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  • il y a 11 heures
Jean Schmitt, président et managing partner de Jolt Capital, était l'invité d'Erwan Morice dans French Tech, ce lundi 1er décembre. Il est revenu sur le financement des innovations de rupture en s'appuyant sur des fonds souverains, dans Good Morning Business. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.

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Transcription
00:00Avec une entreprise ce matin qui veut financer les innovations de rupture avec nous.
00:03Bonjour Jean Schmitt.
00:04Bonjour.
00:05Merci d'être sur le plateau de BFM Business,
00:07président cofondateur de Jol Capital, Anthony Morel, avec nous également pour vous interroger.
00:11Jol, société de capital développement, vous avez lancé un fonds à 600 millions d'euros
00:16pour financer les innovations de rupture, je le disais.
00:19Votre particularité, en tout cas l'une de vos particularités,
00:21c'est que vous vous appuyez sur des fonds souverains pour aider à financer ces innovations.
00:26C'est vrai qu'on a de façon inhabituelle un grand nombre de fonds souverains qui ont investi dans le fonds.
00:32Alors c'est un fonds qui a une taille, le premier closing est à 600 millions d'euros,
00:36il va être plus grand que ça in fine.
00:38Et c'est vrai qu'on a fédéré un certain nombre de fonds souverains asiatiques, européens,
00:43qui ont décidé de mettre de l'argent via Jolt dans des sociétés de deep tech européennes.
00:49On a qui dans les fonds souverains européens ? Parce que l'Europe n'est quand même pas pionnière là-dedans.
00:52Les français, les allemands, d'autres.
00:56Alors il y en a certains qui ne souhaitent pas être mentionnés, mais un certain nombre.
01:00Et puis coréens, japonais, singapouriens, du côté asiatique.
01:05Quand on dit deep tech, à quoi on pense ?
01:08On pense à l'intelligence artificielle, on pense au quantique.
01:10Donc deep tech, c'est les technologies de rupture.
01:13Mais est-ce que c'est plus que ça ? Dans quel domaine vous allez investir plus précisément ?
01:17Oui, il y a les grands domaines. C'est les domaines où on estime qu'un grand coup de couteau, ça va tuer.
01:22Mais il y a les mille petits coups de couteau qui sont aussi importants.
01:25C'est toutes les petites innovations qu'on fait en semi-conducteur, en médical, en matériaux, etc.
01:29Une boîte de deep tech, c'est une boîte dont le business est basé sur une propriété intellectuelle originale.
01:38Et c'est ça qu'il faut voir. Il y en a dans plein de domaines.
01:41Et sur les semi-conducteurs, par exemple, ça veut dire qu'en Europe, on pourrait avoir des usines de semi-conducteurs ?
01:46On a les moyens d'aller concurrencer Nvidia ? Ce serait possible dans quelques années ?
01:50Alors, on n'est pas du tout condamné à rester une colonie de l'Asie et des Etats-Unis, absolument.
01:56On pourrait décider de faire notre propre usine à 2 nanomètres. Ça coûte 12 milliards.
02:00Mais on n'a pas les savoir-faire, ce n'est pas juste une question d'argent.
02:03Alors, à l'IMEC en Belgique ou au Léti, on a le savoir-faire pour se lancer ce genre de choses.
02:09Ça prendra 4-5 ans. Les Japonais l'ont fait avec Rapidus.
02:12En 4 ans, ils sont passés de rien à des puces qui commencent à sortir.
02:16Donc, j'ai beaucoup entendu d'objections à ça, mais elles ne tiennent pas tellement.
02:21Quel est le degré de maturité des entreprises que vous repérez, que vous accompagnez, que vous allez financer ?
02:28Alors, nous, on s'est obsédé depuis maintenant 15 ans à regarder toujours la même chose,
02:33des sociétés entre 10 et 50 millions de chiffre d'affaires, donc qui ne sont pas des start-up.
02:38Oui, parce que les start-up, elles ont les financements en France. Il n'y a pas vraiment de problème à ce niveau-là.
02:42En France, en Europe, au Japon, en Corée, c'est la même chose.
02:44On a rattrapé notre retard en matière de venture capital.
02:48En revanche, pour la partie croissance, le gap avec les États-Unis ne fait qu'augmenter.
02:54Et là, il faut absolument résoudre ce problème, puisque sinon, on pousse un tas de start-up en face de nous.
03:00Puis, quand elles arriveront à leur stade de croissance, il n'y aura pas de capto.
03:02Mais justement, on peut même se demander, est-ce que 600 millions, c'est suffisant ?
03:06Aujourd'hui, on parle en milliards, en dizaines de milliards, en centaines de milliards.
03:09Ce n'est pas du tout suffisant. D'ailleurs, on estime qu'on sera bien au-dessus de ça.
03:12Mais en revanche, il en faut beaucoup, comme nous.
03:15C'est-à-dire qu'on ne peut pas avoir un fonds de 15 milliards et qui résout les problèmes.
03:20D'ailleurs, ça ne suffirait pas non plus.
03:21Il faut avoir 10, 15 fonds, comme nous, en Europe.
03:25Et on déplore le fait qu'il n'y en ait pas beaucoup.
03:27C'est quoi la technologie deep tech européenne qui a le potentiel, on va dire,
03:32pour devenir un monstre mondial dans les 5 ans ou 10 ans qui viennent ?
03:35Je pense qu'en semi-conducteur, on a ce qu'il faut pour créer des monstres mondiaux.
03:40Il faut investir. On est toujours choqués par les montants et on ne regarde pas les choses en face.
03:46OpenAI perd 3 milliards par mois, ça n'étonne personne.
03:50Une usine de semi-conducteurs qui donnerait une indépendance européenne en IA et en puce très avancée, c'est 12 milliards.
03:57C'est là qu'il y a beaucoup d'innovation à attendre, des petites et des grandes.
04:00Vous nous disiez pendant la pub que l'IA, le quantique, c'était un peu le vernis quand on parlait de deep tech
04:07et qu'il y avait plein d'autres choses, comme vous le disiez sur le médical, sur les semi-conducteurs,
04:10qui étaient peut-être un petit peu moins sexy, mais qui étaient en réalité probablement plus fondamentaux.
04:15Est-ce que vous pensez qu'en matière d'intelligence artificielle, par exemple, c'est déjà trop tard,
04:19c'est-à-dire pour l'investissement ? On parle beaucoup de bulles en ce moment.
04:21C'est plus le moment d'investir en réalité ?
04:25Alors ça dépend quel IA, mais oui, quand on voit une mode, c'est trop tard.
04:29C'est-à-dire que les prix sont très élevés et probablement les espoirs ont atteint des sommets,
04:33donc le désespoir va suivre rapidement.
04:36Donc il ne faut pas investir à ces moments-là, évidemment.
04:38L'IA, ce qu'on fait aujourd'hui en IA, c'est extraordinaire.
04:43Mais enfin, il n'y a aucune chance que ce qui est fait là devienne une intelligence artificielle générale.
04:48Donc on n'est pas du tout, on est très loin de l'objectif, très très loin.
04:51Donc il y a beaucoup d'innovation à attendre.
04:53Mais attention, l'IA devient très populaire parce que les positionnements de sociétés comme OpenAI, c'est du B2C.
05:00Dès que c'est B2C, il y a beaucoup d'argent en marketing.
05:02Et dès qu'il y a de l'argent en marketing, ça devient extraordinaire pour tout le monde.
05:06En B2B, c'est beaucoup moins sexy d'habitude, mais c'est là que se passe innovation.
05:11Jean-Schmidt, ce fonds, la création de ce fonds, évidemment, on le salue.
05:16On constate néanmoins qu'on a du mal aujourd'hui à s'appuyer uniquement, exclusivement sur des capitaux européens.
05:23Vous mettez en place cette particularité d'aller chercher des capitaux étrangers en vous appuyant sur des fonds souverains.
05:31Encore une fois, c'est quand même grâce aux pays asiatiques, à Singapour, à la Corée du Sud, qu'on peut financer l'innovation en Europe.
05:36Alors, l'argent asiatique représente une petite proportion de nos fonds, qui sont tout de même avec des fonds souverains.
05:44L'EIF a investi 260 millions dans ce fonds, mais vous avez trouvé également beaucoup d'assureurs, de fonds de pension,
05:54qui commencent à faire l'effort, des banques, des familles d'office, qui commencent à faire l'effort.
06:00Mais il y a beaucoup à faire encore, on est très loin.
06:02Merci beaucoup d'être venu nous parler de ça, Jean Schmitt, président cofondateur de Jeuels Capital.
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