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  • il y a 11 minutes
Tout pour Investir, la masterclass. Entretien exclusif, signaux faibles sur les marchés, décryptage géopolitique et toutes vos questions. Une émission qui démystifie l’économie. Un regard expert avec Christopher Dembik.

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00:00BFM Business, tout pour investir, la masterclass Christopher Denbik.
00:08Bonjour à tous, bienvenue dans cette nouvelle masterclass, une masterclass un peu spéciale puisqu'on va s'attarder essentiellement sur les terres rares.
00:16Vous en avez entendu parler depuis à peu près un an ou deux ans, on va essayer de décrypter de quoi il s'agit, on va essayer de voir comment on investit sur cela,
00:23quelles sont les conséquences, pourquoi finalement on en parle tellement du jour au lendemain.
00:27Et bien évidemment, pour m'accompagner, j'aurai plusieurs invités, on va essayer d'aller vraiment dans des cas très pratiques, d'être le plus didactique possible.
00:34C'est la première émission spéciale de cette masterclass de l'année, on en aura une autre au cours de l'année sur les stable coins.
00:41Tout pour investir, c'est parti !
00:43Un cadre un peu différent d'habitude, vous savez on a d'habitude les signaux faibles, on regarde ce qui s'est passé dans l'actualité de la semaine,
00:56mais comme je vous l'ai dit, on va s'attarder plutôt sur un phénomène, les terres rares, on ne cesse d'en parler,
01:01on a eu même déjà quelques questions de téléspectateurs et d'auditeurs pour savoir si finalement c'est un bon placement d'aller sur les terres rares.
01:08La réponse est très rapide, puisque ce ne sera pas le sujet aujourd'hui, ça reste quand même très compliqué.
01:13En revanche, de quoi parle-t-on ?
01:14Les terres rares, d'abord il faut faire la distinction entre les terres rares, celles qui sont réellement, et aussi tout ce qui est métaux stratégiques.
01:20Donc vous le voyez, ce qui est extrêmement important de prendre en considération, c'est que lorsqu'on parle de terres rares,
01:25la réalité parfois on parle aussi de métaux stratégiques, par exemple le cobalt.
01:29On a eu ces derniers mois les Etats-Unis qui ont négocié un accord avec le Congo, notamment pour avoir du cobalt.
01:35Donc on va plutôt s'attarder non pas uniquement sur la définition de terres rares, mais aussi de métaux stratégiques.
01:41Sur les terres rares, de manière très spécifique, finalement elles ne sont pas aussi rares que cela.
01:46La réalité, c'est que vous avez énormément de terres rares qui sont réparties un peu partout sur la planète,
01:52notamment beaucoup aux Etats-Unis et beaucoup en Chine.
01:55En revanche, ces terres rares, par exemple l'Ettrium, c'est le bon exemple.
01:59L'Ettrium, vous avez le retrouvé dans votre smartphone, notamment au niveau de l'écran.
02:04Et le point qui est important, c'est que l'Ettrium, qui est pourtant présenté comme une terre rare,
02:08est en général 400 fois plus présent dans la courroie terrestre que l'argent.
02:13Donc vous voyez, ça permet un peu de prendre les distinctions.
02:15En revanche, le problème avec les terres rares, c'est qu'elles sont extrêmement polluantes,
02:20extrêmement compliquées, avec un coût extrêmement élevé en termes de raffinage.
02:24Jusqu'au début des années 90, en Europe, en France notamment, aux Etats-Unis,
02:29vous aviez une filière de métaux stratégiques qui savaient gérer de A à Z,
02:33justement, tout ce qui était terres rares ou éventuellement plus largement métaux stratégiques.
02:38En revanche, puisqu'il y a eu un désamour de l'industrie à partir des années 90,
02:42parce qu'on s'est dit que finalement, toutes ces activités qui étaient très polluantes,
02:45on peut plutôt les faire à l'étranger et dans les pays en voie de développement.
02:49Toutes ces filières-là, elles ont progressivement disparu.
02:51Et le point qui est important, c'est que pile au début des années 90,
02:55vous avez eu la stratégie chinoise de dire, nous, nous n'avons pas de pétrole,
03:00en revanche, on a des terres rares et on va développer une filière de A à Z,
03:04peu importe le coût en termes de production, peu importe également le coût en termes de pollution.
03:09Et on se retrouve entre 1990 et aujourd'hui dans une situation où, grosso modo,
03:15si on regarde globalement, vous avez la Chine qui représente entre 90-95% du raffinage des terres rares
03:22et un peu plus largement, autour de 80% sur les métaux stratégiques.
03:27Bien évidemment, ça veut dire quoi ?
03:28Ça veut dire qu'on a une situation de dépendance qui s'est énormément créée
03:31et l'enjeu, bien évidemment, c'est d'être beaucoup moins dépendant de la dépendance chinoise.
03:36Ça va prendre du temps, on voit que du côté américain, et on ira un peu dans le détail,
03:40on a une filière, plusieurs d'ailleurs filières qui se mettent en place,
03:42à la fois de la production et du raffinage au niveau national, avec le coût.
03:46Encore une fois, il faut le rappeler, la pollution.
03:48Et de l'autre côté, vous avez aussi un autre sujet qui est mis en avant,
03:51à savoir tout simplement, vous avez le recyclage.
03:54On en parlera notamment avec Benjamin Louvet, qui est un sujet extrêmement important,
03:58le recyclage justement de ces métaux stratégiques.
04:00Mais le point qui est important, c'est que toutes ces terres rares, ces métaux stratégiques,
04:04on en parle aujourd'hui tout simplement parce qu'ils sont essentiels
04:07dans tout ce qui est transition énergétique,
04:10IA ou toute nouvelle technologie.
04:12Je le présentais justement avec le smartphone.
04:14C'est pour ça que finalement, dans le bras de fer qu'on a,
04:17aussi bien européen ou américain, avec la Chine,
04:20et qui est un bras de fer sur une myriade de sujets,
04:22la réalité, c'est qu'à l'instant T, en tout cas,
04:24la Chine est très très clairement en avance, en tout cas sur ce sujet des terres rares et des métaux stratégiques.
04:30On va essayer d'aller vraiment dans le détail aujourd'hui,
04:33pour comprendre comment ça va se passer,
04:35comment ça se profile dans les années à venir,
04:37et notamment pour voir aussi si on a une capacité d'être un tout petit peu moins dépendant
04:41de la Chine prochainement, peut-être en misant potentiellement sur le raffinage.
04:46Vous le voyez à l'écran, c'est vraiment les chiffres qui sont extrêmement importants,
04:49y compris par exemple sur du cobalt, qui n'est pas encore une fois une terre rare.
04:53Vous voyez que vous avez une assise qui est extrêmement majeure en termes de traitement de la Chine.
04:58Si je résumais, on a simplement décidé, nous occidentaux, donc européens et américains,
05:04tout simplement de faire nos activités en termes de matières premières,
05:08qui sont ultra-polluantes, plutôt chez les Chinois,
05:11et eux, ils en ont créé une activité qui est aujourd'hui une assise extrêmement importante en termes de richesse.
05:15Je vous propose qu'on en discute un peu plus en détail,
05:17d'abord avec une approche qui est un peu plus top-down,
05:21donc on va regarder cela ensemble, sur les métaux stratégiques,
05:25pour notamment essayer de voir en termes de perspectives comment ça se situe et quels sont les éléments.
05:30Je vous propose d'avoir Yves Gégourelle qui va nous rejoindre.
05:33Vous êtes professeur titulaire au Conservatoire national des arts et métiers,
05:36et surtout vous êtes co-directeur de la revue Cyclope.
05:40Juste avant qu'on aille dans le détail, est-ce que vous pourriez rappeler à nos téléspectateurs et auditeurs
05:44ce qu'est la revue Cyclope, s'ils ne la connaissent pas ?
05:46Elle est effectivement la référence en général sur ces sujets de matières premières.
05:51Merci de me donner l'opportunité d'en parler.
05:53Alors c'est le Cercle Cyclope, et donc nous sommes une société d'analyse des marchés mondiaux de matières premières,
06:00de l'ananas au zirconium, et donc bien évidemment nous pouvons la problématique des métaux stratégiques ou des métaux critiques.
06:07Quand on regarde un peu ce qui s'est passé ces dernières années,
06:10finalement tout ce qui est, on va plutôt prendre la terminologie métaux stratégique,
06:14puisque terre rare c'est certainement un peu trop restreint en termes de définition,
06:19mais il y a 4,5 ans de cela, en tout cas dans le débat public,
06:22on n'entendait pas du tout parler des métaux stratégiques.
06:25Aujourd'hui on le voit, alors il y a bien sûr la guerre commerciale qui est passée par là,
06:28il y a peut-être la Covid à jouer pour une sensibilisation en termes de chaînes d'approvisionnement,
06:33mais on voit que ça devient extrêmement essentiel.
06:35Est-ce que vous, comment vous appréhendez cette situation ?
06:39Est-ce qu'effectivement la Chine qui est aujourd'hui en tout cas leader dans tout ce qui est activité de raffinage,
06:43est-ce que en première partie les Etats-Unis se réveillent et commencent à être moins dépendants,
06:48et où est-ce qu'on en est du côté européen ?
06:51Alors je crois qu'il faut poser le cadre,
06:54c'est-à-dire que nous sommes dans le contexte de la transition énergétique et de la révolution numérique,
06:59et il ne peut pas y avoir ces transitions, ces révolutions sans ressources funérales,
07:03mais c'est en ça qu'on les qualifie de stratégiques ou de critiques,
07:07avec l'élément que vous rajoutez qui est une ultra domination de la Chine
07:11sur la quasi-totalité des chaînes de valeur de ces métaux stratégiques
07:14qui nous permettent d'aller vers la transition énergétique.
07:17Et donc c'est une course qui s'est développée depuis plusieurs années,
07:21et la Chine a un leadership absolu de ce point de vue-là,
07:26et pour vous répondre très concrètement,
07:27bien évidemment que les Etats-Unis ont fortement réagi,
07:31l'Europe également,
07:33mais il s'agit de rattraper un retard face à un leadership qui est écrasant.
07:37Donc la question derrière tout ça, c'est l'ampleur des mesures,
07:41mais également, je voudrais insister là-dessus,
07:42sur la question de la résilience,
07:44parce qu'il va falloir concilier deux choses,
07:47d'abord cette sécurisation des approvisionnements que j'évoquais,
07:50mais également une réalité toute simple de ces marchés mondiaux de matières premières,
07:54qui est une forte volatilité.
07:55Et donc c'est bien dans cette combinaison stratégique qu'il convient d'opérer.
07:59On va revenir un peu plus tard sur la volatilité,
08:01vous l'avez mentionné à juste titre,
08:03parce que, alors juste pour rappeler à nos téléspectateurs et auditeurs,
08:07vous aviez, je pense qu'il y a quelques années de cela,
08:09ça date probablement d'il y a une dizaine d'années,
08:11vous aviez la banque d'investissement américaine Goldman Sachs
08:13qui nous parlait de super cycle des matières premières
08:16avec des prix qui allaient monter énormément,
08:18et la réalité est un peu plus complexe, on y reviendra.
08:20Mais avant d'aller sur cet aspect-là,
08:22j'aimerais juste vous faire réagir,
08:24je vais juste lire quelque chose qui a été conclu
08:26entre les Etats-Unis et le Congo,
08:28puisqu'on a eu un accord entre les Américains et le Congo
08:31sur le cobalt, qui est effectivement essentiel à cet égard.
08:35Alors je vous cite juste ce qu'avait dit Benjamin Katakouba,
08:38qui est directeur général en RDC de Cobalt Metals,
08:41donc qui est un des acteurs dans le domaine.
08:43« Nous espérons que cette porte,
08:44ouverte par le gouvernement congolais
08:45pour les investissements américains,
08:47va nous conduire à d'autres projets d'envergure. »
08:49Si on regarde dans le détail, malgré tout,
08:51alors certes, c'est une victoire américaine
08:52sur cet aspect précis,
08:54mais la réalité, c'est que notamment en Afrique,
08:56il y a beaucoup de matières premières.
08:58Les Chinois, aujourd'hui, sont quand même largement leaders.
09:01Alors, est-ce que ce n'est pas un peu
09:02beaucoup de communication,
09:03mais dans les faits,
09:04l'assise en tout cas chinoise,
09:05elle reste extrêmement présente,
09:07pas uniquement effectivement sur du raffinage
09:09qui est fait par les Chinois dans leur pays,
09:11mais également sur l'accès aux matières premières
09:13du côté africain ?
09:15Alors, je ferai une réponse un peu entre les deux.
09:19C'est-à-dire que ce leadership chinois,
09:21on l'a évoqué,
09:22il est sur le raffinage,
09:23il est également, si vous regardez,
09:25en fait, le capital des mines,
09:28il est aussi sur la phase de l'extraction.
09:30C'est-à-dire qu'il y a un grand nombre de mines,
09:32notamment en RDC,
09:33qui ont des capitaux chinois,
09:35et pas uniquement en RDC,
09:36mais plus globalement en Afrique
09:38et en Amérique du Sud.
09:40Donc, il y a cette dimension-là.
09:41Ensuite, l'offensive américaine et européenne,
09:45peut-être dans une moindre mesure,
09:47est tout à fait patente.
09:48Et vous évoquez cet accord sur la RDC,
09:51on voit en fait qu'il y a une modification,
09:53à mon avis, assez importante
09:55de la stratégie américaine,
09:57qui est d'abord qu'il y a un investissement direct,
09:59c'est-à-dire que ce n'est pas uniquement
10:00du soutien aux entreprises,
10:02mais on voit le gouvernement américain,
10:03le département de la guerre,
10:04le département de l'énergie,
10:06investir directement dans des entreprises
10:08minières, de raffinage, de recyclage
10:10sur le sol national,
10:12potentiellement à l'étranger.
10:14Et puis, une forme,
10:15mais je voudrais être prudent dans mes propos,
10:18de militarisation du sujet,
10:20puisque finalement,
10:21les États-Unis conditionnent leur aide militaire
10:24à l'accès au sol et au sous-sol
10:26des pays potentiellement partenaires.
10:28On l'a vu avec une forme d'ambiguïté
10:30importante sur l'Ukraine,
10:31et on le voit effectivement sur la RDC.
10:33Et la RDC, c'est un réservoir de cuivre,
10:37de cobalt, mais également d'États
10:38dont on ne parle probablement pas suffisamment.
10:41Donc oui, la détermination,
10:43l'importance de la Chine,
10:44elle est patente,
10:45et donc ce retard, il faut le combler.
10:47Néanmoins, les offensives menées par les États-Unis
10:49et par l'Europe sont importantes.
10:51Est-ce que, selon vous,
10:53aujourd'hui, c'est du côté américain
10:55que les offensives sont les plus pertinentes ?
10:56On reviendra un peu dans le détail
10:57par la suite sur l'Europe.
10:59Mais par exemple, l'offensive
11:00à l'égard du Groenland,
11:02là où au moins on peut...
11:03J'ai un peu le sentiment,
11:04c'est que quand on écoute Donald Trump,
11:06l'avantage finalement de l'administration Trump,
11:08et c'était le cas déjà
11:09dans la première administration,
11:11parce que je crois que c'était juste avant Covid,
11:13août 2019,
11:14de mémoire,
11:15Trump commençait déjà
11:16à s'intéresser au Groenland,
11:17c'est qu'il a compris
11:18que le Groenland fait partie
11:19de ces zones stratégiques,
11:20pas uniquement du point de vue maritime
11:22avec la fonte des glaces,
11:23mais fondamentalement aujourd'hui,
11:24notamment pour avoir accès
11:26typiquement à l'uranium,
11:28dont a énormément besoin
11:29l'industrie américaine
11:30et notamment l'industrie de l'IA.
11:32Comment vous voyez justement
11:33ce qui se passe
11:33entre les États-Unis
11:34et le Groenland
11:35et aussi l'Europe
11:36qui commence un peu
11:36à se positionner malgré tout ?
11:38Honnêtement,
11:39je le verrais de manière plus globale.
11:41Je ne crois pas
11:41qu'il y ait une spécificité
11:42sur le Groenland,
11:44c'est-à-dire qu'à partir du moment
11:45où on acte,
11:45qu'il y a une course
11:46à la sécurisation des approvisionnements
11:48et, autorisez-moi ce terme,
11:49une forme de retour des empires,
11:51il faut des terres
11:52parce que ces terres
11:53sont la condition
11:54de l'accès aux ressources minérales.
11:56Et donc,
11:56on va y aller
11:57vers différentes stratégies
11:58et la stratégie américaine
12:01est extrêmement offensive,
12:02même politiquement,
12:04comment dire,
12:05particulière.
12:07Et donc,
12:08l'idée,
12:08c'est bien
12:09de diversifier au maximum
12:11les sources.
12:12Donc,
12:12je pense qu'il faut vraiment
12:13le considérer comme ça.
12:13Il faut le considérer
12:14comme une urgence absolue.
12:16C'est-à-dire qu'aujourd'hui,
12:16si vous regardez
12:17les scénarios
12:18pour arriver vers le net zéro,
12:20donc en termes de décarbonation
12:21d'ici à 2050,
12:23en termes de ressources minières
12:25notamment,
12:25mais pas uniquement,
12:26mais en termes de ressources minières,
12:28on ne passe pas.
12:29Donc,
12:29il faut absolument aller là-dessus.
12:31Prenons un exemple
12:32très concret,
12:33le cuivre.
12:33On sait que le cuivre
12:34est dans tous les chantiers
12:36de la transition énergétique.
12:38C'est également
12:38un élément déterminant
12:40de la révolution numérique
12:41et la contrainte minière
12:43est extrêmement importante.
12:44Donc,
12:44il faut faire feu
12:45de tout bois
12:45pour aller sur ces éléments-là.
12:47Vous avez évoqué l'uranium,
12:48c'est la question
12:48effectivement énergétique.
12:49qu'il faut aller sur tous les segments
12:51sur lesquels on peut aller
12:52et Trump,
12:54avec la politique qu'on connaît,
12:55n'hésite pas
12:56à mener
12:57un grand nombre d'offensives
12:58de ce point de vue-là.
12:59Du côté européen,
13:01vous sembliez être
13:02pas particulièrement pessimiste,
13:04en tout cas,
13:04vous semblez mettre en avant
13:06qu'il y a des éléments.
13:07Est-ce que vous pourriez
13:08nous en donner
13:09un peu plus d'éléments
13:10sur quelle est la stratégie européenne
13:11ou d'ailleurs peut-être
13:12est-ce qu'elle est plus européenne
13:14ou nationale
13:14faite par certains États ?
13:16On sait notamment
13:18que sur certains métaux stratégiques,
13:19potentiellement,
13:20on en a dans notre sous-sol,
13:21mais le problème
13:22est un problème
13:22notamment de pollution.
13:24On a vu certains États,
13:25notamment le Portugal
13:26ou encore l'Espagne,
13:27qui se sont dit
13:27on acerpe des métaux stratégiques
13:29dans notre sous-sol,
13:30mais on ne décidera pas
13:30de les exploiter
13:31à cause des contraintes
13:32de pollution.
13:33Est-ce qu'il y a malgré tout
13:34un réveil européen ?
13:35Et si oui,
13:36est-ce que ça passe
13:36par de nouveaux approvisionnements
13:38et à quel point
13:38c'est facile aussi ?
13:39Ou est-ce que d'ailleurs
13:40certains commencent à se dire
13:41qu'il faudrait peut-être
13:42regarder ce qu'on a
13:42dans notre sous-sol ?
13:43On sait d'ailleurs,
13:43en France,
13:44parfois c'est un débat
13:45aussi à ce sujet.
13:47Alors,
13:47l'évolution de l'Europe
13:50est évidente.
13:51Il y a le Critical
13:52World Material Act
13:53qui est passé en 1923
13:55et qui a été appliqué
13:57en 1924.
13:58Donc là,
13:59il y a toute une série
13:59de mesures autour
14:00de la réduction
14:01de la dépendance
14:02de l'Europe
14:04vis-à-vis de ces métaux critiques
14:05par le déploiement
14:06de la mine,
14:07par le déploiement
14:07du recyclage,
14:08par des partenariats
14:09diplomatiques.
14:11Donc ça,
14:11c'est très clair.
14:12Il y a des
14:13projets stratégiques
14:15qui sont désormais
14:15soutenus par l'Europe,
14:1647 sur le territoire
14:18strict européen
14:20et 60 au sens
14:21le plus large du terme.
14:22Donc ça,
14:22ce sont des annonces
14:23très récentes.
14:23Vous avez également
14:25des initiatives nationales.
14:26La France a lancé
14:28un fonds métaux.
14:30Il y a un avant-terminé
14:31qui est fait.
14:31Donc,
14:32de toute évidence,
14:33l'Europe va dans le bon sens.
14:34La question qu'on doit se poser,
14:36elle est à mon sens double.
14:38D'abord,
14:38c'est évidemment
14:39la question du rapport
14:40de force.
14:40C'est-à-dire que
14:41quand on parle
14:42de la mine,
14:43on parle du raffinage,
14:44on parle de montants
14:46extrêmement importants.
14:47Donc,
14:47dans cette course,
14:48est-ce que l'Europe
14:49investit suffisamment ?
14:51Je laisse
14:51cette question ouverte.
14:53Et l'autre élément
14:54que j'évoquais au tout début,
14:55c'est qu'on peut dire
14:57que sur le long terme,
14:58nous allons manquer de cuivre,
14:59nous allons manquer de terre rare,
15:00nous allons manquer de nickel.
15:01Ça,
15:01c'est de la projection de long terme
15:02que l'on doit concilier
15:04avec des réalités de court terme.
15:06Aujourd'hui,
15:06les prix du lithium
15:07sont relativement bas.
15:08C'est un peu la même chose
15:09sur le cobalt.
15:10Et donc,
15:10c'est la question
15:11de comment est-ce que l'on peut
15:12avoir cette stratégie de long terme
15:14tout en s'accommodant
15:15de variabilité des prix
15:17à très court terme
15:17qui peuvent menacer
15:18la rentabilité
15:20de certaines opérations.
15:21Et donc,
15:21c'est la question
15:22de la vision de long terme
15:23et de la capacité à l'assumer
15:25qui est ici posée.
15:27L'autre question,
15:28je rebondirai sur votre propos,
15:30c'est évidemment
15:30la sensibilisation
15:31du grand public
15:33à ces questions-là.
15:35Mais il faut un minimum
15:36de cohérence environnementale.
15:37C'est-à-dire qu'on ne peut pas
15:38aujourd'hui vouloir
15:39la transition énergétique,
15:41vouloir la révolution numérique
15:43tout en refusant
15:44le développement
15:45du secteur minier,
15:47en tout cas sur ces questions-là.
15:48Et donc,
15:48il s'agit de promouvoir
15:50une excellence minière
15:51d'un point de vue
15:51environnemental et social.
15:53Et je crois que la vigilance
15:54européenne
15:55sur ces questions-là
15:56est très forte.
15:58Bon,
15:58effectivement,
15:59du côté européen,
16:00on a encore assez peu d'acteurs,
16:01en tout cas d'acteurs cotés.
16:03Je voyais sur l'antimoine,
16:04vous avez aujourd'hui
16:05une petite entreprise,
16:06parce que c'est ce qu'on appelle
16:07une small cap en bourse
16:09qui est en Belgique,
16:10mais qui a certes
16:12une assise de marché
16:12assez importante.
16:13Je crois qu'elle possède
16:14à peu près 10%
16:15du marché mondial,
16:16ce qui n'est pas négligeable,
16:17alors que la Chine
16:17en possède 60%.
16:18Mais c'est vrai
16:19qu'on manque aujourd'hui
16:20d'acteurs.
16:22Quand vous évoquiez
16:23notamment le fonds métaux français,
16:25est-ce que vous pourriez
16:25un peu aller en détail
16:26pour nous expliquer
16:27comment ça fonctionne ?
16:29L'idée,
16:30bon,
16:31ce n'est pas forcément
16:31à moi d'en parler,
16:33mais l'idée,
16:34c'est qu'il y a
16:34une dotation de l'État
16:35et charge à ce fonds
16:36de lever des capitaux privés
16:39pour aller dans le sens
16:40de la stratégie européenne
16:41sur la sécurisation
16:42des métaux critiques.
16:44Il y en a 34,
16:46pardon,
16:46à l'échelle européenne.
16:47Ce sont en grande majorité
16:48les métaux des batteries,
16:50mais pas uniquement.
16:51Ce sont également
16:51les terres rares
16:52qu'on va utiliser
16:53dans les éléments permanents.
16:54Dans les éléments permanents,
16:55excusez-moi.
16:56Et donc,
16:57il s'agit d'investir
16:58pour sécuriser
16:59les approvisionnements
17:00par les prises de participation,
17:01par les contrats
17:02d'off-tech,
17:03ainsi de suite.
17:04Donc,
17:04ça rentre en pleine résonance
17:06avec la stratégie
17:07à la fois française
17:08qui, je redis,
17:09est assez ambitieuse
17:10et la stratégie européenne.
17:12Vous évoquiez
17:13la volatilité,
17:14je pense,
17:14des prix.
17:15Je pense que c'est
17:15un élément
17:16qui est crucial.
17:17Je le rappelais précédemment,
17:18vous aviez,
17:19alors,
17:19ça fait partie,
17:20c'est peut-être plus
17:21des éléments
17:21de communication
17:22et de marketing
17:22de certaines grandes banques
17:24qu'autre chose,
17:24mais vous aviez,
17:25il y a quelques années de cela,
17:26peut-être une dizaine,
17:27quinzaine d'années de cela,
17:27vous aviez Goldman Sachs
17:28qui nous disait,
17:29du fait de la transition énergétique,
17:31notamment,
17:31alors c'était moins la thématique
17:32qu'il y a à cette époque-là,
17:34on va avoir,
17:35dans tous les cas,
17:35des prix ascendants,
17:37tout simplement,
17:37des équilibres
17:38entre l'offre et la demande
17:39sur toutes les matières premières,
17:40notamment tout ce qui est
17:41métaux stratégiques
17:42et vous l'avez rappelé
17:43à juste titre,
17:43c'est quand même
17:44un peu plus compliqué que ça.
17:46La première question
17:47que j'aimerais vous poser,
17:47sachant que, bien sûr,
17:48sur chaque matière première,
17:49le marché est propre,
17:51donc c'est très dur
17:51de faire des généralités,
17:53mais comment est-ce
17:54que vous observez ?
17:55Est-ce que,
17:55un, il y a déjà toujours
17:56la demande chinoise
17:57qui reste quand même
17:58un élément central
17:59sur l'évolution des prix,
18:00on le voit probablement
18:01sur le cuivre,
18:02mais est-ce que c'est
18:02généralisé à cet égard ?
18:04Et est-ce que,
18:05selon vous,
18:05il y a aussi un réel problème
18:07qu'à un certain stade,
18:08les prix vont tendanciellement
18:10être haussiers
18:10ou on peut ouvrir
18:11de nouvelles mines
18:12qui feront que,
18:13finalement,
18:13ce sera un peu moins
18:14compliqué que ça ?
18:16Écoutez, d'abord,
18:17la Chine joue un rôle
18:19très, très particulier
18:20sur les marchés mondiaux
18:21de matières premières
18:21au sens général du terme,
18:23c'est-à-dire
18:23qu'elle va jouer
18:24sur la demande,
18:25mais elle va également
18:26jouer sur l'offre
18:27et, si vous voulez,
18:29la lecture qu'on doit avoir
18:30sur les prix
18:30est rendue d'autant
18:31plus complexe
18:32qu'il va y avoir
18:33toute cette politique
18:34de restriction
18:34aux exportations,
18:35donc ça,
18:36ça crée beaucoup
18:36de volatilité.
18:38Ce qu'on doit retenir,
18:39c'est qu'effectivement,
18:41l'idée d'une demande
18:42de long terme
18:43qui va se traduire
18:44par une augmentation
18:45structurelle quasi linéaire
18:46des prix,
18:47c'est une illusion,
18:48donc il va falloir
18:49s'accommoder,
18:50il va falloir développer
18:51du projet minier,
18:52du projet de recyclage,
18:53tout en ayant
18:55cette résilience,
18:56cette force financière
18:57pour s'accommoder
18:58de prix bas
18:59qui peuvent durer
19:00un an,
19:01deux ans,
19:01trois ans.
19:01Il y a probablement
19:02d'ailleurs un jeu stratégique
19:03de la Chine
19:04qui, d'un côté,
19:05va réduire
19:05ses exportations
19:07sur l'antimoine
19:07que vous évoquiez,
19:08sur le germanium,
19:09sur le gallium,
19:10ce qu'elle a fait
19:10sur les terres rares
19:11et qui,
19:11dans le même temps,
19:12peut surapprovisionner
19:13certains marchés
19:14du type lithium.
19:16Donc,
19:16il va falloir naviguer
19:17dans ces éléments-là
19:19et lorsque
19:20on évoque
19:21cette question-là,
19:22on pose intrinsèquement
19:23la question
19:24de la réalité
19:25de l'actionnariat.
19:26Lorsque vous avez
19:27un actionnariat
19:27qui est un actionnariat
19:28étatique
19:30ou sous influence
19:30étatique,
19:31finalement,
19:32les perspectives
19:33de long terme
19:33sont relativement
19:34faciles à avoir.
19:35C'est d'ailleurs
19:35que vous pouvez
19:36vous accommoder
19:37de ces prix bas
19:38temporairement.
19:39Lorsque vous avez
19:39un actionnariat
19:40qui est de nature
19:41un peu plus privée,
19:42qui pourrait,
19:43et donc,
19:44il faut travailler
19:44sur ces logiques-là,
19:45avoir des horizons
19:46de plus court terme,
19:48on pourrait avoir
19:48le sentiment
19:49que finalement,
19:50il est moins rentable
19:51d'investir,
19:52en tout cas à court terme,
19:53dans tel ou tel projet
19:54minier ou tel projet
19:55de recyclage.
19:56Donc,
19:56il faut vraiment
19:57travailler là-dessus,
19:58c'est-à-dire développer
19:59cette vision de long terme.
20:01Ensuite,
20:01la question du long terme
20:03est différente
20:03d'une matière première
20:04à une autre.
20:05Le cuivre,
20:05on sait que structurellement,
20:07on va en manquer.
20:08La question du lithium,
20:09c'est avant tout
20:10une question autour
20:11de la chimie des batteries
20:12avec peut-être
20:13des horizons
20:14un peu plus courts.
20:15Et donc,
20:16il faut distinguer
20:16les problématiques
20:17de disponibilité
20:18de la ressource
20:19à l'aune
20:20de ces critères-là.
20:21Est-ce qu'il y a
20:21d'autres pays
20:22qui se positionnent,
20:22outre bien sûr
20:23les grandes puissances,
20:24mais fondamentalement,
20:25on a l'impression
20:25qu'hors Europe,
20:27au sens large,
20:28on peut inclure
20:28le Royaume-Uni,
20:29États-Unis et Chine,
20:31c'est vrai que le reste
20:32du monde est plutôt
20:32spectateur,
20:33ou en tout cas fournisseur,
20:34sans avoir fondamentalement
20:36de stratégie.
20:37Il y a quelques États,
20:38malgré tout,
20:38je vois l'Indonésie,
20:39qui a une forme
20:43mis en place
20:43des restrictions
20:44aux exportations.
20:44Alors,
20:45point important,
20:45c'est que le nickel
20:46est quand même
20:46malgré tout
20:47produit par des entreprises
20:48chinoises,
20:49donc je pense qu'il y a
20:50aussi une stratégie
20:50chinoise derrière cela.
20:51On a eu récemment
20:52la France qui a eu
20:53un accord avec l'Indonésie,
20:55un accord commercial
20:55avec une partie notamment
20:56sur quand même
20:57l'accès à certains
20:58métaux stratégiques,
20:59mais j'ai un peu
21:00le sentiment quand même
21:01que c'est un sujet
21:02pour les grandes puissances
21:03et que cette forme
21:05de nationalisme métallique
21:06qu'on voit
21:07en mise en application,
21:08ça concerne quelques pays,
21:10mais le reste du monde
21:10est quand même très à l'écart.
21:11On n'a pas de stratégie
21:12sur la plupart des émergents,
21:14par exemple l'Inde
21:14à cet égard.
21:16Honnêtement,
21:16je ne vous suivrai pas
21:17sur ce sujet-là.
21:19C'est-à-dire qu'il y a
21:20une homogénéité
21:21des stratégies
21:21du côté des pays émergents,
21:23on peut en discuter.
21:24Ensuite,
21:24la question
21:25de la valorisation,
21:28de l'intégration aval
21:29sur le modèle indonésien
21:30notamment,
21:31me semble-t-il,
21:32est très présente.
21:34L'Indonésie,
21:34c'est un cas d'école,
21:35ce n'est pas uniquement
21:36le nickel,
21:37avec l'idée
21:37qu'on ne va pas exporter
21:39des minerais
21:40en forme des concentrés
21:41et donc
21:42sans transformation.
21:44On va essayer
21:45de s'intégrer
21:46sur l'aval de la filière
21:47et cette ambition
21:49à la fois politique,
21:50économique, industrielle
21:51est très présente.
21:52Ensuite,
21:54pensez par exemple
21:55à ce qui se passe
21:56sur la Guinée,
21:57autour de la filière
21:58bauxite,
21:59alumine, aluminium.
22:00Est-ce que vous pouvez
22:00juste développer
22:01pour nos téléspectateurs
22:02sur cet aspect,
22:03comme je pense
22:03que sur la Guinée
22:04qui peut être intéressant,
22:04mais je ne pense pas
22:05qu'il soit au fait du sujet,
22:06ce que vous pouvez développer ?
22:08Pardon,
22:09alors la Guinée,
22:11en fait la Chine
22:12maîtrise
22:14une grande partie
22:16de la production
22:16de l'aluminium primaire
22:18avec de la complexité
22:19dans ses relations
22:19avec la Russie,
22:20mais techniquement
22:21la moitié
22:21de l'aluminium primaire
22:23est produite par la Chine,
22:24ce qui veut dire
22:24qu'en amont
22:25il lui faut de l'alumine
22:26et en amont de l'alumine
22:27il lui faut de la bauxite.
22:28Et la Chine
22:29avait une très forte
22:30dépendance
22:30à l'Australie
22:32et elle a,
22:33comme tout le pays,
22:34cherché à diversifier
22:35ses approvisionnements
22:36et elle l'a fait
22:36notamment en Guinée.
22:38La Guinée est désormais,
22:39donc la Guinée-Conakry
22:40est désormais
22:41le premier fournisseur
22:42de bauxite
22:44de la Chine
22:44et la volonté
22:45de la Guinée
22:46depuis très longtemps,
22:47c'est évidemment
22:48de mieux valoriser
22:49cette chaîne de valeur,
22:50c'est-à-dire
22:50d'aller progressivement
22:52sur la production
22:54d'alumine
22:54et puis peut-être
22:55à terme
22:55sur la production
22:57d'aluminium primaire.
22:58Donc honnêtement,
22:59cette question
22:59de la transformation locale
23:01et elle ne se réduit pas
23:02d'ailleurs
23:02à la question des métaux,
23:04me semble-t-il,
23:05est très présente.
23:06La vraie question,
23:07c'est la réalité
23:07de cette transformation
23:09et je crois
23:09que la volonté politique
23:11des émergents
23:12et des pays en développement
23:13est très présente.
23:14Pour conclure,
23:15on parle beaucoup,
23:16vous savez,
23:17de guerre commerciale,
23:18du point de vue économique,
23:19etc.
23:19On se focalise énormément
23:20sur les taxes douanières
23:22et c'est un sujet
23:22qui revient régulièrement
23:23sur la table.
23:24Mais quand on vous écoute
23:26et c'est aussi un peu
23:26le sentiment que j'ai,
23:27est-ce que fondamentalement
23:28la rivalité
23:29entre ces grandes puissances
23:30qui se mettent en place
23:31ou ces empires,
23:31je vous rejoins d'ailleurs
23:32sur ce terme,
23:33je pense que c'est pertinent,
23:35plutôt sur une guerre
23:36des métaux stratégiques
23:37aujourd'hui plus qu'autre chose.
23:39Est-ce que ce n'est pas
23:39le vrai sujet ?
23:40On parle beaucoup
23:40dans les médias de taxes
23:41qui finalement sont remises
23:43en cause quasiment tout le temps.
23:44Est-ce que le sujet,
23:45ce ne serait pas justement
23:45ces métaux stratégiques
23:46pour l'économie de demain ?
23:48Alors, oui et non.
23:53Lorsque vous menez
23:53une guerre commerciale,
23:55très classiquement,
23:57vous allez sur les matières premières
23:59ou à l'inverse
23:59sur les produits de luxe.
24:00Donc, le fait de taxer
24:03les exportations,
24:04d'aller sur un certain nombre
24:06de droits de douane
24:07ou de barrières non tarifaires,
24:09c'est un peu un cas d'école
24:11de ce point de vue-là.
24:12Où je vous suis un peu moins,
24:13c'est que,
24:14alors, je ne suis pas certain
24:15du thème de guerre
24:16qu'on va utiliser
24:17peut-être de manière
24:19un peu excessive
24:19pour parler des matières premières,
24:21puisqu'on a vu
24:22qu'il y a des stratégies
24:23partenariales qui sont menées.
24:24Donc, c'est en fait
24:25probablement un peu plus compliqué
24:27qu'une simple opposition.
24:29je crois que c'est une problématique
24:32autour de l'accès
24:33au sol et au sous-sol.
24:34C'est vrai qu'on parle
24:35énormément de métaux stratégiques,
24:36mais regardez
24:37ce qui s'est passé
24:38sur l'accord récent
24:39entre la Chine
24:40et les États-Unis.
24:42Il y avait la problématique
24:43du soja.
24:43Donc, il me semble
24:44que c'est une problématique
24:45globale
24:46sur l'ensemble
24:47des matières premières.
24:48Et probablement
24:49que dans notre pensée stratégique,
24:51ou en tout cas
24:51dans notre pensée stratégique
24:52européenne,
24:53il y a aujourd'hui
24:54une forme de segmentation,
24:55comme si la problématique
24:56des métaux stratégiques
24:58était différente
24:58de la problématique
24:59de l'énergie,
25:00était différente
25:01de la problématique
25:01des produits agricoles.
25:03Il me semble
25:03qu'il y a une problématique
25:04globale
25:05sur les matières premières
25:07comme condition
25:08de développement économique,
25:09comme condition
25:10de l'industrialisation
25:11et in fine,
25:12comme condition
25:13de l'hyperpuissance.
25:15Et c'est ça
25:15que l'on perçoit également
25:16dans la stratégie américaine
25:18et dans la stratégie chinoise.
25:19Merci beaucoup,
25:20Yves Gégourelle.
25:21Effectivement,
25:21un sujet plus intégré
25:22qu'il n'y paraît.
25:23Vous êtes professeur titulaire
25:24au Conservatoire national
25:26des arts métiers.
25:27Et co-directeur de Cyclope.
25:28On se retrouve dans un instant.
25:30J'aurai deux autres invités.
25:32Notamment,
25:32on va commencer
25:33avec Olivier Lechevalier.
25:34Si vous êtes exposé
25:35au risque de change
25:36finalement en tant qu'entreprise
25:37et si vous êtes exposé
25:38notamment au risque
25:39de matières premières,
25:40comment ça se traduit ?
25:41Et bien évidemment,
25:42on regardera aussi
25:42un peu plus l'aspect
25:43du recyclage
25:44qui a été juste évoqué.
25:45On va aller un peu plus
25:46dans le détail.
25:46Le recyclage des métaux stratégiques.
25:49La masterclass
25:51Christopher Dembik vous répond.
25:52On continue
25:53sur cette thématique spéciale,
25:56émission spéciale
25:57de la masterclass
25:57sur les terres rares.
25:58C'est le sujet du moment.
26:00On a déjà vu en première partie
26:01finalement un aspect
26:03un peu plus global
26:03avec les différentes terres rares
26:05ou même d'ailleurs
26:05plus exactement
26:06métaux stratégiques.
26:07Là,
26:07on va aller de manière
26:08très concrète
26:09et je suis ravi
26:10de recevoir
26:11Olivier Lechevalier.
26:12Vous êtes aujourd'hui
26:13directeur général
26:14de DefEdge.
26:15Vous avez une expertise
26:17qui est très concrète
26:18et vous allez répondre
26:19justement à la question
26:20qui a été posée
26:20par Stanislas.
26:22Stanislas nous demande
26:23j'ai une PME
26:24qui est très dépendante
26:25dans ses approvisionnements
26:26de la Chine.
26:27Comment je dois gérer
26:28mon risque de matières premières ?
26:29Alors je sais
26:30que c'est compliqué,
26:31ce n'est pas une réponse
26:32qui va être extrêmement rapide
26:33et facile
26:34mais je vous fais confiance.
26:35Exactement.
26:35Bonjour Christopher,
26:36je suis ravi d'être ici déjà.
26:38Effectivement,
26:38c'est une question
26:39qui est un peu vaste
26:40parce que ce n'est pas
26:41toujours évident.
26:42En fait là,
26:43pour une PME,
26:44ça veut dire aussi
26:44une petite structure
26:45qui va travailler
26:46avec le marché international,
26:48qui va être exposée
26:49à la géopolitique,
26:50qui va être exposée
26:51au stock mondial,
26:53qui va être exposée
26:53aussi au prix,
26:55à cette variabilité.
26:57Et donc c'est vrai
26:58qu'on va avoir
26:58un cocktail déjà
27:00qui va être global.
27:02Et effectivement,
27:03quand vous êtes
27:03dans une petite entreprise,
27:04vous n'allez pas
27:04avoir la même facilité
27:06qu'un grand groupe,
27:07c'est-à-dire avoir
27:07des accès
27:08à des équipes
27:10qui vont pouvoir
27:10vous aider à vous couvrir,
27:11avoir des accès
27:11à des banques spécifiques,
27:12avoir accès à des brokers
27:13qui vont pouvoir
27:14vous accompagner
27:15et vous aider.
27:15Et donc là,
27:16la difficulté,
27:16en général,
27:17ce que je vois,
27:17c'est que les entreprises
27:18qui sont d'une taille petite,
27:20j'irais peut-être
27:21en dessous des 100 millions,
27:22bon,
27:22ils vont essayer
27:24de travailler
27:24avec leurs fournisseurs
27:25par le biais du contrat.
27:27Donc du coup,
27:27le contrat,
27:28c'est bien,
27:28c'est sympa
27:28parce qu'il y a
27:30tous ces avantages
27:31en disant,
27:31je vais fixer le prix,
27:32je vais pouvoir
27:32ainsi de suite
27:34me repositionner.
27:35La difficulté,
27:36c'est que quand le prix
27:38évolue trop rapidement
27:40comme on peut le voir
27:40en ce moment,
27:41du coup,
27:41on peut se retrouver
27:42dans un contrat figé
27:43où soit il va baisser
27:44très rapidement
27:44et vous n'allez pas
27:45pouvoir en profiter.
27:46Et c'est là où je pense,
27:47je pense Stanislas
27:48se pose la question
27:49en disant,
27:49voilà,
27:50quels sont mes moyens,
27:50qu'est-ce que j'ai
27:51à ma disposition
27:51pour pouvoir réussir ?
27:53Donc c'est vrai,
27:54déjà la première erreur
27:56que je vois globalement
27:57dans les entreprises,
27:58c'est connaître
27:58son exposition,
27:59c'est quel est mon produit fini,
28:01quelle est sa dépendance,
28:02est-ce que je suis dépendant
28:02de la matière première
28:03à 10%,
28:04à 50%,
28:04ce qui n'est pas du tout
28:05la même chose.
28:06Donc en général,
28:06c'est méconnu finalement,
28:07au sein de l'entreprise,
28:08c'est assez difficile
28:09de cerner ça ?
28:10En fait,
28:11finalement,
28:12peu de gens ont l'information
28:13au sein de l'entreprise
28:14et peu de gens l'utilisent en fait,
28:16c'est ça le sujet.
28:17C'est-à-dire qu'on se dit,
28:18ah bah oui,
28:19mais ça c'est que 5%,
28:20ça c'est que 2%.
28:21Puis par exemple,
28:21si je vous dis,
28:22bah oui,
28:22effectivement dans un câble,
28:23on va se retrouver
28:24avec 6% de cuivre,
28:261% de conducteur or
28:28et argent,
28:29bon bah les gens vont se dire,
28:30ah mais attention,
28:31il a super évolué,
28:32qu'est-ce que ça représente ?
28:32Bah finalement,
28:33peut-être ça ne peut pas
28:34représenter énormément de choses.
28:35J'ai déjà eu le cas aussi
28:36dans le textile,
28:37pour des sous-vêtements,
28:37on m'a dit,
28:38ah le coton a explosé,
28:39qu'est-ce qui s'est passé ?
28:40Oui,
28:40mais bon,
28:40vous n'utilisez pas forcément
28:42le coton globalement,
28:44ça reste minime
28:44dans votre coût de production,
28:46donc ça ne vaut peut-être
28:46pas le coup d'y aller.
28:48D'après,
28:48les gens ont un peu
28:49cette difficulté aussi
28:50de se dire,
28:51qu'est-ce qui se passe ?
28:52Moi,
28:52ce qui m'embête le plus,
28:53c'est que les gens,
28:54enfin la société en tant que telle,
28:56l'entreprise,
28:56n'a pas de prix objectif,
28:59de prix cible,
29:00parce que du coup,
29:01il ne faut pas oublier
29:01que quand on a un objectif
29:02de gestion,
29:03c'est de se dire,
29:04bon bah voyez là,
29:04j'ai le cas chez des clients
29:06qui gèrent de l'or
29:08et qui se disent,
29:09bah tiens,
29:10le marché,
29:11il monte,
29:11il monte,
29:11je couvre,
29:12je couvre,
29:12je couvre.
29:12Là,
29:13on voit bien que le marché de l'or
29:14fait une position,
29:14enfin il fait une pause,
29:15on va voir,
29:16il se repositionne,
29:17où nous avons...
29:18On avait eu le cas
29:19de la consolidation au mois d'avril
29:21qui avait duré 4 mois,
29:21donc c'est...
29:22Exactement,
29:23donc le prix baisse
29:24et du coup,
29:24cette entreprise m'a dit,
29:25bah qu'est-ce que je dois faire,
29:26est-ce que le prix va monter,
29:27etc.
29:28Et donc en fait,
29:28c'est lié aussi à la politique
29:29et à l'environnement.
29:30Moi,
29:30mon premier conseil,
29:32mon premier conseil,
29:33c'est déjà d'être méthodique,
29:34c'est d'avoir un petit outil
29:35pour noter le prix de la matière
29:37chaque jour,
29:38noter le prix passé,
29:39le prix futur
29:40qu'on peut retrouver quand même
29:41sur des sites
29:41qui peuvent être disponibles
29:42pour se donner une idée.
29:43Lesquels, par exemple,
29:44si vous en avez un ou deux sites
29:45à mettre en avant ?
29:46Je dirais que nous,
29:47DevTage,
29:48on a déjà les data,
29:49mais on a aussi,
29:50on a Bloomberg,
29:50on a E-Royalters,
29:51mais ça c'est des solutions
29:52qui coûtent cher,
29:52mais quand on creuse un peu
29:53sur le web,
29:54on peut avoir trading,
29:57invest trading,
29:57investopédia,
29:58des solutions qui ont pris en main,
29:59en tout cas,
30:00première approche.
30:01Première approche
30:01qui vous permettent
30:02de vous positionner
30:03et ça c'est intéressant
30:04parce que ça vous permet,
30:05et il faut être méthodique
30:05dans les matières
30:07parce que ce n'est pas seulement
30:08de se dire,
30:09parce que dans l'entreprise aussi,
30:11on voit,
30:11attention,
30:11il y a un énorme mouvement,
30:13ça y est,
30:13il faut que tout le monde
30:14trouve une solution,
30:15etc.
30:15Donc je dis,
30:16on revient aux fondamentaux,
30:17on essaie d'avoir une méthode,
30:18de se dire,
30:19c'est quoi la matière
30:21qu'on rouvre,
30:21où est-ce qu'on va,
30:22et ainsi de suite.
30:23Et puis après,
30:23d'avoir un taux objectif,
30:24c'est-à-dire cet effet un peu pivot
30:25qui permet de protéger la marge,
30:27d'avancer.
30:29Alors c'est compliqué,
30:31mais peut-être avec un exemple,
30:32comment on essaie
30:32de calculer ce taux pivot
30:34parce que c'est très volatil
30:35les prix,
30:36ça dépend de la durée
30:37des contrats bien sûr.
30:38Là,
30:39on a des cas vraiment typiques,
30:41c'est-à-dire que vous êtes
30:41en début d'année,
30:42vous allez faire des annonces,
30:43par exemple,
30:44quand vous avez une société cotée
30:45sur les marchés,
30:45en disant,
30:46je pense que je vais avoir
30:46telle croissance,
30:49ça va évoluer.
30:50Donc effectivement,
30:51quand ils vont calculer
30:51leur vente
30:54par rapport à ces cours,
30:56effectivement,
30:57ils vont prendre un taux
30:58qu'on a à peu près aujourd'hui.
30:59Puis après,
31:00ils vont se figer,
31:00puis on va regarder
31:01comment il évolue aussi
31:02dans le temps.
31:02Et donc ça,
31:03c'est bien de le garder
31:04aussi en tête
31:04et de le travailler.
31:05En général,
31:06par exemple,
31:06je ne sais pas si le dollar
31:07est à 1,15,
31:08moi j'aurais tendance
31:08à vous dire sur la devise,
31:10vous allez le dégrader
31:10légèrement.
31:11Si vous êtes acheteur,
31:12il faut retenir 1,12
31:14peut-être pour l'année suivante.
31:16Donc vous appliquez
31:16la même méthode,
31:17soit matière première
31:18ou devise.
31:20Voilà,
31:20c'est de pouvoir avoir
31:21une dégradation
31:22déjà dans un premier temps.
31:23Donc ça,
31:23il faut être méthodique
31:24et avoir ce cours pivot
31:25parce que je vois trop souvent
31:26dans des entreprises
31:27en disant,
31:28on essaie de battre le marché,
31:29on essaie de faire des coûts
31:32mais on n'en a pas les moyens.
31:33Donc c'est vraiment
31:34toute la difficulté
31:35que l'on retrouve.
31:36Donc pour moi,
31:37déjà dans un premier temps,
31:38c'est d'être méthodique,
31:39organisé,
31:40noter les cours
31:40parce que parfois,
31:41j'ai des clients
31:42qui m'appellent
31:42et disent,
31:42ah t'as vu,
31:43le coton a baissé de 20%,
31:45le yuan a dévalué de 10%
31:47et du coup,
31:47j'ai eu 15% de remise.
31:49Bah oui,
31:49mais il faut savoir aussi
31:50que quand vous faites ça
31:52à travers d'un contrat,
31:54c'est votre fournisseur
31:55en fait
31:55qui supporte le risque.
31:56Vous,
31:56vous lui déléguez le risque.
31:57Donc effectivement,
31:58vous ne pouvez pas
31:59lui demander
32:00de tout de suite
32:01vous corriger les prix,
32:03surtout quand ça va
32:03dans votre sens.
32:04Est-ce qu'il faut
32:05renégocier le contrat ?
32:06Est-ce que c'est une solution
32:07que vous mettez en avant ?
32:09Exactement.
32:09C'est-à-dire que là,
32:10avec tous mes clients,
32:11je leur conseille surtout
32:11d'avoir des contrats
32:12qui sont un peu moins figés
32:13et qui sont plus adaptés
32:15au marché.
32:15C'est-à-dire qu'avant,
32:16je voyais des entreprises
32:17qui donnaient un prix
32:18objectif,
32:20par exemple,
32:21à des filiales,
32:22à leurs acheteurs
32:23à l'année
32:23et maintenant,
32:23on voit qu'il y a
32:24tellement de mouvements
32:25sur les marchés
32:26qu'effectivement,
32:27on est plutôt dans une dynamique
32:28de revoir son positionnement
32:29au trimestre.
32:30C'est-à-dire que j'ai un prix
32:31par le trimestre.
32:32Du coup,
32:32quand vous êtes dans les matières,
32:33on oublie pas mal de choses.
32:35C'est-à-dire,
32:35par rapport à la personne
32:37qui était juste avant,
32:38j'entends que les matières,
32:39c'est la guerre, etc.
32:40Mais on voit bien
32:41qu'on est sur le site
32:41de la matière première agricole,
32:43c'est périssable,
32:44ça peut durer une vie,
32:44les métaux,
32:45ça peut se conserver,
32:46ça peut se stocker aussi.
32:47Du coup,
32:47c'est un coût
32:48et donc les entreprises
32:48ne sont pas toujours prêtes
32:49non plus à mettre de l'argent.
32:52Donc là,
32:52c'est d'abord d'être méthodique,
32:54organisé,
32:55d'avoir un cours objectif,
32:56de pouvoir suivre
32:57et puis après aussi,
32:58il y a des solutions.
32:59On peut appeler son partenaire bancaire
33:00pour lui demander
33:01si on peut faire de la couverture
33:02uniquement financière
33:03pour, par exemple,
33:05positionner un terme
33:06qui serait juste
33:07à la fin de l'année
33:07et c'est juste
33:08un échange monétaire.
33:09Donc si vous avez vu,
33:11par exemple,
33:11que sur l'essence,
33:13il touche un vin,
33:15vous mettez une petite couverture
33:16financière corrélée
33:18quand même
33:18à votre business.
33:20Il ne faut pas que ce soit
33:20non plus d'une manière spéculative.
33:22Du coup,
33:22en fin d'année,
33:23on va constater un 60.
33:25Du coup,
33:25la banque va vous redonner
33:26ce gain,
33:27ce différentiel en trésor.
33:28Donc ça vous permet aussi
33:29de pouvoir avoir
33:30d'autres solutions.
33:30Il faut mixer le contrat,
33:32l'objectif,
33:33un peu d'outils
33:34et puis après,
33:35un peu de la partie financière.
33:36Et dernière question,
33:37puisque finalement,
33:38sur les matières premières,
33:39en règle générale,
33:39il y aura quand même
33:40un effet de taux de change.
33:41Comment on le protège finalement ?
33:43Comment on rajoute
33:44une protection ?
33:45J'imagine que c'est
33:46à peu près les mêmes outils.
33:47C'est un peu les mêmes outils,
33:48mais c'est pour ça que,
33:49par exemple,
33:50typiquement,
33:50quand vous avez la matière,
33:51vous allez noter
33:52votre matière première,
33:54le taux,
33:55le fixing,
33:55vous allez noter le fixing
33:56de la devise aussi.
33:57Là, paradoxalement,
33:58on a vu sur l'or
33:59encore récemment,
34:01l'or est monté
34:01très très haut
34:02et en fait,
34:04le dollar,
34:04il s'est renforcé.
34:05C'est contre-intuitif
34:06parce qu'en général,
34:07les deux peuvent être corrélés
34:09soit positivement
34:09soit négativement,
34:10mais on voit bien
34:11que l'or est resté
34:12un petit peu plus haut
34:13et que le dollar a commencé
34:14à se renforcer
34:15et l'or après a suivi.
34:16Donc, ça veut dire
34:17que quand vous avez fait ça,
34:18ça veut dire que vous avez
34:18une double peine,
34:19vous avez payé votre dollar
34:19plus cher et votre or
34:20un peu plus cher aussi.
34:22Donc, en général,
34:22quand vous avez les deux,
34:24il faut suivre.
34:25Donc, c'est ce que...
34:26Il ne faut peut-être pas
34:27couvrir à 100% sa devise
34:29et peut-être pas couvrir
34:29à 100% non plus sa matière.
34:31C'est pour ça qu'il faut
34:32suivre les deux indices
34:33pour pouvoir voir
34:34comment la corrélation évolue.
34:35En général,
34:36si vous vous couvrez
34:37parce que votre,
34:37c'est plus lié à la matière,
34:38il faut plutôt couvrir
34:39la matière
34:40et se laisser un peu plus
34:41de latitude sur le change
34:42s'il se repositionne
34:43parce que de toute façon,
34:44on voit bien
34:44que les gains et les pertes
34:45sur les matières
34:46vont beaucoup plus vite
34:47parce que quand vous passez
34:48de 100 à 120
34:49ou vous passez
34:51de 60 à 67,
34:53ça fait,
34:54en fonction des volumes,
34:55ça fait beaucoup plus
34:56d'argent en jeu
34:57alors que sur la devise,
34:59ça peut se pondérer un peu...
35:01Ça peut être plus faible
35:02en tout cas
35:03et ça peut s'amortir
35:03un peu plus doucement.
35:05Merci beaucoup,
35:06Olivier Lechevalier.
35:07C'est un plaisir de vous avoir.
35:08On a échangé avec vous
35:09en fait sur la partie
35:10comment on se protège
35:11notamment en l'occurrence
35:12quand on est petite
35:13et moyenne entreprise.
35:14On se retrouve dans un instant,
35:16on va discuter
35:16avec Benjamin Louvet
35:18qui nous rejoint
35:19sur un peu
35:19quel est l'avenir,
35:20comment on se profile.
35:21On va discuter aussi
35:22de solutions,
35:23notamment en termes
35:23de recyclage
35:24et d'un aperçu
35:25comment se positionne l'Europe
35:26dans tout ce spectre-là.
35:27On se retrouve donc maintenant
35:37pour échanger
35:38avec Benz Jamin Louvet.
35:39Vous êtes gérant
35:40en matière première
35:41chez Ofi Asset Management.
35:43Alors effectivement,
35:44les terres rares,
35:45vous ne les avez pas découvertes,
35:46j'oserais dire,
35:47ou en tout cas
35:47les métaux stratégiques
35:48uniquement avec l'actualité.
35:50Je crois que ça fait des années
35:51que vous couvrez le sujet
35:52et vous êtes l'un des experts
35:53dans le domaine en France.
35:54Déjà, le premier point,
35:58on va avoir un focus
35:59quand même assez européen
36:00et potentiellement français.
36:02Comment l'Europe se positionne ?
36:04Mon précédent invité,
36:05Yves Gégourel,
36:06qui était co-directeur de Cyclope,
36:07était plutôt assez optimiste
36:09en se disant que finalement
36:10l'Europe avait une stratégie
36:11et il y a des sujets.
36:13Mais concrètement,
36:13est-ce que vous avez partagé
36:14cet optimisme
36:15et voyez vraiment
36:16des initiatives se mettre en place ?
36:19Oui, bonjour Christopher.
36:20Oui, on voit des initiatives
36:21se mettre en place.
36:22Le problème maintenant
36:22a été clairement identifié
36:24et clairement pris en compte
36:25par les pouvoirs publics.
36:26On peut noter notamment
36:27le critical euro materiel act
36:28au niveau européen.
36:30Et en allant encore plus
36:32dans le détail,
36:34au niveau français,
36:36il y a eu un point de pivot
36:38en janvier 2022
36:39lorsque Philippe Varin
36:40a remis le rapport
36:42pour lequel il avait été mandaté
36:43par la présidence de la République
36:44pour proposer des solutions.
36:47Et dans le cadre
36:48des solutions proposées,
36:49il y avait notamment
36:49la mise en place
36:50d'un fonds partenariat public-privé
36:53dédié au développement
36:55des infrastructures
36:56autour des métaux
36:58et des minerais
36:59donc pour investir
37:01dans le secteur de la mine,
37:04dans le secteur du raffinage
37:05et dans le secteur du recyclage.
37:08Ce fonds a vu le jour.
37:09Il est aujourd'hui géré
37:10par une société
37:11qu'on connaît bien
37:11chez Ophi Invest AM
37:12puisque c'était une ancienne filiale
37:14d'Ophi Invest AM
37:15qui s'appelle Infravia.
37:16L'État a doté ce fonds
37:18de 500 millions d'euros
37:19et l'objectif est d'arriver
37:21à un montant total
37:22d'un milliard et demi
37:22à deux milliards
37:23pour pouvoir financer
37:25ce type de projet.
37:26Il y a également eu
37:27la mise en place
37:28du projet de recartographie
37:30du sous-sol français
37:31par le Bureau de recherche
37:32géologique et minière
37:33qui a commencé.
37:34On a les premiers éléments
37:35qui sont arrivés
37:36et on devrait avoir en 2026
37:38les résultats
37:39des premières études
37:40sur la partie pyrénène
37:42de la France
37:43mais il y a d'autres secteurs
37:44qui vont être également cartographiés
37:47et on aura la totalité
37:49des études
37:49aux alentours de 2029.
37:51Mais ce qui ressort
37:52c'est qu'il y a
37:52un potentiel minier.
37:53Maintenant ce qui va compter
37:54Christopher
37:55et c'est ça qui amène
37:56un petit peu plus de prudence
37:58c'est l'acceptabilité sociale.
38:00Quand vous parlez de mine
38:01en France ou en Europe
38:03la première image
38:04qui vient dans l'esprit des gens
38:05c'est Germinal.
38:08C'est Renaud
38:09sur la file du film Germinal
38:10avec la tête toute noire.
38:12Il faut savoir
38:12que c'était une mine de charbon
38:14donc c'était une mauvaise image
38:15ou les images
38:16des petits enfants
38:16qui sortent des trous
38:17dans la terre
38:18en République démocratique
38:19du Congo.
38:20Il va falloir
38:20qu'on comprenne
38:21que l'image de la mine
38:22doit changer
38:23parce que la mine
38:23est devenue plus responsable.
38:25Faire une mine
38:26ça a un impact
38:27sur la biodiversité
38:27ça a un impact
38:28sur l'environnement
38:29mais il faut aussi compter
38:30tous les impacts
38:31qui vont être enlevés
38:32avec l'arrêt
38:33de l'exploitation
38:33des énergies fossiles
38:34et quand on prend
38:35l'équation dans son ensemble
38:36et bien là
38:36on a un net bénéfice
38:38à passer sur ces énergies renouvelables.
38:39Oui vous avez raison
38:40finalement c'est l'aspect
38:41qui est global
38:42à prendre en considération
38:43en termes d'émissions
38:44et non pas uniquement
38:45sur un seul aspect.
38:46Alors je crois que c'était
38:47peut-être soit le germanium
38:48soit le gallium
38:49mais je crois que c'était
38:50les gouvernements portugais
38:51et espagnols
38:52qui ont non dans leur sous-sol
38:54mais qui avaient refusé
38:55justement d'ouvrir
38:55de nouvelles mines.
38:57Est-ce qu'on n'aurait pas
38:57une solution avec le recyclage ?
38:59Alors les Américains
39:00sont un peu plus avancés
39:00sur le recyclage
39:01alors Trump a aussi fait
39:02des effets d'annonce
39:03assez importants
39:04mais j'ai par exemple
39:05en tête Apple
39:06Apple
39:07donc on n'était pas
39:08sur une terre arme
39:09en l'occurrence
39:10sur le cobalt.
39:10C'était en 2023
39:11Apple avait mis en avant
39:13le fait qu'ils allaient
39:14recycler 100% du cobalt
39:16qui était présenté
39:17dans leur iPhone
39:18iPhone 17
39:19et en l'espace de deux ans
39:20ils ont atteint l'objectif
39:22là ils ont d'autres objectifs
39:23effectivement
39:23en termes de recyclage
39:24y compris notamment
39:25de terres rares.
39:26On a un peu l'impression
39:27quand même
39:28que cette stratégie
39:31du recyclage
39:31elle est plutôt
39:32du côté américain
39:33que du côté européen
39:35qui est un gros retard
39:36mais en tout cas
39:37dans tous les cas
39:38il y a une marge
39:38d'appréciation
39:39le précédent invité
39:40parlait de l'étain
39:41qui est notamment essentiel
39:43pour les panneaux solaires
39:44l'étain je crois
39:45au niveau mondial
39:46on doit être
39:46sur 30-35%
39:48de recyclage
39:48donc c'est vrai
39:49qu'il y a une marge
39:49d'appréciation énorme
39:50comment on se positionne
39:51dans ce domaine-là
39:52au côté européen ?
39:54Alors il y a des initiatives
39:55bien sûr
39:56mais il ne faut pas oublier
39:56une chose Christopher
39:57c'est que historiquement
39:59l'Europe
39:59et la France en particulier
40:01étaient très présentes
40:02dans le domaine
40:02des terres rares
40:03il faut rappeler
40:03que dans les années 90
40:04la France raffinait
40:05plus de 50%
40:06des terres rares du monde
40:07c'était Rhône-Poulim
40:08qui faisait ça
40:09à côté de la Rochelle
40:09aujourd'hui Solvay
40:10essaie de redévelopper
40:11ce raffinage
40:12pour la partie recyclage
40:13effectivement
40:13mais c'est important
40:16d'avoir ça en tête
40:17parce qu'il y a
40:18des découvertes
40:19qui ont été faites
40:19également en Suède
40:21de gros gisements
40:21de terres rares
40:23qui vont probablement
40:23être exploités
40:24dans les années qui viennent
40:25et donc avoir
40:26ces capacités de raffinage
40:27ça va être aussi
40:28quelque chose
40:28d'extrêmement important
40:29pour la partie recyclage
40:31on a quelques
40:32sociétés importantes
40:34en Europe
40:35donc il y a un potentiel
40:36de développement
40:38et Eramet
40:39a également mis en place
40:40des solutions
40:41de recyclage
40:42pour ce qu'on appelle
40:43la black mass
40:43pour les batteries
40:44des véhicules électriques
40:45mais plus globalement
40:47Christopher
40:48il faut bien avoir en tête
40:49une chose
40:49c'est que le recyclage
40:50c'est très important
40:51de le penser
40:51à long terme
40:52parce que
40:53la transition énergétique
40:55est une vraie chance
40:55pour l'Europe
40:56je vous rappelle
40:56qu'aujourd'hui
40:57on est extrêmement dépendant
40:58énergétiquement
40:59puisqu'on dépend essentiellement
41:01des énergies fossiles
41:02et qu'il y en a peu
41:03en Europe
41:03passer sur des énergies
41:05renouvelables
41:05ça veut dire
41:06passer sur des technologies
41:07qui sont basées
41:07sur des métaux
41:08et si on met en place
41:09le raffinage
41:09à terme
41:10ça veut dire que
41:11lorsque les éoliennes
41:12arriveront en fin de vie
41:13les batteries arriveront
41:14en fin de vie
41:14les panneaux solaires
41:15arriveront en fin de vie
41:15on pourra les recycler
41:16et refaire des éoliennes
41:17des panneaux solaires
41:18et des batteries
41:19de véhicules électriques
41:20donc on acquérirait
41:21une souveraineté énergétique
41:24que l'on n'a pas aujourd'hui
41:25donc ça c'est extrêmement important
41:26donc il faut se pencher
41:27vraiment sur cette problématique
41:28du recyclage
41:29aujourd'hui
41:30il faut quand même
41:31avoir en tête une chose
41:31c'est qu'on a
41:33pour ces métaux
41:34que ce soit le lithium
41:36que ce soit le cobalt
41:37que ce soit les terres rares
41:39on a beaucoup
41:40de nouveaux usages
41:41liés à la digitalisation
41:43liés au développement
41:44des énergies renouvelables
41:45et ces nouveaux usages
41:46ils vont nécessiter
41:47une immobilisation
41:49pendant plusieurs dizaines d'années
41:51une éolienne
41:51à une durée de vie
41:52de 20 à 25 ans
41:53pareil pour un panneau solaire
41:54et donc
41:55la problématique qui se pose
41:56c'est pour la dizaine
41:57la quinzaine d'années
41:58qui vient
41:59jusqu'au moment
42:00où les premières générations
42:01d'éoliennes et de panneaux solaires
42:02vont arriver
42:02en fin de vie
42:03et où on pourra vraiment
42:05accélérer sur ce recyclage
42:06mais pour les 10 à 15 ans
42:07qui viennent
42:07il y a une étude très intéressante
42:09qui a été faite
42:09par l'université de Louvain
42:10pour le compte
42:11d'Eurométo
42:13en Europe
42:13et qui dit que
42:14le recyclage aura
42:15un impact réellement important
42:17compte tenu
42:17de ces nouveaux usages
42:18et de leur durée
42:19d'immobilisation
42:19à partir d'environ 2040
42:22c'est-à-dire
42:22d'ici une quinzaine d'années
42:23jusque-là
42:24on va rester très dépendants
42:26d'acteurs étrangers
42:27pour nos approvisionnements
42:28mais il faut préparer
42:30ce recyclage
42:30pour que
42:31après cette indépendance énergétique
42:32et cette indépendance
42:33en termes de souveraineté métallique
42:35soit la base en Europe
42:36Benjamin
42:37vous m'excuserez
42:38pour la dernière question
42:39mais on a quand même aussi
42:40beaucoup d'auditeurs
42:41et téléspectateurs
42:41qui sont désépargnants
42:43qui investissent
42:43sur les marchés financiers
42:44et vous êtes gérant
42:45donc je pense que
42:46vous êtes la personne
42:47la plus adaptée
42:48pour répondre à cela
42:49pour un épargnant
42:51aujourd'hui
42:51qui souhaiterait
42:52jouer cette thématique
42:53métaustratégique
42:54au sens large
42:55que ce soit recyclage
42:56terre rare etc
42:57vous lui conseillez
42:58quoi
42:59quel type d'approche
43:00et surtout
43:00quels sont les risques
43:01est-ce qu'il y a un risque
43:02notamment de forte volatilité
43:04qu'on ne retrouvera pas
43:05sur typiquement
43:06tous les types d'investissement
43:07Oui alors
43:09Christopher
43:09vous le savez
43:09je suis gérant
43:10donc je ne peux pas
43:11donner de conseils
43:12donc je peux donner
43:12des grands principes
43:13Tout à fait
43:14La première chose
43:14c'est qu'effectivement
43:15ces matières premières
43:16sont très volatiles
43:17parce que le prix
43:18d'une matière première
43:19est fixé spot
43:20c'est-à-dire au comptant
43:21immédiatement
43:22en fonction de l'équilibre
43:23et de la demande
43:23donc dès qu'il y a
43:24une modification côté production
43:25ou un fort accroissement
43:28de la demande
43:28ou au contraire
43:29un fort ralentissement
43:30de la demande
43:31immédiatement
43:32il y a un ajustement
43:32par le prix
43:33donc ces matières
43:34bougent beaucoup
43:35il faut en tenir compte
43:36dans une constitution
43:37de portefeuille
43:37donc ça doit être
43:38un actif de diversification
43:40c'est la première chose
43:41La deuxième chose
43:42vous avez différents moyens
43:43de jouer cette thématique
43:45la première
43:45c'est d'aller sur
43:47les valeurs du secteur
43:48des énergies renouvelables
43:50ou des secteurs
43:51de la transition énergétique
43:52c'est un secteur
43:53qui n'est pas forcément facile
43:54parce qu'on est dans
43:55une concurrence internationale
43:56forte avec les sociétés chinoises
43:58et avec les sociétés américaines
44:00et on voit bien
44:01qu'il y a eu
44:01quelques déboires
44:03notamment dans le domaine
44:04des batteries
44:04avec la faillite de Norvolt
44:07dans le domaine
44:08des éoliennes également
44:09ça a été assez compliqué
44:10donc c'est un secteur
44:11au travers de ces actions
44:13qui est peut-être
44:14un petit peu difficile
44:14ensuite vous pouvez aller
44:15sur les actions minières
44:16mais il faut bien comprendre
44:17que quand vous allez
44:18chercher des actions minières
44:19vous allez généralement
44:20avoir des acteurs
44:21qui vont être
44:22pluridisciplinaires
44:23donc qui ne vont pas
44:24vous permettre
44:24de vous focaliser
44:25sur un métal
44:26ou sur un groupe
44:28de métaux
44:29donc il faut être bien vigilant
44:31et puis très souvent
44:31vous en parliez juste avant
44:32avec votre invité
44:33ces sociétés sont cotées
44:35dans des devises étrangères
44:36donc il faut aussi
44:37faire attention
44:37aux risques de change
44:39l'autre moyen
44:40c'est les produits
44:41d'exposition direct
44:42au prix des métaux
44:42vous avez des
44:44des ETC
44:45qui existent
44:46donc des sortes
44:47d'ETF dédiés
44:48aux matières premières
44:48vous pouvez trouver
44:49des indices
44:49assez globaux
44:51de matières premières
44:53là encore
44:53il faut faire attention
44:54s'ils sont couverts
44:56contre le risque
44:56de change
44:57ou pas
44:58et puis vous avez
44:58des solutions
44:59sous forme
44:59de fonds d'investissement
45:00c'est ce qu'on propose
45:00nous chez Rofi Invest
45:01Asset Management
45:03où là
45:04en plus d'avoir
45:05une sélection
45:05de métaux
45:06vous allez avoir
45:07l'équipe de gestion
45:09qui va pouvoir
45:11en fonction
45:12des évolutions technologiques
45:13notamment
45:13faire varier
45:14la composition
45:15du panier
45:16de métaux
45:18auxquels on est exposé
45:19pour essayer
45:19de toujours
45:20être positionné
45:21sur les métaux
45:22sur lesquels
45:22les enjeux stratégiques
45:23sont les plus importants
45:24voilà vous avez
45:25ces différents types
45:26de solutions
45:26mais en gardant bien
45:28en tête
45:29qu'en fonction
45:29de votre tolérance
45:31aux risques
45:31ça doit rester
45:32un actif
45:33de diversification
45:33et sa portion
45:34doit être limitée
45:36dans votre portefeuille
45:37merci beaucoup
45:37Benjamin
45:38c'était limpide
45:38et je pense
45:39pour n'importe quel type
45:40d'investisseur
45:40c'était ce qu'il souhaitait
45:41savoir
45:41les grandes lignes
45:42la prudence
45:43effectivement
45:43la volatilité
45:44et maintenant
45:45la dernière partie
45:47de cette émission
45:47spéciale
45:48sur les terres rares
45:48on retrouve
45:49Mathieu Jolivet
45:50on va discuter
45:51bien évidemment
45:52géopolitique
45:52mais aussi un peu
45:53histoire je crois
45:54tout pour investir
45:55la masterclass
45:56quand le monde s'affole
45:58alors je crois
46:02qu'aujourd'hui
46:02le sujet
46:03ça va être bien sûr
46:03la géopolitique
46:04la thématique
46:05c'est quand le monde
46:06s'affole
46:06mais vous vouliez
46:06apprendre aussi
46:07une perspective
46:07un peu historique
46:08pour nous parler
46:08des terres rares
46:09oui parce que
46:10l'histoire économique
46:11et diplomatique
46:11en fait
46:12elle regorge d'exemples
46:13ou le contrôle
46:13d'une ressource vitale
46:15comme les terres rares
46:15s'est transformée
46:16en arme de négociation
46:18et en chantage commercial
46:19on va faire
46:19une petite plongée historique
46:20j'aimerais vous emmener
46:21à Venise
46:22Venise et les épices
46:23Venise pendant la renaissance
46:25entre le 13e et le 15e siècle
46:27contrôlait à elle seule
46:28tout le commerce des épices
46:29on parle de poivre
46:31de cannelle
46:31de muscade
46:32c'était un bien de luxe
46:33très recherché en Europe
46:34et pas uniquement
46:35pour relever les plats
46:36c'était bien plus important
46:37que cela
46:37les épices
46:38elles étaient absolument
46:39indispensables
46:40pour la conservation
46:41des aliments
46:41mais aussi pour la médecine
46:43un peu comme le sont
46:43aujourd'hui
46:44les terres rares
46:45pour la transition énergétique
46:46ou pour la tech
46:47donc Venise à l'époque
46:48fixait les prix
46:49dirigeait la logistique
46:50imposait ses conditions
46:51à toute l'Europe
46:52exactement comme la Chine
46:53aujourd'hui
46:53qui raffine plus
46:54de 90%
46:56des terres rares
46:57dans le monde
46:57les vénitiens
46:58ils ont contrôlé
46:59les épices
47:00à l'époque
47:00le prix du poivre
47:01était majoré
47:01de 40%
47:02le prix des épices
47:03était multiplié par 100
47:05entre l'endroit d'origine
47:06et leur arrivée
47:07en Europe
47:07mais comme toute domination
47:09sur une ressource
47:10à une fin
47:11le monopole vénitien
47:12s'est effondré
47:13avec quoi ?
47:14avec l'arrivée
47:15des portugais
47:15puis des hollandais
47:16qui ont ouvert
47:17de nouvelles routes
47:18directes vers l'Asie
47:19ils ont contourné
47:20en fait le géant vénitien
47:21tout comme l'Europe
47:22et les Etats-Unis
47:23s'efforcent aujourd'hui
47:23de sortir de leur dépendance
47:25de trouver
47:26de nouveaux fournisseurs
47:28d'investir
47:28dans des alternatives
47:30locales
47:31écoutez d'ailleurs
47:31le commissaire européen
47:33en charge de la stratégie
47:34industrielle
47:35Stéphane Séjournet
47:36il était auditionné
47:37au Sénat
47:38le 15 octobre dernier
47:39il y a une forme d'urgence
47:41de la situation
47:43avec une Chine
47:45de plus en plus agressive
47:46qui y compris
47:48joue de nos dépendances
47:49le sujet
47:50des matières premières
47:51devient maintenant
47:52critique
47:52pour un certain nombre
47:54d'entreprises
47:55européennes
47:56avec des licences
47:57à l'importation
47:58depuis la Chine
47:59de terres rares
48:00qui sont de plus en plus
48:02difficiles à obtenir
48:03des conditions
48:03pour les obtenir
48:04qui sont des fois douteuses
48:06avec des demandes
48:07exorbitantes
48:08qui sont demandées
48:09à nos entreprises
48:09en termes de documentation
48:11de production
48:11même de secrets industriels
48:13tout cela
48:14il faut que ça cesse
48:15l'Europe se réveille finalement
48:17exactement
48:18et cherche des alternatives
48:19vous vous rappelez
48:20on en a parlé
48:20il n'y a pas très longtemps
48:21de ce partenariat stratégique
48:23qu'on vient de conclure
48:24avec l'Indonésie
48:25c'est justement
48:26une solution alternative
48:28à la Chine
48:29un peu comme
48:30les Portugais
48:31qui cherchaient
48:31une solution alternative
48:33pour les épices
48:34à l'époque des Vénitiens
48:35mais vous nous rappelez
48:36que finalement
48:36ce type d'hégémonie
48:38sur certaines matières premières
48:39ce n'est pas du tout nouveau
48:40il y avait Venise
48:41mais c'est systématiquement
48:43l'histoire
48:43en fait c'est l'histoire
48:44qui se répète
48:45c'est ça qui est toujours
48:45assez fascinant
48:46vous prenez par exemple
48:48la compagnie des Indes
48:49d'accord
48:50là on parle d'un monopole
48:51qui était couplé
48:52à une stratégie de chantage
48:53d'intimidation
48:54qui était
48:54on passe un cran au-dessus
48:56pourquoi ?
48:58parce que
48:58la compagnie des Indes
49:00est allée jusqu'à imposer
49:02son commerce
49:02contre la volonté
49:04des pays clients
49:05et allée mener ça
49:06jusqu'à la guerre
49:07du 17ème au 19ème
49:08la compagnie des Erdes
49:09elle obtient de la couronne
49:10le monopole du commerce
49:12vers l'Asie
49:12pour le thé
49:13le coton
49:14la soie
49:15et surtout
49:16l'opium
49:17au début
49:18il s'agit d'une domination
49:18commerciale classique
49:19elle va fixer les prix
49:21contrôler les routes
49:22interdire toute concurrence directe
49:24et vous verrez le parallèle
49:25avec aujourd'hui
49:26même Donald Trump
49:27qui va faire sa guerre commerciale
49:28au nom du déficit commercial
49:30et bien à l'époque
49:31la compagnie des Indes
49:33et l'Angleterre derrière
49:34ne va pas apprécier
49:35son déficit de balance commerciale
49:38avec la Chine
49:39c'est-à-dire que
49:40les Britanniques
49:40achètent
49:41beaucoup plus
49:42de thé
49:43à la Chine
49:45que la Chine
49:46ne leur achète
49:46de produits
49:47et pour rééquilibrer ça
49:48qu'est-ce qu'ils vont faire ?
49:50ils vont
49:50se servir de l'opium
49:52qu'ils vont
49:53importer
49:54massivement d'Inde
49:56pour la cheminer
49:57vers la Chine
49:58la Chine va essayer
49:59de bloquer
49:59ces importations
50:00d'opium
50:01mais la Couronne
50:02va mener
50:04ces deux guerres d'opium
50:05et imposer
50:05ces tarifs
50:06donc voilà
50:06là on passe
50:07un cran au-dessus
50:07mais c'est toujours
50:08un peu la même histoire
50:09de le dominant
50:11qui a accès
50:12à une route stratégique
50:14ou à une matière première
50:15et qui
50:16en situation
50:17de monopole
50:18impose ses règles
50:19ces tarifs
50:20ça peut aller jusqu'à la guerre
50:21et vous aviez aussi
50:22je crois
50:22le dernier exemple
50:23que vous souhaitiez mettre
50:24en avant
50:24c'était le caoutchouc
50:25oui
50:25le caoutchouc
50:26à la fin du 19ème siècle
50:27et jusqu'au début du 20ème
50:29c'est le Brésil
50:30qui bénéficie
50:31d'un quasi-monopole mondial
50:32sur le caoutchouc
50:34à l'époque
50:34c'est le seul
50:35qui peut avoir
50:36de la CFDVA
50:37et ça accompagne
50:38toute la révolution
50:39industrielle
50:40qui est en marche
50:41mais en fait
50:42ce qui est intéressant
50:43à ce moment-là
50:43c'est que ce monopole brésilien
50:45il va prendre fin
50:46avec une histoire
50:46d'espionnage botanique
50:48on est en 1876
50:50vous avez
50:50Henry Wickham
50:51un britannique
50:52qui va exporter
50:53clandestinement
50:5474 000 graines
50:56d'EVA
50:56d'Amazonie
50:57vers Londres
50:58sur ces dizaines
50:59de milliers de graines
51:00vous avez seulement
51:0111 plants
51:02qui vont survivre
51:03à Londres
51:03et qui seront envoyés
51:04à Singapour
51:05puis en Malaisie
51:06dès 1877
51:08et ce qui est fascinant
51:09c'est que
51:09ces 11 plants
51:10ils sont aujourd'hui
51:12à l'origine
51:12de 90%
51:14des EVA
51:15plantés
51:15dans le monde
51:16c'est donc
51:17c'est une victoire
51:18de l'agronomie
51:19mais aussi
51:20de l'espionnage
51:21industriel
51:21le parallèle
51:23du caoutchouc brésilien
51:24avec la Chine
51:24et ses terres rares
51:25là encore
51:25c'est l'histoire
51:26d'un quasi-monopole
51:27sur l'approvisionnement
51:29alors la limite
51:30du parallèle
51:30c'est que c'est sûr
51:31on ne va pas aller
51:31voler un peu de terres rares
51:33pour les planter en Europe
51:34mais il y a quand même
51:34une leçon à retenir
51:35c'est qu'à chaque fois
51:37qu'il y a une domination
51:38stratégique sur un produit
51:39et bien ça incite
51:41tous ceux
51:42qui le subissent
51:43à innover
51:44et à se diversifier
51:46et peut-être pour conclure
51:47sur ce sujet
51:48une petite citation
51:50que je vous ai ressortie
51:52en fait c'est une maxime
51:53d'Adam Smith
51:54dans le livre 2
51:55de la richesse des nations
51:57en 1776
51:58voilà ce qu'écrit
51:59Adam Smith
52:00il nous dit
52:01tout pour nous
52:02et rien pour les autres
52:03voilà la ville maxime
52:05qui paraît avoir été
52:06dans tous les âges
52:07celle des maîtres
52:08de l'espèce humaine
52:09c'est une excellente conclusion
52:10merci beaucoup Mathieu
52:12on se retrouve la semaine prochaine
52:14pour
52:14quand le monde s'affole
52:15merci à tous
52:16pour votre fidélité
52:17merci également
52:18j'espère que cette émission spéciale
52:20sur les terres rares
52:20vous a plu
52:21vous pouvez nous réécouter
52:22en replay
52:23nous partager
52:24sur les réseaux sociaux
52:25également
52:25très bon week-end
52:26et maintenant
52:27c'est la place
52:27à l'immobilier
52:28tout pour investir
52:31la masterclass
52:32sur BFM Business
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