Ce mardi 25 novembre, Eric Blain, président de Chloé in the sky, s'est penché sur l'explosion des factures d'électricité à cause des data centers, et les opportunités financières dans le secteur de l'énergie, dans l'émission BFM Bourse présentée par Guillaume Sommerer. BFM Bourse est à voir ou écouter du lundi au vendredi sur BFM Business.
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00:07Avenir, peut-être plus de croissance mondiale, on espère, mais on a devant nous un goulot d'étranglement potentiel, le goulot énergétique.
00:13Éric Blain nous rejoint pour en parler le président de Chloé in the Sky. Bonjour Éric.
00:16Bonjour Guillaume.
00:17Pour illustrer la pression sur l'électricité qu'exercent l'intelligence artificielle et les data centers, vous avez un exemple concret, très parlant à nous apporter aujourd'hui.
00:26Oui, c'est l'exemple d'une habitante de Baltimore qui s'appelle Nike Castrafen et qui a baissé sa consommation d'électricité de 40% et malheureusement sa facture augmentait de 20%.
00:40En fait, dans cette région-là, du côté Washington, du côté Est des Etats-Unis, il y a des data centers qui sont implantés et qui ont une répercussion sur le prix de l'électricité pour le commun des mortels.
00:55Donc il y a le Baltimore Gaz Électrique qui a annoncé qu'il y avait effectivement des augmentations moyennes de plus de 30 dollars par personne par mois suite à ces data centers.
01:08Donc on sait que l'AIE avait prévu que suite au développement de l'IA, l'électricité allait doubler pour l'IA d'ici 2030.
01:20Là, son administration, ça montre aussi que potentiellement, il pourrait y avoir des mouvements de contestation.
01:27On se refroidit, on chauffe, on fait l'IA, la question reste ouverte.
01:31C'est-à-dire que les data centers pourraient nous faire perdre le contrôle de l'énergie.
01:35Oui, alors en fait, il faut vraiment revenir sur l'origine de ce qu'est l'énergie et dans un monde un peu semi-clos comme la Terre.
01:47Alors on nous a appris des principes de thermodynamique quand on était à l'école, au lycée de mémoire.
01:53Et le premier principe, c'était la loi de conservation.
01:57C'est-à-dire qu'en fait, l'énergie, ce n'est pas quelque chose qui vient par l'opération du Saint-Esprit.
02:02L'énergie, elle se transforme, elle ne se consomme pas.
02:08Donc dans un monde qui est semi-clos, on peut imaginer que, comme la Terre, on ne peut pas transformer de manière infinie l'énergie.
02:16Il y a une deuxième loi de la thermodynamique qui dit que lorsqu'on transforme cette énergie, elle devient de plus en plus diffuse, moins exploitable.
02:26On appelle ça l'entropie.
02:27Donc en gros, si on met un jerrycan d'essence dans sa voiture, elle va bouger, il va y avoir un mouvement cinétique.
02:32Ça va créer de la chaleur, mais cette chaleur-là, on a du mal à la réutiliser pour refaire quelque chose derrière.
02:37On peut s'en servir pour réchauffer l'habitat quand il fait froid, mais en gros, ça limite quand même l'exercice.
02:43Donc en fait, on sait que notre économie, notre manière de créer de la richesse, ça sera profondément lié à la consommation d'énergie.
02:55Souvent, on explique qu'il y a une corrélation totale et on a du mal à avoir ce phénomène de découplage.
03:01C'est-à-dire, est-ce qu'on peut créer de la richesse en réduisant de manière significative sa consommation d'énergie ?
03:07La réponse est non.
03:08Sauf si les IA, par exemple, qui sont très consommatrices, qui le sont déjà d'énergie, parviennent à optimiser et se montrent de plus en plus efficaces quant à leur consommation énergétique.
03:17C'est vrai ?
03:17L'IA va permettre d'optimiser pas mal de modèles énergétiques. Par contre, ça induit aussi des effets rebonds.
03:27C'est-à-dire que généralement, quand on optimise quelque chose, l'IA, par exemple, elle permet des nouveaux services, mais ces nouveaux services vont amener beaucoup de monde à utiliser ces nouveaux services,
03:36et de manière assez exponentielle, ce qui fait qu'en fait, ce qu'on optimise, on le perd parce qu'il y a de plus en plus d'utilisateurs.
03:41Dans ce qu'on appelle cet effet rebond qui vient contrarier les optimisations possibles par l'IA.
03:47Oui, c'est comme, vous savez, le débat sur le périphérique à Paris A, mais si on rajoutait une file de voitures, ça permettrait de désengorger.
03:52Non, ce serait peut-être au moins autant embouteillé parce que ça attirerait encore plus de voitures, de conducteurs.
03:58Au bout de la chaîne, il y a aussi le nucléaire qui permet de fournir une grande quantité d'énergie pour pas trop cher et sans trop polluer, en tout cas en termes de CO2.
04:05Et au bout de la chaîne du nucléaire, il y a la fusion, la technique ITER qu'on développe depuis plusieurs décennies.
04:14C'est long, c'est compliqué, c'est un petit soleil, mais ça pourrait nous aider à résoudre notre équation peut-être un petit peu plus vite.
04:25Est-ce que vous intégrez tout ça dans les dynamiques des années à venir ou est-ce que c'est encore trop, trop lointain pour que ça ait un quelconque impact ?
04:32Vous avez parfaitement raison, c'est intéressant parce qu'il y a des programmes de recherche comme l'ITER, cette fusion nucléaire.
04:39Ce qu'il y a, c'est que tous ces outils-là ou toutes ces recherches, elles vont aboutir quand ?
04:44C'est-à-dire qu'il y a des recherches, alors pour le moment, ça reste dans des phases de recherche.
04:49Après, s'il y a une opération, une déclinaison industrielle, on s'inscrit dans un temps long.
04:55Donc il y a plusieurs scénarii sur le sujet.
04:59Ceux qui sont optimistes expliquent que c'est potentiellement accessible via 2035 et les plus pessimistes ou les plus prudents vont dire 2060.
05:07Donc on voit bien que le spectre est assez large et on est un peu sûr de rien par rapport à ça.
05:12En attendant, on est face à des goulots d'entranglements.
05:14Des tranglements qui nous attendent dans les prochaines années avec cette consommation de l'IA, cette demande croissante.
05:21Ça nous promet des conflits géopolitiques autour de l'énergie, ces conflits zéro croissant, c'est une certitude, Eric ?
05:26On le voit, je crois qu'on le voit quand même, c'est que l'impérialisme économique de Trump, depuis son élection, on a vu que c'est assez musclé.
05:35L'annexion du Canada, acheter le Groenland, on revient vraiment à des sujets énergétiques, de matières premières et énergétiques.
05:43Les premiers décrets qui ont été signés par Donald Trump, c'était vraiment sur la souveraineté énergétique des États-Unis.
05:51Les plans quinquennaux chinois, c'est à peu près pareil, c'est l'obsession.
05:55En 2021-2025, le sujet de l'énergie était complètement central.
06:00Dans les prochains, c'est sûr que ça va devenir un sujet.
06:03Et en Europe, on voit qu'on est un peu fébrile sur le sujet quand même.
06:07L'Allemagne est en récession, notamment parce que ces industries lourdes, elles fonctionnent plus avec notamment le gaz russe,
06:15mais avec du gaz naturel léquifié qui vient des États-Unis, qui est beaucoup plus cher et qui rend les entreprises allemandes moins efficaces sur le sujet.
06:26Et c'est là qu'on voit, par exemple, que Mme van der Leyen décide ou a émis l'hypothèse que finalement, le nucléaire,
06:33il y a un revirement de situation, un peu comme notre président, que le nucléaire finalement serait quelque chose de pilier pour le mix énergétique européen.
06:41Oui, parce qu'on n'a rien d'autre en fait.
06:43Oui, il y a du solaire, oui, il y a de l'éolien, mais comme énergie pilotable, pour adresser la demande à venir, il n'y a rien d'autre à ce stade pour l'Europe.
06:51C'est exactement ça, Guillaume.
06:52Est-ce que, vous le disiez tout à l'heure, rien ne se perd, tout se transforme, est-ce qu'on peut imaginer que les questions autour de l'énergie se transforment en opportunités financières,
07:03pour ceux qui nous suivent, qui nous regardent dans BFM Bourse et qui se demandent justement comment convertir tout cela en idée d'investissement productif ?
07:10Absolument.
07:11Des valeurs, quoi, des valeurs dans lesquelles investir.
07:13Je pense que c'est vraiment le sujet.
07:17Imaginer qu'on peut avoir des contraintes, ça peut se transformer en opportunités.
07:21C'est-à-dire qu'il y a bien des entreprises qui arrivent ou qui vont être très intéressantes dans ce monde où il peut y avoir des contraintes en matière première et en énergie.
07:32Donc, par exemple, le nucléaire, vous l'avez cité, c'est vraiment une énergie sur laquelle il faut investir.
07:37Donc, il y a des sociétés comme Excellon, par exemple, qui détient les plus grands parcs nucléaires aux États-Unis.
07:45C'est une boîte américaine, on le dit quand même.
07:46C'est américain en l'occurrence.
07:47C'est américain.
07:48Pourquoi pas aussi l'extraction d'uranium pour une entreprise canadienne comme Cameco, par exemple.
07:57Et on peut aussi aborder le sujet de l'énergie autrement, avec des entreprises qui plutôt vont essayer de rationaliser leur consommation d'énergie,
08:07mais de manière habile, en fonction de leur secteur.
08:09Donc, par exemple, ça peut être une entreprise comme Nexence, entreprise française, spécialisée dans le câblage, et qui va réutiliser.
08:17Ils ont des process pour racheter les métaux à leurs clients.
08:22Donc, à partir du moment où on recycle, on n'a pas besoin de gratter le sol et dépenser de l'énergie pour créer des choses.
08:28Il peut y avoir aussi de la diminution de consommation d'énergie avec des bateaux qui vont réduire leur vitesse de manière à être moins dépendants du fioul lourd.
08:38Il y a aussi des matériaux qui vont être plus solides, vont durer plus longtemps, donc il faut moins les remplacer et c'est plus intéressant.
08:46Oui, oui. Il y a Aperram aussi, vous aimez bien.
08:48Aperram, c'est ça, qui fait de l'acier haute résistance.
08:51Oui, oui. Voilà. Et puis, pour optimiser la consommation, il y a des Schneider Electric, des Legrand qui sont là aussi.
08:57Bref, il y a des opportunités financières. Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme.
09:01C'est effectivement ce qu'on peut retenir de votre intervention.
09:04Eric Blain pour Chloé in the Sky. Merci beaucoup Eric d'être passé nous voir.
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