00:008h23, retour de la matinale de l'économie sur BFM Business et sur AMC Live.
00:04Notre invité c'est Jean Bauty, bonjour.
00:05On suit depuis des années cofondateur directeur général de Voltaéro.
00:09Vous développez des petits avions hybrides carburant électricité.
00:12Vous avez été placé en redressement judiciaire le 7 octobre dernier.
00:16Vous avez deux mois pour essayer de trouver les fonds et de trouver un nouvel actionnaire
00:19car en fait c'est une histoire de ricocher votre truc, c'est ACI, qu'on a reçu ici
00:23qui est elle-même placée en redressement judiciaire, qui devait investir et donc qui ne va pas le faire.
00:27Vous en êtes où ce matin ?
00:29Alors d'abord merci de me recevoir, c'est très gentil à vous.
00:34Avec la situation d'ACI, je ne sais pas si ACI va investir ou pas
00:39parce qu'on ne sait pas le redressement judiciaire où il va aller.
00:42Nous on est une victime collatérale de ça.
00:45Donc ceci dit aujourd'hui, on traite directement avec l'état de Sarawak
00:49pour que Sarawak, les Malaisiens, investissent seuls.
00:54Il était prévu, comme on avait annoncé au Bourget, qu'ils allaient co-investir
00:58entre ACI et l'état de Sarawak.
01:00Aujourd'hui, nous regardons à des alternatives sans ACI.
01:03Pourquoi ? Parce que le temps est compté, qu'on ne peut pas attendre
01:07que le redressement judiciaire d'ACI se résolve.
01:11Il faut nous qu'on avance et donc on est décidément résolus
01:15à trouver des nouveaux investisseurs pour pouvoir faire le...
01:19L'état malaisien, quoi.
01:20C'est-à-dire qu'on en est là, quand même.
01:22Oui, l'état malaisien, mais...
01:24On ne peut pas trouver des industriels français dans l'aéronautique.
01:27Ce n'est pas ça qui manque, quand même, en France.
01:28Des gens qui seraient prêts à investir 10 millions,
01:30ce n'est rien pour l'industrie aéronautique, pour un avion.
01:32Parce qu'il faut rappeler ce que vous faites.
01:33C'est donc des avions hybrides, électriques et puis motorisation classique
01:38qui pourraient révolutionner l'aérien.
01:41En tout cas, c'est la promesse.
01:42Et c'est vrai qu'au Bourget, on se souvient de l'enthousiasme.
01:45On avait parlé même.
01:46Il y a plein d'acteurs en France qui pourraient investir chez vous.
01:48Pourquoi ils ne le font pas ?
01:49Écoutez, moi, c'est une très bonne question.
01:52Moi, je vois qu'aujourd'hui, mes investisseurs privés...
01:56Je ne parle pas de la sphère publique qui nous a aidés
01:58et qui nous aide toujours.
01:59La région, le département, ils nous ont mis une usine.
02:02Là, il n'y a pas à dire.
02:04C'est l'investisseur privé français
02:06qui a beaucoup de mal à investir dans l'industriel.
02:09On parle beaucoup de l'industriel dans la France, etc.
02:13Mais je peux vous dire qu'en tant qu'investissement privé industriel,
02:17ils préfèrent tous investir dans l'intelligence artificielle,
02:19dans des choses qui ont moins, je dirais, de capital mobilisé
02:24et des retours beaucoup plus rapides
02:26que dans l'industrie comme la nôtre
02:28où il faut investir pas mal pour développer un avion nouveau.
02:31J'étais avec Olivier Andriès il y a 30 minutes.
02:34On lui a posé la question de Safran.
02:37Justement, s'il pouvait faire quelque chose,
02:39ce qu'il pensait de votre situation,
02:40parce que vous devez mettre des moteurs Safran
02:42à l'intérieur de vos avions.
02:43Lui, il répond, je ne vais pas investir dans tous les projets
02:46possibles et inimaginables.
02:47Il y en a des centaines à travers le monde.
02:49Certains réussiront, d'autres pas.
02:50Il ne se sent pas complètement concerné par le dossier.
02:54Écoutez, moi, ce que je sais,
02:55c'est qu'il y a des centaines de projets,
02:56mais il y en a très peu qui volent.
02:58Et nous, à l'origine, en 2021,
03:01c'est nous qui avons quand même aidé énormément Safran
03:03à développer le moteur électrique.
03:05Parce que vous l'avez fait voler ?
03:06Bien sûr, bien sûr.
03:08Et on le fait toujours voler, même maintenant.
03:10Au Bourget, il a volé avec des moteurs Safran.
03:13Maintenant, je comprends la position de Safran
03:15qui peut être de dire,
03:16si je veux investir dans toutes les boîtes
03:17qui me demandent des moteurs électriques,
03:19vous voyez ce que je veux dire ?
03:20Mais il y a ceux qui volent,
03:22et il y a beaucoup de papiers aussi dans tous ces projets.
03:25C'est vrai qu'il y a énormément de projets d'avions électriques.
03:28Alors après, est-ce que, je me fais un peu l'avocat du diable,
03:30mais est-ce que si vous ne trouvez pas d'investisseurs
03:31parmi les industriels français,
03:33c'est parce qu'ils voient, je ne sais pas,
03:34une fragilité du point de vue technologique
03:36ou du modèle économique ?
03:37Ils se disent, non, en fait, on n'a pas envie d'investir
03:40parce que ce n'est pas viable comme projet.
03:42Écoutez, j'ai un avion de démonstration
03:45qui vole depuis 2020.
03:47Ça fait cinq ans qu'il vole.
03:48Il a 25 000 kilomètres.
03:50La technologie est brevetée.
03:51Nous, on est breveté.
03:53C'est-à-dire, ce n'est pas des brevets déposés.
03:54Ils sont approuvés dans 62 pays.
03:58Donc, me dire que ma technologie a des risques, etc.,
04:01d'accord, mais je voudrais voir en face
04:03qui a le même pédigré à mettre en face
04:07par rapport à ce qu'on a nous.
04:09Vous voyez ce que je veux dire ?
04:10Et moi, je suis prêt, là, à appuyer sur le bouton
04:12pour avoir notre nouvel avion
04:14qui est en cours de certification,
04:15qu'on a commencé en 2021,
04:18qui doit voler, qui devait,
04:19qui doit voler, normalement,
04:20à la fin du premier trimestre 2026.
04:23Donc, vous voyez, on est très près.
04:25Et avec ce qu'on avait entre ACI Group et Sarawak,
04:29on était tranquille.
04:30On avait ce qu'il nous fallait,
04:31le support de l'État.
04:33Parce que, malheureusement, en Europe,
04:35quand vous mettez un euro d'investissement public,
04:38il faut mettre un euro d'investissement privé.
04:41Chose que les Américains n'ont pas,
04:43chose que les Asiatiques n'ont pas.
04:44Donc, vous êtes automatiquement défavorisés
04:46par ça, parce que, sinon,
04:49on aurait pu avoir les aides de l'État de la France 2030
04:52qu'on a gagnées et qui auraient pu venir
04:55tout de suite nous aider.
04:55Vous voyez ce que je veux dire ?
04:56Faire le pont.
04:57Ce n'est pas le cas.
04:58Vous ne pouvez pas le faire
04:59parce que la règle européenne vous empêche de faire ça.
05:01On voit à quel point c'est fragile, quand même,
05:02la recherche de financement.
05:03On est sur l'État malaisien et sur ACI.
05:05ACI qui est en difficulté.
05:08C'est quoi vos pistes, là, actuellement ?
05:10C'est-à-dire que vous avez des touches
05:11directement avec certaines personnes ?
05:13Oui, alors, je suis content, quand même,
05:14de voir qu'il y a quand même des privés français
05:17qui s'intéressent maintenant.
05:19Donc, je ne sais pas où on va aller avec.
05:21Aux États-Unis, bien sûr.
05:23L'Asie.
05:24La Malaisie, on continue.
05:25Il faut être clair.
05:27Moi, j'ai beaucoup d'espoir sur la Malaisie.
05:29Je pense que c'était toujours dans notre stratégie,
05:34si vous voulez.
05:34de développer une usine d'assemblage en Malaisie
05:38et une aux États-Unis.
05:39D'assemblage final, avec le bureau d'études en France
05:41et tous les premiers développements faits en France,
05:44plus une certaine quantité d'avions.
05:45Ça, ça a toujours été notre objectif.
05:47Maintenant, je regarde, vous savez,
05:49je tape à toutes les portes.
05:50C'est ce que j'essaie de faire.
05:52On se tient au courant, Jean Bauty.
05:55Merci d'être venu ce matin dans la matinale de l'économie.