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  • il y a 11 heures
Guillaume Rostand, président de la French Tech Barcelona et directeur marketing de Liligo, était l'invité de Laure Closier dans French Tech, ce mardi 25 novembre. Il a fait part de l'exode des entrepreneurs français en Espagne, qu'il attribue moins au poids de la contribution fiscale qu'à un sentiment de déclassement dans un pays où on ne peut plus avancer, dans Good Morning Business. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.

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Transcription
00:008h23, retour de la matinale de l'économie. Notre invité c'est Guillaume Rostand.
00:04Bonjour, vous êtes le président de French Tech Barcelona, directeur marketing de Lilligo.
00:08Quand on habite à Barcelone aujourd'hui, est-ce qu'on reçoit beaucoup de coups de fil d'entrepreneurs français ?
00:14On en reçoit beaucoup et surtout, il y a depuis deux ans, ça a été multiplié par deux
00:18et c'est une tendance qui va en s'accélérant.
00:20Alors ils vous disent quoi ?
00:22En résumé, je dirais qu'ils disent que le deal en France n'est plus bon.
00:26Alors le deal c'est qu'en fait on accepte de travailler contre de l'impôt,
00:30qu'on a des perspectives et qu'on accepte un certain niveau de contraintes.
00:33Et aujourd'hui, ils disent en fait non, je préfère partir ailleurs.
00:37Mais pas forcément dans un paradis fiscal, ce qui est intéressant avec Barcelone,
00:40c'est que l'Espagne n'est pas un paradis fiscal, mais ils disent en fait le deal n'est plus bon.
00:43Donc je cherche un endroit où il y a un meilleur équilibre, vie pro, vie perso.
00:46Et puis dans la vie pro, en fait, ce que je vais pouvoir faire comme initiative
00:49et ce que je vais devoir contribuer.
00:51Mais c'est que c'est bien plus large que la question des impôts.
00:53Donc ce n'est pas une question de calcul fiscal vraiment brut,
00:56c'est une question de sentiment de déclassement et de ne pas pouvoir avancer.
01:00Exactement, c'est un peu justement le mouvement qu'il y a eu dans ces dernières années.
01:03Moi je dirais 2023-2024, c'est qu'en fait on fait beaucoup de bruit sur les impôts,
01:08mais quelque part on ne parle pas forcément du consentement à l'impôt.
01:11Donc il y a une question de consentement à l'impôt,
01:13où les Français qui travaillent, les créateurs de valeur disent en fait le deal n'est plus bon.
01:18Mais il y a au-delà de ça effectivement un sentiment de désarroi, de déclassement,
01:22où ils se disent en fait je serais mieux au soleil de Barcelone ou ailleurs ou plus loin
01:26qu'à Paris ou qu'en France parce qu'en fait je n'ai plus envie de contribuer
01:30et je me sens vraiment presque en train d'essayer de sauver ma peau.
01:34Oui, je n'ai plus envie de contribuer.
01:35Mais les impôts ça joue quand même un rôle, ce que vous dites,
01:37ce n'est pas un paradis fiscal.
01:38J'ai regardé un peu la fiscalité à Barcelone avant de venir.
01:41Vous aussi vous voulez partir ?
01:42Ça donne envie franchement.
01:43Sur les sociétés en tout cas, c'est 15% d'IS sur les deux premières années bénéficiaires seulement
01:47contre 25% en France.
01:49Enfin il y a des seuils mais voilà c'est 25%.
01:50Les charges salariales qui sont largement inférieures aussi.
01:53Et puis il y a le régime Beckham alors que je ne connaissais pas moi du nom du footballeur.
01:57C'est donc, je parle sous votre contrôle,
01:58mais c'est jusqu'à 600 000 euros de revenus pour les étrangers.
02:01L'impôt sur le revenu c'est seulement 24%, quelque chose comme ça, c'est ça ?
02:05Oui exactement.
02:06Donc c'est quand même, c'est pas mal.
02:08Bien sûr mais Beckham c'est un peu,
02:10enfin ça se publie qu'il y a assez peu de gens.
02:11La plupart des gens avec qui je parle n'en profitent pas forcément.
02:15Mais effectivement ça fait partie des dispositifs fiscaux
02:17qui permettent aussi à l'Espagne d'être compétitif et d'être attractif.
02:20Mais globalement ce n'est pas un paradis fiscal.
02:23Et surtout quand je parle de ça,
02:24c'est que je l'oppose quelque part à des destinations qui se vendent,
02:27qui sont devenues des prestataires de services fiscaux.
02:29On les connaît, c'est Dubas, c'est la Bulgarie, c'est Chypre.
02:31Mais donc effectivement il y a des phénomènes,
02:34enfin il y a des mécanismes d'incentive.
02:35Mais bon, ils ne durent pas toute la vie
02:37et ils sont quand même réservés à certains cas précis.
02:39– Mais c'est à quelle taille aujourd'hui la French Tech à Barcelone ?
02:42– Aujourd'hui, alors nos membres on en a à peu près 3000.
02:46En 6 ans on est passé de 400 à 3000.
02:48– Ah quand même !
02:48– Et je dirais que le nombre de Français
02:50qui travaillent dans les secteurs de la tech à Barcelone
02:52c'est entre 6 et 8 000 personnes.
02:54– Mais c'est des gens qui commencent, qui se lancent à Barcelone,
02:56qui se disent bon bah l'Espagne, la croissance économique est là,
02:59j'y vais, il y a un marché.
03:00Ou c'est des gens qui ont commencé en France et qui changent de pays ?
03:03– En fait il y a tout.
03:05Il y a effectivement les Français qui sont installés depuis des années
03:07et puis qui lancent leur activité assez naturellement
03:09parce qu'ils vivent à Barcelone.
03:11Il y a ceux qui décident de bouger et de déménager
03:13pour des raisons plus personnelles
03:14et qui progressivement vont faire migrer leur activité vers Barcelone
03:18et embaucher à Barcelone parce qu'effectivement vous avez raison,
03:20ça coûte moins cher.
03:21Et ensuite il y a vraiment les entreprises
03:23qui décident un déménagement total.
03:25– Et pour recruter, est-ce que c'est aussi facile en Espagne ?
03:28Parce que pour le coup, la France a un vrai point fort là-dessus
03:31quand on parle notamment d'intelligence artificielle de tech,
03:33c'est qu'on a des talents, on a des ingénieurs de très haut niveau, etc.
03:36Donc est-ce que vous embauchez en Espagne
03:37ou est-ce que vous faites venir des ingénieurs français
03:40en leur disant venez au soleil de Barcelone, ça va être formidable ?
03:42– Alors c'est une très bonne question
03:43parce que faire venir en Espagne c'était le cas jusqu'à 10 ans
03:46et c'est mon cas personnel, j'y suis arrivé il y a 14 ans pour cette raison.
03:51Mais en fait il y a eu un effet d'entraînement
03:52par le fait que Barcelone est devenue une destination tech importante depuis 10 ans
03:57parce que la ville a investi dessus,
03:59parce que des entreprises se sont créées, ont grossi
04:01et donc ont généré leur propre génération de futurs entrepreneurs.
04:05Donc aujourd'hui le marché est très liquide
04:06et ce n'était pas le cas il y a 10 ans
04:08et franchement aujourd'hui je pense que le pourcentage de talents
04:10qu'on est obligé de faire venir d'ailleurs
04:12a radicalement baissé singulièrement depuis 5 ans
04:14parce qu'en fait les talents sont arrivés déjà.
04:16– Et vous ressentez ce dynamisme économique
04:18que nous on regarde avec envie
04:20avec nos 0,5% de croissance aujourd'hui ?
04:22Vous sentez la croissance espagnole ?
04:24– Oui on la sent, alors c'est vrai que sentir la croissance
04:27il n'y a pas forcément quelque chose de très physique
04:29mais en tout cas on le sent dans les conversations,
04:31dans le fait que l'Espagne a un peu l'impression
04:33non pas que c'est son moment mais qu'elle est sortie aussi
04:35d'une période assez difficile
04:36parce qu'il faut voir que la crise de 2008
04:38ça a été un gigantesque, une déflagration dans ce pays
04:41et donc oui il y a quelque chose de positif
04:43quand on parle avec les entrepreneurs,
04:45quand on parle avec les talents
04:45et c'est ce qui aussi crée l'envie de venir.
04:48– Quand vous avez ce discours d'exil d'une certaine manière
04:51alors vous faites partie quand même d'un organisme,
04:53d'un label gouvernemental,
04:54French Tech c'est aussi ça,
04:55ils regardent ça comment ceux qui gèrent la French Tech en haut ?
04:58– Alors justement moi ce que j'ai envie de dire c'est que je vois que la réponse à cette situation
05:04que moi je regrette, je ne fais pas du prosélytisme,
05:07c'est de dire en fait le message c'est qu'il n'y a plus d'attractivité,
05:10de compétitivité en France, ça s'est effrité.
05:12Et moi si je me suis occupé de la French Tech depuis toutes ces années,
05:15c'était précisément pour participer à l'image de la France à l'étranger
05:19et qu'aujourd'hui c'est en train de se dégrader
05:21après des années où quand même on a été considéré comme une des nations phares de ce secteur.
05:25– Start-up nation.
05:26– Voilà, on était la start-up nation.
05:28– Là c'est fini.
05:29– Bah c'est pas fini parce que je pense qu'il y a toujours une certaine malgré tout admiration
05:32pour les Français, pour ce qu'ils sont, mais beaucoup moins pour le pays.
05:35Et en fait c'est pas du French Bashing que de dire qu'on est triste pour notre pays
05:39qu'ils soient dans cet état-là.
05:41En revanche les talents eux existeront toujours.
05:43Donc la France est toujours très bien considérée pour ses talents,
05:46pour vraiment sa capacité à créer des belles boîtes.
05:49En revanche le pays en lui-même on se dit mais qu'est-ce qui s'est passé ?
05:52– Merci beaucoup Guillaume Rostand d'être venu ce matin dans la matinale de l'économie.
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