00:00Notre invité du Grand Entretien ce matin c'est Mathieu Boech. Bonjour, vous êtes le président fondateur du mouvement
00:05300 pour la France que vous avez fondé ces derniers mois pour mettre en valeur les entrepreneurs français.
00:11Vous avez fondé le cabinet de conseil Atlas AI ainsi que la plateforme ce mille fois.
00:17C'est dédié à la mise en valeur des talents et de la réussite entrepreneuriale.
00:20300 pour la France, qu'est-ce que c'est ? C'est quoi la différence avec le MEDEF, avec Croissance Plus ?
00:24C'est un nouveau mouvement pour les entrepreneurs français ?
00:27Alors déjà la première différence, merci de m'accueillir Laure Closier, pour commencer.
00:31La première différence entre 300 pour la France et les autres mouvements c'est que c'est tout nouveau.
00:35C'est un mouvement indépendant qui est porté par le terrain et qui a une ambition démesurée.
00:39C'est de faire de la France le meilleur pays au monde pour entreprendre et de rendre à la France sa place dans le concert des nations.
00:46C'est-à-dire en faire de la France une grande puissance.
00:48Comme le dit le slogan, je ne sais pas si ça va tourner encore, mais la France a tout pour réussir.
00:53Toujours, on n'a pas changé.
00:54C'est vrai, je suis d'accord, la France a tout pour réussir, sauf que la France ne réussit pas.
00:58Donc les entrepreneurs, ils ont une grosse frustration, on le rencontre au quotidien.
01:02On peut peut-être approfondir sur ce sujet-là, mais de cette frustration, de cette colère,
01:08on est une envie de s'engager qui est de plus en plus présente.
01:11Et 300 vient fédérer, catalyser cette envie.
01:15Dans des propositions concrètes, ce n'est pas du tout un mouvement de contestation,
01:19un mouvement qui est là pour participer.
01:21Mais c'est des entrepreneurs qui veulent faire de la politique ?
01:24Pas du tout.
01:24C'est des entrepreneurs, et c'est apartisans, déjà ça c'est hyper important,
01:27c'est des entrepreneurs qui veulent apporter des solutions.
01:30Déjà, il faut comprendre qu'un entrepreneur, c'est une machine à identifier des problèmes.
01:33Donc quand on est entrepreneur, on voit des problèmes partout,
01:36mais en plus on voit des solutions,
01:37et on se demande comment est-ce qu'on pourrait résoudre ces problèmes.
01:40Et on les passe à l'action.
01:41Le pays aujourd'hui, il est bloqué, on manque de vision pour le pays,
01:44on n'a pas de vision d'avenir pour la France,
01:46il y a un blocage qui est très fort,
01:48et ça c'est un impact au niveau macroéconomique,
01:50mais aussi au niveau du quotidien des entrepreneurs et des entreprises.
01:53Et ces entrepreneurs, ils voient un très gros problème,
01:55et ils ont envie de se rassembler pour apporter des grandes solutions.
01:58Donc c'est un engagement, oui, qui est politique,
02:00dans le sens où ils vont apporter des idées pour le pays,
02:02mais c'est apartisans dans le sens où ils veulent des idées pragmatiques,
02:06de terrain, des choses que nous, au quotidien,
02:08on voit tous les jours qui sont comme des évidences,
02:10et que personne ne met en œuvre pour enfin libérer les énergies dans le pays.
02:13Ce qui vous permet de fédérer aujourd'hui un certain nombre d'entrepreneurs,
02:16vous avez fait une tribune notamment dans l'Express avec un certain nombre d'entrepreneurs,
02:20c'est qu'il y a un ras-le-bol fiscal,
02:22il y a des entrepreneurs qui se sentent maltraités, mal compris,
02:26l'entreprise est devenue dans le débat sociétal actuel un problème,
02:29ou une source de revenus qu'on peut taxer pour aller trouver des financements.
02:35Oui, en fait, il faut savoir que le vase est sur le point de déborder.
02:39On dit le vase a débordé, mais non,
02:41mais il est en train de se remplir très fort, il y a vraiment un ras-le-bol.
02:45Le mouvement, il a été initié quand je suis allé à la rencontre d'entrepreneurs,
02:49d'indépendants, d'auto-entrepreneurs, de pleines personnes au printemps,
02:54c'est quelque chose qui vient d'assez loin, qui n'est pas de maintenant,
02:57et les entrepreneurs se sentent entravés dans leur quotidien,
03:00dans leur prise d'initiative, dans l'image que donne la réussite
03:03et l'entrepreneuriat en France,
03:05et ils se sentent simplement maltraités dans le pays
03:08et pas reconnus à leur juste valeur.
03:10Vous dites, on est là pour proposer des solutions,
03:12c'est quoi la solution pour lutter contre l'entrepreneuriat bashing ?
03:16Alors, pour l'entrepreneuriat bashing spécifiquement,
03:18on peut avoir des solutions toutes simples,
03:20comme par exemple, éduquer les enfants à l'entrepreneuriat,
03:24à la prise de risque,
03:25à la résolution de problèmes dès l'école,
03:27pareil dans les lycées, dans l'enseignement supérieur,
03:29montrer que l'entrepreneuriat, c'est quelque chose de constructif,
03:32qui est bon pour la société,
03:33que ce ne sont pas des aventures individuelles, égoïstes,
03:36où seul l'enrichissement personnel est poursuivi,
03:39mais que l'entrepreneur, il a vraiment une place dans la société
03:41qui est extrêmement importante,
03:42et que c'est sûrement la solution pour la France,
03:46parce que nous, on pense que c'est par une économie forte
03:48que ce pays va pouvoir se redresser,
03:50investir dans l'éducation, la santé, etc.,
03:52résoudre énormément de problèmes,
03:54parce qu'on a besoin de marge de manœuvre,
03:55on a besoin d'une économie forte,
03:57et la solution à ça, c'est l'entreprise,
03:59ce n'est pas l'entraver, ce n'est pas la taxer,
04:01ce n'est pas la critiquer,
04:02mais au contraire, il faut encourager ses énergies.
04:04Mais il y a un sujet culturel profond,
04:06c'est-à-dire qu'en France,
04:06on n'a pas de retraite par capitalisation,
04:08on n'a pas d'intérêt plus que ça,
04:10à part si on veut évidemment faire fructifier son capital,
04:13d'investir sur les marchés financiers,
04:15à l'opposé des États-Unis.
04:17Est-ce que tant qu'on n'a pas ce besoin de se financer,
04:20de mettre en place des capitaux longs,
04:22on n'a pas une mauvaise compréhension
04:23du système financier et de l'investissement ?
04:26Alors, c'est vrai qu'il faudrait arriver,
04:28je pense, quelque chose qui est important,
04:29c'est de lier la macroéconomie avec l'économie du quotidien.
04:34Parce que la France est endettée,
04:35bientôt le service de la dette,
04:37ça va être la première dépense de l'État.
04:39Je ne sais pas s'il y a un État dans le monde
04:40qui va dépenser autant dans le service de sa dette.
04:43Il n'y a pas de croissance,
04:44ça fait 20 ans que la croissance est entre 0 et 1,
04:48qui est vraiment à tonne.
04:50Et tout ça, en fait,
04:51c'est une traduction dans le quotidien des entrepreneurs.
04:54Tout simplement, les gens n'ont pas de pouvoir d'achat,
04:56donc quand on cherche des clients,
04:57si le pouvoir d'achat est contraint
04:59par que des dépenses contraintes,
05:00le téléphone, logement, déplacement, électricité,
05:03fortement, quand on monte une entreprise,
05:05c'est difficile de trouver des clients.
05:08Les personnes, parfois, sont mal dans leur emploi,
05:10ils ont peur de changer d'entreprise,
05:11parce qu'ils se disent,
05:12si je change d'entreprise,
05:13je ne vais pas trouver un poste,
05:15parce qu'il y a du chômage,
05:15parce que c'est compliqué.
05:17Donc ça a aussi du mal-être dans le quotidien des salariés.
05:20Donc je pense qu'il y a aussi un travail de pédagogie
05:23assez important à faire
05:24pour pouvoir lier ces problèmes macroéconomiques
05:26avec le quotidien des Français
05:27et montrer que la voix des entrepreneurs
05:30qu'on représente par 300,
05:32mais je ne suis pas le seul,
05:33aujourd'hui on entend beaucoup d'entrepreneurs,
05:36comme par exemple Éric Larchevêque,
05:38il y a Henri Novelli qui est en train de s'engager,
05:40Pierre Gattaz qui est une voix importante,
05:42on a aussi Jean-Philippe Cartier
05:44qui est admirable et qui prend la parole en ce moment.
05:47Mais toute cette voix-là,
05:48en fait, elle n'est pas là pour défendre
05:49une corporation de patrons ou je ne sais quoi,
05:52mais elle est vraiment là pour dire
05:54que ce pays a un potentiel immense,
05:55il est reconnu dans le monde entier
05:56comme un phare culturel, un exemple, etc.
06:00Et en France, on fait tout le contraire
06:02de ce qu'il faut faire
06:03et on arrive à...
06:05Alors j'espère qu'on n'est pas à un point de non-retour.
06:06Mais est-ce qu'il n'y a pas que des coups à prendre,
06:08Mathieu Bouèche, à s'engager comme ça,
06:11publiquement, quand on est chef d'entreprise,
06:13qu'on s'oppose sur des débats télé
06:15à des politiques qui vous traitent de parasites,
06:18par exemple, comme le fait LFI
06:19quand il parle des chefs d'entreprise
06:20ou des actionnaires,
06:22quand on est chef d'entreprise
06:23et qu'on a des choses à vendre quand même,
06:24est-ce qu'il n'y a pas que des coups à prendre ?
06:26Alors, bon, moi, si on me traite de parasites,
06:28ce n'est pas forcément un coup
06:29parce que je ne me considère pas comme tel
06:31et je pense que c'est un sophisme assez simple.
06:35En fait, il n'y a pas vraiment grand-chose à répondre.
06:37Au contraire, on a envie de débattre.
06:38On ne dit pas que les idées qu'on va apporter,
06:39c'est les meilleures.
06:41D'ailleurs, ce qui est très intéressant dans 300,
06:43c'est qu'on a des entrepreneurs
06:44qui représentent l'entièreté de la société française.
06:48Il ne faut pas s'imaginer
06:49que ce n'est que des entrepreneurs
06:50qui ont une entreprise, qui ont des employés.
06:52On a des étudiants, on a des salariés,
06:54on a des fonctionnaires, on a des retraités.
06:56Alors, pourquoi ils sont dans un mouvement d'entrepreneurs ?
06:58Parce qu'en fait, ils se reconnaissent
06:59dans l'esprit d'entreprise.
07:00Et ça, c'est quelque chose
07:01qui unit beaucoup de Français.
07:03Et je pense qu'il y a quelque chose aussi
07:04qui est assez important,
07:05c'est qu'on a fait un sondage auprès des Français
07:07avec CSA au mois de juillet.
07:09Il y a 71% des Français
07:10qui veulent plus d'entrepreneurs
07:12dans le débat public.
07:13Ça, c'est clair.
07:14Il y a 85% des Français
07:15qui disent que l'entrepreneur
07:17est indispensable pour le pays.
07:19Il y a une schizophrénie
07:20dans la tête des Français
07:21sur le rapport à l'entreprise.
07:23C'est un peu schizophrène quand même.
07:25Je ne sais pas si c'est ce qu'on dit d'eux
07:27ou c'est ce qu'ils sont.
07:27Moi, je pense qu'on dit que les Français,
07:29ils sont fainéants,
07:30ils ne prennent pas d'initiative, etc.
07:32Moi, quand je regarde les gens travailler,
07:34je vois tout le contraire.
07:35Je vois des gens qui sont positifs,
07:36qui en veulent, qui se battent.
07:37Par contre, il y a un État en face
07:38qui les empêche de prendre des initiatives,
07:41qui met 45 000 réglementations
07:44en 20 ans nouvelles.
07:45La France est le dernier pays de l'OCDE
07:47en termes de pression fiscale,
07:4838e sur 38.
07:50Il faut imaginer que dans cet environnement-là,
07:52les entrepreneurs et aussi
07:53les salariés du privé,
07:54tous les gens qui se battent au quotidien,
07:55sont des héros
07:56parce que l'environnement
07:57est extrêmement compliqué.
07:58Merci beaucoup d'être venu ce matin.
08:00Mathieu Boesch,
08:01le président du Mouvement 300.
08:03Pour la fin,
08:04pour la fin,