait à peu près ce qu'on veut,
11:21au niveau du conseil de surveillance
11:23et au niveau de l'Assemblée des actionnaires.
11:25Et notamment, quand on regarde les statuts
11:28qui sont publics de Thalès à l'Egna Space,
11:30on se rend compte que le transfert des centres de RND
11:34hors France, en l'occurrence hors pays d'immatriculation de la société,
11:39est soumis aux droits de veto.
11:41Donc, on protégerait notre savoir-faire.
11:42On fait ça, avec ça.
11:43Mais vous l'avez dit très justement,
11:46trois parties prenantes dans les décisions.
11:48Est-ce que ce n'est pas là que le bas blesse ?
11:50Oui, sans doute.
11:51Et vous avez utilisé le mot clé, gouvernance.
11:54Gouvernance.
11:55Et quand on commence à parler gouvernance,
11:56c'est que, bon, ce n'est pas que ça va mal se passer,
11:59mais qu'il faut déjà parler équilibre,
12:01rapport de force, d'autorité,
12:02partage des chaînes de décision, etc.
12:05Et puis, clairement, il y a aussi un contrôle politique,
12:07in fine, parce que les États sont partie prenante de l'histoire.
12:11Et on a bien vu hier,
12:12avec la présentation de la stratégie spatiale nationale
12:14du gouvernement, enfin, du SGDSN,
12:17que le gouvernement accompagnait.
12:19Donc, ça devient politique intrinsèquement, ce projet.
12:22Et le genre d'entité qu'on est en train de faire émerger,
12:26c'est le contraire de ce qui est porté.
12:27C'est-à-dire, on parlait d'agilité,
12:30d'une organisation qui va répondre aux enjeux du New Space,
12:34de la transformation des organisations
12:35qui étaient jusqu'à présent relativement inertielles.
12:38Enfin, c'était la guerre froide, quoi.
12:40Ils sont tous nés de ça, le complexe militaro-industriel.
12:43Là, on est dans un autre modèle,
12:44celui de la start-up.
12:46Et on voit bien que c'était le modèle
12:47qu'on essayait de faire entrer dans ces organisations.
12:50Oui, mais ça ne marche pas.
12:51Je sais bien.
12:53Puisque ça ne marche pas,
12:54pourquoi il y a cette copie,
12:56ce conformisme qui veut qu'on essaie de faire comme SpaceX,
13:00mais en montant une espèce de groupe achiderme bureaucratique
13:02qui va poser plein de questions de qui décide,
13:07qui décide quand bien même les précarés sont protégés
13:09sur la propriété intellectuelle,
13:11sur la place des uns et des autres
13:14au sein du conseil d'administration,
13:15de la gouvernance, etc.
13:16Mais le simple fait qu'il faille en discuter là maintenant,
13:18je suis à peu près sûr que ça va créer une usine à gaz.
13:21Branan, Calafatien, est-ce que vous êtes toujours avec nous ?
13:25Bien sûr.
13:26Alors, je voudrais vous poser la question,
13:28on ne vous voyait plus à l'image,
13:29on voudrait vous réintégrer dans ce talk.
13:33Est-ce que pour vous, c'est un danger ou pas ?
13:36Pour le reste de l'écosystème qu'on évoque ici,
13:39ces acteurs qu'on appelle le new space,
13:41mais il y a aussi les PME qu'on ne cite que trop peu,
13:44mais qui sont partie prenante de cet écosystème.
13:47Alors, c'est vrai que c'est un peu les problématiques
13:51avec la création de méga structures de ce type,
13:55c'est-à-dire que c'est en tendance un peu à passer sous silence
13:57d'autres entreprises qui ont essayé d'émerger,
13:59notamment avec les apports qui ont été fournis
14:02par les derniers gouvernements,
14:03notamment France Relance 2030,
14:05qui a cherché à mettre en avant de nouvelles compétences
14:07dans le domaine spatial.
14:08Donc, ça pourrait être quelque chose
14:09qui est un peu contre-réputif
14:10par rapport à la démarche générale actuelle,
14:13on va dire, qui est justement de faire une sorte de matrice
14:18entre les industries classiques,
14:19puis d'autres nouvelles entreprises,
14:21qu'on appelle aussi new space,
14:22notamment aux États-Unis.
14:24Un danger, c'est un peu trop tôt pour le dire,
14:26en réalité, c'est vrai que pour l'instant,
14:27on se fiche sur très peu de choses,
14:29on a très peu d'indices,
14:30si ce n'est un communiqué qui a annoncé cette adventure,
14:33ce rapprochement, cette affiliation,
14:35quel que soit le nom.
14:37Donc, c'est un peu difficile pour le moment.
14:40La réalité pour ce type d'entreprise,
14:42c'est quel sera le rôle des gouvernements respectifs.
14:46Alors, le SCAF est un projet de coopération
14:48pour un programme qui a été établi,
14:50mais on voit déjà les difficultés qu'il y a parfois,
14:52notamment avec des questions de représentativité,
14:55de représentation au sein des orientations,
14:58des prises de contrôle, ce genre de choses,
15:00notamment vis-à-vis de l'Allemagne.
15:01Donc, on pourrait se demander,
15:02dans un contexte actuel un peu difficile,
15:06notamment par rapport à des entreprises comme OHB,
15:08et notamment comment pourraient se jouer les mécaniques internes,
15:12le respect aussi de l'histoire propre de chaque entreprise,
15:16de leurs ambitions propres ou partagées.
15:19Donc, ce sera des questions qu'il faudrait régler
15:21si le projet continue à évoluer.
15:24Alors, c'est vrai que les chiffres sont fous,
15:25on l'a dit tout à l'heure.
15:26Sur la base des infos 2024,
15:28on parle avec cette alliance,
15:31appelez-le comme ça pour l'instant,
15:33de 25 000 salariés réunis sous la même égide,
15:366,5 milliards d'euros de chiffre d'affaires,
15:39près de 20 milliards d'euros de carnets de commandes.
15:44Forcément, on se pose la question,
15:45est-ce que la cohabitation est possible ?
15:46Vous dites que oui, la cohabitation est possible,
15:48et peut-être qu'eux auront le financement
15:50pour épauler cet écosystème européen.
15:54Les start-up du New Space,
15:57mais pas que, ont besoin des grands groupes.
15:59Je pense qu'il est un peu vain
16:00d'opposer les uns et les autres.
16:03Et d'autre part, il y a quelque chose
16:04dont je voudrais parler,
16:06qui est le respect des règles
16:08de droit de la concurrence au niveau européen.
16:11Toute l'opération dont on parle beaucoup,
16:13en réalité, elle est soumise à l'approbation
16:16de la Commission européenne
16:18sur le fondement du contrôle des concentrations.
16:20Et c'est la raison pour laquelle
16:21l'opération ne se fera qu'en 2027.
16:29Si elle a l'accord.
16:30Si elle a l'accord.
16:31Et ça, tout est soumis.
16:34Donc, quand je regarde...
16:35Alors évidemment, moi, je ne suis pas du tout...
16:37Je n'ai pas une boule de cristal.
16:39Je ne sais pas du tout ce que la Commission va décider.
16:42Et d'autant moins que je ne suis pas impliquée
16:44dans les aspects concurrence de ce dossier.
16:46Donc, j'imagine que mes confrères
16:48qui sont en charge ont un dossier
16:50de la taille de la pièce, voire plus grand.
16:52Mais en tout cas, quand on regarde les activités,
16:55il y a deux activités.
16:56Il y a des activités,
16:58notamment Airbus Space Systems,
17:01et j'ai oublié quelle était l'entité,
17:05mais en tout cas, qui sont très, très proches,
17:09qui est la fabrication de gros satellites.
17:12Oui.
17:12Donc, est-ce que là,
17:14il ne va pas y avoir une zone de frottement ?
17:16D'ailleurs, c'est là qu'alertent les syndicats.
17:19Et tous, alors, tous ne se positionnent pas contre.
17:21Par exemple, le FO était plutôt pour
17:24la structuration d'un champion européen,
17:28pour les questions de souveraineté notamment.
17:29Mais alerte, attention,
17:31qu'est-ce qu'on va faire de ces emplois ?
17:33Et ça va dépendre, en fait,
17:35pour moi, de la décision de la Commission.
17:39C'est à ce niveau-là des gros satellites
17:41qu'elles risquent de se jouer.
17:43Et ça va dépendre...
17:44Il y a des conditions posées par l'Union européenne ?
17:45Il peut y avoir des conditions, bien sûr.
17:47Et ça va dépendre de la part,
17:49dans la nouvelle activité,
17:51de la part des gros satellites.
17:52Est-ce que ça sera l'activité majoritaire
17:55ou est-ce qu'elle sera équilibrée
17:58avec les autres activités
17:59type système d'optique
18:01ou type digital,
18:03donc logiciel,
18:05ou cyber-sécurité spatiale ?
18:07Ça, je n'ai pas la réponse.
18:09Mais en tout cas, ça risque de se jouer ici,
18:11la décision de la Commission.
18:12Si on parle de concurrence et SpaceX,
18:14c'est vrai ou pas ?
18:15Parce que c'est l'argument numéro un.
18:17Ça n'a aucun sens.
18:18Aucun sens.
18:18Alors là, pour le coup,
18:19on est d'accord.
18:20C'est deux business complètement différents.
18:22SpaceX a écrasé la concurrence,
18:23que ce soit sur le plan du transport spatial,
18:26et évidemment avec sa filiale Starlink,
18:29qui a littéralement saturé
18:30l'orbite basse terrestre.
18:31C'est un monde.
18:328 000 satellites aujourd'hui en opérationnel.
18:35Enfin, ça n'a aucun sens.
18:36Et puis ça montre à quel point,
18:38apparemment,
18:38ils utilisent des arguments,
18:40franchement, en bois
18:41ou même en carton,
18:43pâte.
18:43Parce que là,
18:44ce n'est pas du tout les mêmes business models,
18:45ce n'est pas les mêmes acteurs.
18:47Ils sont beaucoup moins gras,
18:48d'une certaine façon.
18:49SpaceX,
18:50ce n'est pas plus de 10 000 employés,
18:51peut-être un peu plus
18:52avec la Starbase à Boca Chica.
18:54Mais n'empêche qu'on n'est pas du tout
18:55dans le même modèle.
18:56En gros,
18:57SpaceX,
18:57c'est du fordisme hardcore texan,
18:59qui va très vite,
19:00qui écrase la concurrence,
19:02qui est dans un capitalisme
19:03de domination
19:05et de monopole.
19:06C'est peut-être ça,
19:07le modèle.
19:07Mais moi,
19:08ça ne me rassure pas du tout
19:08du point de vue de la durabilité
19:09des activités spatiales
19:11et du point de vue des usages.
19:13Parce que là,
19:13l'enjeu,
19:14c'est aussi de produire des satellites
19:15pour les télécoms,
19:16etc.
19:16Il se trouve que Starlink
19:17a tout écrasé.
19:19Et y compris en Europe,
19:20avec des gouvernements
19:21qui commencent à acheter.
19:22Il y avait le cas en Italie,
19:23mais sans doute aussi bientôt en France.
19:25On le sait.
19:26Le précédent à Mayotte,
19:28qui était une espèce
19:28de produit d'appel
19:29vendu par le gouvernement
19:31à l'époque,
19:31ce qui m'avait profondément scandalisé.
19:33En tout cas,
19:34pour boucler sur Starlink,
19:36sur SpaceX,
19:37l'argument SpaceX
19:39n'a aucune espèce de sens.
19:41Ça a toujours été brandi,
19:42d'ailleurs,
19:42par le président de la République
19:43depuis 2016.
19:44Il disait déjà
19:45qu'il faut faire comme SpaceX
19:46depuis la station F.
19:47Alors,
19:48il ne le disait pas spécialement
19:49à propos de ce genre d'allié.
19:51En tout cas,
19:52pour le spatial.
19:52Pour encourager la création
19:53d'acteurs similaires.
19:54Et puis,
19:55par ailleurs,
19:55pour les politiques publiques,
19:57en règle générale,
19:58il faut transformer l'État
19:59en mode plateforme,
20:00en mode start-up.
20:00Et SpaceX faisait partie
20:01de l'argument.
20:02Et c'est devenu force
20:03de politique publique
20:04avec l'encouragement
20:04à diverses start-up
20:06qu'il faudrait aujourd'hui racheter.
20:08Et pour moi,
20:08ça me pose plein de questions
20:09parce qu'il y a une déperdition
20:10de ressources.
20:11Il y a à un moment donné
20:11une base industrielle
20:12qui est mal sécurisée,
20:15s'agissant des applications
20:15les plus souveraines
20:16dont on a besoin
20:17sur les questions de défense.
20:18Moi,
20:18le rapport sur le spatial de défense
20:20m'a beaucoup appris
20:21à ce niveau-là.
20:22Et donc là,
20:22on a des besoins
20:23très fermes,
20:24très établis,
20:24avec des utilisateurs
20:25qui ne rigolent pas
20:26quand on parle plateforme
20:27et opérations et émissions.
20:30Et là,
20:31précisément,
20:32de faire miroiter
20:32le modèle SpaceX,
20:33je trouve ça n'a aucun sens.
20:34Et surtout,
20:35ça construit une imagerie
20:36du spatial
20:37qui n'est pas du tout la bonne.
20:38Pas du tout la bonne.
20:39C'est sérieux, le spatial.
20:40Brian Calafatian,
20:41est-ce que vous voulez réagir
20:42vous aussi peut-être
20:42à cette question-là
20:44qu'on évoque ensemble ?
20:45Être concurrent
20:46d'un acteur
20:47similaire à SpaceX
20:48aux États-Unis ?
20:50Alors,
20:50c'est vrai qu'à mon sens,
20:52c'est un peu difficile
20:52de dire qu'il y aurait
20:53une concurrence
20:53entre ces deux acteurs.
20:54notamment vis-à-vis SpaceX
20:56parce que le segment
20:57n'est pas le même
20:57entre les LAS
20:58ou les LAS
20:58notamment
20:59et de l'autre côté
21:00le satellite.
21:02Alors,
21:02en fait,
21:02ce qui est intéressant,
21:03c'est que c'est aussi
21:03des altitudes,
21:05des orbites
21:05qui sont différentes.
21:06C'est-à-dire que,
21:06historiquement,
21:07Airbus,
21:08défunt en space,
21:08notamment,
21:09plutôt vers du GEO,
21:10là où Starlink
21:11serait plutôt tenté
21:12d'utiliser le LEO
21:13parce que c'est là
21:14où réside tout son modèle économique.
21:16Alors,
21:17ce qui est intéressant
21:17dans cette question
21:18de concurrence,
21:20précisément,
21:21c'est que le modèle
21:22qui a été mis en place
21:23notamment pour SpaceX,
21:24Starlink a créé
21:27son propre problème.
21:27C'est-à-dire qu'ils avaient besoin
21:28pour consolider
21:30leur constellation
21:32de lancement rapide
21:33sur étagère
21:34et c'est pour ça
21:35que SpaceX aussi
21:36était une solution.
21:37Donc,
21:37il y a eu une sorte
21:38de problème
21:38qui a été créé
21:39notamment par les États-Unis
21:40et par leur vision
21:42qui a été résolu
21:43par la même entreprise
21:44ou du moins une filiale.
21:45C'est-à-dire que,
21:46voilà,
21:46c'est-à-dire que
21:47c'est une approche holistique
21:49qu'il faudrait considérer
21:51ce qui est difficilement envisageable
21:53pour le cas
21:53des industries
21:54qui sont européennes.
21:57Un dernier mot,
21:58peut-être,
21:58pour conclure.
21:59On a donné
22:00une échéance.
22:01La prochaine étape,
22:02c'est l'Union européenne.
22:04Est-ce que l'État
22:05français
22:05peut jouer un rôle
22:06dans la décision
22:07qui doit être prise
22:08par l'Union européenne ?
22:09Peut prendre davantage position ?
22:10Alors,
22:11en théorie,
22:12non.
22:12En pratique,
22:17oui,
22:18il y a une vraie volonté politique
22:19en France
22:20et en Europe
22:21de que cette opération
22:22se fasse.
22:24Je crois savoir,
22:25si j'en crois
22:25ce que j'ai lu dans la presse,
22:27que la Commission
22:28est déjà au courant,
22:30est déjà impliquée
22:30depuis avant même
22:32la conclusion.
22:33Bien sûr.
22:33Ce que je voudrais dire,
22:35c'est que,
22:36pour moi,
22:37cette opération
22:38est une bonne chose,
22:40mais si c'est uniquement
22:41pour concurrencer SpaceX,
22:43non.
22:43Pour une raison simple,
22:44c'est que les lanceurs
22:45qui sont le cœur
22:46de l'activité de SpaceX
22:47sont hors champ
22:48de cette opération.
22:49On les a exclus
22:49pour des raisons
22:50stratégiques,
22:52réglementaires
22:53et également
22:54de concurrents.
22:55Qu'est-ce qui pourra
22:57concurrencer SpaceX,
22:58à mon avis ?
22:59C'est...
23:01Parce que SpaceX
23:01sera disrupté
23:02un jour ou l'autre.
23:03C'est la loi du genre.
23:05SpaceX sera disrupté
23:06un jour ou l'autre,
23:07mais ça ne sera pas
23:08par un géant,
23:09ça sera par une start-up.
23:11Et il faut...
23:12Bon, il y a une révolution
23:13copernicienne
23:14à faire en Europe
23:14qui est la culture du risque,
23:16la culture
23:17de l'innovation
23:18de rupture.
23:19Nous, on est plutôt
23:19dans une innovation
23:20incrémentale
23:21que de rupture.
23:22On n'est pas assez
23:24dans le coup d'après.
23:25Alors, est-ce que
23:26cette manœuvre
23:27est le coup d'après ou pas ?
23:28En tout cas,
23:28elle fait partie
23:29du nouveau paysage politique.
23:30On verra si elle se vérifie
23:32dans les prochains mois
23:33et si ce projet Bromo
23:34obtient une approbation.
23:35Merci à tous les trois
23:36d'avoir pris le temps
23:37de venir échanger
23:37sur ce plateau
23:39pour un sujet
23:39qu'on aurait pu évoquer
23:40sans fin.
23:42On en reparlera
23:42évidemment dans cette émission.
23:43On enchaîne,
23:44quant à nous,
23:44avec la dernière séquence
23:46sur Bsmart.
23:47Bsmart.
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