00:00Il y a un autre débat qui agite un peu tout le monde cette semaine, avec cette question.
00:05On va entendre votre réaction dans un instant.
00:07La France est-elle prête à perdre ses enfants ?
00:11Il le faudrait, d'après le chef d'état-major des armées.
00:13Je vous rappelle ce qu'il a dit et ce qui a suscité beaucoup d'émotions.
00:17Si notre pays flanche parce qu'il n'est pas prêt à accepter de perdre ses enfants,
00:20de souffrir économiquement, alors on est en risque.
00:24Qui est venu à son secours ? Le président de la République lui-même.
00:27Écoutez Emmanuel Macron.
00:30Il n'y a qu'un chef des armées en France, c'est le président de la République.
00:33Il y a ensuite un lien et un commandement qui se fait avec le chef d'état-major des armées,
00:37qui a toute ma confiance et qui a tenu un discours qui était beaucoup plus élaboré que la phrase qu'on en a sorti.
00:44Je vois assez bien de quoi il peut s'agir, sortir une phrase et la sortir de son contexte pour faire peur.
00:48Je vois aussi les surréactions qu'il y a pu avoir.
00:51La ministre des armées, comme le chef d'état-major des armées lui-même,
00:55ont pu, je crois, ces derniers jours donner toute clarté.
00:57Et pour tous les gens qui veulent sincèrement écouter ce qu'ils ont dit, remettre les choses dans leur contexte et dans le calme.
01:03Henri Guénaud, autrement dit, on n'avait rien compris, on aurait dû suivre le discours dans son entièreté et on n'a aucune raison d'être choqués.
01:11Oui, on a très bien compris.
01:13Moi, je me penche plutôt pour cette version-là.
01:16Qu'est-ce qu'on a très bien compris ?
01:17On a très bien compris ce qu'il voulait dire.
01:20Le président de la République le dit lui-même, il est le chef des armées.
01:24Donc, le chef d'état-major des armées obéit aux ordres du président de la République.
01:28Aucun chef d'état-major dans aucune armée, dans aucun pays démocratique du monde, et dans les autres encore moins,
01:33ne fait ce genre de déclaration s'il n'en a pas reçu l'ordre ou au moins l'autorisation.
01:38Ah, donc c'était Emmanuel Macron qui le voulait qu'il ne soit pas.
01:40C'est Emmanuel Macron, et il y a quelque chose qu'Emmanuel Macron a inauguré, il l'avait fait avec le précédent chef d'état-major des armées, déjà, avec le général Burka,
01:49c'est utiliser les chefs d'état-major pour expliquer ou justifier sa politique.
01:55Eh bien ça, c'est inadmissible, c'est une violation complète de tous nos principes,
01:59et de tous les principes qui régissent le comportement des militaires.
02:03Il y a un ministre de la Défense.
02:05Le ministre de la Défense, il peut expliquer la politique du président de la République.
02:08Il peut expliquer ses buts, il peut les justifier.
02:11Il a une responsabilité politique.
02:13Il est inadmissible d'utiliser les responsables de nos armées pour justifier ou expliquer la politique du président de la République.
02:22Vous trouvez que ça fait du mal à notre armée ?
02:23Ça, c'est la première chose.
02:25Ça, c'est quelque chose d'insupportable.
02:27C'est quelque chose de plus que Emmanuel Macron aura transgressé, voire détruit.
02:35Pardon, Aurore Malval voudrait juste réagir sur cette première partie.
02:38Après, je vous laisse...
02:38Moi, je trouve que c'est intéressant parce qu'en fait, on se rend compte qu'Emmanuel Macron,
02:42alors évidemment, je ne suis pas dans la tête du président,
02:44mais on a le sentiment quand même d'un président qui a perdu beaucoup de crédibilité
02:48et qui demande finalement à des techniciens, à des experts de s'exprimer à sa place.
02:53Et c'est ça, en fait, qui est surpente.
02:54Vous êtes d'accord avec Henri Guénaud quand il dit qu'il y a l'ombre d'Emmanuel Macron qui fan de cette déclaration ?
02:58Effectivement, je ne vois pas comment un chef d'État-major pourrait s'exprimer ainsi
03:02sans en avoir, comme l'a dit Henri Guénaud, soit reçu l'ordre ou au moins l'autorisation.
03:07Mais même, moi, je pense que c'est effectivement pensé.
03:09Il y a un contre-discours qu'Emmanuel Macron veut développer
03:12pour contrer justement ce qui se dit sur les réseaux sociaux,
03:15qu'il a récemment, dont il a accusé justement la portée,
03:18les fausses informations qui s'y diffusaient.
03:20Et donc, il y a cette volonté pour Emmanuel Macron de mettre des experts, des techniciens
03:24qui iraient argumenter, en fait, là où lui ne peut pas parler.
03:30Concernant l'armée d'ailleurs, c'est une tendance qui court depuis la démission de Pierre de Villiers en 2017.
03:36Mais tout à fait, qui n'est absolument pas nouvelle.
03:37Et aussi, pour Emmanuel Macron, l'opposition de se recrédibiliser par rapport à ça,
03:41pour lui, dans ce microcosme-là, mais surtout à l'extérieur.
03:45C'est-à-dire que si Emmanuel Macron avait annoncé ça,
03:47je pense que la levée de boucliers aurait été encore plus importante.
03:49– Et après, il y a une séquence, il y a une gradation de ces jours-ci.
03:53Cette sortie n'est pas anodine, parce que dans quelques jours,
03:56le chef de l'État fera ses fameuses annonces sur un service militaire un peu revu et corrigé.
04:03– Il n'y allait pas trop vite en buzzer.
04:04– Et après, on va avoir dans les prochains jours le débat sur les moyens alloués à la défense
04:13dans les discussions budgétaires, puisque vous savez qu'il y avait une loi de programmation budgétaire.
04:17Or, s'il n'y a pas de budget, on en a parlé il y a quelques minutes, il n'y aura pas cet effort nécessaire.
04:23Donc, c'est aussi faire monter la pression, sensibiliser les esprits, aussi pour faire mettre la pression sur les parlementaires.
04:31C'est aussi un argument pour qu'il y ait plus de moyens dans le cadre d'une menace croissante vis-à-vis de la Russie,
04:38et pour dire aux parlementaires, ne faites pas n'importe quoi, ça peut être aussi sur un terrain national.
04:42– On n'utilise pas le chef d'État-major des armées pour ça.
04:45Ça, ça n'est pas pensable, ça n'est pas acceptable.
04:49Ce n'est pas n'importe quel expert, je suis bien d'accord avec vous qu'il utilise souvent les experts pour se dédouaner,
04:53mais là, ce n'est pas n'importe quel expert, c'est le chef d'État-major des armées.
04:57Or, il y a à la tête des armées, dans l'organisation de notre système de commandement,
05:02il y a le chef d'État-major des armées qui a beaucoup de pouvoir,
05:06le chef des armées qui est le président de la République, et le ministre de la Défense.
05:09Ça, c'est au ministre de la Défense à le prendre en charge,
05:13c'est-à-dire c'est à lui à sensibiliser les parlementaires,
05:16c'est à lui d'aller devant la presse, devant l'opinion,
05:18et à en assumer la responsabilité politique.
05:21Il est inadmissible de faire porter une responsabilité politique au chef d'État-major des armées.
05:25Voilà, ça c'est indépendamment de ce que veut le président de la République.
05:29Maintenant, on peut parler de ce qu'il veut.
05:31Que veut-il ?
05:33Ce qu'il veut, c'est, consciemment ou pas,
05:35moi je ne vais pas me prononcer là-dessus,
05:37mais consciemment ou pas,
05:39il a envie que nous allions le plus loin possible vers la guerre.
05:43En tout cas, moi je le ressens comme ça.
05:44Emmanuel Macron veut que l'on entre en guerre, contre qui ?
05:46Moi, je le ressens de cette façon.
05:48C'est-à-dire que, alors il n'est peut-être pas le seul en Europe,
05:50mais c'est une vieille histoire,
05:52je ne suis pas le premier à l'avoir dit.
05:56C'est une très vieille histoire,
05:57un pouvoir qui est faible à l'intérieur,
06:00qui fait face à une société divisée,
06:04dont la légitimité est ébranlée.
06:08Il est toujours tenté par l'aventure extérieure.
06:11Pourquoi ?
06:11Parce que créer le climat de la guerre,
06:14ça ressoude les gens.
06:15C'est un conflit contre la Russie ?
06:16Ça ressoude les gens.
06:17Pour quelques points de...
06:18Mais c'est ça le problème.
06:19Henri Guéno, c'est quand même très grave ce que vous nous dites,
06:21que pour vous, Emmanuel Macron a envie d'entrer en guerre.
06:26Ah ben c'est un vat en guerre aujourd'hui, oui.
06:28Enfin pour moi, à mes yeux, oui.
06:29Oui, mais depuis le début,
06:31depuis qu'il a fait semblant d'aller discuter avec Poutine
06:33sans jamais rien proposer,
06:35et qu'il a complètement changé de direction,
06:39il ne cesse de nourrir ce conflit.
06:43C'est-à-dire qu'on est sorti de la position normale,
06:45naturelle de la France sur la scène internationale,
06:47qui est d'essayer d'apaiser les conflits,
06:49qui est d'essayer de tenir un équilibre
06:51en se lançant dans une politique
06:53que je trouve outrancièrement guerrière.
06:56Mais vous ne pouvez pas donc minimiser toutes les menaces en ce moment,
06:59les survols de territoires en Pologne,
07:01les drones qui arrivent chez les aéroports ?
07:04Jusqu'à nouvel ordre,
07:05la Pologne n'est pas la France, premièrement.
07:07Donc je n'ai pas encore vu la France menacée.
07:09Je ne vois pas les chats russes traverser l'Allemagne
07:12pour venir jusqu'en France.
07:13Ils n'arrivent même pas à aller jusqu'à Kiev.
07:15Donc on ne bouge pas jusqu'à ce que l'Organ ne soit pas concerné ?
07:17Mais la question, donc, elle est toute simple.
07:19Est-ce qu'on veut faire la guerre à la Russie ?
07:20Oui ou non ?
07:21Voilà, on reviendra peut-être sur cette question un peu plus tard.
07:24Mais indépendamment de ça, je trouve qu'il attise...
07:28Moi, qu'on se réarme me paraît tout à fait nécessaire.
07:31Ça me paraît nécessaire depuis très longtemps.
07:33Pourquoi est-ce que c'est nécessaire alors ?
07:34Mais c'est nécessaire parce que le monde est dangereux.
07:36Voilà, ce n'est pas parce que j'ai un ennemi désigné.
07:39Je pense que le monde est dangereux.
07:40Je pense qu'effectivement, en Europe, il y a des tensions très très fortes
07:43et qu'on n'a pas le droit de continuer à désarmer dans ce monde-là.
07:49Et ça fait très longtemps qu'on aurait dû commencer notre armement.
07:53On ne l'a pas fait.
07:54Je pense qu'en plus, on s'y prend très mal aujourd'hui.
07:57On en discutera si vous voulez, mais ça va prendre un peu de temps.
08:00Mais ça ne justifie pas qu'on cherche à nourrir indéfiniment ce conflit
08:08dont l'Europe est la principale victime, en réalité,
08:12parce qu'il faut voir ce que nous ont coûté les sanctions contre la Russie.
08:18Les Américains, même du temps de Biden, ils n'en avaient rien à faire, au fond.
08:25Toutes les nuisances que peuvent nous occasionner les Russes,
08:27eux, ils sont à l'abri, ils sont de l'autre côté de l'Atlantique.
08:30Mais nous, nous sommes le dindon de la farce.
08:35En plus, jeter la Russie dans les bras de la Chine ou de l'Asie,
08:38franchement, c'est la pire idée de l'histoire de la géopolitique.
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