00:00Il est 7h44 sur BFM Business et sur RMC Live. Il va à Chouserance avec l'esprit optimiste et de l'envie.
00:06Notre invité c'est Guirec Lelouse, bonjour, vous êtes le président d'Urgo Médical.
00:11Vous allez donc aller à Chouserance et vous avez fait cette annonce d'un investissement pour une cinquième usine en France.
00:17Vous n'êtes pas dans le pessimisme ambiant, c'est ce que vous me disiez pendant la publicité.
00:21Tout à fait, bonjour Laure, merci de m'accueillir. Moi je suis hyper fier, vraiment très très fier aujourd'hui
00:25d'annoncer la création de cette nouvelle usine dans la Loire, en Andrézius Boutéon.
00:29Un investissement de plus de 60 millions d'euros, effectivement plus de 300 créations d'emplois à la clé.
00:34Un investissement qui s'inscrit dans Chous France, qui a lieu aujourd'hui, mais qui s'inscrit surtout dans l'ADN d'Urgo,
00:38cet engagement auprès du Médic France.
00:40À aucun moment vous vous êtes dit, je prends l'Europe, je prends le monde, j'ai un intérêt à les produire en Chine ou aux Etats-Unis
00:46où on offre les sirènes américaines pour attirer les industriels français.
00:51Ça ne vous est pas passé par l'esprit ?
00:53Non, je vais vous expliquer pourquoi. En fait, mon grand-père était pharmacien désarmé pendant la guerre
00:57et il a connu la pénurie des produits de santé.
01:00Et donc au sortir de la guerre, quand il crée son entreprise, il a cette conviction dès le départ,
01:04il veut créer un acteur fort industriel en France pour assurer la souveraineté des patients.
01:09Et du coup, c'est cette conviction qui nous porte encore aujourd'hui.
01:12Et donc cette usine, elle va nous permettre d'atteindre notre ambition, celle de devenir leader mondial des bandes de compression médicales.
01:17Et Santé Ambition, nous on veut que 100% des produits qui sont vendus partout dans le monde,
01:21dans cette gamme de produits puissent être fabriqués en France, dans la Loire.
01:25Je ne veux pas vous tirer le fil vers le pessimiste, mais vous êtes une PME familiale.
01:28Vous êtes la troisième génération. Vous faites de l'industrie.
01:31Vous avez tout pour venir me dire qu'il n'y a rien qui va.
01:35Donc qu'est-ce qui fait qu'aujourd'hui, vous gardez cet optimisme ?
01:38Effectivement, on est une entreprise familiale.
01:39Moi, j'ai la chance avec mes deux frères de co-diriger Urgo,
01:42une boîte qui est très connue des Français,
01:44parce que je suis sûr que tous vos auditeurs, ce matin, en ouvrant leur trousse à pharmacie,
01:47sont tombés sur nos produits.
01:48Ils ont des pansements Urgo, des produits Juvamine, Mercurochrome, Mimex.
01:52Mais Urgo, c'est aussi une partie un peu moins connue du grand public,
01:55qui s'adresse à des patients qui ont des plaies qui durent longtemps.
01:57On a tous une grand-mère, une grande-tante.
01:59Je dis grand-mère ou grande-tante, souvent, c'est des plaies qui touchent des femmes âgées,
02:02qui ont ces plaies, qui durent plusieurs mois, plusieurs saisons, qui soignent, qui isolent.
02:05Et pour soigner ces plaies, il faut des produits de cicatrisation innovants,
02:09des pansements, des bandes de compression, des produits de nettoyage de la plaie.
02:12Et c'est ce mot, innovant, qui me permet aujourd'hui de continuer à en croire en la France,
02:16parce que quand on fabrique des produits qui sont uniques au monde, qui font la différence,
02:20eh bien, on peut avoir la chance de garder nos convictions de fabriquer en France.
02:23C'est une sorte de pansement qui soigne, en fait.
02:25Ce sont des bandes de compression, en fait.
02:28Lorsqu'on vieillit, les veines, qui sont des tuyaux, mais avec des petites pompes,
02:32qui permettent de faire remonter le sang vers le cœur,
02:34ces petites pompes, avec l'âge, elles fonctionnent moins bien.
02:36Et ces bandes de compression sont les bandes qu'on met autour des jambes,
02:39qui permettent de restaurer le retour veineux et de permettre à ces patients de guérir.
02:42Mais vous me parlez innovation, vous ne me parlez pas Pâques d'Utreil,
02:45vous ne me parlez pas débat budgétaire, taxe sur les entreprises.
02:49Ça ne vous atteint pas ? Ça ne vous intéresse pas ?
02:51En fait, c'est la chance d'être une entreprise familiale,
02:54parce que ça nous permet de nous inscrire sur le long terme
02:56et de continuer à croire en nos convictions.
02:57Et une usine, ça ne se construit pas sur l'actualité de la semaine.
03:00Pour moi, une usine, ça se construit à 10 ans, 20 ans.
03:03Et donc, c'est pour ça que nous, on a la chance de pouvoir continuer
03:06à croire dans le Made in France et d'investir dans cette nouvelle usine.
03:08Avec votre usine sur laquelle vous allez faire l'innovation
03:10dont vous venez de nous parler, combien d'emplois ?
03:13On dit parfois qu'aujourd'hui, les usines ne sont plus très pourvoyeuses d'emplois,
03:16qu'elles sont très automatisées, en fait,
03:18et que du coup, il n'y a pas grand monde.
03:19Ça sera combien de personnes chez vous ?
03:21On va pouvoir créer 200 emplois dans cette nouvelle usine.
03:23Et on aura la chance, comme cette nouvelle usine se situe à 5 km
03:26de notre usine historique, de pouvoir également s'appuyer
03:28sur le savoir-faire des collaborateurs de l'usine actuelle,
03:31dans laquelle on a créé une école, puisque Saint-Étienne,
03:33c'est un bassin d'emplois de textile depuis toujours.
03:35Mais aujourd'hui, c'est difficile de trouver des gens
03:37qui connaissent le métier du textile.
03:38Il faut 18 mois pour former quelqu'un dans le textile.
03:41Et donc, cette école, ce sont les collaborateurs d'Urgo
03:43qui, passionnés par leur métier, deviennent tuteurs, mentors
03:45et accompagnent les gens qui veulent se reconvertir
03:48vers le métier du textile.
03:49Vous allez récupérer des anciens du textile,
03:52secteur quand même en très, très grosse difficulté en France,
03:55pour travailler dans vos usines.
03:56– Exactement, et on va en former de nouveau,
03:58parce qu'on va créer 200 emplois, ce qui est beaucoup d'emplois.
04:01– Mais, je suis désolée, parce que je me fais de l'avocat du diable
04:05à essayer de vous pourrir le moral,
04:07mais ça n'a pas d'impact, les discussions aujourd'hui budgétaires,
04:10le contexte politique et économique, non ?
04:12– Vous me voyez sourire, parce qu'effectivement,
04:15moi je reste un éternel optimiste.
04:17Moi je pense qu'on peut rêver et croire en France.
04:19Alors c'est sûr, le contexte actuel, il est dur,
04:21parce que pour se projeter sur le long terme, il faut de la stabilité.
04:24La stabilité, aujourd'hui, on n'en a pas.
04:26Néanmoins, je pense que c'est le message de Choose France,
04:28c'est qu'on peut continuer de croire en la France,
04:30et en tout cas, Urgo, lui, continue d'investir en France.
04:32– Vous avez pour objectif d'être leader mondial
04:35sur votre innovation en matière de pansement.
04:39Vous n'avez pas aujourd'hui de concurrents du côté chinois, américain.
04:43Comment vous vous placez sur l'échelle mondiale ?
04:45– Si, bien sûr. Alors Urgo, on fait 890 millions d'euros de chiffre d'affaires,
04:49on a 3900 collaborateurs,
04:51mais on reste petits par rapport à nos concurrents,
04:53qui sont des géants mondiaux.
04:55Et en fait, on a cette ambition de créer un fleuron français
04:57dans la cicatrisation.
04:59Et c'est pour ça que cette nouvelle usine,
05:00qui va nous permettre d'atteindre notre leadership mondial,
05:02va nous permettre également de doubler nos volumes de production
05:04et de maintenir 100% de la production
05:06des bandes de compression innovantes en France.
05:08– C'est un investissement de 60 millions d'euros.
05:10Il y a une subvention publique qui représente
05:12autour de 600 000 euros.
05:15C'est quoi aujourd'hui vos discussions
05:16avec les collectivités locales, avec l'État ?
05:18Ça fonctionne comment ?
05:19– On a la chance d'être très soutenus.
05:21Choose France, finalement, c'est la reconnaissance
05:22de l'investissement en France.
05:23Et puis au niveau local, on a la chance d'avoir
05:25l'accompagnement de la métropole de Saint-Etienne,
05:27de Haune-Lignon, qui nous accompagne dans ce projet,
05:29notamment financièrement, avec les 600 000 euros de subvention,
05:32mais également humainement,
05:33parce que construire une usine,
05:34c'est un projet de tous les jours.
05:35– Mais alors, c'est quoi votre message
05:36pour les autres chefs d'entreprise
05:38qu'on voit à peu près tous les jours,
05:40sauf vous, sur ce plateau ?
05:42Dire à quel point ça va mal,
05:44où vous allez à la Choose France ?
05:45Dire, il suffit d'avoir une innovation,
05:47c'est une question de produits, en fait ?
05:49– En fait, je pense que tous les chefs d'entreprise,
05:50en tout cas ceux que je croise,
05:52me disent, nous, on a envie d'investir en France,
05:54on a envie de créer des emplois,
05:55on a envie de créer des usines,
05:56donc ce n'est pas l'envie qui manque,
05:57c'est d'avoir le contexte qui permette de le faire.
06:00Et donc, moi, je pense que ce qui est aujourd'hui important,
06:03c'est cette envie, c'est de se dire,
06:04on peut rêver en France,
06:05on peut continuer de fabriquer en France.
06:06Ça, c'est important de le rappeler,
06:07parce que si on oublie,
06:09eh bien, ce sera difficile d'y aller.
06:11– Vous avez repris une ancienne friche,
06:12vous avez été aidé par l'État
06:14pour trouver l'endroit où vous vouliez investir,
06:17une ancienne friche à refaire ?
06:19– Effectivement, on a été beaucoup aidé
06:20par les collectivités locales
06:21pour trouver le bon terrain,
06:23de 9 hectares,
06:25qui nous permet de construire cette usine
06:26de 35 000 m²,
06:27l'équivalent de 5 terrains de foot,
06:29qui va permettre également
06:30de créer les 200 emplois
06:30dont on parlait tout à l'heure.
06:31– Et en matière de simplification,
06:33en matière de demande de bureaucratie,
06:36vous n'avez pas de difficultés sur ce plan-là ?
06:38– Si, bien sûr, comme tout le monde.
06:39– Mais de toute manière,
06:41dans l'entrepreneuriat,
06:42rien n'est jamais facile.
06:44En revanche, nous, on croit beaucoup
06:45en l'avenir du groupe,
06:46en l'avenir d'Urgo,
06:47et c'est pour ça qu'on peut se permettre
06:48d'investir et d'investir en France
06:49dans cette nouvelle usine.
06:51– Eh bien, TousFrance,
06:52c'est cet après-midi
06:53à la Maison de la Chimie.
06:54C'est d'ailleurs faire beaucoup de bien
06:55à tous les chefs d'entreprise
06:56qui vont vous rejoindre.
06:58On attend 151 projets,
07:0030 milliards d'euros d'investissement,
07:02150 chefs d'entreprise.
07:04Rendez-vous, bien sûr,
07:06avec le gouvernement.
07:07Sébastien Lecornu
07:07qui tiendra une table ronde
07:08sur la question justement
07:09de la stabilité fiscale
07:12et du moral des chefs d'entreprise.