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  • il y a 7 semaines
Luca Mollo, vice-président de Pfizer France, était l'invité de Laure Closier dans Good Morning Business, ce mercredi 15 octobre. Il a abordé la nouvelle proposition de budget de la Sécu, la hausse possible du prix des médicaments en Europe, leur accompagnement de 6 start-ups françaises, et leur rachat de Metsera, sur BFM Business. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.

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Transcription
00:00Notre invité ce matin c'est Lucas Mollo, bonjour, vous êtes le vice-président de Pfizer France, ça tombe bien, on a un nouveau projet de budget à détailler ensemble,
00:09le budget de la sécu et le PLFSS avec un objectif de faire baisser le trou de la sécu, il y a donc des économies dans tous les sens,
00:15et parmi les choses annoncées hier, il y a cette taxe sur les laboratoires pharmaceutiques, 1,2 milliard d'euros,
00:21ça va avec d'autres choses comme le montant des franchises médicales qui vont augmenter notamment.
00:25Quand vous regardez ce budget, quelle est la première réaction que vous avez ?
00:30– Alors merci, bonjour, d'abord il faut dire que l'industrie du médicament contribue énormément déjà,
00:37depuis 2010 notre industrie contribue à hauteur de 9% déjà du budget de la sécurité sociale,
00:46et depuis cette date déjà 50% d'efforts a été fait, ça c'est très important.
00:50Mais la question qui est derrière est est-ce que nous voulons que la France reste attractive, c'est ça qui est important.
00:56Aujourd'hui quand on regarde ces chiffres, et pas que ça, la baisse des coûts de médicaments, etc.
01:03Donc ne rend plus attractive la France vis-à-vis de notre maison mère,
01:07et donc moi je crois en l'industrie française, je crois en la recherche française, en l'innovation française,
01:12mais donner des signaux comme celui-ci, ce n'est pas donner un bon signal à notre maison mère.
01:18– Donc vous votre boulot c'est de vendre la France auprès de votre maison mère,
01:22en disant continuez d'investir, on y croit, l'innovation est possible,
01:27et ce que vous dites c'est que vous avez de plus en plus de mal ?
01:29– Alors, depuis 5 ans nous avons annoncé un investissement majeur de 1,5 milliard d'euros en France.
01:36Dans les trois dernières années, on a déjà investi 800 millions d'euros.
01:41Mais effectivement, c'est parce que nous croyons, moi et mes équipes, à la recherche en France,
01:46mais effectivement ça devient de plus en plus difficile de vendre ça à notre maison mère,
01:50une maison américaine, donc qui nécessite d'avoir quand même des retours sur ces investissements.
01:55– Le patron de Novartis qu'on a reçu la semaine dernière disait que lui,
01:57si aujourd'hui il avait dû plaider les mêmes investissements que ceux qui ont été faits il y a deux ans par sa maison mère,
02:04il n'y arriverait pas parce que le contexte a trop changé.
02:06Là c'est une décision qui a cinq ans, les investissements dont vous nous parlez,
02:09est-ce qu'aujourd'hui vous auriez la même écoute et les mêmes décisions ?
02:14– Alors vous savez, je pense que mon rôle c'est de continuer à défendre la France,
02:18continuer à défendre les investissements que nous faisons.
02:22Pourquoi ? Parce qu'il y a aussi des opportunités en France.
02:24Donc il n'y a pas que des investissements qui sont comme ça lancés dans le vide.
02:29Hier par exemple, vous avez reçu sur ce plateau Raphaël Torjman,
02:33que je salue au passage.
02:34– De Géto Capital.
02:35– De Géto Capital.
02:36Et donc elle a bien illustré le fait qu'en France, pour pouvoir investir, pour pouvoir innover,
02:41il faut être à plusieurs.
02:43Donc nous, on contribue avec cette innovation à investir dans ce genre de fonds
02:48qui sont importants pour pouvoir soutenir la recherche française.
02:50Et on va continuer à le faire, mais il faut que les autorités reconnaissent la valeur du médicament
02:55qui n'est pas un coût, est une valeur pour la société, est un investissement.
02:58Ça fait bénéficier les patients individuellement, mais aussi c'est un bénéfice collectif
03:03qui est aussi au service de la collectivité et de la santé publique.
03:07– La valeur du médicament, c'est fondamental, parce que vous dites
03:09qu'on ne reconnaît pas la valeur du médicament.
03:11Ça met les Français dans une situation compliquée,
03:14c'est-à-dire qu'ils n'ont pas accès aux mêmes médicaments.
03:16Par exemple, les Allemands, ils ont des délais beaucoup plus longs.
03:19Tout ça parce que le médicament est trop faible et qu'il n'y a pas d'investissement.
03:23Comment on sort de ce cercle infernal ?
03:26– Alors, vous avez cité justement des choses qui sont très importantes pour nous.
03:30Imaginez que les médicaments qui sont aujourd'hui approuvés
03:34par la Commission européenne du médicament,
03:39que 4 sur 10 ne sont pas disponibles en France.
03:42C'est 10% en Allemagne.
03:45Et ça, pour nous, c'est un problème.
03:47Je vous cite mon laboratoire, on a des dossiers qui sont bloqués depuis deux mois,
03:50faute d'accords avec les autorités pour trouver un accord sur le prix.
03:55– Qui sont bloqués, c'est-à-dire qu'on pourrait avoir des médicaments disponibles en France
03:58qu'on n'a pas ?
03:59– Exactement.
03:59– C'est bloqué pour une histoire de...
04:00– C'est déjà pas aujourd'hui.
04:01Et donc nous, mon objectif, je suis un médecin,
04:03donc ce que j'ai envie, c'est que nos patients, la population,
04:06puissent bénéficier des meilleurs traitements, des meilleurs vaccins,
04:09pour pouvoir être en mesure de prendre en charge des maladies
04:12pour lesquelles aujourd'hui, pour certains, on en passe.
04:15– Tout ça dans un contexte de droit de douane,
04:18de concurrence avec les États-Unis.
04:19Donald Trump a menacé les laboratoires de taxes très importantes de 100% sur les médicaments.
04:25S'il n'y avait pas une baisse des prix à travers une vente de sa plateforme qu'il crée lui-même,
04:30Pfizer a dit oui, nous vendrons des médicaments sur la plateforme.
04:34Les Américains, eux, ils payent les médicaments deux fois plus cher.
04:36Aujourd'hui, qu'est-ce que vous allez faire concrètement avec Donald Trump sur cette plateforme ?
04:40– Bien sûr, deux fois et même parfois trois fois plus cher.
04:43Alors aujourd'hui, pourquoi ?
04:44Donc eux, représentent environ la moitié du marché mondial des médicaments.
04:48Pour Pfizer, c'est 60% du marché des États-Unis.
04:52Mais surtout, derrière tout ça, c'est qu'eux soutiennent les coûts
04:55et les investissements sur l'innovation.
04:58Donc, dans ce cas-là, effectivement, c'est légitime.
05:01L'accord qui a été mené par Trump, c'est pour soutenir justement les patients
05:06qui ont des faibles revenus, les handicapés.
05:08Mais derrière tout ça, il y a des avantages qui sont accordés.
05:11Par exemple, les frais de douane pendant trois ans.
05:13Mais Pfizer va investir 70 milliards de dollars aux États-Unis, justement.
05:18– Et ça veut dire que, comment vous voyez l'avenir ?
05:21Vous vous dites, en Europe, il y aura moins d'investissements
05:23et du coup, des prix de médicaments qui vont augmenter
05:26pendant que les États-Unis vont réussir à baisser le prix du médicament
05:29et aspirer les investissements.
05:31– Alors, ce que ça veut dire, c'est que tout ce qui se passe aux États-Unis
05:34peut avoir un impact en France.
05:35Et justement, pour garder cette attractivité,
05:38nous avons besoin que les autorités reconnaissent
05:40justement la valeur du médicament
05:42parce que financer le médicament aujourd'hui,
05:46c'est soutenir l'innovation et la recherche de demain.
05:48– Mais aux États-Unis, le problème, c'était les intermédiaires.
05:51C'est ça qui crée un problème de prix ?
05:53C'est ça qu'il faut supprimer ?
05:54– En France, c'est un autre modèle, mais aux États-Unis ?
05:56– Exactement, aux États-Unis, oui.
05:57Mais en France, par chance, l'avantage,
05:59on a un système qui est totalement différent.
06:01Du coup, on n'a pas tous ces intermédiaires.
06:03Du coup, on a la possibilité d'avoir des interactions directes
06:06avec les pharmacies, avec les systèmes, donc les grossistes, etc.
06:09Et donc, qui empêchent, si vous voulez,
06:11cette différence que nous avons entre les Américains et les Français.
06:14– On a quand même des innovations.
06:16Vous venez de faire la cinquième édition du Pfizer Health Care Hub France.
06:20Donc, il y a des boîtes qui créent des choses et qui innovent.
06:24Qu'est-ce que vous avez vu dans cette émergence d'entreprises ?
06:28Où est-ce qu'on est le meilleur ?
06:29Sur l'oncologie, par exemple, vous avez vu des choses incroyables ?
06:32– Alors, déjà, nous sommes fiers que nous soyons arrivés à la cinquième édition
06:36parce que parmi toutes les startups que nous avons soutenues
06:40pendant ces années, 14 sur 19 sont encore vivantes.
06:43Il faut savoir que 70% des startups ne survivent pas au bout de 2 à 5 ans.
06:50Donc, c'est très important.
06:51L'autre chose, c'est que les startups comme les biotech,
06:55ce qui est important, c'est de les soutenir dans la phase de lancement et d'accélération
06:59parce que c'est là où il y a le plus de risques.
07:02Et nous, effectivement, chaque année, on soutient des startups,
07:05dans le cadre de ce programme, où il y a eu effectivement des innovations.
07:09Par exemple, l'intelligence artificielle pour mieux détecter le cancer,
07:12améliorer les parcours des soins, détecter des pathologies,
07:15une route de régénérative qui est très importante,
07:17un problème de la santé mentale en France est très important.
07:19Et donc, nous voulons que ces gens-là transforment leur innovation
07:22en un succès commercial.
07:23Et après, vous investissez ou vous les laissez faire leur vie ?
07:27Dans la première phase, on les aide.
07:29Après, il peut y avoir, après la phase d'accompagnement qui dure neuf mois,
07:33s'il y a un intérêt réciproque, bien sûr,
07:35on peut tranquillement investir et continuer le parcours ensemble.
07:38Il y a une biotech que vous venez de racheter,
07:39c'est Medsera, c'est dans le traitement contre l'obésité.
07:43On a beaucoup parlé de l'avance de nos vaux d'endisques,
07:45d'Ela et Lily.
07:46Là, qu'est-ce qu'elle va faire ?
07:47Est-ce que c'est le même type de procédé ?
07:49Est-ce que là aussi, c'est un dérivé d'un médicament contre le diabète
07:52ou c'est complètement autre chose ?
07:53Nous, développons ces médicaments.
07:55Effectivement, c'est une acquisition qui a été faite
07:58parce que l'obésité est un vrai problème de santé publique.
08:02Au départ, c'est un fardeau qui pèse sur la société.
08:07Il y a 10 millions de personnes qui sont considérées comme obèses aujourd'hui en France.
08:10On présente 18% de la population adulte.
08:13Derrière ça, il y a plus de 200 maladies qui sont associées.
08:16Et nous voulons innover, justement.
08:18L'innovation passe par quoi ?
08:19Par avoir des médicaments qui sont plus efficaces.
08:22mieux tolérés.
08:23Possibilement, les associés éventuellement.
08:26On va peut-être avoir une formulation qui n'est pas hebdomadaire,
08:30mais ça pourrait être mensuelle.
08:31Du coup, ça va arriver.
08:32Et je pense que ça peut aider, justement, la santé publique
08:35pour les fédéraux de créer de l'obésité.
08:37Si vous aviez un message ce matin
08:39pour le gouvernement français,
08:41le Cornu, qui va peut-être passer la semaine.
08:43Donc, c'est déjà une bonne nouvelle.
08:45Qu'est-ce que vous diriez leur dire ?
08:47Qu'aujourd'hui, la France a beaucoup d'atouts.
08:51Mais nous sommes en train de perdre beaucoup de temps.
08:53Et que, comme ça a été dit lors de la branche de l'LM,
08:57et aussi par mes collègues qui sont déjà passés sur ce plateau,
09:00je pense que c'est important de mettre en place
09:02les états généraux du médicament.
09:05Pour en remettre à plat le système,
09:07il faut que nous retravaillions sur ça,
09:09que nous donnions à nouveau la possibilité
09:11de reconnaître la valeur du médicament.
09:13Et que, je le répète,
09:14c'est que reconnaître la valeur du médicament aujourd'hui,
09:18c'est investir pour le futur, pour la santé de demain.
09:20Merci beaucoup, Lucas Mollet, d'être venu ce matin
09:21sur le plateau de Good Morning Business.
09:23Merci.
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