00:00Good morning business, parole de patron.
00:03Jonathan Angoloff, bonjour.
00:05Le cofondateur d'Ercole et d'Aguesso est capital.
00:07Je suis sûre que vous avez suivi la déclaration politique et générale de Sébastien Lecornu hier avec une grande attention.
00:13Qu'est-ce que vous pensez actuellement du contexte économique, fiscal ?
00:18Là, on fait un petit ouf de soulagement sur la question de la taxation des riches,
00:21même si on n'a pas encore tous les éléments.
00:22Quelle est votre ambiance personnelle, si je puis dire ?
00:25Non mais c'est terrible, c'est terrible parce qu'on a l'impression que la France veut taxer l'innovation,
00:30veut taxer les gens qui essayent de réussir et qui créent de l'emploi et qui surtout essayent de faire avancer le pays.
00:36En fait, on se retrouve dans une situation où on a l'impression que l'État,
00:40le seul objectif de l'État, c'est d'aller prendre de l'argent aux personnes qui créent de la valeur.
00:47Alors qu'aujourd'hui, on est dans une situation où l'État n'a plus d'argent, on le sait.
00:50Et alors, au lieu de baisser ses dépenses, ce qui paraît très logique dans une logique entrepreneuriale
00:56ou dans une logique d'entreprise, où lorsque la société va mal et a des problèmes de cash,
01:01elle va réduire un petit peu ses dépenses.
01:03Nous, on continue à dépenser plus et la seule manière qu'on a trouvé pour gérer ce problème,
01:08c'est d'aller taxer plus.
01:09Et le problème, qu'est-ce qui va se passer ? C'est qu'il va y avoir une fuite des capitaux.
01:12Moi, personnellement, je ne me sens même pas concerné par cette taxe parce que mon argent tourne
01:16et je suis en permanence en train de réinvestir mon argent.
01:19Mais je pense à toutes ces autres personnes qui vont se sentir concernées.
01:22Les gens veulent fuir.
01:23Je suis dans des groupes, moi, d'entrepreneurs, que ce soit des entrepreneurs de la tech,
01:26mais des entrepreneurs aussi traditionnels, des groupes WhatsApp, des groupes Telegram,
01:30où les gens parlent de ça.
01:31Et je vous dis, en ce moment, tous les entrepreneurs réfléchissent à comment s'exiler,
01:35comment partir de la France.
01:37Et je trouve ça, mais ahurissant dans un pays...
01:39Mais beaucoup, dans votre microcosme entrepreneurial, on réfléchit vraiment à partir de France.
01:44Ce n'est pas juste un truc...
01:45Ah non, les gens en parlent.
01:47Moi, je le vois.
01:48J'ai même hier, dans un de mes groupes WhatsApp, quelqu'un qui a envoyé un tableau
01:51que son familier-office lui a fait avec où partir et quelle sera la taxation en fonction du départ.
01:58Moi, je trouve ça triste.
01:59Il y a 6-7 ans, c'était plutôt l'inverse.
02:01C'était la France, on innove, la France, on va créer des choses, on va aider les entrepreneurs.
02:05Et là, on voit une taxe qui est là pour faire mal aux entrepreneurs.
02:08Et elle va très loin, cette taxe, parce qu'en fait, en dehors d'être sur les holdings,
02:12on parle bien de la taxe sur les holdings, évidemment, en fait, elle punit l'entrepreneur jeune,
02:17l'entrepreneur qui vient de gagner de l'argent.
02:20Pourquoi ? Parce qu'en fait, c'est sur l'argent non affecté.
02:23Donc, quand on vend son entreprise ou quand on touche de l'argent,
02:26parfois, on est entre deux projets et on doit le réinvestir en moins de 24 mois, sinon on se fait taxer.
02:32Et ce qui est horrible dans cette taxe, c'est que si on investit mal, ça peut arriver,
02:37on est un entrepreneur, on fait une erreur, on investit mal, eh bien, on est quand même taxé.
02:42Parce qu'en fait, ils vont considérer que, donc, 50%, pour être taxé, il faut que plus de 50% soit non affecté.
02:48De l'argent non affecté, c'est-à-dire de l'argent qui ne travaille pas, qui est passif.
02:53Donc, il rapporte des revenus passifs versus des revenus actifs.
02:56Eh bien, s'il réinvestit mal, par définition, l'argent devient passif,
03:01et donc, il se fait taxer alors qu'il perd de l'argent dans son investissement.
03:04Et donc, de manière générale, quand on lit tous les textes,
03:08globalement, on a l'impression qu'on veut faire mal à l'entrepreneur qui vient de gagner de l'argent.
03:14Et donc, qu'est-ce qui va se passer ?
03:15L'entrepreneur, au lieu de venir gagner de l'argent en France,
03:17au lieu de venir innover en France et de créer de l'emploi en France
03:20et de faire briller la France à l'étranger,
03:23eh bien, il va aller le faire ailleurs, tout simplement.
03:24Ok, ça, c'est pour la menace.
03:25Menace qui est audible sur BFM Business,
03:28mais sortie de là, en général, ça ne passe pas très bien.
03:31Si vous aviez à convaincre l'ensemble des Français qu'il faut défendre la création de valeur,
03:36vous voyez, on va augmenter, on va doubler les franchises médicales,
03:38les médicaments, ça va coûter un euro de plus,
03:40tout le monde va faire des efforts, à peu près, dans le budget qui est présenté.
03:42Comment vous voulez convaincre les Français que c'est important
03:45de faire en sorte qu'on ait un écosystème qui ait envie de créer ?
03:51Alors déjà, je convaincrais les Français avec deux choses.
03:53Un, c'est, en effet, si on innove plus, si la France devient un vieux pays
03:58et finalement notre seul business en France devient le tourisme
04:01parce qu'on est le plus beau pays du monde, on ne va pas s'en sortir.
04:05La deuxième chose, c'est l'innovation apporte toujours de la réussite économique
04:11et donc plus d'emplois, des capitaux externes qui viennent investir en France
04:16et plein de choses comme ça qui fait qu'on va donner plus d'impôts au pays
04:20et donc enrichir le pays.
04:22Et la troisième chose, alors j'ai dit deux choses en fait,
04:24il y en avait une troisième, c'est qu'on doit aussi aller réfléchir
04:26à où est l'argent actuellement.
04:29Et il n'est pas spécialement dans les fortunes, dans les réussites,
04:33dans les entrepreneurs.
04:34On peut aussi se poser la question de comment réduire juste nos dépenses.
04:38Moi, quand je vois aujourd'hui, et là je vais faire un petit peu mal
04:40à des institutions étatiques et je le pense vraiment,
04:44quand je vois qu'aujourd'hui, tous nos ministères sont dans les plus beaux quartiers de Paris.
04:49Ils ne sont pas très occupés, il n'y a pas beaucoup de monde dans les ministères.
04:52C'est les immeubles les plus chers de Paris qui sont détenus par l'État
04:55et sont utilisés par l'État.
04:57Mais non, mais c'est le côté immobilier parce que...
04:58Mais ce n'est pas avec ça qu'on va faire des...
05:00Mais si on mettait en location tous ces plus beaux immeubles de Paris
05:03et on construisait en périphérie parisienne des immeubles d'État
05:08pour que les instances étatiques soient dans l'État,
05:11je vous rassure, il y a des milliards d'euros à aller chercher.
05:13Il y a des milliards, parce que quand on voit, par exemple,
05:15je prends un exemple bête, le ministère de la Justice, il est Place Vendôme,
05:18quartier le plus cher de France.
05:20Il n'y a pas plus cher que la Place Vendôme.
05:22Un immeuble là-bas se négocie entre 1 200 et 1 500 euros du mètre carré
05:26de location annuelle.
05:29Si on le mettait en location, ça rapporterait quelques dizaines,
05:32voire centaines de millions d'euros.
05:33Plutôt centaines de millions d'euros.
05:34Et ainsi de suite, sur plein de sujets étatiques comme ça,
05:38plein d'immobiliers étatiques, je ne dis pas que c'est ce qu'il faut faire,
05:40je dis juste qu'on peut réfléchir aussi, comment juste réduire nos dépenses ?
05:43Comment ça se fait que dans une période de crise, moi je suis révolté,
05:46comment ça se fait que dans une période de crise,
05:48on continue à dépenser plus ?
05:50On devrait dépenser moins.
05:52Et ce n'est pas ce qu'on fait.
05:53Et l'État trouve plein d'idées magnifiques pour aller taxer les entrepreneurs,
05:56alors que j'ai l'impression qu'eux-mêmes ne se regardent pas vraiment
05:58dans comment réduire leurs dépenses.
06:00Vous n'allez pas partir ?
06:01Non, moi je ne partirai pas, j'aime la France.
06:03Et aujourd'hui j'investis dans l'immobilier en France, vous le savez,
06:07et moi mon immobilier c'est de l'immobilier actif, c'est de l'hôtellerie,
06:09donc je ne suis même pas concerné par ça, je m'en fiche,
06:12mais ça me fait de la peine de voir que tout notre pays est en train de réfléchir
06:15à comment fuir.
06:16Et dès que j'entends un entrepreneur à la télé ou n'importe où,
06:19il se plaint de la taxation, donc il réfléchit à comment optimiser ça.
06:23Et ça, c'est contre-productif pour notre pays.
06:25Merci beaucoup Jonathan Golov d'être venu ce matin dans la matinale de l'économie.