00:00Good morning business, parole de patron.
00:04Yann Giano, bonjour, vous êtes le président de La Forêt France, on va évidemment parler immobilier avec vous,
00:09avec ce fameux statut du bailleur privé attendu depuis, je ne sais pas, des dizaines d'années, une bonne dizaine d'années,
00:16je pense qu'on en parle sur cette antenne.
00:18Il y a eu un espoir avec ce vote à l'Assemblée Nationale, mais un statut très amendé, très modifié.
00:24Hier, Marie-Cœur Doran nous racontait sur cette antenne que si vous prenez le statut, c'est moins intéressant que si vous ne le prenez pas.
00:29C'est quand même assez décevant.
00:31C'est décevant, en effet.
00:32C'est un statut qui a été porté par la précédente ministre du Logement, Valérie Létard, qui a écouté la filière,
00:38qui a compris qu'on avait besoin d'investisseurs privés en France, de bailleurs privés en France,
00:44et donc qui a compris que ces bailleurs privés avaient besoin aujourd'hui d'un socle de lisibilité fiscale.
00:51Ce n'était pas la panacée, mais c'était déjà une première étape, et on leur disait,
00:54vous êtes des acteurs à part entière du logement, et vous méritez ce statut du bailleur privé.
01:00Et c'est vrai qu'au fil des débats, au fil des amendements, il a perdu de son intérêt,
01:05notamment dans l'immobilier ancien.
01:07Alors, on va voir ce qui va se passer au Sénat, on va voir ce qui va se passer en commission.
01:11Oui, ce n'est pas fini.
01:11Paritaire, ce n'est pas fini, mais en tout cas, ce n'est pas aussi bien engagé que ça aurait dû l'être.
01:16Le sujet, c'est que si votre rentabilité n'est pas assez intéressante, vous n'avez pas intérêt à louer,
01:22vous nous confirmez ce matin que la tension locative est toujours à son comble.
01:25Oui, toujours. On n'a jamais eu une tension locative aussi importante de chiffres.
01:30On a un stock de biens disponibles à la location qui a reculé de 31% en deux ans,
01:37et on a une demande locative qui a, dans le même temps, augmenté 36%.
01:41Donc, on voit bien l'effet ciseau.
01:43Celles et ceux qui pouvaient devenir propriétaires par le passé, les primo-accédants, ne peuvent plus aujourd'hui.
01:48Ils restent dans leur logement et les nouveaux endroits ne trouvent pas de déboucher.
01:50Oui, il n'y a pas de mobilité, en fait.
01:51Non, non, il y a très peu de mobilité.
01:52Ça ne bouge pas.
01:52Très peu de mobilité.
01:53Ce qui veut dire que toute personne qui rentre avec un bien à louer dans une agence chez vous
01:58trouve preneur en quelques secondes ?
02:00Ah oui, ça va extrêmement vite. D'ailleurs, c'est frustrant pour nous.
02:02On ne publie très peu de nos annonces parce qu'on a des candidats locataires
02:07qui viennent nous voir avec des dossiers complets, bordés, des cautions.
02:11Tous les documents qu'il faut et qui nous disent « mais je veux prendre ce logement ».
02:14Mais la demande est telle qu'on ne peut pas satisfaire.
02:17Ça crée beaucoup de frustration, beaucoup d'agressivité qu'on comprend.
02:20Aussi côté locataires qui sont dépourvus, qui ne peuvent pas poursuivre leurs études,
02:25qui ne peuvent pas prendre un emploi, qui ne peuvent pas accepter une mobilité professionnelle, évidemment.
02:29Ça bloque évidemment dans les choix de vie.
02:31Quand vous voyez des propriétaires qui sortent un bien du marché,
02:35la raison c'est la rentabilité locative, c'est le comportement des locataires.
02:38C'est quoi ? C'est un changement de braquet ?
02:41Ce n'est pas tant la rentabilité que le ras-le-bol de règles changeantes.
02:48Alors, climat et résilience pour la rénovation énergétique,
02:52une taxe foncière qui a augmenté globalement de plus de 20% au cours des cinq dernières années.
02:57Et ce n'est pas terminé.
02:59Un encadrement des loyers qui va tomber également à un moment.
03:02Il faut bien comprendre qu'un investisseur, il prend un papier, une calculatrice, un stylo,
03:06il regarde le reste à charge qu'il va avoir dans son investissement.
03:10Et quand les règles du jeu changent en cours de jeu, il est souvent déçu, dégoûté.
03:15Et il remet son bien en effet sur le marché en se disant, je vais arrêter de m'embêter avec ça.
03:19Cette nouvelle hausse de la taxe foncière où on va remettre des critères de confort pour augmenter le prix,
03:27il y avait le syndicat des propriétaires qui disait, mais c'est impossible à vérifier,
03:30vous allez compter le nombre de toilettes dans chaque logement, ce n'est pas possible.
03:33Vous en pensez quoi ?
03:34Oui, c'est ça.
03:35Il va falloir qu'on remette derrière encore une nouvelle administration
03:37qui va vérifier qu'on ait bien le confort qui soit prétendu.
03:43Je crois qu'on est dans le délire fiscal, dans le matraquage fiscal.
03:46C'est le concours l'épine.
03:47Nous, notre côté logement tous les jours, on a l'impression que tout est fait pour pénaliser le logement
03:54et faire en sorte que les Français soient encore plus dans la panade
03:57pour accéder que ce soit au logement social, pour devenir propriétaire pour la première fois
04:01ou pour devenir locataire.
04:03Donc le logement, c'est certain, n'a pas été placé au centre des priorités nationales.
04:08Et pourtant, le logement, c'est l'éducation, c'est l'emploi, c'est la mobilité, c'est la sécurité,
04:13c'est la stabilité et c'est le patrimoine.
04:15Pourtant, quand on regarde les chiffres des transactions immobilières,
04:17mais là pas sur le logement, sur les ventes, ça repartait un peu sur l'année 2025.
04:23Le marché immobilier aujourd'hui va nettement mieux.
04:26Ce n'est pas la panacée, mais ça va mieux.
04:28On va faire plus de 900 000 transactions au niveau national,
04:31ce qui est un dimensionnement finalement, un gabarit de transactions assez normal.
04:35Sous le million, assez sain.
04:35On emprunte à des taux d'intérêt qui sont là encore assez normaux, entre 3 et 3,5%.
04:43Et on voit que les Français, justement, ont bien compris que c'était une fenêtre.
04:47Celles et ceux qui peuvent prétendre à financer ou qui n'ont pas besoin de financer,
04:51c'est une fenêtre favorable pour l'achat.
04:54Mais ceux aujourd'hui qui font majoritairement tourner le marché immobilier,
04:57ce sont les secondos accédants, celles et ceux qui étaient déjà propriétaires,
05:01qui vendent un logement pour en acheter un nouveau.
05:03Il y a deux catégories à la peine.
05:04Les primo-accédants, qui n'arrivent pas à réunir l'apport nécessaire dont ils ont besoin
05:09pour pouvoir emprunter.
05:10C'était à peu près, il y a 7 ans, c'était plus de 50% des achats,
05:14les primo-accédants.
05:16Aujourd'hui, c'est 30%.
05:17Et puis les investisseurs, là encore, entre 2019 et 2025,
05:22on a perdu 10 points d'investisseurs.
05:24On est passé de 27% d'investissement locatif dans le cadre des achats
05:27au sein du réseau La Forêt, à aujourd'hui 17%.
05:30Donc deux catégories qu'il faudrait aider, mais ce n'est pas le cas.
05:34Sur les questions de transmission, on essaie de pousser un peu
05:36pour pouvoir avoir justement un apport suffisant
05:39avec des propositions qui ont été votées à l'Assemblée nationale
05:42pour permettre aux grands-parents de donner plus d'argent
05:45ou aux parents si c'est dans le cadre d'un bien immobilier.
05:47Ça, ça vous a aidé un peu ?
05:48Oui, c'est un signal positif, mais on entend tout aujourd'hui
05:54sur les transmissions, sur le patrimoine, sur la fiscalisation,
05:59sur la taxation.
06:00Donc un certain nombre de Français, aujourd'hui,
06:02sont totalement en attente et, je crois,
06:05dans une défiance encore plus importante,
06:08encore plus profonde vis-à-vis de la fiscalité en France.
06:11Merci beaucoup Yann Giano d'être venu ce matin
06:13dans la matinale de l'économie, le président de La Forêt France.