00:00On va parler évidemment du contexte budgétaire, des questions de taxation sur les riches.
00:04Je vois à l'instant que Dominique de Villepin est en faveur d'une contribution des plus riches.
00:08Il y a une sorte de fenêtre d'overtone ce matin qui s'est ouverte.
00:11C'est-à-dire que les patrons sont rassurés par le fait qu'on va peut-être mettre en place un ISF,
00:15une surtaxe pour les sociétés et peut-être une taxation sur les holdings.
00:19C'est-à-dire qu'on s'est fait tellement peur avec la taxe du Cman que finalement, le compromis paraît un peu doux.
00:25Non, pas du tout. Là-dessus, je contredis.
00:27On a vécu pendant très longtemps l'ISF.
00:31L'ISF, c'est une taxe qui a tué les entreprises quand même, et notamment les entreprises d'état intermédiaire.
00:37Il faut rappeler qu'en 82, avant sa mise en place, la France et l'Allemagne avaient le même nombre d'ETI,
00:42des entreprises d'état intermédiaire. Aujourd'hui, c'est un pour trois.
00:45Vous considérez que c'est à cause de l'ISF ?
00:46C'est en grande partie parce qu'il était très compliqué à la fois de pouvoir maintenir l'actionnariat des entreprises,
00:53et puis il y avait des problèmes de transmission que le pacte repartit encore une fois,
00:56puisque la France, en France, ça coûte plus cher de transmettre une entreprise qu'en Europe en moyenne.
01:01Donc, on ne peut pas se réjouir et dire c'est formidable, on a évité ceci, etc.
01:05On va récupérer cela.
01:07C'est une situation très, très complexe que nous vivons aujourd'hui.
01:10Alors, pourquoi Patrick Martin, il sort plutôt rassuré hier de sa rencontre avec Sébastien Lecornu ?
01:15Alors, je n'ai pas tous les éléments de détail des discussions.
01:19Évidemment, la taxe Zuckman, c'est le pire du pire, c'est une véritable taxe tueuse d'entreprise.
01:25On parle des particuliers quand on parle de ça, mais derrière tout ça, qui paye la taxe Zuckman ?
01:29C'est les entreprises, puisque personne n'a finalement le salaire pour payer cette taxe.
01:34Donc, ça veut dire qu'il faut aller puiser dans ses réserves, voire même vendre sa boîte pour la payer.
01:39C'est quand même une ineptie, c'est extrêmement dangereux, à un moment où nos entreprises sont sous pression.
01:44La conjoncture économique est très difficile, il y a beaucoup de prédation.
01:48On entend aussi beaucoup d'entreprises qui sont approchées par des actionnaires étrangers.
01:52Le problème, c'est que si toutes nos entreprises, à un moment donné, se vendent, on connaît, on l'a vu pendant les années 80-90,
01:58le métier les a comptabilisés, on a perdu des milliers de boîtes.
02:02Une fois que l'actionnariat change, les usines sont en danger et puis les centres de décision quittent le territoire.
02:07Oui, mais justement, quand on vient de là, quand on vient de l'idée qu'on va mettre en place une taxe Zuckman,
02:11est-ce que l'ISF, ce n'est pas finalement un moindre mal ?
02:14Ça reste très mauvais, je dirais.
02:16Alors, est-ce que c'est l'ISF, est-ce que c'est autre chose ?
02:18Il faut protéger l'outil de travail, il faut protéger l'entreprise.
02:22Ne nous trompons pas, quand on met en place des taxations en pensant qu'on touche la personne physique,
02:26si ces taxations sont mal périmétrées, c'est l'entreprise qui la paye.
02:29Parce que les gens n'ont pas les salaires.
02:31On a vu Arthur Bench l'autre jour qui disait « je ne sais pas payer ».
02:33Mais c'est le cas de tous les patrons d'ETI.
02:36La taxe Zuckman, elle aurait touché globalement 30 à 40 % des ETI françaises.
02:41On parle de 1 800 foyers fiscaux.
02:42Non, parlons du nombre d'entreprises touchées.
02:45Bien sûr, il y a quelques très grandes entreprises, des actionnaires de grandes entreprises.
02:49Mais il y a aussi tout le tissu entrepreneurial de nos territoires qui aurait été touché.
02:53L'ISF, ce n'est pas beaucoup mieux, d'une certaine façon,
02:56parce que ça touche aussi l'outil de travail et ça fragilise nos entreprises.
03:00Donc, si on doit mettre en place des fiscalités complémentaires ou des précomptes,
03:04c'est-à-dire fiscalisés avant, on parle notamment des dividendes qui remontent dans les holdings.
03:10Mais encore une fois, ce n'est pas pour dormir, c'est pour réinvestir,
03:13c'est pour renforcer nos entreprises.
03:15On était bien content d'avoir ces trésorées pendant le Covid.
03:17Sans ça, beaucoup d'entreprises auraient été en grande difficulté.
03:19Donc, ce n'est pas dormant, il faut dire la vérité.
03:22En tous les cas, faisons attention à ce que ces fiscalités
03:25ne viennent pas fragiliser les actionnaires de nos entreprises
03:28dans un moment économique très complexe.
03:30Sur la question du pacte d'Utrecht, vous êtes sur la même ligne que Nicolas Dufour,
03:34où vous dites que c'est essentiel pour les transmissions d'entreprises.
03:38J'étais ce matin avec Xavier Jaravelle, qui est le président délégué du Conseil d'analyse économique.
03:42Lui, il dit que ça coûte 5 milliards par an, c'est trop.
03:45Et en plus, parfois dans les successions,
03:47certains y mettent des choses qui n'ont rien à voir avec les biens professionnels.
03:50Du coup, il faut retoucher le pacte d'Utrecht.
03:53Qu'est-ce que vous, vous en dites ?
03:54Alors, deux choses.
03:55Je pense que, malheureusement, le CAE fait une analyse macro
03:57et pas entreprise.
03:59C'est-à-dire qu'il ne voit pas ce que ça a comme impact sur les entreprises.
04:03Transmettre une entreprise, ça coûte cher.
04:056 à 8 ans de bénéfice.
04:07C'est-à-dire que c'est une génération nécessaire pour payer cette transmission.
04:12Elle coûte deux fois plus cher que la moyenne européenne.
04:14Disons les choses d'abord.
04:16Ensuite, on dit, dans les pactes d'Utrecht,
04:18ils sont logés des tas de trucs qui n'ont rien à y faire.
04:20Mais la loi permet d'ores et déjà, à Bercy en tout cas,
04:25de contester, et nous ne soutiendrons pas des gens
04:28qui mettent des yachts, des chalets hautes dans des pactes d'Utrecht.
04:31Ça n'a rien à y faire.
04:32Le pacte d'Utrecht, ça concerne l'outil de travail.
04:34La boîte.
04:35Voilà.
04:35Il faut aussi rappeler que l'année dernière,
04:37il y a eu de très grosses transmissions.
04:39Donc ça gonfle pendant l'année N-1.
04:42Les chiffres.
04:42Si on ramène sur les dix dernières années...
04:43Parce qu'il y avait beaucoup de boîtes qui arrivaient
04:45avec des patrons qui étaient prêts à aller la retraite.
04:46Oui, et puis le contexte économique faisant, le contexte fiscal,
04:50faisait que certains, peut-être, ont avancé des opérations.
04:53Donc si on ramène sur une longue période,
04:55on se rendra compte que ça ne coûte finalement pas aussi cher.
04:58Encore une fois, si certains utilisent le pacte d'Utrecht à mauvais escient,
05:02eh bien l'État dispose de tous les moyens d'ores et déjà,
05:05et on peut tout à fait le préciser dans un beau FIP en disant
05:07« Tous ces éléments-là n'ont rien à faire ».
05:09Ça, il n'y a aucun problème, et je pense qu'il faut le faire.
05:12Là-dessus, on est tout à fait d'accord,
05:13la fraude doit être condamnée.
05:15Mais attention à dire les choses telles qu'elles sont.
05:18La transmission d'entreprises en France coûte trois fois plus cher
05:21que la moyenne européenne, même avec les pactes d'Utrecht.
05:24Donc si on vient les modifier...
05:26Il faut savoir où on va.
05:28C'est-à-dire qu'on va vers des ventes d'entreprises...
05:29Si on vient fonctionner la trésorité holding,
05:31on fragilise la transmission.
05:32Si on vient modifier les d'Utrecht,
05:34eh bien il y en aura moins des transmissions.
05:36Est-ce qu'on a envie que notre économie soit résiliente,
05:38soit avec des centres de décision en France ?
05:41Je pense que oui.
05:42Si on le dit aux Français, ils diront bien sûr,
05:43parce que sinon les entreprises vont être fragilisées.
05:46Si on fait le chemin inverse,
05:47on va faire le jeu des fonds d'investissement étrangers,
05:49des entreprises étrangères qui veulent rentrer sur notre territoire.
05:52La grande manifestation des patrons prévue le 13 octobre,
05:54organisée par l'EMEDEF, vous irez ou pas ?
05:56Alors nous, nous soutenons l'opération
05:59parce qu'encore une fois,
06:00toute opération dans le contexte actuel
06:02qui va permettre de revaloriser le rôle des entreprises,
06:05de rappeler leurs contributions positives,
06:07ce n'est pas la peine.
06:08On n'est pas là en confrontation.
06:09On est là pour dire, attention, actuellement,
06:12il y a beaucoup de bashing,
06:13il y a beaucoup de contre-vérité sur les entreprises,
06:16sur les entrepreneurs.
06:17Il faut, à un moment donné, réhabiliter tout ça.
06:20C'est quand même les chefs d'entreprise,
06:21c'est quand même les entreprises qui créent la valeur,
06:23qui permet derrière à notre société,
06:25à notre système de fonctionner.
06:27Donc oui, c'est une initiative qui est nécessaire.
06:31Et en cela, écoutez,
06:32chaque chef d'entreprise choisira s'il souhaite d'y aller.
06:34Mais en tout cas, c'est une bonne initiative à notre sens.
06:37On débriefe l'actualité du jour,
06:39notamment Xi Jinping qui joue le gendarme vert hier à l'ONU.
06:42Il a réaffirmé l'engagement de Pékin dans la baisse du CO2.
06:45Il répondait à...