00:00Good morning business, parole de patron.
00:03Notre libre antenne patronale.
00:05Bonjour François Bergerot, vous êtes le cofondateur de l'atelier des chefs.
00:08Vous faites de la formation.
00:09Au départ, vous faisiez quasiment que des formations cuisine.
00:12Vous vous êtes diversifié au fur et à mesure.
00:14On entendait dans le journal Amélie de Montchalin parler des niches fiscales,
00:17de ce qu'elle va toucher, pas toucher.
00:19Il y a toujours quand même ce débat sur les économies.
00:21Vous-même, les économies, vous êtes déjà dedans.
00:23Parce que sur la question de la formation, déjà ça a été raboté depuis le mois de juillet.
00:28Mais avant de parler vraiment du détail sur la question des apprentis
00:31et de l'impact sur votre business à vous,
00:33comment vous sentez cette rentrée sur le plan social et patronal ?
00:37Alors sur le plan social et patronal, elle est assez compliquée cette rentrée.
00:41En fait, on entend l'appel à la grève générale du 10 septembre.
00:44On se dit qu'on n'a pas besoin de ça.
00:46En ce moment, on a envie de stabilité, on a envie de calme,
00:49on a envie de pouvoir développer nos entreprises.
00:51Et puis ensuite, il y a eu l'annonce de François Bayrou
00:52qui n'a pas rajouté beaucoup de sérénité à cette rentrée.
00:56Sur le fond, on est assez aligné avec ce que dit Bayrou.
01:00C'est-à-dire qu'il faut clairement faire des efforts,
01:03il faut clairement que tout le monde s'y mette.
01:06Et moi, c'est ce que j'aime dans ce discours,
01:07c'est qu'en fait, on demande des efforts à tout le monde.
01:09Ce qui m'inquiète le plus, c'est que tout de suite,
01:11on dit oui, mais on a fait beaucoup de cadeaux aux entreprises,
01:12donc il faut aller chercher l'argent dans les entreprises.
01:15Il ne faut pas oublier qu'en fait, les cadeaux qu'on a fait aux entreprises,
01:18c'est comme quand on vous prend quelque chose
01:21et tout d'un coup, on vous dit bon, on vous en prend un peu moins.
01:23En fait, les cadeaux qu'on a fait aux entreprises,
01:24c'est juste qu'on a arrêté de leur en prendre énormément
01:26pendant une période qui malheureusement a été un peu éphémère.
01:30Donc aujourd'hui, on rentre dans cette rentrée comme des entrepreneurs,
01:33donc c'est-à-dire plein d'optimistes, plein d'envies,
01:35plein d'envie de faire bouger les choses,
01:37mais avec quand même une petite épée de Damoclès au-dessus de la tête
01:39qui fait un peu peur.
01:40On entendait l'APEC nous dire qu'en termes d'intention d'embauche
01:43d'ici la fin de l'année, on est à des niveaux les plus bas
01:46depuis 2021 pour le troisième trimestre
01:48et l'enquête a été faite en juin,
01:49donc ça ne doit pas s'arranger.
01:50Aujourd'hui, 8% des entreprises comptent embaucher des cadres
01:53au troisième trimestre, c'est très peu.
01:56Est-ce que vous aussi, vous avez mis sur pause
01:57un certain nombre de projets d'embauche ?
02:00En fait, c'est ça, c'est ce qui est dramatique,
02:01c'est qu'en fait, on ne parle que des mauvaises nouvelles,
02:04mais il ne faut pas oublier une chose,
02:04c'est que depuis quelques années,
02:05on avait quand même réussi à ralentir
02:09ou voire même faire baisser le chômage en France.
02:12Donc c'était quand même un vrai succès,
02:13il ne faut pas oublier qu'il y a quelques années,
02:15c'était le sujet dont tout le monde parlait.
02:16Et puis c'était devenu un non-sujet.
02:18Et c'est devenu un non-sujet,
02:19or donner un job à des gens,
02:21c'est ce qui est absolument fondamental.
02:22Et effectivement, qui donne ces emplois ?
02:25Ces emplois, c'est les entreprises
02:26qui vont donner ces emplois,
02:27et donc des entreprises comme les nôtres,
02:29c'est-à-dire notamment des PME ou des...
02:31Vous avez combien de salariés aujourd'hui ?
02:32On a 230 salariés.
02:34230 salariés, il ne faut pas oublier
02:35qu'on reproche beaucoup les aides Covid.
02:37Donc notre ancien métier,
02:39c'était des cours de cuisine.
02:40Donc au moment du Covid,
02:41on a été obligé de fermer tous nos ateliers.
02:43Et donc on a été aidé à ce moment-là.
02:44Alors une partie, c'était du PGE
02:46qu'on a fini par rembourser.
02:47Donc ce n'est pas de l'aide,
02:48c'est une dette qu'on a payée.
02:51On a même payé un peu d'intérêt là-dessus.
02:52Donc pas beaucoup, c'est vrai,
02:53mais un peu d'intérêt là-dessus.
02:55Donc on l'a remboursé.
02:56Donc l'entreprise n'a pas été...
02:57Il n'y a pas eu de cadeau,
02:58il y a eu une avance.
02:59Et ça nous a permis de sauver,
03:01à l'époque, 80 emplois.
03:03Et ce qui nous a permis de repartir
03:04sur notre nouveau métier
03:05qui est la formation
03:06à tous ces métiers de l'artisanat.
03:08Et maintenant, on a 230 salariés.
03:10Donc en fait, il faut voir aussi
03:11les côtés bénéfiques
03:12de tout ce qui a été donné aux entreprises.
03:14Si ces 230 salariés,
03:15on ne les avait pas recrutés
03:17et si on avait même fermé
03:18nos ateliers à l'époque,
03:20en fait, ça ferait 80 salariés en moins
03:22plutôt que 150 salariés en plus.
03:24Donc en fait, il faut voir les bons côtés.
03:26Maintenant, là où vous avez raison,
03:28c'est qu'aujourd'hui,
03:29qu'est-ce qu'on se pose, nous, comme question ?
03:31On se dit, est-ce que c'est le moment
03:32d'investir, de continuer à faire grossir
03:35nos entreprises
03:35et de passer de 230 à 250 à 300 employés ?
03:39Est-ce que c'est le moment
03:39d'augmenter nos employés ?
03:41Ou est-ce qu'au contraire,
03:42c'est le moment de garder notre trésorerie ?
03:44Et alors c'est quoi votre choix,
03:45le 27 août à 8h40 ?
03:47Moi, je refuse le déclinisme.
03:50Donc je refuse de me dire
03:51que ce monde autour de nous
03:54doit m'obliger à couper tous les coups.
03:57Donc je n'ai pas envie de m'arrêter
03:58pour l'instant.
03:59Et en plus, on est dans une période
04:00où l'atelier des chefs se porte bien
04:02parce qu'on forme à des métiers
04:04réellement en tension.
04:05Est-ce que ça veut dire
04:07que pour autant, vous vous embauchez ?
04:08Donc oui, on continue à embaucher.
04:10Pour vous donner une idée,
04:12la semaine dernière,
04:13on a encore fait rentrer 10 personnes
04:14dans notre entreprise.
04:15Donc oui, on continue à embaucher.
04:17Maintenant, je dois vous avouer
04:18que la sérénité n'est pas tout à fait la même
04:20que celle que j'avais
04:21quand j'embauchais il y a un an
04:22ou un an et demi.
04:23Notamment parce que les règles
04:23sur l'apprentissage ont changé aussi.
04:25Désormais, ça coûte plus cher
04:27à l'employeur et à l'apprenti.
04:29C'est-à-dire qu'il faut qu'il participe.
04:31Est-ce que vous avez vu
04:31un impact direct de cette mesure ?
04:34Oui, alors, nous,
04:35il y a un impact direct immédiat.
04:37C'est que pour former la même personne
04:40de la même façon au même métier,
04:42on nous a déjà retiré 20% de financement.
04:44Donc c'est pour que les gens comprennent bien.
04:47Vous faites un budget tout au long de l'année.
04:50Vous dites, voilà, mon salaire,
04:52ça va être tant.
04:53Et tout d'un coup, on vous dit,
04:54en fait, votre salaire va baisser de 20%.
04:56En fait, tout le monde est assez intelligent
04:58pour comprendre que quand on vous baisse
04:59votre salaire de 20%,
05:00tout d'un coup, votre niveau de vie
05:02va un peu changer.
05:03Eh bien, nous, c'est exactement pareil.
05:05C'est-à-dire qu'on fait un budget
05:06avec des embauches,
05:07avec des augmentations de salaires,
05:08avec des investissements.
05:10Et tout d'un coup, on nous dit,
05:11ah bah tiens, en fait, on va te baisser
05:13ta prise en charge de 20%.
05:15Ce n'est pas, on va faire 5% cette année,
05:175% l'année prochaine,
05:185% l'année d'après,
05:19pour qu'on puisse...
05:19C'est 20% d'un coup.
05:20Donc ça, ça a été assez violent.
05:22Et puis, la deuxième chose,
05:23et je voyais un reportage sur RMC,
05:27ce matin, BFM,
05:28qui disait qu'il y avait un artisan bouché
05:29qui était en train de fermer,
05:32comme 30 000 entreprises sont en train
05:33de fermer en ce moment.
05:35Et en fait, nous, ce dont on se rend compte,
05:38c'est qu'aujourd'hui,
05:38ces petites entreprises,
05:40elles ont du mal à embaucher,
05:41et même à prendre des apprentis.
05:42Et donc, ça aussi,
05:44c'était un truc assez fabuleux,
05:46c'est-à-dire qu'on avait dit,
05:47on veut un million d'apprentis.
05:48Donc, il y a eu toute une stratégie
05:49qui a été mise en place
05:50pour avoir un million d'apprentis,
05:51et tout d'un coup,
05:52on est en train de casser
05:53le jouet qu'on a mis en place.
05:55Sûrement, il y a eu des abus.
05:56Sûrement, il fallait remettre
05:56des choses en place, etc.
05:58Évidemment.
05:59Mais les coups de barre
06:00sont tellement violents
06:01que tout d'un coup,
06:02nous, on ne sait plus
06:02comment s'adapter.
06:03Merci beaucoup, François Bergerot,
06:04d'être venu ce matin.
06:05Parole de patron,
06:06c'est tous les jours à 8h35
06:07sur l'antenne de BFM Business
06:09et des RMC Découverte.