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  • il y a 11 heures
Ce vendredi 28 novembre, la croissance française confirmée à 0,5 % au troisième trimestre, la stabilité de l'inflation à 0,8 % en novembre, ainsi que la probabilité de baisse de taux par la BCE en 2026, ont été abordées par Paul Chollet, chef économiste chez CM Arkéa, membre du comité stratégique de BSI Economics, dans l'émission Good Morning Market sur BFM Business. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.

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Transcription
00:00Et c'est Paul Chollet qui est avec nous par téléphone afin de nous aider, de nous éclairer sur ces statistiques françaises.
00:06Chef économiste chez Crédit Mutuel Arkea et membre du comité stratégique de BSI Economics.
00:11Bonjour Paul Chollet, merci de nous accorder quelques minutes ce matin.
00:15La croissance du troisième trimestre en France a été confirmée à 0,5%.
00:20L'INSEE également qui détaille un petit peu ses chiffres d'inflation.
00:23Une inflation qui est toujours en deçà des 1%. Nous sommes exactement à 0,8% en harmonisé sur le mois de novembre.
00:31Oui, bonjour Etienne. Écoutez, merci pour cette invitation.
00:34En effet, l'inflation en France, même au sens français, ressort à 0,9% contre 1% attendu.
00:39Et vous l'avez dit, 0,8% au sens européen.
00:42Donc c'est vraiment pas la France qui freine la BCE dans ses baisses de taux.
00:46Vous savez que la BCE est en pause. Le mandat de la BCE, c'est 2%.
00:50Nous en France, donc cette inflation aux normes européennes 0,8%.
00:53Donc la BCE, au sens français, pourrait baisser ses taux directeurs en décembre,
00:57mais elle ne le fera pas, vous le savez, puisque globalement, au niveau de la zone euro, l'inflation est de 2%.
01:01Donc oui, concentrons-nous sur la France.
01:04Cette inflation qui se modère, c'est plutôt une bonne nouvelle, notamment à l'approche des fêtes de Noël.
01:11Pour autant, quand on regarde le chiffre du PIB, là aussi, vous avez plutôt des bonnes nouvelles ce matin,
01:17puisque la croissance française est confirmée en progression de 0,5% au troisième trimestre.
01:21L'acquis de croissance pour l'ensemble de l'année est de 0,8%.
01:25Donc avec une croissance allée de 0,2, 0,3 points au quatrième trimestre, on pourrait faire 0,9% de croissance cette année.
01:31Donc un chiffre au-delà des prévisions récentes, notamment de la Banque de France, qui était de 0,7%.
01:37Et puis surtout, dans le détail de ce PIB, de ce 0,5%, ce qu'on voit, c'est que la demande interne repart un petit peu.
01:44On a une progression de la demande interne qui contribue de 0,3 points à ce 0,5%.
01:49Et finalement, ce qu'on avait en première estimation, c'était des variations du commerce extérieur,
01:54entre stock et commerce extérieur, qui étaient très nettes.
01:56Et elles sont un petit peu moins nettes dans cette révision du PIB.
02:01Et donc globalement, vous l'avez dit, le chiffre est plutôt positif.
02:03– Quand vous regardez les données de l'emploi, ça résiste plutôt bien également.
02:08Comment expliquer cette résilience de la France dans un contexte quand même assez incertain au niveau mondial
02:14et encore plus en France, avec notamment un climat politique qui est quand même assez chahuté ?
02:19– Alors oui, là aussi, c'est assez intéressant de voir que l'emploi résiste.
02:23C'est aussi à mettre en perspective quelque part avec les marges, le taux de marge des entreprises.
02:29Vous l'avez vu ce matin, de nouveau, une publication plutôt positive,
02:33dans le sens où le taux de marge des entreprises rebondit un petit peu au troisième trimestre.
02:37Et là aussi, il faut, je crois, analyser l'évolution des défaillances d'entreprises
02:41au regard de ce qui s'est passé ces dernières années, des aides garanties par l'État,
02:45les prêts garantis par l'État, qui ont finalement permis à des entreprises de ne pas faire défaut,
02:50ce qu'on appelle les entreprises zombies, entre 2020 et 2022.
02:54Et aujourd'hui, ces entreprises bien font défaut et donc conduisent les faillites
02:58à un niveau exceptionnellement élevé en France.
03:00Mais quand on regarde plus dans le détail, finalement, les faillites qui sont davantage liées à la conjoncture,
03:05donc ces entreprises qui, in fine, font faillite parce que la croissance est trop molle,
03:09eh bien, il n'y en a pas tant que ça.
03:10Donc certes, le chiffre de faillite est très, très, très élevé,
03:13mais on ne détruit pas tant d'emplois que ça en ce moment en France.
03:17Donc ça aussi, c'est plutôt une bonne nouvelle.
03:19Et ça vient expliquer qu'on est finalement un petit rebond de la consommation.
03:22Et on le voit encore ce matin.
03:23D'ailleurs, on a eu les données de conso qui ont été publiées, elles aussi, à 8h45.
03:28Et sur un mois, la consommation rebondit de 0,4%.
03:31Le chiffre attendu, c'était 0,2 dans les services,
03:34comme d'ailleurs dans les biens manufacturés ce matin.
03:36Donc c'est une bonne nouvelle.
03:38En conclusion, comment aujourd'hui vous pouvez dessiner un petit peu le tableau,
03:42l'image de la France, la carte postale,
03:44avec un taux d'épargne, on l'a vu encore cette semaine,
03:46qui est proche de plus haut historique,
03:48à un emploi qui tient plutôt bien.
03:50On détaille 0,3% en glissement annuel sur le troisième trimestre d'après l'INSEE.
03:54Et donc une inflation qui n'est pas absente,
03:56mais en tout cas qui commence très sérieusement à se tasser.
04:00La photo telle qu'on la voit, c'est quand même la résilience de l'économie française
04:04face à une crise politique qui est majeure.
04:06On aurait pu craindre que la croissance française décroche.
04:09A priori, ce n'est pas le cas.
04:10Vous avez cité le taux d'épargne,
04:11mais le taux d'épargne a baissé au troisième trimestre de 0,3 point.
04:15Donc là aussi, quelque part, c'est à mettre en lien avec des ménages
04:19qui reconsomment et qui puisent un petit peu dans leur épargne.
04:22Alors pourquoi est-ce qu'ils font ça ?
04:24Ils font ça aussi parce que les produits de placement offrent des taux d'intérêt
04:26qui sont moins avantageux avec la BCE qui baisse ces taux.
04:29Et finalement, vous avez ces ménages qui reviennent consommer
04:32et qui petit à petit réalimentent la pompe
04:34en permettant aussi aux entreprises d'avoir une augmentation de leur marge.
04:38Donc finalement, le cercle vertueux que nous économistes
04:42ont prévoyé il y a un an et qui n'est pas arrivé à cause d'une crise politique,
04:45et bien il se met petit à petit en place.
04:47Mais évidemment, la forte incertitude actuelle
04:49diminue la force de frappe de ce cercle dont je parle.
04:53L'année prochaine, il y a un pays qui est attendu au tournant dans la zone euro.
04:56C'est bien sûr l'Allemagne avec le plan de relance.
05:00Quelles sont vos perspectives, que ce soit pour l'Allemagne
05:02mais également pour la BCE ?
05:04Est-ce qu'aujourd'hui, avec une inflation qui commence à se tasser,
05:07notamment en Allemagne, en France,
05:08ça peut ouvrir la voie à une ou deux baisses de taux l'année prochaine ?
05:12Oui Etienne, alors là, vous avez bien résumé notre pensée au Crédit Mutuel Arcaire.
05:17Effectivement, nous, ce que nous anticipons,
05:19c'est que la croissance allemande l'année prochaine
05:21pourrait un petit peu plus décevoir qu'anticipée par le consensus.
05:24Une croissance relativement solide, anticipée au-dessus de 1%,
05:28alors que je le dis, mais depuis 2019,
05:31la croissance allemande n'a pas progressé.
05:33Sur les six dernières années, en niveau,
05:34vous avez aujourd'hui une stagnation de la croissance allemande.
05:37Alors certes, le déficit public allemand, l'année prochaine,
05:39devrait être de 4% contre 3% cette année,
05:42donc permettre un léger rebond de cette croissance,
05:45mais nous, nous l'anticipons bien plus léger qu'anticipé.
05:48Et de fait, du coup, Christine Lagarde, aujourd'hui,
05:50qui marque une pause dans ces baisses de taux,
05:52parce qu'elle veut voir l'impact des baisses récentes
05:55des taux directeurs de la BCE sur l'économie globale de la zone euro,
05:58donc à savoir l'Italie, l'Espagne, la France et l'Allemagne,
06:01et bien Christine Lagarde, dans quelques mois,
06:03elle pourrait revenir en arrière et dire,
06:05finalement, l'impact de ces baisses de taux
06:06n'est pas si élevé sur l'activité.
06:08Et, vous l'avez dit, l'inflation, par ailleurs,
06:11elle commence à décevoir et pourrait passer bien en dessous
06:15de la type de la BCE, je redis 2%, au premier semestre 2026.
06:19Et dans ce contexte, nous, aux côtés du Crédit Mutuel Arkea,
06:22nous anticipons deux baisses de taux de plus de la part de la BCE.
06:25Donc, son taux de dépôt passerait de 2% à 1,5%
06:29courant du premier semestre 2026.
06:32Donc, ça, c'est une vision légèrement en décalage
06:34avec le marché qui, aujourd'hui, parie toujours
06:36sur une pause prolongée de la BCE en 2026,
06:38à 2% pour le taux de dépôt.
06:40Et Christine Lagarde, bien sûr, qui sera interrogée
06:42sur ces baisses de taux lors de la prochaine réunion
06:44qui se tiendra dans 15 jours.
06:46Merci beaucoup, Paul Chollet, de nous avoir accompagné ce matin,
06:49chef économiste du Crédit Mutuel Arkea
06:51et membre du comité stratégique de BSI Economics,
06:53afin de revenir à chaud sur ces chiffres de l'INSEE
06:56qui ont été publiés ce matin.
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