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  • il y a 8 heures
Chaque week-end, Emilie Broussouloux vous accompagne de 22h à 00h dans BFM Grand Soir.

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00:00Est-ce que vous êtes en désaccord avec tout ce qu'Emmanuel Macron pourrait annoncer ?
00:04Je parle notamment du retour du service militaire.
00:08Non, non.
00:08On attend la déclaration d'Emmanuel Macron.
00:09Mais pas parce que je veux faire la guerre à la Russie.
00:12Vous êtes pour ou pas ?
00:13Moi je suis pour le rétablissement du service militaire.
00:17Je pense que ce n'est pas ce qu'il va annoncer.
00:18Moi je suis pour le rétablissement du service militaire obligatoire, universel, pour les filles et pour les garçons.
00:24Je pense qu'on a fait une grave erreur en suspendant le service militaire.
00:27On est en face d'une jeunesse qui est de plus en plus travaillée par l'anomie, c'est-à-dire l'absence de normes, de repères.
00:35Le service militaire c'était, et ça peut être le seul moment de la vie de notre jeunesse où elle rencontre la règle et l'obligation.
00:45Vous, vous avez fait votre service militaire ?
00:46Oui, bien sûr.
00:47Et qu'est-ce que vous en avez tiré ?
00:49Avant, ça a été une des plus belles expériences de ma vie.
00:50Ah c'est vrai ? Pourquoi ?
00:51Vraiment ? Vraiment ? D'abord parce que je n'ai pas essayé de me planquer.
00:55Voilà, donc j'ai fait...
00:58Vous en connaissez beaucoup qui ont essayé de se planquer ?
01:00Ah oui, j'en connais beaucoup, oui.
01:02J'en connais beaucoup, oui.
01:04De gens qui aujourd'hui défendent le patriotisme avec beaucoup de vigueur, mais j'en connais beaucoup.
01:10Ah, c'est beau.
01:11Ils l'ont fait, certains ne l'ont pas fait du tout, certains l'ont fait, mais ils sont allés servir des cocktails à Ballard, enfin à la base de Ballard.
01:18Très bien.
01:18D'accord.
01:19Moi, je l'ai fait, je ne suis pas le seul, heureusement.
01:24D'abord, vous voyez des gens que vous ne rencontrez jamais quand vous faites votre service militaire.
01:28Deuxièmement, vous apprenez, pour ce qui est des gens comme moi ou des gens diplômés qui veulent être élèves officiers de réserve, puis aspirants,
01:38vous apprenez les rudiments du commandement, mais en voyant les gens que vous commandez, vous ne savez pas, comme le technocrate derrière son écran,
01:45qui fait des petites additions et des soustractions avec son tableau Excel, sans jamais voir les gens auxquels ça s'adresse.
01:52Et puis, en fait, vous vous rendez compte que c'est un instrument de socialisation extraordinaire.
01:57C'est-à-dire que, moi, j'ai vu des gens, alors c'était au début des années 80, c'était il y a longtemps,
02:01et la société était déjà facturée, beaucoup moins qu'aujourd'hui.
02:06Donc, aujourd'hui, on en a encore plus besoin.
02:08Et j'ai vu des gens qui n'avaient jamais appris les règles de la vie en société.
02:11Eh bien, croyez-moi, ils les ont apprises.
02:13Ils ne les ont pas apprises simplement à cause de l'autorité du commandement.
02:17Ils les ont apprises aussi parce que leurs camarades les leur ont apprises.
02:23Voilà.
02:26Et franchement, moi, je ne connais personne.
02:28Alors, homme du rang qui a fait vraiment son service militaire,
02:32sous-officier, officier, qui est un mauvais souvenir de son service militaire,
02:35la plupart le racontent avec des trémolos dans la voix,
02:37à leurs enfants ou à leurs petits-enfants.
02:40On vous sent nostalgique, en tout cas.
02:42Est-ce qu'on n'est pas aussi en train de sortir de l'illusion,
02:46qui a longtemps été celle, en tout cas après la fin de la conscription obligatoire
02:50qu'a décidé Jacques Chirac, de l'illusion qu'une armée professionnelle suffirait ?
02:55Est-ce qu'il faut aussi qu'en parallèle de cette armée professionnelle,
02:57il y ait des gens qui soient à la fois exercés au maniement des armes,
03:02mais aussi d'un point de vue simplement moral,
03:04et là ça fait au fond écho aux déclarations de Général Mandon,
03:07d'un point de vue moral, soient prêts, prêts à servir le cas échéant ?
03:12C'est-à-dire qu'ils apprennent à servir, qu'ils apprennent à servir,
03:16qu'ils apprennent que dans une société, à la fois on peut se servir,
03:20on peut être servi, mais on doit servir aussi en contrepartie.
03:23Voilà, c'est pas...
03:25Le service militaire, c'était pas le bagne, c'était pas la maison de correction.
03:30En plus, on pouvait connaître les gens.
03:32Si on met tout le monde au service militaire,
03:34ça veut dire qu'on pourra connaître tout le monde.
03:36Ça veut dire qu'on va aussi enlever les foulards sur la tête des filles,
03:41on va les émanciper de leurs grands frères,
03:44on va obliger les gens à un minimum de dons de leur conviction à la société.
03:52C'est-à-dire qu'il y a des choses que je dois faire pour vivre en société.
03:56Il y a des devoirs que je dois apprendre à m'imposer.
04:00Il n'y a quand même pas eu que ça pour le service militaire.
04:02Par exemple, ceux qui ont été amenés à le faire pendant la guerre d'Algérie
04:05et qui, justement, pour leur conviction,
04:06n'étaient pas du tout persuadés que la France menait là-bas une guerre juste.
04:10Ça a été aussi des moments...
04:11Oui, mais ça, ça ne tenait pas au service militaire.
04:14Ça tient en fait qu'il y a eu la guerre d'Algérie.
04:15Je peux vous garantir que si demain, il y a une vraie guerre,
04:17de toute façon, on ne demandera pas aux gens s'ils ont fait leur service militaire.
04:20Si la France est engagée dans une vraie guerre, on les mobilisera.
04:23Regardez, en Ukraine, la plupart des gens,
04:25ils n'avaient pas vraiment une formation militaire.
04:27Pas vraiment.
04:27Et puis on les a mobilisés.
04:30Donc, de toute façon, il vaut mieux, pour des raisons militaires,
04:34que les gens fassent leur service militaire.
04:37Que les jeunes Français fassent leur service militaire.
04:39Il vaut mieux pour essayer d'améliorer la cohésion de cette société.
04:43Alors, évidemment, ça doit s'inclure dans un plan d'ensemble.
04:45C'est-à-dire, il faut reconstruire l'école.
04:47Il faut une vraie politique d'assimilation.
04:49Il faut aussi des politiques sociales intelligentes.
04:52Cette société part en morceaux.
04:55Vous ne faites pas la guerre.
04:56Vous ne pouvez pas faire la guerre.
04:57Vous ne pouvez pas affronter un adversaire si votre société est divisée.
05:02Vous pouvez avoir la meilleure armée professionnelle du monde.
05:04Ça ne fonctionne pas.
05:07Beaucoup de militaires, moi, je défends cette idée depuis très longtemps.
05:10Ça coûtera cher au début, mais ça rapportera beaucoup en termes de cohésion sociale.
05:14Je pense qu'il y a beaucoup parmi ceux qui s'occupent des problèmes sociaux,
05:20des jeunes, des éducateurs, etc.,
05:22qui ont beaucoup regretté la fin du service militaire.
05:25En plus, on complétait la formation.
05:26On pouvait faire passer le permis de conduire
05:30ou le permis poids lourd à ceux qui en avaient besoin.
05:32C'est vraiment un moment extraordinaire dans la mesure où c'est le seul moment
05:37où vous avez un peu d'autorité sur des gens sur lesquels vous n'en avez.
05:42Aujourd'hui, vous n'en avez plus.
05:43Et les militaires me disent que ce n'est pas le rôle de l'armée.
05:49Je leur dis en général, mais vous vous souvenez de ce jeune capitaine
05:53qui a écrit au moment de l'instauration du service militaire
05:56un livre qui s'appelait « Le rôle social de l'officier » ?
05:58Il s'appelait Hubert Lioté.
06:01C'est un livre qui a eu beaucoup de succès à l'époque.
06:04Tout le monde a un rôle social.
06:06L'école a un rôle social.
06:08L'armée a un rôle social.
06:09Tous les corps de l'État ont un rôle social.
06:11Et toutes les institutions de la société civile, militaire...
06:15Et quand on regarde les sondages, la plupart des Français sont favorables
06:19au service militaire, 86% des Français.
06:21Oui, mais c'est un chiffre qui n'a pratiquement pas bougé
06:25depuis une vingtaine d'années.
06:27Alors pourquoi est-ce qu'on est si frilé ?
06:29Pourquoi est-ce qu'on ne l'a pas remis en place ?
06:31Est-ce que pour vous, Emmanuel Macron, s'il le remet en place,
06:33est-ce que c'est pour les bonnes raisons ?
06:34Alors non, ce qu'il va faire, à mon avis, c'est la poursuite
06:37de son service militaire volontaire, qui là, à mon avis,
06:41d'abord l'expérience qui a été faite, c'est un échec total.
06:43Il suffit d'aller voir le rapport de la Cour des comptes
06:46pour le comprendre.
06:48Il essaie de dépasser le camouflet du SNU.
06:50En remettant le métier sur l'ouvrage,
06:52il essaie de dépasser, Emmanuel Macron,
06:54le camouflet du service national universel,
06:56qu'il a dû interrompre, alors que c'était quand même
06:58l'un de ses BPs.
07:01Parce que c'était un échec total.
07:02C'était un échec total, d'organisation, de moyens de tout.
07:06Vous faites le service militaire ou vous ne le faites pas.
07:08Le service militaire volontaire, c'est un gadget.
07:12C'est ceux qui veulent y aller.
07:13Et est-ce qu'on a les moyens financiers ?
07:16C'est quand même des casernes, un encadrement.
07:20C'est une vraie question.
07:23Regardez les Allemands.
07:24Ils ont une armée dont ils ont fini par juger
07:27qu'elle n'était pas adaptée au danger de notre époque.
07:30Ils ont dit qu'on va se donner les moyens d'eux.
07:38Et ils ont transformé leur politique de défense en politique industrielle.
07:42Ce qu'ils sont en train de faire sur une très grande échelle.
07:45Nous, quand on sache qu'on a une petite armée et qu'on n'a pas d'argent,
07:48on dit qu'on va garder une petite armée.
07:49C'est toute la différence.
07:51Les Américains, pareil, ils financent leur politique de défense en grande partie
07:58par les retombées industrielles de leur politique de défense
08:00qu'ils savent très très bien gérer.
08:02Alors ça, c'est la première chose.
08:02La deuxième, c'est que la décohésion sociale,
08:08la désintégration sociale, et en particulier de la jeunesse,
08:11nous coûte infiniment plus cher que nous coûtera le service militaire.
08:15Maintenant, ce service militaire, il ne peut pas être établi sans un référendum,
08:19sans un débat où les Français choisissent eux-mêmes,
08:22font eux-mêmes leur choix de société les plus importants.
08:25Or, c'est un choix de société.
08:27Je voudrais revenir quand même sur cette phrase qui n'est pas du tout anodine
08:29que vous avez prononcée tout à l'heure,
08:31sur le fait qu'Emmanuel Macron veut la guerre.
08:33Est-ce que pour vous, on est sur le point d'entrer en guerre contre la Russie ?
08:38Puisque c'est quand même...
08:39Je ne sais pas si on n'est pas en train.
08:40Ce que je sais, c'est qu'au fond, encore une fois,
08:43inconsciemment, on fait tout pour aller le plus loin possible
08:46ou le plus près possible de cette possibilité.
08:50Moi, je ne vois pas autrement la politique qui est menée,
08:53le discours qui est tenu depuis le début,
08:56et qui est catastrophique en plus pour nos propres moyens de défense.
08:59Pourquoi ? Parce que déjà, pour réarmer,
09:02on est en train d'expliquer qu'il faut arbitrer entre les retraites,
09:05la protection sociale et puis l'armée.
09:08Si on fait ça, on n'aura pas de réarmement, je peux vous le garantir.
09:10Et là, on fait pire, c'est-à-dire qu'on explique qu'il faut aller chercher
09:16chez les retraités, chez les malades,
09:19l'argent nécessaire, non seulement pour nous réarmer,
09:22mais pour armer l'Ukraine.
09:23Et ça, si vous pensez un instant que la société française
09:25va accepter ça longtemps, vous vous trompez.
09:28Donc à la fin, on n'aura absolument rien.
09:30Parce que ça sera insupportable.
09:32Vous ne pouvez pas arbitrer de cette façon
09:35dans l'état où se trouve notre société.
09:37La question, ce n'est pas qui est prêt à mourir pour Kiev,
09:39c'est est-ce que ce qui se passe aujourd'hui
09:41sur la ligne de franc en Ukraine
09:42emporte les intérêts vitaux de notre nation,
09:44de la France et de l'Europe, à forte raison ?
09:46Et cette question-là, elle est quand même prégnante.
09:48Enfin, je veux dire...
09:49Il ne faut pas la poser comme ça.
09:50Il ne faut pas la poser comme ça.
09:51D'abord...
09:51Comment et comment ?
09:52Non, non, il faut d'abord la poser.
09:53Est-ce que nous sommes prêts à faire la guerre à la Russie ?
09:56Voilà.
09:565 000 têtes nucléaires, si vous êtes prêts à faire la guerre à la...
09:58Voilà.
09:59D'abord.
09:59Deuxièmement, si on arrive à un plan de paix,
10:04on me dit « mais après, les Russes peuvent revenir ».
10:06Oui, bien sûr, ils peuvent revenir.
10:07Il n'y a jamais de garantie qui soit éternelle.
10:11Toutes les garanties qu'on a mises en place en 1925 en Europe,
10:15elles ont duré 13 ans exactement.
10:17Et au bout de 13 ans, tout a volé en éclats.
10:18Prenons déjà les garanties qu'on s'était données à Minsk,
10:20c'est pas mal.
10:21Oui, mais là, personne n'a rien fait pour qu'elles soient mises en œuvre,
10:26ni la France et l'Allemagne, ni les Ukrainiens, ni les Russes, personne.
10:30Voilà.
10:30Donc, ça, ça a été quand même une grande escroquerie, en réalité.
10:35Mais ce qui est important aujourd'hui pour nos intérêts vitaux,
10:40c'est de réarmer suffisamment et de garder les mains libres
10:44pour le jour où nous considérons,
10:47si jamais la Russie se met à attaquer l'Ukraine,
10:50des Pays-Baltes, la Pologne.
10:55Alors que garder notre possibilité de décider,
11:00c'est exactement comme pour le nucléaire.
11:02C'est-à-dire que l'ambiguïté stratégique,
11:04elle est absolument nécessaire.
11:06Je ne sais pas où sera,
11:08à quel moment nous pourrons considérer
11:11que nos intérêts vitaux sont en jeu.
11:13Gardons-nous les mains libres et les moyens,
11:15à ce moment-là, de faire la guerre,
11:17si nous devons la faire parce que nous nous sentons menacés
11:19dans nos intérêts vitaux.
11:21Pour l'instant, la France n'est pas menacée
11:23dans ses intérêts vitaux.
11:24Ça n'est pas vrai.
11:25En tout cas, ça n'est pas mon sentiment,
11:26ça n'est pas ma conviction.
11:27Je sais, je me ferai traiter de nicois,
11:30de machin par tous les imbéciles
11:31qui ne connaissent pas l'histoire.
11:33Mais ce n'est pas grave.
11:35Gardons-nous et dotons-nous des moyens
11:38de faire prévaloir nos intérêts vitaux
11:40le jour où nous considérons
11:42qu'ils sont réellement menacés.
11:46Si nous faisons une arme européenne,
11:47on n'aura pas le choix.
11:49Si nous faisons tous nos armements
11:51avec les Allemands,
11:51nous n'aurons pas le choix.
11:53Si nous ne gardons pas une armée indépendante,
11:56si nous n'y mettons pas les moyens
11:58pour être crédibles,
12:00alors nous perdons cette liberté de choix.
12:01Et ça, c'est la pire chose qui peut nous arriver
12:03pour défendre nos intérêts vitaux.
12:04Alors, pendant que beaucoup se préoccupent de l'Europe,
12:08Jean-Louis Borloo, ancien ministre
12:10et président fondateur de l'UDI,
12:11était l'invité de BFM TV.
12:13Lui, il dénonce notre désintérêt pour l'Afrique.
12:16Je vous le fais écouter d'abord
12:17ou je vous ferai réagir après ?
12:19Il y a un continent qui va passer
12:21d'un milliard d'eux à deux milliards et demi
12:23dont 60% des mamans n'ont pas d'accès à l'énergie,
12:26c'est-à-dire à la santé, à l'agriculture, etc.
12:28On est en train d'assister à la création
12:30du plus grand califat de l'histoire humaine.
12:33Pas un mot, ça n'intéresse personne.
12:37C'est en train de se passer
12:38entre la mer Rouge et l'Atlantique.
12:42Aujourd'hui, Bamako est asphyxié.
12:46Regardez avec l'horiz sur le Burkina,
12:48sur le Bénin, sur une partie sénégale,
12:50sur le sud de la Mauritanie.
12:52Regardez le Soudan.
12:53Mais ça devrait être notre seule et unique priorité.
12:57Est-ce qu'on regarde du mauvais côté, Réguéno ?
12:58La seule et unique, je ne sais pas.
12:59Mais en tout cas, il a raison.
13:01C'est-à-dire que personne ne s'occupe de ça.
13:02Nos intérêts vitaux, ils se jouent aussi,
13:04peut-être encore plus en Méditerranée et en Afrique.
13:07Donc, pour vous, en fait, on ne regarde pas
13:09dans la mode direction ?
13:11Il faut regarder dans toutes les directions, d'abord.
13:13Ça, c'est une nécessité absolue.
13:15Et d'autre part, il y a cette direction,
13:18ce regard vers le sud.
13:19Il a toujours été négligé par l'Europe,
13:22depuis qu'on construit l'Union Européenne.
13:24Et c'est une folie.
13:26C'est une folie parce que notre destin se joue là.
13:28Il se joue là à cause des migrations.
13:31Il se joue là à cause du terrorisme,
13:34à cause du fanatisme.
13:35Il se joue là aussi à cause des ressources naturelles.
13:38Donc, vraiment, c'est quelque chose
13:40qui devrait nous obséder
13:42et qui ne nous obsède pas du tout.
13:44C'est d'ailleurs...
13:45Je ne sais pas si nous, ça nous obsède,
13:47mais en tout cas, ne soyons pas dupes
13:49sur le fait que,
13:50du côté de nos services de renseignement,
13:52on continue d'avoir ça à l'œil en permanence.
13:55Je veux dire,
13:56parmi les premières réactions qu'il y a eu
13:58suite à, en l'occurrence,
14:00par exemple, la libération de Boilem Sansal
14:01concernant l'Algérie,
14:03l'une des premières réactions
14:05que moi, j'ai pu entendre
14:06dans les sources de haut rang,
14:07dans le renseignement
14:08ou d'anciens ambassadeurs de France et de l'Algérie,
14:10c'était la nécessité d'une coopération
14:12avec l'Algérie,
14:13et à plus forte raison,
14:13avec tous les pays du Maghreb
14:14pour gérer précisément la problématique
14:16que nous avons liée au Mali,
14:18liée au Burkina Faso.
14:20Et ça,
14:20quels que soient les épisodes politiques
14:23plus ou moins houleux,
14:24les périodes de crispation,
14:26croyez bien que,
14:27heureusement,
14:27en sous-marin,
14:28les services de renseignement
14:29continuent de travailler
14:32avec leurs interlocuteurs
14:33de part et d'autre de la Méditerranée
14:34et identifier,
14:36autant que faire se peut,
14:37les profils à risque
14:38et les vagues migratoires
14:40qui arriveront
14:41et draineront aussi
14:42certains profils à risque.
14:43La coopération avec l'Algérie,
14:45elle s'était quand même...
14:45Elle était à l'arrêt.
14:46Voilà,
14:47elle était complètement à l'arrêt.
14:48Il y a beaucoup de façons
14:52de gérer nos rapports.
14:52On avait essayé
14:53l'Union pour la Méditerranée.
14:55Tout le monde s'en est désintéressé.
14:56Tout le monde a tout fait
14:57pour la torpiller.
14:58Et après,
14:59Mme Mélonier,
14:59qui est souvent moins stupide
15:01que la plupart de nos dirigeants,
15:03elle réunit
15:05les représentants
15:06de tous les États
15:07de la Méditerranée
15:08pour essayer de passer
15:08des accords dans tous les sens.
15:09Et ça marche.
15:11Ça marche.
15:11Mais en tout cas,
15:12que ça soit par la coopération,
15:14par le rapport de force,
15:15par ce que vous voudrez...
15:18Notre destin se joue
15:19en grande partie
15:20dans cette région du monde.
15:22Il se joue à la charnière
15:23entre le Moyen-Orient,
15:25enfin l'Orient,
15:26et l'Afrique et l'Europe.
15:28Si on ne veut pas voir ça,
15:30si on ne veut pas y mettre
15:30les moyens,
15:31si on ne veut pas adapter
15:32une politique
15:33à cette nécessité absolue,
15:35vitale pour le coup,
15:36alors nous allons devant
15:37de sérieux problèmes.
15:38Justement, je reviens
15:39parce qu'en Afrique,
15:40c'est précisément là
15:41où la Russie, justement,
15:42porte atteinte
15:43aux intérêts français.
15:45Oui, bien sûr.
15:45On sait que c'est souvent,
15:47d'ailleurs,
15:47même quand des Français
15:48sont enlevés
15:48par des groupes djihadistes,
15:49c'est en fait très souvent
15:51la Russie qui est derrière
15:52et qui est à la manœuvre.
15:53Donc l'affrontement,
15:55il existe dans une certaine mesure.
15:57Oui, mais il existe
15:57parce que si nous développons
15:59une attitude agressive
16:01vis-à-vis de la Russie,
16:02il est normal que la Russie
16:03développe une attitude agressive
16:05vis-à-vis de nous.
16:06Et puis nous,
16:06on est encore plus agressifs
16:07parce qu'elle est agressive.
16:08Enfin, l'agressivité
16:09comme la violence,
16:10c'est réciproque.
16:12C'est-à-dire que nous,
16:13nous avons désigné la Russie
16:15comme notre ennemi.
16:17La Russie nous a désignés
16:18comme son ennemi.
16:19Et quand vous parlez,
16:20quand on parle de l'Algérie,
16:21il faut comprendre,
16:21l'Algérie,
16:22son premier allié,
16:23c'est la Russie.
16:24Le premier pays
16:25qui paye,
16:27qui finance
16:27les généraux algériens,
16:29c'est la Russie.
16:29Puis derrière la Russie,
16:30il y a la Chine.
16:31Il y a même les États-Unis,
16:32maintenant.
16:32Donc, voilà,
16:34on a aussi les conséquences.
16:36Il faut vouloir les conséquences.
16:37Emmanuel Macron a inauguré son mandat
16:38par une politique franche
16:39d'hostilité à l'égard de la Russie.
16:41On a tout essayé
16:42avec Vladimir Poutine.
16:42Les courbettes,
16:44l'accueil au château d'Eursaï,
16:45tapis rouge.
16:46Enfin, je veux dire,
16:47moi, si je suis critique d'une chose,
16:48c'est précisément de ces zigzags.
16:49Parce que je crois
16:50à la crédibilité
16:51de la menace russe.
16:52Mais on n'a pas été toujours
16:54à montrer les dents
16:55à l'égard de Vladimir Poutine.
16:57Il ne s'agissait pas
16:57ni de montrer les dents
16:58ni de ne pas les montrer.
17:00Je comparais ça
17:01à l'attitude de Nicolas Sarkozy
17:02au moment de la crise géorgienne.
17:07pour bavarder.
17:08Il s'agit de proposer quelque chose.
17:11Voilà.
17:11On peut penser ce qu'on veut.
17:13Maintenant, on reproche à Sarkozy
17:14d'avoir laissé partir,
17:16d'avoir laissé la Russie
17:17prendre deux provinces.
17:18Mais si elle n'avait pas pris
17:18ces deux provinces,
17:19elle aurait tout pris.
17:20Mais il a fait l'aller-retour.
17:22Il est allé à Tbilisi.
17:23Il est allé à Moscou.
17:25Il est revenu à Tbilisi.
17:26Et en plus,
17:27il a transgressé les règles
17:28de la présidence européenne
17:29puisqu'il était lui-même
17:30président de l'Union européenne.
17:32Il a pris une initiative
17:33pour éviter que tout ça
17:35tourne très mal.
17:35Là, nous n'avons rien fait.
17:39Mais non contents
17:39de n'avoir rien fait,
17:40nous nous sommes engagés
17:42sur une voie très belliciste,
17:43très agressive.
17:45Alors, on peut très bien
17:46justifier cette politique,
17:47mais il ne faut pas s'étonner
17:48que le résultat de cette politique,
17:50ce soit l'agressivité
17:51de celui que vous désignez
17:55comme votre ennemi
17:55en fournissant des canons,
17:57des armes pour tuer les Russes.
17:59Donc, voilà, vous avez...
18:00Quand vous essayez d'avoir
18:02un rapport de France avec l'Algérie,
18:03vous avez les conséquences
18:04de ce problème.
18:05C'est-à-dire, au lieu de se servir
18:06de la Russie pour essayer
18:07d'arranger les choses
18:09de serveurs d'intermédiaires,
18:10vous avez la Russie en face de vous
18:12qui, elle, travaille
18:12à ce que, de toute façon,
18:14l'hostilité soit la plus forte possible.
18:16Merci Henri Guénaud.
18:18Merci d'avoir accepté
18:19notre invitation.
18:20Merci.
18:21Merci.
18:22Merci.
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