00:00Good morning business, parole de patron.
00:038h43 sur BFM Business et sur AMC Live.
00:06Notre invité, on est ravis de l'accueillir, c'est Henri Giscard d'Estaing.
00:08Bonjour.
00:09Bonjour.
00:09L'ancien patron du Club Med.
00:11Vous êtes désormais président de l'école du leadership de Paris.
00:15Vous avez donc dirigé le Club Med pendant 23 ans
00:16et vous allez vous engager dans une nouvelle carrière de professeur en management.
00:22Expliquez tout ce que vous connaissez, des jeunes, du management, du leadership.
00:26Votre théorie aujourd'hui, c'est qu'on ne parle pas assez aux managers
00:30et surtout, on n'est pas en France au niveau d'informations
00:36qu'ont les Américains voulaient apprendre aux jeunes et aux moins jeunes à mieux diriger.
00:42Alors, aujourd'hui en France, on applique le management
00:45et le management ça vient des Etats-Unis.
00:48Et le monde a changé et puis il va changer encore plus
00:50avec l'intelligence artificielle et tout ce qui est en train de se passer.
00:53Et ça, alors que les gens ont changé, et en particulier les jeunes.
01:01Le management c'est quoi ?
01:03C'est appliquer des process, c'est appliquer des règles.
01:07C'est important de le faire.
01:09Mais si on ne sait pas pourquoi, si on ne sait pas quel est l'objectif,
01:12si on n'a pas une vision, un projet, on ne le fait pas.
01:17Aujourd'hui, les gens votent avec leurs pieds.
01:19S'ils ne se sentent pas engagés dans quelque chose qui a du sens, ils s'en vont.
01:25Je suis convaincu et je crois l'avoir observé au Club Med
01:29que quand, en sens inverse, ils savent pourquoi ils le font,
01:32quand ils ont une belle ambition,
01:34quand ils voyaient que leur rôle c'était de rendre leurs clients heureux tous les jours,
01:38qu'il y avait l'objectif de faire un champion mondial,
01:43ils sont extraordinairement engagés.
01:44– Mais, Henri Giscardessin, vous avez 69 ans.
01:47Vous sortez là du Club Med, ça ne s'est pas super bien fini,
01:50vous avez fini par partir.
01:52Vous n'avez pas envie d'avoir les doigts de pied en éventail au Bahamas ?
01:56Vous voulez devenir professeur ?
01:58Vous allez aller à l'ESCP ce soir avec Nicolas de Taverneau,
02:03parler à des étudiants, vous recommencez une carrière ?
02:06Alors, ce n'est pas une carrière, je veux être utile,
02:10je veux servir à quelque chose,
02:12et je crois que c'est légitime, il comprendrait cet âge-là.
02:15Et je veux le faire en utilisant tout ce que j'ai appris.
02:19Moi, j'ai eu la chance d'avoir au début de ma carrière un mentor formidable,
02:22qui était Antoine Riboud, un des plus grands entrepreneurs français.
02:25J'ai eu cette expérience extraordinaire de sauver le club,
02:30de le transformer, d'en faire un champion mondial français,
02:33d'avoir une présence dans le monde entier.
02:37Je l'ai fait à ma manière,
02:40mais je l'ai fait surtout collectivement,
02:42avec des collègues qui ont contribué autant que moi à cela.
02:47J'ai envie que cette expérience-là soit partagée et que ça serve.
02:51Je pense en effet aujourd'hui
02:52que nous avons à inventer un leadership à la française et à l'européenne.
03:00On est un peu différents des Américains.
03:02Et on a des qualités, puis on a un passé.
03:06Et je considère qu'il y a des grands leaders en France.
03:08Et le leadership, c'est pour tout le monde.
03:10Ce n'est pas seulement pour les grands patrons.
03:12Un chef d'équipe aujourd'hui,
03:14un responsable d'une PME, même d'une petite entreprise,
03:17il sait, et c'est d'ailleurs ça qui aujourd'hui le rend souvent très nerveux,
03:22qu'il a du mal à motiver ses équipes,
03:25qu'il a du mal à faire en sorte qu'ils restent.
03:27Pour ça, il faut leur donner du sens.
03:31Il faut appliquer des méthodes.
03:33Il faut d'abord commencer par faire un diagnostic.
03:35Moi, ce qui me frappe, y compris dans tous les débats,
03:37y compris politiques,
03:38c'est qu'on passe du temps sur les remèdes.
03:42La première étape, c'est de dire quel est le problème
03:43et de partager le problème.
03:47Qu'est-ce que vous allez leur dire ce soir ?
03:48C'est votre première conférence à l'ESCP.
03:51Vous allez leur dire, attention aux Chinois,
03:54ne vous accoquinez pas, c'est dangereux.
03:57On a différents dossiers dans l'actualité
03:58où il y a encore des actionnaires chinois qui prennent des parts.
04:00C'est le cas dans le dossier Fnac d'Arti.
04:03Ça fait partie des conseils ?
04:05Ça, j'allais dire, c'est un élément géopolitique important.
04:12Le monde change.
04:14Chine a énormément changé dans les cinq dernières années après le Covid.
04:19Donc, effectivement, il faut être lucide sur ce nouveau monde.
04:23Mais il faut être lucide, non pas de manière frileuse.
04:25Il faut être lucide en se disant, mais comment peut-on faire nous ?
04:28Comment peut-on faire mieux ?
04:29Et moi, je suis convaincu qu'on est capable de le faire.
04:31Simplement pour ça, il faut réfléchir, il faut travailler.
04:34Qu'est-ce qu'on va chercher à faire dans l'école du leadership de Paris ?
04:37Ce n'est pas d'être des professeurs.
04:39C'est de demander à ceux qui ont réussi
04:42ou à ceux qui ont observé des gens qui réussissent,
04:45comment ils ont fait.
04:47Moi, je suis frappé.
04:49On demande toujours, et on m'a toujours demandé,
04:51qu'est-ce que vous avez fait au Clubbed ?
04:53Comment vous avez réussi le Clubbed ?
04:55On me demandait plus le résultat que la méthode.
04:59Là, on va travailler sur la méthode.
05:00Comment ? Comment on peut faire ?
05:02Et moi, je suis convaincu qu'il y a beaucoup de choses à faire,
05:05à apprendre, et que c'est utile à tout le monde.
05:07Mais vous n'avez pas répondu.
05:08Est-ce qu'on peut être un leader,
05:11dans le sens où vous l'entendez,
05:13avec un actionnaire chinois ?
05:14Ou à un moment donné, il faut dérouler un plan
05:17et on n'arrive pas justement à avoir sa propre identité ?
05:19Alors, j'ai été un leader
05:21qui a réussi avec un actionnaire chinois.
05:24Simplement, il y a un moment
05:25où effectivement, les choses peuvent diverger.
05:28Le sujet, ce n'est pas tant qu'il soit actionnaire,
05:30c'est qu'il a le contrôle.
05:32Le sujet, ce n'est pas tant qu'il a le contrôle
05:33que sa volonté éventuelle de prendre le pouvoir opérationnel,
05:37ce qui n'est pas bon.
05:38Surtout quand on est une entreprise
05:40qui a des valeurs,
05:41qui a une culture,
05:42qui a une origine,
05:44et qui vend aussi,
05:45je dirais,
05:46le savoir-faire français.
05:48Donc, la question,
05:51c'est qui fait quoi ?
05:53Un actionnaire américain,
05:55peut-être aussi, je dirais,
05:57nuisible potentiellement,
05:59si je peux m'exprimer,
05:59qu'un actionnaire chinois.
06:01Il y a des Français qui le sont aussi.
06:03La question, c'est quel est le rôle de chacun ?
06:05Ce que j'ai voulu empêcher,
06:07c'est que le pouvoir opérationnel
06:09soit pris en compte par
06:12ce qui était un actionnaire chinois.
06:14Le reste,
06:16c'est au leader de le faire.
06:17Quelle relation vous avez aujourd'hui ?
06:19Les ponts sont rompus ?
06:20Vous avez toujours des discussions ?
06:22Vous regardez ce qui se fait derrière vous ?
06:24Non, moi, je regarde devant.
06:26J'ai dit ce que j'avais à dire
06:27quand je suis parti.
06:28Je ne pourrais pas accepter
06:30ce qui se passait,
06:31ce qui allait se passer.
06:33Maintenant, je veux être utile
06:35pour les autres.
06:37Et ce que j'espère, bien sûr,
06:39c'est que sous celles et tous ceux
06:41avec qui j'ai travaillé,
06:42que j'ai quitté le cœur serré,
06:44mes formidables collègues du Club BED,
06:46j'espère qu'ils auront,
06:48malgré tout cela,
06:49un bel avenir
06:50et que cette entreprise
06:51restera exceptionnelle.
06:53Ce soir,
06:53Oumadi,
06:53c'est plein à craquer.
06:54Il y a 350 personnes,
06:56c'est plein.
06:57J'imagine que comme c'est avec le SCB,
06:58il y aura pas mal de jeunes.
06:59Ces jeunes,
06:59vous les avez vus évoluer
07:01au sein du Club MED
07:02parce qu'on recrute évidemment
07:03beaucoup de jeunes
07:04avec des demandes
07:04qui n'ont plus rien à voir
07:06au fur et à mesure des années.
07:08Oui, moi,
07:08j'ai été extraordinairement frappé.
07:09C'est la chance que j'ai eue
07:10qu'il était dirigé d'entreprise,
07:12dont un tiers,
07:13auprès de la moitié
07:13de ceux qui y travaillaient
07:15étaient des jeunes.
07:17Et je les ai vus changer,
07:20comme on a d'ailleurs tous changé.
07:22On est passé d'une situation
07:24dans laquelle ils cherchaient
07:25un métier
07:25et la sécurité
07:26à une situation
07:28dans laquelle ils cherchent
07:30une aventure professionnelle
07:32et se développer.
07:36Alors, il y a des choses
07:37très bonnes là-dedans,
07:39qui est que,
07:40il y a la volonté de grandir,
07:41a la volonté de voyager,
07:43a la volonté d'essayer.
07:44Ça, c'est très positif.
07:45Il y a un sujet plus compliqué
07:46qui est,
07:48ils veulent aller très vite.
07:49Aujourd'hui,
07:50si vous dites à un jeune
07:51« tu feras ça dans dix ans »,
07:54il dit « je vais aller voir ailleurs ».
07:56Ils veulent aller très vite.
07:57C'est bien d'aller vite,
07:59mais il faut apprendre.
08:00Et le rôle de ceux
08:00qui ont appris,
08:01à la force des choses,
08:03c'est de transmettre.
08:04Est-ce que vous pensez
08:04qu'on mesure le succès
08:06d'un dirigeant
08:07au nombre de gens
08:07qui le suivent
08:08quand ils partent ?
08:09Je dirais qu'on mesure
08:12le succès d'un dirigeant
08:13au nombre de gens
08:13qui restent quand il est là.
08:15Oui,
08:16ce qui est déjà pas mal.
08:18Ce qui est déjà pas mal.
08:19Première masterclass,
08:20si je puis dire,
08:20c'est ce soir
08:21avec Nicolas Taverneau.
08:22Vous avez déjà la liste
08:23de vos invités ou pas ?
08:25Alors,
08:26la prochaine,
08:26parce qu'il faut diversifier,
08:28ce sera
08:28Amélie Oudea Castera
08:30pour nous montrer aussi
08:31comment peut-être
08:33le leadership
08:33au féminin
08:34et dans le sport.
08:36Et avec cette idée aussi
08:37que le leadership
08:39à la française,
08:40il doit être un croisement
08:42du leadership économique,
08:43entrepreneurial,
08:44mais du leadership sportif,
08:46du leadership politique.
08:47On a à apprendre des choses.
08:48Moi,
08:49j'ai eu la chance
08:49de commencer dans la politique.
08:51J'étais le plus jeune élu
08:52à 22 ans en France,
08:54il y a bien longtemps.
08:56J'ai ensuite été
08:57dans l'entreprise,
08:58dans les grandes entreprises.
08:59J'ai appris en politique
09:02et je pense
09:04que les politiques
09:05devraient apprendre
09:05de l'entreprise.
09:06Vous êtes sur le bon endroit
09:08pour dire ce genre de choses.
09:09Merci beaucoup
09:10d'être venu ce matin,
09:10Régis Cardestin
09:11et bonne chance
09:12pour votre nouvelle carrière
09:14de professeur
09:15en management.