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  • il y a 3 minutes
Ce mardi 9 décembre, le franc succès du "Nvidia chinois", Moore Threads, en bourse, et la pression de la Chine sur l'UE, ont été abordés par Florian Neto, responsable des investissements Asie chez Amundi, dans l'émission Good Morning Market sur BFM Business. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.

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Transcription
00:00Les équipes d'Amooning qui nous accompagnent ce matin depuis Hong Kong et plus particulièrement
00:05Florian Neto qui est responsable des investissements en Asie. Merci Florian d'être avec nous ce matin.
00:12En effet, commençons avec l'intelligence artificielle car là, oui, il se passe toujours des choses.
00:18L'intelligence artificielle qui continue de rebattre les cartes avec notamment vendredi l'IPO de Moore
00:24qui s'est très très bien passé, un titre qui a gagné plus de 400% pour sa première séance à la bourse de Shanghai.
00:31Bon, même si aujourd'hui Moore n'arrive pas au pied à la botte de Nvidia,
00:36bon, c'est quand même intéressant de voir les dynamiques du côté de la Chine aujourd'hui,
00:39avec la Chine qui essaye de développer ses propres technologies pour se passer de la tech américaine.
00:46Oui, tout à fait. Bonjour Etienne. Oui, effectivement, Moore, c'est une startup sous sanction américaine.
00:52Ça a été lancé par l'ancien general manager de Nvidia en Chine et l'entreprise fabrique des unités de traitement graphique,
00:59donc GPU, des accélérateurs aussi pour entraîner et alimenter l'intelligence artificielle.
01:04Le contexte actuel, vous l'avez juste mentionné, cette entreprise, elle est perçue comme l'une des entreprises
01:09qui pourrait aider la Chine à remplacer les puces étrangères par une technologie locale.
01:14Ça a été communiqué clairement par le gouvernement.
01:17On déconseille l'usage de puces internationales, donc on pourra revenir à l'annonce d'Nvidia
01:21et du président Trump la nuit dernière.
01:23Mais l'objectif, c'est de promouvoir une autonomie et même une souveraineté technologique,
01:28donc de créer un écosystème. On ne veut pas créer un champion, on veut créer plusieurs entreprises
01:32localisées en Chine qui couvrent toute la chaîne de valeur ajoutée des serveurs,
01:36des semi-conducteurs, des accélérateurs, des infrastructures cloud.
01:40Et c'est dans ce contexte où on a plusieurs introductions en bourse.
01:43Alors, vous avez mentionné Moore.
01:44L'idée, c'est que des capitaux affluent auprès de ces entreprises de semi-conducteurs.
01:49Moore s'est coté sur la bourse de Star, la bourse Star de Shanghai,
01:52qui est dédiée aux entreprises de la technologie, des secteurs de croissance.
01:56Et ce qui est intéressant, c'est que le choix du marché Star à Shanghai
02:00et pas du mainboard ou de Hong Kong, c'est qu'il n'y a pas de cap sur la performance
02:05le jour de l'IPO.
02:07Donc, il y a des performances qui sont capées à Shanghai ou à Shenzhen sur le mainboard
02:11à 10 ou 20 %. Effectivement, l'entreprise a fait plus de 425 % le premier jour
02:15et elle s'est stabilisée sur les deux derniers jours.
02:18Elle a été largement sursouscrite.
02:20Et ce que ça veut dire, c'est-à-dire que le baromètre de confiance des investisseurs
02:23en matière de puces, IA, Made in China, est assez élevé,
02:27même si l'entreprise aujourd'hui est toujours déficitaire.
02:29Donc, elle a du potentiel.
02:31Il y a plusieurs points intéressants.
02:33Baidu a mentionné hier sa volonté de faire un spin-off de sa ligne métier dédiée aux puces
02:38et de la côté à Hong Kong.
02:39Mais ce qui est plus intéressant, on va dire que les investisseurs chinois sont au courant
02:42qu'il y a une bulle aux États-Unis, où il y a une cherté et une concentration
02:47des performances de marché aux États-Unis.
02:49Et ils sont au courant aussi que c'est quelque chose qui peut se passer sur le marché chinois.
02:52Donc, ce qu'ils savent néanmoins, c'est que la politique industrielle
02:55va rediriger les capitaux sur ce secteur.
02:57À minima, les investisseurs de la région, ils voient ces entreprises
03:00comme une opportunité de diversifier le pari technologique
03:03dans leurs portefeuilles régionaux, dans leurs portefeuilles globaux,
03:05en misant sur des acteurs chinois qui sont en avance dans les applications,
03:10dans l'adoption de l'IA, et même s'ils sont en retard sur l'infrastructure,
03:15la puissance de calcul.
03:17Et cette adoption, ces applications, elles ont des débouchés sur des zones
03:23de fabrication de pointes d'informatique quantique
03:27qui ont des cas pratiques dans la pharmaceutique,
03:30qui ont des cas pratiques dans l'aérospatial, dans la défense, dans l'énergie.
03:32Donc ça, c'est assez intéressant de voir que le nouveau plan quinquennal est clair.
03:36Les entreprises technologiques qui vont améliorer la productivité industrielle de la Chine
03:41auront la priorité sur les avantages fiscaux, auront les soutiens financiers,
03:45auront aussi accès à une réduction tarifaire sur l'électricité.
03:51Ça peut atteindre jusqu'à 50% pour les centres de données utilisant des puces nationales.
03:55Donc, sur l'accord des puces H200 de NVIDIA,
04:01alors on va voir, le diable est dans les détails, c'est une bonne surprise pour la Chine.
04:04C'est une surprise, parce qu'on ne s'attendait pas à ce que Trump autorise à NVIDIA
04:11de vendre ses puces en Chine.
04:12Alors, ça va dépendre de l'étendue et ça va dépendre des limites qu'on va mettre.
04:17À court terme, ça peut réduire les contraintes de capacité
04:20que font face les producteurs chinois.
04:24Ça peut aussi refroidir un peu certaines valorisations spéculatives,
04:27en particulier des nouvelles startups chinoises qui sont cotées.
04:30Mais plus probablement, il va y avoir des contraintes.
04:32Ou les livraisons vont être limitées,
04:34ou certaines puces vont être bridées en performance,
04:36ou elles vont vraiment être strictement licenciées en termes de clients.
04:40Bon, à la fin, ça ne changera pas la stratégie chinoise.
04:42Aujourd'hui, les entreprises chinoises entraînent leur modèle en Malaisie ou à Singapour
04:46où elles ont accès à des puces de dernière génération.
04:48Et ensuite, elles les appliquent au marché local.
04:50Et dans tous les cas, l'objectif stratégique,
04:53pour ne pas dire l'objectif impérieux,
04:54c'est d'avoir une chaîne d'approvisionnement technologique autonome,
04:57made in China, quoi qu'il en coûte à court terme.
04:59Florian Netto, il nous reste deux minutes pour aborder quand même un sujet
05:03qui est, j'ai conscience, compliquée à résumer en deux minutes.
05:07C'est la relation entre la Chine et l'Europe.
05:10On l'a encore vu la semaine dernière lors de la visite d'Emmanuel Macron en Chine.
05:13On a quand même aujourd'hui des tensions qui sont très présentes,
05:16assez peu d'avancées sur le niveau géopolitique.
05:18Aujourd'hui, deux économies qui essayent d'être un petit peu indépendantes,
05:22même si elles ont bien conscience qu'elles ne peuvent pas totalement l'être.
05:26Non, tout à fait.
05:27On a eu une visite de trois jours du président Macron en Chine.
05:29C'est la quatrième visite depuis son élection en 2017.
05:32Il y a eu une candeur de façade.
05:34Ça a donné lieu à des jolies images, à des déclarations aussi.
05:37Mais pour l'instant, les accords commerciaux sont limités.
05:41Ce qui est intéressant, c'est la déclaration du président français à la sortie de l'avion du retour,
05:44qui menace que l'Union européenne pourrait recourir à des droits de douane
05:47ou à des mesures plus coercitives si un chemin plus équilibré n'était pas trouvé.
05:51Alors, on a un gigantesque déficit commercial en France et dans l'Union européenne envers la Chine.
05:56300 milliards pour l'Union européenne, 47 milliards pour la France l'année dernière.
06:0047 milliards pour la France, ça a doublé en une décennie.
06:03C'est presque la moitié de notre déficit global.
06:05Ça accélère en tendance alors que nos exportations vers la Chine n'accélèrent pas.
06:09Donc, quand le président Macron dit dans les échos
06:12qu'on doit avoir une juste protection de nos frontières,
06:16on a clairement un besoin de se protéger mieux qu'aujourd'hui.
06:19Alors, on sait qu'on a mis des droits de douane sur l'acier.
06:22Il est surtout important de s'entendre entre partenaires européens
06:25et la Chine comprend bien que ce n'est pas le cas pour l'instant.
06:27Alors, quel était l'objectif de la visite et où est-ce qu'on en est ?
06:29Je pense que l'objectif de la visite, c'était de promouvoir plus d'investissements croisés
06:33pour commencer un rééquilibrage de la relation commerciale.
06:37Et ce que veut la France, c'est un transfert de technologie.
06:39C'est intéressant.
06:40On ne veut pas uniquement un transfert de capital,
06:42on a besoin d'un transfert de technologie.
06:43Pourquoi ?
06:44Parce que sur des secteurs de pointe comme les batteries, l'éolien, la robotique
06:47ou les technologies de recyclage, on n'est pas au niveau.
06:50Donc, l'objectif aussi, c'est de défendre la compétitivité européenne.
06:52On a une claire baisse de compétitivité, mais on a aussi potentiellement
06:56un risque de désindustrialisation progressif de notre secteur industriel européen.
07:01Pourquoi désindustrialisation ?
07:02Parce qu'aujourd'hui, on fait face aux exportations chinoises en surcapacité
07:06qui bénéficient de subventions étatiques, sur l'acier, sur les petits colis,
07:12sur les véhicules électriques.
07:13Mais ce n'est pas uniquement là où on a cette concurrence,
07:15on a aussi la concurrence à l'exportation.
07:17C'est-à-dire que la part de marché des entreprises européennes
07:19dans d'autres marchés étrangers est en train de baisser
07:22face à la compétitivité des prix technologies des Chinois.
07:25Donc, moi, il y a un point qui n'a pas été mentionné.
07:28Je pense que ça va être de plus en plus mentionné.
07:30Et ça peut être intéressant pour discuter avec la Chine
07:33et avoir une approche un peu plus coopérative.
07:38c'est le problème de la sous-valorisation criarde de la devise chinoise.
07:43En un mot, parce qu'on est vraiment pris par le temps, Florian.
07:45Oui, je vous en prie, pas de souci.
07:47Je pense que la devise chinoise devrait se réévaluer
07:50et ça nous permettrait d'avoir une base de production
07:53un peu moins coûteuse en Europe.
07:54Merci beaucoup de nous avoir accompagnés ce matin.
07:56Florian Netto, responsable des investissements en Asie,
07:58chez Amundi, en direct avec nous depuis Hong Kong
08:01pour faire donc un point sur ces marchés asiatiques.
08:04Merci.
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