00:00Good morning business, parole de patron.
00:04Guillaume Thomas, bonjour, vous êtes président et fondateur d'Aladome,
00:07plateforme de mise en relation dans les services à la personne.
00:10Vous êtes basé à Rennes, vous couvrez toute la France.
00:13On va parler avec vous ensemble des questions des niches fiscales et de cette crainte.
00:16À partir du moment où on cherche de l'argent, évidemment, sur les niches fiscales,
00:19on commence à s'inquiéter.
00:21Vous, en partie, le secteur, je ne vais pas dire vie, mais quand même,
00:24a été boosté par le fait qu'on peut récupérer de la fiscalité
00:28quand on paye des femmes de ménage ou de la garde d'enfants.
00:33Vous êtes inquiet, là, en ce moment, ces derniers jours,
00:35avec la chute potentielle à venir du gouvernement Bayrou ?
00:38Oui, forcément, on attend de voir un peu ce qui va se passer.
00:40C'est vrai que c'est un secteur qui, depuis le plan Borloo,
00:42bénéficiait de ses avantages de ne payer que 50% au final de ce que ça coûte.
00:48C'est quand même ces 3,5 millions de foyers qui sont consommateurs.
00:51C'est 1,5 million de personnes qui travaillent dans ces métiers.
00:54Forcément, si du jour au lendemain, on dit que ça va coûter deux fois plus cher
00:57de faire appel à ces services, c'est un problème.
01:00Mais la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin,
01:02elle dit « je ne toucherai pas à tout ce qui est, pas du confort,
01:06à tout ce qui est nécessaire, type aide à la personne pour les personnes âgées. »
01:09Mais par contre, sur ce qui est du confort, en plus,
01:12que les gens peuvent payer, là, potentiellement, on va y aller.
01:15Oui, ça va. Nous, à la donne, on est une plateforme
01:16qui met en relation avec des prestataires de services à la personne,
01:18sur toute la France.
01:19Et en fait, le confort, c'est quand même une grosse partie de l'activité.
01:23Tout ce qui est ménage, tout ce qui est jardinage, tout ce qui est bricolage,
01:27aujourd'hui, les personnes font appel à ça, parce qu'effectivement, c'est avantageux.
01:32Et le jour où on coupe ça et qu'on fait en sorte que ça coûte deux fois plus cher,
01:36je sais déjà ce qui va se passer derrière.
01:37Oui, c'est direct le travail noir qui explose, et c'est automatique, quasiment.
01:41On peut prédire déjà tout de suite ce qui se passera.
01:43C'est le jour où ça venait à disparaître.
01:46On va effectivement faire des économies la première année,
01:49mais l'année suivante, ça veut dire qu'effectivement,
01:51des personnes vont se mettre à ne plus déclarer la nounou ou la femme de ménage.
01:57Donc, c'est des personnes qui vont se retrouver à travailler de façon non déclarée,
02:02qui ne vont plus cotiser, qui vont en parallèle sans doute aussi s'inscrire à France Travail
02:06et donc bénéficier de...
02:08Et je pense que l'économie là-dessus est mauvaise.
02:11Et voilà, on va faire des économies la première année,
02:14mais pour la suite, ce sera catastrophique.
02:16Et c'est surtout, le secteur, ça fait en fait les 20 ans du plan Borloo,
02:21c'est un secteur qui marche bien, c'est un secteur qui est connu.
02:23Aujourd'hui, tout le monde connaît le dispositif.
02:25Et c'est ça, c'est vous dire aujourd'hui,
02:27demain, votre service va coûter deux fois plus cher.
02:30On sait très bien que personne...
02:32Enfin, les seuls qui pourront se le permettre,
02:33c'est ceux qui en ont vraiment les moyens.
02:37Et tous ceux qui, aujourd'hui, bénéficient de ces services,
02:41ce sont souvent des familles où les deux personnes travaillent,
02:44qui vont effectivement s'alléger un peu le quotidien
02:48en faisant appel à des prestataires de confiance.
02:50Vous dites que ça marche bien,
02:51on a toujours aujourd'hui des tensions de recrutement très fortes.
02:53Ça, c'est le principal problème.
02:54Aujourd'hui, le problème du secteur, ce n'est pas la demande,
02:57c'est l'offre.
02:58Aujourd'hui, nous, à la Dôme,
02:59on envoie 80 000 candidatures par mois
03:01à des entreprises et des particuliers qui recrutent.
03:05Mais aujourd'hui, on sait très bien que ce qui est le plus difficile,
03:07c'est de trouver effectivement les personnes,
03:09d'attirer vers ces métiers,
03:10parce que c'est des métiers souvent qui ne sont pas très bien payés,
03:12où il y a beaucoup de temps partiel.
03:15Aujourd'hui, le gros défi, il est là,
03:17il est de faire venir des gens vers ces métiers,
03:19de montrer que c'est des métiers qui ont du sens.
03:22Le sens, ça ne suffit pas.
03:24C'est tellement difficile, dans certains cas,
03:26qu'à un moment donné, être payé.
03:27Le sens, tout à fait, et le salaire.
03:29Effectivement, le salaire, aujourd'hui, il est possible
03:31parce qu'effectivement, il y a cette incitation fiscale
03:35qui fait qu'effectivement, quand vous allez employer quelqu'un,
03:38en récupérant et en déclarant les choses,
03:42déjà, la personne va cotiser, ce qui est quand même très important.
03:46Et effectivement, il faut qu'on arrive à faire monter les salaires.
03:49Mais c'est là où aussi, pour moi, il y a un piège dans le secteur,
03:52c'est qu'on a des salaires qui sont...
03:54Enfin, on a lancé un baromètre qui sont assez proches du SMIC,
03:57et on voit quand même que c'est...
03:59Enfin, faire monter un salaire au SMIC,
04:01c'est souvent très coûteux,
04:03alors que c'est des entreprises qui, aujourd'hui,
04:06ont très peu de marge sur ce service-là.
04:09Voilà, on en charge, c'est toujours le même problème.
04:12On a bouclé la boucle.
04:13Merci beaucoup, Guillaume Thomanette,
04:14venu ce matin dans la matinale de l'économie.